dimanche 30 septembre 2012

Mort de Balzac Victor Hugo ( Choses vues France )


              
                  Balzac - David d'Angers                            Mort de Balzac
                                               
                                  
            Le 18 août 1850, ma femme, qui avait été dans la journée pour voir Mme de Balzac, me dit que
M. de Balzac se mourait. J'y courus.
            M. de Balzac était atteint depuis dix-huit mois d'une hypertrophie du coeur. Après la révolution de Février, il était allé en Russie et s'y était marié. Quelques jours avant son départ, je l'avais rencontré sur le boulevard ; il se plaignait déjà et respirait bruyamment. En mai 1850, il était revenu en France, marié, riche et mourant. En arrivant, il avait déjà les jambes enflées. Quatre médecins consultés l'auscultèrent. L'un d'eux, M. Louis, me dit le 6 juillet : " Il n'a pas six semaines à vivre. " C'était la même maladie que Frédéric Soulié.
            Le 18 août, j'avais mon oncle, le général Louis Hugo, à dîner. Sitôt levé de table, je le quittai et je pris un fiacre, qui me mena avenue Fortunée, n° 14, dans le quartier Beaujon. C'était là que demeurait M. de Balzac. Il avait acheté ce qui restait de l'hôtel de M. de Beaujon, quelques corps de logis bas, échappés par hasard à la démolition ; il avait magnifiquement meublé ces masures et s'en était fait un charmant petit hôtel, ayant porte cochère sur l'avenue Fortunée et pour tout jardin une cour longue et étroite où les pavés étaient coupés ça et là de plates bandes.       .maison beaujon rue fortunée

            Je sonnai. Il faisait un clair de lune voilé de nuages. La rue était déserte. On ne vint pas. Je sonnai une seconde fois. La porte s'ouvrit. Une servante m'apparut avec une chandelle.
            - Que veut Monsieur ? dit-elle.
            Elle pleurait.
            Je dis mon nom. On me fit entrer dans le salon qui était au rez-de-chaussée, et dans lequel il y avait sur une console opposée à la cheminée, le buste colossal en marbre de Balzac par David. Une bougie brûlait sur une riche table ovale posée au milieu du salon et qui avait en guise de pieds six statuettes dorées du plus beau goût.
            Une autre femme vint qui pleurait aussi et qui me dit :
            - Il se meurt, Madame est rentrée chez elle. Les médecins l'ont abandonné depuis hier. Il a une plaie à la jambe gauche. La gangrène y est. Les médecins ne savent ce qu'ils font. Ils disaient que l'hydropisie de Monsieur était une hydropisie couenneuse, une infiltration, c'est leur mot, que la peau et la chair étaient comme du lard et qu'il était impossible de lui faire la ponction. Eh bien, le mois dernier, en se couchant, Monsieur s'est heurté à un meuble historié, la peau s'est déchirée, et toute l'eau qu'il avait dans le corps a coulé. Les médecins ont dit : " Tiens ! " Cela les a étonnés et depuis ce temps-là ils lui ont fait la ponction. Ils ont dit : " Imitons la nature. " Mais il est venu un abcès à la jambe. C'est M. Roux qui l'a opéré. Hier on a levé l'appareil. La plaie, au lieu d'avoir suppuré, était rouge, sèche et brûlante.Alors ils ont dit : " Il est perdu ! " et ne sont plus revenus. On est allé chez quatre ou cinq, inutilement. Tous ont répondu : " Il n'y a rien à faire. La nuit a été mauvaise. Ce matin, à neuf heures, Monsieur ne parlait plus. Madame a fait chercher un prêtre. Le prêtre est venu et a donné à Monsieur l'extrême-onction. Monsieur a fait signe qu'il comprenait. Une heure après il a serré la main à sa soeur, Mme de Surville. Depuis douze heures il râle et ne voit plus rien. Il ne passera pas la nuit. Si vous voulez, Monsieur, je vais aller chercher M. de Surville, qui n'est pas encore couché. "         mme de Balzac
            La femme me quitta. J'attendis quelques instants.La bougie éclairait à peine le splendide ameublement du salon et de magnifiques peintures de Porbus et de Holbein suspendues aux murs. Le buste de marbre se dressait vaguement dans cette ombre comme le spectre de l'homme qui allait mourir. Une odeur de cadavre emplissait la maison.
            M. de Surville entra et me confirma tout ce que m'avait dit la servante. Je demandai à voir M. de Balzac.
            Nous traversâmes un corridor, nous montâmes un escalier couvert d'un tapis rouge et encombré d'objets d'art, vases, statues, tableaux, crédences portant des émaux, puis un autre corridor, et j'aperçus une porte ouverte. J'entendis un râlement haut et sinistre.
            J'étais dans la chambre de Balzac.

