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mardi 25 octobre 2022

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 160 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                 1er mars 1666             

            Levé puis allai au bureau où siégeai toute la matinée et, à midi, dîné avec milord Brouncker, sir Batten et sir William Penn à la taverne du Cheval blanc dans Lombard Street où, Dieu nous pardonne, nous nous divertîmes fort de ce que le capitaine Cocke ait sa servante malade de la peste depuis un jour ou deux et qu'il l'ait envoyée au lazaret, mais qu'il s'entête à dire qu'elle va bien. Mais, Dieu soit loué, nous avons un nombre de décès qui est bon cette semaine - 237 en tout seulement, dont 42 de la peste, et 6 seulement dans la Cité...... Etait aussi avec nous Mr Williamson. Plus je le connais et plus je l'estime.
            Je m'éclipsai discrètement après le dîner pour rentrer et restai à travailler d'arrache-pied, dans mon bureau, jusqu'à minuit étant, à ma grande satisfaction, retourné au travail, en vertu de vœux que je fis récemment et qui s'ajoutent à ceux que j'avais déjà faits, tout en étant plus sévères. Ce m'est une grande joie que de me voir ainsi bien disposé pour le travail. Puis rentré souper, mon journal et, au lit.


                                                                                                                                   2 mars 

            Levé, conformément à mes récentes résolutions avant 7 heures du matin, allé au bureau où demeuré toute la matinée. Entre autres, mets ma femme et Mrs Mercer au travail avec grand plaisir, il s'agit de régler du papier afin de faire des registres pour les commissaires de marine. Cela demandera beaucoup de travail et leur rapportera beaucoup d'argent. Cet espoir les fait travailler avec beaucoup d'énergie. 
            A midi, dînai puis retournai au bureau. Aux alentours de 4 heures montai en voiture et m'en fus chez milord le trésorier général, puis, comme convenu, à la nouvelle maison de sir Philip Warwick pour passer une heure à causer. Nous fûmes ensemble plus d'une heure et eûmes une conversation très intéressante relative au roi et à ses finances, en particulier celles qui concernent la marine. Il fait de grands efforts pour parvenir à comprendre les comptes de sir George Carteret et, à l'entendre, je trouve que l'on devrait obliger sir George à s'expliquer. Ce serait folie de sa part de ne pas le faire de son propre chef, car le roi s'attend que le Parlement lui rappelle sa promesse de rendre compte de la situation financière et veut être prêt à faire face à cette éventualité, ce qui ne saurait se faire, j'en suis sûr, si l'on ne voit pas plus clair dans les comptes de sir George Carteret.
            Sir Philip Warwick paraît faire grand cas de moi, de mon opinion et de mes réflexions. Après avoir passé une heure à converser de la sorte et à nous irriter de travailler ainsi à l'aveuglette, puisque ceux qui devraient nous éclairer ne nous aident point. Nous résolûmes de régler certaines questions avant une prochaine réunion, puis nous nous séparâmes. Il me montra sa maison dont les murs sont encore entièrement nus, mais sera, en vérité, une très imposante maison.
            En voiture, halte chez mon libraire et rapportai chez moi des volumes pour une valeur de 10 £. J'espère que je n'en achèterai point d'autre avant longtemps.
            Comme convenu trouve chez moi Mr Hill venu souper de prendre congé. Bientôt, Mr James Houblon vient nous tenir compagnie. C'est un homme qui m'est fort cher, et je n'entends point que cessent nos relations. Ce soir-là il me glisse à l'oreille ce que ses frères et lui ont résolu de me donner à savoir, 200 £, en échange de mon aide pour faire passer deux ou trois navires. C'est une jolie somme, celle même que je croyais qu'ils me donneraient, et je ne m'attendais guère à moins.
            Là nous causâmes et fûmes en compagnie très agréable jusqu'à une heure tardive, puis prîmes congé. De fait je suis profondément désolé que Mr Hill ( nommé agent en Espagne pour le cpte des Houblon - nte de l'éd. ) nous quitte, car c'est un homme fort estimable. Je n'en connais guère qui le surpassent. Plût au Ciel qu'il fît bonne traversée et qu'il rencontrât le succès dans son entreprise ! Nous nous séparâmes donc et ma femme et moi, au lit, le cœur lourd de perdre notre ami.


