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mardi 6 mars 2018

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 86 Samuel Pepys ( Journal Ang ettleterre )

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                                                                                                                              16 janvier 1663

            Grasse matinée à causer avec ma femme et visite de Mr Battersby, l'apothicaire. Je fis apporter de l'échine de boeuf froide et nous mangeâmes et devisâmes ensemble, buvant du vin. Etait avec nous également le capitaine Brewer, notre peintre. Il me dit que les pasteurs presbytériens parlent toujours bien haut dans les cafés, ce qui me surprit. Après leur départ, promenade avec mon frère Tom, deux ou trois heures. Je lui dis combien mon esprit est tourmenté par les affaires de mon père et dans quelle situation ils se trouveraient s'il plaisait à Dieu de me rappeler à lui. je désire donc qu'il soit un bon intendant et qu'il s'applique à son travail, ce qui, je l'espère, est le cas. A midi, après dîner, ma femme recommence de parler d'une dame de compagnie. J'ai l'intention d'en engager une, et je serais content si Pall pouvait convenir, mais ma femme s'y oppose absolument. Si je prenais Pall, ce dont je n'ai guère envie non plus, ce serait seulement pour son bien et pour ne pas gaspiller d'argent à payer une étrangère. Puis à mon bureau où je travaille jusqu'à 9 heures à mon manuscrit sur la marine. Ensuite, de plus en plus tourmenté par l'affaire de mon oncle, à cause d'une lettre de mon père arrivée aujourd'hui qui m'apprend que tous ses métayers sont poursuivis en justice par mon oncle, ce qui va me coûter de nouveaux soucis. Rentrai souper à la maison, et au lit.


                                                                                                            17 janvier 1663
         
            Réveillé tôt l'esprit tourmenté par nos affaires en justice, mais les paroles d'Epictète " Certaines choses sont en notre pouvoir d'autres pas " me revinrent en mémoire et me procurèrent un grand apaisement, car il s'agit d'une maxime de sage.
            Lever et allai au bureau. Réunion avec Mr Coventry et Mr Pett de retour en ville. J'eus bien du regret d'avoir signé et fait signer à Mr Coventry une lettre de change réglant à Mr Creed ses émoluments de trésorier adjoint jusqu'à ce jour, alors qu'il n'exerce plus depuis cinq ou six mois. Constatant cela Mr Coventry effaça son nom, mais je vais me disculper auprès de lui d'avoir eu la moindre intention de l'induire en erreur. La réunion s'est prolongée jusqu'à 2 heures, puis à la maison pour dîner avec Creed. Après, pour me distraire de mes soucis j'emmenai Creed en fiacre au Théâtre du Duc où nous revîmes le spectacle des Cinq Heures, vraiment une excellente pièce, cependant à cause de mon inquiétude elle ne me sembla pas si bonne. Mais je vis que cela n'était pas dû à une quelconque imperfection de la pièce. Nous allâmes ensuite à la Taverne de la Chine où nous bûmes une ou deux bouteilles. Rentrai à la maison où je retrouve ma femme et son frère qui s'entretiennent de la fille de Mr Ashwell que nous engagerons probablement comme dame de compagnie pour ma femme. Et j'espère qu'elle conviendra, puisqu'il est nécessaire d'en engager une. Au bureau pour écrire des lettres et retour à la maison. Souper et au lit.
agoravox.fr
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                                                                                                                                             18 Janvier 1663
                                 Jour du Seigneur
            Lever et quand le barbier eut terminé et que j'eus parlé à Mr Smith, que j'avais envoyé chercher pour l'entretenir de l'affaire Field qui réclame 250 livres pour arrêter les poursuites, ce qui me tourmente fort, et aussi avec le major Allen du bureau des subsistances à propos de son vaisseau à affréter pour Tanger, je me rendis à l'office. Puis dînai seul avec ma femme, fort agréablement. Après dîner derechef à l'office où j'entendis un morne sermon bien ennuyeux. Ensuite à la maison et à mon bureau, ayant renouveler mes résolutions pour l'année car j'ai, tout à l'heure, devant Dieu tout puissant, juré de les respecter ou d'accomplir les pénitences si je ne m'y tiens pas. Allai voir ensuite comment se porte sir William Penn ( bien à contre-coeur car je ne puis être son ami, mais seulement pour qu'il ne puisse se plaindre à d'autres de ce que je ne vais point le voir ). Je le trouve assez bien et prêt à sortir. Puis à la maison, souper, prières et, au lit.


