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16 mars1663
Levé de fort bonne heure et à mon bureau. Là, sir John Mennes et plusieurs lieutenants de vaisseau et moi nous étudiâmes la question des hardes de matelots, qui est l'occasion pour les commissaires de marine de profiter honteusement des hommes d'équipage. Cela terminé rentrai dîner à la maison puis conduisis ma femme chez sa mère, la laissai avec miss Ashwell chez milord et me rendis chez le Duc pour parler des affaires de la marine. Puis à la commission de Tanger où, entre autres, il fut donné lecture du brevet de lord Peterborough, et monsieur le secrétaire Bennet demanda que celui de milord Rutherford fût rédigé de manière plus conforme aux règles, le premier étant une chose tout à fait extravagante.. Parlâmes longuement de son départ, puis levâmes la séance.
En quittant la cour je rencontrai Mr Coventry et nous nous promenâmes une demi-heure dans la longue galerie de pierre et causâmes de beaucoup de choses. Entre autres de ce que le trésorier a l'intention de commencer à payer nos créances par ordre d'ancienneté, ce qui pour la marine est ce qui permettra de servir le roi de la meilleure façon, et mon coeur se réjouit de l'entendre. Il me parle de l'affaire de John Mennes et de sir William Penn que je connaissais, mais il ne se préoccupe nullement, ou si peu de ce que je la connaissais. Mais il me dit que le but principal de tout cela était de faire mieux accepter la nomination de Mr Pett comme adjoint de sir William Batten et, ajoute-t-il, il voit bien que ni l'un ni l'autre ne peuvent remplir leurs fonctions sans assistance......... Puis nous nous quittâmes, et je retournai auprès de ma femme chez milord, où j'entendis Miss Ashwell pour la première fois jouer du clavecin, et je constate qu'elle joue fort bien, ce qui me fait grand plaisir. Rentrâmes à la maison en fiacre avec un arrêt dans le quartier du Temple pour lui acheter le recueil imprimé du morceau de musique pour virginal. A la maison et au bureau un moment, puis à la maison, souper et au lit.
17 mars
Levé de bonne heure et à mon bureau un moment, puis à la maison et chez sir William Batten. Ensemble, en voiture, à la colline de Sainte-Marguerite à Southwark où arrivèrent le juge de l'Amirauté et les autres docteurs en droit civil et d'autres commissaires. On procéda à la lecture de la commission d'audition et de jugement, puis le Dr Exton donna ses instructions au jury qui me parurent assez ennuyeuses....... Après la lecture de la liste des jurés la liste fut levée et l'on partit dîner dans une taverne toute proche...... Mais je vois que cette cour n'est encore qu'à ses balbutiements........... L'après-midi retour au tribunal où Abraham, le maître d'équipage du bateau de plaisance du roi fut jugé pour avoir noyé un homme et ensuite Turpin accusé par notre fieffé gredin de Field d'avoir volé du bois appartenant au roi/ Mais après examen complet de leur cas, ils furent tous deux acquittés. De même que j'étais heureux du premier jugement par lequel l'homme avait la vie sauve, je considérai l'autre comme très favorable pour nous, car si Turpin avait été déclaré coupable cela aurait produit un effet désastreux sur tout le monde, eu égard à l'affaire qui nous oppose à Field.
Puis à la maison, l'esprit fort soulagé, par le fleuve jusqu'à la Tour. Du bureau où il n'y avait personne, avec sir William Batten chez milord le maire que nous trouvâmes en compagnie du colonel Strangeways et de sir Richard Floyd, membre du Parlement, dans la cave, en train de boire. Nous prîmes place à leurs côtés puis remontâmes et fûmes bientôt rejoints par sir Richard Ford. Tout en buvant nous causâmes et il ressort, à mon sens, que sir Richard Ford est un homme de grande intelligence et un parleur habile, ainsi qu'un érudit. Milord le maire, en revanche, me paraît être un sot, un hâbleur et un vantard, un homme qui voudrait faire accroire qu'il a entraîné toute la Cité dans le grand dessein de faire revenir le roi, et que nul ne soupçonnait ses machinations ni la lanterne sourde qui éclairait son chemin, tandis qu'il les menait tous au labour, comme des boeufs et des ânes, ce sont ses propres paroles, pour atteindre son but. Alors que d'après tout ce qu'il dit, m'est avis qu'il n'es pas de plus grand fat dans la Cité. Mais il est résolu à accomplir de grandes choses en rasant les boutiques selon un axe qui traverse toute la Cité, comme il l'a fait en des endroits dégageant ainsi une grande voie qui traversera la Cité par Canning Street, ce qui sera en effet admirable. Il y a aussi son ordonnance qu'il se vante d'avoir lui-même rédigée et fait imprimer, comme les cochers et les charretiers qui offensent les personnes de qualité dans les rues. Mais cela est si sottement écrit, et nous y relevâmes des fautes, que je crois qu'il aura la sagesse de n'y plus penser, tout imprimée qu'elle soit..................
C'est chose extraordinaire que de l'entendre s'étourdir de grands mots et prétendre qu'il contrôle la Cité tout entière à la cour des échevins,....... qu'il fera en sorte que la Cité n'ose plus se soulever à nouveau, alors que je suis bien convaincu qu'il n'y a pas un homme, ou presque, dans la Cité qui ne se soucie de lui comme d'une guigne, et que n'importe quel marchand a davantage de cervelle que lui.
Puis à la maison, écrivis une lettre au commissaire Pett à Cjhattam, le priant de faire tour son possible pour apaiser le différend qui oppose le major Holmes à Cooper, son lieutenant de vaisseau.
Puis, au lit.
18 mars
M'éveillai de bonne heure et causai un moment avec ma femme d'une servante qu'elle a engagée hier et dont j'aurais voulu m'enquérir avant sa venue, car elle a servi dans de grandes maison. Puis lever et au bureau toute la matinée. A midi rentrai dîner à la maison, ensuite par le fleuve à Rotherhithe avec ma femme et Miss Ashwell, et promenade. Je les laissai à la taverne de la Demi-Étape et allai à Deptford. Visitai les magasins et montai à bord de deux ou trois vaisseaux qui s'apprêtaient à appareiller, puis m'en retournai et trouvai ma femme qui venait à ma rencontre à pied. Retour à la maison bien divertis par notre miss Ashwell, une personne fort gaie. Passai un moment au bureau et à la maison, souper et au lit. Aujourd'hui j'ai pris grand plaisir à mon virginal, que j'ai fait accorder hier car miss Ashwell en joue fort bien.
19 mars
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Levé de bonne heure et à Woolwich tout seul par le fleuve où je surpris la plupart des officiers encore au lit. Je fis un tour et m'enquis de la manière dont les choses allaient. Me rendis un peu plus tard chez le vérificateur des rôles et goûtai son excellent fromage de hure de la Jamaïque puis, à pied, à Greenwich avec Deane un moment. Il me parla de l'orgueil et de la corruption de la plupart des autres officiers de l'arsenal, et je crois qu'il dit vrai. Puis à Deptford........ Je vois que les gens commencent à me considérer à l'égal des autres. A midi Mr Waith m'invita chez lui où je dînai et vis sa femme, une jolie personne, et mangeai du bon poisson. Après dîner nous allâmes à pied à Rotherhithe et nous causâmes de plusieurs abus dans la marine. J'appris beaucoup et fus heureux de sa compagnie.
Retour à la maison par le fleuve et au bureau où réunion jusqu'à presque 9 heures. Ensuite, après m'être occupé de mes propres affaires écrivis des lettres, etc., à la maison, souper et au lit, las et irrité de ne point trouver d'autres personnes aussi prêtes à agir que moi quand je me suis donné de la peine pour découvrir ce qui manque aux arsenaux, et ce qu'il convient de faire.
