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16 mai 1663
Levé de bonne heure inquiet et hanté par mes soupçons.
Je mériterais d'être battu pour cela, si ma femme ne me fait pas ce que je crains d'être, d'autant plus que Dieu sait que je ne trouve pas dans mon propre coeur tant de droiture, et qu'à la moindre tentation je pourrais lui être infidèle et, par conséquent, ne devrais pas attendre d'elle plus de vertu. Mais que Dieu pardonne mon péché et ma folie !
A mon bureau réunion toute la matinée, à midi dîner à la maison. Après retour de Pembleton. Comme j'étais de mauvaise humeur je refusai de le voir, prétextant du travail. Mais Seigneur ! avec quelle jalousie j'arpentai mon cabinet de travail, l'oreille tendue pour entendre s'ils dansaient et ce qu'ils faisaient. Nonobstant le fait, confirmé par la suite, et que je croyais vrai alors, que Miss Ashwell était avec eux. Puis un peu à mon bureau et, toujours sous l'empire de ma jalousie, je rentrai à la maison et, non que j'y prisse le moindre plaisir, mais pour cette seule raison, je montai les rejoindre pour m'exercer. Je finis d'apprendre
La Duchesse et je pense qu'avec un peu d'effort je devrais très bien la danser. Puis il partit.
Ensuite, le capitaine Cocke vint me parler de l'apparente discourtoisie dont j'aurais fait preuve à son égard lors de l'affaire de son chanvre, je l'emmenai au bureau où nous devisâmes longuement et je crois qu'il fut satisfait.
Puis écrivis des lettres, entre autres, jusqu'à une heure avancée de la soirée, puis à la maison, souper et, au lit, l'esprit un plus en paix, car j'ai résolu d'empêcher autant que faire se peut qu'il arrive quoi que ce soit à l'avenir, puisqu'il ne sert à rien de me tourmenter pour ce qui s'est déjà passé, et dont ma propre folie avait fourni l'occasion.
17 mai
Jour du Seigneur
Lever et à mon cabinet de travail toute la matinée à préparer mes grandes lettres à mon père, où je lui présente la description complète de l'état de notre domaine. Ma femme et Miss Ashwell à l'office, et après dîner elles y retournèrent et je passai tout l'après-midi à terminer le travail du matin
que j'achevai vers le soir, et devisai avec ma femme jusqu'après le souper, ensuite au lit, après une autre petite querelle. J'étais tourmenté par un accès de ma jalousie habituelle à l'endroit de son maître à danser, mais je suis bien sot de m'être emporté. Puis au lit alors qu'il faisait encore jour. J'ai un très gros rhume et je doute que je pourrai parler demain à notre réunion avec le Duc, tant je suis déjà enroué.
18 mai
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Lever et après avoir pris congé de sir William Batten, parti aujourd'hui pour Portsmouth - Dieu sait qu'il n'y fera pas grand-chose - pour visiter l'arsenal, retour à la maison où passai la matinée à danser. A midi, après dîner............ en fiacre à Westminster et laissai me femme chez Mrs Clarke et moi à St James. Comme le Duc a descendu le fleuve aujourd'hui avec le roi, je me rendis aux appartements de lord Sandwich où je me promenai un moment avec Mr Howe et, alors que je traversais le jardin en direction de Whitehall, le Dr Clarke et Creed me hélèrent depuis l'autre côté du jeu de boules, je les rejoignis, restai un peu avec eux et montai chez Mrs Clarke qui était en train de s'habiller pour sortir avec ma femme. Mais Seigneur ! sa plus belle pièce et les choses qui l'entourent étaient dans un si piètre état, en dépit de toutes les apparences qu'elle se donne et de toutes les manières qu'elle fait, que je vois bien qu'elle est exactement comme Mrs Pearse, contrairement à ce que je croyais, au point que cela me dégoûte et me désole de voir cela.
Je sortis et pendant une heure Creed et moi nous promenâmes jusqu'à Whitehall puis nous entrâmes dans le parc et vîmes la reine et les dames d'honneur traverser le palais pour entrer dans le parc. Vraiment, la beauté de Mrs Stuart surpasse celle de toutes les autres, et l'on dit à présent qu'elle est une maîtresse attitrée du roi, comme l'est milady Castlemaine. Ce qui est bien regrettable.
