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16 février 1661
Chez milord ce matin qui a regardé mes comptes et les approuve. Je lui ai également fait signer un billet de 60 livres pour moi, dont je me réjouis, pour le service extraordinaire que j'ai fait à la mer lors de mon dernier voyage et dont j'espère être payé.
Dînai avec milord, puis au Théâtre où je vis " La vierge martyre ". Bonne pièce, mais trop sérieuse pour l'assistance. Puis chez moi.
17 février
Jour du Seigneur
Sermon des plus fastidieux, déplacés et stupides d'un docteur irlandais. Il avait pris pour texte " Éparpille, Seigneur, les peuples qui se plaisent à la guerre. " Sir William Batten et moi très fâchés contre le pasteur. A peine arrivé chez moi je repars pour Westminster. Chez milord, dîner avec Shipley et Howe. Après le dîner, sans avoir parlé à milord, Mr Shipley et moi à la Cité, puis retour chez moi. J'emmène ma femme chez mon oncle Wight où nous soupons. Retour chez nous. Et au lit.
18 février
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Au bureau toute la matinée. Chez moi fis un très bons dîner, seul avec ma femme ce qui est assez inhabituel. L'après-midi à la Bourse avec ma femme et Mrs Martha Batten ma valentine. Dépensai pour elle 40 shillings et pour une paire de gants brodés et 6 paires de gants ordinaires, puis nous nous rendîmes chez un mercier au bout de Lombard Street, où elle s'acheta un habit de soie lustrée. De retour à la maison, j'invitai le soir sir William Batten et toute la compagnie. Je leur offris du vin du Rhin sucré. Nous restâmes ensemble jusque tard le soir. Puis au lit
On parle beaucoup de la nouvelle selon laquelle le roi serait dejà marié à la nièce du prince de Ligne, dont il aurait déjà deux fils. Cela m'afflige, moins cependant que si le duc d'York et sa famille montaient sur le trône, car il est l'ami déclaré des catholiques.
19 février
A Whitehall en voiture avec le colonel Slingsby, Mrs Turner nous accompagne. Lui et moi montons dans la Grand-Salle des banquets. Nous y rencontrons sir George Carteret qui plus tard se rendit dans un appartement privé avec le duc d'York, milord Sandwich et d'autres pour une réunion. Nous fûmes quelque peu chagrinés de n'avoir pas été invités avec les autres. Mais il s'agissait je crois d'une affaire très privée. Nous nous promenâmes dans la galerie où nous rencontrâmes Mr Slingsby qui fut un grand ami de Mr Blondeau. Il me montra les coins pour les nouvelles pièces du roi. Surprenant comme ces coins sont de qualité, mais les pièces mauvaises, faute de savoir les fabriquer. Il me dit toutefois que Blondeau serait bientôt de retour et que la monnaie sera la meilleure du monde.
Le contrôleur et moi nous rendons auprès des commissaires du Parlement, après une discussion nous repartons et allons boire une chope de bière. Il m'assure que le roi n'est pas encore marié, contrairement à ce qu'on dit, et qu'on ne connaît pas son choix.. Chez milord, qui avait fini de dîner lorsque j'arrivai, il me fallut donc me passer de dîner. Mais je restai jouer avec lui et Mr Child etc., des morceaux à quatre parties. Comme il pleuvait dru et qu'il faisait un froid glacial ( première journée de temps hivernal de tout l'hiver ) je rentrai chez moi en voiture et passai la soirée à lire une pièce en latin, " Le Naufragium joculare ". Puis au lit.
20 février 1661
Au bureau toute la matinée. Dîner chez moi en compagnie de mon frère Tom, qui m'a offert une paire de belles pantoufles. Peu de temps après visite du petit Llewellyn et un ami, puis mon cousin Strudwick, qui n'était encore jamais venu ici. Bus avec eux une ou deux bouteilles de vin. Retour au bureau jusque tard à travailler, nous nous rendîmes ensuite tous chez William Penn, où nous eûmes un bon souper avec milady Batten, Mrs Martha, ma femme et d'autres personnes. Nous jouâmes aux cartes et fîmes la conversation jusqu'à minuit, puis chacun rentra chez soi.
