pinterest.cl
1er Mai 1664
Jour du Seigneur
Grasse matinée. N'allai pas à l'église mais restai chez moi pour examiner mes comptes d'hier soir que je trouve corrects. Je suis bel et bien créditeur de 908 livres, même somme que le mois dernier.
Dîner, descendis ensuite par le fleuve, en compagnie de ma femme et de Bess, jusqu'à Greenwich, avec grand plaisir, puis revins me laissant glisser au fil de l'eau jusqu'à Deptford où je débarquai et je dis à ma femme d'aller plus loin et de débarquer avant la taverne de la Demi-Etape. Allai à l'arsenal du roi où je parlai de différentes affaires avec les officiers de la marine. Puis demandai à Mr Waith son avis sur la toile et allai à la taverne de la Demi-Etape où se trouvait ma femme. Après avoir mangé là nous prîmes congé et rentrâmes chez nous à pied avant la nui.
Souper, prières et, au lit.
2 mai
Grasse matinée assez longue. Levé puis allai par le fleuve à St James où me mis au service du Duc en compagnie de sir William Batten et de sir John Mennes. Après avoir accompli notre travail avec lui, marchai jusqu'au palais de Westminster. Après avoir parlé affaires rencontrai Mr Rawlinson, puis en voiture à la Bourse où traitai des affaires. Rentré dîner chez moi et bientôt, en voiture, au Théâtre du Roi voir Le Labyrinthe, mais comme j'arrivai en avance, allai à pied chez milord prendre des nouvelles de milady. Elle va assez bien, du moins on ne craint plus pour sa vie. Puis, rencontrant le capitaine Ferrer qui offrit de nous conduire tout à l'heure au parc dans le carrosse de milord, nous lui demandâmes de venir nous chercher à la sortie du théâtre, où ma femme et moi allâmes à pied, accompagnée de Mademoiselle. Je lui payai sa place et vis Le Labyrinthe, la plus mauvaise pièce que j'aie jamais vue, car il n'y a rien d'autre que diverses méprises résultant de l'éducation d'une jeune fille en costume d'homme et d'un homme habillé en femme. Mrs Steward était là, elle est vraiment très belle mais pas autant que milady Castlemaine, malgré la poussière. Très peu de gens.
L'on faillit perdre un des chevaux qui tomba dans le timon, mais bientôt tout rentra dans l'ordre. Après avoir parcouru le parc de long en large, à la maison, déposant Mademoiselle chez elle. Ensuite au bureau où Mr Bland vint me payer la somme qu'il reconnaît me devoir pour les services rendus dans l'affaire du " Tanger Merchant ", vingt pièces d'or neuf agréables à voir, cela me réjouit le coeur.
Après son départ rentrai souper et les montrai à ma femme. La malheureuse eût aimé les garder pour les contempler, sans d'autre dessein que le simple plaisir de les voir. Mais cela ne m'agréa point, je les repris. Souper puis, au lit.
3 mai
Levé. Après m'être préparé allai comme convenu chez Mr Bland où bus ma boisson du matin, du bon chocolat. Comme je me salis le tour de cou j'en fis chercher un de rechange. Puis allai avec lui, par le fleuve, à Whitehall, et à pied à St James où rencontrai Creed, Vernaty et bientôt sir William Rider, puis dans les appartements de Mr Coventry au sujet des comptes de milord Peterborough. Je m'efforçai de dénoncer et de châtier, autant que faire se peut, la sottise de Mr Povey, car je n'ai jamais vu au monde un homme de ce rang se comporter avec autant de fatuité dans de telles charges. J'ai conscience de l'avoir perdu à tout jamais, mais peu me chaut, car c'est un fat et je ne le crois pas d'une honnêteté excessive, d'après ce que je vois. Pourtant, malgré toute sa sottise, il a la chance de temps à autre d'exprimer ses bêtises par de si belles paroles et avec de tels effets qu'on les croirait raisonnables et pertinentes, ce qui est vraiment pour moi un sujet d'étonnement. pinterest.cl Puis à pied au palais de Westminster, à la Chambre des Lords, au milieu d'une grande foule, depuis 10 heures jusqu'à près de 3 heures, entendis l'affaire de Mr Robartes, fils de milord le garde du Sceau privé, contre Wynn, qui a frauduleusement obtenu que le père de la femme de Mr Robartes, Mr Bodvile, lui lègue sa fortune et déshérite sa fille. C'est Finch, l'avocat général, qui défendait milord le garde du Sceau privé dans cette affaire. En vérité, je pense que c'est assurément l'homme le plus éloquent que j'aie jamais entendu, ou que je puisse jamais espérer entendre.
Puis, après être resté longtemps à parler avec milord Sandwich car, enfin, il est venu vers moi pour me parler de l'affaire de milord Peterborough, rentrai en voiture au bureau où restai tout l'après-midi. Fis juste un saut à la maison pour prendre un morceau, puis retournai au bureau, n'ayant rien mangé auparavant de la journée. Ma femme sortie avec ma tante Wight et Norbury.
Dans la soirée allai chez mon oncle Wight, ne les trouvant pas chez eux, revins. Ils étaient allés au parc et au jardin aux mûres. Allai à la Bourse où rencontrai Mr Hempson, que sir William Batten a récemment renvoyé, pour la simple raison qu'il est venu me voir, à son arrivée à Londres, avant d'aller chez lui. Il me parla de nombreuses filouteries de sir William Batten, me dit qu'il peut prouver que le capitaine Cox de Chatham lui a donné 10 livres d'or pour le persuader de se porter garant de lui à la restauration du roi, et que Tom Newborn a obligé de pauvres gens à lui donner 3 livres pour persuader sir William Batten de le faire entrer à l'arsenal, et que sir William Batten a souvent dit :
" - Tudieu ! Tom, vous allez en tirer quelque chose et j'en veux ma part. "
Son commis actuel, venu à la place de Norman, a obtenu son poste contre de l'argent. Il me dit également que les Batten ont un train de vie élevé mais qu'ils manquent d'argent, tout comme d'autres, qu'il accepte donc de se laisser corrompre avec du satin, de petits meubles et d'autres objets que lui offrent des gens qui traitent avec lui, que personne presque ne prend la mer ou n'obtient un service de sir William Batten sans qu'un pot-de-vin lui soit donné. Que, et c'est notoire, sa femme était une catin et qu'il reçut des feuilles le traitant de cocu dès après son mariage. Qu'il a reçu de Hempson 100 livres en espèces et pour une valeur de 50 livres supplémentaires en nature..... Qu'il a fraudé la caisse des Invalides et en a soustrait 1 000 livres, qu'il détient actuellement.
Je rencontrai également Mr Cutler à la Bourse. Il me dit qu'assurément Lawson a de nouveau déclaré la guerre à Alger, bien que, dès son arrivée, on lui eût rendu les navires qui avaient été saisis, ainsi que tous les équipages. Mais ensuite on refusa de le dédommager pour la marchandise saisie.
Puis chez mon oncle Wight. Comme il n'y était pas allai, avec Mr Norbury, à la taverne toute proche de la Toison, dans Leaden Halln boire de la bière épicée. Pris bientôt congé car il était 11 heures du soir. Les laissant chez eux, rentrai moi-même à la maison puis, au lit.
4 mai
Levé. Mon nouveau tailleur Langford vint prendre mes mesures pour un nouveau costume et un manteau de drap noir. Je pense qu'il se révélera très soigneux et qu'il me donnera satisfaction.
Puis de service auprès de milord Peterborough alité, pour lui rendre compte de ce que nous avons décidé hier concernant Povey. J'ai l'impression de travailler à une affaire qui ne m'apportera guère de plaisir. Peu importe, je rendrai service au roi. Puis dans les appartements de milord où il reste pendant la maladie de milady. Lui parlai de la même affaire. Rentré et par le fleuve chez mon cousin Scott. Lui présentai mes condoléances après le décès de sa femme, ma cousine, et lui parlai de sa tâche comme mandataire de mon père dans le règlement de la succession de mon frère Tom. Il me dit que l'affaire de sa bâtarde et de Jack Noble nous couvrira vraisemblablement de honte. Peu importe, si cela ne nous coûte pas d'argent.
Puis au café et un moment à la Bourse. Nouvelles incertaines sur le comportement des Hollandais. D'après certains ils agissent en vue de la guerre, d'autres disent que non. L'épidémie de peste s'étend à Amsterdam.
Rentrai dîner chez moi, puis au bureau jusqu'à fort tard, jusqu'à ce que les yeux commencent à m'inquiéter. Ma vue commence maintenant à baisser à la lueur de la bougie. Mais dans l'après-midi Mr Peter Honywood vint et me donna 20 shillings, comme allocation que lui et ses parents paient à mon frère John. Mais, Dieu me pardonne cet orgueil, je me crois trop haut placé pour l'accepter : c'est une marque déplaisante d'orgueil, que Dieu me pardonne.
Le soir à la maison, souper, au lit.
5 mai 1664
Levé, tôt au bureau, affairé. Puis sortis changer de l'argenterie pour que mon père l'envoie aujourd'hui par courrier à Brampton. Mais je remarque et je crains que cela ne me porte tort d'échanger des cuillers de mon oncle Robert contre des neuves et d'y faire graver un P, comme mon frère en avait l'habitude, de sorte qu'ainsi je ne pourrai plus les revendiquer. Ce n'est cependant pas une question importante, aussi je me décidai à le faire. Puis à la Bourse. Rencontrai sir William Warren, allâmes dans une taverne discuter, comme de coutume, des conséquences néfastes pour le roi de la gestion des affaires de la marine que sir William Batten nous impose par sa filouterie.
Rentré dîner à la maison, puis au bureau, tout l'après-midi. Rentré tôt à la maison, mes yeux devenant chaque jour moins capables de supporter longtemps la lecture ou l'écriture, bien qu'il fasse encore jour. C'est la première fois que cela se produit.
Rentré chez moi auprès de ma femme, après souper, au lit.
6 mai
nterest.fr
Levé ce matin, puis au bureau où Simpson, mon menuisier, vint travailler aux modifications de mon cabinet que je transforme en changeant la porte de place et en apportant d'autres changements à ma grande satisfaction. Affairé tout le jour mais rentrai l'après-midi à la maison, écrivis des lettres et réglai d'autres affaires, car mes registres étaient dérangés au bureau. Le soir à la maison puis, au lit, l'esprit tout occupé par l'histoire de mon petit cabinet. Il est étrange de penser que cet aménagement m'occupe l'esprit et chasse toute autre préoccupation de mes pensées.
7 mai
Tôt au bureau avec les menuisiers, donnai des instructions pour d'autres modifications. Sitôt après réunion toute la matinée. Après dîner vint Deane de Woolwich et je passai, comme prévu, tout l'après-midi avec lui à me faire expliquer la construction d'un navire. Je crois que je comprendrai bientôt comment on fait. Quelque temps au bureau dans la soirée pour voir comment le travail que j'ai commandé avance. Puis rentré chez moi, passai encore la soirée avec Mr Deane, puis nous eûmes un bon souper, puis il alla au lit car il restait chez moi.
8 mai
Jour du Seigneur
Aujourd'hui mon nouveau tailleur, Mr Langford, m'apporta à la maison un costume et un manteau neufs de drap noir doublés de moire et de soie. Son travail me plaît beaucoup et j'espère qu'il sera correct avec moi. Après son départ, Deane et moi allâmes dans mon cabinet de travail répéter, toute la matinée, la leçon d'hier sur les navires. J'espère bientôt comprendre. Dîner à midi. Il est curieux de l'entendre dans la conversation faire l'éloge de la chimie, à la suite d'un entretien qu'il a eu avec un chimiste de sa connaissance, alors que, le pauvre, il n'y entend pas un mot, mais je remarque bien que ce n'est que son bon naturel. Dans cette affaire de construction navale, il a fait beaucoup d'efforts, plus que la plupart des constructeurs, je crois.
Il partit après dîner, puis j'allai avec ma femme à l'église, ensuite, après l'office, chez sir William Penn où restai m'entretenir avec lui. Ce coquin et ce traître semble, comme toujours, fort courtois avec moi, bien que, je le sais, il nous déteste et nous envie.
A la maison, souper, prières puis, au lit.
9 mai
Levé, puis toute la matinée à mon bureau où vis que les travaux de menuiserie étaient presque terminés, à ma grande satisfaction. A midi rentré dîner chez moi, sortis ensuite dans la voiture de sir William Penn. Il nous déposa, ma femme et moi à la nouvelle Bourse. Après avoir fait des emplettes, à pied chez milady Sandwich qui, la pauvre infortunée, se porte maintenant assez bien pour se tenir sur son séant, grâce à Dieu. Elle nous manda de monter la voir, si cela ne nous effrayait point, ce que nous fîmes. Mais elle s'opposa vivement à ce que ma femme vînt trop près d'elle, pourtant, la malheureuse est guérie de la rougeole, et je ne puis en voir aucune trace sur son visage. Nous restâmes plus de trois heures, jusqu'à ce qu'il fût 6 heures, à nous entretenir avec elle de divers sujets, avec grand plaisir. Partîmes alors, retour en voiture, faisant en chemin plusieurs achats pour ma femme.
Après avoir regardé avec grande satisfaction , le travail fait dans mon bureau aujourd'hui, rentré à la maison, souper puis, au lit. Il est étrange que je ne puisse songer à rien tant que les travaux durent dans mon bureau.
Aujourd'hui allant avec ma femme faire des achats dans Paternoster Row passai, en chemin, chez Mr Hollier pour lui demander conseil sur l'épanchement qu'elle a à la jambe, qui tend à s'assécher de lui-même. D'après lui il faut que cela s'assèche.
10 mai
Levé puis au bureau à surveiller mes ouvriers toute la matinée. Après le travail fis de même le soir. A la maison, souper puis, au lit.
11 mai
pietondeparis.canalblog.com
Levé. Toute la journée, matin et après-midi, au bureau pour vérifier que le menuisier terminait son travail, que le nettoyage était fait et tout était remis en ordre.
A vrai dire, mon petit cabinet est maintenant très commode et très agréable pour moi. Mon oncle Wight vint me voir au bureau cet après-midi pour me reparler de l'affaire Maes. En sortant de mon bureau il alla chez moi voir ma femme. Assez étrangement ma femme me manda aussitôt après son départ pour me dire qu'il s'était mis à discourir sur le fait qu'elle n'avait pas d'enfant et lui non plus, qu'à son avis il vaudrait mieux qu'ils en eussent un ensemble, qu'il lui offrirait 500 livres en argent comptant ou en bijoux d'abord et qu'ensuite il ferait de l'enfant son héritier. Il la félicita de sa beauté et lui dit qu'à sa connaissance un tel projet était légal. Elle me dit qu'elle lui répondit vivement sans qu'il s'excusât, prétendant avoir plaisanté et il ajouta qu'il ne lui en parlerait plus, puisqu'il savait ce qu'elle en pensait, et souhaita qu'elle n'en dît mot.
Il semble qu'il dit tout cela en feignant de rire, mais d'après tous les mots qui s'échangèrent, que je ne puis vraiment rapporter, il m'apparaît clairement qu'il était fort sincère, et je crains que toute sa bonté ne soit que son désir d'elle.
Je ne sais qu'en penser à l'instant, mais je crois que je ne vais pas lui faire de remarque avant d'avoir réfléchi. Puis, l'esprit et le coeur un peu chagrins, je reçus une lettre de Mr Coventry au sujet d'un mât pour le yacht du Duc. Cette affaire, entre autres, me fait prendre la résolution d'aller de bonne heure à Woolwich demain. Souper puis, au lit.
12 mai 1664
Levé avant 4 heures, allai par le fleuve à Woolwich, réglai quelques affaires puis à pied à Greenwich. Conversation intéressante avec Deane sur la plus grande partie du trajet. Rencontré, comme convenu, le commissaire Pett et allai avec lui à Deptford, où vaquai aussi à quelques affaires. Rentré au bureau, à midi vinrent Mrs Hunt, sa cousine, son enfant et sa servante, pour dîner avec moi. Ma femme était indisposée et gardait le lit. J'étais contrarié, cependant n'y pouvant rien m'occupai d'elles, jusqu'après-dîner.
Au bureau réunion tout l'après-midi. Dans une lettre que je reçois de Mr Coventry, je vois le signe avant-coureur d'une guerre avec la Hollande.
Rentré chez moi puis, au lit de bonne heure, parce qu'il faut se lever demain.
13 mai
Levé avant 3 heures. Peu après, par le fleuve car il faisait autant jour qu'à midi et qu'un soleil clair se levait. Mais bientôt apparut un arc-en-ciel, le premier que j'aie jamais vu le matin, puis il commença à pleuvoir un peu, mais il y eut de nouveau une éclaircie. Allai à Woolwich où, avant l'arrivée des ouvriers, je passai deux heures avec Mr Deane, sur le nouveau navire, apprendre le nom et l'usage d'un grand nombre de ses différentes parties, à ma grande satisfaction, puis revins sans rien faire d'autre.
Après m'être changé allai à Westminster m'occuper entre autres de l'affaire de Mr Maes. Dans la Chambre peinte j'entends un débat intéressant auquel participait l'ensemble du Parlement sur un projet de loi contre les conventicules : - Seul le lord-lieutenant du comté serait autorisé à perquisitionner chez les lords. En cas de culpabilité ils ne seraient jugés que par leurs pairs. Troisièmement alors que le projet de loi prévoit que " est considérée comme conventicule toute réunion de personnes qui font quoi que ce soit de contraire à la liturgie de l'Eglise d'Angleterre ", ils voudraient faire ajouter " ou à la pratique ". Les Communes dirent qu'elles ne savaient ce que l'on pouvait considérer désormais comme la pratique de l'Eglise d'Angleterre, car il existe maintes choses que l'on peut considérer comme éléments de cette pratique, mais qui ne furent jamais instituées en droit, ni par la Common Law, ni par la législation, ni par le droit canon, qu'il s'agisse par exemple de chanter des psaumes, de publier des prières en appendice à la Bible ou d'improviser des prières avant ou après le sermon. - Bien qu'il s'agisse de questions indifférentes, cependant, autant qu'on le sache à présent, on pourrait introduire des innovations susceptibles d'être considérées comme faisant partie de la pratique de l'Eglise, mais qu'il ne conviendrait pas d'autoriser.
Quant aux privilèges des Lords, Mr Waller leur dit combien leurs prédécesseurs avaient été chatouilleux en ce qui concerne les privilèges des Lords.
Il faut cependant choisir entre eux et la paix du royaume. Les membres du Parlement conçoivent que ces privilèges doivent disparaître. Mr Walley leur dit qu'à son avis, s'ils reconnaissent tous ces privilèges que les Lords pourraient exiger, ils se feraient mener comme l'homme qui, ayant autorisé son voisin à arracher la queue de son cheval, voulant ainsi dire qu'il ne pouvait le faire d'un seul coup, vit le voisin bel et bien arracher crin par crin la queue de son cheval.
De même les Communes, si elles autorisaient une chose après l'autre, pourraient se faire traiter ainsi par les Lords. Mr Vaughan, qu'à mon grand regret je ne pouvais parfaitement entendre, déclara :
" s'ils étaient ainsi obligés d’exempter les Lords de tout, un jour viendrait où tout acte, quelle qu'en soit la gravité, si les Communes en décidaient ainsi, seraient punissables par la loi quand il s'agirait d'un roturier, alors qu'il ne le serait pas quand il s'agirait des Lords, ce qui serait tenu pour privilège.
Il dit aussi que, dans cette affaire, les travaux d'un conventicule ne durant qu'une heure, la perquisition serait sans objet avant même que l'on pût mander un lord-lieutenant qui se trouverait à des lieux de là.
Il dit aussi qu'on fait toute cette querelle pour seulement 100 livres, car le texte prévoit le bannissement ou le paiement de 100 livres.
Sur ces entrefaites j'entendis le duc de Lennox dire qu'il pourrait y avoir des lords qui ne fussent pas toujours prêts à perdre 100 livres ou quelque chose de ce genre.
La séance fut levée sans qu'il y eut de conclusion dans cette affaire.
Il y eut aussi à la Chambre des Communes un débat important au sujet de Mr Prynne. L'on fut d'avis qu'il eût fallu l'envoyer à la Tour pour avoir, de son propre chef, fait un ajout à un projet de loi sur les mesures de vin et d'autres boissons de ce genre, projet déposé par ses soins. Mais on conclut qu'il n'avait eu aucune intention malveillante. Le roi, cependant, prit volontiers sa défense par écrit et on passa l'éponge. Mais cela vaut la peine de rappeler que je vis le vieux Ryley le héraut et son fils. Parlai à son fils qui me tint des propos très désobligeants envers Mr Prynne. Il dit que le roi lui a confié la charge de tenir les archives mais qu'il n'y vient jamais, qu'il n'y est pas venu depuis six mois, de sorte que, me semble-t-il, ils espèrent lui succéder dans cet emploi.
Ainsi chacun est susceptible de se faire jalouser et remplacer.
A midi à la taverne de la Jambe où dînèrent sir George Ascue, sir Robert Parkhurst et sir William Penn. Bon dîner fort gai. Puis à Whitehall, fis les cent pas un moment mais, comme le Conseil ne se réunissait pas assez tôt, repris le chemin de mon domicile, m'arrêtant au passage chez mon cousin Roger Pepys avec qui je m'entretins. L'entendis tellement parler de son désir de me voir faire le nécessaire pour le paiement des dettes mon frère et d'autres choses de ce genre, tendant à m'obliger de me départir de ce que j'acquiers à grand-peine, afin de régler les dépenses d'autrui, que j'étais extrêmement chagrin.
Ensuite chez sir Robert Bernard où j'appris le retard que met Pigott à nous payer, ce qui me chagrine fort également. Rentré chez moi trouvai une lettre de mon cousin Scott m'informant qu'il n'a plus l'intention de s'occuper du règlement de la succession au nom de mon père, ce qui me rend presque fou, à la pensée des ennuis que je vais vraisemblablement avoir avec les affaires d'autrui ennuis plus grands encore que ceux que je pourrais espérer dans le cas de mes propres affaires.
Donc, l'esprit fort contrarié, au lit.
14 mai 1664
Levé, en proie à de vives douleurs ayant, je crois, pris froid hier. Allai au bureau. Rentrai dîner souffrant le martyre. Après dîner la souffrance augmentant je fus obligé d'aller au lit, et bientôt, la douleur fut telle, pendant une ou deux heures, que je ne me souviens pas en avoir jamais éprouvée de pire pendant mes crises de maladie de la pierre, dans le bas ventre et aussi dans le dos. Je ne pus lâcher un vent. Je pris un clystère mais il me fit peu évacuer et un paroxysme de douleur s'ensuivit.
Enfin, après avoir été ainsi au supplice, pleurant et hurlant, je ne sais si c'est à cause d'une très grande suée mais, en me retournant en tous sens dans le lit, je tombai par hasard sur les genoux, et ma douleur commença de diminuer petit à petit, de sorte qu'au bout d'une heure je ne souffris presque plus. Mais je ne pouvais ni lâcher un vent, ni uriner. Je restai ainsi et dormis bien toute la nuit.
15 mai
Jour du Seigneur
Me levai et, comme j'en avais eu l'intention avant cette douleur, pris une purge et elle fit effet. Ma femme n'ayant pas couché avec moi cette nuit, pour la première fois, je crois, depuis notre mariage où nous habitons sous le même toit, sauf lorsque mon père venait en ville et qu'il couchait chez moi. Elle aussi prit une purge aujourd'hui, et nos deux purges produisirent bon effet. Ainsi passâmes-nous la journée, après que notre purge eut agi, à converser plaisamment, mais je n'étais pas bien, car je ne pouvais toujours ni uriner, sauf une ou deux gouttes à grand-peine, ni lâcher un vent.
Dans la soirée, Mr Vernatty vint et m'entretint de l'affaire de lord Peterborough. Et visite aussi de mon oncle Wight et de Norbury. Mais je ne fis rien observer ni ne me comportai différemment avec mon oncle Wight, ni lui avec moi, malgré ses ignobles agissements envers ma femme la semaine dernière. Mais attendrai pour m'en servir. Alors, fort échauffé, allai au lit et dormis bien.
à suivre.............
16 mai 1664
Obligé de...............
Grasse matinée. N'allai pas à l'église mais restai chez moi pour examiner mes comptes d'hier soir que je trouve corrects. Je suis bel et bien créditeur de 908 livres, même somme que le mois dernier.
Dîner, descendis ensuite par le fleuve, en compagnie de ma femme et de Bess, jusqu'à Greenwich, avec grand plaisir, puis revins me laissant glisser au fil de l'eau jusqu'à Deptford où je débarquai et je dis à ma femme d'aller plus loin et de débarquer avant la taverne de la Demi-Etape. Allai à l'arsenal du roi où je parlai de différentes affaires avec les officiers de la marine. Puis demandai à Mr Waith son avis sur la toile et allai à la taverne de la Demi-Etape où se trouvait ma femme. Après avoir mangé là nous prîmes congé et rentrâmes chez nous à pied avant la nui.
Souper, prières et, au lit.
2 mai
Grasse matinée assez longue. Levé puis allai par le fleuve à St James où me mis au service du Duc en compagnie de sir William Batten et de sir John Mennes. Après avoir accompli notre travail avec lui, marchai jusqu'au palais de Westminster. Après avoir parlé affaires rencontrai Mr Rawlinson, puis en voiture à la Bourse où traitai des affaires. Rentré dîner chez moi et bientôt, en voiture, au Théâtre du Roi voir Le Labyrinthe, mais comme j'arrivai en avance, allai à pied chez milord prendre des nouvelles de milady. Elle va assez bien, du moins on ne craint plus pour sa vie. Puis, rencontrant le capitaine Ferrer qui offrit de nous conduire tout à l'heure au parc dans le carrosse de milord, nous lui demandâmes de venir nous chercher à la sortie du théâtre, où ma femme et moi allâmes à pied, accompagnée de Mademoiselle. Je lui payai sa place et vis Le Labyrinthe, la plus mauvaise pièce que j'aie jamais vue, car il n'y a rien d'autre que diverses méprises résultant de l'éducation d'une jeune fille en costume d'homme et d'un homme habillé en femme. Mrs Steward était là, elle est vraiment très belle mais pas autant que milady Castlemaine, malgré la poussière. Très peu de gens.
L'on faillit perdre un des chevaux qui tomba dans le timon, mais bientôt tout rentra dans l'ordre. Après avoir parcouru le parc de long en large, à la maison, déposant Mademoiselle chez elle. Ensuite au bureau où Mr Bland vint me payer la somme qu'il reconnaît me devoir pour les services rendus dans l'affaire du " Tanger Merchant ", vingt pièces d'or neuf agréables à voir, cela me réjouit le coeur.
Après son départ rentrai souper et les montrai à ma femme. La malheureuse eût aimé les garder pour les contempler, sans d'autre dessein que le simple plaisir de les voir. Mais cela ne m'agréa point, je les repris. Souper puis, au lit.
3 mai
Levé. Après m'être préparé allai comme convenu chez Mr Bland où bus ma boisson du matin, du bon chocolat. Comme je me salis le tour de cou j'en fis chercher un de rechange. Puis allai avec lui, par le fleuve, à Whitehall, et à pied à St James où rencontrai Creed, Vernaty et bientôt sir William Rider, puis dans les appartements de Mr Coventry au sujet des comptes de milord Peterborough. Je m'efforçai de dénoncer et de châtier, autant que faire se peut, la sottise de Mr Povey, car je n'ai jamais vu au monde un homme de ce rang se comporter avec autant de fatuité dans de telles charges. J'ai conscience de l'avoir perdu à tout jamais, mais peu me chaut, car c'est un fat et je ne le crois pas d'une honnêteté excessive, d'après ce que je vois. Pourtant, malgré toute sa sottise, il a la chance de temps à autre d'exprimer ses bêtises par de si belles paroles et avec de tels effets qu'on les croirait raisonnables et pertinentes, ce qui est vraiment pour moi un sujet d'étonnement. pinterest.cl Puis à pied au palais de Westminster, à la Chambre des Lords, au milieu d'une grande foule, depuis 10 heures jusqu'à près de 3 heures, entendis l'affaire de Mr Robartes, fils de milord le garde du Sceau privé, contre Wynn, qui a frauduleusement obtenu que le père de la femme de Mr Robartes, Mr Bodvile, lui lègue sa fortune et déshérite sa fille. C'est Finch, l'avocat général, qui défendait milord le garde du Sceau privé dans cette affaire. En vérité, je pense que c'est assurément l'homme le plus éloquent que j'aie jamais entendu, ou que je puisse jamais espérer entendre.
Puis, après être resté longtemps à parler avec milord Sandwich car, enfin, il est venu vers moi pour me parler de l'affaire de milord Peterborough, rentrai en voiture au bureau où restai tout l'après-midi. Fis juste un saut à la maison pour prendre un morceau, puis retournai au bureau, n'ayant rien mangé auparavant de la journée. Ma femme sortie avec ma tante Wight et Norbury.
Dans la soirée allai chez mon oncle Wight, ne les trouvant pas chez eux, revins. Ils étaient allés au parc et au jardin aux mûres. Allai à la Bourse où rencontrai Mr Hempson, que sir William Batten a récemment renvoyé, pour la simple raison qu'il est venu me voir, à son arrivée à Londres, avant d'aller chez lui. Il me parla de nombreuses filouteries de sir William Batten, me dit qu'il peut prouver que le capitaine Cox de Chatham lui a donné 10 livres d'or pour le persuader de se porter garant de lui à la restauration du roi, et que Tom Newborn a obligé de pauvres gens à lui donner 3 livres pour persuader sir William Batten de le faire entrer à l'arsenal, et que sir William Batten a souvent dit :
" - Tudieu ! Tom, vous allez en tirer quelque chose et j'en veux ma part. "
Son commis actuel, venu à la place de Norman, a obtenu son poste contre de l'argent. Il me dit également que les Batten ont un train de vie élevé mais qu'ils manquent d'argent, tout comme d'autres, qu'il accepte donc de se laisser corrompre avec du satin, de petits meubles et d'autres objets que lui offrent des gens qui traitent avec lui, que personne presque ne prend la mer ou n'obtient un service de sir William Batten sans qu'un pot-de-vin lui soit donné. Que, et c'est notoire, sa femme était une catin et qu'il reçut des feuilles le traitant de cocu dès après son mariage. Qu'il a reçu de Hempson 100 livres en espèces et pour une valeur de 50 livres supplémentaires en nature..... Qu'il a fraudé la caisse des Invalides et en a soustrait 1 000 livres, qu'il détient actuellement.
