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15 Octobre 1661
Au bureau toute la matinée. Dînai à la maison, l'après-midi à l'enclos de Saint-Paul, en un lieu dérobé où Mrs Goldsborough devait me rencontrer ( elle n'ose risquer d'être reconnue là où elle habite ) pour traiter du différend qui l'oppose encore à mon oncle. Mais, Seigneur ! il y a de quoi devenir fou de l'entendre causer et se répandre en injures contre mon oncle. Je feins cependant de ne pas en être affecté, aimerais, en vérité, parvenir à un accord avec elle. Je prends donc un autre rendez-vous avec Mr Moore et elle pour vendredi prochain, afin d'examiner nos papiers et voir comment on peut régler l'affaire. Retour chez moi fort dolent. Trop marcher aujourd'hui si bien que mon testicule est à nouveau enflé, ce qui me préoccupe fort.
16 Octobre
Au lit jusqu'à midi. Ce matin plusieurs servantes vinrent proposer leurs services à ma femme. Elle finit par retenir une certaine Mme Nell que sa mère, une vieille femme avait accompagnée. Mais elle n'acceptait pas d'être engagée pour moins de six mois. La drôlerie de ces femmes me plaît. Dînai aujourd'hui, comme prévu, avec le Dr Thomas Pepys, mon cousin Snow et mon frère Tom, d'un aileron de lingue et de vessies natatoires. Je ne connaissais ni l'une ni les autres, mais la chair en est exquise, et je n'ai jamais mangé meilleur poisson de ma vie. Après dîner arrive William Joyce et nous mangeâmes et bûmes joyeusement. Montai dans mon cabinet et rangeai mes papiers. Le soir, notre servante Mary ( à l'essai chez nous pour un mois ) vint prendre congé de nous. Nous supposons que la fille va se marier car elle nous aimait bien et nous de même, mais tout ce qu'elle dit c'est qu'elle a envie de vivre chez un marchand où il n'y aurait qu'une seule servante. Souper et au lit.
17 Octobre
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18 Octobre
A Whitehall chez Mr Montagu où je rencontrai Mr Pearse, le commissaire de la marine, pour le consulter sur la nourriture qu'il faut envoyer à milord pour le service de la reine. Il m'en avisa et m'apprit aussi que l'on fait maintenant diligence pour hâter le départ de la flotte. A midi dîner chez milady, laissai ma femme et avec Mr Moore chez Mrs Goldsborough qui envoya chercher un ami pour se joindre à nous, et nous parlâmes de notre différend jusqu'à dix heures du soir. Je trouve cette situation fort gênante et suis parvenu à susciter quelque espoir d'accord. J'offre de lui remettre les 16 livres qu'elle nous doit encore selon les comptes de mon oncle. Nous laissâmes son ami réfléchir. J'espère avoir sa réponse car je ne veux pas aller en justice avec une femme à la langue aussi redoutable.
Chez milady, laissai ma femme qui partagea cette nuit le lit de Mademoiselle, pris un flambeau pour rentrer, puis au lit. Passai la nuit au lit seul, dans le froid, affligé depuis quelques jours d'une tumeur à un testicule. Elle est maintenant réduite par un cataplasme fait d'une bonne poignée de son délayée dans une demi-pinte de vinaigre et une pinte d'eau, le tout bouilli jusqu'à former une pâte à laquelle on ajoute une cuillerée de miel, une partie de cette mixture est étalée sur un linge qui a été placé sur le testicule. J'ai mis pour la première fois une chemise que je vais porter la nuit cette année, et que je n'ai pas l'intention d'enlever avant le printemps. Mes gens se sont plaints que ma femme ne leur avait rien laissé à manger pour la journée.
