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vendredi 10 septembre 2021

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 147 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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écriture du jal de Samuel Pepys - sténo

                                                                                                                         16 août 1665

            Levé. Après avoir, comme il fallait, mis de l'ordre dans mes comptes chez moi, me rendis au bureau écrire des lettres avec Mr Hayter. Lui remis mon dernier testament, dont un exemplaire destiné à ma femme après ma mort.
            A la Bourse où je n'étais pas allé depuis fort longtemps. Seigneur ! Triste spectacle que celui des rues sans âme qui vive, de la Bourse déserte. On regarde avec méfiance la moindre porte fermée craignant que ce soit à cause de la peste. Par ici au moins deux boutiques sur trois, si ce n'est plus, ont fermé, en moyenne.
            De la Bourse chez sir George Smith accompagné de Mr Fenn, pour qui j'ai dorénavant les plus grandes politesses, car il doit me payer mes lettres de change, ainsi que d'autres sommes qui me sont dues, et ce fut fait sur le champ.
            Fort gais, avec le capitaine Cocke et Fenn, chez sir George Smith, ce fut un bon dîner. M'est avis que ce Cocke est le plus parfait épicurien, il mange, il boit, avec le plus grand plaisir et sans la moindre retenue.
            A la Bourse rumeurs fort contraires, aujourd'hui. Selon certains notre flotte a capturé plusieurs navires hollandais de la Compagnie des Indes orientales. Selon d'autres, nous les avons attaqués à Bergen, mais l'attaque fut repoussée. D'autres encore prétendent que notre flotte, après cette attaque, risque fort de se retrouver nez à nez avec l'énorme armée qui vient de quitter la Hollande, à savoir presque 100 navires de guerre. Chacun est désemparé, nul ne sait rien.
            Puis chez les orfèvres chercher de l'argent. Rentrai, fis quelques comptes. A ma grande satisfaction j'ai fait rentré 500 £ de plus sur les sommes qui me sont dues, et obtenu une avance qui me permettra d'aider Andrews.
            Ai appris aujourd'hui, de Dagenham, la mauvaise nouvelle : l'indisposition du pauvre milord Hinchingbrooke s'est avérée être la petite vérole. Pauvre gentilhomme ! Dire qu'il est tombé malade si peu après son retour de France et de cette maladie en particulier, alors qu'il devait aller visiter une personne de qualité, sa dame ! J'en suis fort peiné pour lui.
            Mis en ordre divers papiers, tard et, au lit.


                                                                                                                    17 août

            Levé, au bureau, la matinée. A midi dînâmes ensemble de quelques victuailles que j'avais fait préparer chez sir William Batten, aux frais de Sa Majesté. Après quoi, quand j'eus expédié quelques affaires et réglé diverses choses chez moi, nous descendîmes vers le fleuve et allâmes en bateau à Greenwich voir le Bezan. Montâmes à bord du yacht, sir William Batten et d'autres, plus quelques serviteurs, en particulier Mr Carcasse, le secrétaire de milord, gentilhomme fort affable, et descendîmes le fleuve, ce qui fut fort plaisant, et j'eus un entretien agréable avec milord Brouncker, un excellent homme. Non loin de Gravesend le vent retomba si bien qu'on dut jeter l'ancre, et on soupa fort gaiement. Après quoi, au clair de lune, allâmes plaisanter et bavarder sur le Pont, Puis, ayant envie de dormir, descendîmes dans la cabine, et on s'endormit sur les coussins en velours du roi dont le yacht est équipé. On dormit fort bien jusqu'à près de 3 ou 4 heures du matin, après nous être levés la nuit pour voir la comète nouvellement apparue, dit-on. Mais nous ne vîmes rien.


                                                                                                                                   18 août
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            Levés vers 5 heures, puis habillés. Avons à nouveau fait voile pour rejoindre le Solveigh dans l'embouchure de la Tamise, magnifique bateau à présent gréé, mâté et équipé en hommes. Restâmes juste le temps de nous enquérir de l'avancement des travaux, puis allâmes à Sheerness nous promener et calculer la superficie nécessaire à l'établissement d'un chantier où seraient nettoyés et réparés les bateaux. L'endroit conviendrait parfaitement. Sur ce, satisfaits, remontâmes la Medway où notre yacht fit la course avec celui du commissaire Pett qui arrivait de Chatham, et qui eut l'avantage. 
            Je voulus accoster mais le tirant d'eau était trop faible pour pouvoir faire étape à Queensborough
Prîmes grand plaisir à visiter tous ces lieux au fil de la journée, chose que je n'avais encore point faite. Puis à Chatham, à la taverne de la Colline où l'on dîna. Puis avons parlé affaires un moment. On discuta, entre autres, avec le commissaire Pett qui envisage de dépenser une somme énorme pour Sheerness, ce qui ne pourrait que nuire aux arsenaux de Chatham, l'endroit étant bien mieux situé. Mais de toutes façons le roi n'a point cet argent dans ses coffres, bien qu'on eût aimé qu'il l'eût.
            Les quittâmes à la taverne puis en voiture avec le commissaire Pett. Arrivai tard, de nuit, à Gravesend où la peste fait rage et où je suis inquiet d'avoir à attendre si longtemps la marée. A dix heures du soir, après avoir dîné, pris un bateau, seul, où je dormis bien tout au long du trajet, jusqu'à l'embarcadère de la Tour, vers 3 heures du matin. Réveillai mes gens en tambourinant et, au lit.


                                                                                                                          19 août

            Dormis jusqu'à 8 heures, puis levé. M'attendaient des lettres du roi et de milord Arlington au sujet de notre installation à Greenwich.
            J'écrivis aussi quelques lettres et me préparai à me rendre chez sir George Carteret à Windsor. Ayant emprunté le cheval de Mr Blackbury, demandai à ce dernier de m'attendre devant la maison du duc d'Albemarle. Mais arriva soudain une lettre du Duc disant que la flotte vient de regagner Solebay et est sur le point de repartir. Je me rendis aussitôt chez le Duc, par le fleuve afin de connaître les nouvelles, lus la lettre de milord Sandwich ainsi que celles de sir William Coventry et du capitaine Teddeman, qui relatent que milord avait donné l'ordre à Teddeman d'aller avec 22 bâtiments, dont 15 seulement parvinrent et 8 ou 9 seulement purent y parvenir, à Bergen où après que plusieurs messages furent échangés avec le gouverneur du fort, dont la substance était que le capitaine Teddeman ne viennent pas avec plus de 5 navires, et qu'il désirait un délai de réflexion, cependant qu'il permettait aux navires hollandais de débarquer leurs canons à terre et de les placer aux postes stratégiques, Teddeman, lors du second tir de canons, fit feu sur les navires hollandais, dont dix étaient de la Compagnie des Indes, et en l'espace de trois heures, tandis que la ville et le fort, sans que nous les ayons provoqués, tiraient sur nos navires, l'ennemi rompit nos amarres et le vent qui soufflait vers le large nous contraignit à quitter le port et rendit nos brûlots inutiles, ainsi les seuls dommages que nous causâmes furent, naturellement, ceux que nos canons ont dû infliger. Comptons au nombre de nos pertes cinq capitaines de frégate, outre Mr Edward Montagu et Mr Windham.
             Notre flotte est de retour et, à notre grand dam, il ne leur reste guère plus de cinq jours de rations de biscuits et six jours de boissons. Ils doivent pourtant repartir et, sur ordre du Duc, le Sovereign et d'autres navires doivent se tenir prêts à appareiller pour aller leur prêter main forte. Chacun s'est ému à cette nouvelle, mais on n'y peut rien.
            Après avoir lu ces lettres, reçus avec plaisir les ordres du Duc en des termes dont, à ma grande joie, il avait déjà usé à mon égard disant qu'il plaçait toute sa confiance en moi, sur quoi milord Craven vint aussi me parler et dit que le Duc me tenait en très haute estime, ce dont je remercie Dieu.
            Rentrai. Après avoir rendu compte de ces nouvelles à mes collègues à Chatham et écrit d'autres lettres, me rendis par le fleuve à Charing Cross, au relais de Poste. Mais j'apprends qu'il est fermé, si bien que je me rendis au nouveau relais de poste où je commandai un guide et des chevaux pour Houselow. Fus ravi à la vue d'une petite fille, la fille du maître de poste, Betty Gysby qui, si elle vit sera d'une grande beauté.
            Il y avait là un brave homme qui s'enquit des nouvelles pendant que j'attendais mes chevaux. Mais j'eus beau lui répéter six ou sept fois le nom de Bergen en Norvège, il ne put le retenir si grande était son ignorance.
            A Staines, où j'arrivai en pleine nuit. Pris un guide qui se perdit en chemin dans la forêt jusqu'à ce que, grâce à la lune, me voilà enfin récompensé de tous mes efforts pour en étudier les phases, je remis mon guide dans le droit chemin. Puis on réveilla un homme de faction à une barrière qui nous conduisit à Cranbourne.
            Aperçus une vieille demeure en réfection, entourée de gravats, et dus gravir une échelle pour monter à la chambre de sir George Carteret. Je m'assis sur son lit et lui fis part de mes mauvaises nouvelles qui l'inquiétèrent fort mais, d'humeur réjouie l'un et l'autre nous en prîmes notre parti. Lui souhaitai le bonsoir, car j'étais las, allai bavarder avec Mr Fenn déjà couché, puis allai dormir dans la chambre qui sert habituellement à milady et où est née l'actuelle duchesse d'York.
            M'endormis, très fatigué, mais en pleine santé, grâce au flacon d'eau-de-vie que j'avais emporté et dont les petites gorgées que j'ai prises de temps à autre m'on bien revigoré.