            Un lit était au milieu de cette chambre. Un lit d'acajou ayant au pied et à la tête des traverses et des courroies qui indiquaient un appareil de suspension destiné à mouvoir le malade. M. de Balzac était dans ce lit, la tête appuyée sur un monceau d'oreillers auxquels on avait ajouté des coussins de damas rouge empruntés au canapé de la chambre. Il avait la face violette, presque noire, inclinée à droite, la barbe non faite, les cheveux gris et coupés courts, l'oeil ouvert et fixe. Je le voyais de profil, et il ressemblait ainsi à l'empereur.
            Une vieille femme, la garde, et un domestique se tenaient debout des deux côtés du lit. Une bougie brûlait derrière le chevet sur une table, une autre sur une commode près de la porte. Un vase d'argent était posé sur la table de nuit.
            Cet homme et cette femme se taisaient avec une sorte de terreur et écoutaient le mourant râler avec bruit.
            La bougie au chevet éclairait vivement un portrait d'homme jeune, rose et souriant, suspendu près de la cheminée.
            Une odeur insupportable s'exhalait du lit. Je soulevai la couverture et je pris la main de Balzac. Elle était couverte de sueur. Je la pressai. Il ne répondit pas à la pression.
            C'était cette même chambre où je l'étais venu voir un mois auparavant. Il était gai, plein d'espoir, ne doutant pas de sa guérison, montrant son enflure en riant.
             Nous avions beaucoup causé et disputé politique. Il me reprochait ma démagogie. Lui était légitimiste. Il me disait : " Comment avez-vous pu renoncer avec tant de sérénité à ce titre de pair de France, le plus beau après le titre de roi de France ! "
            Il me disait aussi : " J'ai la maison de M. de Beaujon, moins le jardin, mais avec la tribune sur la petite église du coin de la rue. J'ai là dans mon escalier une porte qui ouvre sur l'église. Un tour de clef et je suis à la messe. Je tiens plus à cette tribune qu'au jardin. "
            Quand je l'avais quitté, il m'avait reconduit jusqu'à cet escalier, marchant péniblement, et m'avait montré cette porte, et il avait crié à sa femme : " Surtout, fais bien voir à Hugo tous mes tableaux . "
            La garde me dit !
            - Il mourra au point du jour.
            Je redescendis, emportant dans ma pensée cette figure livide ; en traversant le salon, je retrouvai le buste immobile, impassible, altier et rayonnant vaguement, et je comparai la mort à l'immortalité.
            Rentré chez moi, c'était un dimanche, je trouvai plusieurs personnes qui m'attendaient, entre autres Riza-Bey, le chargé d'affaires de Turquie, Navarrete, le poète espagnol, et le comte Arrivabene, proscrit italien. Je leur dis :
            - Messieurs, l'Europe va perdre un grand esprit.
            Il mourut dans la nuit. Il avait cinquante et un ans.

            On l'enterra le mercredi.
            Il fut d'abord exposé dans la chapelle Beaujon, et il passa par cette porte dont la clef lui était à elle seule plus précieuse que tous les jardins-paradis de l'ancien fermier général.
            Giraud, le jour même de sa mort, avait fait son portrait. On voulait faire mouler son masque, mais on ne le put, tant la décomposition fut rapide. Le lendemain de la mort, le matin, les ouvriers mouleurs qui vinrent trouvèrent le visage déformé et le nez tombé sur la joue. On le mit dans un cercueil de chêne doublé de plomb.
            Le service se fit à Saint-Philippe-du-Roule. Je songeais, à côté de ce cercueil, que c'était là que ma seconde fille avait été baptisée, et je n'avais pas revu cette église depuis ce jour-là. Dans mes souvenirs, la mort touche la naissance.
            Le ministre de l'Intérieur, Baroche, vint à l'enterrement. Il était assis à l'église près de moi devant le catafalque et de temps en temps il m'adressait la parole. Il me dit :
            - C'était un homme distingué.
            Je lui dis :
            - C'était un génie.
            Le convoi traversa Paris et alla par les boulevards au Père-Lachaise. Il tombait des gouttes de pluie quand nous partîmes de l'église et quand nous arrivâmes au cimetière. C'était un de ces jours où il semble que le ciel verse quelques larmes.
            Je marchais à droite en tête de cercueil, tenant un des glands d'argent du poêle ; Alexandre Dumas de l'autre côté.
            Quand nous parvînmes à la fosse, qui était tout en haut, sur la colline, il y avait une foule immense ; la route était âpre et étroite, les chevaux avaient peine en montant à retenir le corbillard qui recula. Je me trouvai pris entre une roue et une tombe. Je faillis être écrasé. Des spectateurs qui étaient de bout sur le tombeau me hissèrent par les épaules près d'eux.
            Nous fîmes tout le trajet à pied.
            On descendit le cercueil dans la fosse, qui était voisine de Charles Nodier et de Casimir Delavigne. Le prêtre dit la dernière prière et je prononçai quelques paroles.
             Pendant que je parlais, le soleil baissait. Tout Paris m'apparaissait au loin dans la brume splendide du couchant. Il se faisait, presque à mes pieds, des éboulements dans la fosse, et j'étais interrompu par le bruit sourd de cette terre qui tombait sur le cercueil
                                                                                                