                                                                                                             19 Janvier 1663

            Lever et à Whitehall. Tandis que le Duc s'habille été présenter mes respects ) milord Sandwich assez souffrant, et en compagnie du Dr Clarke. Il a de la fièvre et a envoyé chercher Mr Pearse pour le saigner, mais celui-ci est introuvable, la chose est donc remise à ce soir. Il garde la chambre aujourd'hui. Puis chez le Duc, entretien habituel dans son cabinet et nous sommes quittés. J'aperçus Mr Coventry dans la grande galerie, je lui fis part des plaintes que je reçois journellement à propos de l'habitude qu'ont les trésoriers de ne jamais verser d'argent si ce n'est par l'intermédiaire des orfèvres chez qui l'on est obligé de payer 15 ou parfois 20 % pour toucher son argent, ce qui est une honte épouvantable et ne doit point être toléré. Il est peu probable que ces gens, le trésorier, souffre que l'orfèvre Maynell gagne impunément 10 000 livres par an comme actuellement, en faisant payer les gens pour toucher leur argent;
            Le Duc arriva et prit à part Mr Coventry avec qui il s'entretint pendant une demi-heure, se promenant dans la galerie puis dans le jardin. Après son départ je terminai ma conversation avec Mr Coventry qui me dit incidemment qu'il ne restait plus rien à amender dans  notre bureau, que tout s'améliorerait à son rythme, dans la mesure où le plus lent, sir William Batten, commence à prêter attention à ce qui se passe autour de lui et à s'appliquer à son travail. Entendant cela, Dieu me pardonne ! je ressentis un peu d'envie, pourtant je suis content, et avec raison, bien qu'ainsi mon souci de veiller à ce que le roi soit mieux servi qu'auparavant, soit diminué.
            Et en voiture chez Mr Covey, qui m'avait invité dans un message ce matin, et où il nous régala d'un repas tout à fait excellent et fort copieux,  exactement au goût de chacun que c'en était admirable. Il nous demanda en plaisantant ce qui nous ferait envie, et il s'engagerait à nous le fournir. Ce que nous fîmes, demandant crevettes, cygne, venaison, après que j'eus pensé que le dîner était tout à fait terminé, et on les apporta aussitôt. Je fus frappé par tant d'abondance. Il semble qu'il ne vive que pour cette abondance et l'élégance de sa maison, que nous visitâmes après dîner, pièce par pièce. Les murs sont tout couverts de tableaux exquis...... Et je vis son écurie où il garde de superbes chevaux et où même les râteliers sont peints ainsi que les mangeoires dotées d'une belle auge en plomb peinte, et les murs sont recouverts de carreaux hollandais, comme mes cheminées. Surtout, après cela, il me pria de descendre dans sa cave. Sur diverses étagères étaient posées debout des bouteilles contenant toutes sortes de vins, vieux et nouveaux et sur chaque bouteille était collée une étiquette Je n'ai jamais vu dans une librairie livres aussi bien ordonnés et en pareil nombre. Et de cela, je le vois, il tire sa plus grande satisfaction, et fait par conséquent l'éloge de tout ce qu'il possède, éloge mérité. Ont dîné avec moi le Dr Whore et Mr Scawen.
             A la maison je trouve Mrs Lodum causant avec ma femme de sa parente qu'on lui propose comme dame de compagnie. Je mis ensuite des choses en ordre au bureau, puis à la maison, et au lit.
Pour moi, le plus grand des réconforts est de percevoir mieux chaque jour le plaisir que l'on a de s'appliquer à ses affaires et le crédit que l'on en tire, choses qui, je l'espère, finiront par me rapporter du profit.
            Mr Clarke m'a conté comment milord Chesterfield a retiré sa femme ( la fille de milord Ormond ) de la Cour. A ce qu'il semble il était non seulement jaloux depuis longtemps du duc d'York, mais il les avait également trouvés tous deux en conversation, mais ils n'étaient pas seuls dans la pièce, et que la dame soit, de l'avis de tous, une femme très honnête, vertueuse. Le lendemain, ce dont le duc avait été averti par quelqu'un qui avait vu dans quel emportement se trouvait milord Chesterfield le soir précédent, lemari alla donc faire part au Duc de son sentiment qu'il lui avait causé grand tort en choisissant sa femme parmi toutes les femmes de la Cour pour être la cause de son déshonneur. A quoi le Duc répondit avec grand calme, faisant mine de ne point entendre la raison de sa plainte, et l'on en resta là. Mais milord expédia sur-le-champ sa femme à la campagne dans le Derbyshire, dans la région du Peak, ce dont la Cour a tiré un proverbe :  " Envoyer son épouse visiter le Cul-du-Diable lorsqu'elle contrarie son mari. "
            Ce midi j'ai trouvé Mr Dixon à Whitehall et me suis entretenu avec lui de la fille de Mr Wheatley, en vue de son mariage avec mon frère Tom, et l'ai chargé de s'enquérir des intentions de son père et de sa mère. J'ai exigé 300 livres de dot.


