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Maximes et Pensées et
extraits des Petits Dialogues Philosophiques
Un vieillard, me trouvant trop sensible à je ne sais quelle injustice, me dit :
- Mon enfant il faut apprendre de la vie à souffrir la vie.
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Quand on veut plaire dans le monde, il faut se résoudre à se laisser apprendre beaucoup de choses qu'on sait par des gens qui les ignorent.
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Le plus riche des hommes, c'est l'économe. Le plus pauvre, c'est l'avare.
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Il faut être juste avant d'être généreux, comme on a des chemises avant d'avoir des dentelles.
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En parcourant les mémoires et monuments du siècle de Louis XIV, on trouve même dans la mauvaise compagnie de ce temps-là, quelque chose qui manque à la bonne d'aujourd'hui.
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J'ai détruit mes passions, à peu près comme un homme violent tue son cheval, ne pouvant le gouverner.
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Ce que j'ai appris, je ne le sais plus. Le peu que je sais encore, je l'ai deviné.
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Le mariage, tel qu'il se pratique chez les grands, est une indécence convenue.
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Le divorce est si naturel que, dans plusieurs maisons, il couche toutes les nuits entre deux époux.
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Le pire de toutes les mésalliances est celle du coeur.
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La plupart des livres d'à présent ont l'air d'avoir été faits en un jour avec des livres lus de la veille.
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Il y a des livres que l'homme qui a le plus d'esprit ne saurait faire sans un carrosse de remise, c'est-à-dire sans consulter les hommes, les choses, les bibliothèques, les manuscrits,
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Les gens de lettres sont rarement jaloux des réputations quelquefois exagérées qu'ont certains ouvrages des gens de la cour ; ils regardent ces succès comme les honnêtes femmes regardent la fortune des filles.
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Les hommes sont si pervers que le seul espoir et même le seul désir de les corriger, de les voir raisonnables et honnêtes, est une absurdité, une idée romanesque qui ne se pardonne qu'à la simplicité de la première jeunesse.
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M..., vieillard détrompé, me disait :
- Le reste de ma vie me paraît une orange à demi sucée, que je presse je ne sais pas pourquoi, et dont le suc ne vaut pas la peine que je l'exprime
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Il s'agissait de corriger LouisXV, jeune encore, de l'habitude de déchirer les dentelles de ses courtisans. M. de Maurepas s'en chargea. Il parut devant le roi avec les plus belles dentelles du monde ; le roi s'approcha et lui en déchira une ; M. de Maurepas froidement déchira celle de l'autre main, et dit simplement :
- Cela ne m'a fait nul plaisir.
Le roi devint tout rouge, et depuis ce temps ne déchira plus de dentelles.
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Beaumarchais, qui s'était laissé maltraiter par le duc de Chaulnes, sans se battre avec lui, reçut un défi de M. de la Blache. Il lui répondit :
- J'ai refusé mieux.
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Dans une société où se trouvait M. de Schwalow, ancien amant de l'impératrice Elizabeth, on voulait savoir quelque fait relatif à la Russie. Le bailli de Chabrillant dit :
- M. de Schwalow, dites-nous cette histoire, vous devez la savoir, vous qui étiez la Pompadour de ce pays-là.
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M. Amelot, ministre de Paris, homme excessivement borné, disait à M. Bignon :
- Achetez beaucoup de livres pour la bibliothèque du roi, que nous ruinions ce Necker.
Il croyait que trente ou quarante mille francs de plus feraient une grande affaire.
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A. - Comment avez-vous fait pour n'être plus sensible ?
B. - Cela s'est fait par degrés.
A.- Comment ?
B.- Dieu m'a fait la grâce de n'être plus aimable, je m'en suis aperçu, et le reste a été tout seul
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A. - Vous marierez-vous ?
B. - Non.
A. - Pourquoi ?
B. - Parce que je serais jaloux.
A. - Et pourquoi seriez-vous jaloux ?
B. - Parce que je serais cocu.
A. - Qui vous a dit que vous seriez cocu ?
B. - Je serais cocu, parce que je le mériterais.
A. - Et pourquoi le mériteriez-vous ?
B. - Parce que je me serais marié.
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Le Cuisinier. - Je n'ai pu acheter ce saumon.
Le Directeur de Sorbonne. - Pourquoi ?
Le C. - Un conseiller le marchandait.
Le D. - Prends ces cent écus, et va m'acheter ce saumon et le conseiller.
A. - Vous êtes bien au fait des intrigues de nos ministres.
B. - C'est que j'ai vécu avec eux.
A. - Vous vous êtes bien trouvé, j'espère.
B. - Point du tout. Ce sont des joueurs qui m'ont montré leurs cartes, qui ont même, en ma présence, regardé dans le talon, mais qui n'ont point partagé avec moi les profits du gain de la partie.
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A. - Je lui ferais du mal volontiers.
B. - Mais il ne vous en a jamais fait !
A. - Il faut bien que quelqu'un commence.
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A. - J'ai fait comme les gens sages.
B. - Que font-ils ?
A. - Ils remettent la sagesse à une autre fois.
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A. - Jamais la cour n'a été si ennemie des gens d'esprit.
B. - Je le crois, jamais elle n'a été plus sotte, et quand les deux extrêmes s'éloignent, le rapprochement est plus difficile.
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Dam. - Pourquoi n'avez-vous rien dit quand on a parlé de M... ?
Clit. - Parce que j'aime mieux que l'on calomnie mon silence que mes paroles.
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A. - Vous avez beaucoup à vous plaindre de son ingratitude.
B. - Pensez-vous que lorsque je fais le bien je n'ai pas l'esprit de le faire pour moi ?
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L'homme arrive novice à chaque âge de la vie.
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- Pourquoi donc, disait Mlle de..., âgée de douze ans, pourquoi cette phrase :
" Apprendre à mourir ? " Je vois qu'on y réussit très bien dès la première fois.
Chamfort
( 1740 - 1794 )