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16 Décembre 1664
Levé et par le fleuve à Deptford pensant rencontrer la femme de Bagwell, mais n'y réussis point. Après avoir expédié quelques affaires au chantier, je reviens car c'est une belle matinée fraîche pour se promener. Revenu, accompagné jusqu'à la Demi-Etape par Mr Waith en parlant des beaux bois coudés de Mr Castle livrés dernièrement. Mais je suis bien informé, ils ne sont pas ce que devraient être des bois coudés. J'espère faire bon usage de cette information au service du roi. Rentré chez moi et, m'étant habillé, à la Bourse, puis revenu dîner à la maison. Sorti en voiture avec ma femme et acheté près de l'ancienne Bourse un miroir qui me coûte 5 £ et 5 shillings et 6 shillings pour les crochets. Un très beau miroir. En route pour aller chez ma cousine Scott, mais croisant le carrosse de milady Sandwich, ma femme s'en retourna pour la suivre, pensant, à juste titre, que c'était pour lui rendre visite. Je descendis et allai chez Mrs Harman et je restai bavarder avec elle dans sa boutique, et elle me plaît beaucoup. Nous causâmes d'Anthony Joyce qui laisse là son commerce et veut s'en aller vivre dans un logement meublé, ce qui est chose folle et stupide. Elle me dit qu'elle a entendu dire et croit que c'est parce qu'il s'est résolu, comme on commence à vouloir lui confier des charges, à ne point prêter le nouveau serment, puisque autrefois il avait juré le covenant ou l'engagement. Mais je pense qu'il agit fort sottement et je m'efforcerai, dans l'intérêt de sa femme, de le conseiller. Allé chez ma cousine Scott où retrouvé mon cousin Roger Pepys, Mrs Turner, Theophilia et Joyce, et babillé sans arrêt. Accompagné le corps à l'église et entendu un très beau sermon par le pasteur de la paroisse. Puis reparti vers mon domicile avec eux dans leur voiture, mais comme ils trouvaient qu'il était trop tard pour aller chez moi, je pris une autre voiture. Donc à la maison et après un moment à mon bureau, rentré souper et, au lit.
17 décembre
Levé, au bureau, réunion toute la matinée. A midi à la Bourse où, entre autres, je rencontrai pour la première fois Mr L'Estrange. Il a essayé plusieurs fois de me parler, pour obtenir de moi, de temps en temps quelques nouvelles que je lui donnerai comme il me semblera bon. C'est un homme de bonne compagnie, je crois, mais assurément fort obséquieux et tout rempli de compliments. Rentré dîner puis arriva le miroitier pour installer dans ma salle à manger le miroir que j'achetai hier, et il est vraiment fort beau. Sorti en voiture jusqu'à Whitehall, allé à la commission de Tanger, puis aux Pêcheries. En causant Mr Povey me fit une allusion désobligeante au billet que j'obtins de lui dernièrement, ce qui me chagrina et me resta sur le cœur toute la soirée, quoique je sache très bien comment me justifier si le pire arrive. Rentré chez moi et à mon bureau, demeuré tard, puis à la maison et, au lit. Il n'est bruit que de cette comète que l'on voit toutes les nuits, et le roi et la reine veillèrent hier soir pour la voir et, paraît-il, la virent. Et ce soir je pensais en faire autant, mais le ciel est couvert et il n'y a pas d'étoiles. Mais j'essaierai. Ce soir Mr Grey me dit qu'assurément les Hollandais, aussi arrogants qu'ils paraissent, commencent à lâcher pied, et qu'il y a quelqu'un dans ce royaume qui a dit au roi qu'on lui offre 40 000 livres pour faire la paix, et qu'à d'autres aussi on a offert de l'argent. Il paraît que la prise de leur flotte de Bordeaux, fut causée par une gazette imprimée en Hollande qui se vantait qu'ils avaient livré bataille et vaincu les Anglais. En foi de quoi, la nouvelle parvenant à Bordeaux, toute la flotte prend la mer et tombe entre nos mains.