                               
                                                                                        20 août 1665
                                                                                                      Jour du Seigneur 
            Sir George Carteret vint déambuler dans la ruelle de mon lit pendant une demi-heure, et me fit la conversation, disant que dans cette affaire milord n'est guère à blâmer car il n'a, dans sa mauvaise fortune, qu'obéi aux ordres. Qu'il convient d'imputer la chose au roi du Danemark et à sa fourberie car, me dit-il en secret, celui-ci avait promis de nous livrer les bateaux hollandais, et nous y comptions. Il jura que si nous prenons le parti de nous brouiller avec lui ce sera sans aucun doute sa ruine et celle de son royaume, c'est ce que l'honneur nous commande de faire. Mais que la seule chose possible est d'envoyer à nouveau la flotte en mer, afin qu'elle intercepte de Witt qui, sans aucun doute, sera sur le chemin du retour avec les bateaux de la Compagnie des Indes orientales, car il est allé là-bas.
            Après son départ, me levai et allai trouver Fenn prêt à sortir visiter l'endroit. C'est un fort beau manoir au milieu d'une forêt magnifique, avec la plus belle vue qui soit sur Windsor ainsi que, à perte de vue, sur de nombreux comtés alentour. Cela dit, l'endroit est fort triste, et seuls les arbres mettent une note de diversité.                                                                                                              pinterest.fr    
            J'avais l'intention de rentrer par voie d'eau et d'aller admirer la chapelle et le château de Windsor mais, de retour au manoir, sir George Carteret m'en dissuada et me pressa de rentrer au plus vite m'occuper de nos affaires, si bien que j'avalai un morceau vers 10 heures puis à cheval à Staines et, de là, à Brainford chez Mr Povey, par un temps fort agréable pour chevaucher. Mr Povey absent, ce fut peine perdue. Je pris seulement le temps de boire et de manger avec sa dame à qui je fis le récit de mes mauvaises nouvelles et dont j'appris que la peste était à l'entour. Partis pour Brainford où je mis pied à terre à l'auberge du bord de l'eau et payai mes chevaux de poste. Puis, la marée n'étant pas assez haute, mis mes affaires de côté, enfilai mes chaussures et me rendis à l'église. Le sermon était ennuyeux et les Londoniens nombreux. Après la messe allai boire et me restaurer à l'auberge  Puis, vers 7 heures, pris un canot et arrivai entre 9 et 10 heures, par nuit noire, à Queenhithe, mon batelier refusa d'aller plus loin à cause de la peste. Marchai donc, falot au poing, craignant par-dessus tout de croiser des convois de cadavres qu'on allait enterrer. Mais, Dieu soit béni ! je n'en vis point, si ce n'est que j'aperçus ici et là, à distance, une torche les signalant. Arrivai chez moi, sauf, vers 10 heures, mes gens n'étant point couchés puis, après souper, las et, au lit.


                                                                                                                                21 août

            Réveillé par un message de milord Brouncker et le reste de mes collègues disant qu'ils m'attendent chez le duc d'Albemarle ce matin. Levé, encore fatigué, mais j'y fus cependant avant eux, pus parler à milord et nous allâmes, lui et d'autres, nous promener dans le parc où, à ce que je vois, il passe le plus clair de son temps, n'ayant nulle part où aller. Il m'entretint des pasteurs presbytériens qu'il avait fait appréhender la veille, alors qu'ils tenaient réunion privée à Covent Garden, et qu'il consentait à relaxer à condition que chacun d'eux payât 5 livres pour les indigents. Mais ils lui répondirent qu'ils ne paieraient point, si bien qu'il les envoya à une autre prison que celle du palais.
            Mes collègues arrivèrent bientôt. Le duc fit son entrée et nous tînmes conseil, puis on se sépara et j'allai avec sir William Batten à notre bureau où je fis quelque besogne, et allai dîner. Le capitaine Cocke nous rejoignit lequel, en bon épicurien, s'est fait apporter tout exprès un plat de perdrix, et je persiste à voir en lui le plus parfait épicurien qui soit.
            Après dîner me rendis par le fleuve chez sir William Warren avec qui je m'entretins pendant deux heures avec profit, pour lui comme pour moi. Il fut de bon conseil, en particulier sur la manière de tirer avantage des bontés que sir George Carteret a pour moi et du crédit qu'il m'accorde, en m'avisant de veiller à ne pas en abuser, ni à trop l'obliger en cherchant à découvrir ses secrets, chose qu'il me serait aisé de faire.
          Puis à Greenwich chez milord Brouncker, comme prévu, avec sir John Mennes, afin de voir quelles salles nous avaient été attribuées pour y installer nos bureaux. Pareille décision ne me plaît guère, car nous serons entourés de manœuvres et d'artisans, et l'endroit me paraît aussi peu sûr que Londres. Mr Hugh May, homme de beaucoup de talent, nous fit visiter nos salles de travail. Je lierais bien volontiers connaissance avec lui. Ensuite à pied, de nuit, chez sir John Mennes où l'on passa une heure à bavarder avec lui sur le pas de sa porte, en attendant que des messagers qu'on avait dépêchés me trouvassent une barque pour me conduire à Woolwich, mais en vain. Je dus rentrer à pied, dans le noir, à 10 heures du soir, accompagné de George, le valet de sir John Mennes, craignant fort de tomber sur les chiens de la grand-ferme de la combe, ou pire encore, des voleurs de chemin, ou bien pis encore, d'attraper la peste qui a infesté la ferme, ce qui est singulier car elle est isolée et loin de la ville, mais on raconte qu'ils ont coutume de laisser les mendiants, pour avoir la paix, dormir dans les granges, et ce sont eux qui l'ont amenée. Mais Dieu merci ! j'arrivai sain et sauf vers 11 heures, chez ma femme que j'allai retrouver après avoir donné 4 shillings en récompense à George. Vis le dernier dessin qu'elle avait fait depuis ma visite, il y a environ sept ou huit jours, et qui me ravit au plus haut point, puis au lit fort satisfait, mais las.


                                                                                                                  22 août

            Levé, pris plaisir à bavarder avec ma femme qui, encouragée par ses deux servantes, braves filles toutes deux, me pressa de lui acheter un collier de perles. Je lui promis de lui en offrir un de 60 £ d'ici au plus tard deux ans, voire moins, à la condition que j'apprécie sa peinture. Puis je partis pour Greenwich et vis en chemin un cercueil contenant un cadavre, une victime de la peste, au beau milieu d'un enclos qui appartenait à la ferme de la combe. Il y a été déposé hier soir, mais la paroisse n'a désigné personne pour l'enterrer et s'est contentée de poster un veilleur, jour et nuit, afin que personne ne puisse aller et venir de la ferme, ce qui est d'une grande cruauté. Cette maladie nous pousse à traiter nos semblables plus cruellement que des chiens.
            De là au palais du roi où je rencontrai milord Brouncker et sir John Mennes, à nos nouvelles salles de travail qui me plaisent davantage qu'hier et prennent tournure. De là à Deptford où j'avais rendez-vous avec Mr Andrews, à la taverne du Globe. Dînâmes ensemble, puis fîmes force besogne concernant nos gentilshommes de Plymouth. Après avoir fait bonne chère et fort bien parlé, car m'est avis en vérité que c'est un homme de grande compétence, on se quitta. J'allai aux arsenaux du roi puis, après diverses allées et venues, sortis par derrière et aperçus les deux Bagwell, mère et fille, que j'allai retrouver. Entrai chez la fille, mais sans la mère et faciebam la cosa que égo tenebam l'envie de con ella, Puis après avoir bu et bavardé repartis à pied à Rotherthite, inquiet d'avoir à passer par cette ruelle où il y a la peste, ce que je fis pourtant, puis par le fleuve, chez moi. Tous vont bien. Mais Mr Andrews n'étant pas venu apurer un compte, comme je l'espérais, et il s'agit d'une affaire où je suis bénéficiaire, j'en fus si contrarié que je ne pus me remettre au travail et me mis à jouer de la viole. Mais dans la soirée il arriva à ma grande satisfaction. Après souper et quand il fut parti me mis à mon journal ,et au lit.


                                                                                                                          23 août
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            Levé, puis alors que j'avais demandé à Mr Hayter et Will de me rejoindre tôt à mon bureau pour affaires eus, sitôt habillé, la visite de Mr Andrews, ce qui me fit grand plaisir. Travaillâmes ensemble à notre comptabilité de Tanger. Parvins à régler à ma satisfaction tous les comptes que j'avais avec lui et, qui plus est, évaluai à 222 £ et 13 shillings le profit me revenant pour services rendus aux entrepreneurs depuis leur précédent versement. Je toucherai cette somme dans l'après-midi.
            Après son départ vinrent, chose que j'avais manigancée hier, le vieux Delkes, le marinier, sa fille Robins qu'il laissa plusieurs fois à l'attendre chez moi à chacune de ses allées et venues. L'objet de sa visite étant de me demander d'exempter du service son gendre Robins enrôlé hier. Et jo haze ella mettre su mano sur mon pragma hasta hazerme hazer la cosa in su mano. Pero ella no voulut permettre que je ponebam meam manum a ella mais je ne doute pas de obtenir le. 
            A mon bureau tout l'après-midi fort occupé à mon courrier. Reçus une lettre fort aimable et plaisante de milord Sandwich qui me dit qu'il est arrivé avec la flotte à Solebay et qu'il a aimé ma lettre où je lui racontais le mariage de milady Jemima.
            L'autre bonne nouvelle qu'il m'apprit est que nos navires marchands, qui couraient de si grands périls que nul n'a voulu les assurer, sont tous revenus sans dommage de la mer Baltique, et nous avons eu là, je crois, beaucoup de chance car ils couraient de bien plus grands périls que ceux de Hambourg qui, eux, furent perdus. Ils nous sont à présent bien plus précieux.
            Le soir rentrai fort satisfait du travail de la journée. J'étais seul chez moi à regarder divers papiers quand arriva un de nos proches voisins pour parler affaires, un Mr Fuller, riche marchand, mais point de mes connaissances. Mais il arriva ivre et aurait voulu que je vinsse m'enivrer chez lui, ou qu'on fit apporter de son vin chez moi. Je refusai l'un et l'autre et ne lui en offris point. Après une conversation affligeante il repartit et je montai me coucher dans ma chambre.


                                                                                                                       24 août

           Levé tôt et à mon bureau avec mes commis. Eus fort à faire avec mon courrier toute la matinée. A midi descendis voir sir John Mennes et lord Brouncker à Greenwich afin de signer plusieurs livres de comptes du trésorier général, et on dîna fort bien. Allâmes ensuite visiter nos salles de travail, au Palais, qui ne sont point encore prêtes. 
            Chez moi, écrivis des lettres tard, puis, las de travailler, rentrai souper et, au lit.


