dimanche 26 mars 2023

T Ma vie en T-shirts Haruki Murakami (Autobiographie Japon )

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                  T

                                                           Ma vie en T-shirts

            Ce joli livre sur papier glacé d'un format assez inhabituel, 16/21
            Fans de tous bords, de Jazz, de whisky, d'art japonais et de t-shirts avec figurines, suivez l'interview de l'un de nos meilleurs auteurs contemporains Haruki Murakami, interview devenu livre et plongez dans les cartons de l'auteur. "Je ne suis pas un collectionneur ", écrit Murakam mais il ajoute ".... j'entasse toutes sortes de choses. Malgré mon indifférence, les objets comme s'ils étaient mus par une volonté propre, s'accumulent autour de moi..... " s'ensuit la description de divers articles des 33 tours aux petits bouts de crayons si usés qu'ils ne rentrent même plus dans un taille-crayon...... " Les t-shirts ne coûtent pas chers et ils les achète d'autant plus volontiers que le dessin, la couleur, la forme du col lui plaisent. Jazz, jeune il dirigea un club de jazz, et les disquaires lui fournirent certains de ces " modestes 
vêtements : " Vinyl Junkie, sur T-shirt noir KEEP CALM AND READ MURAKAMI "qu'il ne peut évidemment porter. Ses premiers achats il les fit dans une friperie à HawaÏ alors qu'il enseignait à l'Université, à Honolulu, à un ou deux dollars. D'ailleurs dit-il, depuis la parution de l'article les prix ont augmenté alors il n'en achète pas. Murakami a enseigné dans plusieurs villes, dont New-York, et reçu les T-shirts de ces campus. Entrer un peu dans l'intimité de ce grand voyageur qui apprécie le happy-hour d'un bar à proximité de son logement et boire son whisky même de moindre qualité, continuer à collectionner ses albums de Jazz, sûrement incollable sur le sujet. Parmi les dizaines de T-shirts présents dans ce joli livre, son préféré " Tony Takitani ", le nom l'intrigua, il en fit une nouvelle et plus, mais cela est raconté dans le livre, à offrir entre autres aux jeunes générations fans de l'auteur japonais, à conserver, sympathique auteur, sympathique ouvrage. Bonne lecture.















                                           



vendredi 24 mars 2023

Blanc Sylvain Tesson ( Roman France )

 








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                                     Blanc

            D'un bord de mer, Menton et la Méditerranée, à Trieste. Voyage dans le Blanc. Ecrit et parcouru sur quatre années, au mois de mars environ, de 2018 à 2022, crevasses et pics se succèdent, dangereux Pour cette nouvelle course il est accompagné de deux compagnons, l'un du Lac est prêt à tous les excès. " ....nous skiâmes très vite vers Chamonix. Si l'un de nous tombait dans une crevasse, les deux autres se porteraient à son secours. Mais si c'était du Lac ? Saurions-nous le secourir ?...... Si nous avion eu une pleine connaissance des crevasses sur lesquelles nous passions à l'aveugle, nous n'aurions jamais osé nous aventurer...... La neige permettait de glisser dans l'inconscience...... " Le second compagnon de Sylvain Tesson est un homme d'affaires, Rémoville, qui aime cette courte mais dangereuse interruption dans le rythme de son travail. Un soir dans un refuge il dit avoir découvert ces randonnées dans un livre dont il donna le titre, et Tesson lui dit " C'est moi ". Ainsi ils furent trois à avancer dans le brouillard, le vent parfois 80 km l'heure, le froid, -15°. Porteurs de lourdes charges, l'auteur 10 kg, les deux hommes 16kg, l'auteur du livre étant tombé d'un toit quelques années plus tôt, sa colonne vertébrale ne supporte plus les poids excessifs. Très cultivé, les réflexions, il cite même plaisamment Zarathoustra, l'auteur nous conduit sur des routes imprévisibles entrecoupées de pauses dans des refuges destinés aux fascinés des cimes. Tesson note quelque part que le thé qui réchauffe et les soupes du soir font d'eux un mélange de sportifs et de vieille dame. Ce sont d'authentiques montagnards, sans frontière, traversent la Suisse, l'Italie, l'Autriche sans sans problème, ceux-ci n'arriveront qu'avec le Covid.  Dans leurs sacs pas de masque mais piolet, peaux de phoque et clous pour traverser les pics glacés. Mais toujours le soir, lorsqu'ils obtiennent 14° " ........ La flambée, le poêle, la soupe : nos conquêtes. La vie se resserre  autour de plaisirs proportionnés à leur nécessité absolue. Le raid instituait une théorie de la relativité La cessation de la tempête, le comblement d'un manque profond des voluptés plus précieuses....... " Le livre est une suite de descriptions des dangers rencontrés, de pensées, de vies hors bruit, hors des familles, avec des refuges bien venus après des journées glaciales. Par l'auteur de multiples courses, dangereuses. Bonne lecture. Du Lac au départ avale du grappa avant de s'endormir et l'auteur de citer trois vers russes :
                                     
                                               Un premier verre : pas besoin de berceuse
                                               Un second : pas besoin de couverture !
                                               Un troisième : pas besoin de lit !

                                               










            

mardi 21 mars 2023

Poème pour chanter la joie Walt Whitman ( Poème Etats-Unis )

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                                      Poème
                                         pour 
                                 Chanter la Joie

            Car je veux écrire le plus jubilatoire des poèmes !
            Un poème tout en musique - tout en virilité, tout en
 féminité, tout en puérilité !
            Plénitude d'usages communs - foultitude d'arbres et
de graines.

            J'y veux la voix des animaux - la balance vivace des
poissons !
            Je veux qu'y tombent les gouttes de pluie musicalement !
            Je veux qu'y brille le soleil que s'y meuvent les vagues 
musicalement !

            Sortie de ses cages la joie de mon esprit, filant comme 
une langue de foudre !
            Posséder tel globe précis ou telle portion mesurée 
du temps ne me comblera pas,
            Ce sont mille globes c'est l'ensemble complet du temps
qu'il me faut !          

            J'envie la joie de l'ingénieur, je veux m'en aller sur la
locomotive,
            Entendre la compression de la vapeur, quel plaisir 
le hurlement de son sifflet, une locomotive qui rit !
            Irresistible la pression de la vitesse qui nous emporte
à l'horizon.

            Ce délice aussi de flâner par les collines et les prairies !
            Feuilles et fleurs des humbles herbes communes, 
fraîcheur d'humidité des sous-bois,                                                                      Rtl2
            Enivrant parfum de terre dans la prime aube, aux jeunes
heures de l'après-midi.
            Joie enviable de la cavalière, du cavalier en selle,
            Petite pression avec les jambes pour le galop, et le coulis
d'air murmurant aux oreilles, dans les cheveux.

            J'envie la joie de l'homme du feu, 
            Dans le silence de la nuit l'alarme qui hurle,
            Les cloches, les cris, vite je dépasse la foule, je cours !
            Qui est fou de joie au spectacle des flammes qui brûlent,
c'est moi !
     
            La joie du boxeur aux muscles saillants condition
physique impeccable qui surplombe l'arène dans la certitude
de sa puissance et le désir irrépressible d'affronter son adversaire,
ah ! comme je l'envie !
            Ah ! comme j'envie la sympathie élémentaire qu'émet à 
flots généreux et continus l'âme humaine et elle seule, vraiment 
oui comme je l'envie ! 

            Et les joies d'enfantement maternel !
            La veille, la longue endurance, l'amour précieux,
l'anxiété, le travail donneur de vie.

            La croissance, l'accroissement, la compensation,
            L'adoucissement, la pacification, la concorde, l'harmonie,
non mais quelle joie !

            Je voudrais tellement revenir au lieu de ma naissance
            Tellement entendre chanter les petits oiseaux à nouveau
            Tellement errer, flâner dans la grange dans la maison à
travers les champs à nouveau.
            Tellement à travers le verger, tellement sur les vieux
chemins encore une fois.

            Quel plaisir d'avoir grandi dans les baies, au bord des
lagunes, des ruisseaux, des rivages,
            Je voudrais continuer d'être employé là-bas toute ma vie
            Ah ! cette odeur de sel et d'iode des mollières, les algues
parfumées à marée basse,
            Le métier de la pêche, le travail du pêcheur d'anguilles,
du pêcheur de palourdes,
            Je suis venu avec mon râteau et ma bêche, suis venu
avec mon trident à anguilles,
            La mer a reflué au large ? Dans ce cas je m'agrège 
au groupe de palourdiers de l'estran,
            Plaisante, m'active avec eux, ironise sur mon efficacité
avec la vitalité du jeune homme,                                                                    Rtl2

            Prends mon panier à anguilles mon trident avec moi,
quand c'est l'hiver, pour m'aventurer sur la glace - d'une
 hachette découpant des trous à la surface,
            Regardez comme je suis chaudement vêtu, aller retour
en une après-midi, regardez comme je suis joyeux, et cette
ribambelle de jeunes costauds qui m'accompagne,
            Adultes ou encore adolescents, aucun ne donnerait sa
place pour rien au monde,
            Ca leur plaît tellement d'être avec moi jour et nuit, au
travail sur la plage, au sommeil dans ma chambre.
            D'autres fois calme plat, on sort en canot pour aller
relever les casiers à homards lestés de leurs lourdes pierres,
je connais les repères,
            Les balises, je rame dans leur direction, le soleil
n'est pas encore levé mais ah ! cette douceur matinale de 
la lumière du Cinquième Mois à la surface de l'eau autour
de nous,
            Je remonte obliquement les cages d'osier, carapaces 
vert sombre les bêtes traquées font assaut de toutes leurs
pinces, j'insère une cheville en bois à l'articulation
            L'un après l'autre j'inspecte tous les casiers, puis à la
rame retour au rivage,
            Là où, dans une énorme marmite d'eau bouillante, seront
jetés les homards jusqu'à ce que rougeur s'ensuive.

            Un autre jour, pêche au maquereau,
            Vorace lui, goulu du hameçon, nageant quasiment à la
surface, on croirait voir l'eau couverte sur des milles ;
            Un autre jour encore, pêche à l'aiglefin dans la baie 
de Chesapeake, je fais partie de l'équipe, peau brune de
lumière.
            Une autre fois pêche au poisson bleu on laisse traîner 
une ligne derrière le bateau, c'est moi muscles en alerte,
            Pied gauche calé sur le plat-bord, bras droit lançant 
très loin devant moi le serpentin de la fine corde,
            A portée d'yeux une armada de cinquante esquifs,
mes amis qui filent et manœuvrent dans le vent                                              gulli

            Canoter sur les rivières, j'en rêve !
            Descendre le Saint-Laurent, panorama grandiose,
les vapeurs,
            Les voiliers voiles claquantes, les Mille Iles, les 
trains de bois flottant qu'on rencontre avec leurs conducteurs
aux longues perches-godilles recourbées,
            Petit abri en bois, panache de fumée montant du feu
où cuit le dîner.

            ( Et puis je veux du pernicieux, de l'horrible !
               Je ne veux surtout pas d'une vie pieuse ni mesquine !
               Je veux de l'inéprouvé, je veux de la transe !
               Je veux échapper aux autres, dériver en toute liberté ! )

            Je me vois mineur, forgeron,
            Fondeur de fonte, fonderie même pourquoi pas haute
toiture en tôle rugueuse, ampleur d'espace dans la pénombre,
            Fourneau, versement du liquide en fusion.

            Retrouver les joies du soldat, mais oui !
            Sentir la présence à ses côtés d'un homme courageux,
en sympathie avec soi, d'un commandant !
            Quel admirable calme - se réchauffer au soleil de son
sourire !
            Monter au front - entendre le roulement du tambour, 
le clairon.
            Les rafales de l'artillerie, voir l'étincellement des 
baïonnettes, des barillets dans la lumière jouant aux
mousquets,
            Voir tomber, mourir sans un cri des hommes !
            Goûter au goût sauvage du sang - diaboliquement 
le désirer !
            Plaisir gourmand de compter les plaies, les pertes
infligées à l'ennemi.
            Maintenant le baleinier, sa joie ! Me voici repartir
de nouveau en expédition !
            N'est-ce pas le mouvement du bateau sous mes pieds,
n'est-ce pas la caresse des souffles atlantiques sur mon
visage,
            Dans mes oreilles n'est-ce pas soudain le cri de la
vigie :There she blows !
            Baleine à bâbord ! J'ai bondi dans les gréements, épiant                    âme sauvage

avec les autres, nous voici fous d'excitation maintenant
descendus de notre guet,
            Je saute dans la baleinière, nous ramons vers notre
proie,
            Approche silencieuse, discrète de la montagne massive,
paresseusement léthargique,
            Le harponneur s'est dressé, la flèche fuse à l'extrémité
du bras puissant,
            Rapide fuite au large de l'animal meurtri qui entraîne 
notre canot dans le vent, nous suivons la corde,
            Et puis je le vois reprendre surface pour respirer, nous
nous approchons,
            Une lance va se ficher dans son flanc, de toute la force
de la propulsion, qui sera tordue ensuite dans la plaie,
            Nouveau recul, la bête repart, perdant son sang 
en abondance,
            Jaillissement rouge comme elle reparaît, décrit des
cercles de plus en plus courts, sillage hâtif dans l'eau - puis 
meurt, j'assiste à la scène,
            Ultime cabrement convulsif au centre du cercle avant
de retomber gisant immobile sur le dos dans l'écume sanglante.

            Mais la joie la plus pure c'est ma vieillesse masculine
 qui me la donne !
            Mes enfants, mes petits-enfants, mes cheveux blancs,
ma barbe blanche,
            Mon imposante stature, ma calme majesté, à la fin
de cette longue perspective droite de la vie.
            Mais la joie la plus mûre est celle de la féminité, du
bonheur enfin atteint !
            J'ai dépassé quatre-vingts ans, je suis l'aïeule la plus
vénérable,
            Clarté parfaite dans mon esprit - tout le monde,
voyez, m'entoure d'attentions !
            Quel est le secret de cette séduction plus forte que
mes précédents charmes, quelle beauté s'épanouit en moi
de parfum plus sucré que dans la fleur de ma jeunesse ?
            D'où émane, d'où procède cette mystérieuse grâce
qui est mienne aujourd'hui ?

            Eprouver les joies de l'orateur !
            Cette profonde inspiration qui soulève les côtes et 
gonfle la poitrine pour conduire à la gorge le roulement de
tonnerre de la voix,
            Faire communier avec soi-même le peuple, larmes
ou rage, haines ou désirs,
            Entraîner l'Amérique par sa langue, apaiser l'Amérique                      RTBFbe
par ses mots !
            Et puis la joie de mon âme aussi en son égale
tempérance, prenant identité de toutes les manières, les
aimant toutes, observant et absorbant chacune en leurs
particularités,
            Cependant qu'elles me la retournent en écho, toute 
vibrante des actes de la vue, de l'ouïe, du toucher, de 
l'entendement, de la consécution, de la comparaison, de la
mémoire et autres facultés,
            Elle la vie profonde en moi de mes sens, qui transcende 
les sens comme mon corps incarné,
            Mon moi au-delà de la matière, ma vue au-delà de mes
yeux matériels,
            La preuve indiscutable à la minute même, mais bien sûr !
 que ce ne sont pas mes yeux matériels qui voient,
             Ni non plus mon corps matériel, mais bien entendu !
qui aime, qui marche, qui rit, qui crie, qui embrasse, qui
procrée.
            L'Ohioien, l'Illinoisien, le Wisconsinien, le Kanadien,
l'Iowan, le Kansien, le Missourien, l'Orégonais,   
            Au petit jour ils sont déjà debout, actifs, sans effort
apparent,
            Ce sont les labours d'automne pour les semailles
d'hiver,
            Ce sont les labours du printemps pour les maïs,
            Ce sont les arbres du verger à greffer, la cueillette
automnale des pommes.  

