dimanche 16 février 2020

Poil de Carotte 7 Agathe - L'Aveugle - Le jour de l'an - Aller et Retour Jules Renard ( Roman France )


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                                               Poil de Carotte


                                                      " Agathe "

            C'est Agathe, une petite fille d'Honorine, qui la remplace.
            Curieusement, Poil de Carotte observe la nouvelle venue qui, pendant quelques jours, détournera de lui sur elle, l'attention des Lepic.
            - Agathe, dit Mme Lepic, frappez avant d'entrer, ce qui ne signifie pas que vous défoncez les portes à coups de poing de cheval.
            - Ça commence, se dit Poil de Carotte, mais je l'attends au déjeuner.
            On mange dans la grande cuisine. Agathe, une serviette sur le bras, se tient prête à courir du fourneau vers le placard, du placard vers la table, car elle ne sait guère marcher posément ; elle préfère haleter, le sang aux joues.
            Et elle parle trop vite, rit trop haut, a trop envie de bien faire.
            M. Lepic s'installe le premier, dénoue sa serviette, pousse son assiette vers le plat qu'il voit devant lui, prend la viande, de la sauce et ramène l'assiette. Il se sert à boire, et le dos courbé, les yeux baissés, il se nourrit sobrement, aujourd'hui comme chaque jour, avec indifférence.
            Quand on change de plat, il se penche sur sa chaise et remue la cuisse.
            Mme Lepic sert elle-même les enfants, d'abord grand frère Félix parce que son estomac crie la faim, puis soeur Ernestine pour sa qualité d'aînée, enfin Poil de Carotte qui se trouve au bout de la table.
            Il n'en redemande jamais, comme si c'était formellement défendu. Une portion doit suffire. Si on lui fait des offres, il accepte, et sans boire, se gonfle de riz qu'il n'aime pas, pour flatter Mme Lepic qui, seule de la famille, l'aime beaucoup.
            Plus indépendants, grand frère Félix et soeur Ernestine veulent-ils une seconde portion, ils poussent, selon la méthode de M. Lepic, leur assiette du côté du plat. Mais personne ne parle.
            - Qu'est-ce qu'ils ont donc ? se dit Agathe.
            Ils n'ont rien. Ils sont ainsi, voilà tout.
            Elle ne peut s'empêcher de bâiller, les bras écartés, devant l'un et devant l'autre. M. Lepic mange avec lenteur, comme s'il mâchait du verre pilé.
            Mme Lepic, pourtant plus bavarde, entre ses repas, qu'une agace, commande à table par gestes et signes de tête.
            Soeur Ernestine lève les yeux au plafond.                                     
            Grand frère Félix sculpte sa mie de pain, et Poil de Carotte, qui n'a plus de timbale, ne se préoccupe que de ne pas nettoyer son assiette, trop tôt, par gourmandise, ou trop tard, par lambinerie. Dans ce but, il se livre à des calculs compliqués.
            Soudain, M. Lepic va remplir une carafe d'eau.
            - J'y serais bien allée, moi, dit Agathe.
            Ou plutôt, elle ne le dit pas, elle le pense seulement. Déjà atteinte du mal de tous, la langue lourde, elle n'ose parler, mais se croyant en faute, elle redouble d'attention.
            M. Lepic n'a presque plus de pain. Agathe, cette fois, ne se laissera pas devancer. Elle le surveille au point d'oublier les autres et que Mme Lepic d'un sec : " Agathe, est-ce qu'il vous pousse une branche ? " la rappelle à l'ordre.
            - Voilà, Madame, répond Agathe.
            Et elle se multiplie sans quitter de l'oeil M. Lepic. Elle veut le conquérir par ses prévenances et tâchera de la signaler.
            Il est temps.
            Comme M. Lepic mord sa dernière bouchée de pain, elle se précipite au placard et rapporte une couronne de cinq livres, non entamée, qu'elle lui offre de bon coeur, tout heureuse d'avoir deviné les désirs du maître.
            Or, M. Lepic noue sa serviette, se lève de table, met son chapeau et va dans le jardin fumer une cigarette.
            Quand il a fini de déjeuner, il ne recommence pas.
            Clouée, stupide, Agathe tenant sur son ventre la couronne qui pèse cinq livres, semble la réclame en cire d'une fabrique d'appareils de sauvetage.


