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mardi 9 avril 2013

Anecdotes et réflexions d'hier pour aujourd'hui 16 journal Samuel Pepys ( Angleterre )






fragonard
                                                                                                                             17 mars 1660

            Ce matin, j'ai dit adieu au lit à  ma femme.  Nous nous sommes levés et j'ai donné à ma femme un peu d'argent pour couvrir ses besoins pendant quelque temps, et les papiers importants que je possède. Puis je la laissai se préparer et j'allai voir milord avec mon laquais Eliezer au domicile de milord chez Mr Crew. J'y réglai plusieurs affaires avec milord,  et il me remit une grande quantité de papiers pour que je les trie et que je l'en débarrasse comme du reste. Après quoi je revins à la maison avec Mr Moore et j'emmenai ma femme en voiture à l'Échiquier dans Holborne. Après nous y être rafraîchis elle est montée en voiture et adieu.. Je restai un moment avec Tom Alcok et Mr Anderson le frère de mon vieux camarade de chambre de Cambridge et nous primes un verre. Ils étaient venus me voir au sujet de quelqu'un qui voudrait une place dans la marine. De là j'allai dîner avec Mr Hawley chez Mr Crew. Après dîner je repassai chez moi ou toutes nos affaires avaient été rassemblées dans la salle à manger et mises sous clé ( ma femme avait emporté la clé avec elle ). Aujourd'hui,  en présence de Mr Moore ( qui l'a rédigé ) et de Mr Hawley j'ai, avant de partir avec ma femme, scellé mon testament et le lui ai remis. Je lui donne tout ce que j'ai au monde, à l'exception de mes livres que je donne à mon frère John, sauf les livres français qui doivent revenir à ma femme.
            Dans la soirée, à l'Amirauté j'y retrouvai milord et j'obtins une commission pour Williamson qui sera capitaine de la frégate la Harpe. Je me rendis ensuite en voiture, en compagnie de Mr Crips, chez milord et lui fit signer cette nomination à table,  pendant qu'il soupait. Je retournai ensuite à Westminster, toujours avec Crips qui est très désireux de partir en mer. Milord m'a dit aujourd'hui qu' il était prêt à lui consentir n'importe  quelle faveur.  Je rentrai donc avec lui chez sa mère, qui habite près de chez moi dans Axe Yard, j'y retrouvai la femme du Dr Claudius et je restai bavarder et écouter la vieille Mrs Crips jouer ses vieux morceaux au clavecin jusqu'à l'heure du coucher. Après quoi j'allai au lit, je dormis avec son fils Laud dans la meilleure chambre de la maison qui, en vérité, était joliment meublée.



                                                                                                                    18 mars 1660

            Il a plu aujourd'hui  toute la journée.  Je me levai tôt et allai chez le barbier, Jerva, dans la cour du Palais. Il me coupa les cheveux, ensuite je pris avec lui une chope ou deux de bière et je commençai d'engager son domestique pour m'accompagner en mer. Ensuite au domicile de milord où je trouvai le capitaine Williamson. auquel je remis sa commission de capitaine de la Harpe et il me donna une pièce d'or et 20 livres en argent. Puis chez moi où je restai un moment avant d'aller dîner chez Mr Shipley au domicile de milord. Après cela chez Mr Messum qui fit un très élégant sermon sur " Priez pour la vie du roi, et le fils du roi. " ( Esdras 6.10 ).
        De là chez Mr Crew, mais comme milord n'y était pas, je ne restai pas, mais m'en allai.  Rencontrai Mr Woodfine qui m'emmena dans une taverne à bière dans Drury Lane. Nous restâmes à boire ensemble et à manger des petits pains grillés qui étaient très bons et dont l'aspect nous a bien fait rire avec la maîtresse de maison.  Je pris ensuite le chemin de la maison et je passai chez Mr Belgrave où je repris le billet que je lui avais signé pour 40 shillings qu'il m'avait prêtés sur gage il y a deux ans, cependant qu' il gardait mon luth, de sorte que nous sommes désormais quittes lui et moi. Puis chez Mrs Crisp. Elle, sa fille, son fils et moi restâmes à bavarder jusqu'à 10 heures du soir. Je leur donnai les meilleurs conseils que je pouvais donner au sujet de leur fils, à savoir qu' il devrait entrer dans la marine. Puis, au lit.



