Les eaux tumultueuses
Un été peu d'années avant la guerre de 40 au pays Ruthène, les paysans moissonnent forts et fortes, autour de la petite ville d'eaux et de la pension Zaltzer qui accueille chaque été des habitués, joueurs invétérés, ruinés avant même d'avoir commencé les parties de cartes. Rita a vendu ses derniers biens au grand dam de son fils, lucide et cruel, pour jouer, Benno intelligent vélléitaire, vit sous la pression d'une mère qui craint de le perdre et le bombarde de courriers recommandés, n'ouvrira pas le dernier telégramme, il y a Van qui aime Zoussi qui n'a d'amour admiratif que pour son généreux père. Les uns les autres nourris par Marie cuisinière et nounou d'un petit monde angoissé pas assez nombreux pour jouer. Mais où sont passés les quelques quarante estivants qui envahissaient le petit hôtel ? Trop peu nombreux pour jouer, chaque jour ils traversent les champs pleins de l'espoir de retrouver dans la gare proche les visages familiers. Pour tromper la peur qui se diffuse entre eux ils boivent le cognac frelaté d'un barman fourbe, s'aiment, interrogatifs, juifs et catholiques. Jour d'orage, prémonitoire des années à venir, le fleuve déborde, les eaux tumultueuses envahissent et détruisent le jardin de l'hôtel. Mais demain... le lendemain deux solides ruthènes ôteront les pots cassés, sarcleront le sol, refairont un joli espace où ces estivants qui s'aiment et jouent le temps d'un été désespèrent de voir revenir les joies passées. Des personnages simples, joyeux, malheureux, surfant au bord de l'abîme, attachants, touchants. Vie futile, vie d'angoisse. Court roman précieux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire