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samedi 20 août 2022

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 158 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                         1er Février 1666

            Levé puis allé au bureau, restai toute la matinée tard, et avec Mr Coventry pour la 1è fois depuis avant la peste. Puis, apprenant que ma femme était sortie pour faire des achats et voir sa mère et son père qu'elle n'avait point vus depuis avant la peste et comme l'on ne m'avait point préparé de dîner, j'allai à pied chez le capitaine Cocke, sachant que milord Brouncker y dînait. Là, force gaieté et bon dîner. Milord et sa maîtresse, Mrs Williams, me déposèrent à la Bourse. Allai chez l'échevin Backwell pour apurer tous mes comptes et réglai toutes mes affaires.
            Me voici donc quitte à ce jour. Chez sir Robert Vyner je fis de même, lui laissant entre les mains la somme nette de 2 000 £ de mon argent personnel, susceptibles d'être retirées à mon gré. Toutes ces dispositions étant prises, rentrai, allai au bureau régler mes affaires par courrier puis rentrai à la maison. Restai jusqu'à une heure du matin dans mon cabinet de travail.


                                                                                                                      2 février

            Levé de bonne heure et, sachant que milord Sandwich est arrivé à Londres avec le roi et le Duc, décide d'aller lui présenter mes respects. Le trouvai d'excellente humeur, ce dont je me réjouis de tout mon coeur. Ayant reçu ses instructions et m'étant entretenu avec certains de ses gens du départ de milord, m'étant aussi entretenu avec sir Roger Cuttance présent et qui estime que milord en use mal avec lui, je lui conseillai néanmoins de chercher une place, de peur que l'on ne dise que les amis de milord abandonnent le service du roi une fois que milord les a enrichis avec ses prises de guerre. 
            Fus à Londres et là, entre autres, examinai quelques tableaux chez Cade pour ma maison, et rapportai chez moi un drageoir en argent pour mon argentier. Je réclamai mes chauffe-plats, mais ils avaient été livrés et notre homme ne voulut pas se faire payer, disant qu'on l'avait déjà payé. Au prix de beaucoup d'embarras, je lui fis dire qu'il l'avait été par Mr Waith, mais je ne voulus rien entendre et tiens à lui renvoyer son argent, ne sachant point quelle courtoisie je lui fis jamais qui méritât telle récompense.
            Retour à la maison avec ma femme, passai en revue notre argenterie. Trié pour la valeur de, je crois, 40 £, à changer pour des pièces plus utiles, ce qui nous plaît fort, et alors nous aurons un fort bel argentier. Puis dîner, puis bureau où nous tînmes une réunion extraordinaire au sujet du tableau des dettes présentes de la marine, que nous devons présenter au Duc, dettes pour lesquelles il faut disposer d'argent frais. Cela fait, passai à mes affaires jusqu'à une heure tardive, puis rentrai souper et, au lit.


                                                                                                                                 3 février

            Levé, puis au bureau, très occupé jusqu'à 3 heures. Rentrons tous dîner en une demi-heure, retour au travail jusqu'à 8 heures du soir au sujet de nos besoins d'argent dont nous devons présenter le tableau au Duc, mais ne pûmes terminer. Nous séparâmes donc et fus à mon bureau, m'occupai fort tard de lettres et d'autres affaires, puis rentré souper à la maison, fatigué par le travail et, au lit.


                                                                                                                               4 février
                                                                                                             Jour du Seigneur
            Et c'est la première fois que ma femme et moi allons ensemble à l'église depuis la peste, et encore était-ce seulement à cause du retour de Mr Milles venu prêcher son premier sermon. Espérions de grandes excuses pour avoir quitté la paroisse avant tout autre, puis pour avoir attendu que tout le monde fût revenu. Mais ses excuses ne furent que fort piteuses et brèves, et le sermon mauvais
            Il gelait et avait neigé la nuit précédente, ce qui recouvrait les tombes du cimetière, aussi eus-je moins peur de le traverser. A l'église j'eus la satisfaction de voir ma superbe Mrs Lethieullier. Rentrai dîner et tout l'après-midi, jusqu'au souper, à mon journal qui a pris beaucoup de retard. Au souper ma femme me dit que Will Joyce est venu la voir ce soir, pour la première fois depuis la peste. Il lui a appris que ma tante James était morte depuis peu de la maladie de la pierre et lui a dit ce qu'elle avait laissé à sa femme, à la femme de son frère et à ma cousine Sarah. Après souper, retour au travail, à une heure tardive et, au lit.


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            Levé et avec sir William Battent, chez qui, venant le chercher, je vis pour la première fois sa femme, depuis la peste et son arrivée à Londres. Je m'étais délibérément éloigné afin de signifier quelque déplaisir et de montrer où la disgrâce où j'étais tombé auprès de milord Sandwich ne faisait pas de moi plus grand suppliant. Chez milord Brouncker pour voir s'il va ou non ce matin chez le Duc. Mais la chose est remise, aussi nous nous séparâmes.
            Milord m'invita aujourd'hui à dîner avec sir William Batten et sa femme, invités avant moi. Mais, de peur qu'il ne pense que je me satisfasse de si piètre invitation, je refusai et partis, allant à Westminster pour mes affaires. Retour à la Bourse, rencontrai Mr Hill récemment arrivé à Londres et avec lui les Houblon préparant le départ de leurs bateaux respectifs pour Tanger. Acceptai de souper avec eux ce soir, puis retour à la maison, mangeai un morceau, retour à Whitehall pour la commission de Tanger. Mais point de réunion, remise à demain. Je m'occupai de quelques petites affaires et rendis visite à milord Sandwich puis, comme il pleuvait, fus directement à la taverne du Soleil, derrière la Bourse, vers 7 heures. Trouvai les cinq Houblon au complet. Ce sont messieurs fort comme il faut et ils me témoignèrent force respect. Nous nous égayâmes fort et leur conversation, comme ils ont tous voyagé, est très brillante. Restai tard puis, pour finir, fus raccompagné chez moi par Mr James Houblon et par Hill que j'invitai à souper avec moi vendredi. Nous nous séparâmes et je rentrai me mettre, au lit.


                                                                                                                                      6 février

            Levé puis au bureau où fus très occupé toute la matinée. Réunion au sujet d'un rapport au duc d'York sur les dettes de la marine, terminée à 3 heures. M'étant contenté de fort peu de nourriture, allai par le fleuve avant les autres à Whitehall, où ils devaient me rejoindre, à cause d'une réunion de la commission de Tanger. Je me tirai fort bien d'affaire et exposai l'état de mes comptes, à la satisfaction de tous. Je ne distingue point d'animosité à mon endroit chez le duc d'Albemarle, nonobstant mes craintes habituelles. Ensuite à nos affaires de marine pour lesquelles mes collègues officiers furent appelés. Là encore tout se passe bien. Puis nous nous séparâmes, rentrai en voiture, prenant Tooker avec moi. Restai à Lombard Street chez Vyner et fis venir de chez moi l'argenterie que ma femme et moi voulions remplacer, et la remplaçai pour environ 50 £, par des objets plus utiles, ce qui fait que nous avons un fort bel argentier. Puis retour, bureau, écrivis des lettres et, au lit.


                                                                                                                      7 février

            Comme c'est jour de jeûne, je restai à la maison toute la journée afin de mettre de l'ordre dans mon cabinet de travail, retirant tous mes livres et remettant mon cabinet dans le même état qu'avant la peste. Mais ce matin, tandis que je m'y employais et que j'enfonçais un clou je m'écrasai le pouce gauche, m'arrachant aussi un bon morceau de chair qui resta à pendouiller. Ce spectacle terrifia ma femme, mais je mis dessus du baume de Mrs Turner et, encore que cela me fît fort souffrir, poursuivis mon travail. et je m'en acquittai à ma totale satisfaction, mettant tout en ordre, avec l'espoir que nos pires craintes fussent désormais passées quant à la peste pour l'année qui commence. On m'interrompit à deux ou trois reprises pendant la journée, ce dont je fus fort chagrin, car c'était le seul jour que j'eusse été en mesure de réserver pour ce travail depuis mon retour à Londres. Le soir souper, dans la lassitude et, au lit. Ayant fait venir les plâtriers et les menuisiers pour quelques travaux.


                                                                                                                                 8 février

            Levé et au bureau toute la matinée. A midi à la Bourse m'attendant à recevoir Mr Houblon, selon sa promesse, un mandat de paiement à tirer sur Vyner en récompense de l'autorisation que je leur ai obtenue d'envoyer leurs deux navires à Tanger. Mais me voilà, en cela, bien désappointé, car je lui parlai et il ne m'en souffla mot. Au contraire il me parut témoigner de la froideur, en raison de quelque obstacle qu'il rencontre en notre affaire, du fait du colonel Norwood qui insiste pour que les Houblon transportent davantage de marchandises qu'il ne faudrait pour qu'il restât de la place pour les leurs. Mais je calmerai leurs inquiétudes. Puis chez le capitaine Cocke où je vois Mr Williamson, Wren, Buteel et Madame Williams. Et tantôt lord Brouncker, qui fut par le fleuve avec le roi et le Duc voir aujourd'hui le palais de Greenwich et le yacht que Castle construit : conversation nourrie et plaisante. Puis à Whitehall voir milord Sandwich, puis rentré m'occuper de mes affaires jusqu'à la nuit et, au lit.


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            Levé et de bonne heure allé voir sir Philip Warwick, content de me voir et très aimable. Puis chez le colonel Norwood où je réglai cette affaire Houblon touchant leurs navires. A Westminster, à l'Echiquier, pour mes affaires de Tanger. Je fais préparer des ordres de paiement pour des tailles, puis à la Grand-Salle bondée en ce premier jour de la saison judiciaire, bien plus qu'on ne s'y attendait, eu égard à la peste que nous venons de connaître. Puis à la Bourse et à la taverne du Soleil pour dîner avec le lieutenant de la Tour, le colonel Norwood et d'autres. Il me paraissent prendre un étrange plaisir à leur vin et à leur nourriture, et en discutent avec un raffinement et une joie qui, à ce qu'il me semble n'étaient point dignes de gens estimables.
            Retour à la maison où je ne laisse point de pester contre mes gens jusqu'à ce que fussent bien avancés les préparatifs du souper offert aux Houblon. Mais lorsque cela fut fait, j'étais derechef de bonne humeur et tout était en ordre. Bientôt arrivèrent les cinq frères Houblon et Mr Hill. Très bon souper, bonne compagnie et bonne conversation. Ce fut un grand plaisir. Ma nouvelle argenterie donne fière allure à mon argentier. Il demeurèrent jusqu'aux alentours de 11 heures du soir avec grand plaisir. Quel beau spectacle que de voir ces cinq frères tant affectionnés, tous, de plus, industrieux négociants. Nous causâmes au premier chef du voyage que Mr Hill entreprend pour eux au Portugal, et c'était la raison de ce repas. Après leur départ, au lit.


                                                                                                                               10 février 1666

            Levé puis allé au bureau. A midi, surchargé de travail, allé dîner.
            Aujourd'hui, pour la première fois depuis la peste, venue de sir Thomas Harvey qui s'était tenu à l'écart de Londres tout ce temps-là. Nous le reçûmes fraîchement, il s'en alla sans que nous nous interrompions afin qu'il parût plus inutile encore. 
            Après dîner, la tête pleine de soucis et d'une multitude de travaux à exécuter, je pris la voiture, accompagné de ma femme, je la déposai chez sa mère, ayant d'abord fait halte chez milord le trésorier général où je causai avec sir Philip Warwick, puis à l'Echiquier à propos des ordres de paiement relatifs à Tanger, puis à la taverne du Cygne où je restai un moment. Puis, avec la voiture, repris ma femme et à l'ancienne Bourse, achat d'un manchon et retour à la maison. Travaillai tard à mon courrier, puis souper et, au lit. 
            Cela fait maintenant quatre ou cinq jours que je suis dérangé, et de la belle façon, dans mon sommeil par mes ronflements, et je ne sais point comment y remédier.


                                                                                                                                       11 février
                                                                                                                         Jour du Seigneur
            Levé et j'ajoute à un vieil habit un costume neuf de drap noir, que j'ai fait faire pour paraître en tenue de deuil à la Cour où tout le monde porte celui du roi d'Espagne. Fus à l'église et dînai bien à midi. Puis, par le fleuve à Whitehall emmenant un capitaine de la Tour, puis au parc, fais deux ou trois tours sur le mail de St James avec la suite du roi et du Duc, le Duc me parla beaucoup. Rencontrai milord Brouncker et Mr Coventry et m'entretins des affaires de la marine. Sommes tous préoccupés de n'entendre encore aucune nouvelle de la flotte de sir Jeremy Smith partie pour le détroit de Gibraltar à la mi-décembre, traversant toutes ces tempêtes et qui ont refoulé trois ou quatre de leurs bâtiments, mâts passés par-dessus bord.
            Hier fut rendue publique la déclaration de guerre que le roi fit aux Français, mais accompagnée, à leur adresse comme à celle des Hollandais, de si conciliantes invitations à se ranger de notre côté, avec promesse de les protéger, que chacun s'en émerveille.
            Rentré avec milord Brouncker afin de m'entretenir avec lui, puis retour à la maison en fiacre. Ma femme et moi eûmes fort plaisant entretien, soupâmes et, au lit.
            La grave blessure que je m'étais faite mercredi dernier au pouce, parfaitement guérie par une application du baume de Mrs Turner, alors que je n'espérais point sauver mon ongle, sans préjuger des autres désagréments.
            Ma femme et moi somme fort songeurs ces temps-ci quant à la venue de Pall qui doit trouver mari.


                                                                                                                                   12 février

            Levé et fort occupé à tenir mon serment et à terminer ce matin mon journal des sept ou huit derniers jours. Puis vois diverses personnes venues pour des questions d'argent, entre autres Mr Graunt et les exécuteurs testamentaires de Barlow à propos des 25 £ dues au titre du terme précédent sa mort, somme que j'hésite à payer n'ayant l'obligation de payer que deux fois l'an. Vient ensuite Mr Caesar, maître de luth de mon petit valet, que je n'ai point vu depuis le début de la peste mais qui est resté tout ce temps à Westminster, en très bonne santé, et de me narrer qu'au plus fort de la peste il y avait des esprits forts pour aller en s'amusant à l'enterrement les uns des autres et qui, par dépit vis-à-vis des gens bien portants soufflaient, depuis leurs fenêtres, au visage des passants en bonne santé.
            Dîner avant d'aller à la Bourse et ensuite à la taverne pour causer avec sir William Warren, et en voiture en différents lieux, entre autres chez milord le trésorier général afin de rencontrer milord Sandwich, mais le manquai. Le rencontrai chez le lord chancelier et causai avec lui de ses comptes, puis de sir George Carteret. Et j'apprends que sir George a les coudées moins franches que milord Sandwich, car les gens lui témoignent de l'hostilité, et il se récrie fort de la façon dont sir William Coventry conduit ses affaires, se mêlant de tout et faisant tout. Puis chez mon libraire, me fis remettre des livres nouvellement achetés, demeurai longtemps choisissant de nouveaux à faire relier, ayant résolu de m'accorder la somme de 10 £ pour des volumes. 
            Retour au bureau et rentré souper chez moi, où se trouvait Mr Hill qui soupa avec nous. Conversation plaisante, c'est un excellent homme à ce qu'il me semble toujours. Après son départ nous allons, au lit.


                                                                                                                               13 février

            Levé et toute la matinée au bureau. A midi à la Bourse, après les affaires dînai chez le shérif  Hooker chez qui je fus emmené par Mr Lethieullier, et là, pour la plus grande satisfaction de mon cœur, je rencontrai sa femme, personne très belle et bien en chair. Mais toute la maisonnée s'attriste de la maladie d'une fille de la famille, femme de Mr Vaughn, en train de faire ses couches. Tout le monde est donc en déshabillé. Quoi qu'il en soit, cette dame est une fort belle femme. J'obtins d'elle un baiser.
            Après le dîner, causai avec le shérif d'un paquet de chandelles que je lui ai achetées pour le bureau où rentrai tout l'après-midi jusque tard dans la soirée puis départ pour la maison, souper et, au lit
            Mauvaise nouvelle ce soir, la peste croît cette semaine, en maint endroit autour de Londres, à Chatham et ailleurs.
            Aujourd'hui, ma femme ayant besoin d'une femme de chambre, réussis à grand-peine à faire retrouver notre chère petite Jane, venue la voir. Elle a vécu tout ce temps au même endroit, mais s'y trouve si bien que nous ne désirerons pas qu'elle le quitte. Mais sommes fort aise de voir cette pauvre fille qui va très bien et qui prospère.


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                                                                Jour de la Saint-Valentin
            Ce matin visite de Mr Hill qui, pensait ma femme, venait pour être son valentin car elle avait, semble-t-il, tiré au sort son nom hier soir, mais ce ne fut pas le cas. Pourtant, le faisant venir au chevet de notre lit, ma femme tenta de faire valoir ses droits.
            Levé, préparé, puis en voiture avec Mr Hill, chez milord Sandwich où nous avions rendez-vous, afin de remettre à milord les comptes de Mr Howe. Cela fait, milord m'exprima des remerciements  cordiaux, abondants et pesés pour toute ma gentillesse à son égard, pour le soin que je prends de lui et de ses affaires. Moi, après avoir fait profession de toute mon obéissance à milord, profitai de l'occasion pour me lamenter, sir George Carteret me cause tant de difficultés, au point qu'en prenant son parti je dusse nécessairement me dresser contre sir William Coventry. Aussi exprimai-je le désir de rester neutre, ce que milord approuva et, de son propre aveu, jugea raisonnable tout en désirant que je fusse privément ami avec lui. Notre conversation privée étant terminée, j'introduisis Mr Hill qui lui baisa les mains....... Puis emmenai Mr Hill jusqu'à la nouvelle maison que milord le chancelier fait construire. Montâmes, non sans peine, jusqu'à son sommet, et il y a là la plus majestueuse perspective que j 'aie jamais vue. Greenwich n'est rien à côté. A tous égards c'est une belle maison, très solidement bâtie, comme si, et c'est le cas, elle avait le chancelier pour maître. Ave lui chez son peintre, Mr Hayls qui fait son portrait. Il sera très ressemblant et me plut, si bien que je résolus de lui commander le mien incontinent, et celui de ma femme, car il a vraiment une touche magistrale. Puis, grandement satisfait, à la Bourse et à la maison. Après le dîner nous sortîmes, emmenant avec nous Mrs Mary Batelier qui venait d'arriver pour voir ma femme, et ils me déposèrent chez milord le trésorier général, de leur côté allèrent aux champs en voiture pour prendre l'air. J'assistai à une réunion que tenait le duc d'York avec les officiers de la marine et des munitions, milord le trésorier général étant au lit avec la goutte. 
                Notre propos était de parler des difficultés de la marine par manque d'argent. Mais après avoir beaucoup parlé, avec aussi peu de méthode que les gens du vulgaire, nous ne parvînmes à aucune conclusion......... et pourtant le travail devra se faire. Sur ce point il m'apparaît que sir George Carteret s'étai préparé à répondre à une attaque de sir William Coventry, en proposant de lui-même de montrer tout ce qu'il avait payé, ce qui ne l'est pas, ainsi que ce dont il dispose en argent et de mandats de paiement. Ces paroles sis elles sont suivies d'effet, seront les plus sages qu'il ait jamais prononcées, et les plus opportunes, car sans cela on lui fût tombé dessus.
            La réunion terminée je partis, ma femme et les autres étant revenus et m'attendant à la grille. Mais, Seigneur, quelle ne furent pas mes craintes que sir William Coventry ne m'aperçût à un moment chuchoter avec sir George Carteret ! Encore que l'intention ne fût pas mienne........Retour, ils me déposèrent à la Bourse, fus à la taverne de la Couronne où milord Brouncker était arrivé, ainsi que plusieurs " virtuosi ". Après un bref souper et peu de conversation, m'en allai avec sir William Batten, à la maison où je découvre que ma femme est partie s'égayer chez Mrs Mercer, mais elle revint tantôt ave Mrs Knepp qui est, semble-t-il à Londres et était allée là-bas pour danser avec ma femme et Mrs Mercer. Après un souper léger, elles repartirent pour y passer toute la nuit, car Will Hewer s'y trouve. Elles sont dans son appartement, ainsi que Laud Crisp peut-être. Pour moi, au lit.
 

                                                                                                                          15 février
 
            Levé, et ma femme n'est pas rentrée de la nuit. Au bureau où je siégeai toute la matinée. A midi chez sir Starkey, grand cuisinier établi à Austin Friars invité par le colonel Atkins. Bon dîner offert au colonel Norwood et à ses amis. Entre autres, sir Edward Spragge, mais le service qui laisse à désirer. Avant le début du dîner ma femme passa me voir en voiture, aussi pris-je congé, et avec elle, Mrs Knepp et Mrs Mercer, allons chez Mr Hayls le peintre et il commença à peindre ma femme dans la pause prise par milady Petre, c'est-à-dire en Sainte Catherine. Tandis qu'il peignait, Mrs Knepp, Mrs Mercer et moi-même chantions. Sur ces entrefaites voici venir Mrs Pearse avec mon nom dans son corsage pour que je sois son valentin, ce qui me coûtera de l'argent.
            Mais c'est chose étrange de voir à quel point sa première couche de couleur peut être ressemblante. Je fus bien aise de le voir et la chose me plaît fort. Ce sera, je crois, un grand tableau. Puis avec eux tous jusqu'à Fleet Street où déposai Mrs Pearse et Mrs Knepp. Nous rentrâmes, je fus au bureau où les Houblon vinrent m'entretenir d'un nouveau petit souci que leur cause Norwood à propos de leur navire. Ce qui me tracasse, encore que cela soit infondé. Rentré tard à la maison, souper et, au lit
            Nous apprenons ce soir que sir Jeremy Smith et sa flotte ont été vus à Malaga, ce qui est une bonne nouvelle.


                                                           à suivre..............

                                                                                                                      16 Février 1666

                                    Levé de bonne..........