                                                                                                                        19 mars

            De bonne heure chez milord, où il y avait beaucoup de travail. J'en ai la tête pleine. En vérité, depuis deux ou trois jours je suis très préoccupé et je pense constamment à tous ces problèmes. Après cela à l'Amirauté où je restai un bon moment avec Mr Blackborne qui m'a dit qu'il était fort à craindre que le roi ne revienne, car on décourageait touts les républicains et toutes leurs initiatives. De là chez Wilkinson où je dînai  * avec Mr Shipley, pendant que nous dînions le garde du corps de milord Monck vint précédé du commandant militaire du Parlement, faire deux déclarations : la première est que tous les cavaliers doivent quitter la capitale, et la seconde que tous les officiers qui ont été récemment licenciés doivent faire de même. De cette seconde proclamation Mr Robert Creed a dit, je m'en souviens, que c'était comme si on avait dit que tout le peuple de Dieu devait quitter la capitale. De là je me rendis avec quelques officiers de marine à la taverne du Cygne, où nous bûmes du vin en attendant un certain Wilday qui devait venir me remettre de l'argent en  provenance de Worcester, à savoir 25 livres. J'allai dans une autre pièce, je pris l'argent, je bus avec lui jusqu'à ce que tous ceux qui m'accompagnaient fussent partis, et nous nous quittâmes. Pour rentrer, comme le fleuve était en crue, je demandai à Crockford de me porter sur ses épaules. Puis à la maison, où je déposai mon argent.
            On ne parle plus maintenant que du retour du roi et, d'après ce que j'entends, c'est le souhait de tous et tout le monde est persuadé que cela va avoir lieu.
            Je continue à être très triste pour ma pauvre femme, mais j'espère que cette entreprise en vaudra la peine.
            A Whitehall où je restai travailler tard à l'Amirauté, puis chez Tony Robin où se trouvaient le capitaine Stokes, Mr Luddington et d'autres. Je parlai au capitaine en faveur de Laud Crisp et il me promit qu'il le recevrait.
            Après cela chez Mrs Crisp où je retrouvai le Dr Clodius et sa femme. Lui avait bu et était très gai. Nous jouâmes aux cartes tard. Puis au lit
     **       Aujourd'hui milord a dîné chez le lord-maire. Jasper s'y est laissé enivré et milord en a été très en colère.



                                                                                                                    20 mars 1660

            Le temps reste très pluvieux. Ce matin je me levai tôt et je passai chez moi mettre un peu d'ordre dans mes affaires avant mon départ, que je crois être pour demain. Après cela chez milord où beaucoup de travail m'attendait. Il me donne toutes les lettres et tous les papiers qui arrivent pour lui concernant la marine, et je dois.lui préparer un compte-rendu pour lorsque nous serons à bord. De là me rendis avec le capitaine Isham en voiture à Whitehall, à l'Amirauté. Lui et moi ainsi que Chetwind, Doling et Llewellyn dînâmes ensemble chez Marsh à Whitehall. Ensuite, à la Tête de Taureau où William Simons vint nous rejoindre. Je leur jurai mon amitié avant de prendre la mer, et nous nous quittâmes. Ils me promirent de m'écrire en mer. Puis le domestique de Pim vint, selon mes instructions, avec deux montures pour que j'en choisisse une. Je pris la couleur la plus sombre et je laissai l'autre pour Mr Shipley ( J'ai fait une erreur ici, je n'ai en fait pris congé d'eux que le lendemain ). De là, en voiture à Londres. Je pris mélancoliquement congé de mon père et de ma mère, sans avoir le temps de prendre un verre ou de parler de nos affaires. En vérité, j'avais peur de ne plus jamais revoir ma mère, car elle avait alors un gros rhume. Ensuite, à Westminster où, en raison de la pluie et d'un vent d'est l'eau était si haute qu'on circulait en barque dans King Street et que toute notre cour était inondée, si bien qu'on ne pouvait pas accéder à ma maison. On n'avait pas vu cela de mémoire d'homme. La plupart des maisons sont inondées. Puis retour en voiture chez milord où je retrouvai Mr Shipley. Il resta avec moi à attendre que milord rentre, jusque tard dans la soirée. Alors lui et moi et William Howe allâmes avec nos épées chercher milord chez sir Henry Wright pour le reconduire chez lui. Il a décidé de partir demain si le vent se calme. Shipley et moi rentrâmes en voiture, moi chez Mrs Crisp qui m'avait attendu longtemps devant un bon souper qu'elle avait préparé. Nous restâmes à bavarder et à plaisanter jusque très tard, puis Laud et moi allâmes nous coucher.



                                                                                                             21 mars 1660

            Chez milord, mais comme le vent soufflait très fort contre nous et que le temps était mauvais nous n'avons pas pu partir aujourd'hui. J'ai fait beaucoup de travail, je suis ensuite allé voir milord Widdrington de la part de milord qui désirait pouvoir disposer des lettres ordonnant  des élections pour les  Cinque Ports. Milord fut très civil avec moi. Il fit apporter du vin et il écrivit une longue lettre de réponse. De là je suis allé dans une taverne en face de chez Mr Pearse avec le juge rapporteur Fowler et Mr Burr, je restai boire avec eux deux ou trois pintes. Après cela je retournai chez Mr Crew et rendis compte à milord de ce que j'avais fait. Ensuite, je m'occupai d'aller prendre congé de mon père et de ma mère. J'ai par erreur consigné ces adieux pour la journée d'hier. De là à Westminster chez Mr Crisp où nous passâmes un fort bon moment. La vieille femme envoya chercher à souper pour moi et m'offrit un mouchoir décoré de fraises en bouton. Ensuite, au lit.