Pris ensuite un fiacre et passai chez Mrs Clarke pour l'emmener avec ma femme, Miss Ashwell et un Français, qui chante bien. De là à la maison nous aussi et causâmes longuement du pauvre ameublement de Mrs Clarke et de tout le bruit qu'elle fait dans le monde, et qui n'est que façade. Et je suis plus satisfait de ma propre maison et de ma façon de vivre que je ne l'ai jamais été, en voyant que je vis tellement mieux et plus richement que les autres.
Puis souper et, au lit.
19 mai
Levé de très bonne heure, mais je remarque que de danser et d'avoir dormi un matin ou deux plus tard que d'habitude à cause de mon rhume, font qu'il m'est difficile de me lever comme à l'accoutumée ou de m'occuper de mon travail comme d'habitude.
A mon cabinet de travail pour terminer les papiers que je dois envoyer ce soir par la poste à mon père, et en faire des copies, ce qui représentait beaucoup de travail, mais j'en vins à bout ce matin, puis à mon bureau. Me rendis ensuite à la Tour, avec sir John Mennes, où Mr Slingsby et Mr Hoare, le contrôleur de la Monnaie, nous montrèrent, du début jusqu'à la fin, comment l'on fabrique les nouvelles pièces. Cela est si admirable que je pris des notes sur chaque opération et les ai recopiées à part, afin de pouvoir m'en souvenir. Quand nous eûmes terminé, il était l'heure de dîner, et le contrôleur insista pour nous inviter à manger avec lui et ses compagnons, car le roi leur donne à dîner chaque jour. Ce fut très gai et nous devisâmes agréablement de l'affaire qui nous avait occupés. Puis nous nous rendîmes au bureau des essais où nous vîmes comme l'on essaie l'or et l'argent et comment un mélange d'or et d'argent fondus ensemble se sépare à nouveau quand on le place dans l'eau-forte, car l'argent se transforme en eau tandis que l'or reste entier dans la forme exacte qu'il avait lorsqu'il était mélangé avec l'argent, ce qui est un miracle, comme de ne pas voir la moindre trace d'argent, celui-ci s'étant changé en eau. Mais on peut l'extraire de cette eau et le rendre à sa nature première.
Et là on m'exposa en détail tout ce qui concerne le titre des métaux, et j'ai noté ces explications à la suite de mes autres observations sur le sujet.
A table on nous parla, entre autres, de deux fraudeurs, les meilleurs dont j'ai jamais entendu parler. La première histoire était celle d'un ouvrier dont on découvrit qu'il emportait les rognures d'argent des pièces de un et trois pence en les avalant, de sorte qu'on ne pouvait le découvrir, bien que tous les ouvriers soient bien évidemment fouillés. Mais comme ils avaient des raisons de le soupçonner, ils l'amenèrent par des menaces et des promesses à avouer, et trouvèrent en une fois pour sept livres de métal dans sa maison.
L'autre histoire est celle d'un homme qui avait trouvé une façon de fabriquer de la monnaie aussi bonne, acceptable et de la même taille que la monnaie authentique, mais gardait 50 pour cent pour lui. Il s'était procuré des moules pour frapper des pièces imitant les vieilles pièces de quatre pence si parfaitement, et j'ai demandé qu'on m'en donnât deux que je garde comme curiosité, qu'il n'en est pas de meilleures au monde. Et elles sont aussi bonnes, ou plutôt meilleures que celles qui ont officiellement cours, et c'est là l'unique détail qui fit douter de leur authenticité, outre le nombre de ces pièces que l'homme mettait en circulation. Et quand le contrôleur de la Monnaie les eut devant lui il ne put, disais-je, trouver d'autres motifs de soupçon que leur forme d'une rondeur parfaite, ou presque, chose que moi je n'aurais jamais trouvée suspecte. Le fraudeur ne fut ni pendu ni condamné au bûcher, car on le trouva d'une merveilleuse ingéniosité, et c'était la première fois qu'on l'attrapait, de plus il n'avait quasiment lésé personne, car sa monnaie était aussi bonne que celle qui avait cours légal.
