Affichage des articles dont le libellé est Anecdotes et réflexions d' hier pour aujourd'hui journal Samuel Pepys -'87 ( Angleterre ). Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Anecdotes et réflexions d' hier pour aujourd'hui journal Samuel Pepys -'87 ( Angleterre ). Afficher tous les articles

lundi 16 avril 2018

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 87 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

Image associée
collections.vam.ac.uk


                                                                                                                     1er Février 1663
                                                                                                       Jour du Seigneur
            Lever, à l'office bon sermon de Mr Milles. A la maison bon dîner avec ma femme, ce qui me fit plaisir, et la pensée de me séparer de Jane devenue très bonne cuisinière me contrarie fort. Me rendis à pied chez milord Sandwich et demeurai avec lui dans son cabinet presque tout l'après-midi. Il n'est pas sorti depuis sa maladie. Avons notamment parlé de sir Robert Bernard démis de sa charge de juge de Huntingdon, par les commissaires pour la réglementation etc. Ce qui me soucie car il va penser que c'est le fait de milord Sandwich et se vengera en partie, c'est probable, sur moi à l'occasion de mon affaire. De sorte qu'il me faut chercher autour de moi quelque autre avocat pour me représenter.
           Plus tard arrivèrent Mr Povey et d'autres personnes, eux partis, milord, moi et Mr Povey nous occupâmes des affaires de Tanger, le ravitaillement, puis nous interrompîmes. Comme il gelait à pierre fendre, éclairé par mon petit valet, je rentrai à pied à la maison. Après souper montai dire mes prières. Ensuite seul avec ma femme et Jane lui dis ce que je pensais qu'il allait advenir d'elle, puisque après être restée si longtemps à mon service elle s'était conduite de telle sorte que nous sommes désireux de la congédier, et je lui donnai ma bénédiction, mais lui commandai de ne jamais me faire savoir de ses nouvelles, car je ne pourrais jamais pardonner son ingratitude. Puis au lit, l'esprit fort troublé à l'idée que cette pauvre fille nous quitte, pourtant elle ne se repent pas de certaines paroles  adressées effrontément, cependant je pense innocemment et par excès de familiarité à sa maîtresse il y a environ six semaines, je n'ai pu revenir sur ma décision
            ( Aujourd'hui Creed et moi, lors de notre promenade dans le jardin de Whitehall, avons vu le roi entrer en secret chez milady Castlemaine, ce qui pour un prince n'est pas chose très digne. Et je fis part à Creed de mon sentiment en des termes que je n'eusse pas choisis si je n'avais eu confiance en lui ).


