Ma vie avec Apollinaire
" On sait à présent que le père de Guillaume se nommait Francesco Fluigi d’Aspermont. C’était le rejeton d’une famille de la noblesse grisonne. " Sureau interpelle Guillaume Apollinaire à chaque instant de sa vie, de sa naissance à sa mort en 1918 de la grippe espagnole, trépané quelques mois plus tôt après avoir reçu un éclat d'obus dans une tranchée alors qu'il écrivait. Et l'auteur interroge sa grand'mère dont le père vécut ce temps où le futur poète arrivé à Paris " voulait être écrivain et rien d'autre ". Sa mère, dont il porte le nom, donna la meilleure éducation possible à ses deux fils alors qu'elle-même menait une vie assez dissolue, quittant leurs différents logements dans différents pays, parfois à la cloche de bois. Guillaume Apollinaire exerça différents petits métiers avant de rencontrer enfin ceux qui, comme lui, allaient conquérir le monde grâce à une nouvelle vision de leur art. Proche de Picasso avec qui il vécut l'épisode du vol de la Joconde, Braque, Derain, Max Jacob voyant, poète et peut-être le plus pauvre d'entre eux. Poète, Apollinaire connut des femmes, des déboires, Louise de Coligny, Lou, Madeleine, entre autres, restées célèbres par la correspondance échangée et publiée, Marie Laurencin, peintre. Quitté ou séparés par la guerre, le poète écrit La chanson du Mal-Aime. " En avril 1911, Guillaume avait écrit au début d’Anecdotiques : « J’aime les hommes, non pour ce qui les unit, mais pour ce qui les divise, et des cœurs, je veux surtout connaître ce qui les ronge. » Avec Sureau Apollinaire " ......lit Pascal avec passion ". Apollinaire gagne tant bien que mal sa vie alors que la guerre est déclarée. Marié depuis peu il envoie Jacqueline en Bretagne, habite un petit logement boulevard Saint-Germain. Lui qui voulait tellement être naturalisé français, son souhait réalisé depuis peu il est incorporé. Les soldats aiment assez " ......le sous-lieutenant de Kostrowitzky - Ils l’appelaient Kostro-l’Exquis ou Cointreau-Whisky sa gaieté et son courage...... " Pour sa part, François Sureau avoue "..... Apollinaire ne m'a jamais abandonné........ " et rappelle ce conseil du poète : « ........ Portez sur vous quatre stylographes, buvez eau claire, ayez le miroir d’un grand homme et regardez-vous souvent dedans sans sourire.......» Et François Sureau note que le poète s'informait sur les épidémies dans de vieux livres. " Il ne croyait pas à l’absurdité du monde, mais à son mystère. " L'ouvrage est court tout à la gloire d'un poète qui n'a pas eu le temps d'exprimer tout ce que le cours des événements, ses rencontres lui inspiraient. Néanmoins encore une citation que note l'auteur, Sureau, d'un poète qui suivait bien son chemin :
" .......Il faudrait, pour bien travailler, un appartement meublé à la manière futuriste de meubles pneumatiques que l’on gonflerait et dégonflerait après usage. À l’heure de l’inspiration, tous les meubles seraient à plat et juchés au plafond au moyen de poulies. Le champ deviendrait libre pour le travail intellectuel et la marche à pied qui en est le nécessaire complément......... » Lire Sureau et son Apollinaire c'est reprendre pied dans un monde bien écrit, fantaisiste et lucide cependant.
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