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dimanche 24 mars 2013

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 15 Samuel Pepys ( journal Angleterre )

 
    westminster                          

                                                                                                              9 mars 1660

            J'allai voir milord à son domicile et je me rendis à Westminster avec lui en voiture, en compagnie de Mr Dudley. Nous nous promenâmes dans la Chambre peinte un bon moment et je lui dis que j'étais prêt et décidé à l'accompagner en mer. Il approuva ma décision et me conseilla ce que je devais écrire à Mr Downing à ce propos. Ce que je fis à mon bureau : je proposai que selon le désir de milord mon poste soit temporairement occupé par Mr Moore et que moi et mon substitut soyons liés vis-à-vis de lui par les mêmes engagements. J'allai dîner chez Mr Crew où Mr Hawley me rejoignit. Je lui racontai toute l'affaire et lui montrai ma lettre en lui promettant 20 livres, ce qui lui fit très plaisir. Je fis la même chose pour Mr Moore qui reçut également très bien mon offre. Dans l'après-midi je me rendis en voiture, en prenant avec moi Mr Butler au ministère de la Marine, pour m'occuper des 500 livres de milord. On me promit que je les aurai demain matin. Puis retour, toujours en voiture. A Whitehall dans la salle du Conseil, je parlai avec milord et je lui fis signer l'acquit pour les 500 livres. Il me dit également qu'il avait parlé à Mr Blackborne de renvoyer Mr Creed et que je devrais aller le voir pour recevoir ses instructions concernant cet emploi.
            Après quoi, Mr Butler et moi allâmes chez Harper, où nous restâmes deux heures à boire, jusqu'à dix heures du soir. La vieille femme qui était ivre se mit à parler bêtement en faveur de son fils James.
            A la maison et au lit.
            Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, car j'étais préoccupé par la façon dont je pouvais régler mes affaires étant donné le grand changement qui m'arrive. Échauffé par la boisson j'avais trop chaud, aussi fis-je la promesse, le matin suivant, de ne boire aucune boisson forte cette semaine, car je me rends compte que cela me fait transpirer au lit et me trouble l'esprit. Aujourd'hui il a été décidé que les lettres pour les élections seraient envoyées au nom des gardiens des libertés. J'ai entendu dire qu'il a été décidé secrètement de proposer un traité au roi. Et que Monck a tancé ses soldats vertement pour ce qu'ils ont fait hier.



                                                                                                               10 mars

            Ce matin allai voir mon père que je trouvai dans l'appentis à bois. Je lui fis part de ma résolution d'accompagner milord en mer et lui demandai conseil sur les dispositions à prendre pour ma femme. Finalement je décidai qu'elle irait résider chez Mr Bowyer. Je me rendis ensuite à la trésorerie de la Marine où je reçus 500 livres pour milord. Après en avoir laissé 200 à Mr Rawlinson pour Shipley je me rendis avec les autres à la taverne du Soleil sur la colline de Fish Street où Mr Hill, Mr Stevens et Mr Hater, du bureau de la Marine, m'avaient invité. Nous eûmes droit à de belles paroles et à un bon déjeuner de la part de Mr Hater. Je rentrai ensuite à la maison en voiture et je profitai pour faire part à ma femme de mon départ en mer. Elle en fut très fâchée et, après une querelle, elle accepta finalement d'aller s'installer en mon absence chez Mr Bowyer. Après cela j'allai voir Mrs Jemima et je payai 7 livres à sa domestique. Puis j'allai voir Mr Blackborne qui me rapporta ce que disait Mr Creed de la nouvelle selon laquelle j'allais le remplacer, et qu'il avait proposer à milord d'avoir deux secrétaires. Cela m'incita à aller chez sir Henry Wright où milord dînait, pour lui parler. Mais il ne semblait pas prêt à accepter la proposition. William Howe vint me chercher et nous nous rendîmes à Westminster. En chemin il me dit ce qu'il fallait que j'emporte et que je prépare en vue de mon départ. Il m'accompagna à mon bureau. Mr Mage vint aussi. Il était à moitié saoul et a fait le sot au violon, et j'en étais bien las. Puis à Whitehall et ensuite à la maison, où je mis pas mal d'affaires en ordre en vue de mon départ. Ma femme veilla pour me confectionner des bonnets, et la servante termina une paire de bas qu'elle tricotait. Ensuite, au lit.