19 Octobre
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20 Octobre 1661
Jour du Seigneur
Au lit à la maison toute la matinée pour soulager ma récente tumeur, mais levé pour dîner et fort offensé par l'insolence de Will mon valet qui garde son chapeau à la maison. Je ne lui en parlerai pas aujourd'hui, mais je crains d'avoir à souffrir de son insolence et de sa paresse, même s'il est par ailleurs assez convenable. A l'église l'après-midi où prêcha un ministre presbytérien somnolent. Puis allai voir sir William Batten qui doit, lui aussi, se rendre à Portsmouth demain pour présenter ses respects au duc d'York qui va prendre le commandement de la garnison et y mettre de l'ordre. Soupai chez moi, et au lit.
21 Octobre
De bonne heure avec Mr Moore jusqu'à Chelsea, en voiture, chez milord le gardes du Sceau privé, mais n'arrivâmes pas assez tôt, avions pris au passage Mr Pargiter, l'orfèvre, à mon avis le plus fieffé coquin escroc qui soit. Nous prîmes ensemble notre boisson du matin, bière et gâteaux et nous nous gaussâmes plaisamment des grandes pertes que lui occasionna le retour du roi, car il avait acheté de nombreuses terres de la Couronne et, Dieu me pardonne ! je m'en réjouis fort. A Whitehall au Sceau privé consultai sir William Penn pour régler certaines choses concernant ses affaires d'Irlande. Puis à la Garde-Robe et dînai. Contre ma conscience et mon jugement ( Dieu me le pardonne car je sais que je L'offense en enfreignant les résolutions que j'ai prises à ce propos ) allai à l'Opéra dont les représentations ont repris après des modifications de décor, qui ne font que le rendre encore plus mauvais. Mais la pièce, " l'Amour et l'Honneur ", donnée pour la première fois a une bonne intrigue et est bien jouée. Retour chez moi à pied. Après avoir un peu travaillé dans mon cabinet, souper et au lit.
22 Octobre
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23 Octobre
A Whitehall où sir William Penn et moi prîmes notre boisson du matin dans le logement d'un de ses amis, le colonel Treswell. A midi dînâmes à la Jambe dans King Street puis en voiture à Chelsea chez milord le garde du Sceau privé pour affaire concernant sir William. Pûmes nous entretenir librement avec milord qui nous donna réponse. Retour à l'Opéra où je revis " l'Amour et l'Honneur " qui est une fort bonne pièce. Retour chez moi m'arrêtant en chemin pour voir sir Slingsby toujours malade. A la maison.
Aujourd'hui tous les membres de notre Conseil sont invités mardi prochain, jour du lord-maire, à dîner à l'Hôtel de Ville. Ce soir Mr Hollier vint à notre réunion et nous fit à tous deux des recommandations qu'il nous faudra suivre.
24 Octobre
Au bureau toute la matinée. A midi Llewellyn dîna avec moi, puis partis pour Fleet Street, laissant ma femme chez Tom, tandis que je réglais quelques affaires. Retour chez moi et allai voir sir Robert toujours malade/ Aujourd'hui il n'a pas dit un mot, ce qui nous fait tout craindre. Rentré chez moi.
25 Octobre 1661
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26 Octobre
Ce matin, sir William Penn et moi devions quitter Londres avec milady Batten pour rencontrer à Kingstone sir William revenu de Portsmouth, mais ne le pûmes car milord de Peterborough; qui doit partir comme gouverneur à Tanger, vint ce matin avec sir George Carteret nous consulter sur les ultimes préparatifs avant sa prise de fonction. Au bureau toute la matinée, et l'après-midi sir William Penn, ma femme et moi au Théâtre où vîmes " Le capitaine campagnard " joué pour la première fois depuis 25 ans, de milord Newcastle, mais jamais ne vis pièce aussi inepte, la première qui m'ait paru fastidieuse. Retour à la maison, et le soir on nous apprit la mort de sir Robert Slingsby, notre contrôleur de la Marine, malade depuis une semaine. Cette nouvelle m'affligea tant que je ne puis fermer l'oeil de la nuit, car c'était un homme qui avait de l'affection pour moi et que j'aimais pour ses nombreuses qualités plus que tous les autres officiers et commissaires de la Marine. Sur le chemin du retour nous nous arrêtâmes chez Daniel Rawlinson où nous bûmes du bon xérès. Rentrés chez nous.
