jeudi 30 avril 2020

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 116 Sam6 mauel Pepys ( Journal Angleterre )







                                                                                                                       






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                                                                                                                   1er Mai 1664
                                                                                                        Jour du Seigneur
            Grasse matinée. N'allai pas à l'église mais restai chez moi pour examiner mes comptes d'hier soir que je trouve corrects. Je suis bel et bien créditeur de 908 livres, même somme que le mois dernier.
            Dîner, descendis ensuite par le fleuve, en compagnie de ma femme et de Bess, jusqu'à Greenwich, avec grand plaisir, puis revins me laissant glisser au fil de l'eau jusqu'à Deptford où je débarquai et je dis à ma femme d'aller plus loin et de débarquer avant la taverne de la Demi-Etape. Allai à l'arsenal du roi où je parlai de différentes affaires avec les officiers de la marine. Puis demandai à Mr Waith son avis sur la toile et allai à la taverne de la Demi-Etape où se trouvait ma femme. Après avoir mangé là nous prîmes congé et rentrâmes chez nous à pied avant la nui.
            Souper, prières et, au lit.


                                                                                                                      2 mai

            Grasse matinée assez longue. Levé puis allai par le fleuve à St James où me mis au service du Duc en compagnie de sir William Batten et de sir John Mennes. Après avoir accompli notre travail avec lui, marchai jusqu'au palais de Westminster. Après avoir parlé affaires rencontrai Mr Rawlinson, puis en voiture à la Bourse où traitai des affaires. Rentré dîner chez moi et bientôt, en voiture, au Théâtre du Roi voir Le Labyrinthe, mais comme j'arrivai en avance, allai à pied chez milord prendre des nouvelles de milady. Elle va assez bien, du moins on ne craint plus pour sa vie. Puis, rencontrant le capitaine Ferrer qui offrit de nous conduire tout à l'heure au parc dans le carrosse de milord, nous lui demandâmes de venir nous chercher à la sortie du théâtre, où ma femme et moi allâmes à pied, accompagnée de Mademoiselle. Je lui payai sa place et vis Le Labyrinthe, la plus mauvaise pièce que j'aie jamais vue, car il n'y a rien d'autre que diverses méprises résultant de l'éducation d'une jeune fille en costume d'homme et d'un homme habillé en femme. Mrs Steward était là, elle est vraiment très belle mais pas autant que milady Castlemaine, malgré la poussière. Très peu de gens.
            L'on faillit perdre un des chevaux qui tomba dans le timon, mais bientôt tout rentra dans l'ordre. Après avoir parcouru le parc de long en large, à la maison, déposant Mademoiselle chez elle. Ensuite au bureau où Mr Bland vint me payer la somme qu'il reconnaît me devoir pour les services rendus dans l'affaire du " Tanger Merchant ", vingt pièces d'or neuf agréables à voir, cela me réjouit le coeur.
            Après son départ rentrai souper et les montrai à ma femme. La malheureuse eût aimé les garder pour les contempler, sans d'autre dessein que le simple plaisir de les voir. Mais cela ne m'agréa point, je les repris. Souper puis, au lit.


                                                                                                                          3 mai
                                                                                                                    

            Levé. Après m'être préparé allai comme convenu chez Mr Bland où bus ma boisson du matin, du bon chocolat. Comme je me salis le tour de cou j'en fis chercher un de rechange. Puis allai avec lui, par le fleuve, à Whitehall, et à pied à St James où rencontrai Creed, Vernaty et bientôt sir William Rider, puis dans les appartements de Mr Coventry au sujet des comptes de milord Peterborough. Je m'efforçai de dénoncer et de châtier, autant que faire se peut, la sottise de Mr Povey, car je n'ai jamais vu au monde un homme de ce rang se comporter avec autant de fatuité dans de telles charges. J'ai conscience de l'avoir perdu à tout jamais, mais peu me chaut, car c'est un fat et je ne le crois pas d'une honnêteté excessive, d'après ce que je vois. Pourtant, malgré toute sa sottise, il a la chance de temps à autre d'exprimer ses bêtises par de si belles paroles et avec de tels effets qu'on les croirait raisonnables et pertinentes, ce qui est vraiment pour moi un sujet d'étonnement.                             pinterest.cl
            Puis à pied au palais de Westminster, à la Chambre des Lords, au milieu d'une grande foule, depuis 10 heures jusqu'à près de 3 heures, entendis l'affaire de Mr Robartes, fils de milord le garde du Sceau privé, contre Wynn, qui a frauduleusement obtenu que le père de la femme de Mr Robartes, Mr Bodvile, lui lègue sa fortune et déshérite sa fille. C'est Finch, l'avocat général, qui défendait milord le garde du Sceau privé dans cette affaire. En vérité, je pense que c'est assurément l'homme le plus éloquent que j'aie jamais entendu, ou que je puisse jamais espérer entendre.
            Puis, après être resté longtemps à parler avec milord Sandwich car, enfin, il est venu vers moi pour me parler de l'affaire de milord Peterborough, rentrai en voiture au bureau où restai tout l'après-midi. Fis juste un saut à la maison pour prendre un morceau, puis retournai au bureau, n'ayant rien mangé auparavant de la journée. Ma femme sortie avec ma tante Wight et Norbury.
              Dans la soirée allai chez mon oncle Wight, ne les trouvant pas chez eux, revins. Ils étaient allés au parc et au jardin aux mûres. Allai à la Bourse où rencontrai Mr Hempson, que sir William Batten a récemment renvoyé, pour la simple raison qu'il est venu me voir, à son arrivée à Londres, avant d'aller chez lui. Il me parla de nombreuses filouteries de sir William Batten, me dit qu'il peut prouver que le capitaine Cox de Chatham lui a donné 10 livres d'or pour le persuader de se porter garant de lui à la restauration du roi, et que Tom Newborn a obligé de pauvres gens à lui donner 3 livres pour persuader sir William Batten de le faire entrer à l'arsenal, et que sir William Batten a souvent dit :
            " - Tudieu ! Tom, vous allez en tirer quelque chose et j'en veux ma part. "
             Son commis actuel, venu à la place de Norman, a obtenu son poste contre de l'argent. Il me dit également que les Batten ont un train de vie élevé mais qu'ils manquent d'argent, tout comme d'autres, qu'il accepte donc de se laisser corrompre avec du satin, de petits meubles et d'autres objets que lui offrent des gens qui traitent avec lui, que personne presque ne prend la mer ou n'obtient un service de sir William Batten sans qu'un pot-de-vin lui soit donné. Que, et c'est notoire, sa femme était une catin et qu'il reçut des feuilles le traitant de cocu dès après son mariage. Qu'il a reçu de Hempson 100 livres en espèces et pour une valeur de 50 livres supplémentaires en nature..... Qu'il a fraudé la caisse des Invalides et en a soustrait 1 000 livres, qu'il détient actuellement.
            Je rencontrai également Mr Cutler à la Bourse. Il me dit qu'assurément Lawson a  de nouveau déclaré la guerre à Alger, bien que, dès son arrivée, on lui eût rendu les navires qui avaient été saisis, ainsi que tous les équipages. Mais ensuite on refusa de le dédommager pour la marchandise saisie.
            Puis chez mon oncle Wight. Comme il n'y était pas allai, avec Mr Norbury, à la taverne toute proche de la Toison, dans Leaden Halln boire de la bière épicée. Pris bientôt congé car il était 11 heures du soir. Les laissant chez eux, rentrai moi-même à la maison puis, au lit.


                                                                                                                           4 mai

            Levé. Mon nouveau tailleur Langford vint prendre mes mesures pour un nouveau costume et un manteau de drap noir. Je pense qu'il se révélera très soigneux et qu'il me donnera satisfaction.
            Puis de service auprès de milord Peterborough alité, pour lui rendre compte de ce que nous avons décidé hier concernant Povey. J'ai l'impression de travailler à une affaire qui ne m'apportera guère de plaisir. Peu importe, je rendrai service au roi. Puis dans les appartements de milord où il reste pendant la maladie de milady. Lui parlai de la même affaire. Rentré et par le fleuve chez mon cousin Scott. Lui présentai mes condoléances après le décès de sa femme, ma cousine, et lui parlai de sa tâche comme mandataire de mon père dans le règlement de la succession de mon frère Tom. Il me dit que l'affaire de sa bâtarde et de Jack Noble nous couvrira vraisemblablement de honte. Peu importe, si cela ne nous coûte pas d'argent.
            Puis au café et un moment à la Bourse. Nouvelles incertaines sur le comportement des Hollandais. D'après certains ils agissent en vue de la guerre, d'autres disent que non. L'épidémie de peste s'étend à Amsterdam.
            Rentrai dîner chez moi, puis au bureau jusqu'à fort tard, jusqu'à ce que les yeux commencent à m'inquiéter. Ma vue commence maintenant à baisser à la lueur de la bougie. Mais dans l'après-midi Mr Peter Honywood vint et me donna 20 shillings, comme allocation que lui et ses parents paient à mon frère John. Mais, Dieu me pardonne cet orgueil, je me crois trop haut placé pour l'accepter : c'est une marque déplaisante d'orgueil, que Dieu me pardonne.
             Le soir à la maison, souper, au lit.


                                                                                                               5 mai 1664

            Levé, tôt au bureau, affairé. Puis sortis changer de l'argenterie pour que mon père l'envoie aujourd'hui par courrier à Brampton. Mais je remarque et je crains que cela ne me porte tort d'échanger des cuillers de mon oncle Robert contre des neuves et d'y faire graver un P, comme mon frère en avait l'habitude, de sorte qu'ainsi je ne pourrai plus les revendiquer. Ce n'est cependant pas une question importante, aussi je me décidai à le faire. Puis à la Bourse. Rencontrai sir William Warren, allâmes dans une taverne discuter, comme de coutume, des conséquences néfastes pour le roi de la gestion des affaires de la marine que sir William Batten nous impose par sa filouterie.
            Rentré dîner à la maison, puis au bureau, tout l'après-midi. Rentré tôt à la maison, mes yeux devenant chaque jour moins capables de supporter longtemps la lecture ou l'écriture, bien qu'il fasse encore jour. C'est la première fois que cela se produit.
            Rentré chez moi auprès de ma femme, après souper, au lit.


                                                                                                                         6 mai
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after Marco Ricci, 'View of the Mall in Saint James's Park,' after ...            Levé ce matin, puis au bureau où Simpson, mon menuisier, vint travailler aux modifications de mon cabinet que je transforme en changeant la porte de place et en apportant d'autres changements à ma grande satisfaction. Affairé tout le jour mais rentrai l'après-midi à la maison, écrivis des lettres et réglai d'autres affaires, car mes registres étaient dérangés au bureau. Le soir à la maison puis, au lit, l'esprit tout occupé par l'histoire de mon petit cabinet. Il est étrange de penser que cet aménagement m'occupe l'esprit et chasse toute autre préoccupation de mes pensées.


                                                                                                                    7 mai

            Tôt au bureau avec les menuisiers, donnai des instructions pour d'autres modifications. Sitôt après réunion toute la matinée. Après dîner vint Deane de Woolwich et je passai, comme prévu, tout l'après-midi avec lui à me faire expliquer la construction d'un navire. Je crois que je comprendrai bientôt comment on fait. Quelque temps au bureau dans la soirée pour voir comment le travail que j'ai commandé avance. Puis rentré chez moi, passai encore la soirée avec Mr Deane, puis nous eûmes un bon souper, puis il alla au lit car il restait chez moi.

