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lundi 15 octobre 2012

Lettre à Madeleine 50 Apollinaire


              
                       Pioupious jeunes recrues 14/18
                                                      Lettre à Madeleine

                                                                                                          2 décembre au soir 1915

            Je m'étais trompé de date hier, mon amour, c'était le 1er. Aujourd'hui pas de lettre encore, pas de journaux, pas de ravitaillement. Les officiers ça va encore, parce que notre cuisinier se débrouille, mais les hommes ! Ils sont admirables d'héroïsme simple .Le ravitaillement n'arrivera je crois que cette nuit à 4 heures du matin. Je me suis fait installer une planche par les pionniers pr pouvoir écrire. Ici le temps est vraiment long. Éboulements perpétuels, les hommes ne dorment plus, travaillent tout le temps. La vie de tranchées en hiver a quelque chose de si simple qu'on sent ce que pouvait être la vie des Troglodytes de la préhistoire. Nous sommes au demeurant de véritables Troglodytes.
            J'ai ici deux camarades agréables dont l'un est mon supérieur, le lieutnt qui fait fonction de capitaine et commande la compagnie et un de mes sergents. Le premier est distingué et un causeur aimable assez au courant des choses des lettres et des arts et le second est un simple extrêmement rusé, adroit, malin et brave, il conduit très bien les hommes.. Ici on sent ce que c'est que l'autorité et ce qu'elle peut faire faire quand elle est à la fois douce et ferme. Je fais coucher avec moi mes deux sergents et j'ai pris aussi un petit garçon de la classe 15 innocent et brave à qui j'apprends à lire car il l'ignore.
            Mon sergent Jean-Marie est donc très bien. Il est en outre un grognard de 1è classe, mais on sent qu'on peut se fier à lui et cependant il rouspète tout le temps. Mais quel type amusant !
Mon amour les éléphants pare-éclats s'effritent de plus par la base et leur apparence d'éléphants se marque de plus en plus.
            Mon amour dans l'horreur mystérieuse métallique muette mais non silencieuse à cause des bruits épouvantables des engins qui sifflent geignent éclatent formidablement notre amour est la seule étoile, un ange parfumé qui flotte plus haut que la fumée noire ou jaune des bombes qui explosent.
            Il sourit au fond des sapes où il fait l'écoute anxieuse, il veille aux créneaux repérés que la balle ennemie traverse à intervalles réguliers, il plane sur le mystère ineffable des premières lignes dont l'horreur blanche fait rêver d'un paysage lunaire. Effrayante monotonie d'où l'eau, même l'eau non potable est absente. Ö pures tranchées comme des lys qui fleurissent en terre au lieu de fleurir vers le ciel. C'est la terre même qui fleurit. Pour utiliser le très peu de charbon que j'ai j'ai fait faire un encensoir avec une vieille gamelle percée de trous.On la balance au bout d'un fil de fer.
                                                                                                          site 14/18 grognard
                Écris-moi de l'amour, sois-moi ma panthère pour me remettre dans la vie de notre cher amour.
            Songe à quel point dans la vie de tranchées on est privé de tout ce qui vous retient à l'univers, on est qu'une poitrine qui s'offre à l'ennemi.
            Comme un rempart de chair vivante.
            Comme on se rend compte que la guerre des artilleurs est un véritable plaisir une partie de campagne, une excursion dont les risques ne sont pas beaucoup plus grands que ceux de l'Alpinisme. Ici le lien est solennel et désolé. La végétation ne l'orne même pas on est plus bas que terre.
            Je termine ce soir mon quatrième jour de 1res lignes. On a tué aujourd'hui un Boche qui s'est hasardé sur le parapet vers le mystère des hexaèdres, des chevaux de frise et des sphères.
           Je sens vivement maintenant toute l'horreur de cette guerre secrète sans stratégie mais dont les stratagèmes sont épouvantables et atroces.
            Mon amour je pense à ton corps exquis, divinement toisonné, et je prends mille fois ta bouche et ta langue.
                                                                                                                 Gui
                    
   hexaèdre                                                                                                                                            4 décembre 1915