Au bureau jusqu'au soir, réunion puis traversâmes la Tamise en barque, avec Pembleton, pour nous rendre à la taverne de la Demi-Étape, où nous jouâmes aux quilles. Et ma damnée jalousie s'embrasa, car lui et ma femme étaient du même côté et je lui vis lui prendre la main par jeu. Cependant je pense, à présent, qu'il l'a fait seulement en passant et pour s'amuser.
Retour à la maison et, comme il était plus de 10 heures je dus accoster de l'autre côté de l'hôtel des douanes et rentrer à pied à la maison. Puis à mon bureau et, après avoir envoyé par la poste mes lettres importantes à mon père, dont je conserve des copies pour pouvoir les montrer et mieux m'en souvenir, je rentrai à la maison, souper et, au lit, car il était tard.
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Les choses les plus remarquables que j'aie observées aujourd'hui sont les étapes de la fabrication de la monnaie.
1- Avant tout on essaie le métal. Cela se fait dans le cas de l'or, en prenant un poids égal d'or et d'argent, une petite quantité de chaque, estimée à 6 ounces ou une demi-livre en poids que l'on enveloppe dans une mince feuille de plomb.
S'il s'agit d'argent on utilise la même quantité de ce métal seul que l'on enveloppe de plomb. On les met ensuite dans de petits godets en terre cuite faits de la même matière que les pipes à tabac, et que l'on place dans un fourneau brûlant, au bout d'un moment tout le métal est fondu, et à la fin le plomb, dans les deux cas, se mêle à la substance du godet entraînant avec lui tout le cuivre et les impuretés et il ne reste plus que le mélange pur d'or et d'argent............ La façon dont on extrait l'argent de l'eau est tout aussi étrange.
Mais voici en quoi consiste l'essai.
Si le morceau d'or qui entre dans le fourneau pèse 12 ounces et ressort en 11 ounces, et si le morceau d'argent pèse à l'entrée 12 ounces et à la sortie 11 ounces et 2 grains le titre de ces métaux est exactement conforme aux normes d'Angleterre. Si l'or en pèse plus de 11 ( ce qui arrive parfois ) ou l'argent plus de 11 et 2 grains ( l'argent fin pèse parfois ounces et 10 grains ou plus à la sortie ), ils sont d'autant au-dessus de la norme. On sait ainsi quelle quantité d'or ou d'argent de qualité inférieure il faut ajouter à une quantité donnée de métal pour l'amener aux normes exactes. Et au contraire si les échantillons ressortent plus légers, alors un tel poids est au-dessous de la norme et requiert donc qu'une proportion donnée de métal fin soit rajoutée au lingot pour atteindre le titre légal. Et voilà ce qui différencie le bon aloi du mauvais, le titre supérieur et le titre inférieur à la norme et aussi les titres officiels, celui de Séville étant le plus élevé et celui du Mexique le plus bas. Et je crois que l'on m'a dit que seul celui de Séville est supérieur au nôtre.
2 - On fond le métal pour en faire de longues lames, et si le moule prend l'air, alors cette lame n'est pas d'un poids égal partout, comme cela arrive souvent.
3 - On étire ces lames entre des cylindres..........
4 - Elles passent ensuite entre une autre paire de cylindres, c'est ce que l'on appelle l'ajustage.........
5 - On les découpe en morceaux circulaires, ce qui se fait avec la facilité, la rapidité et la précision les plus grandes du monde.
6 - On pèse ces rondelles et celles trop lourdes sont limées ; on dit alors qu'on les égalise, si elles sont trop légères on les met de côté. Cela n'arrive que fort rarement et leur poids est parfaitement juste..................
7 - Comme ces rondelles ont été découpées dans les lames qui sont gauchies par leur passage dans les laminoirs elles sont parfois un peu tordues, ou présentent des bosses ou des creux, pour y remédier on les enfourne par cent ou deux cents dans une machine qui, au moyen d'une vis appuie si fort qu'elles en ressortent aussi plates qu'il est possible.
8 - On les blanchit.
9 - On y marque les lettres sur la tranche par une méthode dont Blondeau garde le grand secret........
10 - On les frappe, en d'autres termes on les marque des deux côtés à la fois, avec une grande précision et une grande rapidité, et la pièce est achevée......................
On dit que cette méthode coûte plus cher au roi que l'ancienne. Mais elle est plus précise et fait qu'il est plus difficile de rogner ou contrefaire les pièces, car il est impossible de graver les mots sur la tranche sans une machine si coûteuse et bruyante que nul faux-monnayeur ne pourrait payer le prix, ni ne se risquerait à l'utiliser. Et elle emploie autant d'hommes que l'ancienne, tout en étant plus rapide
On frappe à présent des pièces de 16 000 à 24 000 livres par semaine.
Au dîner nos hôtes nous ont dit des choses fort intéressantes sur la probabilité qu'il y ait une grande quantité d'argent cachée dans le pays en se fondant sur les frais suivants :
A l'époque du roi Charles on a frappé pour près de 10 millions de livres, ce à quoi il faut ajouter l'argent en circulation frappé sous le roi Jacques et la reine Elisabeth, dont une bonne partie existe encore aujourd'hui.
Il n'a été frappé que 750 000 livres de monnaie marquée de la croix et de la harpe dont
500 000 ont été rapportées à la banque lorsque les pièces furent retirées de la circulation et l'on a de très bons arguments pour penser qu'il ne peut y en avoir moins de 100 000 en Écosse et en Irlande, de sorte qu'il ne manque pas plus de 150 000 livres sur lesquelles on suppose qu'il ne doit pas rester plus plus de 50 000 livres, soit fondues, soit cachées, perdues ou thésaurisées en Angleterre, il ne restera donc que 100 000 livres dont on pense qu'elles sont sorties du pays.....................
Maintenant il est évident que d'après leurs calculs la plus grande partie de cette somme doit être cachée, comme le montre la pénurie qui a immédiatement suivi le retrait de la monnaie de la République......... Il était impossible de se procurer de l'argent dans la Cité, ce qui d'après leurs observations et ce qu'ils savent, est exact. Et donc, quoique je ne puisse le confirmer moi-même, je ne mets pas ce point en doute.
20 mai
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Levé et à mon bureau. Vers midi à la maison voir danser ma femme avec Pembleton, puis j'allai dîner à Trinity House, et retour à la maison où je retrouvai Pembleton qui, apparemment, avait dîné avec ma femme, ce qu'elle dit trouver tout naturel. Est-ce calcul de sa part ou crainte de me déplaire, je ne sais, mais cela me causa de nouveau un grand trouble, de sorte que je ne pouvais rien remarquer qui ne me contrariât. Je persistai cependant dans ma résolution de descendre par le fleuve à Woolwich et emmenai ma femme et miss Ashwell. En sortant rencontrai Mr Howe. Nous mîmes son cheval à l'écurie et l'emmenâmes avec nous, mais la marée était contraire et j'accostai dans Greenwich d'abord, où mis des choses en ordre à l'arsenal afin que l'on commence la construction du nouveau yacht par Christopher Pett, puis à Woolwich où les autres m'attendent dans une taverne. Nous embarquâmes ensuite de nouveau. Il faisait froid et j'étais en nage d'avoir marché, une très agréable promenade au milieu des prés verts et des pois. Nous chantâmes durant le trajet, lui et moi, et mangeâmes de la viande froide que nous avions apportée et rentrâmes fort contents à la maison, puis il repartit à cheval. Pembleton arriva et nous dansâmes une ou deux danses campagnardes, puis nous interrompîmes et, au lit, l'esprit tourmenté et peu susceptible de retrouver la paix tant qu'elle prendra des leçons de danse. Dieu pardonne ma folie !
21 mai 1663
Lever, mais je ne parviens pas à me lever aussi tôt que d'habitude, ni à fixer mon esprit sur mon travail comme je le devrais et comme je le faisais avant ces leçons de danse. Néanmoins à mon bureau où passai la plus grande partie de la matinée à parler avec le capitaine Cox de Chatham du différend qui l'oppose à l'arsenal tout entier, à Mr Barrow le garde-magasin. A ce sujet je lui dis clairement ma pensée, à savoir qu'il serait soutenu contre les machinations de quiconque voudrait sa perte, car nous sommes tous persuadés, sauf sir William Batten, son ennemi mortel, que le roi n'a pas de meilleur serviteur que lui dans l'arsenal.
Après maints bons conseils et autres conversations, à la maison où je dansai avec Pembleton, et me fis ensuite raser par le barbier, puis dîner et me querellai avec ma femme à propos de ses leçons de danse, au point que je quittai la table et fis le serment de ne plus m'opposer à elle ni de la blâmer ou de la contredire d'aucune façon à ce sujet jusqu'à la fin du mois de leçons, sous peine de payer une amende de 2 shillings et 6 pence à chaque fois. Et je m'y tiendrai, si Dieu m'assiste, car cette friponnerie a davantage troublé mon ménage que quoi que ce fût d'autre depuis bien longtemps.
Après dîner à mon bureau où restai tard, puis à la maison et, comme Pembleton était de nouveau là, nous dansâmes une ou deux danses campagnardes, puis souper et, au lit. Mais au cours du souper ma femme dit une chose qui me fit la contredire, et elle employa le mot " diable ", ce qui m'irrita, Je dis, entre autres, que je ne tolérerais pas qu'elle employât ce mot, et là-dessus elle me répondit avec grand dédain. Et je ne sais plus maintenant comment la gourmander devant Miss Ashwell et tout le monde, alors qu'avant je l'aurais frappée pour moins que cela. Et donc je crains, si je n'y prends garde d'arriver bien près de perdre mon autorité sur elle. Et rien n'y contribue tant que cette occasion que je lui ai donnée de danser et de se divertir d'autre façon, ce qui détourne son esprit de son devoir et lui fait découvrir d'autres agréments que le souci de me plaire et a pour effet de ne plus du tout prendre plaisir en ma compagnie ni à s'efforcer de me plaire comme auparavant. Si seulement son mois de leçons était terminé ( comme le mien depuis ce soir. J'ai réglé à Pembleton le prix de toutes mes leçons ) ! Quand il le sera j'espère la ramener sans trop d'efforts à ses dispositions de naguère.
Aujourd'hui, comme Susan, notre ancienne servante a perdu sa place, et c'est je crois une fille bien simple, ma femme la prend à son service quelque temps, à l'essai, au moins jusqu'à son départ pour la campagne. A ce propos je ne crois pas qu'il soit bon pour moi de l'y envoyer, car je crains que loin de ma tutelle, elle ne s'émancipe plus encore, avant que j'aie pu la ramener à de bonnes dispositions.
22 mai
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Levé de très bonne heure, et suis, je l'espère, redevenu moi-même et m'applique de nouveau à mon travail après m'être un peu laissé aller, car il m'apparaît que mon crédit et mon profit augmentent chaque jour, Dieu en soit loué et me rappelle à mon devoir.
A mon bureau. J'apprends que Rundell, le charpentier de Deptford, m'a apporté un beau merle. Il me dit que quelqu'un lui en a offert 20 shillings, tant il siffle bien.
A mon bureau occupé toute la matinée, entre autres, essayé de comprendre le mouvement des marées. Je crois y être maintenant parvenu.
A midi visite de Mr Creed, et nous rendîmes à la Bourse où m'entretins longuement avec plusieurs négociants, puis avec lui dîner à la maison, et ensuite en barque à Greenwich où, après m'être arrêté à la petite taverne au bout de la ville pour entourer d'un torchon mon petit orteil gauche que la marche rendait douloureux, nous fîmes un agréable trajet jusqu'à Woolwich et entendîmes en chemin chanter les rossignols. Après des affaires réglées à l'arsenal et m'être préparé à une dispute avec sir William Penn au sujet de l'affaire de l'étamine dans laquelle il est coupable de corruption au détriment du roi, nous retournâmes à pied sans avoir rien bu. C'est une chose que je ne fais jamais parce que je ne voudrais déranger personne par ma venue, ni ne voudrais devenir trop l'obligé de quiconque. En chemin nous fûmes rattrapés par Mr Steventon, commissaire de marine et oncle de Will, mon commis. Il me dit avoir été lésé par sir John Mennes lorsque l'on a apuré ses compte, et dans une telle mesure que j'ai honte de l'entendre et suis résolu à arranger l'affaire si je le puis, même si le pauvre homme a renoncé. Cependant je suis assez content que d'autres que moi remarquent sa sottise et son radotage, quoiqu'au fond de moi je pense que l'homme a de bonnes intentions. Embarquai à Greenwich et à Deptford rencontrai Davies, le garde-magasin, qui est un fripon et coupable de malhonnêteté dans l'affaire de l'étamine...........A pied jusqu'à Rotherhite et bûmes à la taverne de la Demi-Étape. A pied et en barque à Whitehall. A l'aller et au retour durant le temps passé sur le fleuve lu un petit livre censé avoir été écrit par une personne de qualité suivant laquelle il est préférable d'appartenir à la gentry anglaise plutôt que de se voir conférer honneurs et titres. Mais il ne s'agit là que de ridicules fadaises, dépourvues de sens..........