                                                                                                                  11 mars 1660
                                                                                                            Dimanche

            M'activai toute la journée sans cravate, à ranger mes livres et mes affaires avant mon départ en mer.
Le soir, ma femme et moi allâmes souper chez mon père où Joyce Norton et Charles Glascock soupèrent avec nous. Après souper, à la maison où la servante avait tout préparé pour la lessive de demain. Puis, au lit. Mon rhume et ma toux m'ont beaucoup gêné pour dormir.



                                                                                                                   12 mars

            Aujourd'hui la servante s'est levée à deux heures du matin pour faire la lessive  et ma femme et moi sommes restés au lit à parler un grand moment. Je ne pouvais pas dormir à cause de mon rhume.Ma femme et*  moi sommes allés à la Bourse où nous avons acheté beaucoup d'affaires. Je l'y ai laissée et me suis rendu à Londres. Chez Bedell, le libraire de Temple Gate, j'ai payé 12 livres 10 shillings et 6 pence pour Mr Fuller selon ses instructions. Et j'ai réglé pas mal de choses en vue de mon départ. Je suis ensuite revenu et chez Wilkinson j'ai retrouvé Mr Shipley et certains marins comme le cuisinier du Naseby et d'autres pour dîner. Puis au Cheval blanc, dans King Street, où je pris le cheval de Mr Biddle pour me rendre à Huntsmore chez Mr Bowyer. Je le trouvai lui et sa famille en bonne santé. Ils sont prêts à ce que ma femme s'installe chez eux pendant que je serai en mer, ce qui était la raison de ma visite. Je restai coucher chez eux et je pris un remède pour mon rhume que m'a conseillé Mr Bowyer, à savoir une cuillère de miel avec de la noix de muscade râpée que l'on met dans la bouche. J'ai trouvé que cela m'avait fait beaucoup de bien.



                                                                                                                        13 mars

            Il a plu très fort. Je me levai de bonne heure et j'étais à Londres à 8 heures. Je me rendis au domicile de milord et je parlai avec lui. Il me dit que je serai secrétaire et que Creed serait trésorier adjoint de la flotte, ce qui m'ennuya, mais je ne pouvais rien y faire. Après cela je me rendis chez mon père pour m'occuper de certaines affaires, puis chez mon bottier et chez d'autres marchands. Dans la soirée j'allai à Whitehall où je rencontrai Simons et Llewellyn, je pris un verre avec eux chez Robert à Whitehall. Puis à l'Amirauté où je parlai avec Mr Creed, en fait aux deux frères, et ils me donnèrent l'impression qu'ils acceptaient et qu'ils étaient contents que j'aie le poste de secrétaire, puisque milord voulait le confier à quelqu'un d'autre que lui. A la maison et au lit.
            Aujourd'hui le Parlement a voté que toutes les décisions qui avaient été prises par l'ancien Parlement croupion à l'encontre de la Chambre des lords étaient nulles. Et ce soir il a été décidé d'envoyer les mandements pour l'élection sans imposer aucun critère de candidature. Il semble impossible de prévoir comment tout cela finira, car le Parlement semble soutenir le roi, tandis que les soldats se déclarent tous contre lui.



                                                                                                                           14 mars

            Chez milord : il est arrivé une quantité infinie de demandes adressées à lui et à moi, à mon grand dam. Milord me confia tous les papiers qu'on lui remettait, pour que je les classe et que je lui en fasse un rapport. J'ai reçu dix shillings d'une personne que Mr Wright recommandait à milord pour être prédicateur à bord de la frégate Speaker. De là me rendis au palais St James en compagnie de Mr Pearse le chirurgien, pour parler avec Mr Clarke, le secrétaire de Monck, de retirer certains soldats de Huntingdon et de les envoyer à Oundele. Milord me dit qu'il faisait cela pour faire une faveur à la ville, afin d'obtenir leur soutien pour les prochaines élections législatives, non qu'il ait l'intention de se présenter lui-même comme député, mais pour pouvoir y faire élire Mr George Montagu et milord Mandeville en dépit des Bernard. Ceci fait, à cette occasion je vis le général Monck et, selon moi, c'est un homme terne et ennuyeux. Lui et moi nous rendîmes à Whitehall où nous dînâmes avec Llewellyn chez Marsh. En rentrant à la maison, comme je racontais à ma femme ce que nous avions mangé, elle eut envie de chou, et j'en envoyai chercher pour elle. Je me rendis à l'Amirauté où je constatai avec étonnement que les gens me faisaient déjà leur cour. Ce matin, entre autres personnes qui vinrent me voir, j'engageai le fils Jenkins de Westminster et je pris Burr comme employé aux écritures. Ce soir, je suis allé au bureau de Mr Creed et il m'a remis l'ancien livre des archives de la Flotte et le sceau. Ensuite chez Harper où se trouvait le vieux Beard. Je l'ai emmené chez milord en voiture, mais milord était sorti. Je l'ai ensuite trouvé chez sir Henry Wright. Ensuite je me suis rendu en voiture, car il pleuvait fort, chez Mrs Jemima. J'y suis resté un moment, puis à la maison. Jusque tard dans la nuit, j'ai mis mes affaires dans un coffre de marin que Mr Shipley m'a prêté, puis au lit.



