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samedi 15 août 2020

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 126 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

Les stratégies de l'hypocrite | Cerveau & Psycho


                                                                                                                   1er Octobre 1664

            Levé et au bureau avant et après-midi, très affairé et trouvant grand plaisir.
            Ce matin, Mrs Lane, aujourd'hui Martin, vint comme une sotte à la taverne du Fer à Cheval, près d'ici et m'envoya quérir tandis que j'étais au bureau, afin que je vinsse lui parler, avec un billet cacheté. Je sais, c'était pour obtenir quelque chose de moi pour son mari. Je lui fis répondre que je la verrais à Westminster et donc n'y allai point, et elle repartit, la pauvre femme.
            Rentré souper le soir, fort las et les yeux irrités à force d'écrire et de lire et, au lit.
            Nous poursuivons maintenant, avec grande vigueur, nos préparatifs contre les Hollandais qui, dit-on, vont certainement nous attaquer après avoir appris comme nous les avons bien rossés en Guinée.


                                                                                                                           2 octobre
                                                                                                          Jour du Seigneur
            Ma femme n'étant pas assez bien pour aller à l'église, je partis à pied avec mon petit valet dans la Cité entrant dans plusieurs églises. Entre autres à Bishopsgate, où je vis l'image ordinairement mise au commencement du Livre du Roi accrochée au mur de l'église, mais fort mal peinte, quoique ce fût un joli tableau à mettre dans une église. J'avais l'intention de voir les Quakers qui, dit-on, se réunissent le jour du Seigneur à la taverne de la Bouche à Bishopsgate, mais je n'en vis pas un seul dehors, et il n'était point séant de demander l'endroit. Je traversai donc Maprfields et j'allai à l'église de Clerkenwell où, selon ce que je désirais, je m'assis au banc voisin de celui de la belle Mrs Butler qui, en vérité, est toujours d'une beauté parfaite. Et c'est une beauté que je suis très content d'avoir, moi, avoir su distinguer, la partie inférieure de son visage étant la plus belle que j'ai jamais vue de toute ma vie. Après l'office je m'en fus chez milady Sandwich, passant par les édifices nouvellement construits par milord Southampton dans les champs derrière Grey's Inn, et qui sont, à la vérité, tout à fait superbes.
            Je dînai donc avec milady, et conversation aussi innocente que de coutume, si ce n'est qu'après dîner, seul à seul, elle me demanda ce que je pensais de Creed, s'il voulait prendre femme ou non, et quelle était sa fortune, et proposa Mrs Wright, dont elle l'entendit un jour s'enquérir, dit-elle. Elle me pria de choisir le meilleur moment et la meilleure façon de proposer ce mariage, et j’acquiesçai, quoique je fusse persuadé qu'il n'aimerait que l'argent et, à ce qu'elle dit, il n'en fallait guère attendre de ce côté-là.
            Retourné à l'église de Clerkenwell, espérant apercevoir derechef la belle Butler, mais sans succès. Et donc, après l'église, revins à travers champs jusque chez moi, où ma femme se mit en colère contre moi parce que je n'étais pas rentré à la maison pour courir après des beautés, me dit-elle sans détours, Je fis la paix, et puis souper.
            Ce soir, Mrs Lane - Martin, et son mari vinrent solliciter mon aide pour lui trouver une place, à lui. Il paraît que ce pauvre Mr Daniel, du bureau des subsistances est mort. C'est une trop bonne place pour que ce blanc-bec y succède, mais je lui offris les plus belles paroles que je pus et, après avoir bu un verre de vin, les renvoyai, mais avec beaucoup de bonté. Puis souper, prières et, au lit.


                                                                                                               3 octobre

            Levé, en voiture avec sir John Mennes jusqu'à St James où il n'est bruit, désormais, que de préparatifs fiévreux contre les Hollandais, et comme j'étais avec le Duc, il nous dit qu'il était résolu à prendre la mer et que sir William Penn partirait à bord du même navire que lui, un honneur, Dieu me pardonne ! que je ne lui verrais accorder que de mauvaise grâce, à cause de sa fourberie et de sa dissimulation, quoique je n'envie guère de prendre la place moi-même. 
            On parle aussi d'armer une seconde flotte et de construire d'autres navires en toute hâte. Et maintenant, il est probable qu'à force de lanterner, nous nous somme mis réciproquement au point de ne plus pouvoir reculer.
            Puis, la tête toute remplie de ces affaires, nous levâmes la séance. Allé chez mon barbier où je ne vis que Jane, à qui je caressai le menton, et rendu à la Bourse où demeurai longtemps à cause de plusieurs affaires dont j'espère tirer de l'argent. 
            Rentré dîner à la maison où je trouvai Hawley. Mais, rencontrant la femme de Bagwell au bureau avant de rentrer chez moi, je la fis entrer dans le bureau et je l'embrassai seulement. Elle me gourmanda pour cela, me disant que si j'en faisais autant à beaucoup d'autres cela ternirait ma réputation. Mais je ne vois pas qu'elle le prenne si mal, quoique je la croie, en somme, fort honnête femme. Après donc quelques mots aimables, nous prîmes congé et je rentrai dîner, et après descendis à Deptford où je trouvai Mr Coventry et où nous fîmes une expérience avec du cordage de Hollande et du nôtre, et le notre se montra très supérieur. Nous restâmes tard. Revenus ensemble par le fleuve, et j'allai à mon bureau, demeuré tard à mettre des choses en bon ordre. 
            Mr Bland vint me voir ce soir pour prendre congé puisqu'il part pour Tanger où je lui souhaite plein de succès.
            A la maison, souper et, au lit. L'esprit chagrin d'avoir tant d'affaires à traiter que je ne puis m'y appliquer comme je devrais et en tirer de l'argent, et plus encore de les avoir négligées en me montrant et en paraissant plus occupé en public que n'aurais dû ces derniers temps parmi toutes ces affaires pressantes. Mais il est encore temps de réparer cela et, avec l'aide de Dieu, j'y pourvoirai.


                                                                                                                         4 octobre

            Levé et au bureau, réunion toute la matinée. Et ce matin sir William Penn s'en fut à Chatham examiner les navires prêts à prendre la mer, en particulier celui où le Duc et lui vont embarquer. Il emmène avec lui George Ascue qu'il a introduit, à ce que je crois. 
            A midi à la Bourse, puis à la maison. Je trouve ma tante James et les deux dames Joyce. Elles dînèrent fort gaiement avec nous, et ensuite au Théâtre pour voir Le Général qui est une pièce si ennuyeuse et si mal jouée que je crois bien que c'est la pire que j'aie de ma vie vue ou entendue. J'étais par hasard assis à côté de sir Charles Sedley, homme que je trouve fort spirituel qui à chaque vers remarqua la sottise du poète et le défaut de l'action, de la façon la plus pertinente, ce dont je fus charmé, entre autres quand sur l'ordre d'Altemira, Clarimont le Général doit aller secourir son rival qu'elle aimait, Lucidor, et qu'après maintes tergiversations il s'exclame : 
            " - Je sauve mon rival afin qu'elle concède
                 Que je mérite, moi, ce qu'au plus il possède. "
             - Ah çà ! Peste ! dit sir Charles, que voudrait-il qu'il ait de plus ? Et que peut-on obtenir de plus d'une femme que de la posséder ?
            Après les avoir toutes déposées chez elles, rentré à la maison avec ma femme et Mrs Mercer, fâché d'avoir perdu mon temps et plus de 20 shillings et d'avoir négligé mon travail pour voir une si méchante pièce. On nous a dit que demain ou après-demain on donnera une nouvelle pièce, Le Rêve du Pasteur, jouée entièrement par des femmes.
            Retour au bureau où je travaillai, puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                             5 octobre 1664

