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Paternité
Homme seul devant la mer inutile,
il attend le matin et il attend le soir.
Les enfants jouent près d'elle mais cet homme
voudrait
en avoir un à lui et le regarder jouer.
De grands nuages font un palais sur la mer
qui chaque jour s'écroule et renaît, colorant
le visage des enfants. La mer existera toujours.
Le matin blesse. Sur cette plage humide
Le soleil rampe, agrippé aux filets et aux pierres.
L'homme sort sous le soleil voilé et il longe la mer.
Il ne regarde pas l'écume ruisselante
qui glisse vers la rive sans un instant de paix.
Les enfants, à cette heure, sont encore sommeillant
dans la tiédeur du lit. A cette heure sommeille
dans le lit une femme, qui ferait bien l'amour
déshabille
nu comme la femme lointaine, et descend dans la mer.
Et la nuit, où la mer disparaît, il écoute
le grand vide qui est sous les étoiles. Les enfants,
dans les maisons pourprées, bientôt tombent de sommeil
et certains pleurent même. Las d'attendre
l'homme lève les yeux aux étoiles mais elles n'entendent
rien.
A cette heure des femmes déshabillent un enfant
et l'endorment. Il y en a dans un lit
enlacées à un homme. Par la fenêtre noire
pénètre un halètement rauque, personne ne l'écoute
sinon l'homme qui sait tout l'ennui de la mer.
Cesare Pavese
( 1935)
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