                                                                               
                                                                                                                        8 mai
                                                                                                   Jour du Seigneur   
            Aujourd'hui mon nouveau tailleur, Mr Langford, m'apporta à la maison un costume et un manteau neufs de drap noir doublés de moire et de soie. Son travail me plaît beaucoup et j'espère qu'il sera correct avec moi. Après son départ, Deane et moi allâmes dans mon cabinet de travail répéter, toute la matinée, la leçon d'hier sur les navires. J'espère bientôt comprendre. Dîner à midi. Il est curieux de l'entendre dans la conversation faire l'éloge de la chimie, à la suite d'un entretien qu'il a eu avec un chimiste de sa connaissance, alors que, le pauvre, il n'y entend pas un mot, mais je remarque bien que ce n'est que son bon naturel. Dans cette affaire de construction navale, il a fait beaucoup d'efforts, plus que la plupart des constructeurs, je crois.
            Il partit après dîner, puis j'allai avec ma femme à l'église, ensuite, après l'office, chez sir William Penn où restai m'entretenir avec lui. Ce coquin et ce traître semble, comme toujours, fort courtois avec moi, bien que, je le sais, il nous déteste et nous envie.
            A la maison, souper, prières puis, au lit.


                                                                                                                                9 mai
                                                                                                         
            Levé, puis toute la matinée à mon bureau où vis que les travaux de menuiserie étaient presque terminés, à ma grande satisfaction. A midi rentré dîner chez moi, sortis ensuite dans la voiture de sir William Penn. Il nous déposa, ma femme et moi à la nouvelle Bourse. Après avoir fait des emplettes, à pied chez milady Sandwich qui, la pauvre infortunée, se porte maintenant assez bien pour se tenir sur son  séant, grâce à Dieu. Elle nous manda de monter la voir, si cela ne nous effrayait point, ce que nous fîmes. Mais elle s'opposa vivement à ce que ma femme vînt trop près d'elle, pourtant, la malheureuse est guérie de la rougeole, et je ne puis en voir aucune trace sur son visage. Nous restâmes plus de trois heures, jusqu'à ce qu'il fût 6 heures, à nous entretenir avec elle de divers sujets, avec grand plaisir. Partîmes alors, retour en voiture, faisant en chemin plusieurs achats pour ma femme.
            Après avoir regardé avec grande satisfaction , le travail fait dans mon bureau aujourd'hui, rentré à la maison, souper puis, au lit. Il est étrange que je ne puisse songer à rien tant que les travaux durent dans mon bureau.
            Aujourd'hui allant avec ma femme faire des achats dans Paternoster Row passai, en chemin, chez Mr Hollier pour lui demander conseil sur l'épanchement qu'elle a à la jambe, qui tend à s'assécher de lui-même. D'après lui il faut que cela s'assèche.
         

                                                                                                                         10 mai

            Levé puis au bureau à surveiller mes ouvriers toute la matinée. Après le travail fis de même le soir. A la maison, souper puis, au lit.


                                                                                                                          11 mai
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LE MUSÉE DU CHOCOLAT - LE PIETON DE PARIS            Levé. Toute la journée, matin et après-midi, au bureau pour vérifier que le menuisier terminait son travail, que le nettoyage était fait et tout était remis en ordre.
            A vrai dire, mon petit cabinet est maintenant très commode et très agréable pour moi. Mon oncle Wight vint me voir au bureau cet après-midi pour me reparler de l'affaire Maes. En sortant de mon bureau il alla chez moi voir ma femme. Assez étrangement ma femme me manda aussitôt après son départ pour me dire qu'il s'était mis à discourir sur le fait qu'elle n'avait pas d'enfant et lui non plus, qu'à son avis il vaudrait mieux qu'ils en eussent un ensemble, qu'il lui offrirait 500 livres en argent comptant ou en bijoux d'abord et qu'ensuite il ferait de l'enfant son héritier. Il la félicita de sa beauté et lui dit qu'à sa connaissance un tel projet était légal. Elle me dit qu'elle lui répondit vivement sans qu'il s'excusât, prétendant avoir plaisanté et il ajouta qu'il ne lui en parlerait plus, puisqu'il savait ce qu'elle en pensait, et souhaita qu'elle n'en dît mot.
            Il semble qu'il dit tout cela en feignant de rire, mais d'après tous les mots qui s'échangèrent, que je ne puis vraiment rapporter, il m'apparaît clairement qu'il était fort sincère, et je crains que toute sa bonté ne soit que son désir d'elle.
            Je ne sais qu'en penser à l'instant, mais je crois que je ne vais pas lui faire de remarque avant d'avoir réfléchi. Puis, l'esprit et le coeur un peu chagrins, je reçus une lettre de Mr Coventry au sujet d'un mât pour le yacht du Duc. Cette affaire, entre autres, me fait prendre la résolution d'aller de bonne heure à Woolwich demain. Souper puis, au lit.


                                                                                                                               12 mai 1664

            Levé avant 4 heures, allai par le fleuve à Woolwich, réglai quelques affaires puis à pied à Greenwich. Conversation intéressante avec Deane sur la plus grande partie du trajet. Rencontré, comme convenu, le commissaire Pett et allai avec lui à Deptford, où vaquai aussi à quelques affaires. Rentré au bureau, à midi vinrent Mrs Hunt, sa cousine, son enfant et sa servante, pour dîner avec moi. Ma femme était indisposée et gardait le lit. J'étais contrarié, cependant n'y pouvant rien m'occupai d'elles, jusqu'après-dîner.
            Au bureau réunion tout l'après-midi. Dans une lettre que je reçois de Mr Coventry, je vois le signe avant-coureur d'une guerre avec la Hollande.
            Rentré chez moi puis, au lit de bonne heure, parce qu'il faut se lever demain.


                                                                                                                              13 mai

            Levé avant 3 heures. Peu après, par le fleuve car il faisait autant jour qu'à midi et qu'un soleil clair se levait. Mais bientôt apparut un arc-en-ciel, le premier que j'aie jamais vu le matin, puis il commença à pleuvoir un peu, mais il y eut de nouveau une éclaircie. Allai à Woolwich où, avant l'arrivée des ouvriers, je passai deux heures avec Mr Deane, sur le nouveau navire, apprendre le nom et l'usage d'un grand nombre de ses différentes parties, à ma grande satisfaction, puis revins sans rien faire d'autre.
            Après m'être changé allai à Westminster m'occuper entre autres de l'affaire de Mr Maes. Dans la Chambre peinte j'entends un débat intéressant auquel participait l'ensemble du Parlement sur un projet de loi contre les conventicules : - Seul le lord-lieutenant du comté serait autorisé à perquisitionner  chez les lords. En cas de culpabilité ils ne seraient jugés que par leurs pairs. Troisièmement alors que le projet de loi prévoit que " est considérée comme conventicule toute réunion de personnes qui font quoi que ce soit de contraire à la liturgie de l'Eglise d'Angleterre ", ils voudraient faire ajouter " ou à la pratique ". Les Communes dirent qu'elles ne savaient ce que l'on pouvait considérer désormais comme la pratique de l'Eglise d'Angleterre, car il existe maintes choses que l'on peut considérer comme éléments de cette pratique, mais qui ne furent jamais instituées en droit, ni par la Common Law, ni par la législation, ni par le droit canon, qu'il s'agisse par exemple de chanter des psaumes, de publier des prières en appendice à la Bible ou d'improviser des prières avant ou après le sermon. - Bien qu'il s'agisse de questions indifférentes, cependant, autant qu'on le sache à présent, on pourrait introduire des innovations susceptibles d'être considérées comme faisant partie de la pratique de l'Eglise, mais qu'il ne conviendrait pas d'autoriser.
            Quant aux privilèges des Lords, Mr Waller leur dit combien leurs prédécesseurs avaient été chatouilleux en ce qui concerne les privilèges des Lords.
            Il faut cependant choisir entre eux et la paix du royaume. Les membres du Parlement conçoivent que ces privilèges doivent disparaître. Mr Walley leur dit qu'à son avis, s'ils reconnaissent tous ces privilèges que les Lords pourraient exiger, ils se feraient mener comme l'homme qui, ayant autorisé son voisin à arracher la queue de son cheval, voulant ainsi dire qu'il ne pouvait le faire d'un seul coup, vit le voisin bel et bien arracher crin par crin la queue de son cheval.
          De même les Communes, si elles autorisaient une chose après l'autre, pourraient se faire traiter ainsi par les Lords. Mr Vaughan, qu'à mon grand regret je ne pouvais parfaitement entendre, déclara :
" s'ils étaient ainsi obligés d’exempter les Lords de tout, un jour viendrait où tout acte, quelle qu'en soit la gravité, si les Communes en décidaient ainsi, seraient punissables par la loi quand il s'agirait d'un roturier, alors qu'il ne le serait pas quand il s'agirait des Lords, ce qui serait tenu pour privilège.
            Il dit aussi que, dans cette affaire, les travaux d'un conventicule ne durant qu'une heure, la perquisition serait sans objet avant même que l'on pût mander un lord-lieutenant qui se trouverait à des lieux de là.
            Il dit aussi qu'on fait toute cette querelle pour seulement 100 livres, car le texte prévoit le bannissement ou le paiement de 100 livres.
            Sur ces entrefaites j'entendis le duc de Lennox dire qu'il pourrait y avoir des lords qui ne fussent pas toujours prêts à perdre 100 livres ou quelque chose de ce genre.
            La séance fut levée sans qu'il y eut de conclusion dans cette affaire.
            Il y eut aussi à la Chambre des Communes un débat important au sujet de Mr Prynne. L'on fut d'avis qu'il eût fallu l'envoyer à la Tour pour avoir, de son propre chef, fait un ajout à un projet de loi sur les mesures de vin et d'autres boissons de ce genre, projet déposé par ses soins. Mais on conclut qu'il n'avait eu aucune intention malveillante. Le roi, cependant, prit volontiers sa défense par écrit et on passa l'éponge. Mais cela vaut la peine de rappeler que je vis le vieux Ryley le héraut et son fils. Parlai à son fils qui me tint des propos très désobligeants envers Mr Prynne. Il dit que le roi lui a confié la charge de tenir les archives mais qu'il n'y vient jamais, qu'il n'y est pas venu depuis six mois, de sorte que, me semble-t-il, ils espèrent lui succéder dans cet emploi.
            Ainsi chacun est susceptible de se faire jalouser et remplacer.
            A midi à la taverne de la Jambe où dînèrent sir George Ascue, sir Robert Parkhurst et sir William Penn. Bon dîner fort gai. Puis à Whitehall, fis les cent pas un moment mais, comme le Conseil ne se réunissait pas assez tôt, repris le chemin de mon domicile, m'arrêtant au passage chez mon cousin Roger Pepys avec qui je m'entretins. L'entendis tellement parler de son désir de me voir faire le nécessaire pour le paiement des dettes mon frère et d'autres choses de ce genre, tendant à m'obliger de me départir de ce que j'acquiers à grand-peine, afin de régler les dépenses d'autrui, que j'étais extrêmement chagrin.
            Ensuite chez sir Robert Bernard où j'appris le retard que met Pigott à nous payer, ce qui me chagrine fort également. Rentré chez moi trouvai une lettre de mon cousin Scott m'informant qu'il n'a plus l'intention de s'occuper du règlement de la succession au nom de mon père, ce qui me rend presque fou, à la pensée des ennuis que je vais vraisemblablement avoir avec les affaires d'autrui ennuis plus grands encore que ceux que je pourrais espérer dans le cas de mes propres affaires.
            Donc, l'esprit fort contrarié, au lit.