                                                                                                                                                        3 mars

            Toute la matinée au bureau. A midi à la taverne du Vieux Jacques où l'on m'avait mandé et où je dînai avec sir William Rider, Cutler et d'autres, afin de conclure avec deux capitaines écossais, une affaire concernant la cargaison de deux bateaux appartenant à milord Rutherford. Après un bref souper et l'échange de quelques propos, vais à la Couronne, derrière la Bourse, rencontre sir William Penn, le capitaine Cocke et Fenn, pour que Penn puisse encaisser une lettre de change de Cocke concernant pour partie les marchandises provenant des Indes Orientales qu'il nous a vendues. Là Penn me confie à l'oreille la raison de son besoin pressant d'argent : il lui faut maintenant marier sa fille. Dieu lui réserve un sort plus favorable que son père, cet hypocrite, ce coquin, ne mérite que je le lui souhaite.
            En voiture chez Hayls. Vis poser ma femme, son portrait me plaît au plus haut point, grande sera la ressemblance et ce sera une bien belle oeuvre. Mais il se plaint que son nez lui a coûté autant de travail que le visage entier chez d'autres, et il l'a vraiment très bien réussi. Rentré, resté tard au bureau puis, au lit.


                                                                                                                                    4 mars
  pinterest.fr                                                                                                              Jour du Seigneur 
            Et de passer toute la journée sur mes comptes de Tanger et sur mes comptes personnels que je néglige depuis Noël, negligence que j'espère ne plus jamais commettre car j'en ressens le désagrément, l'effort de mémoire et de remise en ordre étant dix fois plus grand. Mais, grâce à Dieu, la chose est enfin terminée et mes comptes parfaitement en règle. Tout m'indique, et je suis certain de ne pas me tromper de 10 livres, que ma fortune dépasse les 4 600 £. J'en remercie le Ciel, car je n'ai jamais encore disposé d'une telle fortune.
            << 5 >> Ces choses me tinrent éveillé jusqu'à 2 heures du matin le lundi. Je relus alors mes vœux puis, au lit. Très heureux et satisfait d'avoir si heureusement réglé mes affaires. Et maintenant, ayant pris la décision de me consacrer derechef à mon travail et conscient de la méfiance que sir William Coventry, je le crains, nourrit à mon égard, parce que d'une part je me rangeai du côté de sir George Carteret et que, d'autre part, il est certain que je garde depuis longtemps le silence quant à mes affaires de bureau et que je ne parle guère de moi, à lui moins que personne, ne lui ayant pas rendu visite une seule fois depuis son retour d'Oxford, je suis résolu à mettre les bouchées doubles et à rattraper le temps et le profit perdu. Du moins suis-je en passe de le faire.
            Levé aux alentours de 8 heures, plusieurs personnes viennent me trouver, entre autres Mr Moone avec qui je fus à Lombard Street chez Colvill. Puis retour chez moi et à mon cabinet de travail, en terminâmes avec tout ce qui nous occupait, faisant le compte des sommes versées par lettres de change. Me plaît de voir que j'ai la réputation d'un homme de travail et de méthode, et tel il est proclamé.
            A la Bourse à midi, puis chez moi pour le dîner. La nouvelle est certaine que le roi de Danemark prend le parti des Hollandais et qu'il a résolu de leur porter assistance.
            Au bureau où je passai tout l'après-midi. Ce soir Mr James Houblon et son frère vinrent pour que nous convinssions des chartes parties relatives à leurs navires et ils me firent savoir qu'ils avaient remis à mon messager, que j'avais dépêché cet après-midi à cet effet, 200 £ en remerciement pour mon attitude amicale en cette affaire, ce qui m'est fort agréable. A leur départ me rendis tardivement chez sir Robert Vyner, afin d'obtenir un reçu pour les 200 £ déposées à mon intention en son établissement, et retour chez moi. Après le dîner, au lit.


