* Tableaux Gainsborough
16 septembre 1660
Dimanche
A la maison pour dîner. Je me moquai de William qui n'avait jamais assisté à la lecture des prières publiques.
Après dîner me rendis seul à Westminster où je passai mon temps à arpenter l'abbaye pendant toute la durée du sermon, avec Benjamin Palmer et Fetter l'horloger qui me dit que milord d'Oxford venait lui aussi de mourir de la petite vérole. Ce qui signifie qu'après avoir maintenu le nom et l'honneur pendant 600 ans sa famille est éteinte. De là au parc où je pus constater l'avancement des travaux du Mail et de l'aménagement d'une rivière à travers le parc, que je voyais pour la première fois depuis le début des travaux, de là aux jardins de Whitehall où je vis le roi vêtu de violet pour le deuil de son frère.
Puis à la maison. En chemin je rencontrai Dinah qui me parla et me fit part de son souhait de m'entretenir de quelque affaire lorsque je reviendrai à Westminster. Elle me dit cela d'une telle manière que je craignis qu'elle ne me dît quelque chose que je ne voulais pas entendre au sujet de notre dernière rencontre à Westminster.
A la maison alors qu'il faisait très noir. Il y avait dans la basse-cour un gentilhomme qui avait fait une mauvaise chûte dans la boue en butant sur un conduit d'eau qui courait dans la rigole.
17 septembre
Au bureau très tôt pour présenter un état des dettes relatives aux équipages des 25 navires que l'on doit licencier. Nous devons le présenter demain devant la commission du Parlement.
Puis nous sortîmes voir le prince de Ligne ambassadeur d'Espagne venu pour être reçu en audience. Cela se déroula en très grande pompe.
Après cela Dalton, Wanley, Scrivener et quelques-uns de leurs amis et moi-même nous rendîmes à Axe Yard, signâmes et scellâmes nos accords, puis à nouveau chez le marchand de vins où je perçus 41 livres pour la cession du bail de ma maison sur lesquels je payai mon propriétaire jusqu'à la prochaine Saint Michel, de sorte que je suis quitte vis-à-vis de lui et que je suis débarrassé de ma pauvre petite maison. Chez moi avec un porteur de torche, mon argent sous le bras. Puis au lit, après avoir regardé les affaires que ma femme a achetées aujourd'hui. Elles ne m'enchantèrent guère car elles coûtaient trop cher, et j'allai me coucher mécontent.
Toujours rien du large où voguent milord et la princesse.
18 septembre
A la maison toute la matinée à surveiller les ouvriers. Après dîner sir William Batten, Penn et moi-même en voiture vers le palais de Westminster où nous rencontrâmes Mr Waith qui est au service du trésorier général, nous nous présentâmes donc devant la commission du Parlement chargée d'examiner les dettes de l'armée et de la marine et remîmes notre rapport sur les 25 vaisseaux. Le colonel Birch se montra très impertinent et fort mal commode. Mais nous convînmes finalement de présenter les comptes d'un des navires de manière plus conforme à leurs souhaits dans quelques jours afin qu'ils puissent constater les difficultés entraînées par leurs façons de faire selon leurs désirs. De là, comme les deux sirs William rentraient par le fleuve à leur maison, j'entraînai à la taverne Rhénane, nous bûmes puis nous nous quittâmes.
19 septembre
Jour de bureau. Je mis des habits de deuil et me rendis au bureau. A midi pensant trouver ma femme en vêtements de deuil, je découvris que le tailleur lui avait fait faux bond, ce dont je fus contrarié car nous avions aujourd'hui une invitation à dîner. Après avoir attendu jusqu'à une heure passée je partis et la laissée mettre d'autres habits et me rejoindre à la taverne de la Mitre dans Wood Street, une maison très renommée à Londres, où je retrouvai Will Symons, Dick Scobell et leurs femmes ainsi que Mr Stamford, Llewellyn, Chetwind, un certain Mr Vivion et Mr White, ancien aumônier de milady, épouse du Protecteur ( et il continue à exercer ses fonctions. Certains disent qu'il a des chances d'obtenir la main de milady Frances)
Ici beaucoup de joie et excellent dîner, ma femme m'avait entretemps rejoint. Certains se mirent à jouer au handicap, jeu que je ne connaissais pas mais qui est très amusant. Nous restâmes jusque très tard. Il pleuvait fort mais nous parvînmes à nous procurer des voitures. Ainsi à la maison, et au lit.
20 septembre 1660

Par le fleuve jusqu'au pont et de là jusqu'au domicile du major Hart dans Cannon Street. Il me reçut très aimablement avec du vin et des propos très intéressants. Cependant il évoqua la procédure regrettable utilisée par le colonel Birch et la commission pour le licenciement de l'armée et de la marine promettant au Parlement de lui faire économiser beaucoup d'argent alors qu'à notre avis il en coûtera plus au roi que s'il ne s'en occupait pas, en raison de leurs retards et des enquêtes minutieuses qu'ils mènent sur les comptes de l'armée et de la marine.
A la maison et au lit.
