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samedi 25 avril 2020

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 115 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

Chant d' oiseau LE ROSSIGNOL - YouTube
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                                                                                                                            16 Avril 1664

            Levé puis au bureau où toute la matinée on parla de la querelle au sujet des mâts de Mr Wood. A midi avec Mr Coventry au bureau de la Compagnie d'Afrique. Après un bon dîner, agréable, montai avec lui, sir William Rider, Povey l'imbécile ( c'est le sot le plus ridicule que j'aie jamais vu prétendre faire des affaires ) ainsi que Creed et Vernatty, examiner les comptes de Mr Peterborougj. Mais plus nous les scrutons plus nous voyons ce qui pose problème, ce qui nous fit lever la séance.
            Rentré à la maison, trouvai que ma femme et Bess étaient allées par le fleuve à la taverne de la Demi-Etape. Les suivit, pensant aller à Woolwich, mais il était trop tard, mangeai donc un gâteau et rentrai, puis, en voiture, allai parler à Tom Trice d'une lettre de mon cousin Scott que j'ai reçue cet après-midi, d'où il ressort qu'il refuse de représenter mon père pour le règlement de la succession de mon frère Tom. Mais il avait quitté Londres et je rentrai contrarié à la maison, puis au bureau, restai tard à lui écrire une lettre. Rentré chez moi puis, au lit.


                                                                                                                        17 avril
                                                                                                    Jour du Seigneur
            Levé. Mis mon plus beau costume de drap noir et mon manteau de velours et, avec ma femme, portant son plus bel ensemble orné d'un galon, j'allai à l'église. Cela fait neuf ou dix semaines que nous n'y sommes pas allés. C'est, en vérité, ma jalousie qui nous en a empêchés, de crainte qu'elle ne vît Pembleton. Il était là aujourd'hui, mais assis, je crois, sans pouvoir la voir, ce qui me plut fort, Dieu me vienne en aide ! quoique je sache pertinemment que tout ceci n'est, en toute raison, que folie ridicule de ma part. Rentré dîner et, après avoir hésité longtemps à aller à Woolwich voir Mr Falconer, mais, à dire vrai, c'était pour empêcher ma femme d'aller à l'église où prêcha un jeune sot, je dormis profondément pendant tout le sermon. Puis ma femme et moi allâmes chez sir William Penn. Nous avons devisé avec lui et sa fille. Ensuite, ma femme alla à pied chez mon oncle Wight où elle soupa avec force gaieté. Suis fâché de voir quelles dépenses la vanité de ma tante fait supporter à son mari pour recevoir ses parents à elle, mais rien du tout pour recevoir les nôtres. A la maison et, au lit.
            Notre pasteur, Mr Milles, fit une erreur remarquable en lisant la liturgie. Au lieu de dire :
" Nous te supplions de nous garder les fruits de la terre que nous donne ta bonté ", il s'écria :
" Garde-nous notre gracieuse reine Catherine. "


                                                                                                                           18 avril

            Levé, en voiture à Westminster où intriguai de nouveau pour l'affaire de William Joyce. En parlai au duc d'York, qui comprit très bien. Rencontrai ensuite milady Petre à l'extérieur de la Chambre et tentai de l'apaiser. Mais elle me dit qu'elle ne ferait rien pour qu'il soit relaxé, pas même pour échapper à l'enfer, mais qu'elle se vengerait toute sa vie, dût-elle vivre aussi longtemps que Mathusalem.
            Je me fis beaucoup d'amis, les autres aussi. Enfin les Lords ordonnèrent qu'il fût référé à la Commission des Privilèges. Ensuite, après m'être entretenu avec les Joyce, partis en voiture vers la Bourse où, entre autres, j'apprends qu'un juif propose une police d'assurance à 4 % pour se garantir contre une guerre avec la Hollande pendant quatre mois. J'avais envie d'accepter cette offre, mais cependant prendrai d'abord conseil. A cette fin pris une voiture pour St James, mais Mr Coventry était sorti. Puis à Westminster, où Mrs Lane était sortie, ce qui fit échouer mon projet de passer l'après-midi avec elle. Et donc, rencontrant Mr Blagrave l'accompagnai chez lui où il chanta avec sa parente, mais cela me déplut, car il chantait très mal, à mon avis, ou alors je suis devenu plus difficile à contenter. Retournai au palais de Westminster. Après avoir rencontré et parlé à plusieurs personnes, allai chez Mrs Hunt, où je savais ma femme et ma tante Wight pour affaires. Comme elles étaient sorties se promener dans le parc, je partis à leur recherche avec Mrs Hunt qui était restée chez elle à m'attendre. Les ayant trouvées les emmenai toutes en voiture, que j'avais fait attendre, à Hyde Park, où je ne suis pas allé depuis l'année dernière et vis là le roi en perruque, cela ne le change pas. Et milady Castlemaine venue seule en carrosse, vêtue d'un satin jaune et portant une modestie. Et nombre de personnes élégantes. Et moi dans un fiacre plein de gens, avais honte d'être vu par le beau monde, car beaucoup me reconnaissaient.
            Rentré le soir à la maison, déposant ma tante chez elle, puis fîmes venir un rôti pour souper. Ensuite au bureau jusqu'à onze heures du soir. Rentré chez moi puis, au lit.


                                                                                                                      19 avril
passion-nature.net
Le Rossignol Philomèle - Passion Nature            Levé, puis à St James. Traitai longtemps avec Mr Coventry, Povey, etc. des comptes de Tanger, mais la sottise de ce freluquet de Povey était telle que nous ne pûmes guère avancer. Prîmes donc congé pour l'instant, et moi de marcher avec Creed et Vernatz dans le jardin botanique du parc St James où je vis pour la première fois des orangers et d'autres beaux arbres. Ensuite au palais de Westminster et par le fleuve au quartier du Temple, puis à pied à la Bourse que je trouve pleine de nouvelles provenant de Guinée. Certains disent que les Hollandais ont coulé nos navires et pris notre fort, d'autres que c'est nous qui leur avons fait subir ce sort. Mais nos marchands me laissent entendre qu'il s'est passé quelque chose, mais ils le tiennent encore secret.
            Rentré dîner puis au bureau, soirée avec le capitaine Taylor à réfléchir pour savoir comment obtenir un peu d'argent en lui louant l''lias pour aller chercher des mâts en Nouvelle Angleterre.
            A la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                     20 avril 1664

