samedi 18 février 2023

La septième diabolique Adrienne Weick ( Roman Policier France )

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                                              La septième Diabolique

            En 1889 disparait l'un des écrivains classiques de la littérature du 19è siècle. L'une de ses oeuvres, " Les Diaboliques ", contient six nouvelles. Après des débuts contés dans le livre d'Adrienne Wieck et en fin de volume ( une page ), du fait de son méchant caractère et de ses critiques littéraires notamment à l'égard de Victor Hugo et de ses Misérables Barbey d'Aurevilly voit son volume Les Diaboliques accueilli " sévèrement ", alors qu'il annonce en préface une suite de six autres textes prêts à être publiés, ceci en 1879.  Ce roman policier, sans intervention de la police, mais avec une véritable énigme qui conduit deux hommes du Cotentin cher à Barbey, dans une Normandie noyée sous la pluie jour après jour, de Saint-Sauveur-le Vicomte, Valognes à Paris Meudon aux dédales du souterrain d'un ancien château à Issy-les-Moulineaux où Etienne, jeune étudiant en histoire et Anatole historien et vieux chercheur au passé un peu trouble trouveront peut-être la mort. L'auteure nous conte donc la recherche de l'une des six nouvelles annoncées. Barbey d'Aurevilly, héros ou pas, selon la lecture de chacun, dut fuir Paris et la Commune où ses ennemis n'appréciaient pas ses violentes critiques. Mais Barbey eut la vie sauve et rencontra Louise Read. Leur amitié permit à l'écrivain de lui confier le manuscrit d'une septième nouvelle qu'il admit avoir écrite après le récit d'un de ses contemporains qui lui demanda instamment de ne pas en parler. Louise Read obéit et cacha le manuscrit, mais où, s'interrogèrent les descendants normands de l'héroïne supposée Il y Anne, mère de Constance, Darnley, Blaise Méhidier, Gaétan Clamorga les vieux hôtels particuliers de Valognes, une vie provinciale, un jeune curé, en passant, un cimetière. Et on s'enferme en douceur dans l'atmosphère trouble de cette Normandie, vraiment très recouverte de pluie dans cette aventure d'un siècle qui vit " ...... La banlieue parisienne a connu une explosion démographique considérable entre 1850 et 1900, avec le.... développement des activités industrielles...... il a fallu loger ses nouveaux ouvriers...... On compte une centaine de chateaux en Ile de France qui ont disparu ainsi....... villages urbanisés annexés...... Passy, Bercy, Vaugirard....... " Premier roman choisi sur manuscrit d'une auteure diplômée d'IEP. Bonne lecture.








dimanche 12 février 2023

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 161 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )






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                                                                                                                             16 Mars 1666

            Levai et consacrai ma matinée aux affaires de l'entrepreneur des subsistances, approuvant ses comptes. Et puis à midi à la Bourse où je réglai diverses affaires. De la à la taverne de la Couronne, derrière la Bourse, où je dînai avec milord Brouncker, le capitaine Cocke, Fenn et Madame Williams, il faut assurément qu'elle soit la femme de milord, sinon elle ne pourrait point le suivre où qu'il aille, l'embrasser ni se comporter en public avec lui comme elle le fait. ( nte de l'éd. Brouncker mourut en 2684, célibataire, mais Mrs Abigaîl Williams hérita de sa fortune et fut nommée son exécutrice testamentaire ). 
            Au bureau où sir William Penn et moi menons à leur terme les affaires de subsistances. Sortis m'occuper de diverses affaires, retour dans la soirée. Reçus bientôt la visite de Mr Povey, restâmes ensemble dans mon cabinet de travail jusqu'à minuit, terminant nos comptes, lui donnai des tailles pour tout ce que je devais lui payer. Nous nous séparâmes et je m'employai à rédiger mon journal, je voulais rattraper deux ou trois jours. Me mis au travail et quand je voulus changer de page, je vis que j'avais beaucoup griffonné car, par manque de sommeil, je m'étais mis à écrire à l'aveuglette et sans rapport avec mon sujet. Fus alors forcé de m'interrompre et, au lit.


