Lettre à Madeleine
( Lettres des 3-5-7 et 8 septembre le poète répond à Madeleine ils s'interpellent sur le sens de la vie, du vice et de la vertu, du devoir " il est le principe même de la vie sociale et sans lui les hommes deviendraient bien bas... " par ailleurs " Les permissions sont suspendues pour un mois ma chérie dans notre secteur... D'ailleurs la guerre reprend sauvagement.On a beaucoup de travail, on en aura encore plus, sans doute, sous peu.
Le ravitaillement est devenu impossible, nous sommes bornés à l'ordinaire.Ça durera je ne sais combien... )
10 septembre 1915
Tes lettres, mon amour , accomplissent des miracles, ce sont les seules qui me parviennent en ce moment de changement de secteur et elles arrivent dans le temps normal. Aujourd'hui il y a eu 9 lettres pour toute la batterie et l'une était de toi pour moi. Pas de journaux. La vie au surplus n'est même plus quotidienne, elle est horaire, que dis-je secondaire !
Tu es une fillette charmante, tes lettres sont délicieuses.Je t'écris chaque fois que j'en ai l'occasion et presque tous les jours.Tu le sais bien, mon aimée. Je ne vais plus au poste d'observation puisque je suis maintenant au canon, je commande la 4è pièce.Le mal d'yeux de votre maman me fait beaucoup de peine.Je n'ose pas écrire à Foix, craignant que ma lettre n'arrive point à temps.Si pourtant, je t'enverrai en même temps que cette lettre une carte à Foix.Oui, tu seras toujours mon amour.Tes lettres je les adore et loin de te gronder, ma chérie, je te comprends à un point dont tu n'as même pas idée.Si cependant tu en as idée puisque tu me préviens et t'adore de cette charmante prévenance mon amour !
Ma chérie, ne parle pas de malheurs - comme à propos de ta jambe qui est mienne - Il ne faut pas tenter Dieu : pour ce qui est de permission je n'y suis point encore.Elles sont dans mon secteur suspendues pr un temps indéterminé, tu comprends aisément pourquoi.
Pourquoi donc es-tu contente, mon amour d'ignorer la raison qui fait être content de te savoir Vendéenne.
Je ne sais pas pourquoi tu me parles encore de ce pardon, mais s'il est vrai que j'ai quelque chose à te pardonner je te prie de me pardonner à ton tour de ne pas l'avoir fait plus tôt. Et je prends tes lèvres. Tes lettres sont ravissantes.Je les aime infiniment.
Tu me demandes quand je travaille pour toi ? le jour quand il y a des loisirs et il y en a ! Quand je t'écris, le soir avant d'aller me coucher ce que je fais vers 10 heures.
J'ai habité jusqu'à maintenant dans une cabane formée d'un trou fermé par un toit en branches de sapin et en débris e craie mais dès demain soir je vais coucher dans l'abri de mes hommes qui est tout à fait sous terre et surmonté d'un épais remblai qui recouvre des rondins.
Le cri " A l'Italie " va paraître dans La Voce de Florence en français et on va en faire un tirage à part pour mes amis et moi.
Ton idée de signer moi est mignonne comme tout. Mais je suis content aussi qu'il y ait eu toi plus loin.Mais ton idée est ravissante.Je t'adore et tu me rends le plus heureux des hommes. Tu m'aimes comme jamais femme n'a su aimer.Tu sais que j'en suis fier aussi d'être aimé par une aussi jolie fille et aussi fine, aussi délicieusement intelligent.Tu es si gentille de vouloir faire mon bonheur même de loin. Je prends ta bouche avec passion et tout toi avec tes mille beautés et tes neuf portes sacrées par notre amour, les neuf portes de ton corps charmant et les mille beautés de ton âme adorable. Tu es ma grappe de raisin noir.Je t'aime mon amour et vais t'écrire une carte à Foix. J'espère que tu l'y recevras.
Gui
10 septembre 1915
Je t'envoie ce petit mot à Foix mon amour pour que tu ne sois pas sans nouvelles de ton amour.
Je t'ai écrit une longue lettre que tu trouveras à Narbonne.
Je souhaite que ta maman aille mieux.Embrasse-la gentiment de ma part.Elle mérite bien ça puisqu'elle me donne sa mignonne Madeleine, qui est ma rose et mon lys adorés.
Tu m'as demandé ce que c'est d'être observateur aux lueurs voici un petit poème là-dessus.
LUEURS
La montre est à côté de la bougie qui végète derrière un écran fait avec le fer-blanc d'un seau à
confiture
Tu tiens de la main gauche le chronomètre que tu déclencheras au moment voulu
De la droite tu te tiens prêt à pointer l'alidade du triangle de visée sur les soudaines lueurs lointaines
Tu pointes cependant que tu déclenches le chronomètre et tu l'arrêtes quand tu entends l'éclatement
Tu notes l'heure, le nombre de coups le calibre, la dérive, le nombre de secondes écoulées entre la
lueur et la détonation
Tu regardes sans te détourner, tu regardes à travers l'embrasure
Les fusées dansent les bombes éclatent et des lueurs paraissent
Tandis que s'élève la simple et rude symphonie de la guerre
Ainsi dans la vie, mon amour, nous pointons notre coeur et notre attentive pitié
Vers les lueurs inconnues et hostiles qui ornent l'horizon le peuplent et nous dirigent
Et le poète est cet observateur de la vie et il invente les lueurs innombrables des mystères qu'il faut
repérer
Connaître ô Lueurs, ô mon très cher amour !
Gui
10 septembre 1915
Je t'envoie ce petit mot à Foix mon amour pour que tu ne sois pas sans nouvelles de ton amour.
Je t'ai écrit une longue lettre que tu trouveras à Narbonne.
Je souhaite que ta maman aille mieux.Embrasse-la gentiment de ma part.Elle mérite bien ça puisqu'elle me donne sa mignonne Madeleine, qui est ma rose et mon lys adorés.
Tu m'as demandé ce que c'est d'être observateur aux lueurs voici un petit poème là-dessus.
LUEURS
La montre est à côté de la bougie qui végète derrière un écran fait avec le fer-blanc d'un seau à
confiture
Tu tiens de la main gauche le chronomètre que tu déclencheras au moment voulu
De la droite tu te tiens prêt à pointer l'alidade du triangle de visée sur les soudaines lueurs lointaines
Tu pointes cependant que tu déclenches le chronomètre et tu l'arrêtes quand tu entends l'éclatement
Tu notes l'heure, le nombre de coups le calibre, la dérive, le nombre de secondes écoulées entre la
lueur et la détonation
Tu regardes sans te détourner, tu regardes à travers l'embrasure
Les fusées dansent les bombes éclatent et des lueurs paraissent
Tandis que s'élève la simple et rude symphonie de la guerre
Ainsi dans la vie, mon amour, nous pointons notre coeur et notre attentive pitié
Vers les lueurs inconnues et hostiles qui ornent l'horizon le peuplent et nous dirigent
Et le poète est cet observateur de la vie et il invente les lueurs innombrables des mystères qu'il faut
repérer
Connaître ô Lueurs, ô mon très cher amour !
Gui