                                                                                                                               14 mai 1664

            Levé, en proie à de vives douleurs ayant, je crois, pris froid hier. Allai au bureau. Rentrai dîner souffrant le martyre. Après dîner la souffrance augmentant je fus obligé d'aller au lit, et bientôt, la douleur fut telle, pendant une ou deux heures, que je ne me souviens pas en avoir jamais éprouvée de pire pendant mes crises de maladie de la pierre, dans le bas ventre et aussi dans le dos. Je ne pus lâcher un vent. Je pris un clystère mais il me fit peu évacuer et un paroxysme de douleur s'ensuivit.
            Enfin, après avoir été ainsi au supplice, pleurant et hurlant, je ne sais si c'est à cause d'une très grande suée mais, en me retournant en tous sens dans le lit, je tombai par hasard sur les genoux, et ma douleur commença de diminuer petit à petit, de sorte qu'au bout d'une heure je ne souffris presque plus. Mais je ne pouvais ni lâcher un vent, ni uriner. Je restai ainsi et dormis bien toute la nuit.


                                                                                                                               15 mai
                                                                                                           Jour du Seigneur
            Me levai et, comme j'en avais eu l'intention avant cette douleur, pris une purge et elle fit effet. Ma femme n'ayant pas couché avec moi cette nuit, pour la première fois, je crois, depuis notre mariage où nous habitons sous le même toit, sauf lorsque mon père venait en ville et qu'il couchait chez moi. Elle aussi prit une purge aujourd'hui, et nos deux purges produisirent bon effet. Ainsi passâmes-nous la journée, après que notre purge eut agi, à converser plaisamment, mais je n'étais pas bien, car je ne pouvais toujours ni uriner, sauf une ou deux gouttes à grand-peine, ni lâcher un vent.
            Dans la soirée, Mr Vernatty vint et m'entretint de l'affaire de lord Peterborough. Et visite aussi de mon oncle Wight et de Norbury. Mais je ne fis rien observer ni ne me comportai différemment  avec mon oncle Wight, ni lui avec moi, malgré ses ignobles agissements envers ma femme la semaine dernière. Mais attendrai pour m'en servir. Alors, fort échauffé, allai au lit et dormis bien.


                                                                           à suivre.............

                                                                                                                        16 mai 1664

            Obligé de...............


            

samedi 25 avril 2020

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 115 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )

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                                                                                                                            16 Avril 1664

            Levé puis au bureau où toute la matinée on parla de la querelle au sujet des mâts de Mr Wood. A midi avec Mr Coventry au bureau de la Compagnie d'Afrique. Après un bon dîner, agréable, montai avec lui, sir William Rider, Povey l'imbécile ( c'est le sot le plus ridicule que j'aie jamais vu prétendre faire des affaires ) ainsi que Creed et Vernatty, examiner les comptes de Mr Peterborougj. Mais plus nous les scrutons plus nous voyons ce qui pose problème, ce qui nous fit lever la séance.
            Rentré à la maison, trouvai que ma femme et Bess étaient allées par le fleuve à la taverne de la Demi-Etape. Les suivit, pensant aller à Woolwich, mais il était trop tard, mangeai donc un gâteau et rentrai, puis, en voiture, allai parler à Tom Trice d'une lettre de mon cousin Scott que j'ai reçue cet après-midi, d'où il ressort qu'il refuse de représenter mon père pour le règlement de la succession de mon frère Tom. Mais il avait quitté Londres et je rentrai contrarié à la maison, puis au bureau, restai tard à lui écrire une lettre. Rentré chez moi puis, au lit.


                                                                                                                        17 avril
                                                                                                    Jour du Seigneur
            Levé. Mis mon plus beau costume de drap noir et mon manteau de velours et, avec ma femme, portant son plus bel ensemble orné d'un galon, j'allai à l'église. Cela fait neuf ou dix semaines que nous n'y sommes pas allés. C'est, en vérité, ma jalousie qui nous en a empêchés, de crainte qu'elle ne vît Pembleton. Il était là aujourd'hui, mais assis, je crois, sans pouvoir la voir, ce qui me plut fort, Dieu me vienne en aide ! quoique je sache pertinemment que tout ceci n'est, en toute raison, que folie ridicule de ma part. Rentré dîner et, après avoir hésité longtemps à aller à Woolwich voir Mr Falconer, mais, à dire vrai, c'était pour empêcher ma femme d'aller à l'église où prêcha un jeune sot, je dormis profondément pendant tout le sermon. Puis ma femme et moi allâmes chez sir William Penn. Nous avons devisé avec lui et sa fille. Ensuite, ma femme alla à pied chez mon oncle Wight où elle soupa avec force gaieté. Suis fâché de voir quelles dépenses la vanité de ma tante fait supporter à son mari pour recevoir ses parents à elle, mais rien du tout pour recevoir les nôtres. A la maison et, au lit.
            Notre pasteur, Mr Milles, fit une erreur remarquable en lisant la liturgie. Au lieu de dire :
" Nous te supplions de nous garder les fruits de la terre que nous donne ta bonté ", il s'écria :
" Garde-nous notre gracieuse reine Catherine. "


                                                                                                                           18 avril

            Levé, en voiture à Westminster où intriguai de nouveau pour l'affaire de William Joyce. En parlai au duc d'York, qui comprit très bien. Rencontrai ensuite milady Petre à l'extérieur de la Chambre et tentai de l'apaiser. Mais elle me dit qu'elle ne ferait rien pour qu'il soit relaxé, pas même pour échapper à l'enfer, mais qu'elle se vengerait toute sa vie, dût-elle vivre aussi longtemps que Mathusalem.
            Je me fis beaucoup d'amis, les autres aussi. Enfin les Lords ordonnèrent qu'il fût référé à la Commission des Privilèges. Ensuite, après m'être entretenu avec les Joyce, partis en voiture vers la Bourse où, entre autres, j'apprends qu'un juif propose une police d'assurance à 4 % pour se garantir contre une guerre avec la Hollande pendant quatre mois. J'avais envie d'accepter cette offre, mais cependant prendrai d'abord conseil. A cette fin pris une voiture pour St James, mais Mr Coventry était sorti. Puis à Westminster, où Mrs Lane était sortie, ce qui fit échouer mon projet de passer l'après-midi avec elle. Et donc, rencontrant Mr Blagrave l'accompagnai chez lui où il chanta avec sa parente, mais cela me déplut, car il chantait très mal, à mon avis, ou alors je suis devenu plus difficile à contenter. Retournai au palais de Westminster. Après avoir rencontré et parlé à plusieurs personnes, allai chez Mrs Hunt, où je savais ma femme et ma tante Wight pour affaires. Comme elles étaient sorties se promener dans le parc, je partis à leur recherche avec Mrs Hunt qui était restée chez elle à m'attendre. Les ayant trouvées les emmenai toutes en voiture, que j'avais fait attendre, à Hyde Park, où je ne suis pas allé depuis l'année dernière et vis là le roi en perruque, cela ne le change pas. Et milady Castlemaine venue seule en carrosse, vêtue d'un satin jaune et portant une modestie. Et nombre de personnes élégantes. Et moi dans un fiacre plein de gens, avais honte d'être vu par le beau monde, car beaucoup me reconnaissaient.
            Rentré le soir à la maison, déposant ma tante chez elle, puis fîmes venir un rôti pour souper. Ensuite au bureau jusqu'à onze heures du soir. Rentré chez moi puis, au lit.


                                                                                                                      19 avril
passion-nature.net
Le Rossignol Philomèle - Passion Nature            Levé, puis à St James. Traitai longtemps avec Mr Coventry, Povey, etc. des comptes de Tanger, mais la sottise de ce freluquet de Povey était telle que nous ne pûmes guère avancer. Prîmes donc congé pour l'instant, et moi de marcher avec Creed et Vernatz dans le jardin botanique du parc St James où je vis pour la première fois des orangers et d'autres beaux arbres. Ensuite au palais de Westminster et par le fleuve au quartier du Temple, puis à pied à la Bourse que je trouve pleine de nouvelles provenant de Guinée. Certains disent que les Hollandais ont coulé nos navires et pris notre fort, d'autres que c'est nous qui leur avons fait subir ce sort. Mais nos marchands me laissent entendre qu'il s'est passé quelque chose, mais ils le tiennent encore secret.
            Rentré dîner puis au bureau, soirée avec le capitaine Taylor à réfléchir pour savoir comment obtenir un peu d'argent en lui louant l''lias pour aller chercher des mâts en Nouvelle Angleterre.
            A la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                     20 avril 1664

            Levé, en voiture à Westminster à me démener toute la matinée pour l'affaire de William Joyce. Rencontré Mr Coventry dans la Grand-Salle. Il me dit que la commission du commerce a maintenant reçu tous les griefs des négociants contre les Hollandais et qu'elle a résolu de rendre compte très précisément de tous les torts qu'ils nous ont faits. Pourtant, Dieu sait que c'est notre négligence et notre paresse qui nous ont porté tort. Cela aura lieu demain au Parlement.
            Je sortis de la Grand-Salle et allai avec Mrs Lane chez Mr Herbert, à l'enseigne du Cygne dans la cour du Palais pour essayer deux tours de cou. Bien que j'aie eu envie de folâtrer avec elle, ne restai, à dessein, que peu de temps, gardai la porte ouverte et appelai le maître et la maîtresse de la maison, l'un après l'autre, pour venir boire et deviser avec moi, et leur montrai mes vieux tours de cou et les nouveaux. Comme je ne fis rien, ils pourront donc témoigner que je n'ai pas eu l'occasion d'y rien faire.
            Rentré en voiture avec sir William Penn, m'arrêtai dans le quartier du Temple pour me procurer des psaumes de Lawes. Je ne les ai pas achetés, c'eût été contre ma résolution. J'ai seulement déposé des arrhes en attendant que l'on me relie mieux d'autres partitions. D'ici là j'espère encaisser de l'argent par une traite du trésorier général de la Marine. Cela me permettra alors d'acheter cette musique sans manquer à ma parole.
            Rentré dîner, passé tout l'après-midi à une réunion de la Caisse des Invalides. Le soir visite de ma tante et mon oncle Wight ainsi que Nan Ferrers. Soupâmes joyeusement. Mon oncle arriva une heure après les autres convives, presque saoul. Pris grand plaisir à leur conversation. Après leur départ, au lit, fort tard.