                                                                                                                        17 mars

            Levé. M'employai à terminer mon journal que je n'avais pas la veille mené à son terme par manque de concentration, puis au bureau où fus très occupé toute la matinée. A midi rentré dîner à la maison et bientôt, avec ma femme, chez Hayls, où j'ai encore beaucoup de plaisir à voir le portrait de ma femme. Je le payai 14 £ pour le portrait et 25 shillings pour le cadre, et il me semble qu'un si bon tableau vaut largement cette somme. Il n'est pas encore tout à fait fini ni sec, et donc impossible de le rapporter à la maison. Aujourd'hui je commençai à poser et il va me faire, je pense, un très beau portrait. Il me promet qu'il sera aussi réussi que celui de ma femme. Je pose de sorte qu'il y ait tout un jeu d'ombres et j'ai le cou presque brisé à force de regarder par-dessus mon épaule.
            Retour, puis au bureau et à la maison car j'ai un gros rhume. Ma femme et Mrs Barbara en ont aussi un très gros, nous ne saurions dire comment nous l'avons attraper. Puis au lit, nous buvons de la bière au beurre. Aujourd'hui mon dévoué Wille Hewer arrive de Portsmouth et il me donne un autre exemple des fourberies de sir William Penn qui a écrit à Middleton, commissaire du Conseil de la Marine, que c'est du fait de ma négligence qu'il ne fut point nommé, l'autre jour, conformément aux instructions du Conseil, de ce que nos commis se rendaient là-bas pour la solde. Mais point ne m'est besoin de nouvelles preuves pour savoir que c'est un hypocrite, un coquin, envers moi comme envers le monde entier.


                                                                                                                        18 mars
                                                                                                    Jour du Seigneur
            Levé, mon rhume va mieux, puis à l'église, puis rentré à la maison pour le dîner, puis à pied jusqu'à l'église St John, pensant voir la belle Mrs Butler, ce que ne pus car elle n'était pas là, et n'habite plus, je crois dans les parages. De là allé à pied jusqu'à Westminster. Très beau temps, mais tout le
monde réclame à cor et à cri de la pluie. Chez Herbert, chez qui j'ai bu, puis chez Mrs Martin fis avec elle ce que j'avais en tête tandis que son mari allait nous chercher du vin. Je crois bien que le pauvre homme accepterait de se mettre en peine pour que je lui obtienne un poste de commissaire de marine, ce que j'essaierai de faire. Elle me dit, sous le sceau du secret, que Betty Hewlett, de la Grande Salle, ma petite amoureuse ( que j'ai accoutumé d'appeler ma seconde femme )  est mariée à un fils cadet de Mrs Mitchell ( son aîné à qui elle était promise étant mort de cette épidémie de peste ). Je m'en réjouis et me réjouis de ce qu'ils doivent habiter près de moi, dans Thames Square, près de la taverne de l'ancien Cygne.
            Rentré chez moi en voiture et à mon cabinet de travail m'occuper de certains comptes, puis au lit. Sir Chrustopher Myngs est rentré de Hambourg sans avoir rien fait, sinon nous rapporter quelques lonngailles.