                                                                                                                       25 août

            Levé tôt et au bureau. Là, après-midi compris, après une pause pour dîner, seul, jusqu'à très tard le soir écrivis des lettres et travaillai à mes affaires, afin de regagner quelque avance, car elles sont depuis longtemps en souffrance, puis rentrai, souper et, au lit.
            J'ai appris aujourd'hui que mon médecin, le docteur Burnet, est mort ce matin de la peste, ce qui est étrange car son valet est mort depuis longtemps, et sa maison venait d'être réouverte ce mois-ci. Le voilà mort, lui aussi, le pauvre !


                                                                                                                       26 août

            Levé. Etablis, à ma grande satisfaction, l'état de mes débours pour le bureau, destiné au Conseil, que j'avais laissés se monter à presque 120 £.
            Descendis à Greenwich par le fleuve, tînmes notre première séance, milord Brouncker, sir John Mennes et moi et je crois que nous y travaillerons bien. Les choses commencèrent sous d'heureux auspices, puisque l'état mentionné plus haut fut accepté et la somme sera prochainement en paiement.
            La séance levée Mr Andrews et Mr Yeabsley de retour de Plymouth, m'attendaient sur le pas de la porte. Allâmes à pied ensemble chez milord Brouncker et parlâmes de leur contrat, Yeabskey étant venu tout exprès m'en entretenir. Tout fut dit en un quart d'heure, puis il repartit. Je les sens enclins à maintenir leur contrat de subsistances quelque temps encore, avant que de démissionner en faveur de Mr Gauden, et je m'en réjouis car, à n'en pas douter, c'est tout à mon avantage, bien qu'il m'en coûte des efforts et des tracas.
            On se sépara devant la porte de chez milord Brouncker, chez qui j'entrai pour la première fois. Il nous fit une belle réception, à sir John Mennes, le capitaine Cocke, moi-même et personne d'autre, hormis une dame au visage peint qui était là à dîner et que je ne connais point ( nte de l'éd.. Pepys n'aimait pas les femmes trop maquillées. Ici une ancienne actrice maîtresse de Bouncker ). Ce fut très gai, après dîner allâmes dans le jardin, puis visitâmes leur cabinet qui contient de belles estampes, et je vis aussi la très jolie dame de compagnie de milady.
            Rentrai par le fleuve et vis en chemin le cadavre d'un homme qu'on tirait de la cale d'un petit ketch amarré à Deptford. Je craignis fort que ce ne soit la peste ce qui, ajouté à la mort du docteur Burnet, me remua fort, à tel point que je renonçai à la besogne que j'avais prévue et aurais dû faire à mon bureau. Chez moi plus tôt qu'à l'accoutumée. Après dîner lus, mélancolique, tout seul puis, au lit.


                                                                                                                           27 août 1665
                                                                                                       Jour du Seigneur
            Le matin, frais et dispos, levé et à mon cabinet toute la matinée pour achever de ranger mes affaires. Puis dîner, et tout l'après-midi à mon bureau, très tard, occupé à classer mes papiers et mes lettres. Puis rentrai souper. Après avoir lu un bon moment les Oeuvres du roi, qui sont un livre admirable et, au lit.