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            - Ça vous la coupe, dit Poil de Carotte, dès qu'Agathe et lui se trouvent seuls dans la cuisine.
Ne vous découragez pas, vous en verrez d'autres. Mais où allez-vous avec ces bouteilles ?
            - A la cave, Monsieur Poil de Carotte.
           - Pardon, c'est moi qui vais à la cave. Du jour où j'ai pu descendre l'escalier si mauvais que les femmes glissent et risquent de s'y casser le cou, je suis devenu l'homme de confiance. Je distingue le cachet rouge du cachet bleu.
            " Je vends les vieilles feuillettes pour mes petits bénéfices, de même que les peaux de lièvres, et je remets l'argent à maman.
            " Entendons-nous, s'il vous plaît, afin que l'un ne gêne pas l'autre dans son service.
            " Le matin, j'ouvre au chien et je lui fais manger sa soupe. Le soir, je lui siffle de venir se coucher. Quand il s'attarde par les rues, je l'attends.
            " En outre, maman m'a promis que je fermerai toujours la porte des poules.
            " J'arrache des herbes qu'il faut connaître, dont je secoue la terre sur mon pied pour reboucher leur trou, et que je distribue aux bêtes.
            " Comme exercice, j'aide mon père à scier du bois.
            " J'achève le gibier qu'il rapporte vivant et vous le plumez avec soeur Ernestine.
            " Je fends le ventre des poissons, je les vide et fais péter leurs vessies sous mon talon.
            " Par exemple, c'est vous qui les écaillez et qui tirez les seaux du puits.
            " J'aide à dévider les écheveaux de fil.
            " Je mouds le café.
            " Quand M. Lepic quitte ses souliers sales, c'est moi qui les porte dans le corridor, mais soeur Ernestine ne cède à personne le droit de rapporter les pantoufles qu'elle a brodées elle-même.
            " Je me charge des commissions importantes, des longues trottes, d'aller chez le pharmacien ou le médecin.
            " De votre côté, vous courez le village aux menues provisions.
            " Mais vous devez, deux ou trois heures par jour et par tous les temps, laver à la rivière. Ce sera le plus dur de votre travail, ma pauvre fille ; je n'y peux rien. Cependant, je tâcherai quelquefois, si je suis libre, de vous donner un coup de main, quand vous étendrez le linge sur la haie.
            " J'y pense : un conseil. N'étendez jamais votre linge sur les arbres fruitiers. M. Lepic, sans vous adresser d'observation, d'une chiquenaude le jetterait par terre, et Mme Lepic, pour une tache, vous renverrait le laver.
            " Je vous recommande les chaussures. Mettez beaucoup de graisse sur les souliers de chasse et très peu de cirage sur les bottines. Ça les brûle.
            " Ne vous acharnez pas après les culottes crottées. M. Lepic affirme que la boue les conserve. Il marche au milieu de la terre labourée sans relever le bas de son pantalon. Je préfère relever le mien, quand M. Lepic m'emmène et que je porte le carnier.
            - Poil de Carotte, me dit-il, tu ne deviendras jamais un chasseur sérieux.
            " Et Mme Lepic me dit :
            - Gare à tes oreilles si tu te salis.
            " C'est une affaire de goût.
            " En somme, vous ne serez pas trop à plaindre. Pendant mes vacances, nous nous partagerons la besogne et vous en aurez moins, ma soeur, mon frère et moi rentrés à la pension. Ça revient au même.
            " D'ailleurs, personne ne vous semblera bien méchant. Interrogez nos amis : ils vous jureront tous que ma soeur Ernestine a une douceur angélique, mon frère Félix, un coeur d'or, M. Lepic l'esprit droit, le jugement sûr, et Mme Lepic un rare talent de cordon bleu. C'est peut-être à moi que vous trouverez le plus difficile caractère de la famille. Au fond, j'en vaux un autre. Il suffit de savoir me prendre. Du reste, je me raisonne, je me corrige ; sans fausse modestie, je m'améliore, et si vous y mettez un peu du vôtre, nous vivrons en bonne intelligence.
            " Non, ne m'appelez plus monsieur, appelez-moi Poil de Carotte, comme tout le monde. C'est moins long que M. Lepic fils. Seulement, je vous prie de ne pas me tutoyer, à la façon de votre grand-mère Honorine que je détestais, parce qu'elle me froissait toujours.


