dimanche 8 février 2015

Anecdotes et réflexions d'hier pour aujourd'hui 40 Samuel Pepys ( journal Angleterre )


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                                                                                                               1er février 1661
                                                                                                     Vendredi
            Le bureau ne désemplit pas de toute la matinée. Occupé à répondre à la lettre du commissaire du Parlement, dans laquelle ils expriment le désir de nous emprunter deux commis, ce que nous leur refusons.
            Après dîner, à Londres où j'achetai quelques livres, un ceinturon.et fis refourbir mon épée. A la taverne avec Mr Brigden et Mr William Symons. Le soir retour chez moi. Après un peu de musique au lit, mes gens veillant pour préparer le repas de demain.
     

                                                                                                                    2 février

            Chez Mr Moore de bonne heure, et avec lui chez Mr Peter Ball qui fait à mon oncle Robert force civilités en lui laissant le terrain qu'il avait loué à Heately, mort depuis.
            Retour chez moi, où l'on s'affaire à préparer le dîner. Un nouveau cuisinier remplace Slater empêché.
            Etaient du repas, mon oncle Wight et ma tante, mon père, ma mère et mon frère Tom, le Dr Fairbrother et Mr Mills, le pasteur et sa femme qui est une fille d'un voisin de mon oncle Robert et qui connaît ma tante Wight, ainsi que tous les amis de celle-ci et les miens. Nous voici aujourd'hui en excellente compagnie.
             Après dîner, sir George Carteret me demande de le rejoindre. Je le trouvai en compagnie du contrôleur de la Marine. Ils écrivent une lettre aux commissaires du Parlement, d'un style plus ferme à certains égards que celui de notre dernière lettre, car ils semblent nous prendre de haut. *
            Je me rendis ensuite dans une taverne proche avec le contrôleur, et j'acceptai de me charger de la rédaction de lettres à tous les commissaires et vérificateurs des rôles pour leur demander de faire leurs comptes. Puis chez moi, d'où le pasteur et sa femme étaient déjà partis, le reste de la compagnie les suit de près, tous très satisfaits, ainsi que moi. C'est le dernier dîner que j'aie l'intention de donner de longtemps. Voici près de 15 livres que je dépense pour trois dîners en moins de deux semaines. Visite de sir William Penn, de bonne heure, pour converser avec moi, ce que nous faisons une heure ou deux, puis bonsoir, et je me couche.


                                                                                                                        3 février
                                                                                                      Jour du Seigneur
            Aujourd'hui je sors pour la première fois en habit et avec mon épée, comme il est d'usage, maintenant, chez les gens de bien. A Whitehall. Je m'arrêtai en chemin au palais de Savoye pour entendre prêcher le Dr Thomas Fuller sur le pardon des fautes d'autrui. Il montra, entre autres, que nous ne devons jamais aller devant la justice pour nous venger, mais seulement pour obtenir réparation, ce qui me paraît être une distinction judicieuse. A Whitehall je restai écouter les trompettes et timbales, puis les autres tambours. On fait grand cas de cette musique qui me semble pourtant monotone et vulgaire. Après je m'invite chez Mr Fox et y trouve un bon dîner et compagnie choisie. Parmi les propos qui s'y tiennent me frappa une histoire concernant milord Norwich : lors d'une audience publique du roi de France, il avait fait pleurer le duc d'Anjou en lui faisant d'horribles grimaces, tandis qu'il s'approchait du roi, mais sans se faire remarquer. Une autre aussi sur la femme de sir Philip Warwick qui s'était étonnée de ce que Mr Darcy eût fait quérir chez elle plusieurs douzaines de bouteilles de vin du Rhin, sans savoir que ce vin lui appartenait.
            Ensuite chez milord, où l'on me dit comment Pedro, le valet de sir Thomas Crew, avec deux autres de ses compatriotes, tua la nuit dernière quatre soldats avec qui ils s'étaient pris de querelle dans la rue, vers 10 heures. Les deux autres sont pri, mais il est présentement caché chez milord jusqu'à la nuit, dont il a l'intention de profiter pour s'échapper.
            Montai voir milady, restai longtemps à parler. A l'embarcadère de Westminster, où j'ai pris un bateau jusqu'au Pont et retour chez moi. Trouvai des lettres qui nous convoquaient tous demain matin à Whitehall pour affaires.
       
                             
                                                                        4 février

            De bonne heure à la Cour avec sir William Penn. Nous retrouvâmes tous nos collègues dans le cabinet de Mr Coventry. Nous eûmes ensuite une conversation animée sur le désarmement de la flotte, le paiement de la solde et le concours qu'il nous faudrait apporter aux commissaires du Parlement dans cette affaire. C'est la grande question à trancher, qui nous occupera tout le mois, au moins, et sur laquelle se font jour de grandes divergences entre eux et nous, à savoir l'étendue de l'aide que nous devons leur apporter. Après cela retour avec lui, chez moi. . Rencontrai mon père et ma mère qui se rendaient chez mon cousin Snow à Blackwall et promis de les rejoindre avec ma femme, ce que nous ne pouvions faire parce que nous sommes censés aller aujourd'hui au Dauphin à un dîner offert par le capitaine Taylor. Je laissai finalement ma femme partir avec eux. Pour ma part j'allai dans une taverne où je retrouvai sir William Penn, le contrôleur et plusieurs autres personnes, hommes et femmes. Ce fut un grand et joyeux dîner. Après le repas le contrôleur nous mit à quelques jeux, entre autres celui qui consiste à faire le tour de la compagnie en appelant des noms et à poser des questions auxquelles sont tenus de répondre ceux dont le nom a été appelé, ce qui est fort divertissant. Je me plus à prendre les gages des dames qui ne pouvaient répondre, en les embrassant, entre autres une jolie femme dont je découvris plus tard qu'elle était l'épouse du fils de sir William Batten.
            Chez moi, puis visite avec ma femme à sir William Batten, qui n'a pu être des nôtres aujourd'hui, car il est malade, mais nous l'avons trouvé occuper à jouer aux cartes. Nous restâmes jusqu'à une heure tardive à parler avec milady et d'autres personnes, dont le Dr Whistler que je trouvai de bonne compagnie et très ingénieux. Retour chez moi, et au lit.


                                                                                                                       5 février
                                                                                                        Jour de lessive       reynolds
            Ma femme et moi à Westminster par le fleuve, elle chez sa mère, moi dans la Grand-Salle de Westminster, que je trouve en pleine session. Je me rendis ensuite chez Will où je rencontrai Shaw, Ashwell et une autre personne, Brograve qui connaissait ma mère au temps où elle était blanchisseuse chez milady Vere. Ses jurons et blasphèmes me rendant sa compagnie pénible, je m'en allai. Dans la Grand-Salle où je vis milord le trésorier, il a prêté serment aujourd'hui pour sa prise de fonction à l'Echiquier, accompagné d'une foule de lords et de personnes de qualité, il montait prendre possession des bureaux du Trésor. Vu également la tête de Cromwell, de Bradshaw et d'Ireton, chacune fichée sur une pique à l'autre extrémité de la salle.
            Puis rencontrai ma femme et Shaw chez Mrs Mitchell dans la Grand-Salle. Tous deux accompagnés  du capitaine Murford à la taverne du Chien où je leur offris du vin et, après quelques propos joyeux, Mr Langley nous rejoignant plus tard, je me rendis à la salle du Théâtre en voiture, celle-ci venant à se rompre dans King Street, j'en pris une autre. On donnait " Agalus et Parthenia "que j'avais vu dernièrement. Quoique agréable par la danse et le chant, cette pièce ne me semble présenter d'intérêt ni par les traits d'esprit ni par l'intrigue.
            Ensuite, retour chez moi en voiture, souper très affamé faute d'avoir dîné, et au lit.


                                                                                                                        6 février

            Visite de mon cousin Snow qui m'a tenu compagnie pendant qu'on me faisait la barbe, puis j'ai bu un verre avec lui. Il venait me demander une faveur pour un ami. Je la lui ai accordée. Puis longue réunion au bureau, dîner avec le capitaine Murford. Je mangeai un plat de poisson et un bon lièvre qui m'avait été envoyé par Goodenough, le plâtrier.
            Retour au bureau où sir William Penn et moi, seuls pour répondre à des pétitions, mais rien fait d'autre. Puis chez sir William Batten où arrive Mr Jessop, sur qui je n'aurais pu lever les yeux autrefois et qui vient maintenant nous voir chapeau bas de la part des commissaires du Conseil de la marine, bien qu'il soit assurément une personne de haut rang et de bonne réputation. Il nous est envoyé à propos d'une affaire à laquelle nous avons répondu par lettre.
            Je restai longtemps auprès de sir William qui est en mauvaise                          santé. Puis retour chez moi, dans mon cabinet, un peu de musique, puis au lit.


                                                                                                                     7 février

            Avec sir William Batten et Penn dans le bureau de Mr Coventry à Whitehall, pour discuter de l'affaire dont nous nous occupions l'autre matin, puis dans la Grand-Salle de Westminster et après un ou deux tours de promenade, chez milord. Tandis que milady et moi étions en conversation dans sa chambre, voici que milord arrive de son service en mer, à notre grand étonnement. Il avait dîné au Havre de Grace lundi dernier, était arrivé aux Downs le jour suivant et avait couché à Cantorbéry cette nuit-là, puis ce fut Dartford et de là Whutehall ce matin. Tous mes amis, ses serviteurs, en bonne santé. Mr Creed et le capitaine Ferrer me racontent l'histoire de la querelle qui opposa le duc de Buckingham et milord au Havre de Grace lors d'une partie de cartes, ils étaient de cette partie avec milord de St Albans.
            le duc a affirmé à plusieurs reprises, au grand déshonneur de milord, que ce dernier pensait dans son for intérieur le contraire de ce qu'il soutenait à propos de leur différend aux cartes, et il ramassa l'argent qu'il
Théatre élizabethainaurait dû perdre au profit de milord. Malgré son ressentiment milord se tut sur le moment, mais il ne doutait pas d'avoir les moyens de retrouver son argent. Ils se quittèrent ce soir-là. Milord fit venir sir Richard Stayner et l'envoya le lendemain matin demander au duc s'il se souvenait de ses propos de la veille et s'il était prêt à les défendre l'épée à la main avec un second. Le duc se disant prêt à le faire, les deux parties s'entendirent. Mais milord St Albans, la reine et l'abbé Montagu les surprirent à leur logis et les retinrent jusqu'à ce que l'on eut trouvé un accommodement, très honorable pour milord dont la réputation est sortie grandie de l'affaire.                                                                                              
            Je dînai avec milord puis me rendis à une taverne avec Mr Shipley et Creed qui parla en termes flatteurs de la France comme d'un très beau pays. Puis chez moi. Au bureau où les deux sirs William m'attendaient, nous rédigeâmes le brouillon d"une autre lettre aux commissaires du Parlement, puis chez sirWilliam Batten avec qui je restai parler jusque tard le soir. Retour chez moi et après avoir mis la lettre au propre je me couchai.


                                                                                                                      8 février
un-certain-regard.eklablog.com
            Au bureau toute la matinée. Allé à midi à la Bourse pour rencontrer Mr Warren, le marchand de bois mais ne put le trouver. Je rencontrai de nombreux commandants de bateaux, entre autres les capitaines Cuttle, Curtis et Motham. J'allai boire à la taverne de la Toison. Nous restâmes jusqu'à 4 heures, nous racontant des histoires sur Alger et parlant de la vie qu'y mènent les esclaves. De fait, le capitaine Motham et Mr Dawes, ils furent tous deux esclaves dans cette ville, m'instruisirent sur leurs conditions de vie, comme le fait qu'ils n'ont d'autre nourriture que du pain et de l'eau, qu'à leur libération ils paient une certaine somme pour l'eau qu'ils ont bue aux fontaines publiques pendant le temps de leur esclavage, qu'on leur fouette la plante des pieds et le ventre à la discrétion de le " padron ", que le soir ils sont tous réunis dans la prison de leur maître pour y dormir, que ce sont les plus pauvres qui traitent le mieux leurs esclaves, que certains gredins vivent bien s'ils s'engagent à rapporter à leur maître telle somme par semaine, fruit de leur travail ou de vols, qu'on ne leur impose alors aucune tâche et que le vol en ce pays n'est pas du tout tenu en ce pays pour un délit grave.
            Ensuite chez Mr Rawlinson, après avoir rencontré mon vieil ami Dick Scibell, et nous fîmes d'amples libations. Retour chez moi, et au lit de bonne heure, avec mal à la tête.


                                                                                                                        9 février

            Allé chez milord avec Mr Creed, venu me voir pour me faire signer un billet d'avance de fonds, et milord étant sorti nous allâmes à la taverne du Vin du Rhin avec Mr Blackborne à qui je confiai ma crainte que Will ne gaspillât son temps. Il veillera à lui donner de bons conseils.
            Ensuite chez milord et Mr Shipley. J'équilibrai ses comptes et les miens. Puis avec Mr Creed et deux de ses amis, dont le fils de milord Jones, à une table d'hôte pour dîner. Après cela Creed et moi au théâtre de Whitefriars, où nous vîmes " L'amant fou " . Première fois que je voyais jouer cette pièce, que j'aime assez. Puis retour chez moi.


                                                                                                                     10 février 1661
                                                                                                    Jour du Seigneur
                                                                               

            Me suis purgé toute la journée. Dieu me pardonne, je l'ai passée à lire quelques petits romans français. Le soir, ma femme et moi prîmes plaisir à parler du voyage que j'espère faire cet été en France. A midi on est venu demander Mrs Hunt qui était ici hier et n'est semble-t-il pas encore rentrée, ce qui m'inquiète pour elle. A la nuit, au lit.


                                                                                                       
                                                                                                                     
                                                                                                                     11 février

            Au bureau toute la matinée. Dîner à la maison, puis à la Bourse et j'emmenai Mr Warren voir Mr Kennard, le maître menuisier de Whitehall, qui se trouvait dans une taverne. C'est là que nous le rencontrâmes, nous convînmes d'embarquer demain une partie des planches de milord.
            Puis, avec le jeune Mr Reeves à sa maison. Il me montra force spectacles divertissants que je n'avais encore jamais vus, à l'aide d'une lunette d'observation, et j'achetai chez lui une petite longue-vue qui me coûta 5 shillings. Après cela chez Mr Crew et avec Mr Moore allai voir comment se portaient mon père et ma mère. Puis nous allâmes boire avec lui chez Mr Adam Chard, première fois que je me trouvais chez lui depuis son mariage. Nous nous séparâmes ensuite. Retour chez moi à
 mon bureau où je mis en ordre papiers et argent. Au lit.                                       dicocitations.com


                                                                                                                       12 février

            Chez milord. Restai avec lui toute la matinée, puis, comme il sortait dîner, allai dîner à la Jambe, au Palais, avec Mr Pickering, Creed et le capitaine Ferre. Au cours du repas Pickering se livra à d'étranges impertinences. De là, après avoir longuement débattu pour savoir si nous partirions, nous nous rendîmes par le fleuve au théâtre de Salisbury Court. L'attente nous indisposa, nous voici donc repartis en voiture pour le Théâtre, où nous vîmes " La Belle dédaigneuse " , jouée maintenant par une femme, si bien que cette pièce me paraît meilleure.
            Ensuite à la barrière du Temple, Creed et moi , le troisième s'étant égaré dans la foule, pour boire un verre de bière, puis nous nous quittâmes. Je retournai à la maison, en passant voir mon père et ma mère.


                                                                                                                         13 février

            Au bureau toute la matinée. Dîner chez moi en compagnie de ce pauvre Mr Wood qui, après m'aurait bien emprunté de l'argent, mais je le lui refusai. Puis à Whitehall en voiture avec William Penn. Nous ne traitâmes que peu d'affaires. Retour chez Mr Rawlinson. Rencontrai mon oncle Wight qui but avec nous. Ensuite chez sir William Batten ensemble. Je fis venir ma femme et nous fîmes choix de valentins pour demain. Ma femme me choisit, moi, ce qui me plut fort. miladay Batten sir William Penn, etc.Nous veillâmes tard. Retour à la maison et au lit, après avoir demandé à milady Batten une cuillerée de miel pour mon rhume.

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                                                                                      14 février
                                                     Jour de la Saint-Valentin
            Levé de bonne heure et allé chez sir William Batten, mais ne voulus entrer qu'après avoir demandé si  celui qui ouvrait la porte était un homme ou une femme. Mingo, qui était là, répondit " une femme ", ce qui, vu son timbre de voix, me fit bien rire.
            Je montai donc et choisis Mrs Martha pour Valentine, par pure complaisance, et sir William Batten en fit autant pour ma femme. Nous étions tous d'humeur joyeuse.
            Vers 10 heures nous descendîmes en groupe, très nombreux, jusqu'à Deptford, empruntant notre canot. Nous allâmes simplement voir où en était le yacht de Mr Pett. Tous repartis en canot jusqu'à Woolwich et montés à bord du " Rosebush " que commande le capitaine Brown, beau-frère de sir William Batten. Nous y fîmes un excellent dîner préparé à terre. Tous très joyeux et le tout fort réussi. Première fois que je conduisais ma femme à bord d'un bateau, ainsi que mon valet Wayneman, leque fut appelé toute la journée  " le jeune Pepys " , comme le valet de sir William Penn fut appelé " le jeune Penn ".
            Retour à la maison par le canot. Beau temps mais assez froid.
            A mon cabinet de travail où je commençai mes comptes pour milord. J'ai l'intention de les terminer demain.
            Au lit.
            Tout Londres se demande en ce moment qui le roi va choisir pour reine et si le carême sera observé avec la rigueur exigée par la proclamation royale. Cela ne se fera pas, pense-t-on, car les pauvres ne peuvent acheter de poisson. On se préoccupe aussi beaucoup des grands préparatifs en vue du couronnement du roi et on en parle fort.


                                                                                                                 15 février

            Au bureau toute la matinée, et l'après-midi, occupé à faire mes comptes pour milord. Les calculs faits je me trouve posséder, me semble-t-il, 350 livres net, outre les meubles de ma maison, et tout a été payé.

*   maisons-champagne.com
**t heatrons.com                                                                                           à suivre............16 février
                                                                                                                                  ........./

            Chez milord


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