                                                                                                                        19 mars

            Levé de bonne heure et en réunion extraordinaire au bureau presque toute la matinée avec lord Brouncker, sir William Coventry et William Penn au sujet de ces affaires de comptes. A ce propos, maintenant que nous disposons de presque tout ce que nous pouvons souhaiter nous confions tout au contrôleur, et je crains qu'il n'en soit écrasé, car il est de jour en jour un peu moins capable de faire son travail. Puis, avec milord Brouncker et sir William Coventry au bureau de la solde pour voir quel désordre règne, et c'est une honte de voir comme l'on y sert le roi. Allons auprès du trésorier de Londres pour nous assurer avec plus de précision de l'étendue du crédit dont nous disposons là-bas. il apparaît que nous en avons bien peu. Chez sir Robert Long, absent, pour traiter, à peu de choses près les mêmes affaires, mais là non plus nous n'obtenons pas mes assurances que nous souhaiterions. Puis sir William Coventry s'en alla et milord et moi-même fûmes chez Mrs Williams. Je vis son petit salon qui contient, il est vrai, quantité de belles choses, mais je hais celle qui occupe ces lieux. Nous y dînâmes et sir John Mennes nous rejoignit. Après le dîner à pied jusqu'au Théâtre du Roi, couvert de saleté car on est en train de modifier la scène pour la rendre plus spacieuse. Mais Dieu sait quand ils recommenceront à jouer. Mais j'étais venu là afin de voir l'intérieur de la scène et toutes les loges d'acteurs ainsi que les machines, et le spectacle en valait assurément la peine. Mais à voir leurs costumes et toutes sortes de choses, à voir cette confusion d'objets, ici un jambe de bois, là une collerette, tantôt un cheval de bois, tantôt une couronne, il y a vraiment de quoi rire à se tordre, surtout la garde-robe de Lacy et celle de Shatterel. Mais encore une fois quand on pense à la splendeur de tout cet appareil sir scène à la lueur des bougies et à la piteuse apparence de tout cela vu de près, l'effet n'est point du tout plaisant. Les machines sont fort imposantes et les peintures fort jolies.
            Ayant pleinement satisfait ma curiosité, m'éloignai avec milord pour le raccompagner chez Mrs Williams, pris congé et rentrai en voiture, puis au bureau. Fus tantôt mandé par sir George Carteret à la Trésorerie Générale de la Marine dans Broad Street, où arpentâmes sa galerie pendant deux ou trois heures, jusqu'à ce qu'il fît très sombre, parlant de ses affaires. Je l'assurai que tout irait bien et lui recommandai très librement, ce qu'il accepta avec grâce, de ne rien céler au Conseil de ce qu'il voudrait savoir de ses comptes, et même d'en appeler à cette instance pour savoir s'il était quoi que ce fût d'autre qu'elle désirait connaître ou qui fît défaut. Mais l'essentiel de notre entretien ou nos réflexions les plus sérieuses portèrent sur le mauvais état du royaume en général par manque d'argent et de discernement, ce qui, j'en ai peur, causera notre perte à tous.
            Pleinement satisfait d'avoir eu la bonne fortune d'avoir eu un tel entretien avec lui, rentrai chez moi. Là, dans le jardin nous nous promenâmes, sir William Warren et moi, dans l'obscurité jusqu'à 10 heures du soir, causant de maintes choses nous concernant. J'espère tirer de lui quelque avantage considérable avant la fin de l'année. Il me donne le bon conseil d'être attentif à ce qui se passe autour de moi, relativement à ma charge que j'ai maintenant fort envie de développer, car il me semble que notre service se trouve dans une situation très délicate : il est vraisemblable que le Parlement siégera prochainement et qu'on lui demandera plus d'argent et nous ne pourrons rendre que très médiocrement compte de l'emploi des sommes qui nous furent déjà données par lui. De plus la révocation des officiers des prises de guerre peut servir d'exemple et inciter le roi à nous sacrifier tout aussi aisément au bon plaisir du Parlement, car nous le méritons autant.
            De plus, sir George Carteret me déclara ce soir que milord Brouncker lui-même, sur la bonne volonté de qui j'eusse pu compter autant qu'aucun autre, lui avait fait remarquer que je détenais de nombreuses charges et que, bien que je fusse travailleur, la Marine n'en suffisait pas moins à occuper quelqu'un pour assurer cette unique fonction. Ce qui me tracasse fort et m'incitera à faire preuve d'encore plus de soin et de diligence que je n'en ai jamais montré.
            Rentré souper chez moi pour trouver ma femme et Mrs Barbara très enrhumées, ce qui est aussi mon cas en ce moment.
            Ce jour lettre de mon père. Celui-ci me propose un parti pour Pall à la campagne qui ne me déplut point. Il s'agit de quelqu'un qui possède des terres rapportant quelque cent quarante livres par an et s'attend à recevoir 1 000 £ en espèces à la mort d'une vieille tante. Il n'a ni père, ni mère, ni sœur ni frère. Mais exige 600 £ comptant et 100£ à la naissance du premier enfant. J'inclinais à aller jusque-là. Il est parent de Mr Philips et vit avec lui. Mais ma femme me dit que c'est un rustaud buveur, laid et mal élevé, ce qui me dissuade encore. Je continue à penser à Harman. Après le souper, au lit.


