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vendredi 9 octobre 2015

Portraits de Musiciens - Peintres Chopin, Watteau Marcel Proust ( Ecrits sur l'art France )

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chopinwithcherries.blogspot.com
         
                                              Chopin
                                                                           A Edouard Risler

            Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots
            Qu'un vol de papillons sans se poser traverse
            Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots.
            Rêve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce,
            Toujours tu fais courir entre chaque douleur
            L'oubli vertigineux et doux de ton caprice
            Comme le papillon vole de fleur en fleur ;                                      omifacsimiles.com
Afficher l'image d'origine            De ton chagrin alors ta joie est la complice :
            L'ardeur du tourbillon accroît la soif des pleurs.
            De la lune et des eaux pâle et doux camarade,
            Prince du désespoir ou grand seigneur trahi,
            Tu t'exaltes encore, plus beau d'être pâli,
            Du soleil inondant ta chambre de malade
            Qui pleure à lui sourire et souffre de le voir....
            Sourire du regret et larmes de l'Espoir !
                                                                                                           
                                                                                                                 
larousse.fr                                                                Marcel Proust
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                                                 Antoine Watteau

      Crépuscule grimant les arbres et les faces,
      Avec son manteau bleu, sous son masque incertain ;
       Poussière de baisers autour des bouches lasses...
       Le vague devient tendre, et le tout près, lointain.
            La mascarade, autre lointain mélancolique,
            Fait le geste d'aimer plus faux, triste et charmant.
            Caprice de poète - ou prudence d'amant,
            L'amour ayant besoin d'être orné savamment -
            Voici barques, goûters, silences et musique.


                                                                         Marcel Proust
         












jeudi 4 octobre 2012

A propos de Rimbaud Lettre



Rimbaud dessine Delahaye
                                          Rimbaud à Ernest Delahaye

                                                                                              14 8bre  75 Charleville

                                         Rimbaud attend d'être conscrit dans une chambrée écrit à Delahaye pion à Soisson. Verlaine récemment converti donne l'occasion au jeune poète, il a 21 ans de surnommer son aîné Loyola, et écrit quelques vers hautement fantaisistes qui seront les derniers connus d'Arthur Rimbaud.Keller
apparu dans le texte doit peut-être être compris Quel Air



            Cher ami,
            Reçu le Postcard et la lettre de V. il y a huit jours. Pour tout simplifier, j'ai dit à la poste d'envoyer ses restantes chez moi de sorte que tu peux écrire ici, si encore rien aux restantes. Je ne commente pas les dernières grossièretés de Loyola, et je n'ai plus d'activité à me donner de ce côté là à présent, comme il paraît que la 2è " portion " du " contingent " de la  " classe 74 " va-t-être appelée le 3 novembre " suivt ou prochain : la chambrée de nuit : " Rêve "

                                         On a faim dans la chambrée -
                                                       C'est vrai...
                                         Emanations, explosions. Un génie :
                                                   " Je suis le Gruère ! -
                                                   Lefèbvre : " Keller ! "
                                         Le Génie : " Je suis le Brie ! "
                                       Les soldats coupent sur leur pain :
                                                      " C'est la vie !
                                                Le Génie . - Je suis le Roquefort !
                                                   - " Ca s'ra no' mort ! ...
                                                     - Je suis le Gruère
                                                       Et le Brie !... etc.
                                                          - Valse -
                                    On nous a joints, Lefèvre et moi...
                                                               etc...

                  
                                        (  Passées ses aventures avec Verlaine, sa vie de poète, si à 16 ans il a refusé de passer le baccalauréat, il l'envisage à 21 ans et se propose de passer un bac S. Peut-être pourrait-il devenir ingénieur. Verlaine lui dit " C'est Pipo qu'il faut ". Centrale, Polytechnique, les Mines. Suite donc de la lettre.)
                                                        
                                                          Frédérik et Arthur 

de telles préoccupations ne permettent que de s'y " absorbère ". Cependant renvoyer obligeamment , selon les occases, les " Loyolas " qui rappliqueraient.
            Un petit service : veux-tu me dire précisément et concis - en quoi conciste le " bachot " " es sciences
actuels " , partie classique, et mathém. etc - Tu me dirais le point de chaque partie que l'on doit atteindre : mathém. phys. chim. etc - et alors des titres, immédiat, ( et le moyen de se procurer ) des livres employés dans ton collège: par ex., pour ce "Bachot " à moins que ça ne change aux diverses universités, en tous cas de professeurs ou d'élèves compétents, t'informer à ce point de vue que je te donne. Je tiens surtout à des choses précises, comme il s'agirait de l'achat de ces livres prochainement - Instruc militaire et " bachot ", tu vois, me feraient deux ou trois agréables saisons ! Au diable d'ailleurs ce " gentil labeur " . Seulement sois assez bon pour m'indiquer le plus mieux possible la façon comment on s'y met.
            Ici rien de rien.
            J'aime à penser que le Petdeloup et les gluants pleins d'haricots patriotiques ou non ne te donnent pas plus de distraction qu'il ne t'en faut. Au moins ça ne chlingue pas la neige, comme ici .
            A toi " dans la mesure de mes faibles forces ".
                                           Tu écris :
                                                            A. Rimbaud
                                     31 rue St Barthélémy,
                                         Charleville ( Ardennes ) va sans dire.
           P.S. La corresp : en " passepoil" arrive à ceci, que le Némery avait confié les journaux de Loyola à un agent de police pour  me les porter.
                                        

                                                                                              A. Rimbaud
                                                                                          ( in Correspondance )

                                         

vendredi 14 septembre 2012

A propose de Rimbaud Lettre 2

                                                            
 verlaine par domac                                                                       Paul Verlaine à Victor Hugo

                                                                     Samedi 19 juillet 1873, Bruxelles

            Cher et vénéré maître, cette lettre est bien faite pour vous surprendre, tant par l'indication qui précède que par l'ardente prière qui va suivre, mais n'êtes-vous pas la bonté comme vous êtes le génie ? - et puisque depuis les déjà longues années que j'ai l'honneur et le bonheur de vous connaître, vous m'avez toujours bien voulu témoigner, ainsi qu'au bonheur de mon pauvre ménage, le plus vif et le plus paternel intérêt, j'ose, mon cher maître, m'ouvrir à vous tout entier aujourd'hui, et près de sombrer affreusement, je vous crie au secours, sauvez-moi !
            Voici : vous êtes plus ou moins au courant de mes affreux démêlé avec ma femme. Puisque vous êtes à Paris ( ce sont du moins les journaux d'il y a dix jours qui m'en ont instruit, je ne lis plus de journaux depuis ma captivité ) M. Burty à qui j'en ai écrit très longuement dans le temps pourra vous communiquer mes confidences, Voilà juste un an que, moitié folie moitié horreur, de la maison de mon beau-père j'ai quitté Paris et la France en compagnie d'un ami qui ne m'a quitté qu'à de rares intervalles, tous exigés par moi, et consacrés par moi à l'attente - infructueuse toujours hélas ! - du retour de ma femme auprès de moi. Il y a quinze jours ou trois semaines ( le surlendemain de la réception de votre dernière lettre ) je quittais brusquement Londres et mon ami, - laissant celui-ci sans autres ressources que ma garde-robe qu'il a dû vendre, - pour me rendre à Bruxelles dans le dessein bien arrêté - que je signifiai à ma femme, de me détruire si elle ne venait pas dans 3 jours à telle adresse que je lui donnais. Elle ne vint pas. Mon ami, à qui en débarquant à Anvers j'avais écrit pour l'avertir de mon dessein, accourut avant la fin du 3è jour. Sa présence retarda mon projet. J'avais - durant les deux premiers jours, conçu la mort sous un autre aspect et fait une démarche auprès de l'ambassade d'Espagne, à l'effet de m'engager dans les volontaires fédéraux. On me répondit à l'ambassade qu'on n'acceptait pas d'étrangers. Je télégraphiai à ma femme que je l'attendrai jusqu'au lendemain à midi, qu'elle me télégraphiât et vînt. Ma mère arriva, je lui avais écrit à tout hasard de venir. - J'avais une fièvre affreuse qui dégénéra en une véritable folie quand le lendemain de mon télégramme, ma femme ne fût pas venue. J'achetai un revolver que je chargeai bien décidé à partir le soir même pour Paris. J'eusse sonné à la porte de ma femme, l'eusse prié de me recevoir et si elle avait refusé me fusse tué sur son palier. Le hasard de la folie en disposa autrement. Je rentrai chez moi, où se trouvaient ma mère et mon ami. Ce dernier ( cause en grande partie de mes démêlés avec ma femme ) mais qui dans cette circonstance fit preuve, comme en mille autres, du plus grand dévouement, me parla - paraît-il - je vous dis que j'étais absolument absent - je m'irritai et eus le malheur inouï de diriger vers lui un coup de pistolet qui le blessa heureusement très peu au bras gauche. Il se contenta de me reprocher doucement mon acte fou et me pardonna. Nous le pansâmes, ma mère et moi, il manifesta le désir d'aller se faire soigner chez sa mère. Alors, je m'y refusai et lui dis : si tu t'en vas maintenant je me brûle la cervelle devant toi. Il se méprit au sens de mes paroles et s'enfuit ( ceci dans la rue ). Je le poursuivis, le rappelant. - Un sergent de ville nous arrêta -, et me voici en prison, en cellule depuis 9 jours sous l'inculpation de Tentative d'assassinat.Toutefois, j'ose espérer en l'indulgence de la justice. Mon cas étant tout de folie, tous les témoignages y compris celui du pauvre blessé, le confirmant.
            Mon cher maître, c'est affreux, mais le pire, c'est ma femme, qui est la cause indirecte de tout cela, et qui, - sans doute ne sachant rien encore - me laisse là !... Ô mon cher et vénéré maître, tenez, vous le pouvez, vous seul le pouvez. Parlez-lui, faites-la venir chez vous, dîtes-lui qu'elle doit pardonner à ce malheureux, que seule elle peut me sauver du remords, de l'angoisse, seule elle peut m'aider à refaire ma vie, qu'il serait impie à elle de persister davantage dans sa rancune. Si légitime qu'elle puisse être. - Je lui offre tout, j'humilie mon orgueil. Je serai doux comme un enfant, qu'elle ait enfin pitié et qu'elle considère ce que le désespoir  m'a déjà fait faire, qu'elle vienne ici me voir, avec notre enfant, et m'écrive bien vite : j'espère peut-être un temps prochain recouvrer ma liberté : mais qu'en ferais-je désormais sans elle ? Qu'elle profite de ce grand malheur qui me frappe pour pardonner tout le mal que j'ai pu lui causer. Je ne suis pas méchant, elle le sait bien.. Je serai si bon, elle sera si heureuse, si elle fait ce pas vers moi, si elle me veut bien sauver l'avenir !                                                  juliette drouet   Image IPB
            Dîtes-lui tout cela, mon cher maître ! Vous avez tout autorité sur elle et elle vous écoutera avec respect et fruit, j'en suis sûr. Ai-je besoin de vous dire quelle immense gratitude nous vous aurons tous, elle, moi - et plus tard, ce pauvre enfant !
            C'est peut-être fou à moi de vous demander un tel service, mais je vous aime tant, mon cher maître, que je suis sûr que vous me la rendrez.
             Elle demeure rue Nicolet 14, 18è arrondt,Qr Clignancourt, Paris.
             Si vous n'êtes pas à Paris, oh, alors, écrivez-lui. Daignez me répondre bien vite.
             Je rougis de signer
                                                            Votre dévoué
                                                              P. Verlaine
             Détenu à la prison des Petits-Carmes Bruxelles
             Veuillez me donner votre adresse.
             ( Si Madame Drouet voulait se faire votre auxiliaire dans la tache pieuse que j'ose vous offrir, elle a, je crois, grande influence sur ma femme. )

                 
                                                                          Lundi 21 juillet 1873, Bruxelles
                                              
                                               Rapport d'un indicateur à la Préfecture de µpolice de Paris

                                                                                                            Bruxelles 21 juillet73

            J'ai annoncé, il y a peu de jours, une tentative d'assassinat commise par un Verlaine Paul, homme de lettres, sur le sieur Rimbaud, arthur, également homme de lettres ; us deux français. L'enquête vient de faire connaître que la cause doit en être attribuée à des relations immorales, existant entre ces deux individus.
            Rimbaud a quitté Bruxelles le surlendemain de l'attentat pour se rendre à Paris.

            Cat.

           Le   nommé Verlaine... venait de contracter mariage avec une demoiselle Moté de Ferville lorsqu'il prit sous son patronage un jeune poète, le jeune Rimbaud, Arthur, 16 ans, né à Charleville. Celui-ci lui était recommandé par un sieur Corrège, rentier, domicilié dans cette localité qui faisait d'ailleurs l'éloge le plus flatteur de l'intelligence et du talent de son jeune compatriote.
            Ce dernier ne tarda pas, toutefois, à s'attirer par ses goûts dépravés, le mépris des personnes qui, tout d'abord, s'étaient intéressées à lui.
            Quant à l'inculpé, épris d'une passion honteuse pour le nommé Rimbaud, il quitta Paris avec lui au mois de juillet dernier en abandonnant sa jeune femme et un enfant en bas âge. Il est d'ailleurs représenté sous de mauvais rapports. Il aurait des habitudes d'intempérance, et l'abus des boissons alcooliques aurait, dit-on, affaibli ses facultés intellectuelles.

            Cat.

                                                      ( in Correspondance Arthur Rimbaud éd. Fayard )