mardi 7 avril 2020

Anecdotes et Réflexions d'hier pour aujourd'hui 113 Samuel Pepys ( Journal Angleterre )


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                                                                                                               17 mars 1664

            Levé, puis chez mon frère toute la matinée à faire des préparatifs pour demain. Allai donc voir mon cousin Stradwick puis à la Bourse. Rentré dîner à la maison où ma femme est toujours alitée, toujours mal mais pas autant qu'hier. Je dînai auprès d'elle, puis au bureau réunion cet après-midi, nous avons changé aujourd'hui notre horaire et siégeons l'après-midi au lieu du matin à cause du retour du Parlement, mais il a été ajourné à lundi matin sous prétexte que nombre de ses membres étaient censés être en route et aussi que le roi, ayant d'autres affaires à traiter, désirait ajourner la séance. Mais en vérité le roi est offusqué parce qu'il a découvert que milord de Bristol, comme on l'appelle, ayant feint de s'absenter pour aller en France et pour régler le différend qui l'oppose au chancelier s'est efforcé pendant tout ce temps de monter des factions dans les deux Chambres contre le chancelier. Donc le roi procéda ainsi pour empêcher les Chambres de siéger. Entre-temps il envoya un garde et un héraut pour le faire arrêter à Wimbledon où il se trouvait le matin. Mais on ne put le trouver. Depuis lors le roi s'en inquiète beaucoup. Il va et vient chez le chancelier, comme un enfant. Il voudrait, semble-t-il, retenir les accusations portées par Digby contre le chancelier, comme preuve de trahison contre Sa Majesté. De sorte que le roi est très monté, comme on dit. Dieu sait ce qu'il s'ensuivra.
            Retournai chez mon frère, puis chez Mrs Turner pour m'occuper de préparatifs pour demain.
            Ce soir j'ai changé d'avis et décidé de l'enterrer, non dans le cimetière avec mes frères et sœurs cadets, mais dans l'église, dans la nef centrale, aussi près que possible du banc de ma mère, cela me coûtera 20 shillings supplémentaires.
            Tout étant réglé, rentré en voiture, emportant la chope d'argent de mon frère pour la mettre en lieu sûr. Souper, après avoir écrit à mon père puis, au lit.


                                                                                                              18 mars

            Levé tôt, allé à pied chez mon frère. Passai longtemps à tout  mettre en ordre pour tout à l'heure. Puis chez Mrs Turner où je déjeunai. Puis chez Wotton, mon cordonnier pour faire noircir la semelle des souliers que je porterai tout à l'heure. Chez mon frère, puis à l'église avec le fossoyeur, choisis un endroit pour y enterrer mon frère, juste sous le banc de ma mère. Mais il faut voir comme les tombes sont à la merci d'un tel personnage qui, pour 6 pences, allait, selon ses propres paroles :
" les tasser tous un peu pour lui faire de la place ", faisant allusion à l'encombrement de la nef centrale où mon frère devait reposer. Il dit qu'en l'honneur de mon père il témoignerait à mon frère toute la civilité possible. Cela consistait à déranger d'autres corps, pas encore tout à fait décomposés, pour lui faire de la place. Je trouvai sa façon de parler tout à fait remarquable, comme s'il était en son pouvoir de donner une marque de politesse ou non.
            A midi vint ma femme, pourtant souffrante. Comme j'étais obligé de rentrer, elle revint avec moi. Je m'habillai et Bess fit de même. Je revins chez mon frère. Selon la coutume, les gens étaient invités pour 1 ou 2 heures, mais ne vinrent pas avant 4 ou 5 heures. Ils finirent par arriver, l'un après l'autre, beaucoup plus nombreux que ceux que j'avais priés de venir. Je comptais sur 120 personne, mais je crois qu'il en vint 150. On leur servit 6 biscuits par personne et du vin chaud de Bordeaux à volonté. Ma cousine Joyce Norton gardait le vin et les gâteaux à l'étage et les distribuait à ceux qui servaient, à qui l'on avait donné des gants blancs. Mais je suis surtout redevable à Mrs Holden qui fut très gentille et déploya beaucoup d'efforts, non seulement pour préparer la maison et tout le reste, mais aujourd'hui à monter et descendre pour répartir les gens dans la maison et les servir, devant à ma grande satisfaction, et à la leur également, je crois. Les hommes étaient réunis dans certaines pièces et les femmes dans d'autres. Très serrés mais il y avait suffisamment de place.
            Nous nous rendîmes ensuite à pied à l'église, dans la rue jusqu'à la fontaine, puis de l'autre côté de la rue. Un beau cortège accompagna le défunt .
            Lorsqu'on arriva à la tombe, le Dr Pierson, ministre de la paroisse, lut l'office des morts, et je vis déposer mon pauvre frère dans la tombe.
            Tous prirent congé. Avec ma femme, Mrs Turner et ses enfants allâmes chez mon frère, et fûmes bientôt attablés devant une bourriche d'huîtres, du gâteau et du fromage de chez Mr Honywood
bien trop gais pour des gens à peine revenus d'une triste cérémonie. Mais Seigneur ! comme le monde fait peu de cas du souvenir d'un homme une heure après sa mort ! A vrai dire je dois m'adresser des reproches. En effet, bien que j'aie réellement éprouvé du chagrin pendant quelque temps, à la vue de mon frère mourant et mort, tant qu'il était devant mes yeux, cependant, aussitôt après et depuis lors, j'ai éprouvé vraiment très peu de chagrin pour lui.
            Puis, comme il commençait à se faire tard, je rangeai quelques affaires dans la maison et ramenai chez moi, en voiture, ma femme ainsi que Bess, qui m'a rendu grand service à tout nettoyer et préparer, à servir le vin et tout le reste aujourd'hui. C'est vraiment une excellente servante, brave et fidèle, et je l'aime beaucoup.
            Après être allé au bureau régler le travail du jour, à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                            19 mars