                                                                                                                            28 août
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            Levé et sitôt habillé sortis rendre visite à Mr Colvill, l'orfèvre, n'étant pas allé par les rues depuis plusieurs jours. Mais comme les voilà vides à présent ! Comme ceux que j'ai vus marchent avec l'air de n'être plus de ce monde ! Une fois là-bas acquittâmes tous deux nos dettes mutuelles, sans difficulté. Aurais voulu faire de même avec sir Rober Vyner, mais il n'était point en ville, l'épidémie s'étant répandue partout alentour. A la Bourse, où il n'y avait pas cinquante personnes et où, à ce que m'ont dit sir George Smith et les autres, il y en aura sans doute de moins en moins. Aussi ai-je résolu de faire aujourd'hui même mes adieux aux rues de Londres, sauf pour retourner chez Vyner.
            Rentrai dîner. Mr Hewer m'a apporté les 119 £  qu'il a reçues pour mes débours au bureau, ce qui
me fait, je crois, 1 800 £. ou plus à la maison. Dieu soit loué ! je ne fais que les dépenses indispensables et dépense fort peu. Jamais je n'ai été aussi à l'aise de ma vie, à la fois pour ce qui est de mon avoir et de la certitude de posséder la somme à laquelle ma fortune s'élève, car j'en ai la plus grande partie en main. Mais me voilà à présent embarrassé et ne sachant qu'en faire, car je vais passer la journée à Woolwich. Pour lors j'ai résolu de prendre le risque de le laisser dans un coffre en fer, du moins pour l'instant.
            L'après-midi envoyai mon valet au-devant à Woolwich, avec une partie de mes affaires, dans l'intention de m'y installer pour de bon, puis l'y suivis.
            On vient d'apprendre que la flotte est à nouveau partie, ou en partance, ce jour. Dieu en soit remercié ! C'est à milord Sandwich que revient tout le mérite de lui avoir fait reprendre aussi promptement la mer. Prions Dieu qu'il rencontre l'ennemi !
            Vers le soir, alors que je me préparai, arrive Will Hewer, qui me fait voir une lettre de Mercer à sa mère, où il est question d'une méchante brouille entre elle et ma femme, hier, et qui lui a demandé de partir sur-le-champ, si bien que je ne savais si je devais y aller ou non. Mais étant fin prêt ainsi que mes affaires, m'y rendis et arrivai de nui. Vis ma femme se promener au bord de l'eau en compagnie de ses servantes et de son maître à dessiner, Mr Browne. Il y avait aussi le commissaire Pett et milord Brouncker, ainsi que la dame qui vivait chez lui, venue aujourd'hui rendre visite à ma femme. Le commissaire Pett resta quelque peu, puis j'allai souper avec ma femme et Mr Sheldon et, au lit. Fort satisfait.


                                                                                                                              29 août

            En m'éveillant ce matin, entre autres discours, ma femme entreprit de me raconter la querelle qu'elle avait eue avec Mercer, parce qu'elle l'aurait empêchée d'aller courir le guilledou avec des Français de la ville, ce que je ne puis tout à fait croire, mais que je crois en partie seulement. Je résolus cependant de ne pas m'en mêler, soucieux de ma tranquillité.
            Levé, m'apprêtai puis partis à pied, mais quand j'eus fait un bon bout de chemin me ressouvins que j'avais promis au commissaire Pett de l'accompagner dans sa voiture. Rebroussai chemin donc, jusque chez lui. Il me conduisit à Greenwich dans sa voiture après que nous eûmes rendu visite, chemin faisant, à sir Theophilus Biddulph, homme de sagesse et de bon conseil, pour débattre des moyens d'empêcher que la peste n'infestât aussi Greenwich, Woolwich et Deptford, car partout elle s'étend. Il fut décidé d'un autre rendez-vous, puis nous partîmes tous à pied pour Greenwich où on se sépara. 
            Pett et moi allâmes au bureau pour la matinée. Le travail achevé allai dîner chez sir John Mennes puis de là à Deptford pensant voir Bagwell, mais ne la voyant point, me rendis directement à Rotherhite, et rentrai tard achever mes lettres. Ensuite chez moi et, au lit, puis contrairement à mon intention de m'installer pour de bon à Woolwich, trouvai un lit de fortune pour Tom, le sien étant parti à Woolwich puis, au lit.


                                                                                                                  30 août

            Levé tôt et me mis à ranger ma maison et mes papiers, puis sortis et rencontrai Hadley, notre clerc de paroisse qui, lorsque je l'interrogeai sur les progrès de la peste, me dit qu'elle était en forte croissance, et ce dans notre paroisse. " - Car, dit-il, il est mort neuf personnes cette semaine, bien que je n'en aie inscrit que six ". Voilà de bien mauvaises pratiques. J'incline à penser qu'elles ont également cours dans d'autres paroisses, si bien que la peste est bien plus étendue qu'on ne le croit.
            Puis, comme prévu, chez sir Robert Vyner, mais Mr Lewes ne m'y attendait point et rien n'était prêt. Repartis donc à pied jusqu'à Moonfields voir, Dieu me pardonne ma témérité ! si je n'y rencontrerai pas quelque cadavre de pestiféré qu'on porterait en terre. Mais Dieu fit en sorte que je n'en visse point. Seigneur ! dans la rue, sur les visages et dans les conversations, il n'est rien d'autre que la mort et fort peu de gens s'aventurent au-dehors, si bien que la ville est pareille à un lieu désert et abandonné. Fis un tour, puis revins chez Vyner où mon affaire était prête et nous avons réglé et mis à jour tous nos comptes, à ma grande satisfaction. Chez moi, toute la journée et fort tard, mis en ordre mes comptes de Tanger et les miens. Lorsque ce fut fait, s'agissant des seconds, j'eus la grande joie de constater que jamais de ma vie je ne me suis trouvé dans une situation aussi brillante, ma fortune se monte à 2 180 livres et quelques, sans compter l'argenterie et autres biens que j'évalue à 250 £, ce qui est pour moi une grande bénédiction. Le Seigneur m'en rende reconnaissant !  << De cette somme j'ai actuellement plus de 1 800 £ en espèces chez moi, ce qui signifie que je ne dépense guère en ces circonstances funestes. Mais quel souci d'avoir chez soi une telle somme en ce moment ! >>
            Au lit, tard, fort satisfait de mes comptes, mais las d'y avoir tant travaillé.


                                                                                                                            31 août 

            Levé et, après divers préparatifs en vue de mon déménagement à Woolwich, la peste s'étant accrue cette semaine, au-delà de toute attente, de presque 2 000 morts supplémentaires, ce qui porte les chiffres du bulletin à 7 000 et quelques centaines, dont plus de 6 000 morts de la peste, je descendis sur rendez-vous à Greenwich, à notre bureau où je fis quelque besogne et dînai avec mes collègues ainsi qu'avec Mr Boreman et sir Theophilus Biddulph, chez sir George Boreman, où on mangea un bon pâté de venaison. Après un dîner fort bon et fort gai, je retournai travailler et me mis à mon courrier, jusqu'à très tard. En barque à Woolwich où la soirée fut plaisante avec ma femme et ses gens puis, après souper, au lit.
            Ainsi s'achève ce mois dans la plus grande tristesse éprouvée par tous devant l'importance de l'épidémie qui s'étend presque en tous lieux d'un bout à l'autre du royaume. Chaque jour nous apporte des nouvelles de plus en plus tristes de l'ampleur qu'elle prend. Dans la Cité 7 496 personnes sont mortes cette semaine, dont 6 102 de la peste. Mais il est à craindre que le nombre exact des morts soient plus proches des 10 000, en partie parce que les pauvres ne peuvent tous être comptés tant ils sont nombreux, et en partie du fait que les Quakers et d'autres refusent qu'on sonne le glas pour eux.
            Notre flotte est allée à la rencontre des Hollandais. Elle comporte une centaine de voiles environ, parmi lesquelles le Sovereigh, si bien qu'elle est plus puissante que la précédente, celle du Duc. Notre seule crainte est que les Hollandais ne lui échappent, ce dont tout le monde serait fort chagrin, et moi en particulier à cause de milord Sandwich. On dépense beaucoup d'argent, le royaume n'a guère de fonds disponibles, et le Parlement aurait beaucoup de mal à se réunir pour en octroyer davantage. Et ce pour s'entendre dire : " Mais qu'a donc fait notre flotte récemment ? "
            Quant à moi je me porte bien si ce n'est que je redoute d'attraper la peste ou quelque autre fièvre, à force d'aller à Woolwich, de nuit ou dès l'aube, depuis que ma famille y est installée à demeure.
            Ces derniers temps mes gains ont été considérables, ce qui me réjouit fort, d'autant que je compte d'ici peu me voir confier d'autres tâches plus rentables encore. J'en suis entièrement redevable à Tanger et à sir William Warren.


                                                                        à suivre.............

                                                                                                                      1er septembre 1665

            Levé. Rendis..............