            Levé, en voiture à Westminster à me démener toute la matinée pour l'affaire de William Joyce. Rencontré Mr Coventry dans la Grand-Salle. Il me dit que la commission du commerce a maintenant reçu tous les griefs des négociants contre les Hollandais et qu'elle a résolu de rendre compte très précisément de tous les torts qu'ils nous ont faits. Pourtant, Dieu sait que c'est notre négligence et notre paresse qui nous ont porté tort. Cela aura lieu demain au Parlement.
            Je sortis de la Grand-Salle et allai avec Mrs Lane chez Mr Herbert, à l'enseigne du Cygne dans la cour du Palais pour essayer deux tours de cou. Bien que j'aie eu envie de folâtrer avec elle, ne restai, à dessein, que peu de temps, gardai la porte ouverte et appelai le maître et la maîtresse de la maison, l'un après l'autre, pour venir boire et deviser avec moi, et leur montrai mes vieux tours de cou et les nouveaux. Comme je ne fis rien, ils pourront donc témoigner que je n'ai pas eu l'occasion d'y rien faire.
            Rentré en voiture avec sir William Penn, m'arrêtai dans le quartier du Temple pour me procurer des psaumes de Lawes. Je ne les ai pas achetés, c'eût été contre ma résolution. J'ai seulement déposé des arrhes en attendant que l'on me relie mieux d'autres partitions. D'ici là j'espère encaisser de l'argent par une traite du trésorier général de la Marine. Cela me permettra alors d'acheter cette musique sans manquer à ma parole.
            Rentré dîner, passé tout l'après-midi à une réunion de la Caisse des Invalides. Le soir visite de ma tante et mon oncle Wight ainsi que Nan Ferrers. Soupâmes joyeusement. Mon oncle arriva une heure après les autres convives, presque saoul. Pris grand plaisir à leur conversation. Après leur départ, au lit, fort tard.


                                                                                                                              21 avril

            Levé assez tôt, puis au bureau où arriva bientôt Mr Vernatz. Il resta deux heures, mais Mr Gauden ne vint pas, il prit donc congé pensant nous revoir bientôt. Vint ensuite Mr Creed et après une conversation, allâmes en voiture avec ma femme au palais de Westminster. Je la déposai chez Unthank son tailleur. Appris à la Chambre des lords que s'il fait à genoux sa soumission, à la Chambre ainsi qu'à Mrs Petre, William Joyce sera relâché. Je lui ai aussitôt dit de se soumettre et de demander grâce à genoux. Ce qu'il fit auprès de plusieurs lords. Mais milady ne voulut en entendre parler, mais jura qu'elle mettrait les lords au pilori pour que le monde sût que le roi avait des lords pitoyables, que la vengeance lui était plus douce que le miel et qu'elle ne serait satisfaite que s'il était mis au pilori et alors demandait grâce. Mais je crois que les lords ont honte d'elle.
            Partis ensuite avec ma femme me renseigner dans un ou deux endroits au sujet de deux servantes qu'on nous avait recommandées. Mais nous trouvons que ni l'une ni l'autre ne convient. Déposai donc ma femme chez mon oncle Wight, rentrai chez moi et allai aussitôt à la Bourse où traitai quelques affaires. Ensuite chez mon oncle, très bon dîner, puis au bureau réunion tout l'après-midi. Mais à peine étions-nous installés que nous apprenions que milady Sandwich était venue nous voir. Je sortis donc et accourus, son amie, cependant, me précédant. Je m'aperçois alors, d'après la rougeur apparue sur le visage de ma chère lady, que dans ma salle à manger, elle était en train de faire quelque chose sur le pot. J'en fus également honteux et me mis donc à deviser mais sans plaisir, par compassion pour milady. Elle me dit, et j'en ai eu depuis confirmation, qu'aujourd'hui le Parlement a voté pour demander au roi d'exiger des Hollandais réparation des torts qu'ils nous causent. Les membres du Parlement se sont engagés à soutenir le roi, de leur vie et de leurs biens, C'est un vote qui a rallié beaucoup de voix, plus que je n'attendais. Dieu seul sait ce qu'il en résultera.
            Comme ma femme n'était pas à la maison, milady ne resta pas mais, pauvre chère femme, elle partit. Enchanté de sa bonne visite. Puis au bureau tout l'après-midi jusqu'à une heure tardive, ensuite à mon bureau, souper et, au lit, avec l'intention de me lever tôt demain.


                                                                                                                        22 avril
                                                                                                                               pinterest.fr
Mainate religieux - Gracula religiosa            Comme j'en avais donné l'ordre hier soir on m'appela avant 4 heures ce matin. Il faisait grand jour, assez pour m'habiller, allai donc par le fleuve, contre la marée, par temps assez frais, à Greenwich puis, bien qu'il y eût un peu de brouillard jusqu'à ce que le soleil fût assez haut, allai à pied, avec grand plaisir, à Woolwich, m'arrêtant plusieurs fois, en chemin, pour écouter les rossignols chanter.
            Fort à faire à la corderie, à l'arsenal et au ras. Je découvris une fraude évidente commise par Mr Acworth, que je dénoncerai en temps voulu. Ensuite, après avoir rendu visite à Mr Falconer, encore malade mais espère se remettre, j'allai à pied à Greenwich, en compagnie de Mr Deane. Très intéressante conversation. Je pense que c'est un homme juste, mais un peu prétentieux et pourtant très capable à sa manière. Il revint également en ville avec moi par le fleuve.
            Rentré chez moi, m'habillai aussitôt et allai en voiture avec ma femme chez milord Sandwich. Mais comme ils avaient dîné nous ne voulûmes pas descendre. Allâmes donc chez Mrs Turner où nous eûmes quelque chose à manger. Puis, après lecture d'une partie d'une bonne pièce, Mrs Theophilia, ma femme et moi allâmes dans leur voiture à Hyde Park où se trouvaient de fort nombreux galants. Ce fut très agréable, hormis la poussière. Je vis Mrs Bendy, qui fut la jolie fille de lady Spelman et qui continue d'être très belle. vis beaucoup d'autres personnes, à ma grande satisfaction. Retournai chez Mrs Taylor, pris une voiture et rentrai. Je les emmenai aussi au parc St James pour leur montrer le jardin botanique. Au bureau pendant que se préparait le souper, puis à la maison, souper, au lit.


