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jeudi 2 mai 2019

Anecdotes et réflexions d'hier pour aujourd'hui 96 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )


                                                                                                                 16 juin 1663

                  Levé, mais pas aussi tôt que j'en ai l'intention, à compter d'aujourd'hui. A mon bureau travail toute la matinée. A midi, à sa requête, dînai avec sir William Batten, me dit que l'argent destiné au roi aura la forme d'un subside. Allai ensuite voir des tableaux avec sir John Mennes chez Brewer, censés être de bonne facture, mais ils ne me plaisent pas. Rentrai au bureau et de là chez Stacey, le marchand de goudron et dont le serviteur avec qui je m'étais entendu hier revient sur le marché. Au bureau nous en sommes tous contrariés, même sir William Batten tellement en faveur de Hill  Réunion jusqu'au soir, puis visitai sir William Penn toujours malade et à la maison et au lit vers 10 heures.


                                                                                                                    17 juin

              Debout avant 4 heures, heure à laquelle j'entends désormais me lever, et un moment à mon bureau. C'est avec grand plaisir que je me remets à mon travail. Un peu plus tard je pris de l'argent et me rendis chez mon marchand de goudron pour lui payer sa marchandise, qu'il refuse de me vendre. Mais maintenant son maître est de retour et il me parle fort civilement, et je crois que nous allons l'obtenir sans querelle. Je rapportai mon argent puis me rendis à Whitehall et parlai dans le jardin à milord Sandwich. Il porte son habit à boutons d'or, comme c'est la mode, et a belle allure. Le capitaine Ferrer est de retour de France......... Je rentrai à la maison en barque, dînai seul, jouai une demi-heure du violon et au bureau jusqu'à une heure avancée, et à la maison et au lit.
            J'ai aujourd'hui envoyé à la femme de mon cousin Pepys, chez ma cousine Turner, un cuissot de chevreuil que l'on m'a donné hier et demandé de me faire porter une douzaine de ses bouteilles pour les remplir de vin pour elle.............

                                             
                                                                                                                  18 juin

Levé à 4 heures et à mon bureau.......... Dînai seul à la maison content de mon travail mais triste de l'absence de ma femme. Une demi-heure à mon violon et réunion au bureau tout l'après-midi jusque tard, et à la maison et au lit. Eus ce matin la visite de Mr Cutler dans mon petit cabinet. Il parle excellemment car c'est un homme sage, et je m'aperçois, à ce qu'il dit et beaucoup d'autres, que ma diligence est remarquée. Je rends grâce à Dieu, et j'espère que ça continuera.............


                                                                                                                       19 juin.

            Au lit jusqu'à 6 heures, lever et à mon bureau. A midi me rendis à la Bourse. Au retour rencontrai Mr Creed que je ramenai chez moi pour dîner, puis arriva Mr Moore à qui je remis 30 livres. Sortîmes et prîmes une barque jusqu'à Lambeth pour voir la dépouille de l'archevêque mais pas encore exposée. Retour à Whitehall et au bureau du Sceau privé, examinai les registres et constatai que l'on avait octroyé une augmentation de salaire aux officiers de haut rang de la marine pour l'année 1639, 300 livres à répartir entre le contrôleur, le surintendant et le commis aux vaisseaux. Ensuite chez Wilkinson, après une bonne promenade dans le parc rencontrâmes le capitaine Ferrer à cheval, il nous dit que le roi de France est rétabli, qu'il l'a vu faire faire de l'exercice à ses gardes, tous de vaillants soldats, à Paris, et que, lorsqu'il se rend chez sa maîtresse, Mademoiselle de La Vallière, une jolie petite femme qui attend maintenant un enfant, il y va avec ses gardes, au vu et au su de tous, avec ses trompettes et ses timbales qui restent devant la maison. Et pourtant, dit-il, malgré tout cela la reine ne sait rien, car personne n'ose lui dire, mais cela j'ai peine à le croire.
            Chez Mr Wilkinson, où nous avions commandé un plat de petits pois, le repas fut fort gai et comme nous étions en compagnie du petit gentilhomme , un ami du capitaine Ferrer qui se trouvait au Théâtre avec ma femme et moi il y a quelques jours, nous nous rendîmes à la taverne Rhénane où il demanda un vin rouge du Rhin  appelé " bleakard ", un bon vin, et qui n'est pas un mélange, comme on dit.          fond-ecran-image.com
            Mr Moore nous montra comment en France on boit à la santé de quelqu'un : vous saluez celui qui a bu à votre santé, puis le mari de la dame à la santé de qui l'on boit, puis la personne à la santé de qui vous buvez. Ce que je ne savais pas avant, mais il semble que ce soit maintenant à la mode.
            Retour en barque à la maison, et au lit, après avoir joué du flageolet à la fenêtre de mon cabinet et avoir lu à Will un passage de la Bible en latin. Je vois que dans peu de temps il sera tout à fait accompli, s'il fait tant soit peu d'effort.


