Lettre à Madeleine
11 fév. 1916
Mon amour je t'adore je t'envoie d'autre part le long poème que j'ai enfin terminé et que je vais envoyer à Paris. ( Je t'envoie le brouillon. )
Je t'adore ma jolie chérie, pas de lettre de toi aujourd'hui, voudrais savoir si tu as reçu paquets, je vais en envoyer un autre. - Je t'adore, mais aujourd'hui suis fatigué du poème. Suis très enrhumé, c'est pourquoi j'ai pu rester enfermé à écrire le poème.
Maintenir je suis fatigué. Mais je t'aime tout plein ma chérie et t'embrasse en baisant ta bouche
Bye
Gui
Guillaume Apollinaire DU COTON DANS LES OREILLES
Tant d'explosifs sur le point VIF !
Les points d'impacts dans mon âme toujours en guerre
? Ton troupeau féroce crache du feu
Écris un mot si tu l'oses
OMÉGaphone
Et ceux qui revinrent de mort
Ne s'attendaient qu'à la pareille
Et tout ce qui venait du Nord
Allait obscurcir le soleil
Mais que voulez-vous c'est son sort
Allô la truie
C'est quand sonnera le réveil
Courage
Ivresse
Vie
Tralala
allÔ
caverne-abrI
amouR
FrancE
POPUL
ALLÔ ALL
ALLÔ ALL
ALLÔ ALL
RF
AVENIR
SOUVENIR
LA TRUIE
LA TRUIE
La sentinelle au long regard
La sentinelle au long regard
Et la cagnât s'appelait
LES CÉNOBITES TRANQUILLES
La sentinelle au long regard
La sentinelle au long regard
Allô la truie
Tant et tant de coquelicots
D'où tant de sang a-t-il coulé
Qu' est-ce qu' il se met dans le coco
Bon sang de bois il s'est saoulé
Et sans pinard et sans tacot
Avec de l'eau
Le silence des photographes
Mitrailleuses des cinémas
tout l'échelon là-bas piaffe Fleurs de feu des lueurs-frimas
Puisque le canon avait soif
Allô
la truie
Et les trajectoires cabrées
Trébuchements des soleils-nains
SUR TANT de chansons déchirées
Il a l'Étoile du Bénin
Mais du singe en boîtes carrées
Crois-tu qu' il y
aura la guerre
Allô la truie
Ah ! S'il vous plaît
Ami l'Anglais
Ah ! Qu'il est laid
Ton frère, ton frère ton frère de lait
Et je mangeais du pain de Gênes
En respirant leurs gaz lacrymogènes
Mets du coton dans tes oreilles
D'siré
Puis ce fut cette fleur sans nom
A peine un souffle un souvenir
Quand s'en allèrent les canons
Au tour des roues heure à courir
La baleine a d'autres fanons
(Éclatements qui nous fanons )
Mais mets du coton dans tes oreilles
Évidemment les fanions des signaleurs
Allô la truie
Et chacun se souvient d'une joue rose
Parce que même les airs entraînants
Ont quelque chose qui étreint le cœur
Lorsqu'on les entend à la guerre )
Allô la truie
Ne prenez pas les feuillées
Pour autre chose qu'elles ne sont
Comme faisaient pas mal d'auteurs
avant
la guerre
mettez du coton dans vos oreilles
Ce fut bien quand sonna le réveil
Et la et la
puis pluie d' nuit
regardez si au la
tomber douce tres pluie
la la souvenirs tout
pluie pluie qui cela la
si se c'est pluie
tendre ressemblent crème si
la Madeleine une douce
pluie reviennent crème ô
si sur au Madeleine
douce l'eau chocolat la
précieuse pluie
ô si
pluie douce
si
douce
Les longs boyaux où tu chemines
Adieu les cagnats d'artilleurs
Tu retrouveras
La tranchée en première ligne
Les éléphants des pare-éclats
Une girouette maligne
Et le regard des guetteurs las
Qui veillent le silence insigne
Ne vois-tu rien venir
au
Pé
ris
cope
La balle qui froisse le silence
Les projectiles d'artillerie qui glissent
Comme un fleuve aérien
Ne mettez plus de coton dans les oreilles
Ça ne vaut plus la peine
Guillaume Apollinaire
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