Je rencontrai également Mr Cutler à la Bourse. Il me dit qu'assurément Lawson a de nouveau déclaré la guerre à Alger, bien que, dès son arrivée, on lui eût rendu les navires qui avaient été saisis, ainsi que tous les équipages. Mais ensuite on refusa de le dédommager pour la marchandise saisie.
Puis chez mon oncle Wight. Comme il n'y était pas allai, avec Mr Norbury, à la taverne toute proche de la Toison, dans Leaden Halln boire de la bière épicée. Pris bientôt congé car il était 11 heures du soir. Les laissant chez eux, rentrai moi-même à la maison puis, au lit.
4 mai
Levé. Mon nouveau tailleur Langford vint prendre mes mesures pour un nouveau costume et un manteau de drap noir. Je pense qu'il se révélera très soigneux et qu'il me donnera satisfaction.
Puis de service auprès de milord Peterborough alité, pour lui rendre compte de ce que nous avons décidé hier concernant Povey. J'ai l'impression de travailler à une affaire qui ne m'apportera guère de plaisir. Peu importe, je rendrai service au roi. Puis dans les appartements de milord où il reste pendant la maladie de milady. Lui parlai de la même affaire. Rentré et par le fleuve chez mon cousin Scott. Lui présentai mes condoléances après le décès de sa femme, ma cousine, et lui parlai de sa tâche comme mandataire de mon père dans le règlement de la succession de mon frère Tom. Il me dit que l'affaire de sa bâtarde et de Jack Noble nous couvrira vraisemblablement de honte. Peu importe, si cela ne nous coûte pas d'argent.
Puis au café et un moment à la Bourse. Nouvelles incertaines sur le comportement des Hollandais. D'après certains ils agissent en vue de la guerre, d'autres disent que non. L'épidémie de peste s'étend à Amsterdam.
Rentrai dîner chez moi, puis au bureau jusqu'à fort tard, jusqu'à ce que les yeux commencent à m'inquiéter. Ma vue commence maintenant à baisser à la lueur de la bougie. Mais dans l'après-midi Mr Peter Honywood vint et me donna 20 shillings, comme allocation que lui et ses parents paient à mon frère John. Mais, Dieu me pardonne cet orgueil, je me crois trop haut placé pour l'accepter : c'est une marque déplaisante d'orgueil, que Dieu me pardonne.
Le soir à la maison, souper, au lit.
5 mai 1664
Levé, tôt au bureau, affairé. Puis sortis changer de l'argenterie pour que mon père l'envoie aujourd'hui par courrier à Brampton. Mais je remarque et je crains que cela ne me porte tort d'échanger des cuillers de mon oncle Robert contre des neuves et d'y faire graver un P, comme mon frère en avait l'habitude, de sorte qu'ainsi je ne pourrai plus les revendiquer. Ce n'est cependant pas une question importante, aussi je me décidai à le faire. Puis à la Bourse. Rencontrai sir William Warren, allâmes dans une taverne discuter, comme de coutume, des conséquences néfastes pour le roi de la gestion des affaires de la marine que sir William Batten nous impose par sa filouterie.
Rentré dîner à la maison, puis au bureau, tout l'après-midi. Rentré tôt à la maison, mes yeux devenant chaque jour moins capables de supporter longtemps la lecture ou l'écriture, bien qu'il fasse encore jour. C'est la première fois que cela se produit.
Rentré chez moi auprès de ma femme, après souper, au lit.
6 mai
nterest.fr
Levé ce matin, puis au bureau où Simpson, mon menuisier, vint travailler aux modifications de mon cabinet que je transforme en changeant la porte de place et en apportant d'autres changements à ma grande satisfaction. Affairé tout le jour mais rentrai l'après-midi à la maison, écrivis des lettres et réglai d'autres affaires, car mes registres étaient dérangés au bureau. Le soir à la maison puis, au lit, l'esprit tout occupé par l'histoire de mon petit cabinet. Il est étrange de penser que cet aménagement m'occupe l'esprit et chasse toute autre préoccupation de mes pensées.
7 mai
Tôt au bureau avec les menuisiers, donnai des instructions pour d'autres modifications. Sitôt après réunion toute la matinée. Après dîner vint Deane de Woolwich et je passai, comme prévu, tout l'après-midi avec lui à me faire expliquer la construction d'un navire. Je crois que je comprendrai bientôt comment on fait. Quelque temps au bureau dans la soirée pour voir comment le travail que j'ai commandé avance. Puis rentré chez moi, passai encore la soirée avec Mr Deane, puis nous eûmes un bon souper, puis il alla au lit car il restait chez moi.
8 mai
Jour du Seigneur
Aujourd'hui mon nouveau tailleur, Mr Langford, m'apporta à la maison un costume et un manteau neufs de drap noir doublés de moire et de soie. Son travail me plaît beaucoup et j'espère qu'il sera correct avec moi. Après son départ, Deane et moi allâmes dans mon cabinet de travail répéter, toute la matinée, la leçon d'hier sur les navires. J'espère bientôt comprendre. Dîner à midi. Il est curieux de l'entendre dans la conversation faire l'éloge de la chimie, à la suite d'un entretien qu'il a eu avec un chimiste de sa connaissance, alors que, le pauvre, il n'y entend pas un mot, mais je remarque bien que ce n'est que son bon naturel. Dans cette affaire de construction navale, il a fait beaucoup d'efforts, plus que la plupart des constructeurs, je crois.
Il partit après dîner, puis j'allai avec ma femme à l'église, ensuite, après l'office, chez sir William Penn où restai m'entretenir avec lui. Ce coquin et ce traître semble, comme toujours, fort courtois avec moi, bien que, je le sais, il nous déteste et nous envie.
A la maison, souper, prières puis, au lit.