                                                                                                         20 juin 1663

            Lever et toute la matinée à mon bureau, dînai à la maison avec Mr Deane de Woolwich, et descendîmes par le fleuve jusqu'à un entrepôt de bois où passâmes tout l'après-midi à cuber du bois de charpente, ce qui n'a plus de secret pour moi et je serai dans peu de temps à même de servir très utilement le roi.
            Le soir retour à la maison et à mon bureau expédiai des affaires puis à la maison. Après avoir entendu Will lire un peu de Bible en latin, au lit.


                                                                                                           21 juin
                                                                                       Jour du Seigneur
            Lever de bonne heure et lecture de ma grammaire latine, ce dont j'ai bien besoin. Cela m'est apparu quand j'ai demandé à Will de lire un passage en latin. Je suis résolu à la relire entièrement.
            Après m'être fait raser, en barque à Whitehall, traversai le parc, il pleuvait fort, me rendis au cabinet de travail de Mr Coventry. Parlâmes des affaires de la marine, et bien content de ma visite il m'emmena dans son carrosse et me déposa à Whitehall d'où je m'embarquai immédiatement pour rentrer.......... A la maison, comme j'étais mouillé, changeai de cravate et mes affaires avant de dîner, montai ensuite faire quelques exercices sur mon virginal qui n'a pas de secret pour moi....... Puis à l'office où dormis pendant tout le sermon, car c'était l'Ecossais, à la voix duquel je ne peux vraiment pas m'habituer, qui prêchait.
            Ensuite avec sir John Mennes qui, le pauvre homme, avait oublié qu'il m'avait emmené l'autre jour chez le peintre voir certains tableaux qu'il a depuis achetés et ramenés chez lui, dans sa maison pour voir des oeuvres rares, comme il les appelle, de grands maîtres de la peinture. Je ne lui dis pas qu'il me les avait déjà montrés, mais j'en fis l'éloge et je les trouve, en effet, assez belles
             Puis allâmes voir sir William Penn qui souffre toujours de la goutte. Nous restâmes un bon moment, allai ensuite à mon bureau et relus mes résolutions avec sérieux et satisfaction. A la maison, prières et au lit.


                                                                                                                22 juin

            Levé de bonne heure et à mon bureau. Relus toutes les lettres que l'on a écrites depuis que je suis ici, afin de graver dans ma mémoire l'ensemble des affaires et d'en consigner dans mon manuscrit
certaines qui sont utiles et d'une portée générale. Ensuite à Westminster en fiacre avec sir William Batten. Je remarque que tout le long du chemin les boutiques sont alignées sur les façades des maisons, même dans les rues les plus larges, ce qui va grandement améliorer la Cité.
            Je me promenai dans la Grand-Salle, allant de l'un à l'autre. Il paraît que les Communes sont partagées quant à la façon de lever les subsides qu'elles entendent accorder au roi, tant pour ce qui est de la manière, de la date que du montant.
            Il semble que la Chambre consente à prier le roi d'avoir le bon plaisir de leur faire savoir le nom de la personne qui l'a informé des paroles de sir Richard Temple, qui étaient : " si le roi voulait le soutenir ou se laisser guider par lui et son parti, il ne manquerait point d'argent ". Mais comme on ne sait pas qui a rapporté cela au roi, on juge inopportun de demander à sir Richard Temple de rendre des comptes.
            Allai ensuite avec Creed acheter un homard et entrâmes dans une taverne. La servante est une fille gaie et sûre d'elle et, bien que vertueuse elle est fort aimable. Mangeâmes là notre homard, puis fîmes une longue promenade dans le parc, car le duc était parti chasser. Il revint peu après....... Prêt à nous recevoir, nous conversâmes longuement, mais les comptes de Mr Creed ne sont toujours pas jugés satisfaisants à cause de l'ignorance obstinée de sir George Carteret, sur qui je ne puis agir sans risque, comme je le voudrais.
            Retour dans le parc avec Creed, promenade une heure ou deux, jusqu'au soir. C'est une personne d'une telle intelligence et qui sait tant de choses que je ne puis m'empêcher d'aimer sa compagnie, quoique je n'aime point l'homme, car il est trop habile pour être un ami et n'agit que par intérêt et calcul. Mais on apprend beaucoup d'un tel homme. Ensuite à Whitehall et en barque dans le quartier du Temple. J'allai chez mon frère et chez d'autres personnes, mais ne trouvai personne. Rentrai à la maison, rencontrai Strutt, le commissaire de marine. Il me confie un secret : " Field lui a dit avoir obtenu un jugement contre moi à la Cour de l'Echiquier pour 400 livres. " J'allai donc trouver sir William Batten, pris un fiacre avec son fils, l'avocat, et me rendis chez Clerk notre avoué. Il m'assure qu'une telle chose est impossible. Eux deux ensemble sont résolus à bien s'occuper de cette affaire. Retour à la maison et à mon bureau pour noter les événements de la journée. Ayant reçu une lettre me disant que tout va bien à la campagne, à la maison pour souper, puis lecture avec Will d'un passage de la Bible en latin, et au lit.