                                                                                                                    23 avril 1664
                                                                              Anniversaire du Couronnement
            Levé. Après avoir travaillé au bureau, comme vraisemblablement aucune réunion n'aurait lieu, puisque c'était un jour férié, j'allai par le fleuve chez sir William Warren malade depuis quelque temps. Parlai longuement avec lui, agréable conversation, particulièrement au sujet des filouteries de sir William Batten et des médisances de son fils Castle à mon sujet, derrière mon dos, m'accusant de favoriser mes camarades de félonie, mais je lui ferai bonne figure. Rentré à la maison, puis à la Bourse où rencontrai Mr Coventry. Il ne parle plus maintenant que d'une guerre avec les Hollandais car, semble-t-il, les Lords ont approuvé le vote des Communes sur ce point, donc on en fera part au roi la semaine prochaine. A tel point qu'il souhaite nous faire vérifier quelles provisions nous manquent et acheter ce que nous pouvons. Rentré dîner. Ma femme et moi très inquiets au sujet de l'argent que j'ai remis entre les mains de milord Sandwich, de crainte qu'il ne se fasse tuer en mer. Mais j'en reprendrai autant que possible
            Tout l'après-midi, souffrant, à mon bureau, fort affairé, toujours préoccupé par l'éventualité d'une guerre et par mon argent.
            Le soir, à la maison, souper, au lit.


                                                                                                                             24 avril
                                                                                                    Jour du Seigneur                   
            Levé, toute la matinée dans mon cabinet de travail à mettre de l'ordre dans mes papiers privés, car, je crois que maintenant, les affaires publiques me prennent tellement de temps, que je dois trouver le temps le dimanche ou le soir de m'occuper de mes propres affaires.
            Dîner, passai tout l'après-midi à deviser avec ma femme. Le soir, quelque temps au bureau, à la maison, souper, au lit.


                                                                                                                              25 avril

            Levé. Avec sir William Penn en voiture à St James. Montâmes voir le Duc et, lorsqu'il fut prêt, à son cabinet de travail. Nous avons surtout parlé d'une guerre avec la Hollande. Nous avons bel et bien discuté des préparatifs de guerre. Le Duc parle d'établir une bonne discipline dans la flotte, ce qui me donne bon espoir.
            Dans les appartements du Duc se trouve un oiseau, cadeau de Mr Pearse, chirurgien, provenant des Indes orientales, dont la plus grande partie du corps est noire, avec un très joli collier blanc. Il dit beaucoup de choses, hennit comme un cheval, et sait faire d'autres choses encore. C'est presque l'oiseau le plus extraordinaire que j'aie jamais entendu.
            Descendis ensuite avec Mr Coventry et sir William Rider qui était là pour nous entretenir des comptes de milord Peterborough.....
           Traversai le parc à pied et allai avec lui et Rider, dans la voiture de Mr Cutler, jusqu'au Strand, puis à pied jusque chez milord Sandwich où, comme convenu, je retrouvai ma femme et dînai avec les jeunes demoiselles. Milady étant souffrante gardait la chambre. Conversation très ordinaire à table entre les demoiselles.
            Après dîner me promenai dans le jardin en parlant avec Mr Moore de l'affaire de milord. Il me dit que milord s'endette de plus en plus chaque jour et ne se soucie guère de s'en sortir. Il me conta que milord paie maintenant plus de 9 000 livres d'intérêt, c'est bien triste, étant donné en particulier, qu'il risque de prendre la mer au péril de sa vie, et qu'il faut pourvoir aux besoins de ses enfants, et ils sont nombreux.
            Ensuite, comme les jeunes demoiselles sortaient pour aller en visite, j'emmenai ma femme en voiture et traversai la Cité, devisant sur la façon de passer l'après-midi, et dominai, à grand-peine, le désir que j'avais d'aller au théâtre. Mais je l'emmenai à Whitechapel et à Bethnal Green, puis à Hackney ou je ne suis pas allé depuis de nombreuses années, depuis que j'y fus en pension durant mon enfance. Ensuite à Kingsland près de chez ma nourrice, la mère Lawrence, qui me gardait ainsi que mon frère Tom, lorsque j'étais petit. Puis à Newington Green vis la façade de la maison où vivait Mrs Herbert ainsi que ma tante Ellen. Mais, Seigneur ! comme je me surprends à surestimer tout ce qui a trait à mon enfance ! Puis à Islington, et dans St John's Street, au Taureau Rouge où vis la fin d'un combat d'escrime acharné, mais avec assez de plaisir. Revins ensuite à Islington, et à la taverne de la Tête du Roi, où vivait Pitts, nous descendons manger et boire en souvenir du bon vieux temps. Traversant de nouveau Kingsland, allâmes à Bishopsgate, puis rentrai à la maison avec grand plaisir, la campagne était fort agréable. Rentrâmes très satisfaits à la maison. Après souper, au lit. Mais j'étais un peu ennuyé que les jeunes demoiselles aient ainsi quitté ma femme aujourd'hui, craignant, d'après certaines remarques, que milady ne fût offensée. Mais j'espère pour le mieux.


