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dimanche 31 mars 2019

Anecdotes et Réflexions d'hier pourip aujourd'hui 94 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )




                                                                                                                                    27 mai 1663

            Vers 3 heures du matin m'éveillai l'esprit tourmenté et je profitai de ce qu'il me fallait uriner pour réveiller ma femme. Après être resté couché jusqu'à 4 heures passées je fis mine de me lever, alors que je voulais seulement voir ce qu'elle ferait. Et au moment où je sortais du lit, elle me retint et me demanda ce que j'avais.
            Après forces paroles affectueuses, et aussi quelques reproches, je commençai à l'accuser d'un manque de réserve dans l'affaire d'hier, mais elle me rendit aussitôt la pareille, car elle savait fort bien que j'étais repris par ma vieille maladie, la jalousie. Ce que je niai, mais en vain.
            Après une conversation d'environ une heure, tantôt véhémente, tantôt affectueuse, j'ai de fort bonnes raisons de penser qu'elle l'a traité avec une très grande familiarité, plus grande qu'il n'était convenable, mais sans penser à mal. Et donc, au bout d'un moment, je la caressai et nous nous quittâmes apparemment bons amis, quoiqu'elle pleurât et fût fort mécontente.
            Je me levai et me rendis par le fleuve dans le quartier du Temple, puis accompagnai le commissaire Pett à St James où nous passâmes une heure avec Mr Coventry à parler du récent rapport du commissaire sur la forêt de Sherwood. Puis avec Pett chez milord Ashley, le chancelier de l'Echiquier, régler diverses affaires............. Pas d'autres nouvelles du roi de France, dont on ne sait s'il est mort ou vivant.                                                                                         coucoucircus.org
            A la Grand-Salle je rencontrai mon cousin Roger Pepys. Nous nous promenâmes un bon moment et entre autres choses, il me confie un secret dont il n'a encore soufflé mot à nul autre : sa soeur ayant décidé de ne plus tenir sa maison d'Impington, il juge bon de la remarier, et il désire qu'avec l'aide de mon oncle Wight, ou d'autres personnes, je lui cherche une veuve entre 30 et 40 ans, sans enfant et fortunée, et à qui il constituera un douaire en rapport avec la fortune qu'elle lui apportera. Une femme sérieuse et aux ambitions modestes, ce sont ses propres termes.
            Je m'enquis de sa fortune, ce qu'il affirme n'avoir confié à personne, qu'elle s'élève à un peu moins de 800 livres par an, 780 exactement, dont 200 livres lui viennent de sa dernière femme, somme qu'il est disposé à consacrer à un douaire pour sa prochaine épouse, mais il est résolu à laisser intégralement le reste, des propriétés dans le comté de Cambridge, à son fils aîné. Je m'engageai à faire ce que je pourrai pour lui, et je tiendrai parole.
            Il m'apprend que le roi a demandé aux membres du Parlement de voter avant la St Jean, car il part à la campagne. Ils ont donc entamé l'étude de quatre projets de loi à expédier. Le premier, dit-il, est une loi d'une sévérité diabolique comme les conventicules, et qui dépasse tant les bornes de la modération qu'il craint qu'elle ne ruine tout. Il me dit que c'est pour lui la cause du plus grand chagrin du monde que d'être investi de cette charge de membre du Parlement, parce que, dit-il, rien de ce qui se fait, à ce qu'il voit, n'a sa source dans une quelconque vérité ou sincérité,
            Puis, par le fleuve, à Chelsea, et lus durant tout le trajet un petit livre que j'ai acheté, sur l'amélioration du commerce, un joli ouvrage qui contient bien des choses utiles. A pied jusqu'au petit Chelsea chez milord Sandwich où dînai fort joyeusement en compagnie et musique. Ils jouèrent une belle fantaisie. De nouveau milord ne jure plus que par cette sorte de musique et dit ne plus pouvoir souffrir un air joyeux, ce qui est un étrange revirement d'humeur, car cela faisait deux ou trois ans qu'il avait abandonné les fantaisies et ne jouait que des airs de ménétrier. Puis promenade dans le grand jardin jusqu'à la salle des Banques où nous utilisâmes son télescope pour grossir le paysage, avec un fort bel effet.
            Ensuite, partie de quilles, gagnai 1shilling.                                      kalli.lulu-en-furie.be
            Aujourd'hui il y avait un grand afflux de gens vers les dunes de Banstead, en raison d'une grande course de chevaux et d'une course à pied, et je suis fort chagrin de n'avoir pu m'y rendre.
            Retour à la maison, comme à l'aller, jusqu'au Pont de Londres. Je trouve ma femme de méchante humeur. Elle me dit devant Miss Ashwell que Pembleton est venu et qu'elle a refusé de le laisser entrer en mon absence, ce qui me fit honte. Je préfère, toutefois, qu'il en soit ainsi plutôt que le contraire.
            A mon bureau mettre des choses en ordre, et bientôt arrive Pembleton, ce dont ma femme me fait informer pour que je rentre à la maison. Je lui fis dire que je désirais qu'elle allât danser et que j'arriverais tout de suite.
            J'étais fort indécis et ne savais si je devais me montrer à Pembleton et si ma conduite lui révélerait ma jalousie.
            Je finis par décider de rentrer et emmenai avec moi Tom Hayter avec qui je passai un bon moment dans mon cabinet de travail....... lui rappelai qu'en cette période chacun devrait être préparé à se justifier sur toutes les choses dont il peut être soupçonné...... Lui donnai congé et montai. Nous dansâmes des danses campagnardes et des pas de branle, ma femme et moi et ma femme lui régla son mois, elle aussi. Nous sommes donc quittes.
            Après avoir dansé nous l'invitâmes à souper en bas, avec nous, ce fut fort gai. J'affectai une belle humeur et me montrai avec lui aussi civile que je pus, pour éviter qu'il pût rien dire contre moi. Mais je vois, ce qui me gêne fort, qu'il sait tout, et ma chère femme me fait l'affront de vouloir tout répéter à tout le monde. Ce qui me rend fort mécontent, et si elle me provoque trop, je lui en montrerai. Après le souper et son départ, au lit.