                                                                                                        23 juin 1663
                                                                                                                  aluminumstatue.com
            Levé à 4 heures et à mon bureau. Mais avant de sortir, comme je demandais à voir le cahier de mon petit valet, je vis qu'il n'avait pas fait ses devoirs. Je le frappai et montai chercher ma garcette, mais quand je redescendis il n'était plus là. Je fouillai la cave à la lueur d'une chandelle, et ne pus le trouver nulle part dans la maison.                                                             
            Au bureau une heure ou deux, puis en barque dans le quartier du Temple voir mon cousin Roger qui, je le vois, parle terriblement haut dans les affaires du Parlement et contre la Cour. Il m'a montré comment l'on a calculé que le roi a dépensé, ou du moins reçu, environ 4 millions depuis son avènement.
            Quant à l'affaire de sir John Winter, il est si furieux qu'il me dit que l'homme mérite d'être pendu et use à son endroit des paroles les plus violentes, ce que je regrettai, mais je suis certain que ses intentions sont bonnes.
            Retour en barque à la maison et à la Bourse. Peu après arrivèrent le roi et les reines en grande pompe, et les rues se remplirent de monde. Je montai sur le balcon de Mr... Ils vont tous dîner chez milord le maire, mais je ne sais ce qu'il a prévu de leur servir ni où il les recevra.
            A la maison, dînai seul. J'appris que mon petit valet était parti, il était revenu chercher son chapeau et sa cravate et s'en était allé chez son frère. Je suis résolu à le laisser partir pour de bon.
            Retourné vite au bureau et eus une grande dispute avec sir William Batten et sir John Mennes qui, en vieux gâteux qu'il est, laisse l'autre le mener par le bout du nez. Il s'agissait de l'affaire du chanvre du capitaine Cocke, une duperie manifeste aux dépens du roi. Mais pour préserver la paix je consentis à me taire et à signer sa traite, mais à ma façon pour pouvoir me justifier. Et tout fut donc réglé. Mais cela me fait mal de voir que sir William Batten est un tel gredin. Restai tard à mon bureau puis à la maison, souper et au lit. Mon domestique Will est souffrant.