                                                                                                           2 Février

            Lever, et après avoir payé ses gages à Jane, je sortis car j'avais les larmes aux yeux, et elle pleura, disant que ce n'était pas sa faute si elle partait. Mais vraiment il est difficile de dire quelle est la cause de son départ, si ce n'est qu'elle-même ne désire pas rester.
            En fiacre avec sir John Mennes  et sir William Batten chez le Duc, et après notre entretien dans son cabinet, j'allai chez milord, le roi et le Duc s'étant rendus à la chapelle car c'était le jour des Insignes, puisque c'était la Chandeleur. Restai jusque vers midi. Jonas Moore était présent et parlait de certaines questions de mathématique. De là à pied à midi chez Mr Povey, où Mr Gauden me retrouva et après un excellent et copieux repas, comme d'habitude, nous remîmes à notre affaire de ravitaillement jusqu'à ce qu'une querelle manquât d'éclater entre Mr Gauden et moi. Il soutenait que ses provisions étaient fournies à temps quand je sais que partout les vaisseaux les attendent.
            Puis à Whitehall avec Mr Povey, à pied, et il gelait toujours très fort. Après un tour dans le parc où les gens glissaient, nous rejoignîmes la commission  de Tanger au grand complet, et nous mîmes d'accord sur l'organisation du voyage de Mr Rutherford et sur d'autres propositions.
            Puis avec Mr Coventry à son cabinet de travail. Il me dit, entre autres, que c'était sa volonté mais aussi l'essence de sa politique de servir ses intérêts en s'acquittant de sa tâche avec probité et justice, dût-il contrarier les desseins d'autres plus grands que lui, car il est peu soucieux de se faire des amis par de beaux compliments. Et de cette manière et il constate qu'il vit aussi content                 ( maintenant qu'il sait ne plus avoir à redouter le besoin ), et dans l'ensemble tout aussi, sinon davantage, exempt de craintes ou de soucis que ceux qui, selon ses termes, " connaissent des plaisirs plus vifs et des tourments plus cruels que lui.                                                                                                                                                                                                                          uncorked.winterthur.org
Image associée            Repris à pied avec Mr Creed le chemin de la maison, fîmes halte en chemin dans une taverne où nous bûmes une chope de bière au poulet avant de nous séparer. Je me rendis dans le quartier du Temple où dans le cabinet de mon cousin Roger je rencontrai Madame Turner et la raccompagnai chez elle après être résté un petit moment avec elle et les laissai. Elle et sa fille étaient allées voir la pièce donnée aujourd'hui par l'école de droit où c'est jour de réjouissances.
            M'arrêtai chez mon frère qui est à l'église pour l'enterrement du jeune Cumberland, un robuste jeune homme.
            A la maison où ma femme et moi nous trouvons fort affligés du départ de Jane, et je ne pus moi-même retenir mes larmes, par crainte que la pauvre fille ne tourne mal après être restée si longtemps à mon service.
            Ensuite à mon bureau où j'arrangeai des documents, puis à la maison, souper et, au lit. Aujourd'hui chez milord j'ai envoyé cherché Mr Ashwell et sa femme est venue. D'après ce qu'elle  dit je vois que leur fille me convient parfaitement, ma maison lui convient aussi, mais je crains qu'elle n'y perde en venant chez moi pour des gages aussi réduits, mais de cela il sera question plus tard.


                                                                                                            3 Février

            Au bureau toute la matinée. Rentrai dîner avec Mr Creed et Mr Ashwell avec qui j'eus un entretien à propos de la venue de sa fille chez nous. J'en conclus que sa fille fera très bien l'affaire, mieux que quiconque, je crois. Quant à ses conditions je ne sais quelles elles seront car il la laisse entièrement libre sur ce point. Nous nous mettrons d'accord dans quelque temps, quand ma femme la verra. Après une heure d'entretien avec eux, retour à mon bureau où je travaillai tard aux affaires du bureau, puis à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                               4 Février

            Me levai et chez Mr Moore puis chez Mr Lovell au sujet de mes affaires en justice puis au collège Saint Paul car c'était le jour de la Disputaison. J'entendis certains de leurs discours semblables en tous points à ceux des anciens dans les sept arts libéraux, mais à mon sens pas aussi bons que ceux que nous faisions de mon temps. Sortis puis à l'église St Mary-le-Bow à la cour archiépisscopale où un juge siège entouré de ses assesseurs en robe et qui plaident entièrement en latin. Je prêtai là serment de répondre par la vérité aux accusations de mon oncle. Réglai ensuite les droits pour avoir prêté serment et retournai au collège Saint-Paul et montai écouter les élèves des classes supérieures interrogés en latin, grec et hébreu, mais je trouve qu'ils ne répondent dans aucune de ces langues aussi bien que nous le faisions, ils ont toutefois bien réussi en géographie. Les Drs Wilkins et Owtram étaient les examinateurs. Redescendis et Mr Cromlehome me fit beaucoup d'honneur en disant à la nombreuse assistance quel cadeau j'avais fait au collège, montrant mon Stephanus en quatre volumes qui m'a coûté 4 livres 10 shillings. Il nous montra aussi, à ma requête, une vieille édition de la grammaire de Colet, dont l'épître aux enfants est très belle. Et dans le Credo il est écrit " né de Marie vierge immaculée ". De là avec Mr Elborough, seul de mes anciens camarades que j'aie pu rencontrer, chez un traiteur pour dîner, mais je le trouve aussi sot que par le passé, sinon plus. Puis chez mon cousin Roger Pepys et Mr Philips pour mes affaires en justice qui se présentent fort mal. Et au bureau après avoir un peu travaillé je rentrai à la maison où je trouve notre nouvelle servante Mary arrivée en remplacement de Jane.


                                                                                                         5 Février
amazon.fr
Résultat de recherche d'images pour "cuisine couple de canards"            Lever et réunion au bureau toute la matinée, et à la maison pour dîner, que je trouve si bien apprêté, si supérieur à ce que j'attendais de ma servante Susan que je la fis venir pour lui donner six pence. Me rendis ensuite à pied dans le quartier du Temple où j'avais rendez-vous au cabinet de mon cousin Roger Pepys avec mon oncle Thomas et son fils Thomas. Comme je leur montrai un inventaire fidèle des biens de mon oncle tels qu'il les a laissés avec les dettes etc. restant à payer, nous en vînmes à des propos mesurés et des offres équitables en vue d'un accord entre les deux parties. Je propose quand même de renoncer au revenu de toutes terres pendant huit à dix ans en tout. Mais si cela peut nous donner la paix et me dégager un peu l'esprit, j'en serai content. Je leur remis un exemplaire de cet inventaire et nous avons rendez-vous demain pour qu'ils me donnent une réponse.
            Rentrai à pied à la maison car il gèle toujours à pierre fendre, et à mon bureau où je restai tard à écrire des lettres d'affaires. Ensuite à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                        6 Février 1663

            Lever et à mon bureau à interroger plusieurs personnes sur ce qu'elles pourraient déclarer sous serment contre Field. En définitive c'est qu'il nous a traités de fieffés filous et de coquins, ce que nous espérons bien lui faire payer.
            Ensuite à Lincoln's Fields, me promenai et examinai l'extérieur du théâtre en construction dans Covent Garden et qui sera fort beau, en attendant l'heure du dîner. Puis chez un libraire dans le Strand où je rachetai Hudibras, car c'est certainement parce que je suis d'humeur mauvaise que je suis tellement monté contre un livre que le monde entier proclame être le modèle du bel esprit. Je suis donc résolu à le lire encore une fois pour voir si je le trouve comme on le dit. Ensuite chez Mr Povey où je me joins à tous les invités. Il y avait en particulier Mr Williamson, le secrétaire latin qui, je le vois, est homme fort savant et un érudit, mais peut-être a-t-il trop bonne opinion de lui-même. De là dans le quartier du Temple chez mon cousin Roger Pepys où je retrouvai mon oncle Thomas et son fils et, après nombre de grandes exigences nous parvînmes finalement à une sorte d'accord à des conditions très dures qui doivent être rédigées pour mardi prochain. Mais comme j'avais en passant promis de donner l'argent de l'héritage de ma cousine Mary au moment de son mariage, ils me dirent après coup qu'elle était déjà mariée, et fort bien mariée, de sorte qu'il me faut payer dans fort peu de temps.
            Mon cousin Roger fut si ému que nous fussions parvenus à un accord qu'il ne put se retenir de pleurer et vraiment, quoique les conditions soient très dures je suis profondément content d'entrevoir la fin probable de nos ennuis. Puis nous nous séparâmes pour ce soir.
            Me rendis ensuite chez milord Sandwich où je restai car la commission devait siéger pour décider du contrat pour le môle auquel, j'ose le dire, personne d'entre nous ne comprenait rien, mais les autres n'en acceptèrent pas moins toutes les exigences de Mr Cholmley et de sir John Lawson, les entrepreneurs. Je les laissai donc accepter tout cela, car je n'y entendais goutte.
            A la maison en fiacre et comme il y avait déjà un passager le cocher m'emmena plus loin que l'ancienne Bourse où il déposa son client qui refusa de le payer parce qu'il avait transporté un inconnu avec lui. Après qu'ils se furent querellés le cocher se contenta de 6 pence, et comme il était fâché il refusa pendant un grand moment de me conduire chez moi prétendant me laisser là pour les 6 pence restants. Mais de bonnes paroles le persuadèrent. Je rentrai donc chez moi et à mon bureau réglai certaines affaires, puis à la maison, souper et au lit. L'esprit fort troublé par l'importance de l'affaire que j'ai traitée aujourd'hui, mais cependant content de savoir proche la fin de mes tourments.