                                                                                                               28 mai

            Lever ce matin et ma femme, je ne sais pour quelle raison, refuse d'aller à Chelsea aujourd'hui, car c'est jour de fête ( l'Ascension ), et j'ai du loisir. C'est quasiment le premier jour
où nous ne travaillons pas depuis notre arrivée dans ce bureau. Nous donnâmes à Miss Ashwell la permission de sortir seule.
            J'allai visiter pour affaires plusieurs endroits. Je me rendis entre autres chez le Dr Edwards pour faire les comptes des purgatifs que ma femme a pris depuis un an ou deux, 4 livres. Puis me rendis à la Bourse où j'apprends que l'on a reçu hier des lettres de France disant que le roi allait se remettre, ce qui me réjouit.
            Au café de la venelle de la Bourse j'achetai un petit livre, Conseil aux constructeurs, écrit par sir Balthazar Gerbier, dédié à tous les hommes de haute condition d'Angleterre ou presque, de sorte que les épîtres sont plus longues que le livre. Ni les unes, ni l'autre, ne valent un pet et j'ai honte de l'avoir acheté.
            A la maison où trouvai Creed qui dîna avec nous. Nous rendîmes ensuite en barque au Théâtre royal, mais il y avait tant de monde que l'on nous refusa des places. Donc au Théâtre du Duc où vîmes jouer Hamlet, ce qui nous conforta dans notre opinion que l'on ne peut assez admirer Betterton.
            Nous eûmes la surprise de voir entrer sur scène Miss Gosnell, la servante de ma femme, mais elle ne parla, dansa, ni ne chanta, à mon grand regret. Elle ne dépare cependant pas la scène, bien au contraire.
            Retour à la maison en barque. Après avoir parcouru de long en large six ou sept fois les allées du Temple à débattre s'il valait mieux rentrer par les rues ou par le fleuve. Par les rues à la maison, puis par le fleuve à la taverne de la Demi-Étape où nous soupâmes de provisions que nous avions apportées, puis rentrâmes à pied à la maison............. et peu après, au lit. Creed a dormi avec moi, dans la chambre rouge, jusqu'au matin.


                                                                                                                    29 mai 1663
laboiteverte.fr
            Ce jour où l'on commémore le couronnement du roi est véritablement un jour de fête. Nous avons fait la grasse matinée, il pleuvait très fort. Pluie et grêle presque toute la matinée. Au bout d'un moment Creed et moi sortîmes et nous arrêtâmes dans plusieurs églises. Il est bien étrange, et par là de deviner les mauvaises dispositions de la Cité en ce moment envers la religion en général, comme envers le roi car, dans certains cas, il y avait à peine dix personnes, et seulement des pauvres. Puis dans un café où entendîmes dans une conversation que le roi de France va sûrement se rétablir.
            A la maison pour dîner puis par le fleuve au Théâtre Royal, mais on n'y jouait pas aujourd'hui, puis au Théâtre du Duc où vîmes La Demoiselle dédaignée; Miss Gosnell jouait Pyramène, un rôle important et s'en acquitta fort bien. Je pense qu'elle ira en s'améliorant et qu'elle deviendra une bonne actrice.
            La pièce n'est pas vraiment excellente, mais elle est bien jouée et, en général, les acteurs sont ici meilleurs que dans l'autre théâtre.
            Ensuite à la taverne du Coq. Après avoir bu j'envoyai les autres avec Creed voir la Princesse allemande à la prison de Gatehouse à Westminster. J'allai chez mon frère, et de là chez mon oncle Fenner pour voir ma tante James, depuis longtemps en ville et repart demain sans que je l'ai vue, mais je ne trouvai personne au logis, ce dont je fus content. Retour donc chez mon frère pour lui parler, puis à la maison. Sur mon chemin je parcourus deux fois Fleet Alley, en montant et en descendant, pour voir deux jolies catins qui se tenaient sur le pas de leur porte. Et, que Dieu me pardonne ! j'eus bien du mal à me retenir de les suivre chez elles, tant ma nature me porte au mal dès que je recommence, comme ces deux derniers jours, à me divertir.
            Puis à la maison et au bureau pour rédiger le journal de ces deux derniers jours. Retour à la maison pour souper, et Creed et moi au lit où devisâmes agréablement. J'avais cependant l'esprit tourmenté d'avoir si mal employé mon temps ces sept ou huit derniers jours, mais il me faut imputer cela à l'inquiétude dans laquelle j'étais ces temps à cause de ma femme, et aussi ces deux derniers  jours je suis allé au théâtre, mais j'ai payé l'amende que je devais, en argent et en réduisant le nombre de fois où je peux aller voir des pièces à la Cour. Je dois maintenant me souvenir que j'ai épuisé toutes les possibilités que j'avais d'aller voir des pièces à la Cour jusqu'à la fin de ce mois et que je ne pourrai reprendre le compte qu'en juin.


                                                                                                                    30 mai

            Levés de bonne heure et avec Creed en barque à Fleet Street. Comme mon frère n'était pas encore prêt nous allâmes à pied jusqu'à la nouvelle Bourse où prîmes notre boisson du matin, du petit-lait, la première fois que j'en prends cette année. Je remarque que les hommes de loi s'arrêtent tous ici sur le chemin du palais, et je suis convaincu que c'est une très bonne boisson.
            Au logis de mon frère je trouve ma tante James, une bonne âme, humble, bien intentionnée, pieuse et pauvre, qui n'a d'autre mot à la bouche que Dieu tout puissant, et ce avec une innocence qui me plut fort. Il y avait aussi là un drôle qui mit autant de temps pour dire les grâces que s'il eût récité une prière. Je suis convaincu que c'est un fourbe, et pourtant, à la demande de mon frère, je lui donnai une couronne, car il est dans un grand dénuement et, à ce qu'il paraît, pasteur chez les fanatiques et cousin de ma pauvre tante. Ses prières, m'affirma-t-elle, m'avaient fait un bien particulier parmi celles de nombreuses bonnes âmes qui, à la demande de mon père, avaient prié pour moi lors de mon opération de la pierre, et que Dieu avait entendues. Ce dont, pour lui faire plaisir, je convins, bien qu'étant d'un avis contraire. Dieu me pardonne ! Je lui avais apporté une couple de homards et du vin. Et, comme elle quittait Londres aujourd'hui et ne désirait pas venir chez moi, je lui fis mes adieux et rentrai à la maison. Après dîner tout l'après-midi jusqu'au soir à mon bureau à rattraper le temps perdu dernièrement en négligeant mon travail.........
            Puis à la maison. Me lavai les pieds après le souper et, au lit.