            Mon amour, j'ai enfin tes deux lettres adorées du 23 et du 24 nov. Je crois d'après ce que je lis dans ta lettre du 23 que tu m'as écrit une lettre datée du 22 une lettre volupté que je n'ai pas eue. Comme je t'accuse toujours réception de tes lettres tu verras facilement si je t'ai parlé de celle-là et si je ne m'abuse en la pensant égarée. Si elle est perdue tu me la remplaceras dis ? Tes 2 lettres ont transfiguré pour moi la tranchée, je t'adore. J'ai fait ma demande de permission, le colonel m'avait demandé si j'avais de la famille à Oran ou si j'y avais mon domicile légal. J'ai répondu que je comptais y aller dans la famille de ma fiancée professeur au lycée de jeunes filles d'Oran et le maire d'Oran pouvait en témoigner. J'espère qu'il le fera puisque c'est la vérité. En ce cas, je pense que ma permission ne tardera pas. Je ne demande pas mieux que la guerre finisse vite d'après ce que tu prévois, mais je n'aperçois pas encore cette fin. Je commence aujourd'hui mon 5è jour de tranchée. Boue, éboulements contre lesquels on lutte jour et nuit comme Sisyphe contre son rocher. Je t'adore, mon amour, et ton amour me console de tout.Oui, je sens tes caresses, je sens contre moi le corps souple de ma Madeleine, je te serre contre moi, nous ne faisons qu'un, je sens ta douce chaleur qui me pénètre et la douceur de tes membres qui s'enroulent aux miens et l'odeur de ton corps qui m'enivre. A moi aussi la volupté venant de toi est une, par la caresse la plus ardente et la plus profonde. J'adore tes reins qui se cambrent, ton ventre et tes seins tendus vers mon baiser. Je te prends, mon amour, avec une violence surhumaine.iJe suis follement gourmand de toi,
                                                                      Le Titien
Madelon et je te dévore. J'adore tes ongles, ta porcelaine délicate. J'aime ma petite Madeleine caméléon. J'aime les ongles pointus de tes mains et les ongles ronds de tes orteils. J'adore ton cou au ton chaud. J'y mordrai follement à ce cou rond et flexible. Je dévorerai tes frisons, mon amour exquis. Je les ferai tomber de ton chignon bas. Je lécherai follement tes narines voluptueuses qui palpitent comme des moineaux dans la main.
            Mon amour ce que tu m'apprends du petit ermite me réjouit follement. Je l'adore, durci comme il était. C'est bien lui, tu l'as trouvé, mon amour chéri. J'adore ta langue, ta belle langue. Oui je suis fou de tes seins et je les mange. Je donne à ta bouche ma virilité durcie. Puis je te pénètre profondément. La folle caresse que tu as inventée est exquise. Oui, amour nous avons la même nature J' adore la dînette que tu inventes. Merci amour de ce que je prendrai pendant la perm. Je te mange. Tout jouit en moi quand je pense à toi. Oui, amour, je commence à sentir l'étreinte à distance, tu commences à me la rendre sensible tant tu mets d'art voluptueux dans tes lettres. Oui tu es ma toute fleur et je t'adore, je t'adore, je prends ton derrière et je le baise de toutes mes forces et de toutes ma volupté douce et insistante. Je te prends dans mes bras amour et t'empale moi debout, toi les jambes croisées autour de mes reins les bras passés autour de mon cou et mes bras et mes mains soutiennent ton superbe derrière qu'elles claquent ouvrent et caressent la porte secrète, un doigt y pénètre pr occuper le plus de tes portes et ma bouche est attachée à la tienne, je t'adore follement, je t'aime, je te veux follement. Ta toison est la seule végétation dont je me souvienne ici où il n'y a pas de végétation. Je prends ta bouche et le petit ermite durci se donne aussi ensuite à ma bouche affolée.


                                                                                                             Gui