Lettre à Madeleine
17 janvier 1916
Mon amour je reçois aujourd'hui tes lettres délicieuses du 9 et du 10. Tu as bien fait d'être aimable avec ta directrice. Tu es ma femme délicieuse. Je vais voir pr le mariage par procuration. Renseigne-toi dans quelle mesure les permissions sont supprimées pour l'Algérie. Je t'adore mon amour et tes lettres m'ont donné le cafard hier et aujourd'hui. Je chauffe tes mains, mon amour, je t'aime. Oui la mer a été terrible, parait-il, moi je ne m'en suis pas aperçu ne pensant qu'à Oran - j'étais à Oran - et je n'ai pas eu le mal de mer.
Dis à Denise qu'elle est bien gentille.
Sois pleine de courage, mon amour. Mon amour, mon amour, je t'adore. L'histoire de ta maman m'a bouleversé. Quel est ce monsieur... Mais après tout je m'en fiche nous nous adorons.
Je t'adore et prends ta bouche, mon amour.
Gui
18 janvier 1916
Gui
19 janvier 1916
Mon amour, je me demande si nous n'irons pas un de ces jours en Orient. Enfin pour le moment marches manoeuvres - Je n'ai pas de lettre de toi aujourd'hui mon amour. Je t'ai envoyé le paquet des livres, une cuvette en toile qui ne me sert pas ici - des bande molletières noires, il les faut bleues maintenant. Emile et Pierre pourront se les partager quelques lettres, etc. ( quelques tentatives de manuscrit qui peuvent resservir ).
Je pense à ta grâce exquise mon amour adoré et je suis un peu triste d'être si loin de toi, mon amour.
Aujourd'hui j'ai eu la visite d'un caporal du 81, chargé d'un barda terrible et monocle. C'était mon ami Gabriel Boissy, pauvre garçon, son monocle a fait sensation, ce doit être le seul caporal à monocle de l'armée française.
Je l'ai trouvé bien vieilli.Je pense à ta grâce ma chérie au milieu des mauresques des espagnoles.
Je pense à notre fin de jour à Mers el Kébir et je suis un peu triste.
Amour je ne sais pas bien écrire aujourd'hui. Je suis las. Je commence à être impatient, je voudrais que l'hiver fût fini.
Mon amour, je t'adore et je prends ta bouche passionnément, follement.
@ l'internaute - claude monet
Ton Gui