9 mai
Levé, puis toute la matinée à mon bureau où vis que les travaux de menuiserie étaient presque terminés, à ma grande satisfaction. A midi rentré dîner chez moi, sortis ensuite dans la voiture de sir William Penn. Il nous déposa, ma femme et moi à la nouvelle Bourse. Après avoir fait des emplettes, à pied chez milady Sandwich qui, la pauvre infortunée, se porte maintenant assez bien pour se tenir sur son séant, grâce à Dieu. Elle nous manda de monter la voir, si cela ne nous effrayait point, ce que nous fîmes. Mais elle s'opposa vivement à ce que ma femme vînt trop près d'elle, pourtant, la malheureuse est guérie de la rougeole, et je ne puis en voir aucune trace sur son visage. Nous restâmes plus de trois heures, jusqu'à ce qu'il fût 6 heures, à nous entretenir avec elle de divers sujets, avec grand plaisir. Partîmes alors, retour en voiture, faisant en chemin plusieurs achats pour ma femme.
Après avoir regardé avec grande satisfaction , le travail fait dans mon bureau aujourd'hui, rentré à la maison, souper puis, au lit. Il est étrange que je ne puisse songer à rien tant que les travaux durent dans mon bureau.
Aujourd'hui allant avec ma femme faire des achats dans Paternoster Row passai, en chemin, chez Mr Hollier pour lui demander conseil sur l'épanchement qu'elle a à la jambe, qui tend à s'assécher de lui-même. D'après lui il faut que cela s'assèche.
10 mai
Levé puis au bureau à surveiller mes ouvriers toute la matinée. Après le travail fis de même le soir. A la maison, souper puis, au lit.
11 mai
pietondeparis.canalblog.com
Levé. Toute la journée, matin et après-midi, au bureau pour vérifier que le menuisier terminait son travail, que le nettoyage était fait et tout était remis en ordre.
A vrai dire, mon petit cabinet est maintenant très commode et très agréable pour moi. Mon oncle Wight vint me voir au bureau cet après-midi pour me reparler de l'affaire Maes. En sortant de mon bureau il alla chez moi voir ma femme. Assez étrangement ma femme me manda aussitôt après son départ pour me dire qu'il s'était mis à discourir sur le fait qu'elle n'avait pas d'enfant et lui non plus, qu'à son avis il vaudrait mieux qu'ils en eussent un ensemble, qu'il lui offrirait 500 livres en argent comptant ou en bijoux d'abord et qu'ensuite il ferait de l'enfant son héritier. Il la félicita de sa beauté et lui dit qu'à sa connaissance un tel projet était légal. Elle me dit qu'elle lui répondit vivement sans qu'il s'excusât, prétendant avoir plaisanté et il ajouta qu'il ne lui en parlerait plus, puisqu'il savait ce qu'elle en pensait, et souhaita qu'elle n'en dît mot.
Il semble qu'il dit tout cela en feignant de rire, mais d'après tous les mots qui s'échangèrent, que je ne puis vraiment rapporter, il m'apparaît clairement qu'il était fort sincère, et je crains que toute sa bonté ne soit que son désir d'elle.
Je ne sais qu'en penser à l'instant, mais je crois que je ne vais pas lui faire de remarque avant d'avoir réfléchi. Puis, l'esprit et le coeur un peu chagrins, je reçus une lettre de Mr Coventry au sujet d'un mât pour le yacht du Duc. Cette affaire, entre autres, me fait prendre la résolution d'aller de bonne heure à Woolwich demain. Souper puis, au lit.
12 mai 1664
Levé avant 4 heures, allai par le fleuve à Woolwich, réglai quelques affaires puis à pied à Greenwich. Conversation intéressante avec Deane sur la plus grande partie du trajet. Rencontré, comme convenu, le commissaire Pett et allai avec lui à Deptford, où vaquai aussi à quelques affaires. Rentré au bureau, à midi vinrent Mrs Hunt, sa cousine, son enfant et sa servante, pour dîner avec moi. Ma femme était indisposée et gardait le lit. J'étais contrarié, cependant n'y pouvant rien m'occupai d'elles, jusqu'après-dîner.
Au bureau réunion tout l'après-midi. Dans une lettre que je reçois de Mr Coventry, je vois le signe avant-coureur d'une guerre avec la Hollande.
Rentré chez moi puis, au lit de bonne heure, parce qu'il faut se lever demain.
13 mai
Levé avant 3 heures. Peu après, par le fleuve car il faisait autant jour qu'à midi et qu'un soleil clair se levait. Mais bientôt apparut un arc-en-ciel, le premier que j'aie jamais vu le matin, puis il commença à pleuvoir un peu, mais il y eut de nouveau une éclaircie. Allai à Woolwich où, avant l'arrivée des ouvriers, je passai deux heures avec Mr Deane, sur le nouveau navire, apprendre le nom et l'usage d'un grand nombre de ses différentes parties, à ma grande satisfaction, puis revins sans rien faire d'autre.
Après m'être changé allai à Westminster m'occuper entre autres de l'affaire de Mr Maes. Dans la Chambre peinte j'entends un débat intéressant auquel participait l'ensemble du Parlement sur un projet de loi contre les conventicules : - Seul le lord-lieutenant du comté serait autorisé à perquisitionner chez les lords. En cas de culpabilité ils ne seraient jugés que par leurs pairs. Troisièmement alors que le projet de loi prévoit que " est considérée comme conventicule toute réunion de personnes qui font quoi que ce soit de contraire à la liturgie de l'Eglise d'Angleterre ", ils voudraient faire ajouter " ou à la pratique ". Les Communes dirent qu'elles ne savaient ce que l'on pouvait considérer désormais comme la pratique de l'Eglise d'Angleterre, car il existe maintes choses que l'on peut considérer comme éléments de cette pratique, mais qui ne furent jamais instituées en droit, ni par la Common Law, ni par la législation, ni par le droit canon, qu'il s'agisse par exemple de chanter des psaumes, de publier des prières en appendice à la Bible ou d'improviser des prières avant ou après le sermon. - Bien qu'il s'agisse de questions indifférentes, cependant, autant qu'on le sache à présent, on pourrait introduire des innovations susceptibles d'être considérées comme faisant partie de la pratique de l'Eglise, mais qu'il ne conviendrait pas d'autoriser.