                                                 statue intitulée 'le marchand de masques' de zacharie astruc (1835 - 1907)
                                                                 Balzac masque Astruc
                                                                                                             Hugo ( in Choses vues )



                                   
           

vendredi 28 septembre 2012

L'oeil du Léopard Henning Mankell ( Roman Suède )



L'OEil du léopard
                                              L'oeil du Léopard


            Ullvkälla, Suède, village du Norland. Hans Olofson habite un petit logement au bord du fleuve qui descend vers la mer. Un pont réunit les deux rives. Sa mère prit un jour le train qui traverse le pont, partit sans laisser d'adresse. Élevé par son père bûcheron, mais ancien marin souvent perdu dans ses rêves et dans l'alcool. Hans poursuit ses études, peut-être deviendra-t-il avocat, l'avocat " des circonstances atténuantes ".
Un jour un garçon inconnu s'installe près de Hans assis au bord du fleuve armé d'une canne à pêche. Il reconnaît le fils du nouveau juge. Après quelque hésitation " Le plus naturellement du monde ils remontent le chemin ensemble... Hans qui connaît bien le pays, montre et explique. Ils descendent jusqu'au pont... " Les arches du pont hautes, balancées par le vent. Oseront-ils l'escalade et la traversée dangereuses ? Ils poursuivent leur adolescence commune jusqu'à la séparation brutale et imprévue, mais durant toutes ces années ils iront souvent sur l'autre rive retrouver leur amie, un temps moquée, pas fâchée. La femme sans nez. Dans les années 50 une opération du visage est un acte risqué, c'est ainsi que Janine supporte ce trou au milieu du visage. Elle est accueillie au centre communautaire et apprend à jouer du trombone à coulisses. Amitié forte. Au cours de conversations elle cite souvent le nom de " Mutshatsha ". L'Afrique. Hans a 22 ans, il poursuit sans passion ses études de droit à Stockholm et reprend le rêve de Janine. Après un vol de 27 heures à l'heure exacte il atterrit en Zambie. Mankell connaît très bien l'Afrique. Il partage sa vie entre le Mozambique et la Suède. La partie du livre consacrée à la vie des fermiers blancs mourrant de peur ou assassinés, traversant le bush traqués peut-être par le rusé léopard, entourés d'espions perdus au milieu des centaines d'employés noirs, de sorciers. Et surtout le paludisme. Cette fièvre qui torture les esprits. La corruption omniprésente. Confrontation entre la Suède et l'Afrique. Recherche de soi. L'alcool. Les jeunes Suédois boivent beaucoup, de l'aquavit, les Africains les bières. La dépression des femmes et des hommes.
Hans atterrit à Lusaka un matin de 1969. Il restera 20 ans. Sur la défensive, il s'éloigne enfin de Eisenhower Mudenda menaçant sorcier, un de ses contremaîtres, de Luka, il dépose les armes, fusil, revolver. " Ces années qui se sont écoulées tellement vite et qui, sans que j'y sois préparé, m'ont projeté dans la maturité de ma vie. J'ai la sensation de me trouver dans le vide, en apesanteur. Seul mon passeport prouve que j'existe encore... Personne n'est venu à ma rencontre quand j'ai débarqué ici. En revanche je me suis rencontré moi.
Et la seule personne qui m'accompagne ici, c'est encore moi... La pluie fait étinceler le grand avion éclairé par les projecteurs... " Luka lui avait dit " Tu es un mzungu, bwana " L'auteur des Chaussures italiennes ne lâche pas son lecteur. 

mardi 25 septembre 2012

Le Gâteau Baudelaire ( Le Spleen de Paris nouvelles France )