            Levé de bonne heure et à mon bureau. Allé en voiture au nouveau Bridewell voir Mr Poyntz et discuter avec lui ( il dirige l'asile des pauvres ) de la confection pour nous d'étamine à pavillons, mais il n'y était pas. Toutefois son commis me fit visiter l'ensemble des salles. Je vis avec grand plaisir tous les jolis ouvrages et les petits enfants au travail, chacun ayant sa tâche. Ce qui était fort beau à voir et digne d'encouragement. Je leur jetai une pièce d'une couronne et m'en fus à la Bourse et chez les toiliers en gros pour m'enquérir de calicots et voir ce que l'on en peut faire pour palier notre manque d'étamine à pavillons. Et je crois que je ferai là quelque chose d'avantageux pour le roi. Puis allé au café où entre en conversation avec le secrétaire des " virtuosi " de Gresham College et nous eûmes une fort belle conversation. Il me dit qu'un instrument nouvellement inventé sera tantôt essayé devant le Collège, et je compte le voir. Puis à Trinity House où je dînai en compagnie de ces vieux barbons ennuyeux, puis à la maison et un moment à mon bureau. Mr Cocker vint me voir, je causai avec lui de son écriture et de l'excellence de sa vue, et je m'enquis de la façon de me procurer quelque loupe pour secourir mes yeux à la clarté d'une chandelle. Il me dit qu'il m'apportera dans un jour ou deux les aides dont il dispose et qu'il me montrera ce qu'il fait.
            Allé à la séance de musique derrière la pose, où je me suis déjà rendu une fois. Et voilà qu'arrivent tantôt Gresham College au complet, et grand concours de noble compagnie. On apporta le nouvel instrument, une viole à arc pourvue de cordes de luth, dont on joue à l'aide d'un clavier comme d'un orgue et dans lequel un morceau de parchemin reste en mouvement constant. Les cordes appuyées là-contre par les touches sont raclées par le parchemin comme par un archet, et tout cela est censé ressembler à plusieurs violes touchées par le même archet, mais avec un son si grossier et si rude, que cela ne saurait convenir. Et au bout de trois heures on ne pouvait plus le tenir accordé. Ils furent dont trop heureux d'aller entendre quelque autre musique d'instruments, dont je suis tout à fait dégoûté. Et donc après une bonne conversation avec Messrs Spong, Hill, Grant, le docteur Whistler et d'autres, tout à tour, je retournai à mon bureau, où je demeurai tard, puis à la maison où, à ce que j'entends, ma femme a parlé à Jane et aplani leurs différends, si bien qu'elle reste chez nous. Ce dont je suis bien aise car son seul défaut est d'être endormie et étourdie, et est, par ailleurs une servante d'un bon naturel, tranquille, de bonne volonté, honnête, qui fait ce qu'on lui dit pour peu qu'on le lui commande et qu'on y veille.
            Ce matin, à 3 heures, le prince en compagnie du roi et du Duc, descendit le fleuve. Et le prince mit à la voile à la marée suivante et est donc sorti du Hope. Dieu lui accorde meilleur succès qu'il n'eut jadis                          
 .agoravox.frHypocrisie, incohérence et fanatisme - AgoraVox le média citoyen                  ùanoneupratmaxsité.com  L'hypocrisie est un vice à la mode“
            Aujourd'hui, Mr Bland est parti en voyage pour Tanger.
            Aujourd'hui encore, j'ai reçu une lettre d'une écriture inconnue qui m’informe que Jack Angier, à ce que croit son auteur, et mort à Lisbonne.


                                                                                                                    6 octobre

            Levé et au bureau occupé toute la matinée. Entre autres à cette affaire de pavillons et ma fourniture de calicots pour faire pièce à Young et à Whistler. A midi, comme convenu, Mr Pearse, et sa femme et Madame Clerke vintrent dîner avec moi, d'une excellente échine de boeuf, et passèrent l'après -midi fort agréablement, tout l'après-midi. Le soir à mon bureau, après qu'ils furent partis, et tard au travail, et puis à la maison, souper et, au lit. Mon esprit se ressaisissant dans la poursuite de mon travail.


                                                                                                                    7 octobre

            Resté au lit un bon moment, d'assez mauvaise humeur, au point d'échanger des paroles désagréables avec ma femme, et même quelques horions, parce que nos plats étaient mal servis hier, mais tout finit par une réconciliation. Puis je me levai et à mon bureau, affairé toute la matinée. A midi dînai à la maison, puis retour à mon bureau. Sorti ensuite chercher des calicots pour confectionner des pavillons, et j'espère gagner un petit profit pour mes efforts tout en épargnant au roi de grandes dépenses.
            Rentré à la maison et à mon bureau où Mr Cocker m'apporta une boule de verre et un cadre de papier huilé, comme je l'en avais prié, afin de me montrer comment il s'y prenait pour obtenir la lumière qu'il lui fallait pour graver et en diminuer l'éblouissement à volonté à l'aide d'un papier huilé. Je le lui achetai au prix d'une couronne. Il partit fort satisfait, et je me remis à mon travail, puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                         8 octobre

