jeudi 20 décembre 2012

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui journal 7 ( Samuel Pepys Angleterre )



velasquez philippe IV
                                            Journal
                                                                                   Jour du Seigneur     5 février 1660

            Ce matin, avant l'église, Mr Hawley qui, depuis un jour ou deux a l'air triste et qui, selon moi, m'en veut secrètement, vint me voir ; il me confia qu'il lui manquait 24 livres dont il ne savait pas où elles étaient passées ; qu'il se souvenait d'avoir eu une telle somme dans un sac l'autre jour, mais qu'il ne se rappelait pas ce qu'il en avait fait. J'en fus vraiment désolé mais je ne pus l'aider. Dans la matinée j'allai chez Mr Gunning, où un inconnu, un vieil homme prêcha un fort bon sermon sur " Quelle sorte d'amour est-ce donc qu'on nous appelle les Enfants de Dieu ? " Après le sermon, je ne pus retrouver ma femme qui avait promis de me rejoindre à la sortie ; j'attendis là un grand moment. Je rentrai ensuite à la maison ; comme elle n'y était pas je rebroussai chemin et m'arrêtai à l'Echiquier, pensant dîner à la table d'hôte en compagnie de Mr Chetwind ou de Mr Thomas ; mais comme ils n'étaient pas là je me rendis chez mon père ù je retrouvai ma femme et dînai. Allai à leur église l'après-midi et sur le banc de Mrs Turner ma femme trouva un beau capuchon noir et le garda. Un inconnu prêcha un sermon médiocre,si bien que je lus tout le livre relatant l'histoire de Tobit. Après le sermon, à la maison avec Mrs Turner ; je restai un peu avec elle, puis elle se rendit à un baptême à Salisbury Court et nous chez mon père où je rédigeai quelques notes pour mon frère John, qu'il remettra demain aux merciers, car c'est le jour de la Disputation. Après souper à la maison; avant d'aller au lit, tandis que je restais debout à écrire les principaux moments de ce jour, un tambour approcha avec une étrange batterie qui consistait par moments en un seul coup ; ma femme et moi nous demandâmes ce que cela pouvait bien signifier.
            Cet après midi, à l'église j'aperçus Dick Cumberland qui venait de rentrer de la campagne où il exerce désormais son ministère. Mais je ne lui ai pas parlé.

                                                                                                            6 février

            Avant d'aller au bureau je me rendis chez Mr Crew et je remis à Mr Andrew les 60 livres que j'avais reçues de Mr Calthorpe la semaine dernière. Puis, retour à Westminster : en chemin je rattrapai Mr Squibb et je marchai en sa compagnie. A Westminster nous trouvâmes les soldats tous en rang dans la cour du palais pour faire une haie au général Monck qui devais se rendre à la Chambre. Une fois au Palais nous nous séparâmes. Je rencontrai Swan et lui et moi allâmes au Cygne noir boire notre bière matinale ; revins ensuite au palais où je me postai sur les marches pour voir passer Monck qui salua les juges sur son passage. A midi mon père dîna avec moi de la dinde rapportée du Danemark ; après dîner, lui et moi allâmes à la taverne de la Tête du Taureau où nous bûmes une demi-pinte de vin avant de nous quitter. Allai voir Mrs Ann et comme Mrs Jemima était sortie de la chambre, elle et moi eûmes une discussion très vive : je la tançai vertement bien qu'elle fût alitée ; finalement elle se calma et nous nous séparâmes assez bons amis. Je me rendis ensuite chez Will où je restai jouer aux cartes, perdis une demi-couronne ; puis rentrai me coucher.



