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mercredi 25 octobre 2017

Evacuation Raphael Jerusalmy ( Roman France )

Evacuation
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                                                                 Évacuation

            Rebelle Saba, grand-père, accepte dans un premier temps de quitter, plutôt d'évacuer leur logement, et de se laisser conduire dans un lieu plus sûr. Il est accompagné de Yaël et de Naor son petit fils. Dans le bus des tenues particulières sont distribuées pour préserver la population des retombées bactériologiques. Car Israël est en guerre, des missiles tombent, détruisent bâtiments, installations. Et Saba descend, quitte le bus et fuit. Il ne fuit pas les bombes, mais il est âgé, malade quoique très agile encore et veut être libre encore. Abandonnant les bagages dans le bus Yaël et Naor le poursuivent, le rattrapent et le suivent dans ce qui sera une longue marche à travers Tel-Aviv, cette ville dont l'auteur avoue être amoureux. Ulysse et Molloy accompagnent les fuyards à pieds. Joyce et Becket, discussion. Des campements sont installés dans le Néguev et Naplouse. Fiction. Jerusalmy imagine l'évacuation de Tel-Aviv lors d'une attaque bactériologique. Le père a refusé de se joindre à eux, il est fermier. On ne quitte pas sa terre. En route ils remarquent un coquelicot, parlent de Cecil B de Mille er Ridley Scott. D'ailleurs Naor filme leur pérégrination avec son smartphone. La ville s'est vidée de sa population, les boutiques pillées, ils logent chez Yoni. Se promènent la nuit. Ballades risquées. Les tirs se font plus rares, " en prélude aux pourparlers et à un éventuel cessez-le- feu ". Et l'auteur décrit Tel-Aviv " Tel-Aviv sans les gens. Sans la faune et le bruit......  Aussi étouffante que Guayalquir......  Peut-être parce que c'est une ville à la fois bordélique et heureuse. Comme tu en trouves aux pieds des Andes ou sur les bords de l'Amazone, plutôt qu'à l'orée du désert. Une ville qui a l'air de faire exprès de ne pas être belle. Pour que tu t'attaches à ceux qui y vivent. Pas à ses pierres...... " C'est une histoire courte, émouvante, la fin du parcours de l'un de l'autre n'est pas forcément celle que l'on attendait. Un très joli livre, où l'auteur donne aussi son avis sur les fleurs que l'on tue en les cueillant et en les laissant mourir et pourrir dans un vase. Raphaël Jérusalmy, né français et sorti de l'école nationale supérieure est parti en Israël où il a partagé la vie de Tsahal, puis retiré de l'armée il devient libraire de livres anciens, à Tel-Aviv. Il est aussi chroniqueur sur I24. Prémices d'une guerre redoutable, partout.




samedi 27 juillet 2013

Les eaux tumultueuses Aharon Appelfeld ( roman Israel )


Les eaux tumultueuses

                                             Les eaux tumultueuses


            Un été peu d'années avant la guerre de 40 au pays Ruthène, les paysans moissonnent forts et fortes, autour de la petite ville d'eaux et de la pension Zaltzer qui accueille chaque été des habitués, joueurs invétérés, ruinés avant même d'avoir commencé les parties de cartes. Rita a vendu ses derniers biens au grand dam de son fils, lucide et cruel, pour jouer, Benno intelligent vélléitaire, vit sous la pression d'une mère qui craint de le perdre et le bombarde de courriers recommandés, n'ouvrira pas le dernier telégramme, il y a Van qui aime Zoussi qui n'a d'amour admiratif que pour son généreux père. Les uns les autres nourris par Marie cuisinière et nounou d'un petit monde angoissé pas assez nombreux pour jouer. Mais où sont passés les quelques quarante estivants qui envahissaient le petit hôtel ? Trop peu nombreux pour jouer, chaque jour ils traversent les champs pleins de l'espoir de retrouver dans la gare proche les visages familiers. Pour tromper la peur qui se diffuse entre eux ils boivent le cognac frelaté d'un barman fourbe, s'aiment, interrogatifs, juifs et catholiques. Jour d'orage, prémonitoire des années à venir, le fleuve déborde, les eaux tumultueuses envahissent et détruisent le jardin de l'hôtel. Mais demain... le lendemain deux solides ruthènes ôteront les pots cassés, sarcleront le sol, refairont un joli espace où ces estivants qui s'aiment et jouent le temps d'un été désespèrent de voir revenir les joies passées. Des personnages simples, joyeux, malheureux, surfant au bord de l'abîme, attachants, touchants. Vie futile, vie d'angoisse. Court roman précieux.