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mardi 25 juin 2013

Anecdotes d'hier pour aujourd'hui 19 Journal Samuel Pepys ( Angleterre )


                                                      Journal

                                                                                                                  17 avril 1660
            Tout le matin je préparai les commissions destinées au vice-amiral et au contre-amiral. Milord prit grand soin d'exprimer la pleine mesure de son pouvoir et leur commanda d'exécuter tous les ordres qu'ils pourraient recevoir du Parlement, etc., ou de l'un ou l'autre des amiraux ou des deux. Le vice-amiral dîna avec nous. Dans l'après-midi milord me demanda de lui apporter la commission destinée au vice-amiral. Je m'exécutai  et il la lui remit lui-même.
            L'après-midi fut très beau et je passai la journée sur le pont. Il faisait si clair que la lunette de milord montrait Calais très nettement et qu'on pouvait distinguer les falaises aussi bien que le Kent. En fait milord en un premier temps me fit croire que c'était le Kent. Le soir, après le souper, milord me demanda de lui apporter la commission du contre-amiral, ce que je fis. Tandis que j'étais dans mon cabinet d'étude j'entendis milord discuter avec lui de Daking et de Newbery à qui l'on retirait leur commission. Cela dit en passant, je constatai que milord s'est plus confié à moi dans la soirée qu'il ne s'était confié au contre-amiral qui, pourtant était son grand confident. En effet je passai une heure avec lui pendant laquelle il me fit part clairement de son opinion, à savoir que le roi allait l'emporter et qu'il s'estimait très heureux de se trouver actuellement en mer, aussi bien pour sa propre sécurité que parce qu'il pensait pouvoir être de quelque service pour son pays en contribuant à maintenir l'ordre. Au lit. Me changeai de la tête aux pieds. John Goods et W. Howe restèrent tard à bavarder à mon chevet. M'endormis ensuite. Suis chaque jour un peu plus conscient de l'extrême satisfaction que me donne ma vie actuelle.
     

                                                                                                                      18 avril

            Ce matin, très tôt, Mr Edward Montagu vint à bord. Il vint seul, sans domestique et repartit aussitôt. Je n'ai aucune idée du motif de sa visite. Aujourd'hui Sir Stayner, Mr Shipley et autant de gens de milord qu'il était possible d'envoyer se sont rendus à Douvres pour y préparer tout ce qu'il fallait en vue de l'élection de demain.
             Je passai tout l'après-midi dans ma cabine à dicter du courrier à Burr, car j'ai l'esprit trop préoccupé par la multiplicité des tâches qui m'incombent. Burr écrivit ainsi sous ma dictée plus d'une douzaine de lettres qui me rendirent l'esprit plus clair et plus dégagé que je ne l'ai eu depuis que je suis à bord. Dans la soirée j'envoyai un paquet à Londres. Mr Cooke est revenu de Londres et m'a rapporté la nouvelle suivante : les sectateurs proclament bien haut leurs intentions. Mais je crois que cela ne servira à rien. Les Cavaliers de leur côté sont quelque peu imprudents de proclamer leur soutien à l'autre camp aussi haut qu'ils le font. Les Lords se réunissent chaque jour chez milord Manchester et ont décidé de siéger le premier jour du Parlement. Enfin il est évident que le Général et le Conseil d'Etat sont décidés à s'effacer pour faire place au roi. Et il est désormais clair qu'il faut maintenant anéantir les fanatiques ou bien écarter du pouvoir la petite noblesse, l'ensemble des citoyens de toute l'Angleterre et le Clergé, en dépit de leur milice et de leur armée. Ce que je crois pour ma part impossible. Ce soir j'ai soupé avec W. Howe et Mr Llewellyn dans la grande cabine sous le pont. C'est la première fois que j'ai passé un aussi long moment en compagnie de Mr Llewellyn.
             Ensuite de quoi, au lit. Mr Howe s'assit à mon chevet et lui et moi chantâmes un psaume ou deux. Puis je m'endormis.


                                                                                                                       19 avril

            Eus beaucoup de travail toute la journée, et j'étais bien ennuyé que Burr soit allé à terre sans ma permission.
            Au dîner nous apprîmes la nouvelle de l'élection de milord à Douvres. Cet après-midi un certain Mr Mansell vint à bord comme officier sans commission. Milord lui témoigna le plus grand respect. J'ignore pour le moment pour quelle raison. Il a beaucoup plu aujourd'hui si bien que lorsque je voulus me coucher je trouvai mon lit complètement trempé. Je fus contraint de m'envelopper dans un drap sec et de dormir comme cela toute la nuit.


                                                                                                                         20 avril 1660

            Tout le matin m'occupai de faire réparer ma fenêtre et de faire fixer ma table à l'endroit où je souhaitais. Je fus infiniment heureux que cela fut fait ainsi que de constater le pouvoir d'avoir tout le monde à ma disposition et à mes ordres. Ce soir un certain Mr Boyle vint à bord et je rédigeai un ordre pour qu'un navire le transporte à Flushing. Il dîna à bord et milord le traita comme une personne de qualité. Ce soir vint à bord également Mr John Pickering. Dans la soirée j'eus très mal à la tête. Je pense que cela vient de ce que j'ai été assis dans ma cabine dans une position différente de celle dont j'ai l'habitude. Ce soir, Mr Shippley m'a dit qu'il avait appris de source sûre à Douvres que Mr Edward Montagu avait traversé la Manche après sa visite à bord l'autre jour. J'ai tendance qu'il est allé parler au roi.
 montagu           Aujourd'hui quelqu'un m'a dit que lors de l'élection à Cambridge du représentant du comté, Wendy et Thornton qui s'étaient déclarés en faveur du Parlement et du roi, ainsi que d'une église établie l'ont emporté contre toute attente sur sir Dudley North et sir Thomas Willis.
            Je soupai ce soir avec Mr Shipley en bas à la table du demi-pont. Après cela je vis Mr Pickering que milord avait invité en bas dans sa cabine. Puis, au lit.


                                                                                                                        21 avril

            Aujourd'hui je dînai avec John Boys et quelques autres gentilshommes qui furent jadis de grands Cavaliers. µparmi eux un certain Mr Norwood à qui milord a donné une escorte pour l'accompagner jusqu'au Brill, mais il va certainement voir le roi, car milord m'a donné l'ordre de ne pas entrer son nom dans mon livre de bord. Milord leur témoigne, de même qu'aux personnes de leur camp, une grande civilité. Ils ne parlent, comme tout le monde en fait, que du retour du roi et nous commençons à en parler de manière très libre. J'ai appris que dans de nombreuses églises de Londres et sur de nombreuses enseignes, ainsi que sur certains navires marchands sur la Tamise, on a arboré les armes du roi.
            Dans l'après-midi le commandant insista pour que je monte dans sa cabine. Il m'y traita avec une grande magnificence. Il m'offrit un tonneau d'huîtres en saumure et en ouvrit un autre pour moi, ainsi qu'une bouteille de vin, ce qui constitue une grande faveur.
            Je veillai tard ce soir, je chantai avec W Howe et je me confiai aux mains du barbier dans la chambre du Conseil. Dans la soirée quelqu'un vint apporter une lettre à milord  de la part de Mr Edward Montagu avec l'ordre de la lui remettre en mains propres. Je crois qu'il s'agit de quelque affaire qui touche le roi de près.
            J'ai reçu aujourd'hui une grande lettre de Mr Moore qui fait état de la querelle actuelle à Londres sur ce qui risque de se produire lors de l'ouverture du Parlement. En effet, la Chambre des lords a décidé de siéger avec les Communes dans la mesure où ils ne s'estiment pas dissous pour le moment. Que leur point de vue soit accepté ou non, et qu'ils siègent ou non, cette question va créer de nombreux problèmes. Je garde sa lettre car elle est très bien écrite.


                                                                                                                     22 avril 1660
                                                                                                                Dimanche de Pâques

            Plusieurs Londoniens amis du commandant ont dîné à bord. Entre autres choses ils nous ont appris que les armes du roi sont chaque jour suspendues dans les maison et les églises; en particulier dans l'église de Tous-les-Saints, dans la Thames Street, l'église de John Simpson, et que fait que cela avait été fait en secret sa congrégation a été très choquée de découvrir la chose en venant de l'église. Ils nous ont également rapporté de façon certaine que la compagnie des merciers est en train de faire exécuter la statue du roi qui va être érigée à la Bourse. La charge en fait leur en incombe.
            Après le sermon de l'après-midi je me mis à écrire des lettres afin de les envoyer à Londres demain. Après le souper, au lit.


                                                                                                                      23 avril

            Fus très occupé toute la matinée par la préparation du courrier pour Londres. Je m'interdis une heure ou deux pour inviter le commandant et Mr Shipley dans ma cabine à déguster les huîtres en saumure que le commandant m'a offertes samedi dernier. Après dîner j'envoyai Mr Dunn à Londres avec le courrier. Cet après-midi le capitaine Cowes commandant du Paradox m'a donné 40 shillings. Dans la soirée, pour la première fois nous avons eu du bon temps avec l'équipage. En vérité, nous nous sommes beaucoup amusés après que milord eut fini de jouer aux quilles. Après cela, W. Howe et moi allâmes jouer un morceau pour deux violes sopranes dans la grande cabine sous le pont. Milord l'ayant appris nous demanda, après souper de venir avec nos instruments et nous interprétâmes avec lui un morceau de Locke pour chanter une chanson sur le Parlement croupion. Il semblait ravi de chanter cette chanson, sur l'air du Maréchal-Ferrant.
            Après tout cela, ensuite au lit.


                                                                                                                        24 avril


            Ce matin j'invitai Mr LLewellyn et Mr Shipley à finir ce qui restait de mes huîtres commencées hier. Après quoi nous travaillâmes tout le matin. Tandis que je dînais avec milord le patron de canot du vice-amiral vint m'inviter à dîner avec le vice-amiral. J'en informai milord et il m'autorisa à y aller. Je me levai donc de table pour m'y rendre. Il y avait de nombreux commandants et nous passâmes un fort bon moment à bord du London qui a une grand-chambre beaucoup plus grande que celle du Naseby, mais pas aussi luxueuse. Après quoi je revins avec le commandant à bord de notre propre navire, où nous fûmes accueillis pas la nouvelle de la capture de Lambert, laquelle nouvelle était parvenue à Londres samedi dernier. Il a été pris dans le comté de Northampton par le colonel Ingoldsby, à la tête d'une troupe, si bien que tous leurs plans sont connus et que la situation est maintenant très ouverte.et très sure. Chacun commence à se réjouir et à être plein d'espoir. Dans l'après-midi milord me donna un très long code à écrire? J'y passai le reste de la journée. Après souper, milord et nous jouâmes d'autres morceaux de très bonne musique et chantâmes Amaryllis tourne-toi, dans la version imprimée qu'en donne le livre de chansons. Milord fut très content de cet intermède musical. Ensuite de quoi, au lit.


                                                                                                                           25 avril

            Passai toute la matinée sur le code de milord. Dînai aujourd'hui avec le capitaine Clarke à bord du Speaker, un très bon navire, où se trouvaient le vice-amiral, le contre-amiral et de nombreux commandants.
            Après dîner, retour chez moi. Je ne suis pas qu'un peu satisfait de voir comment je suis traité et avec quel respect je suis promu au rang de compagnon des meilleurs commandants de la flotte.
            Passai tout l'après-midi à finir le code. Cela fait je le donnai à milordµ. La calligraphie en est très belle et c'est, en soi, un très bon code, mais il n'est pas véritablement alphabétique.
            Soupai avec Mr Shipley, W. Howe, etc., dans la cabine de Mr Pearse, le commissaire de marine. Nous passâmes un très bon moment. Ensuite, au lit. Le capitaine Isham est venu aujourd'hui à notre bord.