                                                                                                                         6 mars 1666

            Levé de bonne heure et fis un gros travail avant l'heure du bureau où je restai jusqu'à midi. Rentré chez moi pour le dîner, retour au bureau jusqu'au soir. Le soir étant devant chez sir William Batten, entrai. J'ai depuis fort longtemps perdu l'habitude d'aller là-bas. Trouve milord Brouncker et Mrs Williams, et ils voulurent bien, de leur propre chef, et encore que, non plus que ma femme, je n'eusse l'obligeance de les inviter à nous rendre une seule visite en échange des nombreuses visites que je leur fis, aller voir ma maison et ma femme. Je les leur montrai et les accueillis avec du vin et des oranges douces, devenues très rares depuis la guerre. Il y avait aussi le capitaine Cocke et Mrs Turner, qui n'étaient jamais venus chez moi depuis mon arrivée dans le service, et Mrs Carkesse. Il se trouve que ma maison était parfaitement propre, ce qui me fit grandement honneur, eux fort satisfaits. 
            Après leur départ, au bureau faire quelque travail, puis à la maison, souper et, au lit. L'esprit tracassé de la crainte d'avoir encouru le déplaisir de sir William Coventry en n'étant point allé lui présenter mes respects depuis mon arrivée à Londres, lourde faute dont j'aurai à redouter les conséquences funestes jusqu'à ce que je l'aie vu. Ce qui se fera demain, si Dieu le veut, donc, au lit.


                                                                                                                           7 mars
             
                        Levé de bonne heure et à St James pensant que Mr Coventry y avait couché, mais ce n'est point le cas, il a couché à Whitehall. J'y fus et passai un moment aussi plaisant que mon cœur le pût souhaiter. Après une heure dans son cabinet à nous occuper des affaires publiques, nous montâmes tous deux et le duc d'York étant sorti nous nous promenâmes un heure dans la grande galerie. Il commença de lui-même à m'entretenir des malheureuses divergences entre milord de Sandwich et lui, et passa en revue, du début à la fin, tous les incidents dont milord a jamais pu tirer quelque plaisir, et il se justifie d'avoir agi comme il le dit. Ensuite je me disculpai de tout préjugé relatif aux affaires de sir George Carteret, et dis que j'avais soin des intérêts du roi, nonobstant mes relations avec lui, et toutes choses dont sir William dit qu'il les croit, et il m'assure qu'il a toujours à mon égard la même bienveillance et la même opinion et, lorsque je déclare que je craignais que, disposant désormais par sa faveur de si grandes ressources, on estimât que je ne rendisse point tous les services qui les pussent mériter, et m'assura qu'il ne tenait point, dans mon cas, ces ressources pour excessives mais que, pensait-il, il n'était personne en Angleterre qui les méritât plus que moi. 
            Toute cette conversation me réchauffa le cœur après une longue période de mélancolie causée par la crainte que ces divergences avec milord Sandwich et sir George Carteret ne m'en fissent un ennemi, mais me voici totalement rassuré et, par la grâce de Dieu, j'entends ne point compromettre cela en commettant la folie de ne pas lui rendre visite ou de ne pas lui écrire, comme ç'avait été le cas jusqu'à présent.    pinterest.fr

            En voiture jusqu'au Temple. Comme c'est aujourd'hui jour férié et jour de jeûne je descends là, poursuivis par le fleuve, étant invité, et fus à Greenwich chez le capitaine Cocke où il dînait avec lord Brouncker, Matt Wren et d'autres. Ce sont tous de grands buveurs et après le dîner, jeu de cartes, aussi pressai-je milord de nous en aller. Nous allâmes chez Mr Cottle et rencontrâmes Mrs Williams, sans laquelle il ne saurait faire un pas hors de chez lui. Là en voiture pour nous en retourner. Ils me conduisent à Londres et me déposent au Temple. Là, changement d'avis je rentre à la maison pour écrire, entendre mon petit valet jouer du luth et faire un agréable tour de jardin avec ma femme, au clair de lune, le cœur inondé de paix. Puis rentré souper et, au lit.
            < Le roi et le duc d'York doivent aller demain à Audley End afin de voir la maison et de l'acheter à milord Suffolk. >


                                                                                                                         8 mars

            Levé de bonne heure et au bureau où je siège toute la matinée et découvris trois ou quatre nouveaux exemples des habituelles ruses et fourberies de sir William Penn. Ai rarement vu un individu aussi hypocrite. Puis avec sir William Batten et lord Brouncker à la taverne du Cheval Blanc dans Lombard Street pour dîner avec le capitaine Cocke et discuter de certaine affaire de toile à acheter pour le roi. Et là, par hasard, je vis la maîtresse de maison dont j'ai tant entendu parler : c'est, en vérité, une très jolie femme. Quant à son mari, je n'ai jamais vu d'individu d'allure plus sotte, ni plus vieux. Après le dîner en voiture et chez Mr Hayls où ma femme pose et, en vérité, son visage et son cou, désormais finis, me plaisent tant que je ne me contiens quasiment plus, de même que toute la soirée tandis que je fais ma correspondance, en pensant au superbe portrait dont je vais être possesseur.
            Retour au bureau où je reste tard, puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                            9 mars

            Levé puis, une fois habillé, au théâtre du Cockpit pour rendre visite au duc d'Albemarle. Et j'ai la grande joie de constater qu'il n'a point changé d'attitude à mon égard, ce dont je doutais fort, car depuis longtemps je négligeais de lui rendre visite et, ayant mis bon ordre à toutes choses de ce côté-là, me voici fort aise. Je pense que je ne laisserai plus jamais les choses se détériorer ainsi que je le fis ces derniers temps, avec la négligence que je lui témoignai, ainsi qu'à sir William Coventry.
            Par le fleuve jusqu'à Deptford où j'avais rendez-vous avec milord Brouncker et sir William Batten, afin de mesurer le vaisseau de troisième rang de Mr Castle et qui doit s'appeler le Défiance. Et  là je parvins à mes fins, faire faire quelques économies au roi et de gagner quelque habileté quant à la façon dont se mesurent les vaisseaux.
            Je les laissai et fus à pied à Rotherhite où, continuant par le fleuve je fus dépassé par leur bateau. Ils voulurent alors que je les accompagne chez Castle où se trouvaient milady Batten et Madame Williams. Nous dînâmes et il s'y fit beaucoup d'embarras. Je fis un bon dîner et feignis gaieté et plaisir à être avec eux, mais n'en éprouvai que peu pensant à quel point je négligeais mon travail. Revînmes tantôt chez sir William Batten et là, avec la venue de Mrs Knepp, nous passâmes la soirée fort gaiement, elle et moi chantons. Et, Dieu me pardonne ! je vois bien que ma nature n'a point encore été maîtrisée, mais que m'entête à placer le plaisir avant toute chose, et encore que, alors même que j'y suis plongé, je ne parviens point à m'y adonner sans retenue, à cause de mon travail qui se trouve négligé de ne passer qu'après mon plaisir. Je ne peux toutefois que me laisser aller à mon penchant pour la musique et pour les femmes, quel que soit le travail qui m'incombe. A près leur départ, un moment au bureau, puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                         10 mars 

            Levé puis au bureau, où je reste occupé à une réunion jusqu'à midi. Je trouve chez moi, Mrs Pearse et Mrs Knepp venues dîner avec moi. Force gaieté. Après dîner, je les conduis, ainsi que ma femme, en voiture à la nouvelle Bourse, et là j'offris à ma Valentine, Mrs Pearse, une dizaine de paires de gants et une paire de bas de soie, et à Mrs Knepp, parce qu'elle était en notre compagnie, encore que ma femme, avec mon accord, eût dépensé l'autre jour 20 shillings pour six paires de gants.
            Puis chez Hayls pour voir nos portraits, mais impossible d'entrer car il était absent, et à la pâtisserie toute proche et là assis dans la voiture, mangeâmes avec grand plaisir de bons gâteaux. Les conduisis chez Pearse, et retour. Le petit garçon de Mrs Pearse est fort bien tourné et spirituel.
            Rentré et au bureau, resté tard à faire ma correspondance et, ayant laissé beaucoup à faire pour lundi, rentré chez moi, souper et, au lit.
            En vérité je m'autorise d'autant plus volontiers quelques petits plaisirs que je sais que je suis à l'âge qui s'y prête le mieux, ayant observé que la plupart des hommes qui réussissent dans la vie oublient de s'adonner aux plaisirs tant qu'ils s'emploient à faire leur fortune, mais qu'ils se réservent pour la période où celle-ci est faite. Il est alors trop tard pour qu'ils en tirent la moindre jouissance.