Quant aux privilèges des Lords, Mr Waller leur dit combien leurs prédécesseurs avaient été chatouilleux en ce qui concerne les privilèges des Lords.
Il faut cependant choisir entre eux et la paix du royaume. Les membres du Parlement conçoivent que ces privilèges doivent disparaître. Mr Walley leur dit qu'à son avis, s'ils reconnaissent tous ces privilèges que les Lords pourraient exiger, ils se feraient mener comme l'homme qui, ayant autorisé son voisin à arracher la queue de son cheval, voulant ainsi dire qu'il ne pouvait le faire d'un seul coup, vit le voisin bel et bien arracher crin par crin la queue de son cheval.
De même les Communes, si elles autorisaient une chose après l'autre, pourraient se faire traiter ainsi par les Lords. Mr Vaughan, qu'à mon grand regret je ne pouvais parfaitement entendre, déclara :
" s'ils étaient ainsi obligés d’exempter les Lords de tout, un jour viendrait où tout acte, quelle qu'en soit la gravité, si les Communes en décidaient ainsi, seraient punissables par la loi quand il s'agirait d'un roturier, alors qu'il ne le serait pas quand il s'agirait des Lords, ce qui serait tenu pour privilège.
Il dit aussi que, dans cette affaire, les travaux d'un conventicule ne durant qu'une heure, la perquisition serait sans objet avant même que l'on pût mander un lord-lieutenant qui se trouverait à des lieux de là.
Il dit aussi qu'on fait toute cette querelle pour seulement 100 livres, car le texte prévoit le bannissement ou le paiement de 100 livres.
Sur ces entrefaites j'entendis le duc de Lennox dire qu'il pourrait y avoir des lords qui ne fussent pas toujours prêts à perdre 100 livres ou quelque chose de ce genre.
La séance fut levée sans qu'il y eut de conclusion dans cette affaire.
Il y eut aussi à la Chambre des Communes un débat important au sujet de Mr Prynne. L'on fut d'avis qu'il eût fallu l'envoyer à la Tour pour avoir, de son propre chef, fait un ajout à un projet de loi sur les mesures de vin et d'autres boissons de ce genre, projet déposé par ses soins. Mais on conclut qu'il n'avait eu aucune intention malveillante. Le roi, cependant, prit volontiers sa défense par écrit et on passa l'éponge. Mais cela vaut la peine de rappeler que je vis le vieux Ryley le héraut et son fils. Parlai à son fils qui me tint des propos très désobligeants envers Mr Prynne. Il dit que le roi lui a confié la charge de tenir les archives mais qu'il n'y vient jamais, qu'il n'y est pas venu depuis six mois, de sorte que, me semble-t-il, ils espèrent lui succéder dans cet emploi.
Ainsi chacun est susceptible de se faire jalouser et remplacer.
A midi à la taverne de la Jambe où dînèrent sir George Ascue, sir Robert Parkhurst et sir William Penn. Bon dîner fort gai. Puis à Whitehall, fis les cent pas un moment mais, comme le Conseil ne se réunissait pas assez tôt, repris le chemin de mon domicile, m'arrêtant au passage chez mon cousin Roger Pepys avec qui je m'entretins. L'entendis tellement parler de son désir de me voir faire le nécessaire pour le paiement des dettes mon frère et d'autres choses de ce genre, tendant à m'obliger de me départir de ce que j'acquiers à grand-peine, afin de régler les dépenses d'autrui, que j'étais extrêmement chagrin.
Ensuite chez sir Robert Bernard où j'appris le retard que met Pigott à nous payer, ce qui me chagrine fort également. Rentré chez moi trouvai une lettre de mon cousin Scott m'informant qu'il n'a plus l'intention de s'occuper du règlement de la succession au nom de mon père, ce qui me rend presque fou, à la pensée des ennuis que je vais vraisemblablement avoir avec les affaires d'autrui ennuis plus grands encore que ceux que je pourrais espérer dans le cas de mes propres affaires.
Donc, l'esprit fort contrarié, au lit.
14 mai 1664
Levé, en proie à de vives douleurs ayant, je crois, pris froid hier. Allai au bureau. Rentrai dîner souffrant le martyre. Après dîner la souffrance augmentant je fus obligé d'aller au lit, et bientôt, la douleur fut telle, pendant une ou deux heures, que je ne me souviens pas en avoir jamais éprouvée de pire pendant mes crises de maladie de la pierre, dans le bas ventre et aussi dans le dos. Je ne pus lâcher un vent. Je pris un clystère mais il me fit peu évacuer et un paroxysme de douleur s'ensuivit.
Enfin, après avoir été ainsi au supplice, pleurant et hurlant, je ne sais si c'est à cause d'une très grande suée mais, en me retournant en tous sens dans le lit, je tombai par hasard sur les genoux, et ma douleur commença de diminuer petit à petit, de sorte qu'au bout d'une heure je ne souffris presque plus. Mais je ne pouvais ni lâcher un vent, ni uriner. Je restai ainsi et dormis bien toute la nuit.
15 mai
Jour du Seigneur
Me levai et, comme j'en avais eu l'intention avant cette douleur, pris une purge et elle fit effet. Ma femme n'ayant pas couché avec moi cette nuit, pour la première fois, je crois, depuis notre mariage où nous habitons sous le même toit, sauf lorsque mon père venait en ville et qu'il couchait chez moi. Elle aussi prit une purge aujourd'hui, et nos deux purges produisirent bon effet. Ainsi passâmes-nous la journée, après que notre purge eut agi, à converser plaisamment, mais je n'étais pas bien, car je ne pouvais toujours ni uriner, sauf une ou deux gouttes à grand-peine, ni lâcher un vent.
Dans la soirée, Mr Vernatty vint et m'entretint de l'affaire de lord Peterborough. Et visite aussi de mon oncle Wight et de Norbury. Mais je ne fis rien observer ni ne me comportai différemment avec mon oncle Wight, ni lui avec moi, malgré ses ignobles agissements envers ma femme la semaine dernière. Mais attendrai pour m'en servir. Alors, fort échauffé, allai au lit et dormis bien.
à suivre.............
16 mai 1664
Obligé de...............
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire