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lundi 15 janvier 2024

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 167 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

 





  




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                                                                                                     6 Juin 1666

            Levé de bonne heure et fâché contre mes gens pour avoir laissé disparaître une clef de l'une des portes de chambres et nul ne savait où elle était. Fâché aussi contre mon petit valet point prêt en même temps que moi, encore que je l'eusse appelé, aussi le souffletai-je de belle façon. Puis m'occupai de mon travail au bureau et au bureau des subsistances. Par le fleuve à St James car c'est aujourd'hui jour de jeûne mensuel pour la peste. Réunion et réglons nos affaires avec le Duc comme à l'accoutumée. Entre autres fîmes lire la proposition du capitaine Cocke relative aux marchandises venant de l'Est proposition soumise par milord Broucker, mais je me sers de ce dernier pour n'avoir qu'à tirer les marrons du feu. Sir William Coventry s'y opposa vigoureusement...... fini donc mon espoir de toucher 500 livres.
            A la suite du Duc dans le parc traversé à pied jusqu'à Whitehall. Tout le monde guette le son du canon, mais on ne l'entend point. Tous débordent de joie et concluent pour de fort bonnes raisons que les Hollandais sont battus....... Bientôt un peu plus loin au cours de notre marche sir Phlip Frowde  vint à la rencontre du Duc porteur d'un message urgent adressé à sir William Coventry par le capitaine Taylor garde-magasin de Harwich. C'était le récit du capitaine Hayward commandant du Dunkirk, rapportant fort sérieusement comment lundi les deux flottes furent aux prises toute la journée, toute la flotte hollandaise prenant la fuite tout bonnement sans jamais regarder derrière elle. Que sir Christopher Mynes est blessé à la jambe, que l'amiral va bien. Qu'il y a de bonnes raisons de penser que de toute la flotte hollandaise, qui comprenait une centaine de voiles avec les renforts, seule une cinquantaine de navires purent rentrer à bon port, dont seul un nombre infime arborait encore leur pavillon et que le petit capitaine Ball à bord de l'un des brûlots embrasa à la fin de l'engagement un navire de 70 canons. 
            Si grande fut la joie à écouter ces bonnes nouvelles que le duc d'York courut les communiquer au roi parti à sa chapelle et là toute la cour était à un grand tumulte, chacun se réjouissant de ces bonnes nouvelles. 
            M'en vais à la nouvelle Bourse en voiture. Je fis connaître un peu ces bonnes nouvelles encore que je pusse constater qu'elles étaient déjà répandues. Retour chez nous à notre église car c'était un jour de jeûne ordinaire. J'arrivai juste avant le sermon mais, Seigneur ! chacun dans l'église me fixait tandis que je parlais en chuchotant à sir John Mennes et à milady Penn. Je vis bientôt les gens s'agiter et chuchoter plus bas dans la nef. Voici tantôt venir le sacristain de chez milady Ford pour m'annoncer les nouvelles que j'avais moi-même apportées. Les nouvelles circulent par écrit et on les passe de banc en banc. Mais ce qui me plut autant que ces nouvelles ce fut de voir que nous avions dans notre église la jolie Mrs Myddelton. Après le sermon presque 40 personnes de tout rang viennent à notre bureau pour savoir ce qui se passe, je me réjouis grandement de leur dire, puis rentrai chez moi et trouvai ma femme dînant, ne sachant point que j'avais été à l'église. Après le dîner elle partit avec mon père chez Hayls,
mon père devant commencer à poser aujourd'hui en vue du portrait que je souhaite. Passai tout l'après-midi à la maison à travailler, consignant mes résolutions jusqu'à Noël. Mais Seigneur ! quel ne serait pas mon bonheur si je pouvais ne pas changer dans mes dispositions ! Mais j'aime tant le plaisir que mon âme se révolte à voir la sottise de ma conduite en cette affaire. Montai tantôt en voiture et m'en fus chez Hayls, mais il était sorti et mon père et ma femme s'en étaient allés, aussi allai-je chez Lovett où à mon grand regret mon projet concernant les registres vernis ne verraient pas le jour car la couleur ne se conserve pas ainsi...... Puis à la maison, comme mon père et ma femme ne revenaient point je sortis avec ma voiture prendre un peu l'air, allant tout seul jusqu'à Bow et fis demi-tour et rentrai. mais avant que je n'arrive les feux de joie brûlaient par toute la ville. En traversant Crutched Feiars, voyant Mrs Mercer à la grille de la maison de sa mère je m'arrêtai, descendis et pénétrai dans la maison, c'était la toute première fois que j'y allais. Je trouve tous mes gens, mon père, tout le monde à un très bon souper dans l'appartement de Will Hewer. La chose allait fort élégamment ce qui me plut beaucoup. Après le souper à son cabinet de travail qui est tout à fait beau. Les tableaux et tout le reste ayant été choisis avec beaucoup de soin. J'en conçus un fort grand plaisir, puis à la grille entouré par ces dames. Le fils de Mrs Mercer s'étant procuré maints serpents (feux d'artifice ), aussi fis-je en sorte que toutes les dames fissent partir quelques serpents. Arrivent bientôt notre belle voisine Mrs Turner et les deux filles d'une voisine, Mrs Tite. L'aînée est une drôlesse au long nez et une sotte, la plus jeune est une belle fille brune.
            En leur compagnie passa toute la soirée à ne rien faire jusqu'à minuit, participant aux feux de joie dans les rues. Certaines personnes des environs se promenaient avec des mousquets et tirèrent pour moi deux ou trois salves. Je leur donnai une couronne pour aller boire. Rentrai chez moi fort satisfait des nouvelles apprises en ce jour faste, d'autant que ces nouvelles sont confirmées par sir Daniel Harvey qui participa à toute la bataille aux côtés de l'amiral et rapporte qu'il ne restait plus apparemment que 36 navires dans toute la flotte hollandaise à la fin de l'expédition. Lorsque cette flotte prit la fuite pour rentrer chez elle. La joie de la Cité ce soir était extraordinaire.


                                                                                                                       7 juin

            Levé de bonne heure et à mon bureau, sir William Coventry m'ayant fait savoir qu'il s'est rendu auprès de la flotte pour examiner la situation et qu'il doit rentrer promptement.  J'espère que nous aurons l'occasion de nous féliciter de la victoire, mais milord Brouncker et sir Thomas Hervey arrivant de la Cour m'apprennent des nouvelles tout à fait opposées, ce qui ms stupéfie. Nous sommes battus ayant perdu de nombreux navires et de bons officiers, que nous ne prîmes point un seul navire. Ainsi de victoire ne peut-il y avoir que dans nos récits et il n'est point certain que nous restions maîtres du champ de bataille. mais surtout le Prince échoua sur le Galloper et n'en put plus bouger, tous les Hollandais cherchèrent à s'en emparer, n'y parvinrent pas aussi le brûlèrent-ils...... Je fus fort affecté d'entendre ces nouvelles et de songer aux conséquences fâcheuses et la présomption qui nous ont conduits là.
            A midi à la Bourse. Constate un grand changement dans les propos et la physionomie des gens de Londres, mais ce n'est point encore bien net. Rentré chez moi et dîné tout seul, mon père et mes gens étaient tous partis pour Woolwich assister au lancement du Greenwich...... Laissé seul avec la petite Mrs Tooker je la gardai avec moi tout l'après-midi dans mon cabinet de travail et je fis avec elle ce que j'avais en tête.
            Mr Waith me vient voir et tandis que nous nous entretenions de notre infortune il me fut dit en termes très clairs, chose qu'il tient du capitaine Page qui a perdu un bras dans la bataille, que les Hollandais nous donnèrent la chasse deux heures durant avant de nous lâcher, puis nous laissèrent rentrer et se replièrent vers leurs côtes. Ce sont là bien tristes nouvelles.               pinterest.fr
            A mon bureau et à Whitehall tard et me rends auprès du duc d'York afin de voir quels sont ses ordres et lui demander pour le compte de Mr Yeabsley que se tienne une réunion à propos de Tanger. Le Duc me semble en rabattre beaucoup dans ses propos sur la récente bataille. Toute la Cour en parle avec tristesse. Le Duc me donna plusieurs lettres qu'il avait reçues de la flotte ainsi que de sir William Coventry et sur William Penn qui se sont rendus là-bas afin que je puisse repérer un certain nombre de travaux à effectuer en vue d'un nouveau départ de la flotte. Je rapportai donc ces lettres chez moi et je m'employai à faire un résumé  jusqu'à minuit. J'ai toutes raisons de penser que nous sommes battus et que nous sommes perdants. Le Prince qui a échoué sur Gallopée où le Royal Charles et le Royal Catherine avait par deux fois échoué mais put se dégager. L'Essex emporté en Hollande. Le Swiftsure commandé par sir William Berkley disparu depuis le tout début de la bataille. Les capitaines Bacon, Terne, Wood Motham, Whitty et Coppin tués. Le Duc d'Albemarle déclare dans une lettre que de sa vie il n'eut à combattre avec de pires officiers, une vingtaine d'entre eux s'étant conduits en hommes. Sir William Clarke perdit une jambe et mourut dans les deux jours. < Le Loyal George, le Seven Oaks et le Swiftsure manquent toujours à l'appel et, ainsi que l'écrit l'amiral, n'ont jamais participé à un engagement aux côtés des autres navires ! >
            Grand changement, je n'en connus jamais de pire, que de me trouver dans l'obligation d'écrire ce soir une lettre affligée et non triomphante à milady Sandwich.
            Rentré tard à la maison et, au lit.


                                                                                                                  8 juin

            Levé de bonne heure et chez le Duc d'York afin de lui faire part des tâches qui nous incombent et de les répartir entre nous. J'en pris une bonne part. Plus j'en ai peur que je ne pourrai en exécuter.
            A l'échiquier pour quelques affaires à propos de Tanger, puis chez moi où pour ma plus grande joie, je vois que Balty est rentré sain et sauf après avoir couru les plus grands dangers à bord du Henry, puisqu'il n'a pas quitté le gaillard d'arrière où se trouvait Harman récompensé par les plus vifs éloges du duc d'York, de même le Duc rendit fort justement raison à sir Thomas Teddeman injustement médit, sa conduite ayant été d'une extrême bravoure et d'une extraordinaire utilité car il déchargea à l'dresse de Tromp lui-même une bordée telle que rarement en put recevoir.
            Des coups de feu ont atteint le visage de Mings et lui ont traversé l'épaule où la balle s'est logée, Le jeune Holmes et Uther du Rupert également grièvement blessé.
            Balty me raconte l'affaire du Henry, une affaire d'une tristesse extraordinaire et désespérante.
            Après dîner Balty et moi à mon bureau, évoquâmes longuement ce combat. Je suis fort satisfait de lui et place de grands espoirs en lui.
            A Whitehall, réunion de la commission de Tanger, mais n'eut point lieu. Mais, mon Dieu ! il faut voir l'accablement qui règne à la suite de cette récente déroute au lieu de la victoire que l'on attendait avec si peu de raison.
            Creed et moi descendîmes par le fleuve jusque chez sir William Warren à qui je proposai une affaire qui me peut être bénéfique acheter quelques gabares et les envoyer auprès de la flotte. Il m'assistera pour cela.                                                                                       pinterest.fr
            Retour, parlons tous deux de la fâcheuse façon dont vient d'être conduite cette bataille et même de la fâcheuse décision que ce fut de simplement livrer batailles à des forces si grandes, plus importantes que les nôtres. Au bureau nous nous séparâmes non sans avoir eu la satisfaction d'apprendre que le Swiftsure commandé par sir William Berckeley est arrivé sain et sauf dans l'estuaire alors qu'on ne l'avait point vu depuis le début de la bataille à laquelle il ne prit part à aucun moment. Mais quel que fût le lieu où il se trouvait on dit qu'il est revenu en bon état. Plaise à Dieu qu'il en soit ainsi !
            Resté tard ai bureau à travailler, et à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                    9 juin

