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dimanche 12 juillet 2020

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 124 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )


Les 64 meilleures images de MOLIERE - Jean Baptiste POQUELIN | Jean  baptiste, Comédien, Baptisé

                                                                                                          1er Septembre 1664

            Triste nuit pluvieuse. Levé et au bureau, occupé toute la matinée. A midi à la Bourse d'où je ramenai Mr Pearse, le chirurgien, et Creed et nous dînâmes gaiement et fort bien. Mais, ma femme étant indisposée, ne fut pas des nôtres. Et on découpa le grand gâteau envoyé dernièrement par Moorcock, et qui est très bon. Eux partis, je suis retourné à mon bureau où très occupé jusque tard dans la soirée, puis rentré souper et, au lit.


                                                                                                                  2 septembre

            Levé de très bonne heure et allé à pied ( accompagné de mon petit valet ), chez Mr Cole. Après une longue attente en bas, car il était aux mains du barbier, je parlai avec lui et il me donna de grands espoirs de recouvrer ce que mon frère me devait, et aussi que tout irait bien pour mon père. Mais allé chez les avoués à qui il m'envoie. Ils me disent tous les deux que, bien que je puisse amener mon père à reconnaître un jugement, puisqu'il sait cependant que des contrats sous seing privé peuvent lui être opposés, il est obligé d'en plaider la connaissance avant de me payer, sinon il irait à l'encontre de ses propres intérêts.
            Je me donnai grand-peine ce matin pour bien comprendre tout cela et j'espère avoir saisi ce que vaut notre cause aussi mauvaise soit-elle. Ce qui est mieux que de continuer à dépenser de l'argent pour rien du tout. Toutefois, je me renseignerai encore un peu.
            Rentré chez moi à pied en faisant maintes courses, à ma grande satisfaction. A la Bourse rencontré plusieurs personnes avec qui je parlai de la fourniture de pièces de huit à Tanger. Rentré dîner en haut, ma femme indisposée étant alitée, je dînai auprès de son lit. Mais je la fis lever et elle sortit avec moi en voiture pour aller à la foire de la Saint-Barthélémy, escortés par notre valet, et là je leur montrai et vis moi-même les danseurs de corde et plusieurs autres des meilleurs spectacles. Mais c'est charmant de voir comme notre garçon se tient, avec tant de gaucherie naïve que c'est à en rire. Restés là jusqu'à la nuit, puis arpenté la foire afin d’acheter, pour ma femme des peignes à donner à ses servantes. Et puis rentrés en voiture et au bureau consignai mon travail de la journée, et rentré chez moi puis, au lit.


                                                                                                                             3 septembre

            J'ai passé une mauvaise nuit, sans bien dormir, comme l'a observé ma femme, et une ou deux fois elle me réveilla, et je crus que j'avais été dévoré par les puces et au matin elle morigéna ses servantes pour n'avoir pas pris garde aux puces ces jours-ci. Mais en me levant je m'aperçois que ce n'est que le changement de temps qui passe du chaud au froid, ce qui, comme il y a deux hivers, me bouche les pores, de telle sorte que le sang me picote et me démange de partout toute la journée. Et cela continua ainsi, toute la journée, comme l'autre fois. Et, s'il continue de faire si froid, je crains d'en venir au même point. Mais une suée me guérit alors, et j'espère, comme on me le dit, qu'il en sera de même cette fois.
            Au bureau en réunion toute la matinée. Dîné à la maison, et après à Whitehall pour la commission des pêcheries, mais nous n'y fûmes pas plus de quatre et ne pûmes rien faire. Et c'est chose bien triste qu'une tâche si importante soit si négligée, car de ce pas elle ne peut aboutir à rien d'autre qu'à notre honte à tous. Nous levâmes la séance sans avoir rien fait.
            J'allai donc à pied à Westminster où, chez mon barbier, j'eus la bonne fortune de trouver Jane seule. Je causai avec elle et obtins de la pauvrette la promesse de me voir à l'abbaye demain en huit, car elle me dit que son maître et sa maîtresse se sont mis en tête de lui trouver un mari et ne la laissent donc pas sortir sans eux, si ce n'est qu'à l'heure du sermon le dimanche elle sort. J'aimerais bien lui trouver un bon mari, car j'ai toujours trouvé que c'était une fille aussi aimable que jolie.
            Rentré chez moi en faisant quelques courses en chemin et à mon bureau. Mr Hollier vint afin de discuter des privilèges de la compagnie des chirurgiens pour ce qui est de notre signature des listes, sujet sur lequel je lui donnai satisfaction, mais rien qu'un peu, car nous ne voulons pas perdre notre pouvoir de les recommander une fois qu'ils ont l'agrément de la compagnie. 
        Fichier:Louis XIV et Molière déjeunant à Versailles.jpg — Wikipédia                          Proverbe belge - Tel maître, tel Valet (man/serviteur Photo Stock - Alamy                                        Lui parti je reste tard pour envoyer par la poste, etc. Puis souper et, au lit. Mes démangeaisons et mes chatouillements persistant, puisqu'il continue de faire froid. Et Mr Hollier me dit que de suer me guérira à tout moment.


                                                                                                                 4 septembre
                                                                                                Jour du Seigneur
            Fis une grasse matinée puis me levai et pris ma purge, celle de Mr Hollier. Mais comme il fait froid et que je me néglige, je crains d'avoir pris froid d'en avoir arrêté l'effet. Mais je me sens assez bien.
            Passé toute la matinée à passer ma vieille garde-robe en revue et à mettre de côté des habits pour mon frère John et pour mon père, ce qui m'a laissé très démuni de vêtements, mais il m'en restera autant que j'ai besoin et le reste ne ferait que se gâter à être gardé.
            Très bien dîné ma femme et moi et tout l'après-midi, à l'étage, le petit valet et moi chantons des psaumes et arriva Mr Hill qui chanta avec nous un moment. Lui parti, le valet et moi, chantons derechef les motets de Mr Porter, et ce m'est une grande joie d'être parvenu au point d'entretenir chez moi quelqu'un qui sache me donner le plaisir que me donne ce garçon par sa parfaite intelligence de la musique, car il chante n'importe quoi à vue.
            Mr Hill était venu me dire qu'il avait trouvé une dame de compagnie pour ma femme, une Mrs Ferrabosco qui chante fort admirablement. Je fis mine d'en être bien aise, mais on me dit qu'elle donne trop dans l'élégance pour moi, et je ne suis pas fâché de m'en passer.
             Puis au bureau, mis bon ordre dans quelques papiers, et à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                                 5 septembre 1664

            Levé et à St James où nous traitâmes nos affaires avec le Duc. Tout notre discours n'étant que de guerre dans la plus large mesure. Le prince Rupert était des nôtres. Il se prépare à prendre la mer à bord de l'Henrietta. Plus tard à Whiehall je le rencontrai avec Mr Grey et me parla. Il dit, entre autres :
            " - Sacredieu ! Je ne puis répondre que d'un navire, et pour cela je ferai mon devoir. Car ce n'est pas là comme dans une armée, où un seul homme peut tout commander. "
            Tantôt à la commission des Pêcheries, en présence du duc d'York où, après que George Duke fut fait secrétaire, nous désignâmes un comité, dont je devins membre bien volontiers, parce que je veux me mêler de cette affaire, pour être au courant et pour qu'on sache que j'y fais quelque chose. Ainsi, après avoir réparti les tâches de ce comité, nous levâmes la séance et je rejoignis ma femme chez Unthank et allai avec elle de boutique en boutique, dépensant près de 10 livres ce matin en habits pour elle. Puis à la Bourse où restai un moment, rentré chez moi pour dîner, et William Bowyer vint dîner avec nous. Mais c'est merveille qu'il ne puisse souffrir les oignons dans la sauce de l'agneau, mais fut incommodé rien qu'à les voir et fut donc forcé de faire son dîner d'un ou deux œufs. Il nous dit que le mariage de Mrs Lane est sa perte et qu'elle désire me parler. Or je sais que c'est uniquement afin d'obtenir de moi que je fasse quelque chose pour elle et que je procure à son mari une place à laquelle il n'est propre en aucune façon.
            Après dîner descendu à Woolwich en yole, puis à Deptford, puis rentré chez moi, lisant pendant tout le trajet l'Aglaura de sir John Stuckling qui, ce me semble, n'est qu'une pièce médiocre, sans construction.
            En rentrant chez moi, c'est merveille comme je fus chagriné de trouver ma femme, ce qui n'était que politesse nécessaire, attendant la visite de Mr Penn, qui était déjà venu et avait été renvoyé par nos gens et, comme il l'avait été par trois fois, elle trouvait malséant qu'il le fût derechef. Même cela éveilla aussitôt ma jalousie et me contraria beaucoup. Cependant, il ne vint pas, ce qui me rendit bien aise.
            Souper et au bureau jusqu'à 9 heures ou à peu près, puis à la maison et, au lit.
            Ma tante James est venue deux fois aujourd'hui avec Kate Joyce pour nous voir. La deuxième fois ma femme était à la maison et, à ce qu'il semble, elles vont à Brampton, ce dont je suis fâché à cause des dépenses que cela va causer à mon père. Mais il faut s'en accommoder, et ma mère a envie de les voir. Mais je m'en veux beaucoup de mon orgueil et de mon mépris pour ma tante et pour ceux de mes parents qui ne se sont point élevés autant que moi, tout ce temps que je ne l'ai vue ni ne l'ai invitée.


                                                                                                                    6 septembre

            Levé et au bureau en réunion toute la matinée. A midi rentré dîner, puis à mon bureau où j'attendis en croyant avoir la visite de la femme de Bagwell pour affaires, de sorte que j'aurais pu causer avec elle, mais elle ne vint pas. Allai donc à Whitehall en voiture avec Mr Andrews, et fis signer et sceller par nous son contrat pour les subsistances de Tanger. Ainsi toute cette affaire est terminée et j'espère l'avoir bien menée, et grâce à elle recevoir 100 livres la semaine prochaine, Dieu soi loué !
            Puis allé chez William Joyce et chez Anthony les inviter à dîner et à voir ma tante James chez moi, d'autant plus qu'ils s'en vont tous chez mon père la semaine prochaine et que je voudrais être un peu aimable à leur égard avant qu'ils ne partent.
            Rentré à la maison après avoir rendu visite à Doll, notre jolie femme de la Bourse, pour lui offrir une paire de gants garnis de rubans jaunes, pour aller avec le jupon qu'elle acheta hier, qui me coûtent 20 shillings. Mais elle est si jolie que, Dieu me pardonne ! cela ne m'a point paru trop cher, car c'est à un degré singulier que je suis esclave de la beauté, que je prise par-dessus tout.
            En rentrant à la maison, et ma voiture s'arrêtant à Newgate devant un volailler, j'en profitai pour acheter un lapin. Mais il se révéla vieux et coriace quand je le mangeai, comme je fis après une heure au bureau. Et après souper, j'y retournai jusqu'à 11 heures du soir passées. Puis à la maison et, au lit.
            Aujourd'hui Mr Coventry nous conta comment le Duc reçut l'ambassadeur de Hollande l'autre jour, lui disant que s'ils pensent que nous badinons, il croit que le prince Rupert qui part pour la Guinée avec cette flotte, leur apprendra bientôt que nous sommes sérieux, et qu'il fera de même, pour sa part, avec l'escadre restée dans nos eaux. Quant aux Meschants ( nte de l'éd. Les Puritains ou les Malignants ). dont l'ambassadeur dit au Duc, qu'il y en avait en Angleterre qui espéraient profiter de la guerre du roi, il dit que " les Anglais ont toujours su unir leurs différends entre eux pour affronter leurs conflits avec l'étranger ", et que Cromwell, nonobstant les Meschants de son époque, qui étaient les Cavaliers, ne les trouva jamais sur son chemin dans ses entreprises à l'extérieur. Et qu'il ne doutait point de vivre assez pour voir les Hollandais craindre autant de provoquer les Anglais sous le gouvernement d'un roi qu'il se souvenait d'avoir vu sous celui d'un coquin .
     Générosité des floraisons dans un jardin anglais (Jardins anglais)                              pinterest.fr    Art works | Hermitage museum, Voltaire, Sell art prints                                J'ai conté toute cette histoire à milord Sandwich ce soir dans une lettre envoyée aux Downs, car elle est belle et véridique, mot pour mot de la bouche de Mr Coventry aujourd'hui.


                                                                                                                    7 septembre

            Grasse matinée aujourd'hui à causer agréablement avec ma femme du dîner que nous donnerons pour les Joyce dans un ou deux jours. Puis lever et, en compagnie de Mr Margetts à Limehouse pour voir le terrain de sa corderie. Il est fort beau et je crois que nous en ferons usage pour la Marine, car les terrains royaux ne suffirons pas à nos approvisionnements si vient la guerre.
            De retour à la Bourse où il n'est bruit que de l'effronterie des Hollandais qui nous met tous dans l'embarras, moi en particulier à cause de milord Sandwich quand je pense qu'il se trouve où il est pour être sacrifié s'ils s'attaquent à nous. 
            Rentré, Creed avec moi, et dîner. Après dîner je rejoins mon bureau et fais entrer la femme de Bagwell qui, comme je le savais, m'attendait. Mais on vint si tôt me voir que je ne pus causer avec elle comme j'en avais eu le dessein, pour le plaisir. Sorti donc tantôt avec Creed. Allé à pied à la foire de la Saint-Barthélémy, dont c'est le dernier jour, pour voir le meilleur danseur de corde que j'ai vu de ma vie, et c'est ce que tout le monde dit.
            Rentré en voiture à la maison. Je trouve ma femme déjà coiffée par sa suivante, Mrs Mercer qui doit venir demain. Mais ma femme devant aller demain à un baptême, elle est venue la coiffer dès ce soir/
            Un moment à mon bureau, puis souper et, au lit.


                                                                                                                   8 septembre

            Levé et au bureau affairé toute la matinée. A midi dîner à la maison puis descendu par le fleuve en yole jusqu'à Woolwich et revenu dans la soirée. Diligence faite pour équiper cette flotte de Guinée, mais elle est peu capable d'assurer le service du roi si l'on en vient à la guerre. Cet après-midi ma femme, fort bien habillée par sa nouvelle suivante, Mary Mercer, fille d'un négociant ruiné qui nous est procurée par notre Will, fut au baptême de l'enfant de Mrs Mill, la femme du pasteur, chez qui elle n'était auparavant jamais allée. Après mon retour, Mr Povey vint me voir et m'emmena souper chez Mr Bland qui, maintenant, fait toute diligence pour partir pour Tanger. Repas assez joyeux et plaisante conversation. Me plus à admirer le savoir et l'expérience de Mrs Bland que je crois aussi bonne négociante que son mari. Je rentrai à la maison où je trouvai Mrs Mercer, dont la personne me plaît bien et qui, je crois, donnera satisfaction, ou du moins je l'espère. Un peu à mon bureau et puis, au lit.


                                                                                                                            9 novembre

            Levé, et afin que tout soit prêt pour le dîner, je sortis et achetai diverses choses, entre autres une douzaine de salières d'argent,. Rentré et au bureau où quelques-uns d'entre nous se réunirent brièvement, puis à la maison et, à mon arrivée mes hôtes, Anthony et William Joyce et leurs femmes, ma tante James fraîchement arrivée du Pays de Galles et ma cousine Sarah Giles, son mari ne vint pas et elle me laissa entendre par la suite que c'était parce qu'il ne pouvait pas encore me rembourser les 40 shillings qu'elle m'emprunta il y a un an. Je fus aussi gai que je le pouvais et leur donnai un bon dîner. Mais William Joyce parla tant que tous les autres en restèrent muets et se gaussèrent de lui. J'oubliais qu'il y avait Mr Harman et sa femme. Ma tante est une brave femme sans malice. Ils ne parlent que de son départ pour Brampton chez mon père, la semaine prochaine, avec mes deux cousines Joyce et Will, le petit garçon de William, qui était là aussi aujourd'hui. Ce qui sera souci et dépense pour mes parents. Cependant mon père et ma mère désirent les voir, alors qu'ils y aillent ! Ils contemplèrent avec admiration mon grand buffet d'argenterie. J'avais mis aujourd'hui mes deux brocs à vin sur la table et, en vérité, ils sont beaux à voir, plus beaux que je n'espérai jamais en voir m'appartenir. Mrs Mercer dîna à table avec nous, ce dîner étant son premier chez moi.
            Après dîner les quittai pour aller à Whitehall où courte réunion de la commission de Tanger. Rentré de nouveau à la maison où ma femme, Mrs Mercer, Tom et moi, veillons jusqu'à 11 heures à chanter et à musiquer. Et ce m'est une grande joie que de me voir disposer de tant de plaisir chez moi que c'est et que ce sera encore, j'espère, un plaisir constant pour moi d'être à la maison. La jeune fille joue assez bien du clavecin, mais seulement des airs faciles, mais elle a du doigté. Elle chante un peu, mais elle a une jolie voix et de l'oreille. Mon valet, brave garçon, chante à ravir et est à présent, tant qu'il garde ses manières ignorantes, le plus charmant garçon que j'aie jamais vu. Souper et, avec grand plaisir, au lit.


                                                                                                                           10 septembre 1664

            Levé et à mon bureau, réunion toute la matinée. Et je suis fort chagrin de penser comment finira notre pesante inertie, car nous ne faisons rien dans ce bureau comme des gens capables de mener une guerre. Il faut nous chasser ou en mettre d'autres.
            Dîné à la maison, puis ma femme, moi et Mrs Mercer, au Théâtre du Duc où nous vîmes Les Rivaux, qui n'est pas une excellente pièce, mais bien jouée. En particulier Mrs Gosnell vient chanter et danser à ravir, cependant elle ne resta pas dans le ton, de telle sorte que les instruments ne pouvaient plus la suivre et que Harris lui-même détonna pour s'accorder à elle.
             Rentré à la maison où resté tard à écrire des lettres. Et ce soir je reçus, par l'intermédiaire de Will 105 livres, les premiers fruits de mes efforts dans l'affaire des récents contrats de subsistances pour Tanger, ce pour quoi, Dieu soit loué ! Car je puis dire avec la conscience nette que j'ai là épargné au roi 5 000 £ par an et me suis cependant donné l'espérance de 300 £ par an sans le moindre tort fait au roi.
            Souper et, au lit.


                                                                                                                      11 septembre
                                                                                                           Jour du Seigneur      
            Levé et à l'église du meilleur air que je n'y suis allé de longtemps, c'est-à-dire avec ma femme et sa dame de compagnie, Mrs Mercer avec nous et mon valet Tom pour nous escorter.
            Sermon ennuyeux. Rentrés, dîné. Laissé ma femme aller seule à l'église et parti à pied en hâte, étant en retard, pour l'abbaye de Westminster selon ma promesse de rencontrer Jane Welsh, et m'y promenai en trouvant le temps long à l'attendre de 3 heures à 6 heures du soir. Mais de Jane, point, ce qui me fâcha. Si ce n'est que j'en passai une partie avec Mr Belgrave qui se promenait dans l'abbaye et qu'il me décrivit comment est gouvernée et ordonnée la chapelle de Whitehall et comment on a garde de n'y admettre personne de débauché, ce qui me plut à entendre, quoiqu'il me dise qu'il y a là d'assez vilaines gens. En rentrant à la maison passé chez Jervas, et voilà que Jane était à la porte, et j'entrai et bus avec elle, son maître et sa maîtresse étant sortis. Elle me conta qu'elle n'avait pu venir cet après-midi mais promit pour une autre fois. 
            Je rentrai chez moi à pied, content de lui avoir parlé, et m'en fus chez mon oncle Wight où ils étaient tous en train de souper avec, entre autres, la belle Margaret Wight qui, en vérité, est fort jolie. Après souper rentré à la maison, prières et, au lit.
            Il paraît que cet après-midi sir John Mennes eut un malaise à l'église et qu'en descendant de la  1718fr                             Les voûtes de la salle capitulaire de la cathédrale de Wells médiévale,  style gothique anglais, Wells, Somerset, Angleterre Photo Stock - Alamy                                            tribune il tomba mort. Mais il revint à lui, et se porte assez bien.


.                                                                                                                     12 septembre

            Levé et chez mon cousin Anthony Joyce où pris congé de ma tante James et des femmes de mes deux cousins, qui prennent le coche aujourd'hui pour aller chez mon père. J'ai donné à ma tante 20 shillings en souvenir pour ma mère et 10 shillings pour Pall.
            Puis en voiture à St James où nous traitâmes nos affaires, comme à l'accoutumée, avec le Duc. Je le vis avec grand plaisir jouer avec sa petite fille, comme un père ordinaire avec son enfant.
            Allé à pied chez Jervas où je pris Jane à part dans la boutique et elle m'apprit que son maître et sa maîtresse allaient sortir. Je partis donc et revins une demi-heure plus tard.
            J'allai, entre-temps, à l'abbaye, voir les tombes, avec grand plaisir. Retourné vers Jane et monté à l'étage, je bus avec elle et demeurai deux heures en sa compagnie à l'embrasser, mais rien de plus.
            Pris ensuite un bateau et allai par le fleuve aux Étables de Chelsea, en face de Vauxhall, dans l'intention de voir plonger Greatorex, que Jervas et sa femme sont allés voir, et je les y retrouvai, plutôt en guise de prétexte pour être resté si longtemps chez eux. Mais, n'étant point équipé de ce qu'il fallait pour voir, je ne restai pas, mais revins à Jane. Mais elle ne pouvait sortir avec moi. Je m'en fus donc au logis de Mr Creed et, en sa compagnie, fis les cent pas à la nouvelle Bourse en causant fort sérieusement de la commodité et de la nécessité qu'il y a de porter de bons vêtements. Puis, après avoir mangé un plat de crème, je pris congé de lui. Il m'accompagna jusqu'à la fontaine de la Fleet. Il me proposa, sur ma demande, de placer quelque argent chez Backwell à 6 % d'intérêt, ce qu'il accorde rarement. Je vais y réfléchir, hésitant beaucoup à me fier à ces grands négociants, parce qu'ils sont mortels. Mais aussi, il est fort commode d'avoir son argent dans un délai d'une heure.
            Puis chez l'oncle Wight où je soupai avec ma femme, leur ayant offert une belle bourriche d'huîtres, présent de Mr Povey.
            Rentré chez moi puis, au lit.


                                                                                                             13 septembre 1664

            Levé et au bureau, affaires en réunion toute la matinée. Dîné chez moi et après à la maison des poissonniers où se réunit pour la première fois la commission des Pêcheries et où l'on dit maintenant bonnes choses sur la rappe de quarts de penny qui fut proposée comme un moyen de lever des fonds pour cette affaire, et puis sur des loteries, mais dans une grande confusion. Mais j'espère que nous prendrons l'habitude d'un plus grand ordre.
           Rentré de nouveau chez moi et au bureau d'où, après les affaires, retour à la maison et un peu de musique, après souper et, au lit.


                                                                                                             14 septembre

            Levé et, ne trouvant pas certaines choses qui auraient dû être prêtes pour m'habiller, je me mis en colère. Et une chose en amenant une autre, ma femme finit par donner son congé à Bess, ce que cette fainéante, par crainte, par malice ou par niaiserie, je ne sais, prit au mot, et demanda la permission de sortir se chercher une autre place, et le fit. Ce qui me contraria jusqu'au fond du cœur, car nous n'aurons jamais servante de meilleur caractère, si ce n'est qu'elle est étourdie.
            Au bureau toute la matinée et à midi à la Bourse d'où je partis en compagnie de sir William Warren et j'en profitai pour le prier de me prêter 100 £, et il dit qu'il me remettrait de tout cœur à l'instant, puisqu'il m'avait promis, il y a peu, de me faire un présent de 100 livres pour la peine que je m'étais donnée dans l'affaire de ses deux contrats pour des mâts, et que ce serait son présent. C'est bien pour cela que j'avais abordé le sujet et, de cette façon, j'espère être bientôt en possession de ces 100 £, dans deux ou trois jours.
            Rentré dîner, puis au bureau et descendu par le fleuve à Blackwell pour inspecter un endroit que nous avons trouvé pour entreposer des mâts, et je crois qu'il conviendra très bien. 
            Rentré à la maison où je trouve Mr Penn venu visiter ma femme et je restai avec eux jusqu'à ce que l'on vint me quérir pour aller chez Mr Bland, où il était convenu que j'irais souper. Et, bien malgré moi, je les laissai ensemble, mais Dieu sait que c'était sans aucune raison, en conscience, de craindre rien de mal entre eux, mais telle est ma folie naturelle. Arrivé là-bas, ils voulurent absolument avoir ma femme et donc, Mr Bland et sa femme ( c'était la première fois qu'elle se rendait chez moi ou ma femme chez elle ), très civilement allèrent la chercher et la ramenèrent avec Mr Penn. Puis vint Mr Povey et nous fîmes un souper admirable et fort gai, afin de prendre congé de Mr Bland qui est sur le point de partir pour Tanger. 
            Rentrés tard à la maison, prières et, au lit.


                                                                                                                  15 septembre

            Au bureau toute la matinée, puis à la Bourse et ensuite dîner, Llewellyn dînant avec nous.
Après dîner vinrent de nombreuses personnes qui me retinrent tout l'après-midi. Entre autres, le grand-maître et les gouverneurs de la maison des chirurgiens. Ils restèrent à plaider leur cause devant moi. Je leur répondis du mieux que je pus et les quittai après qu'ils furent demeurés deux heures.
            Allé à mon bureau expédier les affaires, que j'ai en nombre sur les bras, puis tard à la maison, souper et, au lit.


                                                                  à suivre...................

                                                                                                                  16 septembre

            Levé de bonne................