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                                                              " L'aveugle "

            Du bout de son bâton, il frappe discrètement la porte.                tajan.auction.fr
Résultat de recherche d'images pour "maison campagne neige 1900"            Madame Lepic
            - Qu'est-ce qu'il veut encore, celui-là ?
            Monsieur Lepic
            - Tu ne le sais pas ? Il veut ses dix sous ;  c'est son jour. Laisse-le entrer.

            Mme Lepic, maussade, ouvre la porte, tire l'aveugle par le bras, brusquement, à cause du froid.
            - Bonjour, tous ceux qui sont là ! dit l'aveugle.
            Il s'avance. Son bâton court à petits pas sur les dalles comme pour chasser des souris, et rencontre une chaise. L'aveugle s'assied et tend au poêle ses mains transies.
            M. Lepic tend une pièce de dix sous et dit :
            - Voilà !
            Il ne s'occupe plus de lui ; il continue la lecture d'un journal.
            Poil de Carotte s'amuse. Accroupi dans son coin, il regarde les sabots de l'aveugle : ils fondent et, tout autour, des rigoles se dessinent déjà.
            Mme Lepic s'en aperçoit.
            - Prêtez-moi vos sabots, vieux, dit-elle.
            Elle les porte sous la cheminée, trop tard ; ils ont laissé une mare, et les pieds de l'aveugle inquiet sentent l'humidité, se lèvent, tantôt l'un, tantôt l'autre, écartent la neige boueuse, la répandent au loin.
            D'un ongle, Poil de Carotte, gratte le sol, fait signe à l'eau sale de couler vers lui, indique des crevasses profondes.
            - Puisqu'il a ses dix sous, dit Mme Lepic, sans crainte d'être entendue, que demande-t-il ?
            Mais l'aveugle parle politique, d'abord timidement, ensuite avec confiance. Quand les mots ne viennent pas, il agite son bâton, se brûle le poing au tuyau du poêle, le retire vite et, soupçonneux, roule son blanc d'oeil au fond de ses larmes intarissables.
            Parfois M. Lepic, qui tourne le journal, dit :
            - Sans doute, papa Tissier, sans doute, mais en êtes-vous sûr ?
           - Si j'en suis sûr ! s'écrie l'aveugle. Ça, par exemple, c'est fort ! Écoutez-moi, monsieur Lepic, vous allez voir comment je m'ai aveuglé.
            - Il ne démarrera plus, dit Mme Lepic.
            En effet, l'aveugle se trouve mieux. Il raconte son accident, s'étire et fond tout entier. Il avait dans les veines des glaçons qui se dissolvent et circulent. On croirait que ses vêtements et ses membres suent de l'huile.
            Par terre, la mare augmente ; elle gagne Poil de Carotte, elle arrive :
            C'est lui le but.
            Bientôt, il pourra jouer avec.
            Cependant, Mme Lepic commence une manoeuvre habile. Elle frôle l'aveugle, lui donne des coups de coude, lui marche sur les pieds, le fait reculer, le force à se loger entre le buffet et l'armoire où la chaleur ne rayonne pas. L'aveugle, dérouté, tâtonne, gesticule, et ses doigts grimpent comme des bêtes. Il ramone sa nuit. De nouveau, les glaçons se forment ; voici qu'il regèle.
            Et l'aveugle termine son histoire d'une voix pleurarde.
            - Oui, mes bons amis, fini, plus d'zieux, plus rien, un noir de four.
           Son bâton lui échappe. C'est ce qu'attendait Mme Lepic. Elle se précipite, ramasse le bâton et le rend à l'aveugle - sans le lui rendre.
            Il croit le tenir, il ne l'a pas.
            Au moyen d'adroites tromperies, elle le déplace encore, lui remet ses sabots et le guide du côté de la porte.
            Puis elle le pince légèrement, afin de se venger un peu ; elle le pousse dans la rue sous l'édredon du ciel gris qui se vide de toute sa neige, contre le vent qui grogne ainsi qu'un chien oublié dehors.
            Et avant de refermer la porte, Mme Lepic crie à l'aveugle, comme s'il était sourd :
            - Au revoir ; ne perdez pas votre pièce ; à dimanche prochain s'il fait beau et si vous êtes toujours de ce monde. Ma foi ! vous avez raison, mon vieux papa Tissier, on ne sait jamais ni qui vit ni qui meurt. Chacun ses peines et Dieu pour tous .


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  dealsan.fr                                                   " Le jour de l'An "      
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            Il neige. Pour que le jour de l'an réussisse, il faut qu'il neige.
            Mme Lepic a prudemment laissé la porte de la cour verrouillée. Déjà des gamins secouent le loquet, cognent au bas, discrets d'abord, puis hostiles, à coups de sabot et, las d'espérer, s'éloignent à reculons, les yeux encore vers la fenêtre d'où Mme Lepic les épie. Le bruit de leurs pas s'étouffe dans la neige.
            Poil de Carotte saute du lit, va se débarbouiller, sans savon, dans l'auge du jardin, elle est gelée. Il doit en casser la glace, et ce premier exercice répand par tout son corps une chaleur plus saine que celle des poêles. Mais il feint de se mouiller la figure et, comme on la trouve toujours sale, même lorsqu'il a fait sa toilette à fond, il n'ôte que le plus gros.
            Dispos et frais pour la cérémonie, il se place derrière son grand frère Félix, qui se tient derrière soeur Ernestine, l'aînée. Tous trois entrent dans la cuisine. M. et Mme Lepic viennent de s'y réunir, sans en avoir l'air. Soeur Ernestine les embrasse et dit :
            - Bonjour papa, bonjour maman, je vous souhaite une bonne année, une bonne santé et le paradis à la fin de vos jours. Grand frère Félix dit la même chose, très vite, courant au bout de la phrase, et embrasse pareillement.
            Mais Poil de Carotte sort de sa casquette une lettre. On lit sur l'enveloppe fermée : " A mes chers parents ". Elle ne porte pas d'adresse. Un oiseau d'espèce rare, riche en couleur, file d'un trait dans un coin.
            Poil de Carotte la tend à Mme Lepic, qui la décachette. Des fleurs éclosent ornent abondamment la feuille de papier, et une telle dentelle en fait le tour que souvent la plume de Poil de Carotte est tombée dans les trous, éclaboussant le mot voisin.
            Monsieur Lepic
             - Et moi, je n'ai rien !
             Poil de Carotte
             - C'est pour vous deux ; maman te la prêtera.
             Monsieur Lepic
             - Ainsi, tu aimes mieux ta mère que moi. Alors, fouille-toi, pour voir si cette pièce de dix sous neuve est dans ta poche !
            Poil de Carotte
            - Patiente un peu, maman a fini.
            Madame Lepic
            - Tu as du style, mais une si mauvaise écriture que je ne peux pas lire.
            - Tiens, papa, dit Poil de Carotte empressé, à toi, maintenant.
            Tandis que Poil de Carotte, se tenant droit, attend la réponse, M. Lepic lit la lettre une fois, deux fois, l'examine longuement, selon son habitude, fait " Ah ! ah ! " et la dépose sur la table.
            Elle ne sert plus à rien, son effet entièrement produit. Elle appartient à tout le monde. Chacun peut voir, toucher, soeur Ernestine et grand frère Félix la prennent à leur tour et y cherchent des fautes d'orthographe. Ici, Poil de Carotte a dû changer de plume, on lit mieux. Ensuite, ils la lui rendent.
            Il la tourne et la retourne, sourit laidement, et semble demander :
            - Qui en veut ?
            Enfin il la resserre dans sa casquette.          
            On distribue les étrennes. Soeur Ernestine a une poupée aussi haute qu'elle, plus haute, et grand frère Félix une boîte de soldats en plomb prêts à se battre.
            - Je t'ai réservé une surprise, dit Mme Lepic à Poil de Carotte.
            Poil de Carotte
            - Ah, oui !
            Madame Lepic
            - Pourquoi cet : ah, oui ! Puisque tu la connais, il est inutile que je te la montre.
            Poil de Carotte
            - Que jamais je ne voie Dieu, si je la connais.
            Il lève la main en l'air, grave, sûr de lui. Mme Lepic ouvre le buffet. Poil de Carotte halète. Elle enfonce son bras jusqu'à l'épaule et, lente, mystérieuse, ramène sur un papier jaune une pipe en sucre rouge.
             Poil de Carotte, sans hésitation, rayonne de joie. Il sait ce qu'il lui reste à faire. Bien vite, il veut fumer en présence de ses parents, sous les regards envieux ( mais on ne peut pas tout avoir ! ) de grand frère Félix et de soeur Ernestine. Sa pipe de sucre rouge entre deux doigts seulement, il se cambre, incline la tête du côté gauche. Il arrondit la bouche, rentre les joues et aspire avec force et bruit.
            Puis, quand il a lancé jusqu'au ciel une énorme bouffée :
            - Elle est bonne, dit-il, elle tire bien.


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                                                           " Aller et Retour "                      eparadisdaphrodite.eklablog.com
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            MM Lepic fils et Mlle Lepic viennent en vacances. Au saut de la diligence, et du plus loin qu'il voit ses parents, Poil de Carotte se demande :
            - Est-ce le moment de courir au-devant d'eux ?
            Il hésite :
            - C'est trop tôt, je m'essoufflerais, et puis, il ne faut rien exagérer.
            Il hésite encore :
            - Je courrai à partir d'ici... non, à partir de là...
            Il se pose des questions :
            - Quand faudra-t-il ôter ma casquette ? Lequel des deux embrasser le premier ?
            Mais grand frère Félix et soeur Ernestine l'ont devancé et se partagent les caresses familiales. Quand Poil de Carotte arrive, il n'en reste presque plus.
            - Comment, dit Mme Lepic, tu appelles encore M. Lepic " papa ", à ton âge ? Dis-lui : " mon père " et donne-lui une poignée de main ; c'est plus viril.
            Ensuite elle le baise, une fois, au front, pour ne pas faire de jaloux.
            Poil de Carotte est tellement content de se voir en vacances, qu'il en pleure. Et c'est souvent ainsi : souvent, il manifeste de travers.
            Le jour de la rentrée ( la rentrée est fixée au lundi matin, 2 octobre ; on commencera par la messe du Saint-Esprit ) du plus loin qu'elle entend les grelots de la diligence, Mme Lepic tombe sur ses enfants et les étreint d'une seule brassée. Poil de Carotte ne se trouve pas dedans. Il espère patiemment son tour, la main déjà tendue vers les courroies de l'impériale, ses adieux tout prêts, à ce point triste qu'il chantonne malgré lui.
            - Au revoir, ma mère, dit-il d'un air digne.
            - Tiens, dit Mme Lepic, pour qui te prends-tu, pierrot ? Il t'en coûterait de m'appeler " maman " comme tout le monde ? A-t-on jamais vu ? C'est encore blanc de bec et sale du nez et ça veut faire l'original !
            Cependant elle le baise, une fois, au front, pour ne pas faire de jaloux


                                                                             à suivre...........
             
                                                                                      " Le porte-plume "

            L'institution Saint-Marc........



         

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