maison de victor hugo à guernesey
Choses vues
25 août 1872
Une souris était hier soir dans ma chambre. On lui a fait la chasse ; elle s'est cachée. Ce matin, Mariette l'a trouvée tremblante derrière la porte. J'ai proclamé l'amnistie. J'ai pris la petite bête dans ma main et je l'ai jetée dans le jardin ; puis j'ai demandé de l'eau et je me suis lavé les mains de cette bonne action.
1er septembre 1872
Un pur catholique français qui habite Guernesey, fort bonhomme d'ailleurs, a dit à M. Marquand :
- Si j'avais Victor Hugo et Garibaldi, là, dans mon champ, au bout de mon fusil, je les tuerai comme des chiens.
19 septembre 1872
Les républicains de Paris célèbrent dans un banquet l'anniversaire de la République ( 22 septembre 1872 ). Ils m'ont demandé un toast. Je l'ai écrit ce matin. Je l'ai lu ce soir en famille, et envoyé immédiatement à Paris.
22 septembre 1872
Après le déjeuner, nous sommes sortis à pied, Lockroy et moi. Je l'ai mené à Fermain-Bay. J'ai confiance en Lockroy. Je lui ai parlé de tout ce dont j'ai parlé hier à Victor.
On me presse de rentrer à Paris. On me dit que mon action politique est là. Je réponds que, depuis le 7 août que j'ai quitté Paris, j'ai écrit deux manifestes, l'un pour le banquet de l'anniversaire du 22 septembre, l'autre pour le congrès de la Paix à µLugano, et j'ai sauvé la vie à une femme, Marguerite Prévost ( la cantinière du bataillon de Lockroy ) condamnée à mort par les conseils de guerre.
Fragments épars sans date
Vous dites : jamais la France n'a été plus bas : elle est morte. Je vous l'accorde et j'ajoute : jamais elle n'a été plus haut ; elle est immortelle.
Vous dites : Paris est horrible. soit, avec cette variante : Paris est sublime.
Les philosophes n'admettent pas qu'il puisse être fait ou de quoi que ce soit pour les besoins de la colère.
A côté d'un monde surchargé, un monde désert. On entend ce cri sortir de l'infini, ce cri formidable : Prends !
Il n'y a qu'à prendre en effet.
Cette solution immense, le 19è siècle la voit ; le 20è l'aura.
Victor Hugo
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