A Whitehall je ne pus trouver sir George Carteret, m'en retournai presque aussitôt, à la maison par le fleuve et, au lit.
23 mai
Réveillé ce matin entre 4 et 5 heures par mon merle. Il siffle mieux qu'aucun que j'aie jamais entendu. Il connaît bien le début de beaucoup d'airs mais pas plus. Puis lever et à mon bureau, réunion. Ai eu une altercation avec sir John Mennes en prenant la défense de mon commis Will dans une affaire où le vieux fat voulait lui imputer une faute dont Jack Davis était responsable, une véritable filouterie consistant à établir deux billets de solde et à se faire régler les faux, tandis que le second était payé à qui de droit. Mais il est apparu très clairement aux membres du conseil que Will n'avait rient à se reprocher.
Dîner à la maison et ensuite en barque au quartier du Temple où allai chercher mon cahier de musique pour viole de gambe, relié, avec des pages blanches pour les nouveaux morceaux. Puis chez Greatorex. Voyant passer sir John Mennes et sir William Penn en voiture je montai avec eux pour aller avec eux à Whitehall..................wahooart.com
Retour chez Greatorex qui me montra un vernis de son invention qui me paraît en tout point aussi bon, sur un bâton qu'il a enduit, que le vernis indien, bien qu'il n'ait pas fait très bel effet sur mon papier à musique, car il a été absorbé et ne brille pas Puis à la maison par le fleuve et, après une danse avec Pembleton, à mon bureau. Écrivis une lettre à sir William Batten à Portsmouth, je lui demande d'être de retour mercredi prochain, le jour de notre procès contre Field à l'Hôtel de Ville. Que Dieu fasse qu'il se termine à notre avantage ! Puis à la maison, souper et, au lit.
24 mai
oiseaux.net Jour du Seigneur
Comme j'avais pris une des pilules de Mr Hollier hier soir, j'ai eu une selle ou deux ce matin, de sorte que je m'abstins d'aller à l'office et restai à la maison étudier mes papiers sur l'affaire Tom Trice. A midi dîner et comme ma femme me raconta qu'une jolie femme accompagnait Peg Penn à l'office aujourd'hui, j'eus envie, contrairement à mes premières intentions, de me rendre à l'office pour la voir. Ce que je fis, et elle est en effet fort jolie.
Mais en face de notre galerie j'avisai Pembleton et vis qu'il lorgnait ma femme durant tout le sermon. Je faisais comme si je ne le voyais pas, et ma femme qui lui rendait ses regards. Et je remarquai qu'elle lui fit une révérence en sortant sans rien m'en dire. Cela ajouté au fait qu'elle a tenu ces deux derniers dimanches à aller à l'office, le matin et l'après-midi, me fait réellement soupçonner qu'il y a quelque chose d'extraordinaire, quoique je répugne à envisager le pire.
Nonobstant, cela me jeta dans une grande confusion, où je suis encore, et me fait maudire le jour où j'ai consenti à ces leçons de danse, et plus encore de les avoir prolongées d'un second mois, alors qu'elle n'en désirait pas tant et que je n'avais que trop vu comme elle se conduisait avec lui.
Mais je dois m'armer de patience et l'envoyer à la campagne, ou du moins mettre un terme à ces leçons de danse dès que possible.
Après le sermon, chez sir William Penn avec sir John Mennes pour travailler un peu et envoyer ce soir notre réponse à Mr Coventry. Puis à la maison et descendis avec ma femme et Miss Ashwell au jardin, nous promenant un grand moment et nous demandant qui cette belle fille pouvait bien être d'après son ajustement et son maintien. D'après Mrs Penn elle pourrait être sa dame de compagnie, si ce n'est qu'elle était assise sur leur banc avec Peg, chose qu'à mon avis il ne permettrait pas si c'était le cas.
Puis à la maison où je lus à ma femme une ou deux fables dans l'Esope, puis d'Ogilby. Puis souper, prières et, au lit.
Ma femme a parlé ce soir de se faire faire des vêtements pour la campagne, ce à quoi je me suis opposé, disant que je n'avais point d'argent, mais j'en suis content dans une certaine mesure, car ainsi je l'éloignerai de ce gredin et retrouverai ma liberté pour m'occuper de mon travail plus que je ne l'ai fait depuis quelque temps. Prières et, au lit.
Ce matin, il semble que Susan qui, je crois n'a plus toute sa raison, ou du moins a appris à boire depuis qu'elle nous a quittés, et sort deux ou trois fois de la maison sans permission pour se rendre à la taverne, soit sortie avant 5 heures aujourd'hui, obligeant Griffith à se lever vêtu de sa seule chemise afin de lui ouvrir pour se rendre à la taverne, pour se réchauffer, disait-elle. Mais sa maîtresse l'a querellée à ce sujet, et l'a chassée ce matin. La voilà partie comme une souillon et une paresseuse. J'ai encore pris une pilule ce soir.
25 mai
Lever et, ma pilule ayant fait un peu d'effet, je restai à la maison la plus grande partie de la matinée Arrivèrent le barbier et Sarah Kite, ma cousine. La pauvre femme est venue pour m'emprunter 40 shillings, me promettant de me les rendre à la Saint-Michel. J'étais content qu'elle ne demandât pas davantage, car il m'est indifférent qu'elle me les rembourse ou pas, mais ça sera une bonne raison pour ne plus rien lui donner ou lui prêter. Je m'exécutai donc de bon gré, sans me faire prier et rajoutai même une couronne pour acheter quelque chose à son enfant, car cette malheureuse a un bon naturel et est diligente, et j'aimerais lui venir en aide, dans la mesure de mes possibilités, mais sans qu'elle devint une charge. Ma femme n'était pas prête et à cause de l'heure très matinale elle ne l'a pas vue, ce dont je suis content.
Après son départ, je montai pour apprendre que ma femme et sa servante, Miss Ashwell, avait trouvé le moyen de renverser le pot de chambre plein de pisse et merde, sur le sol, la chaise percée, et Dieu sait quoi encore, et s'employait fort joyeusement à tout nettoyer. Je me contentai d'en rire.
Miss Ashwell vint ensuite me transmettre une commission de la part de ma femme qui désirait de l'argent afin de s'acheter des vêtements pour la campagne. Je lui donnai donc 4 livres et suis persuadé qu'il m'en coûtera 4 de plus pour l'équiper de pied en cap. Mais je suis prêt à employer tous les moyens pacifiques et honorables pour garder les rênes et conserver mon pouvoir sur elle.
Puis à mon bureau pour retourner bientôt à la maison où ma femme et son maître dansaient. Je restai donc dans mon cabinet de travail jusqu'à ce qu'ils eussent fini et jouai un peu de la viole de gambe. J'avais bien perdu la main mais la retrouvai aisément. Un peu plus tard dîner et emmenai ma femme et Miss Ashwell à St James, mais ne trouvai pas la personne susceptible d'aller voir le Duc......
..... remontai dans le fiacre. Nous fîmes monter avec nous le tailleur de ma femme car il pleuvait fort et je descendis......... chez milord le chancelier tandis que les autres continuaient vers Pater Noster Row. Je restai parler avec milord Sandwich et rencontrai Mr Lewis Phillips de Brampton qui me dit, de même que d'autres ensuite, que l'on a appris hier à la Cour que le roi de France est malade d'une fièvre éruptive mais que les boutons ont disparu, et cet après-midi milord Mandeville est parti sur ordre du roi pour lui rendre visite, ce qui fera grand bruit à travers toute l'Europe.