                                                                                                             20 Janvier 1663

            Levé de bonne heure et au bureau toute la matinée. Dînai à la maison avec Mr Deane de Woolwich, parlai des abus qui se pratiquent à l'arsenal, puis travail au bureau tout l'après-midi, fort content de me voir reconnu par tous comme le seul administrateur d'entre nous, mis à part Mr Coventry. Travaillai tard, puis rentrai, souper et coucher.


                                                                                                              21 Janvier
                                                                                                                      connaissancedesarts.com
Image associée            Levé tôt, laissé ma femme fort malade de ses mois au lit, et au bureau jusqu'à 8 heures. Charles Pepys arriva alors exigeant son legs. Je refusai pour la bonne raison que son père et son frère nous font un procès, sur quoi il s'en alla. Arriva le commissaire Pett et nous nous rendîmes, comme prévu à Deptford et, après un petit tour à l'arsenal, à Greenwich et à pied à Woolwiche. Nous réglâmes des affaires et je montai à bord du Tanger Merchant, vaisseau que nous avons chargé et dont l'envoi à Tanger est différé depuis longtemps mais qui est maintenant prêt à appareiller. Retour et dîner chez Mr Acworth, bon dîner et sa femme jolie et modeste. Mais, surtout, nous avons vu sa quenouille, et c'est, de toutes choses faites de main de femme, une des plus belles. Il faut que ma femme la voie. Montai ensuite à bord de l'Elias et trouvai à bord le bois rapporté de la forêt de Dean, bois d'excellente qualité. Le capitaine nous a donné, à chacun, deux bourriches d'huîtres en saumure, préparées pour la reine mère.
            Retour à l'arsenal et avec Mrs Acworth et une autre dame à Londres, à la taverne du Globe dans Eastcheap, leur avons offert un verre de vin avant de nous quitter. Rentré à la maison où j'apprends que ma femme, malade, n'a pas quitté le lit de la journée. Son visage est tout bouffi de douleur. Mon Will a reçu son salaire des deux derniers trimestres, ce dont je suis content. Au bureau jusque tard, puis à la maison et après que le barbier eut terminé, au lit.


                                                                                                               22 Janvier.

            Au bureau. Sir William Batten et sir John Mennes de retour après leur voyage à Portsmouth. Réunion jusqu'à l'heure du dîner. Puis à la maison et dîne avec Mr Dixon, comme convenu, me rend compte du succès de sa démarche auprès de Mr Wheatley au sujet de sa fille et de mon frère. En bref, il ressort que mon frère ne peut plaire à sa fille à cause de son défaut de prononciation, ce que je déplore, mais cette affaire doit en rester là, et il me faut chercher un autre parti.
            Arriva aussi Mrs Lodum qui apportait une réponse une réponse au sujet de la fille et de son frère, Mr Ashwelle, qui viendra probablement chez moi, et elle était accompagnée par le frère de ma femme. J'avais amené le commissaire Pett et je craignais donc de manquer de victuailles, mais ce fut un bon dîner fort joyeux. Ensuite à l'enterrement de Mr Russel, on nous offrit du vin et des bagues. Nombreuse assemblée d'échevins et des membres les plus éminents de la corporation des peaussiers.. Et à l'église de Dunstan-in-the-East. Sermon, mais je ne restai pas et rentrai à la maison. Après avoir écrit des lettres pris un fiacre et allai dîner chez Mr Povey. Il était absent, je laissai une lettre sur les affaires de Tanger, puis chez milord. Je ne le trouve pas souffrant mais il s'attend à un accès de fièvre ce soir. Etaient présents sir William Compton, Mr Povey, Mr Bland, Mr Gauden, avons travaillé à envoyer des vivres à Tanger........ de rassembler des vaisseaux grands et petits, à Plymouth, d'une capacité d'environ 150 tonneaux et de les remplir du biscuit fourni par Mr Gauden . Ils s'engagent à m'apporter leur appui dans cette tâche et veilleront à ce que le fret soit payé. Vers 10 heures nous levâmes la séance et comme milord se sentait fiévreux, nous nous séparâmes et avec Mr Creed, le Dr Pearse, Will Howe et le capitaine Ferrer presque ivre et extravagant et querelleur, nous soupâmes dans la petite chambre que j'occupais autrefois, de quelques volailles envoyées par Mr Shipley. Soirée gaie et nous nous séparâmes à minuit. Je dormis avec Mr Creed, chez lui, et passai une bonne nuit.


                                                                                                            23 Janvier

            Lever et pressai Creed d'expédier une affaire concernant Tanger, et m'en fus chez moi ayant appris que milord avait eu un mauvais accès de fièvre. Visitai mon frère que je trouve au lit, souffrant d'une douleur dans la plante d'un pied, sans enflure. Il n'en connaît pas l'origine mais ne peut se tenir debout depuis deux jours. Chez Mr Moore et comme Mr Lovell était là avons parlé de mon affaire en justice. Puis chez Mr Graunt pour le prier de prendre de l'argent pour Mr Barlow, et ensemble allâmes dans un café où nous retrouvâmes sir John Cutler qui démontra, dans la conversation, que l'industrie de l'Angleterre se portait mieux que jamais, mais était seulement répartie entre davantage de mains, et que les artisans sont plus nombreux que jamais parce que les gens prennent d'avantage d'apprentis, parce qu'ils ont d'avantage d'argent. Discours fort instructif.
            Revenant par la barrière du Temple j'achetai La Manière de devenir riche, opuscule fort sérieux qui mérite que je m'y arrête. Repris ensuite le chemin de la maison, rencontrai sir William Batten, fis demi-tour et entrai dans un café où je bus encore, jusqu'à être presque malade. Beaucoup de bavardage mais peu de nouvelles, à part la découverte dans le Nord d'un projet de soulèvement parmi des gens de condition qui ont été arrêtés. Ensuite à la Bourse et à la maison avec lui en fiacre. Allai voir comment se porte ma femme bien rétablie, puis allai dîner chez sir William Batten d'une tête de morue. Ensuite à mon bureau et après avoir fait un saut pour voir sir William Penn où se trouvaient sir John Lawson, sa femme et sa fille assez jolie, retour au bureau et travaillai tard. J'ai fini de tracer les marges de mon manuscrit sur la marine. Puis à la maison, et au lit.