                                                                                                                        20 mars 1666

            Levé et au bureau, travail toute la matinée. A midi dînai en hâte, puis ma femme, Mrs Barbara, Mrs Mercer et moi en voiture chez Hayls où je vois que maintenant le portrait de ma femme est parfaitement achevé, en tous points. C'est un beau portrait, le plus beau presque que j'aie jamais vu. Je posai derechef et fis grandement avancer le travail. Mais, quelle qu'en soit la raison, l'aspect général de mon visage, à ce qu'il me semble, n'est pas rendu, encore que ce doit être un portrait très imposant. Rentré, à mon travail la nuit étant tombée, et à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                       21 mars
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            Levé de bonne heure et d'abord en voiture chez milord le Général, en visite, puis chez le duc d'York où nous réunîmes tous et traitâmes avec lui nos affaires ordinaires. Mais, Seigneur ! il faut voir comme l'on défère aussitôt à toute chose que propose le Duc, même sir William Coventry. Comme par exemple de faire nommer Troubeck, son chirurgien de longue date et dont on voulait faire le chirurgien général de la flotte, médecin général de la flotte, chose sans précédent, et qui lui rapportera 20£ par mois. Avec lord Brouncker allai voir sir Robert Long. Après un entretien relatif à notre travail, il nous parla de choses plus générales et plaisantes : il nous parla entre autres de l'abondance des perdrix en France. " Là-bas, dit-il, le roi de France et sa suite ont tué au fusil dans la plaine de Versailles, quelques 300 perdrix en une seule équipée. "

        Allai à la Régie derrière la Bourse, trouvai nos affaires de tailles en grand désordre en ce qui concerne les paiements. Je prends la décision d'y remédier le plus tôt possible. Retour, rencontrai sir William Warren et, après avoir mangé quelques victuailles, cependant que sir William restait au bureau, lui et moi à Whitehall, lui pour s'occuper de l'affaire des vaisseaux pris à l'ennemi que nous nous efforçons d'acheter espérant en retirer de l'argent. Puis à Londres en voiture, à Gresham College où je demeurai une heure et demie.
            Retour à mon bureau et là, seul, me promenai tard dans le jardin, avec sir William Warren qui me dit qu'à la Commission de la Chambre des Lords chargée des prises de guerre, aujourd'hui de fortes paroles furent échangées entre William Ashley et sir William Coventry à propos des vaisseaux pris à l'ennemi, et que milord Ashley, très méprisant, lui avait parlé avec autant de hauteur qu'il avait accoutumé de le faire vis à vis du moindre matelot, et que sir William avait pris les choses très calmement, mais qu'il n'en avait pas moins dit avec modération et raison ce qu'il pensait., puis était parti déclarant qu'il avait fait son devoir et qu'il leur laissait le soin de décider s'ils souhaitaient que tous ces vaisseaux  allassent  ou non quérir des mâts. Là nous évoquâmes quantité d'affaires, conversation à tous égards instructive. Nous nous séparâmes tard.
            A la maison, souper et, au lit, quelque peu tracassé par une lettre de mon père me disant qu'il serait vraisemblablement poursuivi pour une dette de Tom par Smith le mercier.


                                                                                                                            22 mars

            Levé et toute la matinée au bureau. A midi, ma femme étant allée chez son père, je dînai avec sir William Batten à son invitation, puis à mon bureau sans relâche et fis beaucoup de travail. Rentré tard à la maison, souper et, au lit.
            Le nombre des victimes de la peste a augmenté de 4 cette semaine, ce qui me tracasse, encore qu'il n'y ait qu'une seule victime supplémentaire dans toute la Cité.


                                                                                                                             23 mars

            Levé, sortant de mon cabinet de toilette une fois prêt à descendre j'aperçus la petite Mrs Tooker, ma jolie petite qui, semble-t-il, est arrivée hier à la maison pour passer quelque temps avec nous, mais je n'en avais point encore été prévenu. Je me réjouis de son arrivée. C'est une très belle enfant, devenue presqu'une femme. Sorti dès 6 heures pour un rendez-vous chez Hayls où nous nous mîmes tout de suite à mon portrait, avec beaucoup d'énergie. Il s'annonce comme devant être un portrait très important. Force gaieté, plaisanterie, conversation toute la matinée cependant qu'il peignait. Bientôt arrivent ma femme avec Mrs Mercer et la petite Tooker. Hayls en ayant terminé avec moi allons tous chez un artiste tout proche. Hayls me mena voir un paysage que quelqu'un avait peint, mais je n'aime aucun de ces tableaux, excepté une étude de fruits, vraiment très belle. 
            Vais à Westminster, à l'Echiquier, pour quelques affaires, puis à la taverne du Cygne où je me fis servir un peu de nourriture et dînai. Eus ensuite l'occasion d'être satisfait de Sarah. Départ pour la Grand-Salle, et là Mrs Mitchell me dit fort joyeusement que la petite Betty Howlett est marié à son jeune fils Mitchell. C'es une bien étrange chose qu'il ait si vite, dans cette alliance, succédé à son frère aîné mort de la peste, et que lui reviennent la maison et le métier que l'on destinait à ce dernier. De plus, on dit que cette fille avait auparavant déclaré qu'elle aimait ce jeune-là plus que l'autre que l'on lui destinait depuis le début. Je suis content de ce mariage et plus encore qu'ils viennent près de chez moi, dans Thames Street, où il me sera possible de voir de temps à autre Betty que j'ai a accoutumé d'appeler ma seconde femme depuis qu'elle est petite fille, et il est de fait qu'elle est fort jolie.
            En voiture chez Anthony Joyce pour recevoir la réponse de Harman. J'en éprouvai de la contrariété, car il exige maintenant 800 livres, alors qu'il n'avait jamais trouvé à redire à la dot mais acceptait les 500 £, je n'aime pas cela. Pourtant je ne saurais vraiment  blâmer ce garçon s'il pense qu'il  peut obtenir plus d'un autre que de moi. Rentrai et m'attaquai avec énergie à mon travail au bureau, puis la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                      24 mars