                                                                                                                            26 avril

            Aujourd'hui, Mr Dunn est revenu de Londres. Il a rapporté des lettres qui annoncent que le Parlement s'est réuni. Dans l'après-midi, par d'autres lettres, j'ai appris que vers midi les Lords se sont réunis et ont choisi milord Manchester comme Président de la Chambre des lords, les jeunes lords qui n'ont encore jamais siégé s'abstiennent de venir au Parlement pour le moment. Sir Harbottle Grimston a été élu Président de la Chambre des Communes.  La Chambre des Lords a demandé à faire une action commune avec la Chambre des Communes. Après une courte discussion cette demande a été acceptée.
            Le Dr Reynolds a prêché devant les Communes avant qu'elles n'ouvrent la session.
            Milord me rapporta que sir H. Yelverton, qui fut jadis mon camarade d'école, a remporté le premier siège pour le comté de Northampton et Mr Crew le second. Il me dit également qu'à son avis les Cavaliers ont désormais l'avantage sur les presbytériens.
 jacques II           Tout l'après-midi j'écrivis des lettres, entre autres, à W. Simons, à Peter Llewellyn et à Tom Doling. Comme cette dernière lettre est assez drôle j'en garde copie.
            Cela fait, Mr Shipley, W. Howe et moi descendîmes avec John Goods dans la réserve de vin et de boissons de milord. Nous fûmes très heureux de constater que le navire possède une charpente très solide. Dans cette pièce nous nous trouvions complètement au-dessous du niveau de la mer, et même un peu plus bas.
            Après quoi nous allâmes souper. Tom Guy soupa avec nous et nous amusâmes beaucoup. Après cela nous fîmes de la musique. Mr Pickering commença à jouer une partition pour basse sur ma viole. Il le fit de manière tellement sotte que j'en eus honte pour lui.
            Ensuite de quoi, au lit.
                                                                                                                  27 avril 1660

            Ce matin, Burr était de nouveau introuvable à bord, ce qui m'ennuya. J'en parlai à Mr Pearse, le commissaire de marine, afin qu'il lui en touche un mot et qu'il lui dise ce que j'en pense.
            Pim passa la matinée dans ma cabine à coudre un grand flot de rubans sur un costume. Après le dîner, dans l'après-midi sir Thomas Hutton et sir Mauleverer vinrent à bord avant de se rendre à Flushing. Mais tout le monde sait qu'ils vont là où vont chaque jour tous les autres gentilshommes : voir le roi à Breda. Ils ont soupé avec nous et milord les a traités comme il traite les autres personnes qui vont là-bas, c'est-à-dire avec force civilité. Pendant que nous soupions un paquet de lettres arriva. Il contenait beaucoup de nouvelles de plusieurs amis.La principale nouvelle est celle que j'ai reçue de Mr Moore.Il craint que les Cavaliers à la Chambre ne se montrent tellement virulents qu'ils poussent les autres députés à quitter la Chambre et à rejoindre les partisans du général Monck et, en conséquence, à faire au roi des propositions si avantageuses pour les presbytériens que le roi refusera, ce qui leur permettrait de fomenter d'autres méfaits. Mais lorsque je fis part de ces craintes à milord, il secoua la tête et me dit que les presbytériens sont abusés car le général défend incontestablement les intérêts du roi, de sorte qu'ils ne parviendront pas à le circonvenir de cette manière.
            Après souper les deux chevaliers quittèrent notre navire pour aller à bord du Granthman qui doit les emmener jusqu'à Flushing. J'appris que l'Echiquier est actuellement si démuni qu'il n'y a même pas 20 livres à donner au messager qui a apporté la nouvelle de la capture de Lambert. Cette histoire est très singulière. Il est étonnant qu'il perde maintenant, tout d'un coup, sa réputation d'homme de courage, et qu'il soit accusé de n'avoir pas été capable de combattre, ne serait-ce qu'une minute, mais d'avoir demandé plusieurs fois au colonel Ingoldsby de le laisser s'échapper pour l'amour de Dieu.
            Je veillai tard pour lire mes lettres, l'esprit très troublé de penser qu'après tous nos espoirs nous dussions avoir des raisons de craindre encore d'autres déceptions.
            Au lit. Aujourd'hui, j'ai soldé mes comptes avec Mr Creed. Je lui ai envoyé ma traite et lui mon argent par Burr que je lui ai dépêché à cet effet.*


                                                                                                           28 avril

            Ce matin, envoyai un paquet de lettres à Londres par Mr Dunn. Dans l'après-midi jouai aux quilles avec Mr Pickering. Je fis équipe avec Mr Pett contre lui et Ned Osgood, et nous lui gagnâmes chacun une couronne. Il n'eut pas assez d'argent pour me payer. Après souper milord fut très joyeux. Il chanta avec moi et Mr Howe. Ensuite, au lit.