                                                                                                                  22 mars

            Debout de bon matin. Je rangeai tout chez moi, et ensuite je pris congé de Mrs Crisp, de sa fille qui était au lit et de Mrs Hunt. Puis je fis de même à la grille du domicile de milord où Mr Hawley vint me voir. Je lui confiai la clé de ma maison, il m'accompagna chez Mr Crew et là je pris congé de lui pour de bon. Mais comme il continue de faire mauvais temps, milord n'a pas voulu partir aujourd'hui. Milord passa la matinée en privé à sceller ses dernières volontés et son testament avec Mr William Mantagu. Après cela je sortis m'occuper de mes propres affaires. J'achetai une paire de bas de serge grise pour monter à cheval, une épée, une ceinture et des souliers. Après quoi j'emmenai Wotton et Brigden à la taverne de la Tête du Pape dans Chancery Lane, où se trouvaient déjà Gilbert Holland et Shelston. Nous dînâmes et bûmes une grande quantité de vin. Ils payèrent tout.
            C'est étrange de voir que ces gens me promettent maintenant n'importe quoi : l'un m'a promis une rapière, l'autre un flacon de vin ou une robe de chambre et m'a prié de lui faire la faveur d'accepter son ruban de chapeau en fil d'argent. Je prie Dieu de me garder de tirer vanité de tout cela ou d'être trop imbu de mon importance.
            Après cela à Westminster où je pris congé de Kate Sterpin qui était très triste de mon départ, et ensuite de Mr Montagu. Puis je reçus de Mr Blackborne mon mandat de secrétaire des deux amiraux de la flotte. Allai ensuite prendre congé des secrétaires du Conseil privé. Ensuite Doling et LLewellyn voulurent que je les accompagne au bureau du Mount, où nous bavardâmes et bûmes. Puis je les quittai. Je me rendis chez milord après avoir rencontré en chemin Chetwind et Swan et leur avoir dit adieu, et j'y dormis toute la nuit avec Mr Andrew.
            Aujourd'hui Mr Shipley s'est rendu à bord et j'ai envoyé mon domestique avec lui. Aujourd'hui aussi Mrs Jemima est allée à Marrowbone, de sorte que je n'ai pas pu la voir.
            Mr Moore n'étant pas en ville ce soir, je n'ai pu prendre congé de lui, ni lui parler affaires, ce qui m'a beaucoup ennuyé.
            J'ai donc laissé mes petites clefs à son intention auprès de Mr Andrew.



                                                                                                            23 mars 1660

            Levé tôt. Je portai le testament dans un coffret noir à Mr William Montagu afin qu'il le garde. Puis chez le barbier où je mis ma cravate. Puis retour chez milord qui était presque prêt à partir et m'avait attendu.
   ***         Gilbert Holland vint m'apporter une rapière et Shelston un pain de sucre. Il avait amené sa femme qui, d'après lui, était une très jolie femme, à la taverne du Navire, à côté, pour que je la voie, mais je n'avais pas le temps. Le jeune Reeves m'apporta également une petite longue-vue que j'ai achetée pour milord : elle m'a coûtée 8 shillings. Puis, après cela, milord partit dans la voiture de sir Henry Wright avec le capitaine Isham, accompagné de Mr Thomas et de John Crew, et moi et William Howe dans un fiacre jusqu'à la Tour de Londres où les barques nous attendaient.
            Milord et le capitaine montèrent dans une, William Howe, moi, Mr Ibbot et Mr Burr dans l'autre, et nous gagnâmes le grand bief où le Swiftsure était mouillé. Au passage nous vîmes la grande brèche que la crue récente avait faite et qui avait causé pour plusieurs milliers de livres de dégâts à la population autour de Limehouse. Dès que milord fut à bord les navires le saluèrent par une salve de canon. Peu après le vice-amiral Lawson vint et sembla témoigner un grand respect à milord comme d'ailleurs les autres commandants des frégates qui nous entouraient.
            Je rejoignis la cabine qui m'était allouée qui était la meilleure de toutes celles attribuées aux gens de la suite de milord. Je sortis certaines affaires de mes coffres pour écrire et Mr Burr et moi nous mîmes tous deux au travail. Je soupai à la table des officiers avec Mr Shipley. Nous étions en retard car nous avions écrit les ordres pour qu'on prépare les navires, etc... et encore autres ordres pour chacun des ports maritimes entre Hastings et Yarmouth pour qu'on arrête toutes les personnes qui vont et viennent entre les Flandres et l'Angleterre.
            Après cela, au lit dans ma cabine où j'étais un peu à l'étroit, je m'en arrangeai cependant et je dormis très bien. Comme le temps était beau je n'ai pas du tout été malade. Je ne sais pas quand je le serai.


*     george monck
**   hals
*** murillo                                                                                                      
                                                                                                             ............../ 24 m...