                                                                        Le Gâteau

            Je voyageais. Le paysage au milieu duquel j'étais placé était d'une grandeur et d'une noblesse irrésistibles. Il en passa sans doute en ce moment quelque chose dans mon âme. Mes pensées voltigeaient avec une légèreté égale à celle de l'atmosphère ; les passions vulgaires, telles que la haine et l'amour profane, m'apparaissaient maintenant aussi éloignées que les nuées qui défilaient au fond des abîmes sous mes pieds ; mon âme me semblait aussi vaste et aussi pure que la coupole du ciel dont j'étais enveloppé ; le souvenir des choses terrestres n'arrivait à mon coeur qu'affaibli et diminué, comme le son de la clochette des bestiaux imperceptibles qui paissaient loin, bien loin, sur le versant d'une autre montagne. Sur le petit lac immobile, noir de son immense profondeur, passait quelquefois l'ombre d'un nuage, comme le reflet du manteau d'un géant aérien volant à travers le ciel. Et je me souviens que cette sensation solennelle et rare, causée par un grand mouvement parfaitement silencieux, me remplissait d'une joie mêlée de peur. Bref, je me sentais, grâce à enthousiasmante beauté dont j'étais environné, en parfaite paix avec moi-même et avec l'univers ; je crois même que, dans la parfaite béatitude et dans mon total oubli de tout le mal terrestre, j'en étais venu à ne plus trouver si ridicules les journaux qui prétendent que l'homme est né bon ; - quand la matière incurable renouvelant ses exigences, je songeai à réparer la fatigue et à soulager l'appétit causés par une si longue ascension. Je tirai de ma poche un gros morceau de pain, une tasse de cuir et un flacon d'un certain élixir  que les pharmaciens vendaient dans ce temps-là aux touristes pour le mêler dans l'occasion avec de l'eau de neige.                                                                              
            Je découpais tranquillement mon pain quand un bruit très léger me fit lever les yeux. Devant moi se tenait un petit être déguenillé, noir, ébouriffé, dont les yeux creux, farouches et comme suppliants, dévoraient le morceau de pain. Et je l'entendis soupirer d'une voix basse et rauque, le mot : "  gâteau ! " Je ne pus m'empêcher de rire en entendant l'appellation dont il voulait bien honorer mon pain presque blanc, et j'en coupai pour lui une belle tranche que je lui offris. Lentement il se rapprocha, ne quittant pas des yeux l'objet de sa convoitise ; puis, happant le morceau avec sa main, se recula vivement, comme s'il eût craint que mon offre ne fût pas sincère ou que je m'en repentisse déjà.
            Mais au même instant il fut culbuté par un autre petit sauvage, sorti je ne sais d'où, et si parfaitement semblable au premier qu'on aurait pu le prendre pour son frère jumeau. Ensemble ils roulèrent sur le sol, se disputant la précieuse proie, aucun n'en voulant sans doute sacrifier la moitié pour son frère. Le premier, exaspéré, empoigna le second par les cheveux ; celui-ci lui saisit l'oreille avec les dents, et en cracha un petit morceau sanglant avec un superbe juron patois. Le légitime propriétaire du gâteau essaya d'enfoncer ses petites griffes dans les yeux de l'usurpateur ; à son tour celui-ci appliqua toutes ses forces à étrangler son adversaire d'une main , pendant que de l'autre il tâchait de glisser dans sa poche le prix du combat. Mais, ravivé par le désespoir, le vaincu se redressa et fit rouler le vainqueur par terre d'un coup de tête dans l'estomac.A quoi bon décrire une lutte hideuse qui dura en vérité plus longtemps que leurs forces enfantines ne semblaient le permettre ? Le gâteau voyageait de main en main et changeait de poche à chaque instant ; mais, hélas ! il changeait aussi de volume ; et lorsque enfin , exténués, haletants, sanglants, ils s'arrêtèrent par impossibilité de continuer, il n'y avait plus, à vrai dire, aucun sujet de bataille ; le morceau de pain avait disparu, et il était éparpillé en miettes semblables aux grains de sable auxquels il était mêlé.
            Ce spectacle m'avait embrumé le paysage, et la joie calme où s'ébaudissait mon âme avant d'avoir vu ces petits hommes avait totalement disparu ; j'en restai triste assez longtemps, me répétant sans cesse :
" Il y a dans un pays superbe où le pain s'appelle du gâteau, friandise si rare qu'elle suffit pour engendrer une guerre parfaitement fratricide."


                                                                                          Charles Baudelaire

dimanche 23 septembre 2012

Lettre à Madeleine 46 Apollinaire



quentin bauchard mort en 1916 photo laurent 59 canalbog.com

                                                     Lettre à Madeleine

                                                                                                      21 novembre 1915

            Mon amour, ci-inclus une lettre boche, cest une femme nommée Rosa qui écrit à son mari, tu y verras que les Allemands voudraient la paix, il y est dit que le cognac vaut 4 marks le litre etc., etc., plus une carte militaire un peu coupée et très abîmée mais ç ca t'amusera. Leurs propriétaires sont morts sans doute. Pas de lettre de toi aujourd'hui mon amour. Dis-moi aussi si la traversée est gratuite pour les permissionnaires et s'il n'y aurait pas un bâteau spécial affecté à ce transport. Renseigne-moi bien. Le cimetière est entouré d'une jolie balustrade en bouleau la porte en est jolie en bouleau aussi sur la chapelle en branches, il y a une inscription " Sei getreu bis in den Tod  -  Sois fidèle jusqu'à la mort ", les tombes sont bien faites, croix de bouleau, colonnes brisées inscriptions sur écriteaux modern style, le coin des sous-officiers est un parterre de beaux rosiers bien soignés avec les petites étiquettes qui en indiquent l'espèce, il y a notamment une Gloire de Dijon, un des sous-off s'appelle Bismark, plusieurs tombes d'officiers dont une où ils sont plusieurs avec une grande plaque de marbre aux contours brisés et avec les inscriptions bien faites, la croix de fer qui l'ornait a déjà été arrachée. Mon gourbi boches'appelle donc Lustige Mühle joyeux moulin il y aussi Villa Hiddek, Villa Beaulieu ce dessin ( poisson ) Villa Schweizertal ( c'est-à-dire vallée suisse ) et encore ce nom plaisant Café Sprind avec sur la porte l'inscription suivante en caractères gothiques  
                               Dieser Unterstand ist von des
                               Gruppe Malinowski aufgebaut
                               Und wind auch von ihr bewohnt
                               I gruppe 2 Zug
                               2/39     
c'est-à-dire :   Cet abri construit par le groupe Malinowski aussi habité par lui, 1er groupe etc.  Amour je t'adore et ai baisé tes cheveux aujourd'hui.  
                                                                                                                                      
                                                                
                                 Le 11è poème secret              la joie de vivre matisse

            Sur tout toi, sur ton corps ton intelligence ta raison
            J'ai fait déjà de beaux poèmes
            Et j'en veux faire moi habitant des bois en ce temps de guerre
            J"n veux faire un sur cette jolie petite cagnat si bien aménagée au fond de la forêt vierge
            Cette petite cagnat que tu m'as préparée dans la forêt vierge
            O palais plus beau que celui de Rosemonde le Louvre et l'Escurial
            C'est là que j'entrerai pour faire ma plus belle oeuvre
            Je serai Dieu lui-même et y ferai s'il plaît à Dieu, un homme plusieurs hommes même,
                         une femme plusieurs femmes même comme fit Dieu lui-même
            Ô petit palais caché de Madeleine
            Tu es belle mon amour et tu es une artiste sublime toi qui as élevé pour moi le plus beau
                         palais du monde
            Madeleine, mon architecte adoré
            Je jetterai un pont entre toi et moi un pnt de chair dure comme le fer un pont
                         merveilleusement suspendu
            Toi Architecte, moi Pontife et Créateur d'Humanité
            Je t'adore Architecte et toi adore le bâtisseur du pont
            Sur lequel comme sur celui d'Avignon tout le monde dansera en rond
            Nous-mêmes ô Madeleine nos enfants aussi et aussi nos petis-enfants
            Jusqu'à la fin des siècles

            Madeleine je prends ta bouche infiniment.

                                               
                                                                                                         Gui     

vendredi 21 septembre 2012

A propos de Rimbaud lettre 3



           Verlaine
                                                                                        Jeudi 8 septembre 1887, Paris
                                                                           
                                                                            Laeti et Errabundi

                               Les courses furent intrépides
                               ( Comme aujourd'hui le repos pèse !)
                               Par les steamers et les rapides
                               ( Que me veut cet at home obèse ? )

                               Nous allions, - vous en souvient-il,
                               Voyageur où ça disparu ? -
                                Filant légers dans l'air subtil,
                                Deux spectres joyeux, on eût cru !

                                Car les passions satisfaites
                                Insolemment outre mesure
                                Mettaient dans nos têtes des fêtes
                                Et dans nos sens, que tout rassure,

                                Tout, la jeunesse, l'amitié,
                                Et nos coeurs, ah ! que dégagés
                                Des femmes prises en pitié
                                Et du dernier des préjugés.
                                                                                    renoir
                                Laissant la crainte de l'orgie
                                Et le scrupule au bon ermite,
                                Puisque quand la borne est franchie
                                Ponsard ne veut plus de limite.

                                Entre autres blâmables excès
                                Je crois que nous bûmes de tout,
                                Depuis les plus grands vins français
                                Jusqu'à ce faro, jusqu'au stout,

                                En passant par les eaux-de vie
                                Qu'on cite comme redoutables,
                                L'âme au septième ciel ravie
                                Le corps, plus humble, sous les tables.
                                                                                                       café arles vincent van gogh 1888
                                Des paysages, des cités
                                Posaient pour nos yeux jamais las,
                                Nos belles curiosités
                                Eussent mangé tous les atlas.

                                Fleuves et monts, bronzes et marbres,
                                Les couchants d'or, l'aube magique,
                                L'Angleterre, mère des arbres,
                                Fille des beffrois, la Belgique,

                                La mer, terrible et douce au point, -
                                Brochaient sur le roman très cher
                                Que ne discontinuait point
                                Notre âme, - et quid de notre chair ?... -

                                Le roman de vivre à deux hommes
                                Mieux que non pas d'époux modèles,
                                Chacun au tas versant des sommes
                                De sentiments forts et fidèles.

                                L'envie aux yeux de basilic
                                Censurait ce mode d'écot :
                                Nous dînions du blâme public
                                Et soupions du même fricot.

                                La misère aussi faisait rage
                                Par des fois dans le phalanstère :
                                On ripostait par le courage,
                                La joie et les pommes de terre.

                                Scandaleux sans savoir pourquoi
                                ( Peut-être que c'était trop beau )
                                Mais notre couple restait coi
                                Comme deux bons porte-drapeau,

                                Coi dans l'orgueil d'être plus libres
                                Que les plus libres de ce monde,
                                Sourd aux gros mots de tous calibres,
                                Inaccessible au rire immonde.

                                Nous avions laissé sans émoi
                                Tous impédiments dans Paris,
                                Lui quelques sots bernés, et moi
                                Certaine princesse Souris,

                                Une sotte qui tourna pire...
                                Puis soudain tomba notre gloire,
                                Tels, nous, des maréchaux d'empire
                                Déchus en brigands de la Loire,

                                Mais déchus volontairement !
                                C'était une permission,
                                Pour parler militairement,
                                Que notre séparation,

                                Permission sous nos semelles,
                                Et depuis combien de campagnes !
                                Pardonnâtes-vous aux femelles ?
                                Moi j'ai peu revu ces compagnes,
Det syke barn [L’Enfant malade], 1896
        edward munch
                                Assez toutefois pour souffrir.
                                Ah, quel coeur faible que mon coeur !
                                Mais mieux vaut souffrir que mourir
                                Et surtout mourir de langueur.

                                On vous dit mort, vous. Que le Diable
                                Emporte avec qui la colporte
                                La nouvelle irrémédiable
                                Qui vient ainsi battre ma porte !

                                Je n'y veux rien croire. Mort, vous,
                                Toi, dieu parmi les demi-dieux !
                                Ceux qui le disent sont des fous.
                                Mort, mon grand péché radieux,

                                Tout ce passé brûlant encore
                                Dans mes veines et ma cervelle
                                Et rayonne et qui fulgure
                                Sur ma ferveur toujours nouvelle !

                                Mort tout ce triomphe inouï
                                Retentissant sans frein ni fin
                                Sur l'air jamais évanoui
                                Que bat mon coeur qui fut divin !
               
      
                    rimbaud blessé rosman 1873
                                Quoi, le miraculeux poème
                                Et la toute-philosophie,
                                Et ma patrie et ma bohème
                                Morts ?  Allons donc ! tu vis ma vie !


                                                                                      Paul Verlaine                             
                                                                                 ( in Parallèlement - écrit après la rumeur, fausse,
                                                                                                                de la mort de Rimbaud )














          

jeudi 20 septembre 2012

Mademoiselle Bistouri Charles Baudelaire ( Nouvelles Le Spleen de Paris France )




         Baudelaire par NAdar
                                                   Mademoiselle Bistouri

            Comme j'arrivais à l'extrémité du faubourg, sous les éclairs du gaz, je sentis un bras qui se coulait doucement sous le mien et j'entendis une voix qui me disait : " Vous êtes médecin, monsieur ? "
            Je regardai ; c'était une grande fille, robuste, aux yeux très ouverts, légèrement fardée, les cheveux flottant au vent avec les brides de son bonnet.
            - Non, je ne suis pas médecin. Laissez-moi passer.
            - Oh ! si ! vous êtes médecin. Je le vois bien. Venez chez moi. Vous serez bien content de moi, allez !
            - Sans doute, j'irai vous voir, mais plus tard, après le médecin, que diable !...
            - Ah ! ah ! fit-elle, toujours suspendue à mon bras, et en éclatant de rire, vous êtes un médecin farceur, j'en ai connu plusieurs dans ce genre-là . Venez.
            J'aime passionnément le mystère, parce que j'ai toujours l'espoir de le débrouiller. Je le laissai donc entraîner par cette compagne, ou plutôt par cette énigme inespérée.
            J'omets la description du taudis ; on peut la trouver dans plusieurs vieux poètes français bien connu. Seulement, détail non aperçu par Régnier, deux ou trois portrait de docteurs célèbres étaient suspendus aux murs.
                                  
                              
                                                             
        Comme je fus dorloté ! Grand feu, vin chaud, cigares, et en m'offrant ces bonnes choses et en allumant elle-même un cigare, la bouffonne créature me disait :
            - Faites comme chez vous, mon ami, mettez-vous à l'aise. Ça vous rappellera l'hôpital et le bon temps de la jeunesse.
            - Ah ça ! où donc avez-vous gagné ces cheveux blancs ? Vous n'étiez pas ainsi, il n'y a pas encore bien longtemps, quand vous étiez interne de L... Je me souviens que c'était vous qui l'assistiez dans les opérations graves. En voilà un homme qui aime couper, railler et rogner ! C'était vous qui lui tendiez les instruments, les fils et les éponges.
            - Et comme, l'opération faite, il disait fièrement, en regardant sa montre  : " Cinq minutes, messieurs ! Oh ! moi, je vais partout. Je connais bien ces Messieurs.
            Quelques instants plus tard, me tutoyant, elle reprenait son antienne, et me disait :
             - Tu es médecin, n'est-ce pas, mon chat ?
             Cet inintelligible refrain me fit sauter sur mes jambes.
             - Non ! criai-je furieux.
             - Chirurgien, alors ?
             - Non ! non ! à moins que ce ne soit pour te couper la tête S... s... c... c... de s... m... !
             - Attends, reprit-elle, tu vas voir.
             Et elle tira d'une armoire une liasse de papiers, qui n'était autre chose que la collection des portraits des médecins illustres de ce temps, lithographiés par Maurin, qu'on a pu voir étalés pendant plusieurs années sur le quai Voltaire.
             - Tiens ! le reconnais-tu celui-ci ?
         Baudelaire par lui même       baudelaire par lui-même
             - Oui ! c'est X... Le nom est au bas d'ailleurs mais je connais personnellement.
             - Je savais bien ! Tiens ! voilà Z...celui qui disait à son cours en parlant de X... " Ce monstre qui porte sur son visage la noirceur de son âme ! " Tout cela, parce que l'autre n'était pas de son avis dans la même affaire ! Comme on riait de ça à l'École, dans le temps ! Tu t'en souviens ?
             - Tiens, voilà K..., celui qui dénonçait au gouvernement les insurgés qu'il soignait à son hôpital. C'était le temps des émeutes. Comment est-ce possible qu'un si bel homme ait si peu de coeur ?
             - Voici maintenant W... un fameux médecin anglais ; je l'ai attrapé à son voyage à Paris. Il a l'air d'une demoiselle, n'est-ce pas ?
             Et comme je touchais à un paquet ficelé, posé aussi sur le guéridon :
             - Attends un peu, dit-elle, ça c'est les internes, et ce paquet-ci, c'est les externes.
             Et elle déploya en éventail une masse d'images photographiques, représentant des physionomies beaucoup plus jeunes.
             - Quand nous nous reverrons, tu me donneras ton portrait, n'est-ce pas chéri ?
             - Mais, lui dis-je, suivant à mon tour, moi aussi, mon idée fixe, pourquoi me crois-tu médecin ?
             - C'est que tu es si gentil et si bon pour les femmes.
             - Singulière logique, me dis-je à moi-même.
             - Oh ! je ne m'y trompe guère, j'en ai connu un bon nombre. J'aime tant ces messieurs, que, bien que je ne sois pas malade, je vais quelquefois les voir. Il y en a qui me disent froidement : " Vous n'êtes pas malade du tout ! " Mais il y en a d'autres qui me comprennent, parce que je leur fais des mines.
            - Et quand ils ne te comprennent pas... ?
            - Dame ! comme je les ai dérangés inutilement, je laisse dix francs sur la cheminée.. C'est si bon et si doux ces hommes-là ! J'ai découvert à la Pitié un petit interne, qui est joli comme un ange, et qui est poli ! et qui travaille, le pauvre garçon ! Ses camarades m'ont dit qu'il n'avait pas le sou, parce que ses parents sont des pauvres qui ne peuvent rien lui envoyer. Cela m'a donné confiance. Après tout, je suis assez belle femme, quoique pas trop jeune. Je lui ai dit : " Viens me voir, viens me voir souvent. Et avec moi, ne te gêne pas ; je n'ai pas besoin d'argent. " Mais tu comprends que je lui ai fait entendre ça par une foule de façons, je ne lui ai pas dit tout crûment ; j'avais si peur de l'humilier, ce cher enfant ! Eh bien ! croirais-tu que j'ai une drôle d'envie que je n'ose pas lui dire ? Je voudrais qu'il vînt me voir avec sa trousse et son tablier, même avec un peu de sang dessus !
            Elle dit cela d'un air fort candide, comme un homme sensible dirait à une comédienne qu'il aimerait : " Je veux vous voir vêtue du costume que vous portiez dans ce fameux rôle que vous avez créé. "
            Moi, m'obstinant , je repris :
                                                               esquisse catlin ?
            - Peux-tu te souvenir de l'époque et de l'occasion où est née en toi cette passion si particulière ?
            Difficilement je me fis comprendre ; enfin j'y parvins. Mais alors elle me répondit d'un air très triste et même, autant que je peux me souvenir, en détournant les yeux: " Je ne sais pas, je ne me souviens pas. "
            Quelles bizarreries ne trouve-t-on pas dans une grande ville quand on sait se promener et regarder. La vie fourmille de monstres innocents.
            - Seigneur, mon Dieu ! vous, le Créateur, vous, le Maître ; vous qui avez fait la Loi et la Liberté, vous le souverain qui laissez faire, vous, le juge qui pardonnez, vous qui êtes plein de motifs et de causes, et qui avez peut-être mis dans mon esprit le goût de l'horreur pour convertir mon coeur, comme la guérison au bout d'une lame ; Seigneur, ayez pitié, ayez pitié des fous et des folles ! O créateur ! peut-il exister des monstres aux yeux de Celui-là seul qui sait pourquoi ils existent, comment ils se sont faits et comment ils auraient pu ne pas se faire ?


                                                                                              Baudelaire


             
           
            -

mardi 18 septembre 2012

C'est Paris Leiser Wolf ( Poèmes Anthologie poésie Yiddish )


                                                                        
                                           C'est Paris                    Hugo

            Savez-vous ce que c'est ?
            Hugo sur une crête
            Et sur la haute tour
            Un ventre nu et lourd,
            Au jardin sur un banc
            Un couple svelte et blanc,
            Il fait frais, ils s'embrassent,
            Leurs souliers sont percés
            Savez-vous ce que c'est ?
            Madame, c'est Paris.

            En bas le peuple gît
            Bossu près de la Seine,
            Et au loin, sur la mer,
            Le gentleman glacé,                                                                    
            Le soir dans un café,
            Le coffre du rentier
            La joie au cabaret
            Et la mort, oui Monsieur...

            Savez-vous ce que c'est ?
            Les citoyens français
            A la pêche à la ligne,
            Une mère outragée
            L'homme est au Parlement
                                    
                                    
            Et la fille chez lui
            Le fils est radical
            Il étudie Lassale
            Savez-vous ce que c'est ?
            Oui Monsieur, c'est Paris.

            En bas le peuple gît,
            Pour lui pas d'espérance
            Et le pêcher fleurit
            En province Provence,
            Sur les marches pourrissent
            Les femmes, les oranges,
            Les oeuvres clairvoyantes
            D'un univers perdu

                
            Et l'argent, l'argent n'est
            Qu'à la banque de France.

            Savez-vous ce que c'est ?
            Paradis de couleurs
            L'artiste dans la rue
            Le soleil au garage,
            Et la poésie - froide
            Rayonnant sur l'asphalte,

               Caillebotte
            Les ruelles étroites
            Et les peuples - sans nombre,
            Savez-vous ce que c'est ?
            C'est mon coeur, c'est Paris.

            En bas le peuple gît,
            Piétiné, ébloui,
            Enlacé et bercé
            Il fait nuit. Le désir
            Paie l'amour en secret
            Et le garçon demande
            Qu'on lui fasse une avance,
            Tandis que le travail
                                         
                         
            Lève dans le métro
            Le drapeau de la flamme,
            Sonne la dernière heure,
            Madame !
                                           1936

                                          Leiser Wolf

                           ( Leiser Mekler dit Wolf. Vilno 1910 - Ouzbékistan 1943. Poète dès 16 ans, 
                              fut peintre et gantier. ) - in Anthologie de la poésie Yiddish,
                             la mémoire d'un peuple. France éd. Poésie Gallimard

lundi 17 septembre 2012

Anecdotes et réflexions d'hier pour aujourd'hui



           maison de victor hugo à guernesey
                                                      Choses vues

                                                                                                      25 août 1872

            Une souris était hier soir dans ma chambre. On lui a fait la chasse ; elle s'est cachée. Ce matin, Mariette l'a trouvée tremblante derrière la porte. J'ai proclamé l'amnistie. J'ai pris la petite bête dans ma main et je l'ai jetée dans le jardin ; puis j'ai demandé de l'eau et je me suis lavé les mains de cette bonne action.

                                                                                                     1er septembre 1872

            Un pur catholique français qui habite Guernesey, fort bonhomme d'ailleurs, a dit à M. Marquand :
- Si j'avais Victor Hugo et Garibaldi, là, dans mon champ, au bout de mon fusil, je les tuerai comme des chiens.
                               
                                                                                                       19 septembre 1872

            Les républicains de Paris célèbrent dans un banquet l'anniversaire de la République ( 22 septembre 1872 ). Ils m'ont demandé un toast. Je l'ai écrit ce matin. Je l'ai lu ce soir en famille, et envoyé immédiatement à Paris.                        

                                                                                                      22 septembre 1872

            Après le déjeuner, nous sommes sortis à pied, Lockroy et moi. Je l'ai mené à Fermain-Bay. J'ai confiance en Lockroy. Je lui ai parlé de tout ce dont j'ai parlé hier à Victor.
            On me presse de rentrer à Paris. On me dit que mon action politique est là. Je réponds que, depuis le 7 août que j'ai quitté Paris, j'ai écrit deux manifestes, l'un pour le banquet de l'anniversaire du 22 septembre, l'autre pour le congrès de la Paix à µLugano, et j'ai sauvé la vie à une femme, Marguerite Prévost ( la cantinière du bataillon de Lockroy ) condamnée à mort par les conseils de guerre.


                               


                                                                                                       Fragments épars sans date

            Vous dites : jamais la France n'a été plus bas : elle est morte. Je vous l'accorde et j'ajoute : jamais elle n'a été plus haut ; elle est immortelle.
            Vous dites : Paris est horrible. soit, avec cette variante : Paris est sublime.

            Les philosophes n'admettent pas qu'il puisse être fait ou de quoi que ce soit pour les besoins de la colère.

            A côté d'un monde surchargé, un monde désert. On entend ce cri sortir de l'infini, ce cri formidable : Prends !
            Il n'y a qu'à prendre en effet.

           Cette solution immense, le 19è siècle la voit ; le 20è l'aura.


                                                                                                         Victor Hugo