            Toute la matinée au bureau et, après dîner, sorti. Entre autres passé marché avec un certain Mr Bridges à l'Ours blanc, à Cornhill, pour cent pièces de calicot à faire des pavillons. Et, de même que je sais que j'épargne l'argent du roi, j'espère en gagner un peu moi-même pour ma peine et l'avance de mon argent.
            Travailler tard dans la soirée, puis arrive le capitaine Taylor, et discutons jusqu'à minuit sur la cargaison de son navire l'Eagle que je louai naguère pour Tanger. Nous conclûmes enfin et j'espère gagner un peu d'argent, une bagatelle.
            A la maison et, au lit. Las et souffrant du froid mais satisfait d'avoir conclu cette affaire.


                                                                                                                          9 octobre
                                                                                                        Jour du Seigneur
            Resté assez longtemps au lit. Levé assez tôt toutefois avec ma femme pour aller à l'église. Puis rentré dîner, et Mr Fuller, mon camarade de Cambridge, pour la même affaire que dernièrement, pour faire débarquer un marinier, me dit qu'il devait prêcher à l'église de Barking. Allé donc l'écouter, et il prêcha fort élégamment. De là, comme il était encore temps, allé à notre église où resté discrètement sous le porche à lorgner une jolie dame et la suivre de l'église jusque chez elle. Elle regagna une maison proche de la Tour, et je crois bien que c'est une des plus jolies femmes que j'aie jamais vues. 
            Rentré à la maison et un moment affairé à mon bureau, puis chez mon oncle Wight où, il parait, que ma femme est allée et a soupé. Mais ma tante et mon oncle de fort méchante humeur l'un contre l'autre. Je parvins à grand-peine à les empêcher de se quereller. Après souper à la maison et, au lit. Sans prières, car il fait froid et c'est demain jour de lessive. 


                                                                                                                   10 octobre 

            Levé et, comme il fait pluvieux, dans le carrosse de sir William Penn à St James où, comme à l'accoutumée, nous traitons nos affaires avec le Duc. Et il se découvre chaque jour davantage de préparatifs contre la Hollande. Et, ce qui, je dois l'avouer excite quelque peu mon envie, le crédit de sir William Penn auprès du Duc croît de jour en en jour, en raison de ce qu'il servit naguère dans la guerre contre la Hollande. Mais je suis certain que c'est à cause de quelque grande obligation qu'a Mr Coventry envers lui, car ce dernier doit bien savoir que c'est un homme de peu d'esprit, qui n'est qu'un marin de métier.
            En rentrant en carrosse avec sir William Batten il me conta comment sir John Mennes, par les bons soins de sir Richard Ford, fut hier soir amené chez lui et lui révéla la raison de sa si longue fâcherie avec lui, et les voilà maintenant réconciliés, ce dont je suis marri. Mais il me le conta si rondement que je vois bien qu'il n'y a pas de véritable entente entre eux, ni d'amitié. J'espère donc qu'il n'y aura pas de grande alliance pour quoi que ce soit, ni ne vois-je que sir John ne soit rassoté comme il l'était. Mais sir William Batten continue d'invectiver contre Mr Turner et contre sa femme. Il me dit que c'est un fourbe et sa femme une hypocrite qui a des dents gâtées et en met de fausses tenues par du fil de métal. Et comme je sais que c'est bien ce qu'ils sont, je suis bien aise qu'il s'en soit avisé.
            Au café, puis à la Bourse où, avec sir William Warren au café derrière la Bourse et resté là seul avec lui jusqu'à 4 heures à causer. D'abord de ses affaires, puis des affaires en général. Et nous devisons de la façon dont je pourrais gagner de l'argent et comment me comporter à mon avantage, de façon à ne point exciter l'envie et pourtant montrer au monde les peines que je prends, ce qui me remplit de contentement et j'aurai sûrement en lui un ami serviable, ce pourquoi je rends grâce à Dieu.
            Rentré dîner à 4 heures puis au bureau resté tard, et à la maison, souper et, au lit. Après avoir veillé jusqu'à minuit passé à vérifier les comptes des donations pour les Pêcheries, et de voir la négligence et le laisser-aller avec lesquels les sommes ainsi rassemblées sont dépensées, cela ôterait à quiconque le goût de jamais débourser un sou de cette manière. Et surtout l'incommodité d'avoir un grand seigneur, aussi pieux qu'il paraisse, comme milord Pembroke. Il est trop grand pour qu'on lui demande des comptes, et il est trompé par ses serviteurs, pourtant forcé de les défendre pour son propre honneur.
            Aujourd'hui, avec la bénédiction de Dieu, ma femme et moi sommes mariés depuis neuf ans, mais ayant la tête pleine de mes affaires je n'y ai point pensé, pour célébrer cela d'aucune façon extraordinaire. Mais Dieu soit béni de nous avoir longtemps fait vivre ensemble, nous aimer et demeurer en bonne santé, Et Dieu nous donne que tout cela dure encore longtemps, je le souhaite de tout cœur.


                                                                                                                     11 octobre

            Levé et au bureau réunion toute la matinée. Ma femme, ce matin, alla, sur son invitation, chez milady Sandwich et je restai seul à dîner chez moi jusqu'à ce que tantôt arrive Llewellyn pour dîner avec moi. Il me dit combien ce Mariage du pasteur, qui n'est joué que par des femmes au Théâtre du roi, est une pièce paillarde et déshonnête, et j'en suis bien aise.
            Allé aux Pêcheries, dans Thames Street, où entendu plusieurs bons discours sur l’affermage des loteries et, parmi d'autres, un certain Thomas Clifford que je ne connais pas encore et qui parle fort bien et élégamment.
            Puis allé chez mon cousin Will Joyce pour le persuader de m'accompagner à Brampton cette semaine. Mais je crois qu'il ne viendra pas, et je n'en suis pas fâché le moins du monde, car sa compagnie me serait à la fois coûteuse et importune.
            A la maison et à mon bureau. Puis souper et encore à mon bureau jusque très tard et à la maison la tête et le cœur tout pleins de mes affaires et, au lit.
            Ma femme me donne la triste nouvelle que milady Castlemaine a maintenant tant vieilli qu'on ne la saurait plus reconnaître. A tout le moins, loin d'être une beauté, et j'en suis fâché. 
            Aujourd'hui le capitaine Titus nous conta fort joyeusement les détails de l'expédition française contre Djidjelli, sur la côte de Barbarie, en Méditerranée avec 6 000 hommes choisis. Ils ont pris le fort de Djidjelli où il y avait 5 hommes et 3 canons, ce qui fait matière à raillerie de tout ce que l'on dit de l’habileté et de la puissance du roi de France.


                                                                                                                   12 octobre

            Ce matin, toute la matinée à mon bureau, préparé tout pour mon voyage de demain. A midi au café, très bonne conversation.
            Pour les nouvelles, tout le monde dit que Ruyter est parti avant nous pour la Guinée. Sir John Lawson est arrivé à Portsmouth, et notre flotte fait voile en toute hâte, je veux dire cette nouvelle flotte. Le prince Rupert est dans les Downs avec la sienne.
            A la maison, dînèrent avec moi William Joyce et l'un de ses amis. William Joyce ira avec moi à Brampton. Après sorti voir Mr Bridges, le toilier, et réglé mes comptes avec lui pour 100 pièces de calicot. Je lui donnai 208 £ et 18 shillings, pour lesquels je fais crédit au roi, mais j'espère à la fin épargner l'argent du roi et de plus gagner un peu.
            Allé par le fleuve visiter tous les chantiers de marchands de bois pour trouver du bois de Drammen, mais je n'en trouve point qui fasse notre affaire à un prix qui me convienne et donc rentré à la maison où je reste tard à travailler en prévision de mon voyage, afin de me débarrasser de toutes mes tâches pour deux jours.                                7 signes qu'un ami est un faux ami: reconnaître les amis sincèreshommesdinfluence.com     
            A la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                    13 octobre

            Après avoir passé toute la matinée au bureau, rentré dîner. Puis, prenant congé de ma femme, l'esprit très inquiet de savoir comment elle prendrait soin d'elle ou de la maison en mon absence, d'autant plus que je laissais une somme d'argent considérable dans mon bureau, me rendis en voiture au Lion Rouge, dans Aldersgate Street où, comme convenu, je retrouvai William Joyce et Tom Trice, et nous montâmes à cheval, moi sur une fort belle jument, présent de sir William Warren. On chevaucha très gaiement jusqu'à ce qu'il fit très sombre, moi en tête dans l'obscurité jusqu’à  Welwyn où, sans être très fatigués, souper et, au lit, mais fort mal logés à l'auberge du Cygne.
            En voyageant ce jour, je rencontrai Mr White, qui fut chapelain de Cromwell, et je causai longuement avec lui. Entre autres, il me dit que Richard est en France, et depuis longtemps, et qu'il part maintenant pour l'Italie. Il reconnaît publiquement qu'il est en correspondance avec lui et qu'il lui renvoie tout son argent. Que Richard a été dans la gêne au début, mais secouru par ses amis.. Qu'il porte un autre nom mais ne se déguise pas, ne refuse pas de dire qui il est quand on l'en somme. Il me dit, comme d'une chose certaine, qu'on avait fait des offres à son père de mariage entre le roi et sa fille pour l'obliger, mais qu'il ne l'avait point voulu. Il pense comme moi que Cromwell ne fut jamais en mesure de ramener le roi avec le consentement d'aucun des officiers qui l'entouraient. Et qu'il dédaigna de le ramener comme fit Monck pour se sauver en livrant tous les autres
            Quand je lui contai ce que j'avais lu dans un livre français d'un certain Monsieur Sorbière, qui rend compte de ce qu'il a observé ici, en Angleterre. Il dit, entre autres, que l'on raconte que, de son vivant, Cromwell fit déplacer un grand nombre des corps des rois d'Angleterre, d'un tombeau à un autre, et que de cette façon l'on ne sait pas à coup sûr si la tête aujourd'hui fichée sur un poteau est celle de Cromwell ou celle d'un des rois. Mr White me dit qu'il croit n'avoir jamais eu à se soucier de pensée si misérable. Il dit que la main de Dieu est partout visible, que tous ses enfants sont passablement pourvus et que ceux de leurs parents qui ont trahi la famille sont tous aujourd'hui pendus ou dans l'affliction.


                                                                                                                         14 octobre 1664

            Levé au point du jour et arrivé vers 3 heures à Brampton où mon père et ma mère transportés de joie de me voir, ma mère prête à pleurer chaque fois qu'elle me regardait. Après dîner, mon père et moi au tribunal où nos affaires réglées à mon gré, comme je l'ai mis par écrit sur un papier qui rend compte en détail de notre action devant ce tribunal. Rentrés à la maison où William Joyce tout plein de babil et ravi de son voyage. Et après souper j'allai au lit, et les laissai à rire, mon père, ma mère et lui.


                                                                                                                   15 octobre

            Mon père et moi levés et partis seuls nous promener à Hinhingbrooke. Et parmi les autres travaux récents et dispendieux faits là par milord, nous vîmes ses jeux d'eaux et les ora ( nte de l'éd. sans doute descentes de gouttières ), ce qui est fort beau, de même que toute la maison. Mais cela me chagrine de penser à l'argent dépensé là, en ce moment. 
            Retour chez mon père, Mr Shipley étant absent, où nous déjeunons après en avoir fini avec les affaires de Barton. Puis ma mère m'appela dans le jardin où, sans succès, elle me pria de me réconcilier avec John. Je lui dis que je ne le puis ni ne le ferai de bonne grâce. Ce qui afflige la pauvre femme, mais je n'y peux rien. 
            Après quoi, prenant congé, William Joyce et moi partîmes prenant Tom Trice à Bugden et nous arrivâmes à la nuit à Stevenage où, fort joyeux, quoique je fusse au lit plus las que les deux autres jours, ce qui venait, je crois, de ce que nous avions tant galopé, ma fatigue précédente étant presque passée. Mais je vois qu'une peau de lapin dans mon haut-de-chausse me préserve à la perfection de l'échauffement, et que de manger une fois arrivés à l'auberge, sans boire, m'empêche d'avoir la nausée, alors que de boire me la donne sur-le-champ.
            Nous nous étendîmes tous dans des lits séparés dans la même chambre, et William Joyce, tout plein de ses malices et de son babil impertinents nous mirent en joie, comme aurait fait n'importe quel autre sot. Puis, on dort.


                                                               à suivre..............

                                                                                                                              16 octobre 1664

            Nous repartîmes sous.........