jeudi 19 avril 2012

Pensées d'hier pour aujourd'hui La Bruyère La Rochefoucauld et les autres



Epictète ( 50- 125/130 ? )

                                           Quelqu'un t'a été préféré dans un festin, dans un conseil, dans une visite. Si ce sont là des biens, tu dois te réjouir de ce qu'ils sont arrivés à ton prochain. Et si ce sont des maux, ne t'afflige point de ce que tu en es exempt. Mais souviens-toi que, ne faisant pas, pour obtenir les choses qui
ne dépendent point de nous, les démarches que font ceux qui les obtiennent, il est impossible que tu en sois également partagé. Car comment celui qui ne va jamais à la porte d'un grand seigneur en sera-t-il aussi bien traité que celui qui y est tous les jours ? Celui qui ne l'accompagne point quand il sort, que celui qui l'accompagne ? Celui qui ne le flatte ni ne le loue, que celui qui ne cesse de le flatter et de le louer ? Tu es donc injuste et insatiable si, ne donnant point les choses avec lesquelles on achète toutes ces faveurs, tu veux les avoir pour rien. combien vend-on les laitues au marché ? Une obole. Si donc ton voisin donne une obole et emporte sa laitue, et que toi, ne donnant point ton obole, tu t'en retournes sans laitue, ne t'imagine point avoir moins que lui ; s'il a sa laitue toi tu as ton obole, que tu n'as pas donnée. Il en est de même ici. Tu n'as pas été invité à un festin ? C'est que tu n'as pas payé au mâître du festin le prix auquel il le vend. Ce prix c'est une louange, une visite, une complaisance, une dépendance. Donne donc le prix, si la chose t'accommode. Mais si sans donner le prix tu veux avoir la marchandise tu es insatiable et injuste. N'as-tu donc rien qui puisse tenir la place de ce festin où tu n'as point été ? Tu as certainement quelque chose qui vaut mieux que le festin, c'est de n'avoir pas loué celui que tu n'aurais pas voulu louer et de n'avoir pas souffert à sa porte son orgueil et son insolence.


                                                                     °°°°°°

                                         S'il y a un art de bien parler il y a aussi un art de bien entendre.



                                                                                               Epictète
                                                                                               ( Maximes )
            

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