            Levé puis au bureau toute la matinée. A midi ma femme et moi seuls pour dîner d'une bonne poule et d’œufs, à notre grand plaisir, puis en voiture chez mon frère où je passai tout l'après-midi à payer une partie des frais d'enterrement et à parcourir ses papiers, parmi lesquels je trouve plusieurs lettres de mon frère John, comportant des propos abominables à mon égard au sujet de mon attitude envers lui ainsi que des projets retors concernant la terre de Sturtlow, et Dieu sait quoi. Je suis très heureux d'en avoir eu connaissance et le lui ferai regretter. Tantôt mon père et mon frère vinrent à Londres en voiture. Je m'entretins avec lui jusqu'à la nuit, lui rendant compte de tout. Lui, le pauvre, très triste et souffrant. Moi éprouvant une forte douleur pour m'être simplement comprimé les couilles en croisant les jambes, comme cela m'est déjà arrivé, ce qui précipita mon retour chez moi, après quelque temps passé au bureau, rentré en grande gêne à la maison et, au lit.


                                                                                                                        20 mars
altesses.eu                                                                                                    Jour du Seigneur
Altesses : Charles II, roi d'Angleterre, par Kneller            Gardai le lit toute la matinée, ayant mis hier soir un emplâtre sur mes couilles pour en réduire la tuméfaction d'hier. Ayant été posé bien chaud peu de temps après l'enflure il fit effet et la douleur disparut. Nous restâmes couchés sans cesser de deviser, entre autres, de religion. Je suis navré d'entendre si souvent ma femme dire qu'elle est catholique et qu'elle veut mourir dans cette religion. A dire vrai, je crois qu'il suffirait de peu pour la convertir, ce qui me désole.
            Levé à midi pour dîner, puis à mon cabinet de travail où il y avait du feu jusque tard dans la nuit, à regarder les papiers de mon frère Tom et à les trier. Je trouve maintes lettres abjectes de mon frère John où il s'en prend à moi et intrigue contre moi parce que j'avais favorisé les relations de Tom avec sa maîtresse de Banbury, et ceci en des termes vils et médisants à mon égard, et pire encore, à l'égard de ma sœur Pall. J'attendrai un moment opportun pour les porter à la connaissance de mon père et pour en parler également à leur leur auteur, et il le regrettera.
            Après souper, au lit, nos gens devant se lever tôt pour la lessive demain.
   

                                                                                                                           21 mars

            Levé, comme il neigeait un peu ce matin, ce qui nous étonne quelque peu, alors que le temps commençait d'être assez chaud et que l'été devrait suivre rapidement après la douceur de l'hiver, je ne sortis pas de peur que l'enflure ne revînt. Restai à l'intérieur et tantôt mon père me rendit visite, le pauvre, ainsi que mon frère John. Après m'être longuement entretenu avec eux et les avoir fait monter dans mon cabinet de travail où, après quelques propos, j'en vins à parler de la raison pour laquelle j'étais courroucé contre John, et en présence de mon père lus toutes ses viles missives. Mon père fut très contrarié, particulièrement de dire ce que je disais, à savoir de ne plus lui donner à l'avenir un denier de ma bourse, et de m'entendre tenir d'autres propos sans indulgence. Cependant que John, comme un vrai fripon, et non comme un homme de bien et d'esprit, m'adressait des réponses très sottes et pleines de hargne, ce qui me troubla autant que le reste. Et je tiendrai parole, en lui faisant savoir, à ses dépens, que je me souviendrai de son comportement à mon égard en ce jour précis, le plus long que j'aie connu.
            Je fus contrarié de voir mon pauvre père si contrarié, lui dont la bonté l'a fait céder et l'a amené, je crois, à se soumettre, en partie, aux desseins de mon frère Tom et de John, mais sans nourrir de mauvaises intentions à mon égard ou à leur égard. Néanmoins, cela me contrarie un peu qu'il ait agi de cette façon
            Ils dînèrent avec moi, sortis ensuite avec ma femme pour lui faire des achats, puis au bureau réunion jusqu'au soir. Après avoir travaillé dans mon petit cabinet rentré à la maison souper et, au lit.
            Ce jour le Parlement siégea en présence du roi et de la reine. Le roi fit un discours, parlant surtout des complots fomentés à l'étranger contre lui et contre la paix du royaume. Il dit, entre autres, que le parti des mécontents fondaient beaucoup d'espoir sur l'application de la loi, acceptée par son père, sur une convocation triennale du Parlement, qu'il leur demande de lire attentivement et, je crois, d'abroger. Les Communes se retirèrent donc dans leur Chambre et ordonnèrent de faire passer ce texte en lecture demain. Je suppose qu'il sera abrogé, mais c'est contre le gré, je crois, de nombreux députés.


                                                                                                                         22 mars

            Levé, passé la matinée et l'après-midi au bureau. Mais le soir, ma femme étant chez ma tante Wight j'y allai. En passant chez moi vis les rideaux du salon tirés. Lorsque je m'en enquis mes gens me dirent que leur maîtresse avait pris le joli petit chien de Mrs Buggin et notre petite chienne, en chaleur en ce moment. Je suis porté à croire qu'elle l'aidait à s'accoupler, car rentrant après être allé chez mon oncle Wight et y avoir soupé avec elle, avec force gaieté due au badinage de Mr Woolley, je trouvai que le petit chien était si petit qu'il ne pouvait couvrir notre chienne. J'en suis désolé car c'est le plus beau chien que j'aie vu de ma vie. On le dirait peint tant ses couleurs sont harmonieuses et nuancées. Dieu me pardonne ! cela me choqua de voir ma femme et mes gens le regarder pendant qu'il s'efforçait de faire quelque chose, et pourtant cela m'amena à plus de plaisir que d'habitude avec ma femme ce soir.


                                                                                                                     23 mars 1664

            Levé. En sortant vit le chien de Mrs Buggins qui se révèle si beau, comme j'en étais d'avis hier soir, je le menai avec la chienne dans le petit cabinet de travail en bas. En maintenant la chienne je l'aidai à la couvrir, ce qu'il fit très vigoureusement. J'espère donc que cela prendra car c'est le plus joli chien que j'aie jamais vu.
            Au bureau fort embesogné toute la matinée. A la Bourse, puis allai accompagné de sir William Rider à Trinity House. Très bon dîner, conversation intéressante, parmi les anciens, au sujet d'îlots qui de temps à autre émergent puis s'enfoncent dans la mer. Il y a beaucoup de rochers et de récifs qui affleurent presque à la surface de l'eau et dont on ignore l'existence, de sorte que les navires disparaissent sans que le monde en sache la raison.
            Entre autres, ils firent observer qu'il y a seulement deux marins au Parlement, soit sir William Batten et sir William Penn, et pas plus de 20 ou 30 négociants. C'est étrange pour une île, et ce n'est guère surprenant que les questions commerciales n'aillent pas mieux et ne soient pas mieux comprises.
            Rentré chez moi, passai tout l'après-midi au bureau. Mais milady Jemima, Paulina et madame Pickering nous rendirent visite une heure dans la soirée. Mais ma femme ne voulait pas se montrer car elle était déshabillée. Devisâmes fort gaiement. Elles parlèrent de leur train de vie frugal pendant la quinzaine qui précède la venue de leur mère à Londres et tinrent d'autres propos aussi simples, telle leur vie joyeuse à Brampton chez mon père cet hiver. Après leur départ retournai au bureau jusque tard, souper et, au lit.


                                                                                                                       24 mars

Visiter Bristol (Angleterre) : Street art, pirates et concerts ...            Visite de mon père, pauvre homme, venu demander conseil au sujet de la maison de Tom et d'autres affaires. Après son départ, me rendis par le fleuve à Greenwich, par un brouillard très épais, fis une bonne marche jusqu'à Woolwich où fus fort affairé dans les deux arsenaux. Revins à pied avec le capitaine Grove en devisant, puis à Deptford où fis de même. Puis à pied à Rotherhithe, m'arrêtant pour manger un morceau de jambon frit avec des oeufs à la taverne de la Demi-Etape, puis rentré au bureau, réunion jusque tard. Rentré à la maison, fatigué, souper et, au lit.


                                                                                                                           25 mars
                                                                                                            Annonciation
            Levé. Par le fleuve à Whitehall, à la chapelle du roi infiniment pleine de gens venus écouter le docteur Creighton. Comme on ne me connaissait pas, une personne se trouvant sur le banc où je voulais m'asseoir disputa ma place. Je leur dis à quel titre je m'y trouvais, ils allèrent donc consulter le plan de la chapelle qui se trouvait derrière, sur le mur, le lurent et furent convaincus, mais ne demandèrent pas si j'étais de service. Je craignais quelque peu que la personne qui était de service ne vint me trahir.
            Le docteur prêcha sur le 31è chapître de Jérémie, versets 21 et 22, le passage où une femme et un homme, signifiant la conception virginale de notre Sauveur. C'était le plus mauvais sermon que je lui ai entendu prêcher, et pourtant il était bon. Très amer à deux moments il conseilla au roi d'agir comme l'empereur Septime Sévère, de prendre un John presbytérien, la veste et la robe étant interchangeables, dans tous les tribunaux d'Angleterre.
            L'histoire de Septime Sévère était très bonne : il pendit 40 sénateurs devant le Sénat, fit aussitôt un discours au Sénat, louant sa propre indulgence, puis décréta que jamais plus aucun sénateur ne subirait le même sort sans le consentement du Sénat...... Il dit que la plupart des magistrats laïcs en Angleterre étaient puritains et ne voulaient pas rendre justice...... Il dit au roi et aux dames, parlant évidemment de la mort, des crânes et des ossements d'hommes et de femmes, qu'il n'y a pas de différence, que l'on ne peut distinguer le chef du grand Marius ou d'Alexandre de celui d'un manœuvre. Malgré tout le soin que les dames prennent de leur visage, quiconque entrerait dans un ossuaire ne pourrait identifier Cléopâtre, la belle Rosamund ou Jane Shore.
            Rentré chez moi par le fleuve. Au bureau après dîner, puis avec ma femme visite à mon père et conversation sur l'état dans lequel il trouve les affaires de Tom. Il les trouve en fort piteux état, découvre qu'il a été si négligent qu'il confiait à ses serviteurs le soin de tailler les vêtements, sans presque jamais tailler lui-même. D'après le récapitulatif de ses comptes nous trouvons qu'il a plus de 290 livres de dettes et qu'il lui revient moins de 200 livres.
            Rentré à la maison avec ma femme, les rues étant boueuses, achetai de la volaille dans Gracious Street ainsi que des huîtres pour préparer notre fête de demain. Rentré à la maison, après un moment au bureau, à la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                  26 mars
                                                                                                     
            Levé très tôt. Au bureau, relus des papiers pour préparer une réunion tantôt dans ce bureau avec Mr Povey et d'autres, au sujet des comptes de milord Peterborough pour Tanger. Nous avons bien avancé. Mais Seigneur ! que Mr Povey est ridicule dans tout ce qu'il dit ou fait ! Il ne se comporte pas en homme et n'est pas plus digne des charges qu'on lui confie, et singulièrement celle de trésorier du roi d'Angleterre. Il doit payer de nombreuses sommes très élevées sans la moindre instruction écrite...... Ce matin, dans la conversation, sir William Rider dit qu'il tient un journal depuis presque 40 ans, jusqu'à ce jour, et qu'il continue. Cela me fit grand plaisir.
            Puis réunion toute la matinée avec sir John Mennes et à la Bourse où trouvai le moyen, sous prétexte d'avoir affaire avec mon oncle Wight, de décommander Creed que j'avais invité à dîner. Rentré chez moi où je trouve Madame Turner, sa fille Theophilia, Joyce Norton, mon père et Mrs Honywood et bientôt arrive mon oncle Wight et ma tante, car c'est la célébration solennelle de mon opération de la pierre : Dieu soit loué ! cela fait maintenant six ans. Je bénis Dieu de me trouver à tous égards exempt de cette maladie ou de ses symptômes, même si au moindre rhume je continue      de souffrir lorsque j'urine, que j'ai des vents et que je me constipe, ce qui me gêne tant que je n'en suis pas libéré, mais cela mis à part je me porte très bien. Un autre ennui que j'ai, c'est qu'à la moindre compression mes couilles se mettent à enfler et à être très douloureuses, ce qui m'étonne et me gêne fort, mais en appliquant vite un emplâtre, l'enflure cesse et, deux jours après, je suis guéri.
            Le dîner n'étant pas prêt, je passai un moment à leur montrer une carte de Tanger que Creed a laissée chez moi ce matin gravée........ et récemment dessinée par Jonas Moore. Elle est très jolie et j'ai l'intention de la faire joliment encadrer et de l'accrocher......
            Après dîner sir William Batten demanda à me parler et me dit qu'il avait présenté notre projet de loi aujourd'hui au Parlement, qu'il était passé en lecture sans aucune objection et qu'il ne doute pas qu'il sera voté sans encombre, ce qui me réjouira.............
            Il me dit aussi qu'un groupe d'apprentis vint délivrer des apprentis mis au pilori aujourd'hui à Cheapside pour avoir battu leur maître, ou quelque chose de ce genre. Ils renversèrent le pilori et quand on le réinstalla ils recommencèrent, de sorte que le lord-maire et le major-général Brown durent venir et rester pour maintenir l'ordre. On fit battre le tambour dans toute la Cité pour appeler la milice à instaurer le calme dans la ville. Sortant sur ces entrefaites avec mon oncle et ma tante Wight, en voiture avec ma femme et traversant Cheapside. Le reste de nos invités très contents et fort gais avaient pris congé. Nous vîmes un groupe de miliciens se tenant sur leurs gardes. Nous allâmes, contre le gré de mon oncle, presque jusqu'à Hyde Park. Mon oncle se disputa tout au long du chemin avec ma tante, ce qui me fâcha. Mais cela me fit comprendre mon oncle mieux que jamais, car bientôt il pestait contre elle et lui souhaitait que la vérole l'emportât, ce que je fus désolé d'entendre.
            Le temps, je dois l'avouer, se mettant à la pluie rendit se trajet fort déplaisant. Mon oncle n'avait aucune raison de se mettre ainsi en colère, mais ma tante se comporta avec grande réserve, et je dois l'avouer, elle se révèle ainsi tout à fait différente de ce que je la croyais. Mais bientôt la paix revint, et comme il pleuvait très fort nous rencontrâmes plusieurs voitures magnifiques sortant du parc, nous changeâmes de direction et les déposâmes chez eux, rentrés chez nous à notre tour. Terminai la journée avec grande satisfaction, penser qu'il a plu au Seigneur, en l'espace de six années, de m'élever d'un état de maladie chronique, dangereuse et très douloureuse, ainsi que d'une condition inférieure et de la pauvreté à un état de santé presque constamment florissant, à de grands honneurs et à la richesse. Puisse le Seigneur Dieu du ciel m'en rendre vraiment reconnaissant.
            Ma femme a trouvé, en rentrant à la maison, sa robe ornée d'un galon d'or. Elle est effectivement très jolie mais va me coûter beaucoup d'argent, plus que je n'avais l'intention d'en débourser, mais ce n'est que pour une fois. Puis travail au bureau, rentré chez moi, au lit.


                                                                                                                       27 mars 1664
    vanupied.com                                                                                                        Jour du Seigneur
> Le port de Bristol sur une peinture exposée au M-Shed.            Grasse matinée, me disputant avec ma femme au sujet des dépenses, plus élevées que prévu, où elle m'entraîne en ce moment pour des vêtements. Nous étions très en colère, mais bientôt réconciliés. Me levai donc et m'habillai. Au bureau, me mis au travail, rentré dîner puis retour au bureau où vaquai de nouveau à mes affaires.
            Plus tard dans l'après-midi, me dirigeai vers chez mon père, mais comme c'était l'heure de l'office allai à pied jusqu'à St James pour essayer de voir " la belle " Butler, mais en vain, ne vis que sa sœur qui, à vrai dire, est jolie, avec un beau nez aquilin. Traversai les prés où se trouve la mare aux canards, mais ils ont tellement changé depuis l'époque où mon père nous emmenait à Islington, chez le vieillard à l'enseigne de la Tête du Roi, Pitts, pour manger des gâteaux avec de la bière, que je ne reconnus ni la mare aux canards ni l'endroit où je me trouvais; Allai donc chez mon père en passant par Fleet Lane, rencontrai Mr Moore et discutai avec lui et mon père pour savoir qui désigner pour gérer les affaires de mon frère Tom. Je crois que cela nous causera des ennuis, mais je m'en laverai les mains. Fort chagrin que mon père semble contrarié de ce que je semble me fier entièrement aux conseils de Mr Moore sans prendre d'autres avis, mais je pus le convaincre et rentrai à la maison. A l'aller et au retour Cheapside était plein d'apprentis qui y passèrent la journée et usèrent de voies de fait, je crois, contre le maître des garçons qui furent mis au pilori hier. Mais, Seigneur ! comme l'on a rameuté les milices à cette occasion ! les tambours battant de toutes parts, comme si un ennemi les menaçait, tant cette ville est sujette à se laisser gagner par le désarroi à l'occasion d'incidents infimes. Mais il était plaisant d'entendre les jeunes garçons, et particulièrement un tout jeune garçon, lorsque je m'enquis de savoir de quoi il s'agissait : il me répondit que jamais depuis les origines de la Cité on n'avais vu deux apprentis mis au pilori, et que cela était intolérable.
            Rentré donc à pied, et comme il faisait un beau clair de lune restai une heure avec ma femme dans le jardin à parler de ses vêtements pour Pâques, ainsi que de ses servantes, Jane doit partir et nous discutâmes vivement pour savoir s'il faut élever Bess, que nous aimons tous deux, au rang de femme de chambre. Nous y pensons tous les deux, mais ne savons si nous devons nous risquer à la rendre fière, donc à transformer une cuisinière fort efficace et accommodante en mauvaise femme de chambre.
            Retournai quelque temps au bureau, souper, prières et, au lit.


                                                                                                                          28 mars

            C'est le premier matin où j'ai commencé, et j'espère continuer, de me lever tôt. Donc, levé, au bureau et vers 7 heures chez Tom Trice pour lui demander conseil au sujet de la gestion des affaires de mon frère Tom, puis visite à mon père pour lui dire que faire, c'est-à-dire gérer les affaires et donner procuration à mon cousin Scott pour suivre les affaires en son absence. Il aurait ainsi les moyens de se payer, ce que nous ne pouvons empêcher de toute façon, et de nous rendre aussi service, croyons-nous. Mais Seigneur ! honte à moi, me semble-t-il, de ne pas mieux connaître, dans ma situation et à mon âge, les lois de mon pays.
            Puis au Palais de Westminster où restai jusqu'à midi, car le Parlement siégeait. A midi allai à pied, avec Creed, au parc de St James, devisant de maintes choses, en particulier de la médiocrité de Mr Povey et de sa grande inaptitude aux affaires pourtant, comme il fait bonne figure dans le monde ! Mr Coventry n'étant pas venu dans son antichambre, je traversai le Palais avec Creed et passai une heure dans les prés de St James à m'entretenir du même sujet. Ayant pris congé revins et, avec grande impatience, parfois lisant, parfois marchant,parfois pensant que Mr Coventry, bien qu'il nous eût invités à dîner, était parti au bureau sans dîner. Enfin après 4 heures j'appris que la séance au Parlement n'était pas encore levée, donc aillai à pied au palais de Westminster où il en était bien ainsi. Rencontrant sir John Mennes et ayant très faim allai avec lui à la taverne de la Jambe, mais la séance fut levée avant que nous ayons mangé un morceau, nous prîmes cependant quelque chose et partîmes au Palais de St James, où nous eûmes la seconde partie de notre dîner avec Mr Coventry et son frère Harry, sir William Batten et sir William Penn.
           La grande affaire aux Communes aujourd'hui est que Mr Vaughan, le grand orateur, est venu ce jour à Londres, dans un discours d'une heure et demie, il s'est déclaré avec beaucoup de raison et d'éloquence contre l'abrogation du projet de loi sur les Parlements triennaux, mais en vain. Les Communes ont voté que de tels Parlements existeraient mais sans obligation   pour le roi d'appliquer la loi, s'il donnait son agrément. Mais, Seigneur ! les meilleures choses n'ont pas lieu sans quelque dessein ! car je remarque que tous les messieurs avec qui je me trouvais aujourd'hui étaient contre pour le seul motif apparemment que tel était le désir du roi. S'il exigeait autre chose je crois qu'ils la lui accorderaient.
            Mais les pasteurs presbytériens mécontents et cette faction des Communes en seront très contrariés, mais la Chambre a manifestement voté contre eux.
               Nous eûmes une excellente conversation  à table dont j'ai consigné une partie dans mon carnet d'histoires. Rentré avec eux en voiture à la maison. Ma femme m'apprend que le père Fogarty lui a rendu visite. Elle est très favorable à ce que nous allions écouter un certain Roulles, célèbre prédicateur, chez l'ambassadeur de France. Je prie Dieu qu'il ne la tente pas en matière de religion, cela m'inquiète. Elle avait également reçu des messages de sa mère aujourd'hui, elle lui a demandé de renvoyer sa vieille robe de chambre, elle était presque trop usée pour être portée et je l'appelais son royaume à cause du plaisir et de l'agrément qu'elle éprouvait à la porter. Je suis heureux de ne pas l'entendre réclamer quelque chose de plus grande valeur. Mais je n'aime pas que ces messages viennent toujours maintenant le lundi matin, jour où ma femme s'attend d'habitude que j'aille chez le Duc.
            Au bureau. Mr Norman vint me montrer son projet pour ses registres des gardes-magasins afin de tenir régulièrement les comptes en équilibre. Cela me fait grand plaisir et je n'en aimerai que davantage cet homme, il est modeste en toute chose, en particulier dans ses efforts pour améliorer ce qui en avait tant besoin.
            Rentré tard à la maison, souper et, au lit, las d'avoir marché si longtemps pour rien dans le parc aujourd'hui.


                                                                                                                        29 mars

            Reçus ce matin un message de George Carteret me mandant d'aller le voir chez sir William Batten. Me levai donc et m'y rendis avec lui et sir John Mennes, pour étudier les comptes. Réunion toute la matinée. Vers midi sir William Batten revint du Parlement pour nous dire que notre projet de loi sur notre charge est passé en seconde lecture avec fortes acclamations et qu'il est renvoyé en commission. Ensuite dîner, bonne chère.
            Sir George Carteret est naturellement bon, et avec ses enfants le père le plus doux et le plus comblé que j'aie jamais vu. Il y a au mur un portrait de milady Carteret de la main de Lilly. C'est un très beau tableau mais pourtant pas aussi beau que d'autres de ses oeuvres.
            Après dîner de nouveau aux affaires jusque presque la nuit. Rentré chez moi, pris une voiture pour aller chez mon père, le voir et m'entretenir avec lui. Rentré de nouveau chez moi, au bureau tard, puis à la maison et, au lit.


                                                                                                                       30 mars
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Geen fotobeschrijving beschikbaar.            Levé très tôt, au bureau puis à 7 heures chez sir George Carteret où avec sir John Mennes terminâmes les comptes, mais ne restai pas dîner, milady nous ayant préparé notre boisson du matin composée de plusieurs vins, mais je ne bus rien d'autre qu'un peu de son café, excellent avec un peu de sucre. Ensuite à la Bourse fort longtemps. Conversation intéressante au café avec le capitaine Cocke au sujet d'une guerre avec les Pays-Bas. Il semble que le roi a pour dessein de persuader en sous-main les négociants de présenter leurs doléances aux Parlementaires, de façon à leur faire commencer la guerre honorablement. Le roi ne peut honorablement être le premier à la déclarer de crainte qu'ils ne le soutiennent pas avec les fonds nécessaires. Et puis repris le chemin de mon domicile, restai assez longtemps chez ma petite modiste au fond de Birchin Lane à deviser avec elle et à lui acheter des gants.
            Rentré à la maison dîner, et l'après-midi réunion au sujet de l'affaire de la Caisse des Invalides de Chatham. Mais je crains que si je n'ai le temps de m'en occuper, rien ne sera fait. Or je crains de ne pas avoir le temps.
            Dans la soirée vint sir William Batten. Il nous dit que la commission a approuvé notre projet de loi, avec très peu d'amendements dans le texte, mais non sur le fond.
            Au bureau, restai tard avec sir William Warren. A la maison, souper et, au lit.


                                                                                                                        31 mars 1664

            Levé tôt puis au bureau où arrivent bientôt Povey, sir William Rider, et d'autres pour les comptes de milord Peterborough. Nous les avons examinés à fond, mais avec grande difficulté et un échange de paroles très vives entre Mr Povey et moi-même, car je ne pouvais supporter de voir tant d'ajouts extraordinaires, contraires à la vérité et à la raison. Il était très en colère, mais je fis de mon mieux pour me déclarer satisfait de la partie comptes qui incombait à milord, mais non de toutes ces inepties inutiles, ce furent d'après eux les termes que j'employai, et que d'autres avaient ajoutées.
            La séance levée nous prîmes congé, très courroucés tous les deux, mais moi j'étais satisfait parce que je savais que tous devaient savoir que j'avais raison. Puis allai avec Creed à Deptford où j'avançai bien le travail, m'enquérant de l'affaire de la toile, entre autres, à ma grande satisfaction.
            Revins à pied, conversation intéressante avec Creed en chemin, portant surtout sur la sottise de Povey.
            A la maison trouvai Llewellyn et dînâmes, et au bureau, réunion jusque tard dans l'après-midi. Comme j'étais levé et que j'avais la tête fort pleine d'affaires, j'emmenai ma femme en voiture rendre visite à mon père. Je la laissai avec lui et allai avec lui dans une taverne proche où se trouvaient mon cousin Scott et le nouveau locataire de mon père, Langford, tailleur, à qui j'ai proposé d'être client. Ce jeune homme semble très réservé et très soigneux. Ensuite ma femme revenant en voiture jusqu'à l'extrémité de la venelle, rentrai à la maison.
            Après souper tenu mes comptes pour le mois et, à ma grande satisfaction, trouve que ma fortune s'élève à plus de 900 livres, la plus grande somme que j'aie jamais possédée. Après avoir fini mes comptes, au lit.
            Récemment je n'ai eu que les affaires en tête et suis très content de ce que je fais, quoique parfois je suis affligé de voir que personne d'autre que moi ne se consacre au service du roi avec autant de zèle, ce qui donne peu d'effet à nombre de mes efforts.


                                                                   à suivre.............

                                                                                                        1er Avril 1664

            Levé puis

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