         
                                                                                                        7 Février
                                                                                                                          laboetgato.fr
Résultat de recherche d'images pour "cuisine couple de canards"            Lever et à mon bureau arrive Mr Coventry avant la réunion, comme prévu. Nous nous entretenons de la préparation des comptes et dépenses exceptionnelles de la marine depuis l'avènement du roi, ajoutées à ce que, à strictement parler, sont les dépenses propres de la marine.
            Fin de la réunion à midi, à la maison pour dîner. L'après-midi certains d'entre nous nous retrouvâmes pour parler d'une affaire concernant le ravitaillement. Puis écrivis des lettres et composai l'index de mon nouveau livre sur la marine, qui est du plus bel effet et, après avoir envoyé une lettre à mon père dans laquelle je l'informais de mes efforts pour parvenir à un compromis, quoique fort mauvais, avec mon oncle, et le priais de bien vouloir s'en contenter, je rentrai à la maison et, au lit.


                                                                                                   8 février 1663
                                                                                         Jour du Seigneur   
            Lever et, comme il gelait à pierre fendre, je me rendis à pied à Whitehall voir milord Sandwich, au coin du feu jusqu'à l'heure de l'office, puis à l'office où prêcha le petit Dr Duport de Cambridge sur les paroles de Josias : " Mais moi et ma maison servirons le Seigneur ". Mais tout grand érudit qu'il est, il fit le discours le plus plat et le plus morne, pour ce qui est du contenu et de l'élocution, que j'eusse jamais entendu et dépassant de beaucoup le temps habituel, ce qui n'arrangea rien.
            Ensuite à la table d'hôte de la Tête du Roi, avec Mr Creed. Nous fîmes un bon dîner et ensuite avec sir Thomas Willys et une autre personne discussion sur le sujet qu'ils choisirent, des abus et de la corruption de la marine, ainsi que de ses grandes dépenses, car ils ignoraient qui j'étais. J'entrepris finalement de réfuter leurs arguments et de les détromper, ce qu'ils prirent bien, et j'espère que cela aura été utile, car ils sont membres du Parlement. Un peu après chez milord, où je restai un bon moment à parler de ses besoins d'argent et des façons dont il pourrait en emprunter, etc. Puis je pris congé à l'arrivée d'autres visiteurs. Creed, moi et le capitaine Ferrer descendîmes le parc, regardant glisser les gens, et devisâmes. Le capitaine Ferrer me conta, entre autres menus incidents survenus à la Cour, qu'il y a environ un mois, lors d'un bal au palais, une des dames qui dansaient laissa choir un enfant à terre, mais nul n'a su de qui il s'agissait, car quelqu'un emporta l'avorton dans son mouchoir. Le lendemain matin, toutes les dames d'honneur parurent fort tôt à la Cour pour se justifier, de sorte que personne ne pût dire à laquelle cette mésaventure était arrivée. Mais il semble que Mrs Wells soit tombée malade l'après-midi du même jour et qu'elle ne se soit point montrée depuis, de sorte qu'on en a conclu que c'était elle. Selon une autre historiette, milady Castlemaine, il y a quelques jours, convia Mrs Stuart à un divertissement et, le soir venu on décida, en manière de plaisanterie qu'il fallait les marier. Et l'on fit un vrai mariage, avec les alliances et tous les autres rites du service religieux, les rubans, le posset de xéres au lit et le lancement du bas. Mais il paraît qu'à la fin milady Castlemaine, qui jouait le rôle du marié, se leva, et le roi vint prendre sa place auprès de la jolie Mrs Stuart. Il paraît que l'histoire est absolument vraie.
            Le capitaine Ferrer nous a aussi raconté qu'il lui était souvent arrivé, ainsi qu'à Will Howe, de regarder par les fenêtres de milady Castlemaine et de la voir se mettre au lit alors que sir Charles Berkeley était présent. Mais l'autre jour, alors que le capitaine Ferrer était allé s'excuser de ne pas s'être trouvé à son poste à l'heure exacte, sir Charles, jurant et sacrant, lui dit devant un grand nombre d'autres gentilshommes qu'il ne souffrirait pas qu'un seul des hommes de la garde royale s'absentât de son logis une seule nuit sans permission.
            " - Ce n'est pas, dit-il, que j'ignore qu'une ou deux fois par semaine un gentilhomme doive aller voir sa catin, et je ne désire l'interdire à personne, mais il faudra que chacun demande la permission et rende compte de son absence, afin que nous puissions savoir sur combien de gardes le roi peut compter. "
            Le petit duc de Monmouth, à ce qu'il semble, doit avoir la préséance sur tous les autres ducs, et vient juste derrière le prince Rupert avant le duc de Buckingham et tous les autres.
            Est-ce le vent et le froid qui en sont cause, je ne sais, quoi qu'il en soit, je suis depuis un jour ou deux fort incommodé par des démangeaisons sur tout le corps, ce que j'attribuai d'abord aux piqûres de quelque pou, mais je constate, cet après-midi, que tout mon corps est en proie à une inflammation et que mon visage est fort rouge, enflé et couvert de boutons. De sorte qu'avant la fin de notre promenade j'étais, non seulement malade, mais honteux de voir mon visage ainsi altéré. Nous quittâmes donc dès la fin de notre conversation et je rentrai chez moi à pied, avec bien des difficultés. Le capitaine Ferrer m'accompagna jusqu'à Ludgate Hill, du côté de chez Mr Moore à la Garde-Robe, tant il y avait de glace dans les rues et de flaques d'eau là où elle avait été piétinée. Rentrai finalement chez moi et aussitôt au lit. Passai une fort mauvaise nuit à cause de grandes douleurs d'estomac et d'une forte fièvre.


                                                                                                           9 février
meteo.be
Résultat de recherche d'images pour "gel londres 17 è siecle"            Incapable de me lever pour aller chez le Duc avec les autres, comme j'aurais dû le faire, je gardai le lit, et l'apothicaire , Mr Battersby me conseille de bien suer afin d'éliminer toute cette humeur, ce que la nature ferait d'elle-même, mais par ce moyen on assiste la nature, car il s'agit de quelque mal qui assiste le sang. Mais par quelle voie, je ne sais, à moins que ce ne soit la grande quantité de cornichons de Dantzig que j'ai récemment mangés.
            Dans la soirée arrivée de John Mennes et sir William Batten, et sir John Mennes me donne le même conseil. Il ne voulut rien me voir prendre qui me vînt de l'apothicaire, mais m'offrit de la thériaque de Venise qui est meilleure que toutes les autres. J'acceptai et en pris un moment plus tard, et me mis à suer abondamment. Mes sueurs s'arrêtèrent vers 10 ou 11 heures, je me changeai et dormis fort bien, tout seul ma femme ayant
                                                                                                 10 février
couché dans la chambre rouge en haut. Et le matin l'essentiel de ma maladie, c'est-à-dire les démangeaisons et les boutons, avait disparu. Le matin visité par Mr Coventry et d'autres, je fus content de voir que l'on s'est autant enquis de moi et que ma maladie a été à ce point remarquée. Je garde le lit toute la journée et sue de nouveau le soir, ce qui me fait espérer être rétabli demain.
            Ce soir, sir William Warren s'est présenté en personne à ma porte et a laissé une lettre et une boîte pour moi, puis s'en est allé. Il est question, dans sa lettre, d'une paire de gants qu'il nous offre, à ma femme et moi. Mais en ouvrant la boîte nous découvrons une paire de gants blancs tout simples à ma taille et un beau plat d'apparat en argent accompagné d'une coupe avec mes armes gravées dessus, d'une valeur que j'estime de 18 livres. Ce qui est un fort beau cadeau, le plus beau que j'aie encore jamais reçu.
            Puis, après une fort agréable conversation avec ma femme, elle au lit et allé me reposer.


                                                                                                           11 février
                                                                                                                   
            Pris un clystère le matin et me levai l'après-midi. Ma femme et moi dînâmes d'une poulette et je mangeai de bon appétit, n'ayant rien avalé depuis dimanche, que du gruau clair et du posset. Mais je dois dire que notre nouvelle servante Mary a fort bien rempli son rôle par l'empressement et la discrétion dont elle a fait preuve en me soignant, ce dont je suis très heureux.
            L'après-midi plusieurs visites, mon oncle Thomas, Mr Creed et sir John Mennes, qui m'a témoigné, Dieu sait dans quel dessein, une grande sollicitude et beaucoup de gentillesse durant ma maladie. Le soir ma femme me lut Le procès de sir Henry Vane qu'elle a commencé hier soir, et je trouve ce livre tout à fait excellent, d'une lecture profitable, et son auteur fort sage.
            Ensuite souper, et au lit.


                                                                                                          12 février 1663

            Levé me sentant fort bien puis au bureau toute la matinée. M'interrompis à midi pour dîner à la maison, dans ma chambre verte où brûlait un bon feu et où nous rejoignit le frère de ma femme accompagné de Mary Ashwell, qui semble une jeune fille fort susceptible de nous plaire quant à sa personne et sa conversation et autres qualités. Elle dîna avec nous puis partit, étant entendu qu'elle viendrait vivre chez nous dans trois semaines ou un mois environ. Ma femme et moi fort satisfaits de notre choix, je prie seulement le Seigneur d'en avoir les moyens.
            Puis vint un vieil homme de la part de Mr Povey pour me parler de l'expérience qu'il a de la maladie de la pierre. Je lui en suis bien obligé et suis très satisfait de ses conseils, son remède principal étant le posset additionné de savon de Castille.
            Puis le soir au bureau jusqu'à une heure avancée, à écrire des lettres et mon journal depuis samedi, et à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                             13 février
                                                                                                                            isarde09.blogspot.fr 
Image associée            Resté fort tard au lit avec ma femme avec grand plaisir, puis lever. Ce matin, Mr Cole, notre marchand de bois de charpente, m'a envoyé cinq couples de canards. Notre servante Suzan est très malade, et toute la charge de la maison repose donc sur notre servante Mary qui s'acquitte fort bien et de très bonne grâce de sa tâche, mais je regrette qu'elle soit forcée de faire tout cela.
            Dînai d'une couple de canards aujourd'hui. Puis, avec ma femme en fiacre, chez Tom. J'allai ensuite dans le quartier du Temple m'entretenir avec mon cousin Roger Pepys de mon affaire en justice. Puis nous rentrâmes. Les effets du dégel sont si terribles qu'il est impossible de passer dans les rues autrement qu'en voiture, et cela est-il fort difficile.
            Ramenai ma femme à la maison et m'en fus au bureau. Je me sens fort bien mais redoute le froid. Puis à mon bureau, où je restai tard à travailler, avec Mr Bland. Il me parle du retour imprévu de milord Windsor de la Jamaïque, ce qui nous fait penser que ces jeunes lords sont inaptes à servir en quelque capacité que ce soit hors d'Angleterre, bien que l'on dise qu'il ne supportait pas le climat de là-bas, et qu'il a rasé un fort du roi d'Espagne à Cuba, ce qui est considérable, du moins le dit-on pour son honneur.
            Puis à la maison souper, et au lit. Aujourd'hui j'ai acheté la seconde partie de l'Elencus  du Dr Bate, qui va jusqu'à la chute de Richard, mais pas plus loin, ce que je regrette fort.
            " Ce soir ma femme avait grande envie de choisir nos amoureux de la Saint-Valentin pour demain. Pour moi Mrs Clarke ou Mrs Pearse, pour elle, Mr Hunt ou le capitaine Ferrer, mais j'ai refusé à cause de la dépense que cela occasionnerait, aussi bien à moi pour ces dames qu'à ces messieurs pour ma femme, ce qui ne lui plut guère. "


                                                                                                            14 février

            Lever et au bureau où réunion toute la matinée. Seul absent Mr Coventry pour la deuxième ou troisième fois depuis son entrée au bureau. A la maison pour dîner avec ma femme, d'une couple de canards. Ensuite en fiacre dans le quartier du Temple où mon oncle Thomas, ses deux fils et moi nous retrouvâmes chez mon cousin Roger pour signer et sceller un accord. La seule chose qui me déplut fut l'insistance de mon cousin Roger sur mon obligation de les constituer héritiers, comme le fait le testament, de tout le bien que mon oncle a laissé, sans que j'aie le pouvoir d'en rien vendre pour payer des dettes. Mais je refusai d'y consentir sans la permission de vendre, milord Sandwich lui-même et mon cousin Thomas Pepys attestant que cela était nécessaire. Ce qui fut fait. Une autre chose me fait souci, c'est que j'ai dû promettre de leur donner la moitié des biens mobiliers susceptibles découverts et qui viendraient s'ajouter à l'estimation de 372 livres que je leur ai annoncée. Je ne pense certes pas que la valeur des biens soit inférieure, mais il aurait pu s'en contenter. J'ai finalement donné mon accord par écrit au verso du rapport sur la succession que j'avais établi et que je leur avais remis, et j'en ai fait copie au verso de celui que j'ai gardé pour moi. Quand tout fut terminé j'amenai le père et son fils Thomas chez moi en voiture et leur payai 30 livres, les arriérés de la rente due au père, et nous nous séparâmes avec force démonstrations d'affection. Je me couchai aussitôt avec un fort mal de tête d'avoir tant disputé avec mon cousin Roger et les autres lors de cette affaire.


                                                                                                                15 février 1663
                                                                                                     Jour du Seigneur
            Ce matin ma femme m'a réveillé alarmée par le bruit que je faisais en dormant. Je rêvais qu'un de nos capitaines désirait voir l'île Saint-Jean sur mon dessin. Il me semble que je le lui montrai, mais, apparemment il le mania si rudement que cela me causa une douleur effroyable. Et qu'était-ce d'autre que mes couilles qui me firent fort mal pendant un bon moment après mon réveil. Quel réveil étrange et extravagant que celui-là !
            Ensuite, me rendormis. Grasse matinée, pas rasé par le barbier, envoyai Will à l'office, tandis que je restai à la maison pour suspendre dans ma chambre verte mon tableau du " Sovereign " et mettre certaines choses en ordre chez moi.
            Ensuite dîné avec ma femme d'avec encore trois canards et de leurs sarcelles, puis à l'office. Sermon ennuyeux. Rentrai chez moi et après m'être promené quelque temps dans la maison à converser avec ma femme, j'allai au bureau pour noter quelque chose et préparer mes affaires pour demain. J'ai relu mes résolutions ce matin, ce que ma maladie, et non l'oubli ou la négligence m'avait  empêché de faire dimanche dernier, de sorte que j'espère ne pas contrevenir à mes résolutions en ne payant pas mon amende. Puis à la maison et, après mes prières, au lit où je parlai longuement avec ma femme et lui enseignai des éléments d'astronomie.



                                                                    à suivre................

                                                                                                     16 février 1663

            Lever et en fiacre..........................