                                                                                                             7 février 1660

            Ce matin, je partis de bonne heure pour prévenir Mr Hawley que j'étais obligé d'aller à Londres ; comme lui aussi avait des affaires à régler, nous avons confié le travail courant du bureau à Mr Spicer et nous avons marché jusqu'au Temple où je fis une halte, puis je me rendis au Collège Saint-Paul. Mais comme il était trop tôt j'allai boire ma bière du matin avec mon cousin Thomas Pepys, le tourneur sur bois et je visitai sa maison et sa boutique. De là au collège, où celui qui prononçait le discours pour la classe terminale, à l'éloge du fondateur, montra un livre que Mr Cromeholme a acquis récemment et que l'on suppose être de la main même du fondateur du collège. A la fin des discours lors desquels mon frère John se tira d'affaire aussi bien que les autres candidats, je rentrai directement dîner à la maison. Puis à Westminster où dans le palais je vis les soldats de Monck injurier Billing et tous les quakers qui avaient là une assemblée ; en vérité les soldats les ont traités très rudement et sont fort à blâmer. Après avoir pris un verre avec Mr Spicer qui avait encaissé 600 livres pour moi le matin, j'allai chercher le capitaine Stone et l'emmenai en fiacre jusqu'aux jardins du Temple ( pendant tout le trajet nous avons parlé de la maladie de la pierre ) : nous y rencontrâmes Mr Squibb mais ne pûmes rien faire avant demain matin. De là, retour à pied à la maison où une lettre de milord écrite en code, m'attendait ; je la déchiffrai. Ensuite après que ma femme m'eût montré des rubans et des souliers ( qu'elle avait sortis d'une boîte appartenant à Mr Montagu ) que jadis Mr Kipps lui avait donnée alors que son maître était en mer, j'allai voir Mr Crew pour le mettre au courant de la lettre car elle concernait la visite à Londres de milord que ma lettre de la semaine dernière l'avait incité à faire. De là, après avoir rendu visite à Mrs Ann, je rentrai à la maison et j'écrivis à milord une lettre en code en réponse à sa lettre. Aujourd'hui Mr Crew m'a appris que milord St John est en faveur d'un Parlement libre et qu'il parle en termes élogieux de Monck ( qui est désormais maître absolu de la situation et a le pouvoir de faire tout ce qu'il a en tête de faire ).
            Mr Moore m'a parlé d'un tableau exposé à la Bourse, qui représente une grosse paire de fesses en train de chier un étron dans la bouche de Lawson et au-dessus duquel on a écrit : " Avec les remerciements de la Chambre ".
            Les garçons des rue crient maintenant " Baise mon Parlement " au lieu de " Baise mon cul ", tant le mépris pour le Parlement croupion est grand et général parmi tous les hommes bons ou mauvais.


                                                                                                         8 février

            Après quelques exercices sur mon flageolet et une promenade dans mon jardin pour voir mon élevage de pigeons ( qui commence maintenant avec le printemps à se reproduire d'abondance ), je reçus la visite de Mr Fossan, mon camarade d'études à Cambridge ; je l'emmenai au Cygne dans la cour du Palais et nous prîmes ensemble notre bière matinale. De là, au bureau où j'encaissai de l'argent ; ensuite, juste comme je sortais du bureau, je rencontrai Mr Carter, mon vieil ami de Cambridge et je l'emmenai au Cygne ; en chemin je rencontrai le capitaine Lidcott ; nous allâmes donc tous les trois prendre un verre. A son habitude le capitaine avait le verbe haut, d'autant plus que son frère Thurloe venait de perdre son poste. De là, j'allai voir le capitaine Stone qui me dit qu'il avait vu Squibb et qu'il n'y avait rien à en tirer. Je m'en retournai donc voir Mr Carter et me rendis avec lui chez Will où je lui offris à boire , ainsi qu'à monsieur l'Impertinent ( alias Mr Butler ) que j'avais invité ; et de là à la Taverne Rhénane où je payai le vin réservé pour mon cousin Roger Pepys ( en chemin nous rencontrâmes Mr Hoole ).Après avoir pris un verre nous nous séparâmes. Rentrai à la maison et en chemin déposai une lettre une lettre que j'ai reçue aujourd'hui parmi d'autres, de Milord à l'intention de Sir William Wheler. Tandis que j'étais à la maison le frère de ma femme lui a apporté un joli chien noir qui me plaît beaucoup, et est reparti. De la maison j'envoyai un portefaix de banne pleine de bouteilles au Temple ; en chemin je rendis visite à Mrs Jemima qui était très inquiète jusqu'à ce que je vienne lui dire que sa mère allait bien. Donc au Temple où je livrai le vin et me fis rembourser par mon cousin Roger l'argent que j'avais avancé ; et de là, chez mon père qui me montra une lettre pleine de colère et de bassesse qu'il venait de recevoir de mon oncle Robert au sujet de mon frère John ; mon père en était très attristé mais je le réconfortai et je rédigeai une réponse. Mon frère John a reçu une bourse d'études de son collège. Mon père et moi sommes descendus dans sa cuisine ; nous avons mangé et bu ; vers 9 heures je décidai de rentrer à la maison ; dans Fleet Street je fus violemment bousculé par un homme qui était décidé à prendre le haut du pavé et auquel je dus céder. Je rentrai à la maison, et au lit. Me suis couché avec mal à la tête du fait que j'ai trop bu aujourd'hui. J'ai aussi sous le menton un furoncle qui me fait cruellement souffrir.




                                                                                                      Samuel Pepys
                                      
                                                                                                                                 ........./ 




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