                                                                                                                31 mai 1663
   melodymistura.com                                                                                              Jour du Seigneur
            Grasse matinée à causer avec ma femme. Je vois clairement que son antipathie, qui commence chez elle, à l'égard de Miss Ashwell vient de ce qu'elle est jalouse de moi et d'elle parce que je la néglige. Ce qui est vrai, en effet, et je suis à blâmer, mais à l'avenir je prendrai soin de remédier à cela.
            Puis lever et à l'office où je crois avoir aperçu Mr Pembleton mais, quelle qu'en pût être la raison je ne remarquai point qu'il levât les yeux sur ma femme, ni qu'elle le regardât beaucoup. Et pourtant, malgré tous mes efforts, sa présence ne laissait pas de me tourmenter, ce qui est une inexcusable folie, maintenant que ses visites dans ma maison tiennent au passé, de même que, je l'espère, toute probabilité qu'elle ait l'occasion de le fréquenter à nouveau.
            A la maison pour dîner, et après montai lire une partie de la nouvelle pièce Cinq heures d'aventures. J'ai beau l'avoir vue deux fois je ne l'ai pas encore suffisamment admirée ni comprise, car elle a la meilleur intrigue qui se puisse jamais imaginer, et c'est une pièce d'une grande vigueur du début jusqu'à la fin.
            Derechef à l'office après dîner, ma femme que ses menstrues font souffrir n'y alla point, et   comme c'était l'Ecossais qui prêchait, je dormis durant presque tout le sermon.
            On baptise aujourd'hui à la campagne le petit-fils de sir William Batten, et sir John Mennes et sir William Penn y sont allés. Je m'étonne et suis fort contrarié de ne point avoir été invité par le père. Je sais cependant que son père et sa mère sont peu en cause, et à cet égard je préfère qu'il en soit ainsi.
            Au retour de l'office fis mes comptes du mois et il m'apparaît que ma fortune s'élève à 726 livres net, Dieu en soit loué ! Pourtant, j'aurais pu être plus riche de presque 20 livres, eussé-je évité certaines dépenses, telles que leçons de danse et autres choses pour ma femme,et pièces de théâtre et autres choses ne servant qu'à détourner mes pensées de l'affaire du maître à danser, laquelle, grâces soient rendues au Seigneur ! est désormais terminée, et je retrouve ma tranquillité d'esprit et me remets à mon travail trop négligé ces deux dernières semaines
            Ce mois-ci, la plus grande nouvelle est l'agitation et l'excitation auxquelles est en proie le Parlement qui procède, au grand déplaisir de la Cour, à une enquête sur le revenu de l'Etat, et sa répugnance à accorder le moindre argent au roi. Son enquête sur la vente des offices donne du tourment à bien des gens, et particulièrement à milord le chancelier qui est la cible principale, et Mr Coventry, ce dont je suis bien fâché.
            Il s'avère que le roi de France que l'on donnait pour mortellement empoisonné a eu, la rougeole, et est rétabli ou le sera certainement sous peu.
            Je vois que l'estime que l'on me porte et mon crédit grandissent au bureau, et j'espère qu'en m'attelant de nouveau à mon travail je les conforterai et épargnerai de l'argent, ce que Dieu veuille bien m'accorder !
            Puis souper, prières et, au lit.
            La maisonnée tout entière ayant dormi plus longtemps ce matin qu'il n'est convenable, ajouté au fait que Will avait négligé de brosser mon manteau, comme il l'aurait dû, avant que je ne fusse prêt à partir à l'office, et qu'il ne le fit que lorsque je le lui commandai, je me mis fort en colère et, le voyant prendre l'affaire à la légère et faire mine de se moquer que le manteau fût brossé ou non, je lui donnai un soufflet, et si nous n'avions été dimanche, je l'aurais corrigé davantage. C'est la seconde fois que je le frappe.


                                                             à suivre........

                                                                                                                      1er juin 1663

            Recommencé à me lever............