                                                                                                                    24 juin 

            Levé avant 4 heures, jouai du luth pendant plus d'une heure et après avoir pris une boisson du matin dans une taverne de Thames Street, me rendis dans le quartier du Temple, causai un moment de quelques affaires avec mon cousin Roger, puis en barque à St James où j'eus une conversation privée avec Mr Coventry, pendant plus d'une heure........... Nous censurâmes la corruption de sir William Batten........... Il a remarqué qu'il ne signe les traites que sous le signe de la colère et de la fureur, pour s'en débarrasser.
            A propos de sir George Carteret, dont je vois qu'il ne parle qu'avec dédain, qu'il diminue les mérites de son action au service du roi à Jersey, et dit qu'il a été bien récompensé et qu'il a obtenu des terres, des fermages et d'autres profits tout le temps qu'il est resté là-bas.........  Il me dit aussi que le duc d'York avait donné à sir George Carteret et à l'île ses revenus en tant qu'amiral, et d'autres choses, pour faire construire une jetée. Mais elle n'a jamais été bâtie, ni ne le sera jamais...........
            C'est un grand mal de renvoyer des hommes qui ont l'expérience des affaires, comme le chancelier......... Si les papistes, même s'ils sont par ailleurs des personnes de talent, étant par la loi écartés du service public depuis quatre-vingts ans, sont maintenant totalement incapables de s'occuper des affaires du royaume, il en est de même des Cavaliers mis à l'écart pendant 20 ans dont le plus grand nombre, d'après lui, se sont consacrés à leurs domaines ou aux affaires de la famille..........
" Voyons, dit-il, dans la marine il est impossible de faire quoi que ce soit sans eux, il n'y a, pour ainsi dire, pas plus de trois hommes, parmi tous ceux du parti du roi, capables de commander un vaisseau."
................. Me rendis ensuite dans les appartements de milord Sandwich......... parlai de Mr Coventry et Pett, de sir John Mennes et que l'estime dont ce dernier jouit n'est rien d'autre que celle que l'on porte à un bouffon ou à un rimailleur, ce qui fit rire milord............
            Cherchai ensuite avec Mr Creed une table d'hôte et comme il n'y avait plus de place à la Tête du Roi, nous allâmes à celle d'à côté, tenue par un homme de bonne mine, et la chère y est bonne et abondante, mais la clientèle et la salle sont si petites qu'il court à la banqueroute et il y manque l'agrément que l'on trouve dans la première.
            Dînait là, cependant, un vieux courtisan qui nous donna bien des exemples et des arguments prouvant qu'il est rare qu'un homme qui apporte quelque chose à la Cour obtienne quoi que ce soit, bien au contraire. Car comme il sait qu'il a de quoi vivre il ne va pas se rendre esclave de la nécessité de servir et de flatter, ni entrer dans la condition servile d'un courtisan. Tandis qu'un autre, qui n'apporte rien et ne demande qu'à tricher, mentir et flatter tous ceux, hommes et femmes, qui ont la moindre influence sur les gens bien en cour et peuvent tromper le roi, puisque l'on ne peut rien obtenir là-bas sans offenser Dieu et le roi, c'est celui-là surtout et seulement qui gagne quelque chose.
            Ensuite nous promenâmes deux ou trois heures au Parc de St James, en conversant, puis en barque à la maison voir si tout va bien. Ensuite à Greenwich, entrâmes dans un joli jardin public où jouâmes aux quilles, bûmes. Retour à la maison, tout transi et ayant attrapé un fort gros rhume, car c'est aujourd'hui la première fois de l'année que je mettais mon pourpoint de tabis.
            A la maison et après un souper léger, Creed et moi, au lit.
            Aujourd'hui j'ai remarqué que la maison que j'ai pris pour le nouveau court de tennis, récemment construite à côté des appartements de milord, s'était écroulée en raison de fondations insuffisantes ou de malfaçons. Ce que condamne mon cousin Roger........