            Je veux me baigner dans une baignade, choisir
un endroit idéal de la rivière,
            Et entrer dans un éclaboussement d'eau, ou bien tremper
 tout juste mes chevilles ou alors courir tout nu sur le sable.                                                                                                                                                                                                                       
            Oh ! l'espace, saisir sa réalité !
            Qu'il n'a pas de frontières, l'universelle plénitude,
             S'unir intimement avec le ciel notre jaillissement,
le soleil, la lune, les nuages fuyants.

            Joie de l'indépendance masculine !
            N'être l'esclave de personne, comptable de personne,
tyran connu ou tyran anonyme,
            Marcher droit devant soi, port droit, foulée souple
élastique,
            Regard calme ou coup d'œil de l'éclair, regarder,
            S'exprimer d'une voix pleine et sonore, poitrine bien
dégagée,
            Faisant face en personne aux autres personnalités ici-bas.

            La richesse des joies de l'adolescence, les connais-tu ?
            Les compagnons chéris, les plaisanteries ensemble, le
rire sur le visage ?
            La journée illuminée d'une radieuse lumière, la joie des
jeux de souffle ?
            La joie de la musique, les lampes dans la salle de bal,
les danseurs ?
            Le dîner copieux, la succession des toasts verre en
main ?
            Mon âme, mon âme suprême écoute !                                                     Le Progrès

            Connais-tu les joies de la méditation ?
            Connais-tu le cœur solitaire mais joyeusement libre,
sa tendresse dans la nuit ?
            Connais-tu le plaisir de suivre une route orgueilleusement
seul, même lorsque pèsent à l'esprit souffrances et déchirements ?
             Connais-tu le plaisir angoissant des débats intimes, les
rêveries grandioses fertiles en extase ?  
            La pensée de la Mort, des sphères du Temps et de 
l'Espace ?
            Les prophéties d'amours idéales, d'essence plus pure,
l'épouse divine, la douceur du camarade à l'inaltérable
perfection ?
            A toi toutes ces joies mon immortelle, mon âme ! leur
récompense te revient.
            Aussi longtemps que j'affronterai la vie dans un
esprit vainqueur,
            Jamais de mauvaises brumes, jamais l'ennui,, jamais
les plaintes ni les critiques excoriantes,
            Mais aux rudes lois de l'air, de l'eau, du sol cherchant
critère incorruptible pour mon âme profonde
            Je ne laisserai aucun gouvernement étranger me
soumettre à son joug.

            Je ne chante pas, je ne scande pas seulement la joie du
Vivre - je chante aussi la Mort, la joie de la Mort !
            La caresse merveilleuse de la Mort, son apaisant
engourdissement, sa brève persuasion,
            Me voici déchargé de mon corps excrémentiel, qu'on
le brûle, qu'on le rende à la poussière, qu'on l'enterre,
            Reste mon corps réel pour mon usage sans doute
dans d'autres sphères,
            A quoi sert désormais mon enveloppe vide sinon à
être purifiée pour des tâches futures, à être réemployée dans
les usages éternels de la terre.

            Je veux attirer par d'autres lois que l'attraction !
            Comment m'y prendre, je ne sais pas, pourtant voyez
cette obéissance qui n'obéit à rien,
            Ce pouvoir magnétique, ah ! vraiment quelle force -
toujours offensive, jamais défensive.

            Oui, me battre contre des obstacles insurmontables,
affronter des ennemis intraitables,
            Seul à seul avec eux, pour mieux connaître mes limites
d'endurance !
            Face à face avec le combat, avec la torture, la prison,
la haine générale !
            Je monte à l'échafaud, j'avance sous la gueule des
fusils, l'allure dégagée, totalement insouciante !                                                                

            C'est cela un dieu, je veux être un dieu !
            M'embarquer à la mer !
            Je veux tellement quitter ce sol insupportable,
            Tellement quitter l'usante monotonie des rues, des
maisons, des trottoirs,
            Tellement te quitter terre compactement immuable,
oui monter à bord d'un vaisseau,
            Lever l'ancre, mettre à la voile, à la voile !