21 février
A Westminster en voiture avec sir William Penn. En chemin nous vîmes que l'on commençait à construire des tribunes dans la Cité pour le couronnement. Chez milord que nous trouvons sorti. Je me rendis dans la Grand-Salle du palais et cherchai des toques que j'avais commandées. Rencontrai Mr Hawley, nous nous rendîmes chez Will pour boire. Puis à la Cité en voiture avec Mr Langley, notre vieil ami. Le déposai en chemin. A la maison où je restai enfermé toute la journée, y ayant trouvé Mr Moore qui resta avec moi jusque tard dans la soirée à parler et à lire quelques bons livres. Puis il partit et je me couchai.
22 février
Toute la matinée au bureau. A midi dîner avec ma femme et Pall chez mon père, où se trouvaient le Dr Thomas Pepys, mon cousin Snow et Joyce Norton. Après dîner visite de Theophila Turner. Je l'accompagnai voir sa mère, femme de bien que je n'ai pas vue, par grande négligence, ces six derniers moi, mais elle n'a pas eu le coeur de m'en tenir rigueur. Je restai tout l'après-midi à discuter du mariage du roi dont toute la ville parle maintenant. Mais à mon avis c'est une fausse nouvelle.
Le soir, Mrs Theophila accompagnée de Joyce nous conduisit tous à la maison en voiture, s'arrêtant à Bishopsgate Street où elle pensait voir un clavecin neuf qu'elle y fait fabriquer, mais il n'était pas fini. Puis chez moi, où je fus très empressé auprès d'elle, ensuite elle rentra chez elle. Puis ma femme chez sir William Batten, où elle resta quelque temps. Il lui a envoyé, hier pour la Saint-Valentin, une demi-douzaine de paire de gants et une paire de bas de soie et de jarretières. *
Retour à la maison, et au lit.
23 février
Aujourd'hui, mon Anniversaire " 28 ans ".
Ce marin, sir William Batten, Penn et moi traitâmes de quelques affaires ; me rendis ensuite à Whitehall par le fleuve , rencontrai en chemin Mr Hearthlib chez l'échevin Blackwell. Il m'offrit un verre de vin du Rhin au Steelyard. A Whitehall donc, par le fleuve. Il est toujours d'humeur aussi frondeuse et impertinente et n'en changera jamais. Il me raconta comment milord le chancelier avait dernièrement obligé le duc et la duchesse dYork ainsi que sa dame de compagnie, milord Ossory et un docteur, à faire connaître sous serment devant la plupart des juges du royaume toutes les circonstances de leur mariage. Il fut finalement attesté qu'ils n'avaient été mariés en bonne et due forme qu'un mois ou deux avant l'accouchement de la duchesse, mais que leur union remontait bien avant cela et assez tôt pour que l'enfant fût légitime ; mais je n'ai pas entendu dire que l'on eût demandé aux juges de se prononcer sur ce point.
Chez milord. Je lui demandai ce qu'il pensait du phare, de la balise dont s'occupe le capitaine Murford et auquel il me propose de participer pour un huitième. Milord m'encourage et je continuerai de m'y intéresser. Dîner avec Mr Shipley et Howe. Ensuite à la chapelle de Whitehall avec Mr Child. Nous y entendîmes le capitaine Cooke et son valet répéter pour demain un hymne d'une très grande beauté.
Puis, par le fleuve au théâtre de Whitefriars où je vis " Le Changeon ". C'est la première fois que cette pièce est jouée depuis 20 ans, et elle obtient un succès extraordinaire. Je m'aperçois qu'en outre les gens du monde commencent à se lasser de la vanité et de l'orgueil des acteurs de théâtre, qui sont assurément devenus très fiers et fort riches.
Rentrai chez moi avec un flambeau. Je lus un peu mon livre avant de me mettre au lit.
** Je rencontrai aujourd'hui Mr Townshend, il me dit que le vieillard qui occupe à la Garde-Robe une place où il espère mettre mon père, est toujours vivant. C'est un poste que je suis bien décidé à demander.
Je rencontrai aussi le contrôleur de la Marine qui me dit combien il était facile et convenable pour nous, officiers du premier rang, de chercher à entrer au prochain Parlement. Il me pousse à demander au Duc une lettre de recommandation. Mais je ne le ferai pas, car cela me coûterait trop d'argent, bien que je sois sûr de pouvoir obtenir ce poste. Voici 28 ans que je suis né et, Dieu soit loué, j'ai tout lieu d'être satisfait et j'ai grand espoir d'être à tous égards un homme heureux, à mes yeux et à ceux de mes amis.
24 février
Dimanche
Mr Mills fit ce matin un excellent sermon contre l'ivrognerie, le meilleur que j'aie jamais entendu. Dînai chez moi. Il fit un autre bon sermon l'après-midi. Aujourd'hui, ma valentine portait à l'église les beaux gants que je lui ai offerts.
Après le sermon, ma femme et moi chez sir William Batten, nous restâmes un moment. Puis retour à la maison, moi je lus, puis souper et au lit.
25 février
Ce matin, en voiture avec sir William Penn, allons voir milord Sandwich. Mais il se fait purger aujourd'hui, et nous ne pûmes le rencontrer. Sir William Penn s'en alla donc, de mon côté au cabinet de Mr Mount au Cockpit avec Lewellynm ce dernier y logeait autrefois nous y restâmes boire, puis chez William Symons, il était sorti, mais sa femme en honnête épouse, à la maison. Elle nous servit un brouet aux orties, fort bon, fait exprès aujourd'hui pour la visite de certains de leurs amis. Nous restâmes assez longtemps bavarder avec elle dans la bonne humeur. Puis nous nous rendîmes chez milord où nous dînâmes. Il raconta une histoire des plus piquantes : comment Mr Blurton, un de ses amis venu chez moi avec lui il y a trois ou quatre jours l'avait accompagné ce jour-là, au sortir de ma maison, à la taverne de la Toison près de l'hôtel de ville et comment, sous quel prétexte, il avait réussi à obtenir la compagnie de la patronne, une fort jolie femme. Incidemment, comme Llewellyn l'appelait docteur, elle avait pensé qu'il l'était vraiment et, le tirant à part, lui avait confié le mal dont elle souffrait, qui n'était qu'une infirmité banale habituelle aux femmes. Comme il lui proposait un remède, elle l'avait prié de le lui apporter un jour, ce qu'il avait fait, et par la même occasion avait pu voir sa chose par-dessous, et en tâter, et il jure qu'il ira plus loin la prochaine fois.
Après dîner, par bateau au bureau, rencontrai sir William Penn avec qui je travaillai tout l'après-midi.
Je l'invitai ensuite chez moi et nous mangeâmes à nous deux un homard. Puis, au lit.
26 février
mardi-gras
Je laissai ma femme au lit, indisposée par " ceux-là ", et chez Mrs Turner que je trouve occupée avec Theophila et Joyce, en préparatifs pour les crêpes. Me rendis alors chez Mr Crew où j'apportai le dictionnaire de Cortgrave à milady Jemimah. De là chez mon cousin Tom Pepys avec Mr Moore, mais comme il avait quitté Londres je parlai avec sa femme, pas de l'affaire qui m'amenait, emprunter 1 000 livres pour milord. ***
Retour chez Mrs Turner où dînaient plusieurs amis inconnus à l'exception de Mr Armiger. De fort bonne humeur et les meilleures crêpes que j'ai mangées de ma vie. Ensuite je regardai par la fenêtre et vis harceler des coqs.
Ensuite Mrs Theophilia et sa fille, jeune demoiselle fort grande, d'une beauté parfaite, tout juste arrivée de la campagne avec Mr Thatcher le professeur de virginal, ainsi qu'un monsieur qui avait mangé avec nous, nous rendîmes à Bishopsgate Street où nous vîmes le clavecin neuf fabriqué pour Mrs Theophilia. Nous en offrîmes 12 livres, il en réclamait 14. Le patron étant absent nous pûmes faire affaire et nous nous quittâmes. Tous chez moi en voiture. Je trouvai ma valentine, et ma femme, puis la raccompagnai chez elle et allai voir sir William Batten au Dauphin, était là Mr Newborne, etc., et après une quarte ou deux de vin, nous rentrâmes à la maison et moi, au lit où, Dieu me pardonne, je fis à force d'imagination, ce qu'il me plut de la jeune " Segnora " qui dîna avec nous aujourd'hui.
27 février 1667
Au bureau toute la matinée. Après me suis promené dans le jardin avec le petit capitaine Murford et nous avons une fois de plus discuté du phare, auquel je vais participer, je pense, car il me promet que cette affaire me rapportera 100 livres par an, si j'en assure la réussite.
Vinrent me voir ensuite, au jardin, les jeunes Mr Powell et Mr Hooke, que j'avais connus autrefois à Cambridge. Je les fis entrer et leur offris une bouteille de vin, puis nous nous séparâmes. Je commandai un plat de poisson pour dîner. C'est aujourd'hui le premier jour de carême et je veux voir si je peux ou non l'observer. Mon père vint dîner avec moi et me montra une lettre de mon frère John. Il écrit qu'il a obtenu une bourse de son collège, ce qui me réjouit fort, parce que je vois maintenant que sa réussite est avant tout le fait de son mérite et non de l'influence de son professeur, le Dr Widdrington qui a maintenant perdu tout crédit dans cet établissement et a confié ses élèves à Mr Pepper, un jeune professeur de collège.
Chez Mr Rawlinson avec mon père, où nous rencontrâmes mon oncle Wight. Repartîmes après une pinte ou deux. J'allai à pied avec mon père, qui me raconta la brouille entre mon oncle Fenner et son fils Will, jusqu'à l'enclos de Saint-Paul, puis le quittai. Rentrai chez moi.
Aujourd'hui les commissaires du Parlement commencent à payer la solde des équipages débarqués, celle du Hampshire d'abord, et ils le font à l'hôtel de ville craignant en s'éloignant de Londres de tomber entrer les mains des marins qui sont furieux contre eux.
28 février
Rendu visite à milord de bonne humeur. Après une brève conversation je pris le bateau à Whitehall pour Rotherhithe, mais rattrapai en chemin le bateau du capitaine Cuttance et de Teddiman. Nous descendîmes à Queenhite et entrâmes dans une taverne. Nous mangeâmes une bourriche d'huîtres avant d'en repartir.
Le capitaine Cuttance et moi allâmes à pied de Rotherhithe à Deptford où je trouve les deux sirs
William et sir George Carteret chez Mr Uthwayt, où nous dînons. Et en dépit de ma résolution, mais faute d'autre nourriture, je mangeai de la viande en ce carême. Mais suis résolu d'en manger aussi peu que possible.
Après le dîner nous nous rendîmes chez le capitaine Bodilaw où nous vendîmes à la chandelle nombre de vieilles fournitures. Il était fort amusant de voir comment, partant d'une faible enchère, ils montaient à deux ou trois fois le prix des marchandises.
Après cela sir William Penn ainsi que milady Batten sa fille et moi allâmes à Rotherhithe par voie de terre, nous arrêtant un moment à la Demi-Etape. En allant prendre le bateau nous nous apercevons que sir George, etc., nous ont attendus longtemps avec le canot, ce qui nous a fort gênés.
A la maison et au lit.
Ce mois se termine sur deux grands secrets, dont on dispute, mais dont très peu savent le fin mot. D'abord, qui le roi entend épouser et quelle est la destination de cette flotte dont nous nous employons à doubler les coques, pour l'envoyer vers le sud. La plupart pensent que c'est à Alger qu'elle doit aller pour combattre les Turcs, ou encore aux Indes orientales, contre les Hollandais qui, dit-on, envoient là-bas une flotte importante.
* bibliotheque-conde.fr
** dossiersgrihl.revues.org
*** caricadoc.com
( à suivre ....../)
1er mars 1661
Toute la matinée....../
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