21 septembre
A la maison où je trouvai mon petit valet ( le frère de la servante ) arrivé de la campagne aujourd'hui, mais il était couché et je ne pus le voir ce soir.
Moi au lit.
22 septembre
Ce matin je fis venir le petit valet. Il se trouve être un assez beau garçon d'un genre qui, je crois, me plaira.
Au lit, pas encore très bien remis de ma beuverie d'hier soir. J'ai fait monter le petit laquais ce soir pour que sa soeur lui apprenne à me mettre au lit, et je l'ai entendu lire. Il le fait assez bien.
23 septembre
Jour du Seigneur
Ma femme s'est levée pour mettre ses habits de deuil aujourd'hui et se rendre à l'église ce matin. Me suis levé et ai tenu mon journal pour les cinq derniers jours. Ce matin quelqu'un est venu de chez mon père avec un manteau de drap noir fait dans ma cape pour aller et venir. A l'église ma femme et moi avec sir William Batten, nous entendîmes un très bon sermon de Mr Milles sur les paroles " Courrez de manière à le remporter ".
Après le sermon avec Mr Pearse à Whitehall et de là chez milord, mais Diana ne vint pas comme nous en étions convenu. Je passai donc chez mon père, où ma femme m'avait précédé et était rentrée à la maison, puis rentrai chez moi.
Cet après-midi le roi averti de l'arrivée de la princesse à Margate, s'y rendit en bateau avec le duc d'York, pour l'accueillir.
24 septembre 1660
Jour de bureau. De là en voiture avec ma femme pour aller dîner chez ma cousine Scott, comme les invités n'étaient pas arrivés j'allai rendre visite aux Barber de l'autre côté de la rue, puis revins dîner. Il y avait mon oncle et ma tante Fenner, mon père et ma mère et d'autres, parmi lesquels mon cousin Richard Pepys, leur frère aîné, que je n'ai pas vu depuis 14 ans, depuis son retour de Nouvelle Angleterre. C'était étrange pour nous de nous rendre auprès d'elle qui venait d'enterrer l'enfant dont elle venait d'accoucher.
Monsieur l'Impertinent qui passait par là frappa à la porte. Je louai une voiture pour lui et l'accompagnai à une réunion dansante dans Broad Street, dans une demeure qui était autrefois la Serre, le directeur de l'école était Luc Channel. Je vis de la belle danse. Comme il se faisait tard, que la pièce grouillait de monde et qu'il faisait très chaud, je rentrai à la maison.
25 septembre
Au bureau où sir William Batten, le colonel Slingsby et moi siégeâmes un moment. Comme sir Richard Ford vint nous voir au sujet de quelque affaire, nous discutâmes ensemble de l'intérêt qu'avait l'Angleterre à conclure la paix avec l'Espagne et à déclarer la guerre à la France et à la Hollande. Sir Richard Ford s'exprima en homme fort avisé et averti, il envoya ensuite chercher une tasse de thé ( boisson originaire de Chine que je ne connaissais pas ), puis il nous quitta.
26 septembre
Jour de bureau. Cela fait, à l'église où nous discutâmes de notre galerie, rentrai à la maison pour dîner, j'y trouvai Mrs Hunt qui m'apportait une lettre qu'elle souhaite que je fasse signer par milord pour son mari. Je ferai cela pour elle.
A la maison avec les ouvriers tout l'après-midi. Notre maison est dans un état épouvantable.
En fin d'après-midi au bureau où je me mis à lire la Géographie de Speed pendant un moment.
Ensuite à la maison pensant trouver Will chez moi, mais comme il était allé quelque part ailleurs et n'était pas rentre, je fus très courroucé. Quand il rentra je lui fis de sévères remontrances et allai me coucher.
27 septembre
Allai voir milord chez Mr Crew et pris ses instructions pour quelque affaire le concernant, de là à la maison avec mes ouvriers tout l'après-midi. En fin de journée chez milord où je restai avec lui et Mr Moore à relire le nouveau brevet de vice-amiral de milord et le conseillai sur la manière de le faire rédiger. Ensuite à la maison et au lit.
28 septembre
Jour de bureau. Ce matin sir William Batten et le colonel Slingsby accompagnèrent le colonel Birch et William Doyly à Chattam pour payer la solde d'un équipage de vaisseau, de sorte que ne restèrent à Londres que sir William Penn et moi.
Tout l'après-midi à la maison avec mes ouvriers. Travail jusqu'à 10 ou 11 heures du soir. Je leur offris à boire et nous nous amusâmes bien, c'est ma chance de toujours tomber sur des ouvriers très drôles. Au lit.
29 sptembre 1660
Toute la journée à la maison afin de mettre un terme au travail salissant des plâtriers. En vérité ma cuisine est si belle maintenant que je ne regrette pas toutes les peines que j'ai endurées pour la faire refaire/
Il paraît que le prince Rupert est arrivé hier ou aujourd'hui à la Cour. Mais cela ne fait plaisir à personne.
30 septembre
Jour du Seigneur
A notre église paroissiale, tout seul, le matin et l'après-midi.
Le soir me couchai sans faire mes prières, car à l'étage ma maison est sale partout.
......../...à suivre.....
1er octobre 1660