            Je veux que désormais la vie soit un grand chant de
joies !
            Je veux danser, battre des mains, exulter et crier, sauter,
bondir en l'air, me rouler par terre, surtout flotter, flotter !
            Car je serai marin du monde partant pour tous les ports
            Car je serai bateau ( avez-vous vu mes voiles, déployées,
au soleil et à l'air ? ),
            Navire vif cales gonflées d'une précieuse cargaison de
paroles et de joies.


                             Walt Whitman

                     Poème pour chanter la joie - 1860 -

                           extrait de Feuilles d'herbe )
          


             














































































































































mardi 14 mars 2023

Huit heures à Berlin Tome 29 : Blake & Mortimer - Aubin - Bocquet et Fromental ( BD France )

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                                                           Huit Heures
                                                                                  à 
                                                                  Berlin

            Reprenant avec succès les Héros créatures de Jacobs, Aubin et Boquet nous transportent dans un Berlin partagé par un mur : Berlin-est sous régime communiste et Berlin-ouest ville ouverte. 1963 A Londres Mortimer reçoit une invitation et se prépare à un séjour dans les Balkans où une découverte archéologique importante, sept cercueils ont été découverts sur un site. Mais une surprise désagréable attend des chercheurs conviés. Des cadavres visiblement récemment exécutés et défigurés, peau du visage arrachée. Et Mortimer se trouve engagé dans une aventure dangereuse. On lui demande par ailleurs de veiller sur le " Prince " en visite 8 heures durant à Berlin-Ouest. Une partie de l'histoire est basée sur des faits réels. Construction du mur de Berlin, 1961 et sa destruction en 1989, le docteur machiavélique qui fait des expériences cruelles et inhumaines sur des hommes. D'ailleurs Mortimer arrêté échappera-t-il au scalpel et à l'expérience douloureuse qui a mené à la mort les hommes dans les cercueils. Et la réalité rejoint la fiction car l'homme qui a déclaré devant la foule berlinoise :                   " Ich bin ein Berliner . " est non un Prince mais le très célèbre Président Kennedy qui fit cette visite de 8 heures et cette déclaration. Ensuite les auteurs ont pris quelques libertés avec la réalité des faits. Bande dessinée réussie  et intéressante par son côté historique et l'intrigue policière. Bonne BD eet bonne lecture, pour tous. M.

                                                                                   

                                                                          


                        

lundi 13 mars 2023

La femme du 2è étage Jurica Pavicic ( Croatie Roman policier )

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                                                     La femme du deuxième étage

           Croatie. Plus exactement Split, petite ville sur la côte dalmate. Les immeubles de la périphérie datent de l'époque communiste, le bord de mer, la vieille ville sont envahis l'été par des " touristes - sac à dos ". Bruna est comptable dans une société qui gère les comptes des clients. Elle commence assez tôt et termine sa journée de travail à 4 heures, en période de moindre activité elle consulte l'ordinateur du bureau pour des recherches personnelles. Bruna a 23 ans, est en prison, nous le savons très vite. L'enfermement ne la dérange pas, elle travaille à la cuisine, à sa demande, se lève à cinq heures. Guère bavarde, sur son lit, elle est insomniaque, elle refait le film de sa vie. " Si... " si elle n'avait pas accepté d'accompagner à une fête Susanna qui plus tard elle aussi ennuyée dans les désordres de son couple, de répondre à l'invitation de Franc, de l'épouser, et surtout, erreur fatale d'habiter la maison construite par le père de son nouvel époux, grande maison sur deux étages, où loge sa belle-mère, Anka, matrone à l'œil acéré, propre à l'excès, au premier, le jeune couple au second où il dispose de 80 m2. Très vite Bruna cuisinera, toujours, partout, épluchera courgettes, oignons, maintes fois ces gestes reviennent au long des pages. Et on suit l'histoire de ce couple sans histoire, sans tendresse, Franc trouvant naturel que sa femme obéisse au diktat maternel, pas malheureux. Il y a quelqu'un qui n'aime pas Bruna, Mirela, sœur de Franc. Elle habite Zagreb, vient avec son mari et son fils de temps à autre. Bruna est sous le feu des critiques des deux femmes. Et Bruna cuisine. Et Franc, marin, part plusieurs mois en mer. Bruna vit une routine. C'est une routinière, elle accommode son état au temps, au vent, le bora et autres, rencontre sa mère qui regrettera de lui avoir conseillé d'accepter d'épouser Franc, et de dissiper la poussière entre les dalles de la cour et surtout de la remise. Si elle n'avait suivi les injonctions de sa belle-mère peut-être celle qu'on appellera " la belle-fille fatale " n'aurait pas agi avec cette constance dans la préparation du meurtre. Le décor compte beaucoup, Split et le quartier de leur grande maison massive, Kman.  De l'île proche de Trieste, où, et c'est là tout le paradoxe que vit Bruna à la suite du meurtre préparé avec attention et sans précipitation, toujours, partout, Bruna sortie de prison cuisine, le court-bouillon et le poisson, les tomates fraiches pour les spaghettis que mangèrent ceux qui ont plus que des doutes, savent qu'elle est la meurtrière. Histoire simple, étonnante par sa tonalité. L'auteur Jurica Pavicic, semble avoir de la compassion ou une sympathie masculine pour son héroïne, et peut-être aussi sa mère Divina. Ambiance feux d'été, un petit pays que l'on connaissait sous un autre jour au temps du mandat de Tito. Bonne lecture, une action qui ne quitte pas un pays dont on connait assez mal les auteurs.  

















            

            

                          

dimanche 5 mars 2023

Larmes Albert Samain ( Poèmes France )












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                       Larmes           

            Larmes aux fleurs suspendues,      
            Larmes de sources perdues
            Aux mousses des rochers creux ;

            Larmes d'automne épandues,
            Larmes de cors entendues
            Dans les grands bois douloureux ;

            Larmes des cloches latines,
            Carmélites, Feuillantines...
            Voix des beffrois en ferveur ;
             
            Larmes, chansons argentines
            Dans les vasques florentines                                                                 ebay.fr
            Au fond du jardin rêveur ;            

            Larmes des nuits étoilées,
            Larmes de flûtes voilées
            Au bleu du parc endormi ;

            Larmes aux longs cils perlées,
            Larmes d'amante coulées
            Jusqu'à l'âme de l'ami ;

Gouttes d'extase, éplorement délicieux,
Tombez des nuits ! Tombez des fleurs ! Tombez des yeux !

Et toi, mon cœur, sois le doux fleuve harmonieux,
Qui, riche du trésor tari des urnes vides,
Roule un grand rêve triste aux mers des soirs languides. 


                  Albert Samain






vendredi 3 mars 2023

La Grenouille Albert Samain ( Poème France )

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                                         La Grenouille

            En ramassant un fruit dans l'herbe qu'elle fouille
            Chloris vient d'entrevoir la petite grenouille
            Qui, peureuse, et craignant justement pour son sort,
            Dans l'ombre se détend soudain comme un ressort,
            Et, rapide, écartant et rapprochant les pattes,
            Saute dans les fraisiers, et parmi les tomates,
            Se hâte vers la mare, où, flairant le danger,
            Ses sœurs, l'une après l'autre, à la hâte ont plongé.
            Dix fois déjà Chloris, à la chasse' animée,
            L'a prise sous sa main brusquement refermée ;
            La petite grenouille a glissé dans ses 
            Chloris la tient enfin ; Chloris chante victoire !                                           pinterest.fr
            Chloris aux yeux d'azur de sa mère est la gloire.
            Sa beauté rit au ciel ; sous son large chapeau
            Ses cheveux blonds coulant comme un double ruisseau
            Couvrent d'un voile d'or les roses de sa joue ;
            Et le plus clair sourire à ses lèvres se joue.
            Curieuse, elle observe et n'est point sans émoi
            A l'étrange contact du corps vivant et froid.
            La petite grenouille en tremblant la regarde,
            Et Chloris dont la main lentement se hasarde
            A pitié de sentir, affolé par la peur,
            Si fort entre ses doigts, battre le petit cœur.


                                              Albert Samain