                                                                                                                              21 avril

            Levé assez tôt, puis au bureau où arriva bientôt Mr Vernatz. Il resta deux heures, mais Mr Gauden ne vint pas, il prit donc congé pensant nous revoir bientôt. Vint ensuite Mr Creed et après une conversation, allâmes en voiture avec ma femme au palais de Westminster. Je la déposai chez Unthank son tailleur. Appris à la Chambre des lords que s'il fait à genoux sa soumission, à la Chambre ainsi qu'à Mrs Petre, William Joyce sera relâché. Je lui ai aussitôt dit de se soumettre et de demander grâce à genoux. Ce qu'il fit auprès de plusieurs lords. Mais milady ne voulut en entendre parler, mais jura qu'elle mettrait les lords au pilori pour que le monde sût que le roi avait des lords pitoyables, que la vengeance lui était plus douce que le miel et qu'elle ne serait satisfaite que s'il était mis au pilori et alors demandait grâce. Mais je crois que les lords ont honte d'elle.
            Partis ensuite avec ma femme me renseigner dans un ou deux endroits au sujet de deux servantes qu'on nous avait recommandées. Mais nous trouvons que ni l'une ni l'autre ne convient. Déposai donc ma femme chez mon oncle Wight, rentrai chez moi et allai aussitôt à la Bourse où traitai quelques affaires. Ensuite chez mon oncle, très bon dîner, puis au bureau réunion tout l'après-midi. Mais à peine étions-nous installés que nous apprenions que milady Sandwich était venue nous voir. Je sortis donc et accourus, son amie, cependant, me précédant. Je m'aperçois alors, d'après la rougeur apparue sur le visage de ma chère lady, que dans ma salle à manger, elle était en train de faire quelque chose sur le pot. J'en fus également honteux et me mis donc à deviser mais sans plaisir, par compassion pour milady. Elle me dit, et j'en ai eu depuis confirmation, qu'aujourd'hui le Parlement a voté pour demander au roi d'exiger des Hollandais réparation des torts qu'ils nous causent. Les membres du Parlement se sont engagés à soutenir le roi, de leur vie et de leurs biens, C'est un vote qui a rallié beaucoup de voix, plus que je n'attendais. Dieu seul sait ce qu'il en résultera.
            Comme ma femme n'était pas à la maison, milady ne resta pas mais, pauvre chère femme, elle partit. Enchanté de sa bonne visite. Puis au bureau tout l'après-midi jusqu'à une heure tardive, ensuite à mon bureau, souper et, au lit, avec l'intention de me lever tôt demain.


                                                                                                                        22 avril
                                                                                                                               pinterest.fr
Mainate religieux - Gracula religiosa            Comme j'en avais donné l'ordre hier soir on m'appela avant 4 heures ce matin. Il faisait grand jour, assez pour m'habiller, allai donc par le fleuve, contre la marée, par temps assez frais, à Greenwich puis, bien qu'il y eût un peu de brouillard jusqu'à ce que le soleil fût assez haut, allai à pied, avec grand plaisir, à Woolwich, m'arrêtant plusieurs fois, en chemin, pour écouter les rossignols chanter.
            Fort à faire à la corderie, à l'arsenal et au ras. Je découvris une fraude évidente commise par Mr Acworth, que je dénoncerai en temps voulu. Ensuite, après avoir rendu visite à Mr Falconer, encore malade mais espère se remettre, j'allai à pied à Greenwich, en compagnie de Mr Deane. Très intéressante conversation. Je pense que c'est un homme juste, mais un peu prétentieux et pourtant très capable à sa manière. Il revint également en ville avec moi par le fleuve.
            Rentré chez moi, m'habillai aussitôt et allai en voiture avec ma femme chez milord Sandwich. Mais comme ils avaient dîné nous ne voulûmes pas descendre. Allâmes donc chez Mrs Turner où nous eûmes quelque chose à manger. Puis, après lecture d'une partie d'une bonne pièce, Mrs Theophilia, ma femme et moi allâmes dans leur voiture à Hyde Park où se trouvaient de fort nombreux galants. Ce fut très agréable, hormis la poussière. Je vis Mrs Bendy, qui fut la jolie fille de lady Spelman et qui continue d'être très belle. vis beaucoup d'autres personnes, à ma grande satisfaction. Retournai chez Mrs Taylor, pris une voiture et rentrai. Je les emmenai aussi au parc St James pour leur montrer le jardin botanique. Au bureau pendant que se préparait le souper, puis à la maison, souper, au lit.


                                                                                                                    23 avril 1664
                                                                              Anniversaire du Couronnement
            Levé. Après avoir travaillé au bureau, comme vraisemblablement aucune réunion n'aurait lieu, puisque c'était un jour férié, j'allai par le fleuve chez sir William Warren malade depuis quelque temps. Parlai longuement avec lui, agréable conversation, particulièrement au sujet des filouteries de sir William Batten et des médisances de son fils Castle à mon sujet, derrière mon dos, m'accusant de favoriser mes camarades de félonie, mais je lui ferai bonne figure. Rentré à la maison, puis à la Bourse où rencontrai Mr Coventry. Il ne parle plus maintenant que d'une guerre avec les Hollandais car, semble-t-il, les Lords ont approuvé le vote des Communes sur ce point, donc on en fera part au roi la semaine prochaine. A tel point qu'il souhaite nous faire vérifier quelles provisions nous manquent et acheter ce que nous pouvons. Rentré dîner. Ma femme et moi très inquiets au sujet de l'argent que j'ai remis entre les mains de milord Sandwich, de crainte qu'il ne se fasse tuer en mer. Mais j'en reprendrai autant que possible
            Tout l'après-midi, souffrant, à mon bureau, fort affairé, toujours préoccupé par l'éventualité d'une guerre et par mon argent.
            Le soir, à la maison, souper, au lit.


                                                                                                                             24 avril
                                                                                                    Jour du Seigneur                   
            Levé, toute la matinée dans mon cabinet de travail à mettre de l'ordre dans mes papiers privés, car, je crois que maintenant, les affaires publiques me prennent tellement de temps, que je dois trouver le temps le dimanche ou le soir de m'occuper de mes propres affaires.
            Dîner, passai tout l'après-midi à deviser avec ma femme. Le soir, quelque temps au bureau, à la maison, souper, au lit.


                                                                                                                              25 avril

            Levé. Avec sir William Penn en voiture à St James. Montâmes voir le Duc et, lorsqu'il fut prêt, à son cabinet de travail. Nous avons surtout parlé d'une guerre avec la Hollande. Nous avons bel et bien discuté des préparatifs de guerre. Le Duc parle d'établir une bonne discipline dans la flotte, ce qui me donne bon espoir.
            Dans les appartements du Duc se trouve un oiseau, cadeau de Mr Pearse, chirurgien, provenant des Indes orientales, dont la plus grande partie du corps est noire, avec un très joli collier blanc. Il dit beaucoup de choses, hennit comme un cheval, et sait faire d'autres choses encore. C'est presque l'oiseau le plus extraordinaire que j'aie jamais entendu.
            Descendis ensuite avec Mr Coventry et sir William Rider qui était là pour nous entretenir des comptes de milord Peterborough.....
           Traversai le parc à pied et allai avec lui et Rider, dans la voiture de Mr Cutler, jusqu'au Strand, puis à pied jusque chez milord Sandwich où, comme convenu, je retrouvai ma femme et dînai avec les jeunes demoiselles. Milady étant souffrante gardait la chambre. Conversation très ordinaire à table entre les demoiselles.
            Après dîner me promenai dans le jardin en parlant avec Mr Moore de l'affaire de milord. Il me dit que milord s'endette de plus en plus chaque jour et ne se soucie guère de s'en sortir. Il me conta que milord paie maintenant plus de 9 000 livres d'intérêt, c'est bien triste, étant donné en particulier, qu'il risque de prendre la mer au péril de sa vie, et qu'il faut pourvoir aux besoins de ses enfants, et ils sont nombreux.
            Ensuite, comme les jeunes demoiselles sortaient pour aller en visite, j'emmenai ma femme en voiture et traversai la Cité, devisant sur la façon de passer l'après-midi, et dominai, à grand-peine, le désir que j'avais d'aller au théâtre. Mais je l'emmenai à Whitechapel et à Bethnal Green, puis à Hackney ou je ne suis pas allé depuis de nombreuses années, depuis que j'y fus en pension durant mon enfance. Ensuite à Kingsland près de chez ma nourrice, la mère Lawrence, qui me gardait ainsi que mon frère Tom, lorsque j'étais petit. Puis à Newington Green vis la façade de la maison où vivait Mrs Herbert ainsi que ma tante Ellen. Mais, Seigneur ! comme je me surprends à surestimer tout ce qui a trait à mon enfance ! Puis à Islington, et dans St John's Street, au Taureau Rouge où vis la fin d'un combat d'escrime acharné, mais avec assez de plaisir. Revins ensuite à Islington, et à la taverne de la Tête du Roi, où vivait Pitts, nous descendons manger et boire en souvenir du bon vieux temps. Traversant de nouveau Kingsland, allâmes à Bishopsgate, puis rentrai à la maison avec grand plaisir, la campagne était fort agréable. Rentrâmes très satisfaits à la maison. Après souper, au lit. Mais j'étais un peu ennuyé que les jeunes demoiselles aient ainsi quitté ma femme aujourd'hui, craignant, d'après certaines remarques, que milady ne fût offensée. Mais j'espère pour le mieux.


                                                                                                                          26 avril

            Levé puis chez milord Sandwich. Comme j'arrivai un peu en avance j'allai voir William Joyce et bientôt arriva Anthony, tous deux témoignant d'une très grande reconnaissance pour la sollicitude que j'ai eue à leur égard dans leur récente affaire. A dire vrai, j'ai fait ce que j'ai pu et pourtant je ne pouvais faire moins. Cela coûte plus de 40 livres à ce pauvre homme, outre le fait qu'il va vraisemblablement perdre sa créance. Ensuite chez milord, il descend aussitôt, et j'allai avec lui, et Creed, dans son carrosse jusqu'à St James, parlant de l'affaire William Joyce. Milord très gai, milady Petre, dit-il, est une traînée qui se saoule, car il l'a déjà vue ivre dans l'entrée de leur maison.
            Je montai avec lui voir le Duc, et il me semble que le Duc ne lui montra pas autant d'affection que d'habitude. Et il me semble que milord n'aimait pas que je voie le Duc ne pas faire plus grand cas de lui, non pas que j'aie connaissance d'aucune malveillance de sa part, mais je pense qu'en vérité il n'est plus si haut dans son estime.
            Sur ces entrefaites, le Duc sortit et nous traversâmes le parc avec lui. Je le laissai ensuite aller à Whitehall, tandis que Creed et moi nous promenâmes dans le parc, promenade agréable à observer les oiseaux, ce qui est très plaisant. Ensuite à pied à la " nouvelle " Bourse, où mangeai un plat très raffiné de caille et de crème, et conversai avec la brave femme de cette maison, femme avisée et bien élevée, et endroit délicieux. Je veillerai de temps à autre à y venir.
            Puis montai, après un ou deux tours à la Bourse, rentrai en voiture à l'ancienne Bourse, où il y a grand bruit au sujet d'étranges feux observés dans le ciel, non seulement à Amsterdam, mais aussi en d'autres endroits proches, ce qui est vrai, à en juger par le contenu de lettres.
            On parle moins d'une guerre avec la Hollande, je crains pourtant qu'elle n'éclate enfin. Rentré, puis au bureau où fûmes en réunion fort tard.
            Ma femme assista cet après-midi à l'enterrement de ma cousine Scott, brave femme. Il est triste de penser que la famille Pepys décline et que presque personne, que je sache, n'oeuvre actuellement pour l'agrandir. Ce soir tard au bureau, à la maison auprès de ma femme souper et, au lit.


                                                                                                                          27 avril
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La Huppe fasciée arpente les pelouses des parcs et des jardins            Levé, puis fort affairé toute la matinée avec une multitude de clients, jusqu'à ce que je commence à en avoir la tête farcie. Vers midi pris une voiture jusqu'à la porte du Parlement, attendis la fin de la séance pour discuter avec sir George Carteret et Mr Coventry de goudron que je tente d'acheter, car le marché se met rapidement à la hausse. Je serais heureux, d'abord de bien servir le roi, et ensuite, si je le puis, je commence maintenant à calculer comment gagner des sous. Rentrai en compagnie de l'échevin Backwell dans sa voiture. D'après lui les Hollandais ne vont pas abandonner cette affaire sans nous causer l'embarras d'équiper une flotte, et ensuite, s'ils voient que nous nous en sortons bien, ils chercheront à calmer le jeu. A la Bourse affairé.
            Rentré dîner à la maison, puis au bureau travail jusqu'à ce que j'en aie la tête près d'éclater. Ensuite en voiture avec ma femme, je l'envoyai auprès de milady Sandwich et me rendis au cabinet de mon cousin Roger Pepys. Il me conseilla au sujet de notre affaire de l’Échiquier, et aussi au sujet de mon frère John. Mon père l'a chargé d'intercéder pour lui, mais je ne veux, ni ne puis, en conscience, sembler lui pardonner le moins du monde. Nous avons cependant parlé de lui obtenir un mandat royal pour un poste de " fellow ", et je vais m'y employer.
             De retour chez milady, rencontrai en chemin Mr Sanchy de Cambridge, que je n'avais pas vu depuis longtemps. Il semble être un " fellow " ordinaire, et me dit que leur grand maître, de Dr Rainbowe, vient d'être nommé évêque de Carlisle.
            Chez milady, mais elle était souffrante ne la vis donc pas. Rentré directement à la maison avec ma femme, puis tard au bureau à terminer l'affaire des mâts de Wood, c'est maintenant réglé. Je crois m'y être donné plus de mal qu'aucun officier supérieur ne s'en est jamais donné dans ce monde, sans en tirer aucun profit jusqu'à ce jour.
            Rentré las, ayant sommeil et faim puis, au lit.
            Ce jour le Parlement a présenté au roi ses résolutions concernant l'affaire des Hollandais. Il les remercia et promit de leur répondre par écrit.


                                                                                                                       28 avril 1664

            Levé puis à mon bureau sans relâche toute la matinée. A midi à la Bourse, affairé, puis rentré dîner. Après-midi au bureau jusqu'au soir. Rentré tard chez moi, très fatigué de ce travail et sans aucune joie intérieure, si ce n'est que je suis, par la grâce de Dieu, capable de m'en sortir et que j'espère en tirer profit une jour. A la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                         29 avril

            Levé tôt, puis à Whitehall avec sir William Rider et Cutler. Allai avec Rider à St James où Mr Coventry corrigea avec rigueur les sottises commises par Mr Povey dans les comptes de milord Peterborough, ce qui l'atteindra au vif. Je m'en réjouis, car c'est l'homme le plus difficile à supporter et le plus impertinent que j'aie jamais rencontré. Ensuite à la Bourse. Après avoir traité quelques affaires rentré dîner chez moi où Llewellyn et Mount dînèrent en ma compagnie. Après dîner allai avec ma femme, en voiture, voir milady Sandwich. Tous les enfants et milord sont partis et nous trouvons la maison si triste que j'ai d'abord cru milady morte puisque je savais qu'elle était souffrante. Il me semble qu'elle a la rougeole, et aussi je le crains, la petite vérole. La pauvre, cela m'attriste fort, car cela sera une heure bien sombre pour cette famille si elle a une fausse couche.
            Rentré directement à la maison, puis au bureau. Dans la soirée Mr Hill, le négociant, vint accompagné d'un homme qui chante bien. Nous avons chanté quelques morceaux. C'était, me semble-t-il de la bonne musique, mais j'avais l'esprit trop occupé par le travail pour y prendre grand plaisir. Mais je recommencerai. Après leur départ et avoir payé Mr Moxon pour le travail accompli pour le bureau, sur les globes du roi, allai au bureau jusque tard, m'occuper des factures du capitaine Taylor pour ses mâts dont, je crois, je n'arriverai jamais à me débarrasser. A la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                           30 avril

            Levé puis toute la matinée au bureau. A midi à la Bourse. Après avoir traité des affaires, sir William Rider et Cutler m'emmenèrent à la taverne du Vieux Jacques, où ils m'offrirent un bon plat de maquereau, le premier de l'année, très bon, conversation agréable. Après dîner en vînmes à leur affaire de contrat de goudron. Pour cette affaire, ainsi que pour l'affaire de la toile de sir William Rider, où je l'ai persuadé de contracter avec moi, je leur propose, contre leur gré, des conditions servant les intérêts du roi. J'espère qu'on m'en saura gré.
            Rentré chez moi. Descendis en yole jusqu'à Woolwich où passai un bon moment avec Mr Pett à bord du nouveau navire, à m'entretenir et à m'instruire en sa compagnie. Puis allai, avec Mr Deane voir Falconer que je trouve en assez bonne santé.
            Allai ensuite jusqu'au fleuve, après un long entretien, à ma grande satisfaction, avec Mr Deane. Rentré tard chez moi, puis au bureau. Écrivis à mon père, entre autres, au sujet du mécontentement que je nourris toujours envers mon frère John, de sorte que je ne lui donnerai rien de plus de ma propre bourse. Cela va chagriner ce pauvre homme, je trouve pourtant qu'il convient de tenir compte du comportement désobligeant de mon frère à mon égard. Rentré à la maison et m'occupai de mes comptes mensuels jusqu'à minuit. J'ai tout juste réussi à ne pas dépasser les limites de mon budget, car ce fut un mois de dépenses.
            Mes gens étant tous au lit, j'allai au lit en ayant beaucoup sommeil.
____________
j
            Toutes les nouvelles maintenant concernent l'issue de l'affaire hollandaise. Guerre ou Paix. Nous semblons tous la désirer, car nous croyons actuellement leur être supérieurs. Pour ma part je la redoute. Le Parlement promet d'apporter au roi un soutien en hommes et en argent. Il reçoit cette promesse avec reconnaissance et promet d'exiger réparation des Hollandais.
            Ma pauvre lady Sandwich a la rougeole depuis trois jours.
            L'affaire de milord Digby est étouffée, il n'en ressort rien, il est parti et l'on n'en parle plus.
            Jamais de toute ma vie cela n'a été plus calme à la maison. Il n'y a que ma femme, moi, Bess et la petite Susan, les meilleures servantes que nous puissions espérer avoir, à notre grande satisfaction.


                                                               à suivre...........

                                                                                                                   1er Mai 1664

            Grasse..........



lundi 20 avril 2020

1909 Guillaume Apollinaire ( Poème France )


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                                          1909

            La dame avait une robe
            En ottoman violine
            Et sa tunique brodée d'or
            Était composée de deux panneaux
            S'attachant sur l'épaule

            Les yeux dansants comme des anges
            Elle riait elle riait
            Elle avait un visage aux couleurs de France
            Les yeux bleus les dents blanches et les lèvres très rouges
            Elle avait un visage aux couleurs de France

            Elle était décolletée en rond
            Et coiffée à la Récamier
            Avec de beaux bras nus

            N'entendra-t-on jamais sonner minuit
         
            La dame en robe d'ottoman violine
            Et en tunique brodée d'or
            Décolletée en rond
            Promenait ses boucles
            Son bandeau d'or
            Et traînait ses petits souliers à boucles

            Elle était si belle                                                                               britannica.com
Image associée            Que tu n'aurais pas osé l'aimer

            J'aimais les femmes atroces dans les quartiers énormes
            Où naissaient chaque jour quelques êtres nouveaux
            Le fer était leur sang la flamme leur cerveau

            J'aimais j'aimais le peuple habile des machines
            Le luxe et la beauté ne sont que son écume
            Cette femme était si belle                                                     
            Qu'elle me faisait peur


                                         Apollinaire

La vielle qui oint la paume du chevalier ( fabliau )

Femmes à travers l'Histoire : "sois laide et tais-toi !"
tv5monde.com


                                      La vieille qui oint  la paume du chevalier


          Je voudrais vous conter l'histoire d'une vieille pour vous réjouir. Elle avait deux vaches, ai-je lu. Un jour, ces vaches s'échappèrent ; le prévôt, les ayant trouvées, les fait mener dans sa maison. Quand la bonne femme l'apprend, elle s'en va sans plus attendre pour le prier de les lui rendre. Mais ses prières restent vaines, car le prévôt félon se moque de ce qu'elle peut raconter.
            - Par ma foi, dit-il, belle vieille, payez-moi d'abord votre écot de beaux deniers moisis en pot. 
          La bonne femme s'en retourne, triste et marrie, la tête basse. Rencontrant Hersant sa voisine, elle lui confie ses ennuis. Hersant lui nomme un chevalier : il faut qu'elle aille le trouver, qu'elle lui parle poliment, qu'elle soit raisonnable et sage ; si elle lui graisse la paume, elle sera quitte et pourra ravoir ses vaches sans amende. La vieille n'entend pas malice ; elle prend un morceau de lard, va tout droit chez le chevalier. Il était devant sa maison et tenait les mains sur ses reins. La vieille arrive par derrière, de son lard lui frotte la paume. Quand il sent sa paume graissée, il jette les yeux sur la femme.
            - Bonne vieille, que fais-tu là ?
           - Pour Dieu, sire, pardonnez-moi. On m'a dit d'aller vous trouver afin de vous graisser la paume : ainsi je pourrais être quitte et récupérer mes deux vaches.
           - Celle qui t'a dit de le faire entendait la chose autrement ; cependant tu n'y perdras rien. Je te ferai rendre tes vaches et tu auras l'herbe d'un pré.
           L'histoire que j'ai racontée vise les riches haut placés qui sont menteurs et déloyaux. Tout ce qu'ils savent, ce qu'ils disent, ils le vendent au plus offrant. Ils se moquent de la justice ; rapiner est leur seul souci. Au pauvre on fait droit mais s'il donne.