                                                                                                                          26 avril

            Levé puis chez milord Sandwich. Comme j'arrivai un peu en avance j'allai voir William Joyce et bientôt arriva Anthony, tous deux témoignant d'une très grande reconnaissance pour la sollicitude que j'ai eue à leur égard dans leur récente affaire. A dire vrai, j'ai fait ce que j'ai pu et pourtant je ne pouvais faire moins. Cela coûte plus de 40 livres à ce pauvre homme, outre le fait qu'il va vraisemblablement perdre sa créance. Ensuite chez milord, il descend aussitôt, et j'allai avec lui, et Creed, dans son carrosse jusqu'à St James, parlant de l'affaire William Joyce. Milord très gai, milady Petre, dit-il, est une traînée qui se saoule, car il l'a déjà vue ivre dans l'entrée de leur maison.
            Je montai avec lui voir le Duc, et il me semble que le Duc ne lui montra pas autant d'affection que d'habitude. Et il me semble que milord n'aimait pas que je voie le Duc ne pas faire plus grand cas de lui, non pas que j'aie connaissance d'aucune malveillance de sa part, mais je pense qu'en vérité il n'est plus si haut dans son estime.
            Sur ces entrefaites, le Duc sortit et nous traversâmes le parc avec lui. Je le laissai ensuite aller à Whitehall, tandis que Creed et moi nous promenâmes dans le parc, promenade agréable à observer les oiseaux, ce qui est très plaisant. Ensuite à pied à la " nouvelle " Bourse, où mangeai un plat très raffiné de caille et de crème, et conversai avec la brave femme de cette maison, femme avisée et bien élevée, et endroit délicieux. Je veillerai de temps à autre à y venir.
            Puis montai, après un ou deux tours à la Bourse, rentrai en voiture à l'ancienne Bourse, où il y a grand bruit au sujet d'étranges feux observés dans le ciel, non seulement à Amsterdam, mais aussi en d'autres endroits proches, ce qui est vrai, à en juger par le contenu de lettres.
            On parle moins d'une guerre avec la Hollande, je crains pourtant qu'elle n'éclate enfin. Rentré, puis au bureau où fûmes en réunion fort tard.
            Ma femme assista cet après-midi à l'enterrement de ma cousine Scott, brave femme. Il est triste de penser que la famille Pepys décline et que presque personne, que je sache, n'oeuvre actuellement pour l'agrandir. Ce soir tard au bureau, à la maison auprès de ma femme souper et, au lit.


                                                                                                                          27 avril
jardinage.lemonde.fr
La Huppe fasciée arpente les pelouses des parcs et des jardins            Levé, puis fort affairé toute la matinée avec une multitude de clients, jusqu'à ce que je commence à en avoir la tête farcie. Vers midi pris une voiture jusqu'à la porte du Parlement, attendis la fin de la séance pour discuter avec sir George Carteret et Mr Coventry de goudron que je tente d'acheter, car le marché se met rapidement à la hausse. Je serais heureux, d'abord de bien servir le roi, et ensuite, si je le puis, je commence maintenant à calculer comment gagner des sous. Rentrai en compagnie de l'échevin Backwell dans sa voiture. D'après lui les Hollandais ne vont pas abandonner cette affaire sans nous causer l'embarras d'équiper une flotte, et ensuite, s'ils voient que nous nous en sortons bien, ils chercheront à calmer le jeu. A la Bourse affairé.
            Rentré dîner à la maison, puis au bureau travail jusqu'à ce que j'en aie la tête près d'éclater. Ensuite en voiture avec ma femme, je l'envoyai auprès de milady Sandwich et me rendis au cabinet de mon cousin Roger Pepys. Il me conseilla au sujet de notre affaire de l’Échiquier, et aussi au sujet de mon frère John. Mon père l'a chargé d'intercéder pour lui, mais je ne veux, ni ne puis, en conscience, sembler lui pardonner le moins du monde. Nous avons cependant parlé de lui obtenir un mandat royal pour un poste de " fellow ", et je vais m'y employer.
             De retour chez milady, rencontrai en chemin Mr Sanchy de Cambridge, que je n'avais pas vu depuis longtemps. Il semble être un " fellow " ordinaire, et me dit que leur grand maître, de Dr Rainbowe, vient d'être nommé évêque de Carlisle.
            Chez milady, mais elle était souffrante ne la vis donc pas. Rentré directement à la maison avec ma femme, puis tard au bureau à terminer l'affaire des mâts de Wood, c'est maintenant réglé. Je crois m'y être donné plus de mal qu'aucun officier supérieur ne s'en est jamais donné dans ce monde, sans en tirer aucun profit jusqu'à ce jour.
            Rentré las, ayant sommeil et faim puis, au lit.
            Ce jour le Parlement a présenté au roi ses résolutions concernant l'affaire des Hollandais. Il les remercia et promit de leur répondre par écrit.


                                                                                                                       28 avril 1664

            Levé puis à mon bureau sans relâche toute la matinée. A midi à la Bourse, affairé, puis rentré dîner. Après-midi au bureau jusqu'au soir. Rentré tard chez moi, très fatigué de ce travail et sans aucune joie intérieure, si ce n'est que je suis, par la grâce de Dieu, capable de m'en sortir et que j'espère en tirer profit une jour. A la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                         29 avril

            Levé tôt, puis à Whitehall avec sir William Rider et Cutler. Allai avec Rider à St James où Mr Coventry corrigea avec rigueur les sottises commises par Mr Povey dans les comptes de milord Peterborough, ce qui l'atteindra au vif. Je m'en réjouis, car c'est l'homme le plus difficile à supporter et le plus impertinent que j'aie jamais rencontré. Ensuite à la Bourse. Après avoir traité quelques affaires rentré dîner chez moi où Llewellyn et Mount dînèrent en ma compagnie. Après dîner allai avec ma femme, en voiture, voir milady Sandwich. Tous les enfants et milord sont partis et nous trouvons la maison si triste que j'ai d'abord cru milady morte puisque je savais qu'elle était souffrante. Il me semble qu'elle a la rougeole, et aussi je le crains, la petite vérole. La pauvre, cela m'attriste fort, car cela sera une heure bien sombre pour cette famille si elle a une fausse couche.
            Rentré directement à la maison, puis au bureau. Dans la soirée Mr Hill, le négociant, vint accompagné d'un homme qui chante bien. Nous avons chanté quelques morceaux. C'était, me semble-t-il de la bonne musique, mais j'avais l'esprit trop occupé par le travail pour y prendre grand plaisir. Mais je recommencerai. Après leur départ et avoir payé Mr Moxon pour le travail accompli pour le bureau, sur les globes du roi, allai au bureau jusque tard, m'occuper des factures du capitaine Taylor pour ses mâts dont, je crois, je n'arriverai jamais à me débarrasser. A la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                           30 avril

            Levé puis toute la matinée au bureau. A midi à la Bourse. Après avoir traité des affaires, sir William Rider et Cutler m'emmenèrent à la taverne du Vieux Jacques, où ils m'offrirent un bon plat de maquereau, le premier de l'année, très bon, conversation agréable. Après dîner en vînmes à leur affaire de contrat de goudron. Pour cette affaire, ainsi que pour l'affaire de la toile de sir William Rider, où je l'ai persuadé de contracter avec moi, je leur propose, contre leur gré, des conditions servant les intérêts du roi. J'espère qu'on m'en saura gré.
            Rentré chez moi. Descendis en yole jusqu'à Woolwich où passai un bon moment avec Mr Pett à bord du nouveau navire, à m'entretenir et à m'instruire en sa compagnie. Puis allai, avec Mr Deane voir Falconer que je trouve en assez bonne santé.
            Allai ensuite jusqu'au fleuve, après un long entretien, à ma grande satisfaction, avec Mr Deane. Rentré tard chez moi, puis au bureau. Écrivis à mon père, entre autres, au sujet du mécontentement que je nourris toujours envers mon frère John, de sorte que je ne lui donnerai rien de plus de ma propre bourse. Cela va chagriner ce pauvre homme, je trouve pourtant qu'il convient de tenir compte du comportement désobligeant de mon frère à mon égard. Rentré à la maison et m'occupai de mes comptes mensuels jusqu'à minuit. J'ai tout juste réussi à ne pas dépasser les limites de mon budget, car ce fut un mois de dépenses.
            Mes gens étant tous au lit, j'allai au lit en ayant beaucoup sommeil.
____________
j
            Toutes les nouvelles maintenant concernent l'issue de l'affaire hollandaise. Guerre ou Paix. Nous semblons tous la désirer, car nous croyons actuellement leur être supérieurs. Pour ma part je la redoute. Le Parlement promet d'apporter au roi un soutien en hommes et en argent. Il reçoit cette promesse avec reconnaissance et promet d'exiger réparation des Hollandais.
            Ma pauvre lady Sandwich a la rougeole depuis trois jours.
            L'affaire de milord Digby est étouffée, il n'en ressort rien, il est parti et l'on n'en parle plus.
            Jamais de toute ma vie cela n'a été plus calme à la maison. Il n'y a que ma femme, moi, Bess et la petite Susan, les meilleures servantes que nous puissions espérer avoir, à notre grande satisfaction.


                                                               à suivre...........

                                                                                                                   1er Mai 1664

            Grasse..........



dimanche 31 décembre 2017

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 83 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                              Décembre

                                                                                      1er Décembre 1662

            Levé et en voiture avec sir John Mennes et sir William Batten à Whitehall, dans la chambre du Duc où celui-ci parachevait sa toilette. Nous nous rendîmes, ainsi que milord Sandwich, alors dans son cabinet parler des affaires de la Marine. Mr Coventry eut là la très grande bonté à mon égard de parler au Duc de la peine que j'avais eue à faire un recueil de tous les contrats pour les mâts, recueil bien utile. De là chez milord Sandwich avec Mr Moore parler affaires. Ensuite, traversant le parc, vis pour la première fois, car il gelait à pierre-fendre, des gens faire des glissades sur leurs patins. C'est un art très élégant. Me rendis aux appartements de Mr Coventry, au palais St James, où on nous servit un pâté de chevreuil et nous fûmes fort gais. Nous plaisantâmes le major Norwood d'avoir livré Dunkerque.
            Restâmes 3 ou 4 heures puis à la chambre du Conseil où se réunirent le du d'York, le prince Rupert et d'autres comme membres de la Commission de Tanger. Mr Creed, futur secrétaire, nous lut notre commission et nous nous mîmes à discuter les questions telles que, pour commencer, la fourniture immédiate de vivres puis leur diminution afin de fournir l'argent qui, en conséquence, servira à construire la jetée. D'autres questions seront à l'ordre du jour de la prochaine réunion.
            Cela fait j'allai au Cockpit où il y avait foule et longue attente. Je vis jouer Le vaillant Cid, pièce que j'ai lue avec délectation, mais jouée est fort ennuyeuse, car il n'y a point là de plaisir, bien que jouée par Betterton, ma chère Ianthe et une autre belle personne qui remplace Roxalana. Ni le roi, ni la reine n'ont souri une seule fois de toute la représentation, et personne n'a paru trouver d'autre plaisir que celui que procuraient le haut rang et l'élégance de l'assistance
.            Puis chez milord, mais je ne restai pas, Mr Moore étant couché, et rentrai à pied avec un porteur de torche. J'arrivai à minuit, réveillai mon petit laquais et me mis au lit.


                                                                                             2 Décembre

            Avant mon départ pour le bureau eus une nouvelle querelle avec ma femme au sujet de Sarah pour qui elle a une haine mortelle, je ne sais pour quelle raison, et qui me paraît une excellente servante. Puis réunion au bureau toute la matinée, puis dînai avec ma femme, à la maison, et après dîner fis très sérieusement la leçon à Jane, avant de la prendre comme femme de chambre. Je le lui dis de telle façon que la pauvre fille pleura et promit d'être dévouée et soigneuse. Puis au bureau où nous avons siégé en réunion de la commission de la Caisse. La séance levée, je restai tard à mon bureau à préparer des affaires, puis à la maison, ayant froid. Ce soir pour la première fois j'ai mis un gilet. Et au lit.

                                                                                                 3 Décembre        pinterest.com
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            Appelé par le commissaire Pett et allons par le fleuve, bien malgré moi à Deptford, après avoir pris une boisson du matin chaude, fûmes occupés avec Mr Wood et nos officiers toute la matinée à mesurer ses mâts de la Nouvelle-Angleterre, ce que je vis avec grande satisfaction tout en m'instruisant, bien que je voie grande négligence et indifférence chez les officiers du roi.
            Cela fait dînai au Globe avec Mr Wood, puis rentrai par le fleuve avec Mr Pett, lisant pendant tout le trajet ses comptes pour la Caisse. J'ai vu des choses qui ne me plaisent point, par exemple, qu'il s'accorde 300 livres pour s'être occupé pendant une certaine année de la Caisse et 150 livres par an les autres années. Je ne le lui ai pas reproché directement, mais le ferai quand ils seront lus au Conseil.
         Nous nous arrêtâmes aussi à Limehouse pour voir deux bûches en construction, c'est là une chose à laquelle nous attachons grand prix. Nous voulions voir leur gabarit, qui est de 50 pieds à la quille et ils jaugent environ 60 tonneaux.
            Rentré et travaillai un peu, puis, prenant Mr Pett en chemin à pied jusqu'au Temple, voyons passer des carrosses de l'ambassadeur de Russie, les laquais non point en livrée mais en costume de leur pays, l'un d'une couleur, l'autre d'une autre. C'était fort étrange.
            Au Temple parlai avec Mr Turner et Calthrope, puis rentrai à pied, souffrant un peu à cause du froid que j'ai pris aujourd'hui sur le fleuve, ce qui m'inquiète.
            A mon bureau travaillai un bon moment, puis rentrai et pris un posset ( boisson ), puis au lit.   


                                                                                                        4 Décembre

            Réglai des affaires au bureau toute la matinée, et de nouveau après dîner jusqu'au soir, puis rentrai examiner mon dossier de Brampton pour demain. Nous devons nous rencontrer avec nos avocats en vue d'un arbitrage, ce qui m'a occupé très tard. Et, au lit.


                                                                                                        5 Décembre 1662

            Levé, il y a de la neige et il gèle à pierre-fendre. J'appelai Sarah qui part aujourd'hui ou demain. Je lui payai ses gages et lui donnai 10 shillings moi-même et à ma femme 5 shillings pour qu'elle les lui remît. Pour ma part, je pense que jamais servante et maîtresse ne se sont séparées pour d'aussi sottes raisons. Tout simplement parce que ma femme pense qu'elle est désagréable, pour tout le reste c'est une bonne servante. Cette fille pleura et j'étais prêt à pleurer moi aussi, mais pour avoir la paix je consens qu'elle parte, et d'autant plus, quoique je n'en dise rien, que c'est Jane qui va sans doute la remplacer. 
            Ensuite, allai à pied, vers l'Hôtel de Ville où j'étais convoqué par les commissaires de la lieutenance, mais ils ne siégeaient pas ce matin-là. Rencontrant en chemin Will Swan je l'emmenai dans une maison voisine et lui donnai une boisson du matin de bière au beurre. Il continue à me raconter nombre de ses histoires de fanatique fieffé gredin. Mais j'agis ainsi pour le faire parler pour savoir ce que lui et son parti pensent. Je vois qu'ils sont convaincus que Dieu ne va bénir ni la Cour ni l'Eglise telles qu'elles sont établies, mais qu'elles doivent être purifiées. La plus mauvaise nouvelle est la mort de Mr Chetwind, mon vieil et intelligent ami. Il a laissé 3 000 livres en mourant, ce que je n'aurais pas cru, tant il a toujours vécu richement et élégamment. Il a légué à la femme de Symons 300 livres et a fait de Will un de ses exécuteurs testamentaires.
            De là au Temple voir mon avocat puis à Grey's Inn pour rencontrer Mr Cole, mais ce ne fut pas possible, je fis donc un tour de promenade dans le jardin que la neige et le gel rendaient fort agréable. De là chez mon frère où je mangeai quelque chose pour dîner et fis quelques copies de l'état préparé hier soir des propriétés de mon oncle. Puis à l'église du Temple où je me promenai tout seul jusqu'à 4 ou 5 heures, et au cabinet de mon cousin Turner, et restai allant et venant entre celui-ci et les cabinets de Calthrope et de Bernard jusque si tard que, comme Mr Cole n'arrivait pas nous renonçâmes à notre réunion. Emmenai en voiture mon oncle Thomas à sa maison, parlant de notre désir de faire la paix, je le déposai à l'extrémité de Gracious Street. Et à la maison où je trouve Gosnell arrivée. Ma femme me dit qu'elle a tout l'air d'une bonne dame de compagnie, ce dont je me réjouis. Et à mon bureau, je travaillai un peu, et rentrai, extraordinairement tracassé et soucieux pour mon père, car il semble tout à fait possible que mon oncle réussira à obtenir la plus grande partie des propriétés. Mais dans la soirée je chasse ces pensées pour me divertir avec ma femme et grâce à Gosnell. Elle chante extrêmement bien et j'aurai bien grand agrément de sa présence. Puis joyeusement au lit.


                                                                                                                    6 Décembre

            Levé et réunion au bureau toute la matinée. Seul avec Mr Coventry, les autres occupés à payer la solde des équipages et désarmer les navires. Dînai à la maison avec ma femme et Gosnell, très content d'elle. Restai avec elles un bon moment jusqu'à ce que ma femme parût remarquer que j'étais maintenant davantage à la maison que je ne l'étais en d'autres moments. J'allai au bureau travailler jusque tard et à 9 heures allai à pied chez Mr Rawlinson pensant trouver mon oncle Wight. Il y était mais aussi quantité de parentes de sa femme et je ne sais qui. Mr Rawlinson me parut fort bien remarqué que sa femme le mène par le bout du nez. Je repartis pour mon bureau et ayant fait mon travail je rentrai. Et après une chanson de Gosnell, nous fûmes au lit.


                                                                                                                    7 Décembre
        pinterest.com                                                                                            Jour du Seigneur
Résultat de recherche d'images pour "patinage 18è siècle peinture"            Beaucoup de neige. A l'église ce matin avec ma femme ( c'est la 1è fois depuis son séjour à Brampton ) et Gosnell l'accompagnait, ce qui était fort gracieux à voir. Puis de retour nous dînâmes en haut dans la salle à manger pour la première fois depuis qu'elle a été restaurée. Dans l'après-midi je pensais aller à l'église française, mais trouvant les paroissiens hollandais et le sermon pour les paroissiens français commencé en hollandais, je revins à la maison et allai dans notre tribune où je trouvai ma femme et Gosnell et après un sermon somnolent nous allâmes tous trois chez ma tante Wight, où il y avait abondance de sa compagnie habituelle. Nous restâmes assez longtemps à causer, et je me trouvai en désaccord, comme d'ordinaire, avec ma tante, sur la beauté de la reine, ce que je conteste vigoureusement, disant que si j'ai un beau nez alors le sien est beau, et ainsi de suite. Et après une longue conversation, voyant la salle pleine et peu désireux que nous restions tous les trois, je pris congé, et avec seulement ma femme, j'allai voir sir William Penn qui a maintenant quitté son lit et se tient assis au coin du feu. Après quelques propos, à la maison, souper et après la prière, au lit.
Ce soir est venu le frère de ma femme. Il a parlé à ma femme et à Gosnell de sa femme. Elles m'en parlèrent ensuite, et je subodore que, je le crains, il se trompe croyant avoir trouvé une riche épouse, et je redoute qu'elle ne se réveille autre. Et au lit.


                                                                                                              8 Décembre

            Levé et emmenant Gosnell en voiture je la déposai à Temple Bar, où elle avait des affaires personnelles à régler aujourd'hui. En chemin elle me dit que Balty lui avait raconté que ma femme      allait chaque jour de la semaine à la Cour et au théâtre et qu'elle serait libre de sortir autant qu'elle le voudrait, et quantité d'autres choses fausses, ce qui me contrarie, et je crains que cette fille ne soit venue dans cette espérance, ce qui me tracasse.
            Puis allai voir le Duc et Mr Coventry, seul, les autres étant occupés à la paie et ailleurs. Avec seul Mr Coventry j'ai relu notre lettre à milord le trésorier, qui est maintenant, aussi bien qu'elle peut l'être. Puis chez milord Sandwich où j'ai fait les comptes de milord avec  Mr Moore, puis dînai avec lui et Battersby son ami, fort bien et gaiement et bonne conversation. Puis au parc voir les gens glisser avec leurs patins, ce qui est un joli spectacle, puis chez le Duc où la commission de Tanger se réunissait. Là, tous assis autour d'une table nous avons eu une bonne discussion sur cette affaire, à ma grande satisfaction. Cela terminé et apprenant le titre de la pièce jouée ce soir devant le roi, je ne voulus pas rester et revins en voiture à la maison, où je trouvai ma femme tourmentée parce que Gosnell vient dire que son oncle, le juge Jegon, exige qu'elle vienne chez lui trois fois par semaine pour s'occuper d'une affaire à elle confiée par sa mère, et qui si on ne lui donne pas ce temps de libre il ne lui permettra de prendre aucune place, ce qui nous tourmente tous les deux, mais nous n'y pouvons rien. Et, comme je crois que c'est une intervention providentielle de Dieu pour m'empêcher de dépenser plus que je ne puis me le permettre, je n'en suis pas mécontent et ferai partager ce sentiment à ma femme, je sais qu'elle y prêtera attention, la pauvre, bien que pour tout de bon la solitude de son existence ne puisse pas ne pas lui peser. Je fis donc chanter Gosnell et nous restâmes à regarder le livre de danses jusqu'à minuit, sans remarquer que le temps passait. Et la prière et, au lit.


                                                                                                           9 Décembre

            Restai longtemps couché avec ma femme, à la faire s'accommoder du départ de Gosnell, et je vois qu'elle s'en accommodera comme moi. Au bureau en réunion toute la matinée, espérais dîner avec Mr Coventry, mais il se trouva forcé de se rendre à Whitehall. Je dînai donc tout seul, emmenant Mr Hayter à la maison, mais lui, le pauvre, n'était pas très bien et ne put rien manger. Je restai chez moi tout l'après-midi, contrarié par le départ cet après-midi de Sarah, qui pleurait à chaudes larmes, ce dont j'étais bien prêt moi aussi, et Jane aussi. Et puis bientôt ce fut le départ de Gosnell, ce qui m'affligea aussi, quoique, pour bien des raisons, il vaille mieux que je sois exempt de cette dépense. Tout cela me fait paraître ma maison bien solitaire, ce qui m'afflige beaucoup, et c'est d'humeur mélancolique que je partis pour le bureau, où je restai travailler jusqu'à ce que je fusse appelé par sir George Carteret au bureau du Trésor à propos de la lettre de milord le trésorier, qu'à cause de lui je dois me donner à nouveau le mal de réécrire entièrement. Rentrai et tard au bureau avec sir John Mennes examinai les comptes de Mr Creed. Rentrai souper; et ma femme et moi allâmes mélancoliquement nous coucher.


                                                                                                       10 Décembre
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Image associée            Me levai ce matin recevant un message de sir George Carteret et une lettre de Mr Coventry, l'une contredisant l'autre, au sujet de notre lettre à milord le trésorier, ce qui me tracasse, mais j'allai voir sir George Carteret et désirant satisfaire l'un et l'autre je crois que j'en ai trouvé le moyen. Revins au bureau avec sir George Mennes dans sa voiture, mais il y avait tellement de neige que c'est à peine si on pouvait passer dans les rues. Au bureau discussion avec sir William Batten, nous avons discuté les comptes de Mr Creed. Je crains qu'il ne s'écoule un bon moment avant que nous ayons fini, et que nous ne rencontrions de grandes difficultés.
            Puis au Dauphin où nous avons tous trois invité les commissaires aux comptes de l'Echiquier, Wood et Beale. Sir George Carteret vint nous retrouver. Nous fîmes un bon dîner qui nous coûta 5 livres 6 shillings ( 26 shillings pour moi ), et ensuite nous discutâmes de nos salaires, je crois qu'ils vont maintenant en autoriser le paiement, et d'autres affaires.
            Rentrai à la maison où je trouve notre nouvelle cuisinière, Susan, recommandée par le frère de ma femme, ce qui ne me la fait pas estimer davantage, mais comme elle a bon air et qu'elle est jolie, je veux bien faire l'essai. Et Jane commence son travail de femme de chambre
            Puis au bureau, je restai tard à ranger des papiers et mes registres et des affaires. Il faisait très froid. Et rentrai souper.


                                                                                                            11 Décembre 1662

            Levé, la neige fortement gelée, en réunion toute la matinée au sujet des comptes de Mr Creed. Je l'ai en partie servi, en partie desservi. Il dîna avec moi et resta tout l'après-midi à discuter des façons d'obtenir de l'argent, tâche à laquelle je m'attache maintenant entièrement. Il partit dans la soirée et j'allai à mon bureau, achevant tout ce qui a trait à notre fameuse lettre, si longue à faire, à milord le trésorier, jusqu'à presque une heure du matin. Rentrai l'esprit fort tranquillisé, et au lit.


                                                                                                              12 Décembre

            Après le grand gel, je trouve au réveil un grand dégel, et ma maison en est toute inondée, ce qui me contraria.
            Au bureau et à la maison, travaillai toute la matinée. Dînai avec ma femme et restai causer avec elle tout l'après-midi, puis au bureau où j'examinai mon exemplaire du livre de Mr Hollond jusqu'à 10 heures du soir. Rentrai souper et, au lit.


                                                                                                            13 Décembre

            Dormis longtemps tant et si bien que John Mennes et sir William Batten étaient partis pour Portsmouth avant que j'eusse quitté mon lit et sir George Carteret était passé au bureau avant que je fusse levé. Debout donc en hâte et descendis le voir. Réunion avec Mr Coventry, et Field et Stint arrivèrent et reçurent les 41 livres que leur accordait le jugement rendu contre moi et Harry Kembe. Nous signâmes aussi des billets à ordre de 500 livres pour servir aux dommages-intérêts de Mr Porter et Smith pour le reste, mais je n'ai signé qu'après avoir obtenu que Mr Coventry fût allé avec moi trouver sir William Penn et que celui-ci eût promis en sa présence de payer sa part de ce qui serait accordé en dommages-intérêts, et tous deux ont estimé que sir William Batten ne pouvait faire moins. Nous nous quittâmes à midi et je dînai avec ma femme, puis je retournai au bureau où je terminai ma lecture d'hier soir et fis bien nettoyer et ranger mon cabinet. Puis j'écrivis par la poste différentes lettres, dont une à sir William Batten à propos de nos affaires avec Field, demandant à lui aussi son engagement. J'ai fait insérer cette lettre dans notre registre de correspondance officielle. Puis rentrai souper et, au lit.


                                                                                                                                      14 Décembre                              lesconferencesdemathilde.com                                                                Jour du Seigneur         
Image associée            Restai au lit, avec grande satisfaction, causer au lit avec ma femme, puis levés et à l'église. Retour à la maison fîmes un élégant dîner tout seuls. Après dîner j'allai à pied jusqu'à Whitehall et chez milord et marchai de long en large jusqu'à l'heure de l'office à la Chapelle et allai à la Chapelle royale où j'entendis le service, puis chez milord où se trouvaient Mr Howe et Mr Paget, l'avocat vieil amateur de musique. Nous avons chanté des psaumes de Mr Lawes et joué des symphonies jusqu'au soir où je fus appelé au logis de Mr Creed. Etaient présents le capitaine Ferrer,sa femme et William Howe. Nous avons fort bien soupé et bien divertis à converser. Après souper je fus appelé par milord et restai causer de ses affaires et des miennes et des affaires publiques, avec grand plaisir. Il me conseilla de ne pas me fier à sir Robert Bernard. Je lui dis adieu et revins chez Mr Creed. Mr Moore avec qui j'avais l'intention de coucher étant couché sans rien sur le corps, sans drap. Et après quelque entretien, au lit où je me sentis indisposé, bien que le lit fût bon, ayant toute la nuit l'estomac chargé de mon souper trop lourd.


                                                                                                             15 Décembre 1662

            Levé et allai chez milord, puis chez le Duc que je suivis dans le parc où, bien que la glace fût rompue et dangereuse, il voulait aller glisser sur ses patins. Ce qui ne me plaisait pas, mais il glisse très bien. Puis retour et dans son cabinet où arrive milord Sandwich. Avec Mr Coventry nous entretînmes longuement des affaires de la Marine. En vérité je me vois de plus en plus l'obligé de Mr Coventry qui s'applique à me faire tout le bien qu'il peut vis-à-vis du Duc. 
            Puis promenade un bon moment dans les galeries, rencontrai le Dr Clarke qui, au cours de la conversation me dit que le rang éminent de sir Charles Berkeley ne tient qu'à ce qu'il est entremetteur entre le roi et milady Castlemaine et que, malgré cela, le roi est très bon pour la reine, dont il dit que c'est une des meilleures femmes du monde. C'est étrange comme le roi est ensorcelé par cette jolie Castlemaine.
            Puis chez milord et avec Mr Creed, Moore et Howe, à la Couronne où nous dînâmes. Ensuite je me promenai dans les galeries, regardant de temps en temps les tableaux, jusqu'à la réunion du Duc et de la commission de Tanger. Le Duc ne resta pas. Le seul point était, nous entretenir avec milord Rutherford nommé aujourd'hui gouverneur de Tanger pour je ne sais quelles raisons, et milord Peterborough est rappelé en Angleterre. On a beau dire que c'est sans animosité, tout le monde voit  bien qu'il n'en est rien. Je regrette de voir un gouverneur catholique envoyé commander là-bas où presque tous les officiers le sont déjà. Mais Dieu sait la raison de tout cela, et tous peuvent voir combien instable est la situation de courtisan.
            Rentrai en voiture m'arrêtant en chemin chez sir John Birkenhead pour lui parler de mon imposition à 42 livres pour les loyaux serviteurs du roi dans l'indigence, et je vois que je n'y puis rien.. Mais il me dit que c'est sir Robert Fort qui a procédé abusivement envers moi, renseignement dont je ferai usage plus tard, au bon moment.
            De là chez le major général, sir Richard Browne, au sujet de mon imposition d'armes pour la milice, mais il était sorti. En traversant l'arrière des abattoirs du marché de Newgate ma voiture fit tomber deux quartiers de boeuf dans la boue, les bouchers arrêtèrent alors les chevaux, et suivit un grand attroupement dans la rue, l'un criant qu'on lui avait causé pour 40 shillings de dommages, l'autre pour 5 livres. Mais en descendant je vis qu'on avait quasiment rien fait, de sorte que je leur donnai 1 shilling et qu'ils en furent parfaitement satisfaits, et je rentrai., 
            Allai voir milady Batten qui me dit qu'elle vient de recevoir une lettre de sir William racontant que lui et sir John Mennes ont failli se noyer en route tant les eaux étaient hautes, mais qu'il va bien. Mais grand Dieu ! quelle mine hypocrite elle prenait en me le racontant.
            Puis je fus voir sir William Penn, restai longtemps causer, me faisant passer plus homme d'action et de résolution dans les affaires publiques que je ne le fus jusqu'à maintenant. Il écoute, mais je sais qu'au fond c'est un gredin et que cela ne lui plaît pas. Mais je vois bien que je puis lui tenir tête, et le plus sera le mieux, en m'occupant de mon travail comme avant. Ce en quoi Dieu me bénit et continue à me bénir. Rentrai et, au lit, fort satisfait, et causai et bavardai avec ma femme pendant que je soupais, à notre vif plaisir.


                                                                                     à suivre...............
                                                                                                          16 Décembre 1662
            Levé et............