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Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Milan 26 décembre 1772
Nous venons juste de finir de déjeuner chez madame d'Asti d'où j'écris maintenant, elle vous fait ses compliments. Dans 2 ou 3 heures commence l'opéra. Dieu nous aide ! La répétition générale avant-hier a si bien marché que nous espérons un grand succès. La musique elle-même dure 4 heures, sans les ballets............... La De Amicis est notre meilleure amie. Elle joue et chante comme un ange et est très heureuse que Wolfgang l'ait si bien servie. Vous seriez bien étonnées de l'entendre, de même que tout Salzbourg ! Nos compliments à vous, à nos bons amis et amies à la maison et au-dehors, nous vous embrassons 10 000 fois, et je suis, en hâte, le vieux
Mzt
Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Milan 2 janvier 1773n
Bonne année !
J'ai oublié la dernière fois de vous souhaiter le nouvel an. En effet j'étais non seulement pressé, mais également distrait et ailleurs par la pensée, car j'écrivais juste avant de me rendre au théâtre. L'opéra s'est bien passé, malgré divers incidents contrariants qui se sont produits le premier soir. D'abord l'opéra qui commence généralement une heure après l'Angélus n'a débuté que 3 heures plus tard, c'est-à-dire vers 8 heures seulement, à l'heure allemande, pour ne se terminer qu'à 2 heures du matin. L'archiduc qui n'avait fini de déjeuner que peu avant l'Angélus, avait encore à écrire de sa propre main 5 lettres de voeux de nouvel an à S. M. l'Empereur et à l'Impératrice, et N.B. il écrit très lentement.
Imagine-toi maintenant le théâtre si plein dès 5 heures et demie, que personne ne pouvait trouver de place. Les chanteurs et chanteuses sont toujours dans les affres le premier soir d'avoir à se produire devant un public si distingué, et durant 3 heures leur inquiétude ne fit qu'augmenter.. L'orchestre et le public impatients et échauffés durent attendre, en partie, debout que l'opéra puisse commencer.
Deuxièmement - Il faut savoir que le ténor que nous avons dû engager est un chanteur d'une église de Lodi qui ne s'est jamais produit sur une scène aussi prestigieuse. Il n'a joué un rôle de primo ténor que deux fois à Lodi et n'a été engagé que 8 jours avant la création de l'opéra. Dans le premier air de la prima donna celle-ci le pousse à faire un mouvement de colère. Il exagéra tellement ce geste qu'il sembla vouloir la gifler ou lui arracher le nez avec son poing, ce qui fit rire le public. Dans le feu de l'action Sigra De Amicis ne remarqua pas tout de suite pourquoi le public riait, elle se crut visée et ne comprit tout d'abord pas de qui on se moquait, si bien qu'elle chanta mal toute la soirée. D'autant plus que la jalousie s'en mêla car l'archiduchesse applaudissait dès que le primo uomo paraissait sur scène. C'était un tour du castrat. Il s'était arrangé pour qu'on rapporte à l'archiduchesse qu'il avait un tel trac qu'il ne serait pas en état de chanter, à moins que la cour ne lui donne du courage en l'applaudissant. Pour consoler la De Amicis Leurs Altesses Royales la convièrent à la cour dès le lendemain et lui accordèrent une audience d'une heure entière. C'est alors seulement que l'opéra commença à bien marcher. Le théâtre est d'habitude assez vide pour le premier opéra de la saison, mais il a été si bondé les 6 premiers soirs ( aujourd'hui la 7è ) qu'on pouvait à peine s'y glisser. La prima donna remporte généralement le plus grand succès et doit bisser ses airs. Madame d'Asti, chez qui j'écris à présent, vous adresse ses compliments et vous souhaite une bonne année. Nous faisons nos compliment à tous nos bons amis à la maison et au-dehors. Nous vous embrassons 1 000 000 de fois et je suis le vieux
Mzr
Wolfgang vous adresse ses compliments tout particuliers. Nous sommes en bonne santé,
Dieu soit loué.
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Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
clairedelavarene.com Vienne 14 août 1773
J'ai reçu aujourd'hui ta lettre du 10......... Quand reviendrons-nous ?.................
