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Il va courant, marchant, fuyant
Il va courant, marchant, fuyant
ses pieds...
Il a deux nuages dans son nuage,
assis apocryphe, incrustés dans la main
ses tristes pours, ses alors funèbres.
Il s'éloigne de tout, avançant
parmi des protestations incolores : il fuit
en montant, il fuit
en descendant, il fuit
à pas de soutane, il fuit
en dressant le mal dans ses bras, il fuit
directement pour sangloter tout seul
Où qu'il aille,
loin de ses talons tonitruants, caustiques,
loin de l'air, loin de son voyage,
pour fuir, fuir, fuir, et fuir
ses pieds, homme sur deux pieds, arrêté
à force de fuir, il y aura soif de courir. pinterest.fr
Et pas même l'arbre, s'il endosse du fer d'or !
Et pas même le fer, s'il couvre sa frondaison !
Rien, sauf ses pieds,
rien sauf son bref frémissement,
ses pours vivants, ses alors vivants...
18 septembre 1937
César Vallejo