Lettre à Madeleine
Le 8 décembre le poète écrit : " Au lieu de 9 jours nous en ferons 10 ou 11 ou plus même dans les
premières lignes. Aujourd'hui nous avons été soumis à un bombardement épouvantable dont l'écho
te parviendra sans aucun doute par les journaux. En ce moment ça continue tout le monde veille aux
créneaux les autres sont baïonnette au canon... Je t'ai imaginée tout le jour en regardant l'arrivée des
bombes effrayantes en forme de cigare.
Quelle barbe que ces Boches ! Tu sais amour, je laisse pousser la mienne car il n'y a pas
moyen dans cette vie de me raser régulièrement...
Gui
Gromaie
Le 10 décembre 1915 Apollinaire écrit : -
action s'est déchaînée, c'était fantastique et effrayant. Le théâtre même ne peut donner une idée du
bombardement effroyable qui empourpre soudain le ciel, du sifflement des obus qui passent en l'air
comme des autos passant sur le sol dans une course, de l'éclatement déchirant des bombes et des
torpilles, du crépitement insensé de la fusillade dominé par le tac tac tac tout proche de la mitrailleus
Enfin ça s'est calmé, nous n'avons pas eu de mal à la compagnie, c'était proche' mais pas pour nous.
Le soir on a été relevés et je suis resté pr mettre la nouvelle compagnie en ligne au courant des
corvées. Nuit calme je suis parti à 9 h. du matin pr arriver à 2 h. de l'après-midi. Quelle effroyable
boue dans les effroyables boyaux. J'ai tes lettres du 2 et du 3. Amour, tu es mon amour. Je suis donc
au repos si peu reposant et qui peut cesser d'un instant à l'autre, dans une cagnat où il pleut. Boue
sans nom. J'adore tes deux lettres. Je t'écris tant que je peux. Le 1er officier à partir avant moi est
parti aujourd'hui.
Je t'adore forte comme tu l'es. Hier j'étais découragé et ne voyais pas d'issue possible que
quelque chose d'effroyable à ma situation actuelle. Aujourd'hui le bon sens a repris le dessus. Je suis
heureux que tu m'aimes comme tu m'aimes, tu es ma femme adorée, ma vierge exquise. J'ai reçu
aujourd'hui un livre de fou complet que je t'enverrai demain... Ma belle Madeleine, ma Madeleine
d'élite... Oui je crois que mon regard aura une puissance exquise sur toi mon amour et j'adore ton
frisson quand je regarde au fon du parvis... Oui, j'ai eu il y a quelques jours dans une lettre que tu
J'ai reçu hier le superbe paquet de tabacs cigares et cigarettes. Merci mon amour mais maintenant que je suis officier ne te soucie plus de m'envoyer du tabac, nous en avons, comme officiers en abondance, du fin et des cigarettes.
Je souhaite de tout mon coeur l'arrivée de cette permission et je voudrais bien que nous soyons revenus de cette affaire. D'ailleurs mes hommes sont épuisés par 11 jours de tranchées.
Mon amour, je t'adore. Je ne pense qu'à toi, ton corps divin est mon soleil. Je pense à tes lèvres, à toutes tes lèvres mon amour, je pense à ton ardeur exquise à ta beauté.
Je t'aime le vaguemestre est là. J'écrirai demain.
Gui
torpilles, du crépitement insensé de la fusillade dominé par le tac tac tac tout proche de la mitrailleus
Enfin ça s'est calmé, nous n'avons pas eu de mal à la compagnie, c'était proche' mais pas pour nous.
Le soir on a été relevés et je suis resté pr mettre la nouvelle compagnie en ligne au courant des
corvées. Nuit calme je suis parti à 9 h. du matin pr arriver à 2 h. de l'après-midi. Quelle effroyable
boue dans les effroyables boyaux. J'ai tes lettres du 2 et du 3. Amour, tu es mon amour. Je suis donc
au repos si peu reposant et qui peut cesser d'un instant à l'autre, dans une cagnat où il pleut. Boue
sans nom. J'adore tes deux lettres. Je t'écris tant que je peux. Le 1er officier à partir avant moi est
parti aujourd'hui.
Je t'adore forte comme tu l'es. Hier j'étais découragé et ne voyais pas d'issue possible que
quelque chose d'effroyable à ma situation actuelle. Aujourd'hui le bon sens a repris le dessus. Je suis
heureux que tu m'aimes comme tu m'aimes, tu es ma femme adorée, ma vierge exquise. J'ai reçu
aujourd'hui un livre de fou complet que je t'enverrai demain... Ma belle Madeleine, ma Madeleine
d'élite... Oui je crois que mon regard aura une puissance exquise sur toi mon amour et j'adore ton
n'as pas encore , ( c'était hier, je crois ) l'idée du sacrifice de mon sang sans doute qu'exige la
perfection paradisiaque de notre amour...
Le 12 décembre 1915
Mon amour, je t'envoie aujourd'hui le singulier bouquin de fou que j'ai reçu. Il est parlé de moi à
propose de mon récit de l'enterrement de Walt Whitman qui avait suscité une polémique fantastique dans le monde entier. J'y joins un porte-monnaie fabriqué par l'ouvrier en cuir de mon ancienne batterie une bague avec un bouton boche que je portais jusqu'ici et que je ne peux plus porter au cas où je serais fait prisonnier et une bague en or ciselé qui est mon cachet et que tu me garderas, tu peux la porter, elle est à toi autant qu'à moi.
Nous repartons tout à l'heure au combat, les communiqués ont dû te dire l'affaire de la tranchée prise par les Boches ces jours-ci, ce n'est pas nous qui l'avons perdue mais c'est nous qui devons la repreudre - J'ai reçu hier le superbe paquet de tabacs cigares et cigarettes. Merci mon amour mais maintenant que je suis officier ne te soucie plus de m'envoyer du tabac, nous en avons, comme officiers en abondance, du fin et des cigarettes.
Je souhaite de tout mon coeur l'arrivée de cette permission et je voudrais bien que nous soyons revenus de cette affaire. D'ailleurs mes hommes sont épuisés par 11 jours de tranchées.
Mon amour, je t'adore. Je ne pense qu'à toi, ton corps divin est mon soleil. Je pense à tes lèvres, à toutes tes lèvres mon amour, je pense à ton ardeur exquise à ta beauté.
Je t'aime le vaguemestre est là. J'écrirai demain.
Gui