                                                                                                                24 Janvier 1663

            Grasse matinée, et comme j'avais dormi avec mon drap sur la bouche, comme je l'ai remarqué depuis longtemps, j'avais le matin la lèvre supérieure boursouflée. Au bureau toute la matinée, réunion jusqu'à midi. A la Bourse m'enquérir d'un vaisseau pour Tanger, et déposai mon manuscrit chez le relieur. Dînai à la maison puis me rendis à Rotherhite pour vérifier l'état de préparation  d'un vaisseau affrété pour Tanger. Je le trouve prêt à appareiller. A la maison et ensuite en fiacre chez Mr Povey où sir William Compton, Mr Bland, Gauden et sir John Lawson devions nous rencontrer afin d'établir les comptes de l'approvisionnement de Tanger pour la période passée. Ce fut fait avec bien des difficultés, et pour les six mois à venir.
            A la maison dans la voiture de Mr Gauden et à mon bureau où je travaillai tard. Je vois bien que c'est par le travail que je dois avancer, et que j'avance chaque jour dans le monde. Puis à la maison, souper et au lit.

                                                                                                                   
                                                                                                                       25 Janvier
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            Resté au lit jusqu'à 9 heures. Lever et après m'être fait raser par le barbier, à pied à Whitehall , visitai Mr Moore encore souffrant de sa fièvre. Parlâmes des biens de milord avant l'entretien que j'aurai avec lui aujourd'hui. Puis à la table d'hôte de la Tête du Roi dans Charing Cross  et envoyai chercher Mr Creed. Avons fort bien dîné, bonne compagnie et agréable conversation. Il m'apparaît que le roi de France a entrepris de consulter ses théologiens sur la vieille question de l'autorité du pape, et qu'il a l'intention de lui faire la guerre à moins qu'il ne répare le tort fait à son ambassadeur et ne banisse le cardinal impérial. Je comprends seulement aujourd'hui qu'il ne s'agit point du cardinal dépendant de l'Empereur ou choisi par lui, mais que son nom de famille est Imperiali.
            Ensuite promenade de 2 heures dans le parc, à deviser, car la journée est ensoleillée, quoique froide. Conversation sur la plupart des personnes que nous connaissons élevées à de grands honneurs, d'où il ressort que leur succès est l'ouvrage de la chance, et non de l'intrigue, quel que soit celui que l'on considère, en particulier sir John Lawson, qui s'était déclaré sur la Tamise contre Charles Stuart et pour le Parlement croupion.            Puis chez milord rétabli de sa fièvre, et je m'entretins avec lui une heure dans son cabinet, de diverses affaires publiques et privées. Il est entre autre dans l’incertitude quand au projet que fait le Duc de se rendre à Portsmouth ces jours ci avec sa femme à une pareille époque de l'année voilà, pensons-nous, qui n'augmenterait guère sa popularité, et ne serait pas prudent si l'effet devait être mauvais. Sur ce arrive milady Wright. Je me retirai donc. Plus tard causai avec le capitaine Ferrer, il me dit que milady Castlemaine et sir Charles Berkeley sont les grands favoris à la Cour et que leur faveur grandit chaque jour, et qu'à l'issue d'une querelle récente entre milord Chesterield, qui est lord Chambellan de la reine et Mr Edward Montagu, son grand écuyer, pour savoir qui devrait avoir la préséance hors du palais, ce que revendique Mr Montagu, c'est à milord Chesterfield qu'elle fut accordée. Je vois par là que Montagu décline en crédit et pour tout, chaque jour qui passe. A pied ensuite chez mon frère. Il me dit qu'aujourd'hui est arrivé un messager annonçant que le colonel Honywood, hier bien portant à Cantorbéry, a été jeté à terre en montant sur son cheval, s'est rompu la tête et a trépassé. Puis à la maison et au bureau où j'expédiai certaines affaires, à la maison pour souper, prières et au lit.