                                                                                                            29 avril
                                                                                                            Dimanche

            Aujourd'hui, je mis d'abord mon beau costume de drap, taillé dans un manteau dont on aurait dit qu'il avait été conchié dans le dos il y a de cela un an, le premier jour que je l'avais mis.
            Après le sermon du matin Mr Cook vint de Londres avec un paquet. Il nous apprit que tous les jeunes lords qui n'avaient pas pris les armes contre le Parlement occupent désormais leurs sièges, que le roi a envoyé une lettre à la Chambre, que cette lettre a été mise sous scellés par le Conseil d'Etat jusqu'à jeudi prochain afin qu'elle puisse être lue devant la Chambre en formation plénière lorsqu'elle celle-ci se réunira de nouveau, car ils ont ajourné la séance à jeudi afin de procéder demain à un jeûne, de sorte que le contenu de cette lettre n'est pas encore connu.
            L'Échiquier a payé 13 000 des 20 000 livres accordées au général Monck. Ce dernier a donné 12 livres aux comptables pour qu'ils se les partagent.
            Milord me fit appeler dans la grande cabine sous le pont, j'y ouvris mes lettres et il me confia que les presbytériens sont battus à plate couture par les Cavaliers et qu'il craignait que Mr Crew ne soit allé un peu trop loin l'autre jour en empêchant les jeunes Lords de se siéger, qu'il s'attend à ce que le roi débarque soudainement sans attendre que des conditions soient fixées, car les presbytériens avaient l'intention de le faire venir en lui imposant des conditions telles qu'il aurait été prisonnier. Mais il eut un soubresaut de mépris lorsqu'il me dit que Monck les avait trahis, car c'était lui qui les avait poussés à interdire l'accès du Parlement aux Lords et aux autres députés qui ne répondaient pas aux critères requis, ce que milord n'approuvait pas. Néanmoins il avait fait son travail, même s'il l'avait fait avec une certaine bassesse.
            Après dîner, je me promenai un grand moment sur le pont avec le chirurgien et le commissaire de marine et d'autres officiers du navire. Ils prient tous pour le retour du roi. Je prie que Dieu les exauce.


                                                                                                                    30 avril 1660

            Toute la matinée je préparai les instructions pour l'escadre de navires qui doit se rendre demain dans le détroit de Gibraltar. Elle comprend le capitaine Teddeman et le capitaine Curtis, cependant que le capitaine Robert Blake doit commander l'ensemble de l'escadre.
            Après dîner nous jouâmes aux quilles. Mr Howe et moi fîmes équipe contre Mr Creed et le commandant. Nous perdîmes chacun 5 shillings en leur faveur. Après quoi Mr Howe, Mr Shipley obtînmes de milord l'autorisation d'aller voir le capitaine Sparling. Nous prîmes donc le canot et nous nous rendîmes d'abord à terre. La campagne était très agréable, mais Deal est une ville bien médiocre. Nous allâmes chez Fuller, établissement célèbre pour sa bière, mais ils n'avaient d'autre bière que celle qui était dans le tonneau. Après cela nous allâmes chez Poole, une des tavernes de la ville, où nous bûmes? Nous reprîmes le canot et rejoignîmes l'Assistance, dont le commandant nous traita fort civilement. Il nous fit entendre un récital de harpe par un garçon qu'il garde à son bord. Musique d'une telle beauté que je ne crois pas que j'en entendrai jamais de pareille de nouveau, pourtant le musicien était un garçon simple et un peu ivre, comme on en voit tous les jours. Après cela nous regagnâmes le Naseby où nous trouvâmes milord en train de souper. Nous nous assîmes à table avec lui et milord fut très agréable avec Mr Creed et avec Shipley. Il intrigua Shipley en lui demandant s'il pouvait deviner la signification des trois trous que milord a creusé dans le verre de sa montreµ. Après souper, un peu de musique. Puis Mr Shipley, W. Howe et moi montâmes dans la cabine du lieutenant, où nous bûmes. Moi et Will Howe étions très gais et, entre autres bêtises, Will tira la bonde du petit tonneau de bière qui se trouvait dans la cabine et il en tira un peu dans son bonnet de chasseur. Pendant qu'il buvait j'essayai de lui envoyer de la bière dans la figure, ensuite il prit mon bonnet d'intérieur en velours, et il le remplit également de bière. Nous nous amusâmes beaucoup, mais je tachai mes vêtement avec la bière que nous avions éclaboussée. Après cela, j'allai me coucher. Il était très tard et j'avais la tête assez prise par la boisson.

                                                                                   .../
                                                                                       Mai / 1660
                                                                                                         .../

            Ce matin.../

   * tournier