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Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Bozen, 16 août 1771
Midi sonne, nous avons déjeuné légèrement et repartons tout de suite pour être à Trente ce soir. Nous sommes, Dieu soit loué, tous deux comme des cerfs, mais N.B. : pas en rut ! Adieu, nous vous embrassons 10 000 fois.
Mozart
Post-Scriptum de Mozart
Je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire. Nos compliments à tous nos bons amis. J'embrasse maman et Nannerl 10 000 fois. Addio
Wolfgang Mozart
Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Vérone 18 août 1771
Tu auras reçu ma petite lettre de Bozen. Je veux maintenant t'écrire plus en détail. Le premier jour de notre voyage a été un beau mic-mac. A Kaitl nous avons mangé debout quelques morceaux de pot-au-feu, pendant que le postillon donnait un peu de foin aux chevaux, et bu une chope de bonne bière de mars......... Le 17 à 9 heures du matin nous sommes arrivés à Roverto, pensant être le soir à Vérone....... Nous y serions bien arrivés........... si ensuite nous n'avions rencontré tant d'obstacles en route. En effet M. Lolli vint à notre rencontre et ensuite les postillons changèrent les chevaux. De plus les charrettes des paysans occasionnèrent quelques contretemps dans les chemins étroits. Nous ne sommes donc arrivés que vers 1 heure de l'après-midi chez les 2 MM. Pizzini à Ala, et je me suis décidé, avant même d'arriver, de rester dans cette ville, car je ne voulais pas risquer d'aller à Vérone puisqu'on ferme les portes à l'heure de l'Ave Maria. De plus la chaleur était très forte et nous étions plus à l'aise dans nos costumes de voyage pour aller à l'église à Ala plutôt qu'à Vérone. A Ala nous avons écouté de la musique, ou plutôt nous l'avons faite, sommes partis à 7 heures pour Vérone et sommes arrivés à midi et demi chez M. Lugiati....... Après le déjeuner tout le monde s'est couché pour la sieste et je profite de ce moment pour griffonner cette lettre avec une mauvaise plume, par une chaleur qui n'est pas négligeable. Nous avons convaincu à grand peine M. Wolfgang de dormir aussi, mais son sommeil n'a duré qu'une demi-heure. J'ai oublié de te dire que dans ma hâte j'ai oublié de prendre quelques sonates et trios pour clavier que j'ai promis à un bon ami de Milan......... Nannerl les aura encore si elle veut les jouer car elles sont dans les sonates de Rutini imprimées à Nuremberg...
J'écrirai de Milan dès que possible, portez-vous bien, nous vous embrassons 100 000 fois et je suis ton vieux
Mzt
Quelle écriture !
Mes compliments à tous nos bons amis et amies !
Post-Scriptum de Mozart à sa soeur
Ma soeur chérie.
Je n'ai pas dormi plus d'une demi-heure, car je n'aime pas dormir après le déjeuner. Tu peux espérer, croire, penser, être d'avis, persévérer dans le ferme espoir, juger bon, t'imaginer, te figurer, vivre dans l'espérance que nous sommes en bonne santé, et je suis en mesure de te le confirmer. Je dois me dépêcher. Addio. Mon compliment à tous mes bons amis et amies. Souhaite pour moi bonne chance à M. von Heffner pour son voyage, demande-lui s'il n'a pas vu Annamiedl ?
Addio. Porte-toi bien. Baise pour moi la main de maman.
Quelle belle écriture !
Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Milan 24 août 1771
Le mercredi 21 nous sommes heureusement arrivés ici à 7 heures du soir.............
Il faut que je te dise que la poésie n'est pas encore arrivée de Vienne. On l'attend avec une affreuse impatience, car si elle n'arrive pas on ne pourra terminer à temps les costumes, les décors, ni les modifications à faire au théâtre, etc. L'archiduc arrivera à Milan le 15 octobre, se rendra à la cathédrale où il entrera immédiatement pour se marier, puis il y aura les baisemains, ensuite un grand souper et après, bonne nuit !............. J'ai vu 20 000 livres de bougies de cire déjà prêtes pour éclairer la cathédrale, la cour, etc., le 15 octobre.
Portez-vous bien, nous vous embrassons 100 000 000 de fois et je suis, tout en faisant mes compliments à tous nos amis et amies, ton
vieux
Mozart
Post-Scriptum de Mozart à sa soeur
Ma soeur chérie !
Nous avons eu en route une chaleur énorme, et la poussière nous a impertinemment ennuyés, de sorte que nous serions sûrement morts d'étouffement et d'épuisement si nous n'avions été trop malins pour cela. Depuis un mois il n'a pas plu ici, à ce que disent les Milanais, aujourd'hui il est tombé quelques gouttes, mais le soleil brille à nouveau maintenant et il fait très chaud. Tiens bien ce que tu m'as promis de faire ( tu sais ce que je veux dire... ô ma chérie ! ), je t'en prie et je t'en serai sûrement très reconnaissant. La princesse a récemment eu la diarrhée ou, la chiasse, Sinon je ne sais rien de nouveau. Écris-moi toi quelque chose de neuf. Mes compliments à tous mes bons amis et amies, et baise pour moi la main de maman. Maintenant je crève de chaleur ! et j'ouvre ma chemise. Addio, porte-toi bien.
Wolfgang
Au-dessus de nous il y a un violoniste, au-dessous un autre, à côté de chez nous un professeur de chant qui donne des leçons, et dans la dernière pièce, en face de la nôtre, un hautboïste. C'est amusant pour composer ! Cela te donne plein d'idées.
Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Milan 31 août 1771
C'est la quatrième lettre que je t'envoie. Je dois faire les louanges de ma sedia qui a vaillamment supporté le voyage, bien que nous ayons été secoués sur les routes vénitiennes, en particulier depuis Peri, nous avons survolé à grande vitesse les plus gros pavés et n'avons pas eu le moindre ennui............. Nous sommes allés voir S. Altesse la Princesse fiancée. Elle a été extrêmement aimable et a non seulement longuement conversé avec nous, nous accueillant de la manière la plus gracieuse, mais également, et c'est étonnant, elle s'est précipitée vers nous dès qu'elle nous a vus, a retiré son gant, nous a tendu la main et a commencé à nous parler, de loin, avant que nous ayons le temps de lui rendre nos devoirs...
Nous vous prions de faire nos compliments à tous nos bons amis et amies, car nous n'avons pas le temps d'écrire à toutes les litanies. Adieu, nous vous embrassons 1 000 000 de fois et je suis le vieux, et
Mozart
Post-Scriptum de Mozart à sa soeur
Ma soeur chérie !
Nous sommes toujours en bonne santé, Dieu soit loué. J'ai déjà mangé quantité de bonnes poires, pêches et melons à ton intention. Mon seul amusement est de m'entendre par signes avec le sourd-muet, et j'y parviens à la perfection. M. Hasse est arrivé hier, nous lui rendrons visite aujourd'hui. Le livre de la serenata n'est arrivé que jeudi dernier. Je ne sais trop qu'écrire. Je te rappelle une fois encore ma demande pour l'autre chose, même s'il n'y a plus rien à faire, tu me comprends. Compliments de M. Germani, et surtout de son épouse qui aimerait tant faire votre connaissance. Madame d'Asti et son mari vous adressent aussi les leurs, et moi également. Mon compliment à tous nos bons amis et amies. Je baise la main de maman. Addio.
Wolfgang
Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Milan 7 septembre 1771
Le ciel nous a enfin rafraîchi d'une petite averse plusieurs jours de suite... Nous avons maintenant la tête remplie d'autres problèmes, car le livret n'est arrivé que bien tard. Le poète l'a gardé jusqu'à avant-hier pour faire l'une ou l'autre modification. J'espère qu'il plaira, mais Wolfgang a beaucoup à composer maintenant car il doit écrire aussi le ballet qui reliera les deux actes, ou les deux parties... J'espère que vous êtes en bonne santé et ne doute pas que Nannerl continue à prendre sa soupe aux herbes, car elle a fait l'expérience du bien-être qu'elles lui apportent. Si M. le secrétaire Troger est encore à Salzbourg donne-lui quelques boîtes de pilules de Hans Spielmann. S'il était déjà parti, comme je le pense, renseignez-vous dans les auberges et à la poste, car diverses personnes passeront sans aucun doute par Salzbourg pour se rendre à Milan et n'importe qui pourra s'en charger. Il suffit que vous y mettiez l'adresse... J'ai besoin de ces pilules, car je sais qu'elles m'aident lorsque je suis constipé ou que j'ai des vertiges. J'en ai souffert assez souvent depuis mon départ de Salzbourg, mais pas au point de devoir vomir ou m'aliter. Bien que je ne prenne ces pilules que depuis 3 jours, je sens que ma tête va mieux, mais je n'en ai plus que 8. Nous vous embrassons 1 000 000 de fois et je suis le vieux
L. Mozart
Comme Nannerl n'a pas écrit, Wolfgang n'écrit pas non plus.
Nos compliments à tous nos bons amis et amies.
As-tu reçu mon salaire pour le mois d'août ?
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Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Milan 21 septembre 1771
Aujourd'hui après l'Angélus nous aurons la première répétition instrumentale de l'opéra de M. Hasse, ce dernier va bien, Dieu merci. A la fin de la semaine prochaine, on répétera la Serenata et lundi aura lieu la première répétition des récitatifs, suivie de celle des choeurs, les autres jours.
Lundi ou mardi Wolfgang aura terminé toute l'oeuvre............ Ils sont tous incroyablement aimables et éprouvent le plus grand respect pour Wolfgang. Et oui, nous n'avons pas le moindre ennui, car ce sont toujours de bons chanteurs célèbres qui sont pourvus de bon sens. Cette Serenata est en fait un petit opéra et la musique de l'opéra à proprement parler n'est guère plus longue, car il sera rallongé par deux ballets de 3/4 d'heure chacun, intercalés entre le 2è et 3è acte.
Je n'ai pas le temps de décrire toutes les festivités. Tout Milan est en mouvement.......... les bals, la peinture et les réparations du théâtre, etc., etc. Bref, cent choses qui ne me viennent pas à l'esprit. Tout, tout est en mouvement !......................
Je viens de recevoir ta lettre du 13...
Dans ton avant-dernière lettre tu écris que de nombreuses personnes sont devenues folles, et maintenant tu me dis que l'on meurt de dysenterie rouge. C'est très grave, et si le mal attaque les gens à la tête et au cul, c'est très dangereux. J'ai sans doute emporté une bonne infection de Salzbourg, car j'ai toujours des crises de vertiges. Rien d'étonnant, si l'atmosphère est contaminée, il est aisé d'attraper quelque chose.
C'est pour cela que je t'ai demandé des pilules. Je veux que le cul guérisse la tête.
Nos compliments à tous nos bons amis et amies, nous vous embrassons toutes deux
10 000 000 de fois et je suis le vieux
Lp Mozart
Post-Scriptum de Mozart à sa soeur
Je me porte bien, grâce à Dieu, mais je ne peux écrire longuement. Premièrement je ne sais que dire et, deuxièmement, les doigts me font mal à force de composer. Adieu, je baise la main de maman. Je siffle souvent mon signal, mais personne ne répond. Il ne manque maintenant plus que 2 airs de la Serenata et elle sera finie. Compliments à tous les bons amis et amies. Je n'ai plus envie de retourner à Salzbourg, j'ai peur de devenir fou à mon tour.
Wolfgang
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Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Milan 12 octobre 1771
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Tout fourmille actuellement et on assistera à toutes les festivités qu'en acceptant bien des désagréments.
On a émis des règlements admirables : ainsi le peuple n'aura pas le droit de porter la dague, ni aucune autre arme, les gens seront contrôlés aux portes de la ville et les propriétaires devront remettre une liste des personnes qui habitent chez eux à une commission spécialement instaurée à cet effet. Personne ne pourra sortir la nuit sans lumière, des soldats et sbirri patrouillent dans toute la ville, des hussards aux alentours, etc., etc.
Il faut avoir des billets pour entrer à l'opéra, à la Serenata, au bal, au banquet de la cour et à tous les autres spectacles. Je dois clore car nous avons encore à corriger les 2 partitions de la Serenata
................. Nous vous embrassons toutes deux 100 000 fois et je suis ton vieux
Mozart
Nos compliments à tous...........
Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
M. Marcabruni vous fait ses compliments, il est chez moi et nous partons immédiatement au théâtre. Le 16 a eu lieu la création de l'opéra, et le 17 celle de Serenata qui a remporté un tel succès qu'on doit la reprendre aujourd'hui. L'archiduc en a commandé deux nouvelles copies. Des gentilshommes et autres personnes de toutes conditions nous adressent sans cesse la parole dans la rue et félicitent Wolfgang. Bref ! Je suis navré, mais la Serenata de Wolfgang a mis en pièce l'opéra de Hasse, à un point que je ne saurais décrire. Je répondrai bientôt à ta lettre et au post-scriptum de Nannerl. Vous découvrirez un jour l'Italie avec plus de plaisir que vous ne le feriez maintenant, avec tout ce tumulte infernal. Addio. Nous vous embrassons bien 10 000 fois et je suis ton vieux
Mzt
Priez et remerciez Dieu !
Nos compliments à tous nos amis et amies.
M. v. Troger vous fait ses compliments, à toi et à Nannerl en particulier, qui soupirez tant après Milan.