( nte de l'éd. Louis XIV avait attrapé la rougeole ) pinterest.fr
Conversai un grand moment avec milord Sandwich à propos de ses émoluments............
Puis retour à la maison où je trouve Pembleton et montai donc avec eux pour danser jusqu'au soir. Arrivèrent Mr Alsop, le brasseur du roi, et Lanyon de Plymouth. Mr Alsop me dit qu'un de ses chevaux, après avoir souffert 4 jours a récemment évacué par le fondement 4 pierres plus grosses que celle dont j'ai été opéré, fort lourdes et contenant chacune en leur milieu un morceau de fer ou de bois. Le roi en a deux dans son cabinet, et une troisième a été donnée au collège des médecins qui la conserve comme curiosité, et sur ordre du roi il fait chaque jour fouiller le crottin du cheval pour en trouver d'autres.............
26 mai
Grasse matinée à causer et prendre mon plaisir avec ma femme. Puis lever, un moment à mon bureau et retour à la maison où je trouve Pembleton et de nombreux détails m'amènent à conclure qu'il y a quelque chose qui n'est pas innocent entre eux. Cela me tourmente au point que je sais à peine si je sais, à la minute où j'écris ceci, ce que j'écris, ce que je fais, ni comment en user avec ma femme, car je répugne autant à lui en parler de crainte de querelles et autres désagréments, qu'à laisser faire de peur qu'elle ne continue à m'offenser et que la situation empire. De sorte que je souffre jusqu'au plus profond de mon coeur, un sentiment pourtant fort déraisonnable.
J'ai dîné avec Mr Creed et le capitaine Grove, et avant devisai longuement dans mon cabinet de travail avec Mr Deane, charpentier de marine de Woolwich, sur la construction des vaisseaux, mais rien ne pouvait me sortir cette affaire de l'esprit, et je craignais....... qu'elle ne lui eût donné rendez-vous.
Voilà bien ma jalousie diabolique ! Fasse le ciel qu'il n'en soit rien, mais ces pensées jettent mon esprit dans les tortures de l'enfer ! Que le Dieu du ciel m'en délivre, où je serai fort malheureux ! Puis réunion au bureau.
Un peu plus tard, l'esprit tourmenté, je rentrai à la maison voir comment allaient les choses et trouve, comme je le craignais, Mr Pembleton avec ma femme, sans personne d'autre dans la maison, ce qui me rendit presque fou. Je montai dans mon cabinet de travail et, après m'être promené un moment de long en large, je ressortis et appelai quelqu'un, prétextant des affaires de bureau que je laissai dans ma petite pièce près de la porte ( c'était le Hollandais, capitaine de l'un des bateaux de plaisance........ ) à qui je dis que j'allais revenir lui parler de son affaire. Puis, au supplice et dévoré de soupçons, au bureau...... J'expédiai rapidement nos affaires et demandai à pouvoir m'absenter, prétendant aller dans le quartier du Temple, mais en réalité à la maison. Montai dans mon cabinet de travail et si, comme je le crois, ils avaient de mauvaises intentions, j'empêchai qu'il se passât quoi que ce fût à ce moment. Mais je demeurai dans mon cabinet toujours fâché et irrité jusqu'à son départ. Il prétendit bien haut, pour que je l'entendisse, qu'il ne pouvait pas rester et, comme Miss Ashwell était absente, ils ne danseraient pas.
Mais Seigneur ! quand je pense que ma jalousie me travaille au point que je suis monté m'assurer qu'aucun des lits n'était défait ! Aucun ne l'était, mais cela ne m'apaisa point, et je passai toute la soirée à marcher de long en large. Ma femme vint bientôt me trouver désirant me parler de quelque chose, mais je pris cela pour pure impudence et, quoique ayant le coeur prêt d'éclater, je continuai de me taire, ne sachant quel parti choisir.
La nuit tombée je laissai tout le monde aller se coucher, me mis au lit à une heure avancée, fort mécontent, et m'endormis.
à suivre.......
27 mai 1663
Puis, vers 3 heures du matin............
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