Après de fortes pluies il fait enfin beau et, depuis quelques jours, la chaleur est extrême. Les Mesmer et tout leur clan vous font leurs compliments, de même que les 2 Mme Fischer. Nos compliments à tous nos bons amis et amies, à la maison et au-dehors, nous vous embrassons
100 000 000 de fois et je suis le vieux
Mzt
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Post-Scriptum de Mozart à sa soeur
si le temps le permet
J'espère, ma reine, que tu jouis du plus haut degré de bonne santé et que, malgré tout, de temps à autre, ou plutôt parfois, ou mieux encore plusieurs fois, ou encore mieux qualche volta comme disent les Italiens, tu daigneras me consacrer quelques-unes de tes sublimes et profondes pensées. Elles jaillissent toujours de ce raisonnement admirable et si sûr que tu possèdes, avec la beauté, au plus haut point, bien que de si tendres années, et chez une personne du beau sexe, on n'en exige guère. Mais toi, ô ma reine, tu en es douée au point de remplir de confusion tous les hommes, et même les vieillards. Adieu
( Voilà quelque chose de sensé ! )
Wolfgang Mozart
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Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Vienne 4 septembre 1773
C'en est fait des pauvres jésuites ! Je dis pauvres car seuls ceux qui avaient les faveurs de la cour, les rabbins en quelque sorte, et tout le " corpus religionis " peuvent être considérés comme riches. Mais les simples particuliers n'avaient rien.
Le couvent des jésuites, Auf dem Hof, doit être vidé le 16 courant. Leurs biens, leurs caves avec le vin, bref tout ce qu'ils possèdent est déjà scellé, l'ordre est suspendu. Ils peuvent porter l'habit des prêtres séculiers et on dit qu'ils recevront chacun 300 florins par an, ce qui n'est pas si mal S'ils obtiennent de dire des messes, ceux qui sont jeunes peuvent prendre une jolie chambre et une servante soignée. Ils n'auront guère autre chose à faire, car on ne veut plus qu'ils fassent de sermons, ni entendent de confessions. Tout le monde est très attristé et j'ai entendu dire qu'un " bref " du pape sera imprimé, il sera alors interdit, sous peine d'être mis au ban de l'Eglise, d'écrire des pamphlets contre la suppression des jésuites, on n'aura même pas le droit d'en " discuter ". De nombreux bons chrétiens sont toutefois d'avis que S.S. le Pape ne peut rien leur imposer en dehors des questions de foi et qu'ils sont même libres de dire qu'on aurait laissé les jésuites en paix s'ils avaient été aussi pauvres que les capucins. A Rome on a déjà confisqué leurs biens ad pias causas, et c'était très facile en effet si le pape les confisque lui-même ils sont automatiquement utilisés ad causas pias. Mais ici la cour n'a pas accepté le bref du pape, car il impliquait, d'après ce que j'ai entendu, " que les biens des jésuites devaient être utilisés ad causas pias. La cour refusant de se laisser dicter des lois, S. Sainteté a alors laissé à S. Majesté la liberté de faire ce que bon lui semblait des biens des jésuites.
La confusion règne.
On ne sait pas non plus qui héritera des églises et des écoles, etc.................
Les fous ne sont nulle part très malins ! Tout le monde vous fait des compliments, etc., etc., et je suis le vieux
Mzt
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Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Vienne 15 septembre 1773
Tu imagineras facilement que nous passons énormément de temps avec la veuve du Dr Niderl. Je me réserve de te raconter de vive voix toutes les histoires entre elle et sa soeur, son beau-frère, etc.
................ Il commence à faire assez frais ici, surtout le matin et le soir. Par ailleurs la récolte de vin, fruits et légumes est étonnamment bonne...... En Hongrie il y a un trop plein de blé mais peu de foin.
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Post-Scriptum de Mozart à sa soeur clairedelavarene.com
clairedelavarene.com
Nous sommes, Dieu soit loué, en bonne santé. Cette fois nous avons pris le temps de t'écrire, malgré nos affaires. Nous espérons que tu te portes bien également. La mort du Dr Niderl nous a fort affligés et nous t'affirmons que nous avons bien pleuré, beuglé, bramé et chialé. Nos compliments à tous les bons esprits qui louent Dieu notre Seigneur et à tous nos bons amis et amies. Nous t'assurons par la présente notre gracieuse bienveillance
Vienne, de notre résidence.
Wolfgang.
Post-Scriptum de Mozart à Heinrich W. von Heffner
A M. von Heffner.
J'espère que nous vous trouverons à Salzbourg, ami de mauvais aloi. Je pense que vous êtes en bonne santé et ne me détestez pas, sinon je serai pour vous une mouche ennemie, ou même une punaise ennemie. Je vous conseille donc de faire de meilleurs vers, sinon je ne remettrai plus de ma vie les pieds à la cathédrale de Salzbourg, car je suis bien capable d'aller à Constantinople, que tout le monde connaît. Alors, vous ne me verrez plus, et je ne vous verrai pas non plus. Mais lorsque les chevaux ont faim on leur donne de l'avoine.
Portez-vous bien Je suis maintenant,
sinon je deviendrai fou jamais et toujours
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Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Munich 14 décembre 1774
... Nous allons bien, Dieu soit loué ! En ce qui concerne Nannerl je n'ai pas encore trouvé un endroit adéquat où la loger. Sur ce point il faut faire très attention à Munich. Il y a une autre difficulté. Ici comme à Salzbourg, on ne peut donner plus de deux fois de suite un opéra pour lequel le public doit payer, il y viendrait trop peu de monde. On doit jouer d'autres opéras pendant 2 ou 3 semaines et ne le reprendre qu'après. Cela est vrai également pour les comédies et les ballets. C'est pourquoi les musiciens connaissent par coeur au moins 20 opéras qu'ils jouent en alternance et étudient entre-temps une nouvelle oeuvre. L'opéra de Wolfgang sera répété avant Noël et la première aura sans doute lieu le 29 décembre. Il se peut donc que Nannerl ne le voit pas, car lorsque le carnaval aura commencé on ne donnera que de petites opérettes faciles au petit théâtre qui sera ouvert dans la salle de la Redoute. Les gens s'y réunissent en masques, il y a un grand nombre de tables de jeu, du bruit et des conversations sous le masque. On ne peut donc rien y donner d'intelligent, personne n'y prêterait attention ........................
Nous vous embrassons bien 1 000 fois, faisons partout nos compliments, et je suis ton vieux
Mzt
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Leopold Mozart à sa femme à Salzbourg
Munich 5 janvier 1775
Nannerl est bien arrivée à Munich hier avant 2 heures de l'après-midi. Nous n'avons pu aller l'accueillir parce que M. v. Gilowsky nous avait invités chez Stürzer où l'on ne se met à table qu'à
1h 1/2..........
il J'avais toutefois envoyé le domestique de M. v. Pernat l'attendre dans le Thal, près du pont, et il la conduisit directement chez Mme v: Durst où l'attendait M. Dufresne. Nous lui avons rendu visite le soir jusqu'à 8 heures et je l'ai envoyée chercher aujourd'hui par un domestique pour qu'elle vienne prendre le café avec nous. Elle le boit en ce moment avec Wolfgang, et j'ai déjà pris mon thé. Je la renverrai ensuite chez elle car Mme v. Durst ira avec elle à l'église. Elle a d'ailleurs l'intention de la conduire chaque jour dans une nouvelle église.
M. Schulz t'aura sans doute déjà dit que l'opéra de Wolfgang ne sera donné que le 13.........
Ferme bien toutes les pièces pour qu'on ne puisse rien nous voler, lorsqu'on sort il peut facilement arriver quelque chose. Mes compliments à Mlle Mitzerl et à tous. Nous t'embrassons tous les 3 et je suis ton vieux
Mozart
pinterest.fr Post-Scriptum de Maria Anna ( Nannerl )
Je suis bien arrivée à Munich et ai été si bien soignée tout au long du voyage que je n'aurais absolument pu avoir froid. J'ai dormi dans la chambre de Mme von Robinig avec mademoiselle Louise et nous avons dîné en sa compagnie. Que maman se porte bien entre-temps, je lui baise la main et suis avec mon frère, S. D.
Votre fille obéissante
Marie- Anne Mozart
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Mozart à sa mère à Salzbourg
Dieu soit loué ! Mon opéra a été mis en scène hier, le 13, et il a eu un tel succès que je suis dans l'impossibilité de décrire à maman les applaudissements. En premier lieu le théâtre était tellement plein que bien des gens ont dû retourner chez eux. Après chaque air il y eut un vacarme effrayant d'applaudissements et de cris Viva Maestro. LL. Altesses la Princesse Electrice et la Princesse Douairière, qui étaient mes vis à vis, me dirent aussi bravo. A la fin de l'opéra, donc au moment où on fait silence avant que le ballet ne commence, ce ne furent qu'applaudissements et cris de bravo. A peine s'arrêtaient-ils que quelqu'un d'autre reprenait, et ainsi de suite. Je suis allé ensuite avec papa dans un salon par lequel devait passer le prince électeur et toute la cour. J'ai fait le baise-mains à LL. AA
Fin du Tome 1 des Lettres de Mozart à sa soeur...... mais.....
à suivre...........