            Levé, toute la matinée au bureau. A midi dînai à la maison où il y avait Anthony Joyce. Je donnai ma réponse définitive, à savoir que je ne donnerai avec ma soeur que 500 £, et je montrai la belle offre qui nous est faite à la campagne, que j'inclinais de plus en plus à accepter, et j'entends poursuivre dans cette voie. Après dîner à Whitehall pour une séance de la commission de Tanger, où était le duc d'York, et je m'acquittai bien de ce que je devais faire. J'eus ensuite l'occasion de suivre le duc dans ses appartements, dans une chambre où la duchesse posait pour son portrait que Lely
exécutait. Mais je vis avec grand plaisir que la ressemblance avec son visage dans cette oeuvre, qui est la seconde sinon la troisième, est bien moindre que dans celui de ma femme, pourtant le premier. Et je ne pense pas que le portrait puisse être très ressemblant car les traits ne sont pas proportionnés à ceux du visage.
            Retour, restai tard au bureau puis, au lit.


                        



                                                                                             25 mars 1666
                                                                         Fête de l'Annonciation et dimanche.
            Levé et à mon cabinet de travail, en robe de chambre, toute la matinée, occupé dans cette pièce à mettre en ordre mes papiers. A midi dîner, nous voyons le frère de ma femme que j'ai mandé pour lui proposer de faire de lui un officier de rôle et de l'envoyer en mer. Cela ne déplaît pas du tout à ce pauvre homme qui partira, et ce sera une belle promotion pour lui, mais dangereuse. J'espère qu'il se montrera homme de bien et de discernement.
            Après dîner derechef à mes papiers et à mes comptes de Tanger jusqu'au souper, après souper y retourné derechef. Mais ayant mélangé je ne sais comment mes comptes personnels et mes comptes publics, cela me rend fou de voir à quel point il est difficile de les rendre intelligibles. J'en ai la tête tout embrouillée, de telle sorte que, bien que m'étant juré de veiller jusqu'à une heure du matin, je crains que ce soit inutile, car je n'arrive pas à comprendre où j'en suis de ces comptes, ni ce que j'en ai fait jusqu'à aujourd'hui.   


                                                                                                                         26 mars

            Levé, puis il y eut une réunion extraordinaire avec sir William Coventry et lord Brouncker. au sujet de l'organisation du bureau de la solde où une infinie carrière reste ouverte à qui veut tromper le roi relativement au paiement des matelots. Notre travail achevé, milord Brouncker et moi allons à la Tour pour voir notre fameux graveur afin de lui faire graver un sceau pour notre service. Et je vis parmi les plus beaux exemples de travail en relief pour ce qui est de la délicatesse et de la petitesse, des images y figurant, et j'y amènerai ma femme pour les lui montrer. Je vis aussi des lingots d'or en fusion, un spectacle impressionnant. Puis avec milord à la taverne de la Tête du Pape dans Lombard Street, où nous avions rendez-vous pour dîner avec le capitaine Taylor. Fûmes rejoints par William Coventry et nous égayâmes fort, et je trouve tous les jours des raisons de l'honorer davantage.
            Allai seul à Broad Street chez sir George Carteret. Il souhaitait que je conférasse avec lui. Il souffre, me semble-t-il, beaucoup des affaires du bureau, et je crois qu'il ne craint pas peu d'y connaître la ruine, sir William Coventry lui vouant un tel ressentiment. Et je retiens d'abord de cela un exemple éminent de la leçon dont un homme, si grand aujourd'hui que tous le croient inébranlable, se voit le jour d'après jeté à bas, violemment privé de tout appui, tandis qu'on examine la plus petite irrégularité sur ses affaires, sur lesquelles personne n'eût osé la veille encore poser le regard. Je vois aussi que celui-là même dont personne n'osait s'approcher, il y a peu, est désormais docile comme un épagneul, qu'il m'a fait venir et me parle avec beaucoup d'humilité et écoute volontiers les avis qu'on lui donne. 
            Rentré au bureau, resté tard à travailler, puis chez moi pour m'occuper un peu de mes comptes publics et personnels, mais sans parvenir à savoir comment vraiment les disposer en vue de leur approbation.