                                                                                                                    15 mars 1660

            Levé de bonne heure pour empaqueter mes affaires et les envoyer au domicile de milord pour qu'elles partent en voiture avec les bagages de milord. Ensuite, chez Will où je pris congé de certains de mes amis. J'y retrouvai Adam Chard et Tom Alcock qui étaient à l'école avec moi à Huntingdon, mais cela fait seize ans que je ne l'ai pas vu. Ensuite à Westminster où je payai ce que je devais à Mr et Mrs Mitchell. Je rencontrai ensuite Dick Mathews vint en ville et j'allai prendre un verre avec lui chez Harper.Puis me rendis à Londres par le fleuve. Dans Fish Street, ma femme et moi achetâmes un morceau de saumon pour 8 pence et allâmes le manger à la taverne du Soleil. Je lui promis de lui laisser la totalité de mes biens, à l'exception de mes livres, au cas où je mourrais en mer. De là à la maison. En chemin ma femme acheta du linon pour faire trois chemises et d'autres vêtements. Je me rendis chez milord pour lui parler, puis je raccompagnai Mrs Jemima chez elle en voiture, et ensuite je rentrai chez moi. De là, au Renard dans King Street, pour souper d'une bonne dinde offerte par Mr Hawley, en compagnie de quelques-uns de ses amis, Will Bowyer, etc... Après souper j'allai au palais de Westminster où le Parlement a siégé jusqu'à 10 heures du soir, car il pensait procéder à sa dissolution aujourd'hui, tout le monde s'y attendait. Mais il n'en fut rien. On dit un peu partout ce soir que les officiers mécontents avaient l'intention de se faire entendre dans la soirée, mais ils en ont été empêchés. A nouveau au Renard. Retour à la maison avec ma femme et au lit. Je tombai de sommeil.


                   
                                                                                                                   16 mars

            Je n'étais pas plus tôt levé que je fus dérangé par une abondance de clients, de marins. Le domestique de Wanley, mon propriétaire, vint me voir comme je le lui avais demandé hier quand j'étais passé chez lui en me rendant à Londres par le fleuve. Je lui payai le loyer pour ma maison, pour ce terme qui se termine à la fête de l'Annonciation et il me remit un acquit de la part de son maître. Ensuite j'allai voir Mr Shipley à la taverne Rhénane. Mr Pim, le tailleur, s'y trouvait et il nous offrit une boisson du matin et une langue de boeuf. A la maison, et avec ma femme à Londres. Nous dînâmes chez mon père, où Joyce Norton et Mr Arminger dînaient également. Après dîner ma femme prit congé afin de préparer son départ pour Huntsmore pour demain. En rentrant à la maison je passai à la chapelle dans Chancery Lane pour commander du papier de toutes sortes et autres choses nécessaires pour écrire, en vue de mon expédition.
Puis à la maison, où je consacrai une heure ou deux à mes affaires dans mon cabinet de travail. De là à l'Amirauté où je restai un moment, puis retour à la maison où Will Bowyer vint nous dire qu'il tiendrait compagnie à ma femme dans la voiture demain. Puis à Westminster où j'appris que le Parlement  s'était dissous aujourd'hui et avait traversé la Grand-Salle dans la liesse tandis que le président ne portait pas la masse. Tout le palais s'en est réjoui, tout autant que les députés. Ils commencent maintenant à parler à voix haute du roi. Ce soir j'ai appris qu'hier vers 5 heures de l'après-midi quelqu'un est venu avec une échelle à la grande Bourse effacer avec une brosse l'inscription au-dessus de la statue du roi Charles et qu'on a fait à la Bourse un grand feu de joie et qu'on a crié : " Dieu bénisse le roi Charles II  ! " De Westminster je rentrai à la maison me coucher, très triste à l'idée de me séparer de ma femme demain, mais que la volonté de Dieu soit faite !


                                    
* david teniers                                                                                             ............/