                                                                                                                 25 juin
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            Levés très tôt tous les deux. A mon cabinet de travail où nous rédigeâmes une lettre à sir George Carteret pour justifier Creed et préparer notre entrevue avec le Duc au sujet des comptes. Je m'en chargeai et le résultat fut très satisfaisant. Je suis content de voir avec quelle ruse, quelle dissimulation et quels artifices variés ce Creed a mené son affaire, même à mon insu, et qu'il est contraint maintenant par cet accident de me les révéler. Il a, par exemple, soustrait au contrôleur, sans que nul ne s'en doutât, tous les documents importants pour le règlement de ses comptes, il sait que le contrôleur n'a pas de preuves affaire..... Visite de Mr Bland qui me dit que les Portugais ont laissé entrer les Espagnols par un stratagème, et comme ils étaient au milieu du pays et que nous croyions qu'ils allaient s'emparer de tout le Portugal, il y eut un soulèvement général et tout le corps d'armée a péri, près de 8 000 hommes. Don Juan d'Autriche, après avoir deux chevaux tués sous lui, a été contraint de s'enfuir avec un seul homme. ( nte de l'éd. ; Bataille d'Ameixial ).
            Une ancienne prophétie venue de France....... elle vient du roi de France, prédit que les Espagnols entreraient dans leur pays et qu'ils seraient tous tués dans une certaine vallée et que leur pays serait alors entièrement délivré des Espagnols. Cela se passait mardi dernier.
            Et hier sont arrivées les premières nouvelles : dans cette même vallée ils avaient ainsi mis en déroute et tué les Espagnols, ce qui est fort étrange, mais vrai.
            Tard au bureau, puis à la maison et au lit.
            Ce midi j'ai reçu une lettre de ma femme, et elle semble fort contente de la campagne. Dieu fasse que cela continue et qu'elle puisse s'amuser tout le temps qu'elle passera là-bas !
            Sur les conseils de milady, elle voudrait une jupe neuve dans cette nouvelle étoffe ornée de bandes de soie, et qui est fort belle. Je me rendis donc immédiatement à Paternoster Row et lui achetai du tissu, avec l'aide de Mr Creed. Une étoffe très belle et très riche, la plus belle que je trouvai, et bien meilleure qu'elle ne le désire ni ne s'y attend. Je la fis porter par Creed à Unthank pour que la jupe soit faite demain et que je puisse l'envoyer par un voiturier, car je croyais que nous n'étions que mercredi, mais je me trompais, de plus comme le tailleur était absent, cela ne put se faire et Creed me fit rapporter l'étoffe le soir afin que je fisse faire la jupe par quelqu'un d'autre, mais je vais la garder jusqu'à la semaine prochaine.


                                                                                                                    26 juin

            Levé de bonne heure, visite de Mr Moore. Parlâmes d'aller à Oxford pour la cérémonie de remise de diplôme à Mr Nathaniel Crew......... je m'arrangerai pour y aller.
            Puis, sous une forte pluie, dans le quartier du Temple, mais mon cousin Roger était absent, aussi nous nous promenâmes un bon moment parmi les arbres du Temple en parlant......
            Comme il pleuvait fort nous entrâmes au tribunal du Banc du roi........ jusqu'à la fin de l'averse. Quelle saison maussade ! On dit qu'il n'a pas fait une belle journée depuis trois mois ! Puis en barque à Westminster où je parlai à Roger Pepys........
            Retour à la maison en barque et, après avoir pris un petit moment pour me préparer, avec sir William Batten, sir John Mennes et milady Batten en voiture pour Bethnal Green où sir William Rider nous a invités à dîner. Bel endroit, aimable dame, la mère et leur fille, Mrs Middleton, une jolie femme. Dîner splendide et belle et joyeuse promenade seul avec les dames dans le jardin qui est fort agréable. La plus grande quantité de fraises que j'aie jamais vues, et bonnes. Puis collation. Nous nous sommes bien divertis en écoutant sir John Mennes lire fort joliment un livre de satires.
            La maison où nous étions a été construite par le célèbre mendiant aveugle de Bethnal Green.
.......... Nous avons bu beaucoup de vin et j'ai terminé sur un verre de bière, ce qui a manqué me soulever l'estomac.........
            Retour à la maison le soir, jouai un peu de mon virginal, et au lit.


                                                                                                               27 juin 1663
                                                                                           
            Levé à 4 heures et un moment à mon bureau et, comme convenu, arriva sir William Warren.....
Dans sa maison plus de deux heures à parler des dépenses de la marine et de la corruption de sir William Batten et de son compère Wood, à qui il fait obtenir, ou voudrait faire obtenir, les contrats pour vendre tout ce qu'il y a à vendre à la marine.
             Au bureau courte réunion et à la maison dînai seul. Me rendis ensuite, sous une grosse pluie, dans le quartier du Temple par le fleuve et me promenai à Lincoln's Inn pour voir un nouveau jardin que l'on y fait et qui va être fort joli. Me promenai ensuite sous la chapelle, fus rejoint par Mr Clerke, notre avoué........ Je lui demandai de conclure notre procès contre Field le meilleur et le plus rapide compromis possible.
            Retour à pied à la maison, m'arrêtant chez mon frère et ailleurs pour affaires, puis à la maison et à mon bureau où j'écris à mon père et à ma femme. A la maison, au lit après avoir pris trois pilules ce soir.