                                                                                                                      11 mars
                                                                                                 Jour du Seigneur
            Levé et par le fleuve à Whitehall. Rencontrai Mr Coventry qui sortait se dirigeant avec les commis du service des munitions vers la rive du fleuve pour prendre une barque, car ils se rendaient à la partie droite de la Tamise. Je revins avec eux dans leur barque, jusqu'à la hauteur de la Tour, causant avec sir William Coventry. Puis rentré chez moi, et à l'église, et à midi dînai, puis à mon cabinet de travail où m'occupai avec grand plaisir de tel ou tel, jusqu'à une heure avancée, puis souper et, au lit.


                                                                                                                   12 mars


            Levé de bonne heure, des gens me rendent visite en abondance pour le travail. Puis par le fleuve à Westminster, me rends là à l'Echiquier pour quelque affaire et, en voiture, m'arrête en divers endroits : à l'ancienne Bourse où je réglai bien des questions, et repris le chemin de la maison, achetai une salière d'argent pour mon service ordinaire, puis chez moi pour le dîner. Après le dîner vinrent mon oncle et ma tante Wight ( point vue cette dernière depuis la peste, c'est une femme sotte, geignarde et laide ). Nous les mignotâmes de la belle façon, et elle ne laisse point de discourir sur sa peur de la maladie, d'où force caquets. Je les laissai et fus au bureau jusque tard, puis à la maison, souper et, au lit.
            J'apprends aujourd'hui que mon oncle Talbot Pepys est mort la semaine dernière et qu'il est enterré. On ne parle en ce moment que de la présence à Cadix, avec sa flotte, de sir Jeremy Smith et de celle de Myngs à Elbe.
            Le roi est arrivé à Londres à midi, venant d'Audley End, avec le duc d'York et une imposante suite de gentilshommes.


                                                                                                                             13mars
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             Levé de bonne heure et allé au bureau. Occupé par une réunion toute la matinée, et je commence à voir quelque avantage à tenir tête à sir William Penn, car il est devenu plus souple. A midi dîner et derechef au bureau où force travail, en fais une bonne partie jusqu'à minuit, puis à la maison, souper et, au lit. Le nombre de victimes de la peste a cru cette semaine de 28 à 29, encore que le nombre total de morts soit tombé de 238 à 207, ce qui ne saurait me plaire en aucune façon.


                                                                                                               14 mars 1666

            Lever. A 6 heures vis Mr Povey à mon cabinet de travail, venu de Whitehall afin d'équilibrer nos comptes communs relatifs aux affaires de Tanger. Travaillâmes d'arrache-pied jusqu'à 8 heures, puis il me mena dans son carrosse jusqu'à Whitehall, bientôt rejoint par mes collègues officiers et tînmes une réunion en présence du Duc. Partis ensuite avec milord Brouncker vers Londres et en chemin fîmes halte à Covent Garden où nous prîmes sir John, anciennement le Dr. Baber, qui a ceci de particulier qu'il ne veut pas commencer à deviser tant qu'il reste dans la compagnie quelqu'un qui lui reste inconnu, jusqu'à ce qu'on lui dise avec qui il se trouve. C'est au reste ce qu'il me déclara sans ambages, et il demanda à milord qui j'étais, donnant comme raison qu'il lui est arrivé de connaître des désagréments pour avoir trop librement discouru avant de savor quelles étaient toutes les personnes présentes.
            Puis à l'Hôtel de Ville, prenant en chemin le Dr Wilkins, et là, milord et moi-même pûmes converser tout à loisir avec sir Thomas Player, trésorier de la Cité, homme dont j'ai ouï fort louer dans la Cité la réputation de probité et l'exactitude, raison pour laquelle je désire depuis un certain temps faire sa connaissance, au sujet du crédit de nos tailles déposées là pour servir de caution à ceux qui prêteraient de l'argent ainsi garanti au titre de la marine. Je retirai grande satisfaction de cette conversation. Et, de fait, tout ce qui touche à notre crédit me paraît être dans un triste état.
            Etant assez pressé, je partis le premier, à pied, fus un peu à la Bourse e chez moi. Tantôt à Trinity House pour le dîner, le capitaine Cox offrait son dîner de frère aîné. Mais ce me parut être un piètre et triste dîner. Moi, j'avais maintes choses en tête, aussi me levai-je quand j'eus le ventre plein, encore qu'on ne fût point à la moitié du dîner.
            Rentré pour travailler un peu. Je sortis bientôt et rencontrai Mr Povey venu me voir comme convenu mais, comme il était un peu trop tard, je mis un point d'honneur, me trouvant déjà dans la rue, à ne pas retourner avec lui, et le priai de revenir une autre fois. Je m'en allai chez Kate Joyce, souhaitant m'entretenir avec son mari de l'affaire de Pall. Mais comme il y avait chez eux quelqu'un que je ne connaissais pas, le Dr Powell, un Gallois, je m'abstins et m'en fus, et chez Hayls pour voir le tableau de ma femme que j'aime fort, et là eus le plaisir de voir avec quelle soudaineté il dessine les cieux, disposant un fond sombre, l'éclairant quand et où il le veut. Puis fus me promener, à pied, seul, dans les champs  situés derrière Gray's Inn, achevant la lecture de mon cher Faber fortunae, de milord Bacon. L'obscurité venant, je fis en libertin deux ou trois fois le tour des ruelles et passages qui entourent Drury Lane, sans pourtant trouver satisfaction. Mais grande peur de la peste autour de ces lieux, aussi me rendis-je bientôt, invité, chez Mrs Pearse où je rencontre excellente compagnie, c'est-à-dire Mrs Pearse, ma femme et Mrs Mercer, Mrs Worship et sa fille, l'acteur Harris et Mrs Knepp ainsi que Mrs Barbara Sheldon arrivées aujourd'hui pour passer une semaine avec ma femme.
            Et là, en musique, nous dansâmes, chantâmes et soupâmes, et chant et danse jusqu'à plus d'une heure du matin, et force gaieté avec sir Anthony Apsley et un certains colonel Sidney qui logent dans la maison, et surtout ils ne laissent pas d'admirer Mrs Knepp. Recrus de fatigue et de sommeil nous nous séparâmes. Mes gens et moi bien rentrés en voiture et, au lit.  


                                                                                                                      15 mars

            Attendis le dernier moment pour me lever, car il était 8 heures. Puis au bureau jusqu'à presque 3 heures de l'après-midi et dîner. Après le dîner, ma femme, Mrs Mercer et Mrs Barbara s'étant rendus chez Hayls, me retrouvai avec mon cousin Anthony Joyce venu exprès dîner avec moi. Nous nous entretînmes de notre projet de mariage entre Pall et Harman, et l'emmenâmes dans une taverne toute proche. Nous l'entretînmes de notre affaire et j'offris 500 £ Lui, de déclarer que l'on ne saurait se fier au métier qu'il exerce ( nte de l'éd.  Tapissier ), car il n'a cependant pas besoin d'argent, mais souhaiterait que Pall se voie donner la jouissance de l'argent à elle destiné. Ce qui me plaît beaucoup, car il dit aussi qu'il se risquerait volontiers à lui donner 2 ou 300 £. J'aime bien cet homme, il a une bonne nature, du jugement et il connaît, je crois, beaucoup de choses. Nous parvînmes à la conclusion que nous nous rencontrerions la semaine prochaine, et nous espérons alors aboutir à quelque résultat, car je me déclarai fort satisfait de cette union. Puis chez Hayls où je retrouvai ma femme et les autres. Je trouve surtout que ce tableau est un très joli tableau, et fort ressemblant à ma femme. Je lui demandai son prix, il dit 14 £. Pour dire vrai, je crois qu'il les mérite.
            De retour vers Londres, allai au bureau où je travaillai beaucoup. Au lit de bonne heure, ayant si peu dormi ces derniers temps, et dormis jusqu'à 7 heures du matin.


                                                               à suivre..........

                                                                                                                   Le 16 Mars

            Levé et consacrai..........