                                                                                                                    27 mars

            Toute la matinée au bureau à travailler. A midi dînai chez moi, Mr Cooke, notre vieille connaissance de chez milord Sandwich vint me voir et dîner avec moi, mais j'étais de fort méchante humeur, ayant quantité de choses plus importantes en tête. Puis au bureau pour organiser le travail de mes gens, et retour chez moi pour m'occuper de mes comptes officiels relatifs à Tanger. Et, chose étrange, par suite d'une confusion avec des calculs faits récemment le soir avec Mr Povey, je me retrouvai à ce point embrouillé qu'il ne me restait plus ensuite, prêt que j'étais à me cogner la tête contre les murs, qu'à songer à une autre méthode, encore qu'elle fût moins parfaite. Mais c'était la seule qui me pût permettre de me tirer de mes comptes. M'y employant je veillai jusqu'à plus de 2 heures du matin puis, au lit.


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            Levé et avec Creed venu de bonne heure m'entretenir de ses comptes, à Whitehall par le fleuve. Il témoigna force gaieté dans la conversation, encore que je me souciasse bien peu de lui et ne l'encourageasse point, ayant désormais, Dieu merci, nombre d'affaires importantes à l'esprit et mieux à faire que de bavarder.
            Présentai mes respects au Duc, allai ensuite à pied dans le parc de St James, avec sir William Clarke et rencontrâmes bientôt Mr Hayes, secrétaire du prince Rupert, l'un et l'autre de fameux gaillards, mais j'en ai bien peur, ils se promettent davantage qu'ils ne peuvent attendre. Au théâtre du Cockpit, puis dînai avec force commensaux chez le duc d'Albemarle, mauvais dîner, vraiment répugnant. 

            En voiture chez Hayls où posai. Et le portrait est devenu terriblement ressemblant. Arrivent ma femme et Mrs Mercer amenées par Mrs Pearse et Mrs Knepp. Force gaieté et le tableau n'en progresse que mieux. Les déposai chez Pearse et rentrâmes à la maison où je travaillai et demeurai à mon cabinet de travail jusqu'à minuit puis, au lit
            J'apprends ce soir que la reine du Portugal, mère de notre reine, est morte récemment et que la nouvelle parvint ici aujourd'hui.

                                                                                                                         29 mars. 

            Toute la matinée au bureau, travaillai dur. A midi dîner puis allai à Lombard Street pour m'occuper de l'encaissement de quelque argent qui m'appartient et déposé là entre les mains de Vyner. Je n'ai pas l'intention de l'y laisser dormir davantage. Retour au bureau puis à la maison où je m'occupe d'affaires et de comptes publics et privés jusqu'à minuit passé puis, au lit.
            Ce jour, la pauvre Jane, ma chère petite Jane nous est revenue pour notre plus grand plaisir, à ma femme et à moi, et tous nous espérons qu'elle nous donnera grande satisfaction, elle qui possède toutes les caractéristiques et qualités d'une bonne servante, affectionnée et honnête, car elle s'est arrachée à la maison où elle vivait depuis son départ de chez nous pour répondre à notre désir, son ancienne maîtresse ayant usé de tous les stratagèmes possibles pour la retenir.