                                                                                                                 28 juin
                                                                                             Jour du Seigneur
            Tôt ce matin ma médecine d'hier a fait son effet et m'a fait une belle selle, je me levai et fis encore trois ou quatre selles et me promenai de long en large dans mon cabinet de travail. Puis ma servante se leva et me prépara un posset. Arrive Mr Creed et nous passâmes toute la matinée à parler en prévision de notre rencontre demain avec le Duc, de l'affaire de ses pièces de huit objet de tant de questions de la part du trésorier.
            A midi, ma purge ayant cessé de faire effet, je descendis dîner, puis remontâmes tous les deux et passâmes une grande partie de l'après-midi à lire du Cicéron et d'autres livres et à deviser agréablement, puis il s'en alla. Ensuite visite de mon frère Tom. Il me raconte que les Joyce se font faire de beaux habits en prévision des couches de Mary. Après son départ j'allai faire mes comptes de ce mois, et je suis bien contrarié de me trouver plus pauvre de 7 livres que le mois dernier, quoique je doive avouer que c'est parce que j'avais la dernière fois compté beaucoup de choses d'avance. Et pourtant je suis fâché de voir que je ne puis guère économiser grand-chose d'une fin de mois à l'autre, 4 ou 5 livres au plus, sauf en cas de gains extraordinaires. Mais je dois continuer à surveiller mes dépenses personnelles, ce que j'espère parvenir à faire.
            Entrepris ensuite à relire mes résolutions avec sérieux, puis souper. Ce soir est venu le frère de mon petit valet qui est à sa recherche, car il n'était pas à Londres cette semaine, et il est bien fâché qu'il soit parti, et moi de même, mais il ne reviendra plus ici. Puis prières et au lit.


                                                                                                                      29 juin

            Levé de bonne heure et à mon bureau et un peu plus tard dans le quartier du Temple, ou pris un rendez-vous pour ce soir au sujet de mon affaire, et rentrai à pied à la maison.
            Tout le long des rues on crie bien fort la grande victoire obtenue par les Portugais sur les Espagnols, au cours de laquelle 10 000 hommes ont péri, 3 ou 4 000 ont été faits prisonniers avec toute l'artillerie, le train, l'argent, etc. Et don Juan d'Autriche a été contraint de s'enfuir accompagné d'un ou deux hommes. Ce qui est une bien grande nouvelle.
            Retour à la maison et passai toute la matinée à mon bureau, puis dînai à la maison, ensuite en barque à St James, mais pas de réunion car c'est jour de fête........ A la Grand-Salle engageai la conversation avec Mrs Lane ( nte de l'éd. elle et sa soeur Doll furent longtemps la maîtresse de Pepys, elle tient une boutique de lingerie ). Après avoir protesté bien haut qu'il ne lui arrivait plus jamais de sortir avec un homme comme autrefois, je la persuadai d'un mot de sortir avec moi et de me retrouver à la deuxième taverne Rhénane où je lui offris un homard. Puis je la chiffonne et lui passe la main partout en la persuadant qu'elle a la peau si belle et si blanche ( elle a en effet la cuisse et la jambe fort blanches, mais monstrueusement grasses ). Quand je fus las je cessai. Quelqu'un ayant assisté à une partie de notre badinage s'écria tout haut dans la rue :
            " - Monsieur, pourquoi embrassez-vous tant cette dame ? " et jeta une pierre vers la fenêtre.
            J'en fus bien mécontent, mais je crois que l'on n'a pas pu me voir la chiffonner. Nous cessâmes donc et sortîmes par-derrière sans être vus, je crois. Elle se dirigea vers le Palais, et moi vers Whitehall où j'embarquai et me rendis dans le quartier du Temple, puis avec mon cousin Roger et
Mr Goldsborough à Gray's Inn pour rencontrer son avocat, Mr Raworth, un homme de fort belle mine
            La question était de savoir si en tant qu'exécuteur testamentaire je devais donner un mandat à Goldsborough pour la rétrocession du bien de sa mère à celle-ci, car c'était moi seul, contrairement aux actes du testeur, qui levais l'hypothèque. Mon cousin déclara qu'il n'avait jamais entendu demander cela, et l'autre partie qu'on le demandait toujours........... Ils finirent par se mettre d'accord pour en référer à l'avocat Maynard.
            Retour à la maison par le fleuve, puis allai manger chez sir William Batten. lui, sa femme et sir John Mennes ont descendu ce matin la Tamise pour aller voir les vaisseaux des Indes orientales qui viennent de rentrer ( nte de l'éd. Bombay dot de Catherine de Bragance ). Mais ils ne m'en ont rien dit.... Que Dieu les aide ! Puis à la maison et montai jouer du luth un long moment. Après avoir lu avec Will un petit passage de la Bible en latin, au lit. J'ai pris l'habitude, depuis le départ de ma femme, de faire mauvais usage de mon imagination à l'endroit de toutes les femmes dont j'ai envie. J'en ai honte et je vais essayer de m'arrêter. Puis m'endormis.


                                                                                                            30 juin 1663 

            Levé de bonne heure, aujourd'hui comme hier, la journée a commencé par un beau soleil radieux, et pourtant il a fait hier dans l'ensemble un temps affreux, comme depuis deux mois.
            A Whitehall par le fleuve puis chez milord comme convenu .............
            Notre réunion annulée, alors avec Creed, promenade à l'autre bout du parc pour ne pas être vus. Bientôt rejoints par milord Sandwich, nous nous promenâmes au moins deux heures, dans la galerie et enfin dans le jardin de Whitehall à parler des comptes de Mr Creed..... J'apprends que l'affaire porte sur 500 livres. Pourquoi devrai-ce être notre affaire à milord et à moi d'oeuvrer à son enrichissement au prix de tant de déshonneur, je ne sais. Cependant nous ferons ce que nous pourrons, bien qu'il ne le mérite point, car il n'est rien que l'on puisse obtenir de lui........ Je vois bien que sa nature n'est faite que de calcul. Je le laissai là, fâché dans mon for intérieur........
            Retour à la maison par le fleuve et dîner et au bureau réunion jusqu'au soir.............
            Rentrai à pied à la maison et retrouvai Creed en chemin. Je montrai peu d'empressement à parler de son affaire lui, par calcul fit de même pour voir ce que j'en dirais. Après avoir soupé en causant de choses et d'autres, au lit et nous endormîmes.
            Ainsi, par la grâce de Dieu, s'achève le livre de ces deux années. Ma santé est bonne en tous points, et je suis en bonne voie de réussir et de prospérer. Je parviens à mettre de l'argent de côté, mais pas beaucoup : ma fortune se monte maintenant à plus de 700 livres, sans compter toutes sortes de biens.........
            A mon bureau bonnes relations et bonne réputation. Mes rapports avec le Duc et Mr Coventry sont particulièrement bons. Néanmoins les autres officiers me jalousent, plutôt qu'ils ne m'aiment, car je leur fais souvent de l'ombre, en particulier à sir William Batten dont je contrecarre chaque jour les escroqueries, à sa grande irritation quoiqu'il me fasse force démonstration d'affection et semble tenir à mon amitié. Tandis que sir John Mennes, comme un gâteux se laisse par lui mener par le bout du nez.
            Ma femme et moi, du fait de ma jalousie pour laquelle je mérite vraiment d'être blâmé, ne ressentons plus l'un pour l'autre, comme nous le devrions, l'amour d'autrefois, et je crains qu'il ne soit perdu pour toujours, si je ne trouve pas les moyens de lui être agréable tout en conservant mon autorité.
            Les affaire publiques vont mal............
            Mon différend avec mon oncle Thomas, ainsi que d'autres difficultés, est apaisé, Dieu soit loué........
            Il pleut continûment depuis deux ou trois mois, ce qui est incroyable.........
            Le roi est toujours épris de Mrs Castlemaine et de Mrs Stuart. Veuille le Dieu du ciel mettre un terme à tout cela !
            Quant à moi je m'applique à apprendre tout ce que je puis de toutes les sciences nécessaires à ma charge d'officier du bureau de la Marine........
            Je passe beaucoup de temps avec Creed ces derniers mois à cause de ses comptes, mais je vois que c'est un homme à ce point calculateur et intrigant, qu'il est absolument impossible d'avoir une amitié sincère avec lui. Je dois donc renoncer à son commerce, bien qu'il soit d'une grande intelligence et qu'il y ait beaucoup à prendre de lui si l'on veut apprendre à connaître et à juger les gens. En outre, il m'apparaît de plus en plus clairement que je dois m'interdire tout moment de plaisir ou d'oisiveté pour m'appliquer à gagner de l'argent et préserver l'harmonie de ma famille qui pourrait, sans cela, être ruinée par les libertés que prend ma femme.


                                                                                   à suivre...........

                                                                                                                1er juillet 1663
            Ce matin il a...........