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mercredi 23 mai 2012

Lettres à Madeleine 37 Apollinaire

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Seins de Venus
                       Seins de Vénus
                          recette elle-à-table
                                               Lettre à Madeleine

                                                                                                                   19 octobre 1915

            Mon amour, Lettres du 11, 12 et 13. Tu es un amour - Je t'écris avec enveloppe à intérieur violet que je n'aime pas. J'en ai deux ou trois sous la main je les use et je t"adore d'écrire dans enveloppe à intérieur vert que j'aime - On m'a annoncé ton paquet pr demain matin - Ta photo est exquise, elle me plaît infiniment. En effet on voit peu, mais j'ai vu tes seins sous la transparence de la blouse, tes seins exquis; les vrais seins de la Vénus de Praxitèle et tes bras et ton cou adorable. La prochaine fois fais-toi aussi photographier de profil. Félicite les petits sur leur photographie - Je te parlerai demain des chers présents de ma µMadeleine. Oui écris tous les jours et ne te fais pas de souci. Du moment que tu fais bien tu n'as point de souci à te faire ne t'énerve point ma toute chérie, mes lettres ne sont pas tristes puisque je t'aime et que tu m'aimes. Oui je te prends mon amour. Oui tu comprends maintenant les lettres qu'il faut, mais pas tristes mon amour, sois au-dessus de la réalité, de l'absence, sois royale ma chère esclave. Non, je ne crois pas qu'il faille mettre à réalisation ton projet d'aller à Beauvais. Reste avec les tiens en m'attendant. Après on verra nous en reparlerons. Je n'ai jamais douté de ta passion. Comme ton corps était doux et brûlant pour moi cette nuit dont tu parles... Mais, non l'étreinte n'est pas cruelle comme tu crois, elle ne l'est qu'une fois et pas chez toutes les femmes. Je sais que tu m'aimes et tu sais que je t'aime. Je ne suis pas mal disposé et mes tristesses sont rares puisque tu m'aimes. Aussi n'en parle pas. Sois joyeuse mon amour, sois ma Phèdre passionnée avec ses bonds et sois joyeuse sois une bacchante secrète jusqu'à mon retour. Après tu pourras être aussi variée que possible et que tu voudras - je t'adore - c'est charmant que nous pensions bague ensemble.Pour le Pentaméron fais-le si tu le trouves et si ça t'amuse et si ça vaut la peine, car après tout je n'en sais rienµ. La traduction que j'ai vue ne doit pas être difficile car elle était faite pr la jeunesse.
            C'est merveilleux que nous ayons eu l'intuition l'un de l'autre à l'abord et l'intuition de notre amour.
            Tu es mon amour pour la copie des vers, tu es tout plein gentille.
            Je vois que tu as bien compris où je suis.
            Mon amour ma chérie. Il est extraordinaire qu'on fasse des difficultés pr envoyer du tabac d'Algérie à un soldat. Ça me semble injuste et tracassier. J'ai en effet des dents bonnes et blanches, mais mal rangées, dans le haut j'en ai une qui rentre. Le gros tabac d'ici les salit mais je prends soin de ma bouche et l'entretiens en la brossant tous les soirs quand c'est possible. Je me sers d'un très bon dentifrice. J'avais une dent plombée en bas, elle s'est déplombée mais elle ne me fait pas encore mal. Comme elle est jolie la petite scène où tu expliques Montaigne après quoi tu t'étends à mes pieds en petite esclave noire - noire mais belle - dit le Cantique des Cantiques. - Oui tu es ma couleuvre voluptueuse. Je t'aime quand  tu m'aimes en panthère. J'aime aussi cette caresse de nos langues quand tu es tendre. Et je t'aime aussi coquette et précieuse. Je t'aime aussi poétesse. J'attends avec recueillement le Poème de ton corps - en réalité - et aussi celui que tu m'enverras par lettre, ma Vénus. Je t'aime aussi quand tu es fougueuse et que tu sens ma domination sans pitié pour ta chair de Houri. Je t'aime aussi orgueilleuse, impériale, superbe. Ma lionne.
Je t'aime. Tu m'as dit des choses exquises. Et je t'étreins dans ta nudité qui est à moi. Pardonne-moi ma
                                                                                                              