            Levé et à St James, présenter mes respects au duc d'York, m'entretins avec lui des affaires concernant la flotte. Mais Seigneur ! il faut voir comme les avis sont partagés à la Cour à savoir si le Swiftsure et  l'Essex sont en sûreté. On prend des paris des deux côtés. 
            A Whitehall dans l'attente d'une réunion de la commission de Tanger. Après de grands efforts nous fûmes contraints de l'annuler, une cinquièmes personne manquant. Mais Seigneur ! il fallait voir avec quelle patience milord Ashley resta toute la matinée pour obtenir la tenue d'une réunion. Sans se douter que je savais d'où venait son souhait.
            Ala maison pour le dîner et derechef à Whitehall, un peu trop tôt, fus à la Grand-Salle pour acheter une paire de gants et voir ce que pensent les gens de ce récent combat naval. Il m'apparait que chacun renonce à y voir une victoire mais pour une grande déroute.
            A Whitehall, convaincus de pouvoir faire notre travail pour la plus grande satisfaction de Yeabsley et de nous autres, et pour différentes raisons, milord Peterborough annonça que le duc d'York, qui m'avait expressément prié d'être la pour veiller à ce que l'affaire fût réglée, ne voulait point que nous allions plus avant dans cette affaire relative au versement d'une compensation pour la perte du navire avant que George Carteret et sir William Coventry ne fussent arrivés à Londres, et c'était précisément ce que nous souhaitions éviter. Nous nous séparâmes sans avoir rien fait, à mon plus grand déplaisir encore que je ne disse rien. Plus tard je constate à entendre ce que me dit milord Ashley que c'est l'insulter gravement, lui et tous les membres de la commission que de croire que rien ne se peut faire sans sir George Carteret ou sir William Coventry.
             A peine nous étions-nous séparés et à peine rentré chez moi que nous apprenions l'arrivée en ville de sir Coventry, aussi me rendis-je à ses appartements où je lui rendis compte de ce qui se passe au bureau. Ce ne fut point sans une certaine satisfaction que je le quittai après que nous nous fûmes entretenus de plusieurs points de l'urgence qu'il y a à faire repartir la flotte. Mais je ne retire pas l'impression qu'il soit le moins du monde content ou satisfait de la récente bataille. Il me donne de nouveaux détails, m'informant de la mort d'un ou deux capitaines, mais il ne pense plus désormais que le Swiftsure et l'Essex soient en sûreté.   
            Sur le chemin du retour fis halte à l'ancien Cygne, vois ma jolie Betsy Mitchell et son mari à la porte de leur maison de Thames Street. Fus heureux de cette rencontre et pénétrai dans leur boutique, ils me firent boire un peu de leur eau-de-vie. C'était le première fois que j'allais en ce lieu. Cette femme me plaît au plus haut point. Après une moment et discuté non sans grande réserve, je m'en fus et retournai tardivement à mon travail. Mais je dois observer que d'avoir bu quelque eau-de-vie me donna mal aux yeux, comme cela fut le cas l'autre jour, pour de vrai il s'agissait de mon seul oeil droit.
            Tard le soir sir William Warren me vient faire savoir qu'il a examiné pour moi quatre gabares, ce dont je suis fort aise. Puis à la maison, au lit fort tracassé du désagrément que nous subîmes relativement à la commission de Tanger.


                                                               à suivre..........

                                                                                                                         10 juin

            Levé de fort.......