                                                 ( MR  conte in Fabliaux )
         

samedi 18 avril 2020

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 114 SamueL Pepys ( Journal Angleterre )


Soho Square, London 1812
ctgpublishing.com
                                                                                                                       1er Avril 1664

            Levé puis au bureau, travaillai jusqu'à midi, puis à la Bourse où je trouve tous les négociants soucieux de présenter à la Commission du Parlement désignée pour les entendre, leurs doléances contre les Hollandais. Rentré dîner puis en voiture, déposai ma femme à la nouvelle Bourse. A Whitehall arrivé trop en avance pour la commission de Tanger, allai à pied chez Mr Blagrave pour chercher une chanson que j'avais laissée depuis longtemps. Comme il était absent devisai avec sa parente, sans toutefois l'entendre chanter, car je ne le connais pas suffisamment, mais je serais heureux de la faire venir chez moi pour une semaine de temps à autre.
            De retour à Whitehall, rencontrai le duc d'York dans la galerie. Je vis aussi la reine aller au parc avec ses demoiselles d'honneur, elle paraît malade. Je trouve aussi que Mrs Stuart est devenue plus grosse et moins belle qu'autrefois. Le Duc me fit appeler et s'entretint un bon moment avec moi. Après s'être absenté deux ou trois fois, il resta et me fit de nouveau appeler pendant toute la séance du Parlement. Parla enfin des Hollandais. J'ai le sentiment qu'il souhaite ardemment que le Parlement trouve une raison de se brouiller avec eux.
            Après son départ je trouve bientôt que les membres de la Commission de Tanger se sont réunis chez le duc d'Albermarle. Je suis donc venu en vain.
            Donc à la Bourse avec Creed, allai chercher ma femme et le laissai. Nous rentrâmes tous deux, et moi allai me promener dans le jardin avec William Howe, que nous passâmes prendre car il était venu nous voir. Il me dit que le Conseil privé a interrogé Creed au sujet d'une lettre que l'on a découverte où des fanatiques le citent comme ami très serviable, et ajoute qu'il s'en est bien sorti. Cependant continue de le tenir en suspicion, me dit-il, ce qui ne me contrarie guère car je le crois fourbe. Comme j'allais avec lui à Saint-Paul il me dit que milord est très peu chez lui, ne se souciant guère que de jeu et ne prêtant guère attention à quiconque. A son avis, milord n'est pas mécontent de moi, comme je le crains, mais se comporte étrangement avec tous, ce qui me rend d'autant moins chagrin.
            Rentré à pied puis tard au bureau, à la maison et, au lit.
            Aujourd'hui Mrs Turner m'a prêté un document fort rare, manuscrit très ancien d'un certain Mr Wells qui enseigne l'art de construire les navires, ce qui me plaît fort. Je l'examinai ce soir, mais n'osai continuer longtemps, car j'en suis arrivé à avoir les yeux très douloureux et larmoyants sous l'effet de la lumière de la bougie.


                                                                                                               2 avril

            Levé et au bureau, réunion. Grand débat avec sir William Batten, Mr Wood et ce niais et ce radoteur, sir John Mennes, qui répète tout ce que dit sir William Batten, sans jamais se soucier de savoir si c'est au bénéfice du roi ou non. A midi, au café, excellente conversation avec sir William Petty qui suggéra qu'on ne peut véritablement savoir s'il y a vraiment une différence entre l'état de veille et le rêve. Il avança qu'il est difficile, non seulement de dire ce qui nous permet de savoir quand nous agissons en réalité ou en rêve, mais encore de distinguer entre ces deux états.
            Puis me dirigeai vers la Bourse, mais appris par cette conversation et ensuite par sir Thomas Chamberlain ce que d'autres m'ont appris, que la plupart des compagnies, excepté celle des Indes orientales, ont présenté hier, à la commission parlementaire, leurs griefs contre les Hollandais. C'est, me dit-il, qu'elle ne voulait pas être considérée comme la première et la seule responsable d'une guerre avec la Hollande. Il ajouta qu'il est très probable et tout à fait nécessaire de nous brouiller avec ce peuple.                                                                                                           
            J'arrivai à la Bourse et trouvai que la plupart des gens étaient partis, rentrai donc dîner. Allai ensuite chez sir William Warren avec qui je passai tout l'après-midi, d'abord à examiner deux navires, que le capitaine Taylor et Phineas Pett faisaient actuellement construire. Ai résolu d'apprendre un peu de cet art, car je trouve que ce n'est pas difficile, mais que c'est très utile. Puis à Woolwich où Mr Pett me parla de plusieurs aspects de la mauvaise gestion de sir William Batten. Allai à pied à Greenwich en compagnie de sir William Warren, avec qui j'eus une conversation intéressante, puis par le fleuve, comme il faisait maintenant clair de lune et qu'il était 9 ou 10 heures du soir descendis à Wapping et fus reconduit sain et sauf jusqu'à ma porte par son serviteur et par lui-même, il s'en retourna ensuite chez lui. Ai passé une très bonne journée en sa compagnie. Rentré manger un morceau puis quelque temps au bureau, rentré chez moi, prières et, au lit.


                                                                                                                          3 avril
     huguenots.fr                                                                                                   Jour du Seigneur
Eglise protestante française de Londres à Soho Square            Ayant été très las hier soir, grasse matinée. Recevant la visite de William Joyce, me levai. Il venait me demander conseil, car il est convoqué demain à la Chambre des lords pour avoir essayé de faire arrêter milady Petre pour dette. Je lui donnai effectivement conseil et le secourrai volontiers. Il resta donc la matinée, mais ne voulut point dîner avec moi, puis au bureau, expédiai les affaires. A midi rentré dîner. Comme nous étions installés avec ma femme dans la cuisine, mon père vint s'asseoir et dîna avec nous.
            Après dîner il me rend compte de sa façon de procéder pour sa maison et pour ses biens. Il a presque terminé et pense retourner à Brampton la semaine prochaine. J'en suis bien aise parce que je crains les enfants de milord qui se trouvent là-bas, j'ai peur qu'ils puissent être mécontents.
            Après son départ allai au bureau où fus embesogné à mettre des papiers en ordre jusque tard dans la nuit. Mais dans l'après-midi, ma femme me fit mander à la maison pour voir sa nouvelle robe ornée d'un galon d'or, j'entends, sa robe qu'elle vient de faire orner d'un galon. Elle lui va vraiment à merveille et est bien faite. Cela me fait grand plaisir.
            Le soir, souper, prières et, au lit.


                                                                                                                          4 avril

            Levé, allai à pied chez milord Sandwich, lui parlai de William Joyce qui m'a dit vouloir faire ce qui convenait dans une affaire délicate. Je perçois encore une certaine réserve chez lui quand je désire m'entretenir avec lui. Puis à Westminster dans la Chambre peinte, rencontrai les deux Joyce, William d'humeur fort mélancolique. Après un bref entretien allai à la Chambre des lords avant qu'ils tiennent séance et restai un bon moment. pendant lequel le duc d'York vint me parler assez longtemps du nouveau bateau de Woolwich..... et vis milady Petre, imprudente drôlesse, rameutant tous les lords à sa cause. On appela William Joyce..... je pense qu'il n'a rien dit qu'à son désavantage et fut donc remis à l'huissier de la Verge noire - c'est un jugement très sévère car il n'a agi que sur le conseil de l'intendant de milord Petre en personne. Mais l'huissier de la Verge noire donna ordre à l'un de ses messagers de l'emmener sous bonne garde. Il se laissa donc conduire à la taverne du Cygne aux Deux Cous dans Tuttle Street, dans une belle salle à manger, où il fut traité fort courtoisement, mon oncle Fenner, son frère Anthony et d'autres amis se trouvant en sa compagnie. Qui eût pu croire que cet homme, dont j'aurais juré qu'il aurait pu parler devant le monde entier, serait impressionné au point de ne plus savoir ce qu'il disait et de pleurer ensuite comme un enfant ? J'affirme que c'est fort étrange à observer.
            Je les laissai pourvoir à son séjour dans cette taverne pour la nuit et préparer une requête contre son incarcération le lendemain. Partis donc au palais de Westminster, rencontrai Mr Coventry qui m'emmena dans ses appartements, en compagnie de sir William Hidkeman, membre des Communes, et personne très aimable. Nous prîmes un dîner plantureux, puis allâmes à Whitehall chez le Duc. Après un entretien sur l'état de la flotte en vue d'une guerre avec la Hollande, car c'est à cela, me semble-t-il, que le Duc souhaite qu'on aboutisse, nous partîmes au bureau où se tint notre réunion. Je pris soin de m'en aller de bonne heure, par le fleuve, vers la taverne de la Demi-Etape, échangeant tout le long des propos intéressants avec Mr Waith. Rencontrai là ma femme qui était allée se promener avec Bess, sa servante. Mais, Seigneur ! comme ma jalousie me la fit soupçonner d'avoir eu un rendez-vous avec quelqu'un ! Mais je les rencontrai, les pauvres petites, alors qu'elles s'en retournaient, donc les ramenai, mangeai et bus. Rentré à la maison et, après un moment passé au bureau, rentré, souper et, au lit.
            C'était un triste spectacle, pensai-je, aujourd'hui de voir milord Petre, sortant de la Chambre, se quereller avec sa femme, dont il est séparé, à propos de cette affaire, et lui dire qu'elle le déshonorait. Mais elle a été belle et, semble-t-il, c'est maintenant une femme dévergondée mais aussi très pétulante.


                                                                                                                    5 avril 1624

            Levé très tôt, allai chez mon cousin Anthony Joyce et de là avec lui voir son frère William dans Tuttle Street, où je le trouve assez gai à la suite de ce qui s'est passé hier, fier comme Artaban, sa femme venue à ses côtés et son fils ayant passé la nuit avec lui.
            Restai une ou deux heures et écrivis une nouvelle requête, celle rédigée par leur avocat ne me plaisant pas. Puis à la Chambre peinte et bientôt en voiture chez milord Peterborough à qui je remis la requête en mains propres. Il promit, avec grand empressement, de la présenter aujourd'hui à la Chambre. Revins parler à plusieurs lords. Son avocat à qui William Joyce a promis 5 livres s'il est relâché, fit de même. Un grand débat eut lieu dans la Chambre, apprenons-nous, discutant du pour et du contre. Il fut finalement décidé qu'il devait être mis en liberté sous caution jusqu'à la prochaine session de la Chambre, après Pâques, s'il s'engage à comparaître. Cela ne comble pas nos espérances, mais nous ne pouvions, raisonnablement, rien attendre de mieux.
            Bientôt arriva le roi et l'on adopta le projet de loi portant abrogation de la loi de triennalité, ainsi qu'un autre sur les recours pour vice de forme. Je me faufilai et entendis le discours du roi. Je n'ai de ma vie entendu si mal parler, c'est encore pire que s'il lisait d'un bout à l'autre, et il tenait son texte écrit à la main.
            Puis, une fois la séance levée et après m'être enquis de l'ordre du jour, j'allai voir William Joyce et son frère et leur racontai tout. Kate s'y trouvait, c'est une belle femme, corpulente. Je ne voulais pas rester dîner, pensant rentrer dîner chez moi. Allai par le fleuve jusqu'au Pont mais, pensant que les deux frères aimeraient que je me trouve avec eux pour servir, au besoin, de caution, je m'en retournai. Mais les trouvant sortis en chercher une, il ne restait que William, sa femme, sa soeur et quelques amis venus lui rendre visite, allai au palais de Westminster puis bientôt, comme convenu, chez Mrs Lane où je fis venir une langouste que je mangeai avec Mr Sxayne et sa femme. Je plaidai vivement, en leur présence, en faveur de Hawley. Mais rien n'y fit. Pourtant j'irritai Mrs Lane en déclarant qu'elle était vieille, en lui disant ses quatre vérités. Son corps se refusait à tout badinage amoureux, donc, après être resté trois ou quatre heures, mais en prenant garde d'honorer mon serment de ne pas rester plus d'un quart d'heure avec elle, j'allai voir William Joyce. J'apprends que les instructions sont arrivées, que la caution est donnée, par son père et son frère, et qu'il paie ses frais qui s'élèvent à plus de 12 livres, outre les 5 livres qu'il doit donner à un homme et ses frais de nourriture et de boisson ici, et 10 shillings par jour tant qu'il sera en liberté sous caution. J'espère que cela lui apprendra à mieux tenir sa langue qu'auparavant.
            Rentré seul avec la femme d'Anthony Joyce en parlant de la sottise de William. après l'avoir déposée, rentré chez moi où je trouve ma femme habillée comme si elle était sortie, mais je ne crois pas que ce fut le cas. Mais comme elle me répondit d'une façon qui me déplut, je la tirai par le nez, à vrai dire pour l'offenser, bien qu'ensuite, pour l'apaiser, je l'ai nié, prétendant que ce n'était que pour plaisanter. La pauvre malheureuse le prit fort mal. Outre le fait que je lui avais tordu le nez, je crois que cela lui fit mal et elle pleura donc fort longtemps. Mais bientôt nous fûmes réconciliés. Après souper, quelque temps au bureau, puis à la maison et, au lit.
            Ce jour un grand nombre de négociants vinrent à une commission solennelle du Parlement pour présenter leurs griefs contre les Hollandais. Je prie Dieu de nous amener à une heureuse conclusion.


                                                                                                                        6 avril
ph.ucla.edu
Statue of Charles II in Soho Square, London, England            Levé et au bureau où arriva bientôt John Noble, le vieux serviteur de mon père, pour me parler. Soupçonnant de quoi il s'agissait, je l'emmenai chez moi et là, seul à seul, il me dit qu'il avait rendu service à mon frère Tom lorsque celui-ci engrossa Margaret, sa servante, vilaine traînée. Elle accoucha de deux enfants dans la paroisse du Saint-Sépulcre. L'un est mort, l'autre est vivante, elle se prénomme Elizabeth et porte le nom de Taylor, fille de John Taylor. Pendant fort longtemps, semble-t-il, Tom confia cette affaire à un certain Crawly qui lui extorquait de l'argent tous les jours. Finalement, trouvant qu'il s'était fait abuser, il s'en ouvrit à John Noble, sous le sceau du secret. La première idée de Tom fut de payer une mendiante de l'autre rive pour qu'elle prenne l'enfant en charge. Ils y allèrent bien une fois, mais n'en firent rien car John Noble dit que la mère pourrait, sept ans plus tard, venir exiger l'enfant et obliger Tom à le présenter, sous peine d'être soupçonné de meurtre. C'est alors, je crois, qu'ils délibérèrent et persuadèrent, en lui donnant 5 livres, un certain Cave, pauvre petit pensionnaire de la paroisse de St Bride, de prendre l'enfant. Il promit donc de la garder pour toujours sans que cela leur coûtât rien d'autre.
            Sur ces entrefaites, la paroisse accuse ce Cave d'élever cet enfant à la charge de la paroisse, et le fait envoyer par sir Richard Browne à la prison de Counter. Cave écrit alors à Tom et lui demande de l'en sortir. Tom lui répond par une lettre écrite de sa main, mais non signée, que John Noble m'a montrée, où il parle de le libérer et de se porter garant de lui, mais ne mentionne pas, de près ou de loin, la question de l'enfant. donc, autant que j'aie pu en juger, il n'y a là, pour l'essentiel, rien qui pût porter tort à mon frère. Je n'insistai donc pas pour déchirer ou pour emporter ce papier.
            Après sa libération Cave exige de mon frère 5 livres supplémentaires pour que mon frère n'ait plus jamais de responsabilité vis-à-vis de l'enfant. Il fut obligé de les lui donner, et prit un engagement de 100 livres envers Cave, par-devant un notaire, un certain Hudson, je crois, de l'Old Baily, pour garantir John Taylor et ses mandataires, etc. ,  eu égard aux 10 livres qui lui ont été payées, contre toute difficulté ou toute dépense afférente à la nourriture, à la boisson, aux vêtements et à l'éducation d'Elizabeth Taylor. Et, semble-t-il, dans cet acte, John Noble fut considéré comme le mandataire de ce John Taylor. John Noble dit qu'il procura l'argent à Tom, et qu'il est également tenu par un autre engagement de lui payer 20 shillings supplémentaires ce lundi de Pâques. Mais il n'y a aucun papier de la main de Tom concernant aucune de ces deux sommes. Je lui dis que je vais sans doute perdre beaucoup d'argent suite à ce décès et que je ne veux rien payer de plus, quant à moi, mais que j'en parlerai à mon père cet après-midi. Il s'en alla donc.
            Je fus ensuite occupé toute la matinée au bureau, rentré à midi pour dîner, fort gêné par des vents. Après dîner pris une voiture et allai à Paternoster Row où achetai de la belle soie pour faire un jupon à ma femme, puis la déposai à la nouvelle Bourse. Laissant le tissu chez Unthank, allai à Whitehall. Mais comme le Conseil privé se réunissait à Worcester House, j'y allai et remis au duc d'Albemarle un mémoire concernant certaine affaire de Tanger. Puis allai chercher ma femme à la Bourse et à pied chez mon père qui emballait des affaires pour la campagne.
            Je l'abordai et lui parlai de cette affaire de Tom. Le pauvre homme en fut très contrarié. Il souhaita que je parle avec John Noble et que je fasse ce qui me semble convenir en cette affaire, sans l'y impliquer.
            J'allai donc voir Noble et vis l'engagement de Cave ainsi que la lettre de Tom mentionnée ci-dessus. Somme toute, je pense qu'il pourra en résulter de la honte, mais qu'il sera difficile, après tout ce que je vois, de prouver que cet enfant est bien le sien. Puis chez mon père, lui dis ce que j'avais fait et comme j'avais apaisé Noble en lui disant que, bien que nous ayons résolu de ne plus payer de notre poche, cependant, s'il peut prouver qu'il y a vraiment dette et justifier qu'il nous revient de l'honorer, nous agirions comme il le faut pour l'honorer. Je dis aussi que j'acquitterais avant mes propres dettes.
            Mon père et moi sommes donc modérément satisfaits, quoique fâchés de penser que mon frère était, à tous égards, un gredin. Je ramenai ma femme à la maison en voiture, puis au bureau, tard avec sir William Warren. A la maison, souper, au lit.
            J'ai entendu dire aujourd'hui que les Hollandais ont commencé les hostilités en accordant des lettres de marque sur nous. Mais je n'en crois rien.


                                                                                                                            7 avril

            Levé et au bureau où réglai les affaires. Bientôt arrivent sir William Warren et le vieux Mr Bond afin de me résoudre des questions concernant les mâts et leurs proportions. Mais il ne sut guère me convaincre, je ne le gardai donc pas longtemps et nous prîmes congé. Au bureau travail jusqu'à midi, puis à la Bourse où l'on parle beaucoup de la protestation des Hollandais contre notre Compagnie royale en Guinée et de l'octroi à des capitaines de lettres de marque sur nous. Tout le monde s'attend à une guerre, mais j'espère qu'il n'en sera pas ainsi et que ce n'est pas vrai. Puis à dîner où ma femme fit donner une bonne fricassée de veau à la française pour dîner. Ensuite au bureau, fâché de voir comme sir William Batten a organisé le travail cet après-midi.......... Le soir, après un long entretien et après m'être tranquillisé l'esprit par une conversation avec sir William Warren, travaillai tard. A la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                          8 avril

            Levé tôt puis au bureau, bientôt il se mit à faire beau, après une grande averse ce matin. Allai par le fleuve à Deptford avec sir William Batten, prenant au passage son fils Castle, avec qui je n'échangeai mot de la lettre qu'il m'écrivit l'autre jour. Après un tour dans l'arsenal, je l'accompagnai à l'hospice pour voir le bâtiment qu'il a l'intention de construire pendant son mandat comme grand Maître de Trinity House. C'est du beau travail. Avec quelle simplicité il répondit à la question de quelqu'un lui demandant s'il envisageait de mettre les armes de la corporation sur la porte, ainsi qu'à d'autres remarques ! Il n'en nia pas l'utilité, mais dit qu'il laisserait ce nom au grand Maître qui lui succéderait .
            Je pris congé de lui et retournai à l'arsenal du roi, où m'enquis de l'affaire des fanaux de poupe. Je trouve l'occasion de corriger considérablement ce que j'ai mis dans le contrat avec l'argenteur. Résolus, bien que je ne sache comment, de le leur faire amender, bien qu'ils l'aient signé hier soir. Ramenai donc Stanes en bateau avec moi, tout en en discutant. Il viendra à la raison quand je lui ferai comprendre ce dont il s'agit.
            Nous n'avions pas sitôt débarqué qu'il tombe une terrible averse de pluie et de grêle, j'entrai donc dans une boutique de cannes et en achetai une pour marcher, au prix de 4 shillings et 6 pence, faite d'une seule pièce.
            Rentré chez moi dîner, eus un excellent dîner de vendredi saint, soupe de pois et tourte aux pommes.
            Puis au bureau tout l'après-midi préparer un nouveau registre pour mes contrats. Cet après-midi arrivèrent les globes pour le bureau, fabriqués à ma grande satisfaction. Le soir brève visite à sir William Penn qui ressent de nouveau, depuis un ou deux jours, les atteintes de sa vieille maladie. Ensuite promenade dans le jardin avec ma femme, puis au bureau un moment, et à la maison pour le seul repas de carême que j'aie jamais eu avec des gâteaux et de la bière. Puis au lit.
            Ce matin, de bonne heure, Smith, le maître d'équipage de Woolwich, vint au bureau me citer un remarquable exemple de friponnerie commis par les officiers de l'arsenal et par Mr Gold, au sujet d'un contrat passé par Mr Wood pour de vieux cordages. Je crois bien que je trouverai que sir William Batten est de la partie.


                                                                                                              9 avril 1664

            Dans la nuit, je ne sais si c'est pour avoir pris froid, ou pour avoir eu l'esprit trop préoccupé de l'affaire de Stanes concernant l'argenterie pour la marine, car j'en eus l'esprit contrarié toute la nuit, je me réveillai vers une heure du matin, ce qui m'arrive rarement, et pissai un peu, mais avec grande douleur. Continuai d'avoir sommeil mais eus une température élevée toute la nuit, ayant très chaud et souffrant un peu. Je dormis un peu vers le matin. Au réveil me sentais mieux mais eus encore mal en pissant. Me levai, les vêtements couverts de sueur, je l'avoue, et il faisait assez froid ce qui, je crois, pourrait aggraver le mal, car je continuai d'avoir froid et d'être près de trembler toute la matinée, si ce n'est que les problèmes avec sir John Mennes et sir William Batten me réchauffèrent. A midi rentre dîner à la maison, de tripes. Bien que ne me sentant pas bien, sortis avec ma femme en voiture pour aller chez son tailleur et à la nouvelle Bourse, puis chez mon père, à qui je dis un mot. Rentré à la maison, j'avais mal au coeur et vomis, ce qui n'est pas mon habitude, bus ensuite un ou deux verres d'hypocras et allai au bureau expédier les affaires urgentes. A la maison et au lit. Dormis très bien grâce à du mithridate.