20 mars
Levé de bonne heure, traversai le fleuve et à pied jusqu'à Deptford où je visitai l'arsenal et vis les deux vérificateurs des rôles pour les compléter par notre méthode, ce qui fut fait à la perfection. Rentré à pied à la maison je trouve ma femme au lit dans de grandes souffrances à cause de ses menstrues. Je restai dîner auprès d'elle. Ressortis ensuite, pris une barque jusqu'au quartier du Temple et dans Fleet Street m'achetai une petite épée à poignée dorée pour 23 shillings, et des bas de soie assortis au drap de mon habit de cavalier pour 15 shillings. M'achetai aussi une ceinture dans la même échoppe pour 15 shillings. Puis visitai mon frère et découvris qu'il avait une nouvelle servante, une fort jolie fille. Pourvu qu'il n'aille pas faire des sottises avec elle. Retour à la maison, rencontrai le cousin de Mr Kirton dans l'enclos de Saint-Paul et nous entrâmes dans un café où j'apprends que des protestants mécontents ont pensé attaquer Dublin par surprise, entre autres.choses semblables. Et il semble que les commissaires aient épousé avec tant de zèle le parti des papistes que les autres ne le sauraient tolérer. Hewlett et quelques autres ont été mis sous les verrous et l'on dit que le roi a commandé la dissolution du Parlement d'Irlande qui a violemment critiqué les commissaires.
Fasse le ciel que tout cela se termine bien. Puis à la maison où arrive le capitaine Ferrer et peu après Mr Bland. Causâmes jusqu'à 9/10 heures, puis bonne nuit. Le capitaine était venu inviter ma femme au baptême de son enfant.
Puis, ma femme étant rétablie nous passâmes la soirée agréablement avec miss Ashwell et, au lit.
21 mars 1663
Levé de bonne heure et à mon bureau. A midi, après un repas léger, me remis au travail. Peu après, comme convenu, le conseil siégea au grand complet Avec Philip Warwick et sir Robert Long, nous discutâmes des dettes de la marine et du moyen de les régler, de façon à repartir sur la base nouvelle de 200 000 livres par an, que le roi est résolu à ne point dépasser. Ensuite discussion vive avec le capitaine Holmes...... exigea le renvoi immédiat de son lieutenant de vaisseau, Cooper, ce à quoi je m'opposai, non pour le défendre...... mais afin de ne pas condamner un homme sans l'avoir entendu. Alors, un mot en appelant un autre, nous en vînmes à échanger des paroles fort violentes, ce qui me jeta dans un grand trouble............ Puis nous levâmes la séance et je retournai soucieux dans mon bureau, quoique conscient de ce que tous les officiers sont d'avis qu'il s'est conduit d'une façon tout à fait inconvenante.
Puis écrivis du courrier, et à la maison, souper et au lit.
22 mars
Jour du Seigneur
Me levai de bonne heure et rédigeai, au bureau notre requête au Parlement par laquelle nous demandons à être faits juges de paix dans la Cité. Puis à la maison et à l'office où un pasteur ennuyeux et dépourvu d'invention pria pour le Très Honorable lord John Berkeley......
A la maison pour dîner, ensuite, ma femme, moi et sa dame de compagnie en fiacre jusqu'à Westminster. Arrivés trop tôt pour le baptême, nous emmenâmes Mr Creed et sortîmes prendre l'air, nous allâmes jusqu'au-delà de Chelsea où je descendis et les laissai continuer en fiacre pendant que je me rendais à l'église, pensant voir les jeunes demoiselles de l'école, à la demande de Miss Ashwell. Mais je ne pus m'approcher et ressortis donc. Quand revint la voiture je remontai et retour à Westminster, conduisis ma femme et miss Ashwell chez le capitaine Ferrer tandis que je me rendais chez milord Sandwich avec qui je m'entretins un bon moment. J'apprends que la Cour voudrait faire avancer cette affaire de tolérance, mais le Parlement est contre. En Irlande le mécontentement est grand.
Puis chez le capitaine Ferrer, beaucoup de belles dames et la maison joliment et bien meublée. Elle fait ses couches en grand apparat.......... Fort bonne collation. Impossible de nous en aller avant 9 heures du soir. Retour à la maison. Mon fiacre m'a coûté 7 shillings. Ensuite, prières et, au lit.
Toute la journée, bien qu'assez joyeux, je n'ai pu chasser de mon esprit la querelle d'hier ni une crainte naturelle d'être provoqué en duel par Holmes à cause des paroles que je lui dites, quoique je n'aie rien dit qui ne convînt à un officier de mon rang.
23 mars
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Levé de bonne heure et à mon bureau. Avant midi ma femme et moi fîmes une petite collation, car nous pension sortir tous les deux. Mais arriva Mr Hunt que nous fûmes obligés de retenir à dîner.......... Après dîner il s'en alla, et ma femme, moi et miss Ashwell prîmes un fiacre, déposai ma femme chez sa mère et miss Ashwelle qui allait voir son père et sa mère, chez milord, puis me rendis à Whitehall, redoutant presque, tant j'ai peu de courage, de rencontrer le major Holmes Le Duc arriva bientôt et nous vaquâmes à nos affaires habituelles. Puis la commission de Tanger......... pour établir les règlements pour l'administration de Tanger, ce dont je ne suis guère capable, mais je suis heureux de leur être associé, car je vais m'instruire grâce à eux.
Puis chez milord Sandwich, et qui rencontrai-je à la porte ? Le major Holmes. Il voulut se retirer mais je lui dis que je ne voulais point gâcher sa visite et voulus partir. Nonobstant nous engageâmes la conversation et il me demanda, en quelque sorte, de l'excuser pour les paroles violentes qu'il avait prononcer l'autre jour dans sa colère, ce que j'étais fort disposé à accepter.......
Retournai en fiacre à la maison où je trouve Will Howe, qui vient de rentrer aujourd'hui, avec ma femme. Il passa la nuit chez nous et nous veillâmes tard à chanter des chansons puis, lui et moi dormîmes ensemble dans le lit de Miss Ashwell, et elle avec ma femme. C'est la première fois que je couche dans cette chambre.
Aujourd'hui Greatorex m'a apporté un fort joli thermomètre.
24 mars
Resté au lit assez tard, c'est-à-dire jusqu'à six heures sonnées. Lever puis fort joli moment passé avec Mr Howe. Il s'en alla après le déjeuner et je me rendis à mon bureau. Un peu plus tard, avec Mr Mennes au bureau des subsistances rencontrer plusieurs personnes pour examiner la manière de présenter les demandes d'argent que certains doivent adresser au roi.
Nous visitâmes leur fournil et tous leurs fours, le biscuit, de surcroît est bon, je n'en jamais mangé de meilleur.
Nous repartîmes ensuite vers le bureau, nous arrêtant en chemin chez Brown, le fabricant d'instruments de mathématiques, dans les Minories, avec l'intention d'acheter une règle de White pour mesurer le bois, mais ne parvînmes pas à nous accorder sur le prix. Puis à la maison pour dîner, et à mon bureau. Réunion, nous jugeâmes l'affaire de Cooper contre le capitaine Holmes. Mais il m'apparaît que Cooper est un ivrogne querelleur quoiqu'il connaisse bien son métier, je suis donc content qu'il soit renvoyé. Je n'ai vu aucune raison de m'y opposer bien que je sache les raisons de ce que l'on a fait contre lui, une grande jalousie et beaucoup d'orgueil.
La réunion se termina bientôt et, après avoir écrit des lettres, etc., à la maison, souper, et au lit.
25 mars
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Me levai de bonne heure et à mon bureau. A midi dîner et à la Bourse, puis à la taverne du Soleil pour voir Mr Ruterford, dînai avec lui et quelques officiers de sa compagnie, des gentilshommes écossais fort instruits et à la conversation agréable. Milord me traita avec grand respect et me parla de ses affaires comme à une personne possédant son estime......... Il s'en alla peu après en oubliant de me saluer, car je m'étais retourner pour observer la volière qui est fort jolie et les oiseaux commencent à bien chanter.
A la maison et à mon bureau jusqu'à ce soir à lire et à consulter le livre concernant l'échelle des nombres et à étudier la règle que j'ai achetée ce matin à Brown, ce qui me produit beaucoup de plaisir.
Ce visite du capitaine Grove à propos de vaisseaux à affréter pour Tanger. Je lui ai laissé entendre que j'aimerais tirer un profit légitime de ce marché et il m'en fait la promesse. Il m'informera de tout ce qu'il obtiendra et j'en recevrai une part, ce que je n'avais pas demandé mais à quoi je consentis en silence, ainsi que de l'argent. Je vois que cette affaire va me rapporter quelque chose.
Après le passage de Mr Bland à mon bureau jusqu'à une heure avancée, à la maison et au lit.
Comme c'était aujourd'hui jour de lessive et que ma servante était malade, ou voudrait nous le faire croire, ma maison est dans un tel désordre que tout ou presque n'y est que source de déplaisir. Ma femme est tourmentée de ne pas avoir une bonne cuisinière, en outre je ne peux donner mon dîner en souvenir de mon opération de la pierre demain comme je le devrais. Mais je le ferai dans un jour ou deux.
26 mars
Levé de bonne heure et à mon bureau, laissé ma femme au lit prendre sa médecine, je suis moi-même assez souffrant aujourd'hui par la faute d'un rhume à cause de la température passée du chaud au froid.
Il y a cinq ans ce jour qu'il plut à Dieu de me conserver la vie quand je fus opéré de la maladie de la pierre, depuis lors, le Seigneur soit loué ! je vais bien à tous égards, si ce n'est que de temps en temps, quand je prends froid, je ressens quelque douleur, mais cela mis à part je suis toujours en excellente santé. Mais je n'ai pu aujourd'hui donné mon festin comme à l'accoutumée en raison de l'indisposition de ma femme et d'autres dérangements.....
Ce matin est arrivée une nouvelle cuisinière à 4 livres par an, c'est la première fois que je donne autant, mais nous espérons bien que nous ne perdrons pas à employer une bonne cuisinière. Elle était auparavant chez milord Monck. Et en effet pour dîner elle apprêta ce que nous avions de belle façon, ce qui me fit grand plaisir.
Ce matin mon oncle Thomas vint me voir, conformément à notre arrangement et je lui payai les 50 livres, dont je me séparai à regret, mais il me faut pourtant faire contre mauvaise fortune bon coeur. Je le traitai fort gentiment et souhaitai poursuivre de cette manière, l'esprit libre de tout mécontentement au sujet de mes terres, afin de pouvoir d'autant mieux me consacrer à mon travail.
Je le retrouvai à la Bourse car je désirais rencontrer mon oncle Wight pour faire la paix, je crains un différend entre nous à cause de ma longue absence, mais il n'était pas là et je ne pus le voir. . Travaillai en réunion tout l'après-midi, jusqu'à 9 ou 10 heures du soir, puis expédiai quelques affaires, à la maison, souper et au lit.
Ma servante Susan est partie aujourd'hui pour que je puisse mettre ma nouvelle servante à sa place. Je lui ai donné quelque chose pour se permettre de se loger et de se nourrir ailleurs quelque temps.
27 mars
Levé de bonne heure et à mon bureau toute la matinée. A midi à la Bourse où retrouvai mon oncle Thomas et Wight, les accompagnai à une taverne et là remis à mon oncle Wight trois pièces d'or pour lui, ma tante et leur fils qui est mort, léguées par mon oncle Robert et relus l'accord entre nous et mon oncle Thomas et l'inventaire de nos dettes et de nos legs. Et nous voici tous, je le crois, redevenus bons amis, mais c'est mon père et moi qui faisons la moins bonne affaire, avec tout cet argent qu'il a fallu payer.
Je retournai à la Bourse et de là avec Creed dans Fleet Street......... dînâmes tous deux en dépit de l'heure tardive aux Colonnes d'Hercule. Repartîmes avec un ami du capitaine Ferrer que je voyais autrefois au théâtre. Ils auraient voulu aller dans quelque maison de jeu, mais je refusai et nous nous séparâmes. Je passai quelque temps dans l'enclos de Saint-Paul dans la boutique de livres étrangers à feuilleter des ouvrages espagnols et ne parvins qu'à grand-peine à me retenir d'y dépenser de l'argent, tout comme j'avais dû me forcer avec mes deux compagnons, car l'envie ne me manquait pas d'aller dans une maison de dissipation avec eux. Je rentrai à la maison, et après un peu de temps à mon bureau, à la maison, souper et au lit.
28 mars 1663
Levé de bonne heure et à mon bureau. Dînai à la maison avec Creed, et bien que la journée fut très froide et le vent violent je l'emmenai par la route à Deptford, ma promenade habituelle où j'expédiai quelques affaires. Retour à la maison à pied, en zigzaguant, empruntant les rues le plus possible pour nous éviter de prendre une barque.
A la maison et après avoir écouté un moment miss Ashwell jouer du virginal, à mon bureau où je restai tard et écrivis une lettre de remontrance à mon pauvre père qui est fort réticent à me présenter ses comptes. Je voudrais qu'il le fît, afin de savoir ce qu'il dépense et comment gérer notre bien de façon à payer dettes et legs, dans la mesure du possible. Rentrai tard à la maison, souper et au lit.
29 mars
Jour du Seigneur
M'éveillai comme à l'accoutumée de bonne heure mais, comme c'était dimanche et qu'il faisait très froid, je fis la grasse matinée, d'autant plus qu'il neigeait et pleuvait très fort, ce que je n'aurais pas cru possible encore cette année.
Lever et à l'office. Rentrai dîner à la maison. Après dîner arrive Mr Moore qui causa un bon moment avec nous.............
Après son départ montai dans mon cabinet de travail où avec ma femme et miss Ashwell nous passâmes tout l'après-midi à causer et à rire. Plus tard allai un peu à mon bureau pour lire certains papiers que j'ai trouvés dans la commode de mon domestique William..........
Puis à la maison et m'attelai à mes comptes du mois, laissant la maisonnée aller se coucher après les prières. Je veillai tard et découvris, je crois, que je suis à la tête de 670 livres. Puis au lit, le coeur léger voyant que j'arrondis ma fortune chaque mois, même si ce n'est que de peu. Fasse le Seigneur que cela continue ainsi !
30 mars 1663
Levé de bonne heure et vois que mon thermomètre est redescendu exactement à son niveau d'hier soir avant que je ne fisse faire du feu dans ma chambre, ce qui l'avait fait monter en deux heures de plus d'un demi-degré. Puis à mon bureau où je demeurai toute la matinée, et aussi à la verrerie, après dîner en voiture avec sir William Penn. J'emmenai ma femme et sa dame de compagnie à Westminster pour visiter Mrs Ferrer et Mrs Clarke, tandis que nous nous rendions chez le Duc où nous vaquâmes à nos affaires habituelles, ensuite à la commission de Tanger où, entre autres, nous signâmes et scellâmes tous le contrat pour la construction du môle........ chose que je fis de fort mauvais gré car c'est une affaire à laquelle je n'ai rien compris non plus que la grande majorité des membres du conseil..........
Puis je fus voir milord Sandwich que je trouve fort gai et chaque jour en meilleure santé. Puis retrouvai ma femme qui m'attendait chez milord et la ramenai en fiacre à la maison où pas plus tôt arrivé je me mis au lit, car je souffrais exactement de la même affection qu'il y a peu, à cause du temps glacial, les pores bouchés et de ce fait le corps tout enflammé et me causant fort démangeaisons. Je restai bien au chaud et me fis suer.
31 mars 1663
" modérément de sorte que je me sentis un peu mieux le lendemain. Dans le même dessein je fis la grasse matinée, parlai avec ma femme de mon père que j'attends aujourd'hui, car il doit venir avec les chevaux que l'on amène à milord.
Levé et à mon bureau, travail toute la matinée, puis chez sir William Batten où vinrent Mr Gauden et beaucoup d'autres pour le travail.
A la maison pour dîner et arriva Mr William Joyce, qui est toujours le même, un bavard et un impertinent.
Retour au bureau où j'appris que mesdames Clarke, Pearse et d'autres avaient rendu visite à ma femme. J'entrai leur tenir compagnie un petit moment, puis retour au bureau où je restai tard, puis à la maison, souper, et au lit.
à suivre...............
1er avril 1663
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