                     
lettre du 5 si elle t'a fait de la peine. Je ne veux jamais te faire de peine. Combien de fois me faudra-t-il te le redire, ô mon amour. Mais non tu ne me rends pas malheureux, mais au contraire très heureux, puisque tu m'apprends et que je t'apprends. Vois comme on commence à se connaître. Souris, ma chérie, à travers tes larmes d'amour. Surtout ne fais pas la bêtise de quitter Oran, que tu m'as promis de ne pas quitter, du moins sans les tiens. Ne m'affole pas par des imaginations inimaginables. Où viendras-tu, là où je suis c'est kif-kif nulle part, il n'y a pas de villages, rien pas même d'eau. Alors... Mais si tu me parles très bien maintenant tu es ma vierge chérie et ma bacchante secrète, je t'adore de baiser tout mon corps, comme tu dis si merveilleusement ô ma très gentille Madeleine. Je t'envoie des lettres du graveur Laboureur et de Jean de Gourmont ( sur la mort de son frère ). Ça t'amusera, pour celle de Laboureur, tu me feras l'honneur et le plaisir, mon amour de ne pas être jalouse des noms de femmes qui y sont mentionnés, car ils ne peuvent donner lieu à aucune jalousie et tu goûteras l'histoire de Glycérine et Vaseline chanteuses lyriques attachées à une division anglaise. Tu goûteras aussi l'art t de Jean de Gourmont d'être au Ministère de la Guerre, près de chez lui à Paris et les mentions imprimées sur les enveloppes officielles de l'armée anglaise. Et toi, ma chérie, comment peux-tu me dire de redevenir ton amour passionné moi qui ne pense plus que par toi qui es devenu mon canon ( rien de l'artillerie ) toi qui es ma règle, toute la beauté et toute la joie. Moi calme et te jugeant froidement, mon amour ! Non, je ne suis pas ainsi. Je t'adore, je t'aime, je suis fou de toi, nous sommes heureux l'un par l'autre. Et tu l'as dit, il ne faut plus que nous ayons de la peine. Tu es mon grand amour, ma toute chérie, ma très belle adorée. Tu ne peux imaginer combien j'aime cette photo d'aujourd'hui qui me révèle toute ta grâce et toute ta souplesse . Les autres photos ne le faisaient point. Je l'ai regardée à la loupe, ton visage se devine seulement, mais tes seins on dirait que je les vois ils sont véritablement adorables. Tu es plus belle que les Vénus du Titien, l'Antique seul a tant de pure beauté et de grâce individuelle. Dieu, que tu es finement gracieuse, ma gazelle adorée. Tes bras sont d'une pureté inimaginable. D'ailleurs pour avoir la vision de tes seins il a fallu toute la perspicacité de mon amour passionné et fervent car en réalité on ne les voit pas mais je les ai pour ainsi dire vus mais comme par éclairs. On devine mieux au demeurant la beauté de tes hanches et ici aussi il faut la perspicacité de l'amour mais tout de même l'étoffe de ta jupe s'incurve gracieusement à la forme de ta hanche. Que voit-on par la fenêtre à laquelle tu es adossée, mon amour ?
            Tu n'imagines pas combien tu me parais belle, sur cette photo, ça dépasse tout ce que j'avais imaginé, je crois que tu embellis tous les jours, ton cou est une merveille et tes épaules sont d'une richesse qui est mon trésor. Et tu es si délicieusement souple. Je te donne la caresse la plus close jusqu'au spasme de nos âmes et le délire de nos bouches, mon amour. J'aime ton regard où languissent des morts et des résurrections et ta jupe sombre si sobre éveille des idées d'obscurité torrides et touffues. Je t'aime je t'aime. Je t'imagine le matin à ton réveil le buste hors de l'écrin du lit, tes cheveux noirs se déroulant comme les vagues de la mer quand souffle la tempête, je vois ta chemise montante, bombée sur la plénitude de tes seins. Puis je te vois televant brusquement, ta chemise se retrousse jusqu'au milieu des cuisses, tes jambes sont sveltes et très grasses au-dessus du genou et je t'aime infiniment, je suis là attentif à ta beauté de Cypris qyu te dénude et je prends ta bouche.


                                                                                                                            Gui






































































Seins de Venus