                                                                                                      26 Janvier

            Lever et par bateau avec sir William Batten à Whitehall, bus un verre de vin d'armoise à la taverne de Steelyard, puis chez le Duc, et réunion avec les autres officiers, comme d'habitude. Chez milord Dandwich, mais il était au lit après un mauvais accès de fièvre dans la nuit. Me rendis à la Grand-Salle de Westminster, car les tribunaux sont en session et je suis tourmenté à la pensée que j'ai moi-même des affaires de cette espèce pour me soucier et occuper mes pensées. Rencontrai Monsieur Raby tout juste de retour de France. Il me dit que milord Hinchingbrooke et son frère font peu de progrès et sont fort négligés dans leur toilette entre autres. Mais je suis persuadé qu'il veut se faire nommer tuteur auprès d'eux et ne puis donc croire ce qu'il me dit. Mais nous eûmes une longue et excellente conversation....... me parla des grandes affaires de la France. Il me dit que le roi est un prince tout à fait excellent qui conduit lui-même toutes les affaires du royaume. Et qu'il est vrai qu'il a une maîtresse, Mademoiselle de La Vallière *, une des dames d'honneur de la princesse Henriette, à qui il fait la cour pour son plaisir, un jour sur deux, mais sans que cela lui fasse négliger les affaires publiques. Il me dit que le roi se conduit noblement envers la famille du défunt cardinal et qu'il ne souffre pas que soit publiée la moindre pasquinade contre lui. Et qu'il agit selon les instructions qu'il a reçues avant sa mort.                                                                                        *                       
Résultat de recherche d'images pour "corset femme 17è sc"            Après avoir longuement conversé je le conduisis en fiacre chez        milord Crew, et j'allai moi dîner chez Mr Povey où se trouvaient Orlando  Massam, Mr Wilkes de la Garde-Robe et Mr Gauden. On nous servit un dîner tout à fait semblable à celui de l'autre jour.
            Mais sa perspective est ce que j'admire le plus. Il ouvrit pour moi la porte de son cabinet, et je vis qu'il n'y avait rien là, qu'un simple tableau au mur.
            Après dîner avec Mr Gauden entreprîmes de régler la question du ravitaillement de Taner, et il m'apparaît qu'aucun des membres de la commission n'y entend toujours rien, à part moi.
            En voiture à Whitehall et réunion de la commission de Tanger. Principal entretien sur la manière de préparer le départ de milord Rutherford à la mi-mars prochaine, et sur une proposition de sir John Lawson et de Mr Cholmley à propos de la construction du môle renvoyée à une séance ultérieure.
            En fiacre à la maison, d'humeur mélancolique. Je suis surchargé de travail et je crains d'avoir fait tort à Mr Coventry, ou alors il a remarqué que depuis quelque temps je ne travaille plus comme par la passé, ce qui est vrai, je le confesse. Mais il ne s'agit peut-être que de mes incertitudes habituelles. Seulement il ne m'aime plus autant qu'auparavant........
            A la maison et, après avoir un peu causé avec ma femme, au bureau où j'expédiai un grand nombre d'affaires jusque très tard. Puis à la maison , souper et, au lit.


                                                                                                             27 Janvier

            Lever et au bureau, réunion jusqu'à 2 heures. A la maison pour dîner. Arrive Creed, avons parlé de notre affaire de Tanger. Et je constate que rien en ce monde  ne se fait avec une véritable intégrité, sans que le calcul y prenne part. C'est le cas pour milord Rutherford, qui espère s'octroyer le profit du ravitaillement de la garnison, tandis que d'autres pensent prendre le bénéfice de la construction du môle.. De sorte que je serais presque découragé de retourner à la commission, s'il n'y avait cette possibilité que par là j'accède dans l'avenir à l'intimité des grands. Puis retour au bureau, fort occupé jusqu'à 10 heure du soir. A la maison, souper et au lit.
            J'ai appris aujourd'hui de Cambridge que mon frère a reçu sa toque de bachelier. Mais ce qui me tourmente, c'est qu'il a la maladie de la pierre, il lui est fort douloureux d'uriner et ses urines sont mêlées de sang. Tout comme cela avait commencé pour moi. Veuille le Seigneur lui venir en aide.


                                                                                                       28 Janvier 1663

              Lever et travail au bureau toute la matinée, et à la maison pour voir mesurer l'ouvrage de mes peintres, dîner et sortis avec ma femme que je conduisis chez Unthank et je continuai jusque chez milord Sandwich qui se porte fort bien et joue aux dés.........  Puis dans le quartier du Temple chez mon cousin Roger Pepys, et de là chez le sergent Bernard pour le consulter et le retenir pour plaider contre mon oncle. J'ai la tête et le coeur bien lourds à cause de cette affaire. Puis chez Wotton le bottier à qui j'achetai une autre paire de bottes en remplacement de celles que j'ai achetées à mon dernier voyage et qui ne me vont pas. Et je bus avec lui et sa femme, qui est jolie. Ils ont mis en perce un tonneau de cidre pour moi. Retour à la maison où je retrouve ma femme qui semble avoir pleuré, car, alors qu'elle rapportait en fiacre son nouveau corselet de ferrandine à la maison, un homme dans Cheapside lui demanda si c'était le bon chemin pour aller à la Tour, et tandis qu'elle lui répondait, un second de l'autre côté se saisit de son paquet qu'elle tenait sur ses genoux et s'enfuit sans qu'on pût le rattraper, ce qui m'irrite fort mais on ne peut rien faire.
            Allai et restai au bureau jusqu'à presque minuit avec Mr Lewis, pour comprendre comment les commissaires de marine établissent leur comptabilité, ce qui est fort difficile et à quoi mes collègues officiers entendent peu de chose , pourtant d'une utilité considérable. M'interrompis enfin, très satisfait, et à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                      29 Janvier

            Resté un moment couché à réprimander ma femme, puis, content d'elle, au lit, ai bien voulu qu'elle se fasse faire un nouveau corselet en remplacement de celui qu'elle a perdu hier. Puis au bureau et réunion toute la matinée. A midi dîné avec Mr Coventry chez sir John Mennes, pour la première fois, et je regrette de l'avoir fait aujourd'hui, parce qu'obligé de lui rendre la pareille. Le vieux capitaine Marsh, de la Tour, était aussi présent. Rendis ensuite visite à sir William Penn, puis au bureau où j'ai travaillé tard tout seul, mon commis Will étant aujourd'hui souffrant. Ensuite à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                            30 Janvier

            Jeûne solennel pour le meurtre du roi. Et nous fûmes forcés de l'observer plus que nous ne l'aurions voulu, ayant oublié de garnir notre garde-manger.
Elderly Couple Reading            Me rendis à l'office le matin. Mr Mills fit un bon sermon sur les remords de conscience de David pour avoir déchiré le vêtement de Saül.
            A la maison et causé avec ma femme une partie de l'après-midi pour passer le temps. Ensuite au bureau tout seul pour faire les comptes du mois, fort tourmenté de constater que je n'ai pas plus de 640 livres, mais j'ai eu de grosses dépenses ce mois-ci. Fasse le ciel que le suivant soit un peu meilleur ! Le soir on m'a rapporté mon manuscrit joliment relié, à mon entière satisfaction. Je pense avoir maintenant une plus belle collection d'ouvrages sur le marine, où du moins sera-ce le cas lorsque je l'aurai complétée, qu'aucun de mes prédécesseurs. A la maison pour manger quelque chose, ce que j'ai pu trouver, une tartine de beurre et du lait. Puis, au lit.
artuk.org

                                                                                                          31 Janvier

            Lever et à mon bureau où réunion jusqu'à midi. Revins à la maison pour dîner et trouvai ma gravure du Sovereign avec sa description  envoyée par Mr Christopher Pett, ce qui me réjouit fort. Ensuite le dîner servi en retard et pas très bon, rien qu'un lapin à moitié cuit, ce qui me fâcha contre ma femme. Au bureau où je restai tard à travailler sans relâche. Dans la soirée examinai la lettre de ma femme à milady et une autre à Mademoiselle. L'ortographe en était si mauvaise qu'elles me firent honte et furent la raison de ma querelle avec ma femme, avec pour résultat qu'elle n'écrivit rien du tout. J'en fus cependant désolé parce qu'il s'agissait d'une réponse à une lettre de Mademoiselle, au sujet d'affaires. Rentré tard à la maison pour souper et, au lit.


* Note de la Biblio d R.. : N"oublions pas Dumas et ses Mousquetaires. L'histoire de Mle de La Vallière est contée dans la suite " Le vicomte de Bragelonne ".

*  histoires-d-histoire.webnode.fr

                                                                                          à suivre 1er février 1663
                                                                              Jour du Seigneur

            Lever et à l'office............