27 Octobre
Jour du Seigneur
A l'église le matin. Les deux sirs William et moi parlâmes longuement sur notre banc de la mort de sir Robert qui m'afflige beaucoup, et eux aussi apparemment. Mais je n'y crois pas beaucoup car je sais qu'il faisait obstacle à leur mainmise sur l'ensemble des activités du Conseil de la Marine. A la maison, dîner et l'après-midi derechef à l'église accompagné de ma femme dont le deuil dure depuis si longtemps que j'ai honte d'aller à l'église avec elle. Après l'église allâmes voir mon oncle et ma tante Wight, restâmes parler et souper et aussi joyeux qu'on peut l'être en leur compagnie. Entre autres montâmes dans leur chambre voir leurs deux portraits, que je suis contraint de louer malgré ce que j'en pense, elle nous montre aussi son cabinet où elle garde de fort jolies médailles et de fort beaux bijoux. Retour à la maison, prières et au lit.
28 Octobre
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29 Octobre
Aujourd'hui je mis mes chaussettes de grosse laine noire et mon manteau neuf à la mode qui me plaît bien, et avec ma toque de fourrure j'étais prêt à me rendre, après le bureau, au banquet du lord-maire, car nous sommes tous invités. Mais les deux sirs William ne tenaient pas à y aller à cause de la foule, si bien qu'aucun de nous ne s'y rendit. Je restai dîner avec eux, puis rentrai chez moi; et le soir nous nous retrouvâmes au Dauphin, où nous nous étions donné rendez-vous. D'autres personnes se joignirent à nous et aurions pu passer une soirée joyeuse, mais le vin était si mauvais, et tout le reste, que ce ne fut pas le cas. Restâmes cependant jusque tard dans la soirée puis retour à la maison, et au lit. Déçu de ma journée, car je me promettais bien du plaisir aujourd'hui à l'Hôtel de Ville.
Le lord-maire actuel nous ramène semble-t-il à la coutume des lords-maires d'autrefois qui se rendaient à Saint-Paul le jour de leur entrée en fonction, faisaient le tour de la croix et faisaient une offrande à l'autel.
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30 Octobre
Sir Henry Vane, Lambert et d'autres se sont vu dernièrement transférés soudain de la Tour où ils étaient prisonniers, aux Sorlingues. Mais je ne pense pas qu'il y ait de conspiration, comme on dit, mais seulement un prétexte comme on en inventa souvent autrefois contre les Cavaliers.
31 Octobre 1661
Ce matin, Prior de Brampton vint me voir à propos des maisons que je dois lui vendre, mais il me fallut rester au bureau toute la mati née, et ne pus donc lui parler. Après le travail au bureau et le dîner à la maison, je me rendis chez mon frère Tom où je rencontrai Prior. Il exigea de moi un rabais, car il était convenu d'un prix avec mon père pour la maison de Barton. Je lui dis que je ne voulais pas me mêler de ça, mais que j'étais prêt à tout faire pour qu'il en devienne le propriétaire. Sur quoi nous nous quittâmes, allai voir ensuite sir Robert Bernard et, en tant que client, lui demandai ce qu'il pensait de l'affaire entre mon oncle Thomas et nous, à propos de Graveley. En bref il me dit que nous avions peu d'espoir de recouvrer ce bien et d'échapper au paiement de sa rente, ce qui me désole. Mais qu'il en soit fait selon la volonté de Dieu.
Ensuite, l'esprit fort préoccupé, chez mon oncle Fenner. Le trouvai à la taverne, il buvait plein de jovialité et de verdeur, en homme qui, je pense, aura tôt fait de reprendre femme. Rentrai chez moi.
à suivre....../
1er novembre 1661
J'allai ce matin....../