                                                                                                                         30 mars 1666

            Ma femme et moi fort satisfaits que Jane nous soit revenue. Levé et voici que s'en va Alice, notre fille de cuisine, bonne servante que nous aimions et envers qui nous agissions bien, et c'était une excellente servante mais qui n'acceptait pas qu'on lui fît remarquer la moindre faute, même le plus discrètement et le plus gentiment du monde. Elle a voulu partir, de son propre chef, après avoir donné et repris son congé à sa maîtresse plusieurs fois de suite durant un trimestre. Nous emploierons donc une autre fille et ferons de la petite Jane notre cuisinière, du moins en ferons l'essai.
            Levé et, après beaucoup de travail, vais à Lombard Street où reçus 2 200 £ que je rapportai à la maison et, contrairement à mon attente, reçus 35 £ pour 2 000 de ces livres pendant un trimestre, période qui m'a valu ce bénéfice. De plus, cela m'a épargné d'avoir à veiller à la sûreté de ma maison, et l'argent étant exigible sous deux jours, ce qui vient d'être le cas.
            Ce matin sir William Warren vient me voir pour la 2è fois. Il voulait de moi 2 000 £ sur la foi de ses lettres de change conformément à la nouvelle loi, cela lui permettra de payer les navires qu'il achète, ce dont je tirerai considérable profit. J'agis ainsi à contrecœur. Pourtant en parlant avec Colvill, je vois bien que je serai en mesure de le faire et que, par-dessus le marché, j'en retirerai de l'argent. 
            Retour à la maison, mangeai une bouchée, puis chez Hayls où posai jusqu'à la tombée de la nuit, le peintre travaillant à ma robe louée pour la circonstance. C'est une robe indienne, et je crois que j'ai toutes les raisons d'en attendre un excellent tableau.
            Rentrai chez moi et m'occupai de mes comptes personnels dans mon cabinet de travail jusqu'à plus d'une heure du matin. Puis, au lit, la tête pleine de pensées relatives à tous les comptes que je devrai faire demain, où nous atteignons la fin du mois. Puisse Dieu m'aider en cela, car jamais de ma vie je ne connus pareille confusion, et à propos de grosses sommes.


                                                                                                                     31 mars

            Toute la matinée au bureau, à midi dîner puis au bureau où je m'acquittai de mon travail sitôt que je le pus, rentrai chez moi et à mes comptes jusqu'à très tard. Mais, grands Dieux ! quelle affaire pour en comprendre la moindre partie, et, en bref, je ne parvins point à les comprendre, mais après m'être totalement épuisé, je fus forcé d'aller au lit et de laisser mes comptes, tout à fais contre mon gré et aussi contre mes serments. J'espère que Dieu me le pardonnera, car cela fait quatre soirs que je veille jusqu'à plus de minuit pour les maitriser, mais ne le puis point. 
            Ainsi le mois s'achève-t-il alors que j'ai la tête et l'esprit entièrement envahis par l'inquiétude au sujet de mes comptes que j'ai laissés aller trop longtemps, confondant comptes publics et comptes personnels, si bien que je ne saurais parvenir à les liquider aucunement. Je vois néanmoins que je dois être plus riche que je n'étais le mois dernier.
            Me préoccupe aussi la pensée de trouver un mari à ma soeur et, à cette fin, ma femme et moi avons décidé qu'elle irait incontinent à la campagne chez mon père et ma mère afin d'examiner une proposition qu'on leur a faite à son sujet à la campagne, proposition qui, si elle lui agrée, suivra son cours.


                                                                       à suivre...........

                                                                                                                1er avril 1666

                  Levé, sorti.............
























                                                                                                                                                                              









































































           
      




























vendredi 10 février 2023

La longue marche des dindes Léonie Bischoff Kathleen Karr ( Bande dessinée France )

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                                            La longue marche

                                                     des Dindes

            " Déployer tes ailes " lui a dit Miss Rogers. Mais comment peut-on trouver des ailes lorsqu'on est un jeune garçon orphelin, recueilli par un on oncle et une tante agriculteurs dans le Missouri et parents de plusieurs garçons. Il a 14 ans, plus d'école pour lui, " Tu as une cervelle d'oiseau " lui a dit la gentille institutrice. Simon réfléchit, diplôme de sortie en poche quand même et passant devant la ferme de son voisin l'écoute se plaindre du tracas que lui donnent ses mille dindes et dindons. Conversation engagée, le jeune garçon décide d'entrer dans le monde des affaires, avec l'aide financière de Miss Rogers qui a compris son projet. Il achète les volatiles mais il ne trouvera acquéreur, selon les dires exacts du fermier, qu'à Denver. Sa famille accepte son projet, mais il doit tout leur payer, le chariot, les mules, le maïs, nourriture des mules. Et le voici sur les routes, suivant un plan tracé par Miss Rogers." Faut croire que j'étais fait pour m'entendre avec les volatiles " songe Simon. Simon qui va-t-il croiser en chemin ? 1 000 kilomètres le séparent de Denver, qu'il devra parcourir à pied, et des mécréants qui se révèlent meilleurs et des gentils des traitres. Tout ceci se passe à la fin du 19è siècle. " Les malins gardent leurs biens, les jobards se font avoir ", dit l'un des personnages et ailleurs il ajoute : " Les Indiens vivaient bien grâce aux bisons quand ils en tuaient. Ils se servaient de tout......... C'est gros un bison, et velu et cornu. Et tout ce qu'il y a de méchant quand on l'attaque....." Bonne BD, traits fins, classiques, ocres et bleutés. Pour tous, les enfants, les petits, les grands, de 7 à 107 ans. Un western 




















mardi 7 février 2023

L'oreille de Kiev Andreï Kourkov ( Roman Ukraine )

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                                            L'Oreille de Kiev

            Kiev, 1919. Par 3 fois les révolutionnaires russes tentent et échouent à prendre Kiev ( la 4è sera la bonne ). En ce jour de mars Sanson marche dans la rue avec son père, ce dernier comptable. Bruit de cavalcade, des cosaques à cheval, sabrent tout ce qui se trouve à leur portée. Ainsi le père reçut le premier coup mais eut le temps de crier à son fils de se garer, ce qu'il fit non sans avoir l'oreille tranchée qu'il récupère et conservera longtemps soigneusement dans une modeste boite de bonbons. A Kiev les bolchevicks imposent de nouvelles règles. Les appartements sont susceptibles d'être partagés, ce qui arrive à Sanson ( sa mère, sa sœur et sa tante sont mortes deux ans plus tôt ). Ici intervient un épisode onirique qui permet à Sanson d'apprendre que l'un de ces colocataires voudrait le trucider. Puis le jeune homme étudiant en électricité mène sa vie quotidienne, l'occasion, qui se répètera souvent, de parcourir les rues, en fiacre si on a encore l'argent et non des bons de ravitaillement, à pied, en tram ou en cariole, à l'aide d'un plan de la Kiev de l'époque, en fin de volume. Quelques personnages accompagnent Sanson, ainsi de la concierge qui veut le marier, Naïden chef du commissariat du quartier, un prêtre défroqué, Kholodny, quelques autres personnages vont accompagner Sanson qui, rapidement, va entrer dans la milice, échanger ses jolies bottes anglaises contre tout un uniforme. Devant les immeubles les marches sont en bois et craquent., le thé partout sans restriction. La nourriture est rare, manque de sucre de sel, mais la saisie de ce dernier servira à payer un tailleur. L'électricité défaillante fournie grâce au bois " .... Les forêts ne manquent pas autour de Kiev. - Oui..... mais pas de bûcherons, ils ont été mobilisés. " L'histoire est foisonnante d'anecdotes de la vie quotidienne d'une ville et de ses habitants qui se battent pour un mode de vie qu'ils ne savent trop si elle sera juste et meilleure. Pour l'heure les cambriolages, les meurtres se multiplient et le roman devient roman policier. La gardienne, appelée la Veuve, de l'appartement de Sanson est avertie de tous les tracas : " De qui avez-vous peur pour vous barricader de la sorte ? -  De qui ? avait-elle ronchonné. Tu devrais le savoir. Des petlouristes.........- Qui vous a dit cela ? Je l'ai entendu au marché - On en sait des choses au marché ! - Oh oui, beaucoup mon petit Sanson......... Le marché ce n'est pas que le commerce, la triche et le troc. C'est la grande politique ! Les gens n'y ont pas à répondre de leurs propos, alors ils te balancent en face toute la vérité vraie. " Les Chinois employés par l'Armée rouge sont des membres appréciés de la milice ce qui donne à Nadejda, employée au service statistique l'occasion d'informer ceux qui l'écoutent : " Combien sommes-nous à Kiev..... - Plus de 500 000........La nationalité la plus représentée, les Russes ! Puis les Ukrainiens et près de 20% de population juive..... " L'histoire un peu touffue ne s'abandonne qu'à regret, les scènes s'intègrent parfaitement sur une courte période. Des gentils et des méchants. L'oreille tient son rôle, court mais efficcace. Très bonne lecture, pour rappel Kourkov est polyglotte, une dizaine de langues, né à Sain-Pétersbourg, Il a cinq ans lorsque sa famille s'installe en Ukraine, écrit en russe, l'auteur du Pingouin, de Maïdan et d'autres. Une suite est annoncée dans les dernières lignes.