                                                                                                                    10 avril
 lemalesaint.fr                                                                                               Jour du Seigneur
            Grasse matinée, puis me levai et ma femme s'habilla car c'était Pâques. Mais comme je n'étais pas assez bien pour sortir elle resta à la maison avec moi, quoique contre son gré, car elle avait mis sa nouvelle robe, la plus belle qui, maintenant, est vraiment magnifique avec son galon d'or. Ce matin son tailleur apporta sa nouvelle robe de soie neuve, décorée d'un galon plus mince et le nouveau jupon que j'achetai l'autre jour, tous deux très beaux.
            Nous avons passé la journée en aimable conversation et en compagnie l'un de l'autre à lire dans le livre du Dr Fuller ce qu'il dit de la famille des Clifford et des Kingsmill. Et le soir, comme je me trouvais mieux pour avoir pris un clystère qui m'enleva beaucoup de vents. Après souper, le soir, allai au lit et dormis bien.


                                                                                                                     11 avril

            Grasse matinée, devisant avec ma femme, puis me levai et allai dans mon cabinet de travail préparer des papiers pour m'entretenir avec mon père qui viendra coucher ici, des affaires de la campagne. Bon dîner avec ma femme à la maison. Je ne me sentais pas encore complètement rétabli car j'urinais douloureusement, mais étais beaucoup mieux, toute crainte d'accès de fièvre ayant disparu.
            Dans l'après-midi mon père vint nous voir. Après son départ je remontai vaquer à mon travail du matin, dans la soirée quelque temps au bureau, puis visite à sir William Batten qui est de nouveau malade. A la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                             12 avril

            Levé, après que ma femme se fut très bien habillée en mettant sa nouvelle robe galonnée d'or, et vraiment très belle, William Howe venant également nous voir, je l'emmenai, en voiture, chez mon oncle Wight et l'y déposai. Avec William Howe allai au café, où nous parlâmes de lui trouver une place avantageuse au service de milord, s'il doit prendre la mer. Je serais heureux de lui obtenir une place de secrétaire et d'évincer Creed si possible, car c'est un gredin fourbe et roué.
            Puis un moment à la Bourse d'où je l'emmenai chez mon oncle Wight, où dînèrent mon père, pauvre homme mélancolique autrefois si plein de vie, ainsi que le frère de ma tante, Mr Sutton, négociant dans les Flandres, bel homme très réservé, et Mr Cole et sa femme. Mais, Seigneur ! que j'adorais autrefois la conversation de cet homme ! et maintenant je le trouve que très ordinaire. Son fils est vraiment un joli garçon mais, malheureusement, il a le nez de travers. Il y avait d'autres invités et un dîner médiocre, et rien que médiocre, pour tant d'invités. Après dîner pris une voiture, très cher car c'est la période de Pâques et que le temps est exécrable, pour aller chez milord, rendis visite à milady. Après avoir laissé ma femme, allai avec William Howe chez Mr Paget où j'entendis de la musique, pas très bonne, à l'exception d'un certain Dr Walgrave, Anglais éduqué à Rome, qui joue du luth mieux que quiconque. Rencontrai également Mr Hill, le petit négociant. A la fin nous chantâmes. Je m'en sortis assez bien avec un ou deux psaumes de Lawes. Quant à lui je vois qu'il a beaucoup de talent et chante bien, l'un de ses amis a une belle voix de basse.
            Retour tard, allai à pied avec eux deux jusque chez milord, pensant chercher ma femme et les ramener à la maison, mais comme il n'y avait pas de voiture ils partirent. Je restai fort longtemps, comme il était très tard, environ 10 heures, avant de trouver une voiture. Je trouvai milord, les dames et ma femme à souper. Milord semble très gentil, mais je suis encore disposé à penser le pire et qu'il fait seulement semblant en présence de ma femme et de milady.
            Rentré et trouvé mon père venu coucher à la maison. Souper et menai, pauvre homme, au lit, n'ayant jamais éprouvé plus d'amour pour lui, ni d'admiration pour sa sagesse et pour le mal qu'il s'est donné jusqu'à présent en ce bas monde, qu'en voyant comment Tom s'est comporté en affaires, et comment le pauvre homme pense à subvenir aux besoins de ses jeunes enfants et de ma mère. Mais j'espère qu'ils ne seront jamais dans le besoin. Ma femme et moi, au lit.


                                                                                                                   13 avril

            Bien qu'il fut tard, passé minuit, lorsque nous allâmes au lit, j'entendis cependant mon pauvre père se lever. Aussi je sonnai mes gens, me levai et lui donnai quelque chose à manger et à boire. Sortis en voiture, car il faisait très mauvais, déposai mon père dans Fleet Street. Allai à St James où trouvai Mr Coventry, le Duc étant maintenant ici pour l'été, avec un orfèvre, triant son argenterie pour échanger la vieille contre de la neuve. Mais, Seigneur ! comme il en a beaucoup ! Je restai m'entretenir avec lui pendant deux ou trois heures, au sujet de ce qui ne va pas dans notre bureau, et moi de lui dire surtout comment sir William Batten et sir John Mennes mènent les affaires, à mon grand regret. Il semble également s'inquiéter fort à ce sujet, ainsi que pour toutes les affaires du roi traitées de la même façon partout ailleurs, et même pour les affaires domestiques du Duc, généralement avec malhonnêteté, mais surtout avec négligence et indifférence. Je lui dis haut et fort mon opinion de sir John Mennes et de l'autre, et lui fais confiance pour en faire bon usage.
            Puis de parler de notre affaire avec les Hollandais. Il m'explique longuement qu'il ne croit pas que cela va aboutir à la guerre, car il me montra d'abord une lettre de sir George Downing, de sa propre écriture, où il l'assure que les Hollandais eux-mêmes ne désirent pas une guerre, mais la craignent par dessus tout, qu'ils non pas accordé de lettres de marque sur nos navires en Guinée et que de Ruyter ne maintient pas sa flotte au port à cette fin, mais par manque de vent favorable, qu'il est maintenant sorti à cette fin, mais par manque de vent favorable, qu'il est maintenant sorti et se dirige vers la Méditerranée.
            Il me dit aussi que tout ce qu'il espère c'est que le Parlement présentera les griefs des négociants au roi, en le priant de protéger ses sujets contre les Hollandais. Et bien que le Parlement ne puisse peut-être pas en voir l'utilité immédiatement, cependant cela suffira à faire savoir aux Hollandais que le Parlement ne s'oppose pas au roi, et cela leur fera perdre l'espoir de voir le roi d'Angleterre incapable de se procurer de l'argent ou d'agir en vue d'une guerre contre eux. Ils se croyaient dégagés de l'obligation de restituer quoi que ce soit, ce en quoi ils verront ainsi qu'ils se trompent.
            Il me dit aussi que les Etats hollandais ne sont pas eux-mêmes en bon ordre, qu'il y a des différends entre eux et, qu'assurément, seuls les Etats de Hollande et de Zélande participeront à une guerre, les autres considérant, comme ils sont à l'intérieur des terres qu'ils ne tireront profit de la guerre ni de la paix.
            Mais c'est intéressant d'entendre ce qu'il dit. D'après lui ceux qui à la Cour sont partisans de la guerre apparaissent aux yeux de tous comme n'ayant d'autre dessein que de mettre de l'argent dans les poches du roi. Ceux qui ailleurs se déclarent pour la guerre ont pour dessein de troubler l'ordre dans le royaume et de donner aux fanatiques l'occasion de frapper. Et enfin, ceux qui sont contre la guerre, ainsi lui-même par exemple, est assez réservé à ce sujet, ont la réputation de se laisser corrompre par les Hollandais.
            Après cette longue conversation, il m'emmena dans son carrosse, car il pleuvait encore, à Charing Cross et là me mit dans une voiture, et, passant prendre mon père et mon frère, je les emmenai chez moi pour dîner, ma femme gardant le lit tout le jour car elle est indisposée.
            Tout l'après-midi au bureau avec William Bodham à examiner ses comptes de la Caisse des invalides de Chatham qui montrent bien quel escroc est le commissaire Pett depuis le début, et comment sir William Batten a continué en prenant de belles sommes pour se rémunérer, lui et d'autres, avec l'argent des pauvres. Tout sera dévoilé avec le temps.
            Dans la soirée allai voir sir William Penn puis rentrai chez moi auprès de mon père pour lui tenir compagnie, car il doit quitter Londres. Veillai tard avec lui et avec mon frère John, jusque passé minuit, pour préparer convenablement les comptes de Tom, de façon à les remettre à mon cousin Scott. Enfin nous en avons terminé, après souper tous, au lit.


                                                                                                                     14 avril 1664
                                                                                                                    wikiwand.com
St Patrick's Church, Soho Square - Wikiwand            Levé tôt. Après que mon père eut mangé, je l'accompagnai à pied jusqu'à Milk Street, lui tournant pour descendre jusqu'à Cripplegate, prendre une voiture. Au bout de la rue je pris congé, craignant fort de ne plus le voir ici, tant il décline chaque jour. Je continuai à pied, ne trouvant pas de voiture avant d'arriver à Charing Cross où le colonel Frowde me prit et me conduisit à St James, où discutai avec Mr Coventry, Povey, etc, des comptes de milord Peterborough. Mais, Seigneur ! c'est très étrange de voir comme ce Povey peut paraître fat avec toute son affectation. Puis à Whitehall......
            Allai ensuite à pied, avec Creed, au café de Covent Garden, où ne se trouvait personne, mais il me raconta maintes belles expériences réalisées à Gresham College, et comment on a démontré que la température de l'air dilate et contracte la substance même du verre. Ainsi si l'on plonge un matras plein d'eau froide dans l'eau chaude, la dilatation du verre fait d'abord baisser le niveau de l'eau et ensuite, lorsque la chaleur de l'eau augmente, le niveau monte. Si on le plonge ensuite dans l'eau froide, cela fait monter le niveau de l'eau par contraction du verre. Et lorsque l'eau se refroidit le niveau baisse, ce qui est très intéressant et vrai, il l'a vu expérimenter.
            Rentrai à la maison en voiture et dînai à l'étage avec ma femme, à son chevet, elle garde le lit car elle est indisposée. Puis au bureau : vive querelle avec Wood et Castle au sujet de leurs mâts de Nouvelle Angleterre.
            Dans la soirée, l'esprit un peu contrarié, pourtant sans raison, car mon avis prévaudra, j'espère, pour le bénéfice du roi. A la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                          15 avril

            Levé. Toute la matinée chez moi avec le capitaine Taylor à parler de questions de marine...........
            A midi à la Bourse où je rencontrai Mr Hill, le petit négociant qui, je crois, va me faire connaître un musicien à engager. Mais je veux que cela se passe le plus simplement du monde.
            A la maison, dîner. Puis allai, avec ma femme, en voiture, au Théâtre du Duc, où vîmes une représentation de La Princesse allemande, jouée par l'héroïne elle-même. Mais jamais histoire si bien menée et avec sérieux ne fut plus mal jouée, comme pour plaisanter sur scène. A dire vrai, toute la pièce, hormis le comique de celui qui joue le rôle de son mari, est très simple, excepté une ou deux réparties spirituelles çà et là. Nous rencontrâmes le Dr Clerck et nous plaçâmes près de lui. Et puis repris le chemin de notre domicile, passant chez Madame Turner. Déposai ensuite ma femme chez ma tante Wight, allai au bureau jusque tard et puis, à dix heures du soir, vins la chercher pour la ramener. Retournai un court moment au bureau, puis souper et, au lit.


                                                                       à suivre........

                                                                                                                             16 avril 1664

            Levé, puis........