18 décembre Jour du Seigneur A l'église où, Dieu me pardonne ! je passai le plus clair de mon temps à lorgner ma nouvelle " morena " de l'autre côté de l'église, une connaissance de Peg Penn. Rentré dîner puis à mon cabinet de travail pour lire le Catilina de Ben Jonson, pièce fort excellente. Puis derechef à l'église, et réunion au bureau pour louer des navires, car le temps nous presse et nous avons envoyé quérir plusieurs capitaines de navires. Puis à la maison où vinrent Mr Andrews et Mr Hill et nous chantâmes à merveille. Et tantôt Mr Fuller le pasteur qui soupa avec moi et un de ses amis, mais mes amis musiciens ne voulurent point rester souper. Durant et après le souper, Mr Fuller et moi contâmes maintes histoires d'apparitions et d'hallucinations qu'elles provoquent, et je resservis mes histoires de Tom Marrlard. Lui parti je vais un peu à mon bureau et puis prières et, au lit.
19 décembre
Allés au lit de bonne heure hier soir, nous nous réveillâmes de bonne heure, et parce que nos gens étaient forcés de prendre la clef pour sortir pour allumer une chandelle, je me mis fort en colère et commençai à reprocher à ma femme de ne pas commander ses domestiques comme elle le devrait. Sur quoi, comme elle me répondait d'un ton acerbe, je lui assénai au-dessus de l'œil gauche un coup tel que la pauvrette pleura et eut très mal, elle eut, cependant, le cœur de chercher à me mordre et à me griffer. Mais en la cajolant j'arrêtai ses pleurs, j'envoyai quérir du beurre et du persil et nous fûmes bientôt réconciliés, et je me levai, chagriné au fond du cœur par ce que j'avais fait, car il lui fallut mettre un cataplasme ou quelque chose de semblable sur son œil toute la journée et il est tout noir, et les gens de la maison l'ont remarqué.
Mais il fallait me lever. Levé donc, et avec sir John Mennes à Whitehall où nous présentâmes nos respects au Duc. Entre autres, Mr Coventry saisit l'occasion de se justifier devant le Duc et devant nous tous présents, sur le choix de Taylor à Harwich. Sur quoi le Duc l'absout et nous dit qu'il attendait de nous qu'après qu'il avait nommé un officier, nul d'entre nous ne s'y opposât ni ne trouvât à redire contre cet homme...................... Et tantôt la séance fut levée et Mr Coventry me dit en confidence qu'il avait saisi l'occasion aujourd'hui de parler de cette affaire pour donner au Duc l'opportunité de dire son fait à sir William Batten, ce dont je me réjouis de tout cœur. Rentré chez moi et n'y trouvant pas la femme de Bagwell comme je m'y attendais, allé à la Bourse que j'arpentai de long en large, puis à la maison, et comme elle était arrivée, je lui demandai d'aller m'attendre à Moorgate, et après être monté voir ma femme, dont l'œil va très mal, mais qui est de très bonne humeur envers moi. Après dîner allé à cet endroit et parcouru les champs plusieurs fois, mais ne la trouvant pas, allé à la Bourse où je la trouvai m'attendant, et je l'emmenai dans une taverne où je lui fis fête. Puis nous partîmes pour une autre et je tentai de la mignoter, mais elle ne vouloit pas ( nte de l'éd. En français dans le jal ), ce qui me chagrina, mais je crois que c'était surtout que nous n'avions pas un endroit commode pour le faire. Nous nous quittâmes donc, et allé au bureau, où réunion pour louer des navires une heure ou deux. Puis à mon bureau, et avec le capitaine Taylor chez moi pour lui donner ses instructions et quelque lumière sur ce qui s'est passé aujourd'hui, à sa grande satisfaction, ce que je fais parce que j'espère que sa venue à ce bureau va contrecarrer un peu sir William Batten, et pourrait m'être favorable. Lui parti allé souper avec ma femme, fort agréablement. puis un peu à mon bureau et, au lit, l'esprit, Dieu me pardonne ! trop préoccupé de ce que je pourrai faire avec la femme de Bagwell demain ( idem ), puisque j'ai promis d'aller à Deptford et à aller à sa maison avec son mari ( id ), quand j'y arriverai.
20 décembre
Levé et allé à pied jusqu'à Deptford où; après avoir fait quelque chose au chantier, je m'en fus, sans être remarqué, avec Bagwell jusqu'à sa maison, où l'on me reçut fort bien et les pauvres gens me firent un dîner à leur manière, dont je mangeai très bien. Après dîner je trouvai un prétexte pour éloigner le mari et puis seul avec elle je tentoy à faire ce que je voudrais, et contre sa force je faisoy bien que pas à mon contentement. Comme il était revenu je pris congé et rentrai à pied chez moi. Et là dîner. Le Dr Fairbrother vint me voir, et aussi Llewellyn. Nous dînâmes et je les laissai pour aller au bureau. Réunion tout l'après-midi, et demeuré tard au bureau. Souper et, derechef, au bureau, très tard, puis à la maison et, au lit.
21 décembre
Levé. Après avoir ajusté mes comptes jusqu'à ce jour avec Mr Bridges le toilier pour ses calicots, parti pour Doctors' Commons où, comme convenu, avec mon cousin Roger je rencontrai mon cousin le Dr Tom Pepys, et il y eut de part et d'autre grand flot de paroles, parfois vives. Mais je dois avouer mon chagrin, d'abord de voir que mon cousin Roger est un tel nigaud, quoique plein de bonnes intentions, et ensuite de penser que mon père, par sottise et pour faire le glorieux, de temps en temps, à ce que je crois, parle de la manière dont il avait établi son fils Tom avec ses biens et sa maison. Et maintenant ses paroles sont rapportées à son détriment et risquent, je le crains, de le priver de tout le profit que le pauvre homme entendait faire en louant sa maison à bail et en vendant ses propres biens. J'ai dessein d'en finir avec le docteur, à l'amiable si je peux. Il est un peu sot, au langage ordurier, et c'est grand embarras que d'avoir un différend avec quelqu'un qui fera à ce propos tant de bruit grossier qu'il voudra. Reparti très contrarié de me voir si affligé par les affaires d'autrui et j'allai chez Mrs Turner dans Salisbury Court, restai un peu avec elle et lui apportai, le portier m'attendant, notre aiglonne qu'elle m'avait prié l'autre jour de lui donner, et nous fûmes bien aise de nous en débarrasser, car elle salit tant et plus nos bureaux, elle leur plait beaucoup. Rentré chez moi, et après dîner vinrent sir William Rider et Cutler, et dans la discussion je le pris de très haut avec eux contre leurs exigences, point à mon désavantage, car je leur parlai sans détours en raisonnant de mon mieux. Eux partis, à la maison pour le souper, puis de nouveau au bureau, à la maison et, au lit. Milord Sandwich m'écrit aujourd'hui qu'il a vu la comète, à Portsmouth, et dit que c'est la chose la plus extraordinaire qu'il a jamais vue.
22 décembre
Levé et au bureau de bonne heure et sortis en divers endroits. Entre autres, à Holborn pour parler à un certain Mr Underwood de chanvre anglais, il gite auprès de Gray's Inn. A deux pas de là allé chez un barbier me faire couper les cheveux. J'y trouvai une copie d'un poème porté aux nues par un quidam qui était présent, de milord Mordaunt, pour s'excuser d'être parti en mer, avec la récente expédition du duc d'York. Mais mon Dieu ! ce ne sont que de méchants vers, seulement c'est un lord qui les a faits. Allé à la Bourse où, parmi les marchands, j'entends dans son intégralité la nouvelle que nous avons été mis en pièces en Guinée par de Ruyter et sa flotte. Les détails, ceux que je reçus par la suite de sir George Carteret, je les ai contés aujourd'hui dans une lettre à milord Sandwich à Portsmouth. C'est entièrement la ruine de notre Compagnie royale, l'opprobre et la honte pour la nation tout entière, en même temps que la justification pour les Hollandais qui ne font de tort à la propriété de personne. Ils ne prennent que ce qui se trouve appartenir à la Compagnie et rien d'autre. Dîné au Dauphin avec certains membres de la commission des égouts, sir George Carteret........., au sujet du lieu en aval où nous entreposerons nos mâts. Mais, étant arrivé un peu trop tôt je ressortis et pris le bateau pour Rotherhithe, et juste à temps, à deux minutes près, vis lancer le nouveau vaisseau de sir William Petty, en présence du roi et du Duc. Il vogue et est de bel aspect et, je crois, donnera satisfaction. Son nom est, je crois, Twilight, mais je n'en suis pas sûr, étant aussitôt reparti pour le dîner, où l'on parle beaucoup et fort bien et où sir George Carteret parle de cette affaire de Guinée avec grand déplaisir à cause de la perte de notre honneur, et il avoue maintenant que c'est le commerce qui cause tous ces malheurs tombés sur nous entre les Hollandais et nous. Puis au bureau réunion, puis à mon bureau resté jusqu'à minuit, et à la maison et, au lit, fort las.
23 décembre 1664
Levé et à mon bureau puis, comme convenu, le cousin Tom Trice vint et je lui payai les 20 £ qui lui restaient dues sur le billet à ordres qu'il avait reçu à l'amiable en novembre 1663 pour clore notre différend à propos de l'argent de ma tante, sa mère. Sur ce, prêt à apprendre le pire, je lui dis : " - J'espère qu'il ne reste entre vous et moi aucun sujet de dispute pour l'avenir. - Non, répondit-il, rien du tout que je sache, si ce n'est une vétille de 20 ou 30 shillings que mon beau-père Pepys reçut pour moi d'un loyer qui m'était dû à la campagne. Je vous en porterai le décompte dans un ou deux jours. " Et nous nous quittâmes. Dîné à la maison d'une belle dinde envoyée par Mr Shipley, puis au bureau pour l'après-midi. Mr Cutler et d'autres venus me voir pour affaires. On me dit que les Hollandais ont armé une flotte pour aller par un chemin détourné en Méditerranée, où sans nul doute ils se rendront maîtres de notre flotte. Ce qui, ajouté à ce qui vient de se passer en Guinée, me donne de grandes craintes, et c'est assurément un peuple fort avisé et attentif à ses affaires. Le roi de France, dit-on, se déclare obligé de les défendre et fait réclamer par son ambassadeur les vins que nous avons pris aux navires hollandais venus de Bordeaux. En outre, on ne sait si le Suédois sera notre ami ou non. Dieu nous délivre de tous ces ennuis ! pinterest.fr
Aujourd'hui, sir William Batten envoya un mot, et plus tard me parla pour m'inviter avec ma femme à venir dîner chez eux lundi prochain, ce qui est grande condescendance de leur part et, j'en suis sûr, pour quelque raison d'importance. Ou bien il plaît à Dieu, grâce au soin que j'ai pris dernièrement des affaires, de me faire paraître plus digne de considération même à leurs yeux qu'ils ne seraient prêts à l'avouer. Dieu fasse que je lui en sois reconnaissant et attentif à me garder dans cet état, car je suis bien sûr qu'ils me détestent et que c'est l'espoir ou la crainte qui les fait me flatter. Comme la nuit est très claire, ce qui n'a pas été le cas de longtemps, j'ai dessein de me faire réveiller matin pour voir la comète, quoique j'aie bien peur que nous ne la voyions pas, car elle s'élève tout au plus à 16 degrés, et alors les maisons nous gêneront.
24 décembre
Ayant veillé toute la nuit jusqu'à 2 heures du maton passées; notre portier, comme convenu, vient nous dire que le veilleur de nuit lui a dit que l'étoile est en vue sur la colline de la Tour. Et moi qui étais resté toute la nuit à mettre en ordre tous mes vieux papiers dans mon cabinet de travail, je laissai tout là, et mon valet et moi d'aller à la colline de la Tour par un très beau clair de lune et une forte gelée, mais de comète, point. Après donc avoir fait le tour de la colline en courant, moi et Tom, nous rentrons et puis, au lit. Me levai vers 9 heures, puis au bureau, réunion toute la matinée. A midi à la Bourse et au café où entendu sir Richard Ford conter toute l'histoire de notre défaite en Guinée, où nos hommes sont coupables de la plus horrible couardise et perfidie, comme il le dit et le raconte, que l'on vît jamais chez des Anglais. Le capitaine Reynolds, seul commandant là-bas d'un vaisseau du roi, fut canonné par Ruyter arborant un drapeau rouge sang. Et lui, au lieu de se défendre, ce qui, à la vérité, n'eût servi de rien sinon sauvegarder l'honneur, s'en alla misérablement monter lui-même à bord pour demander à de Ruyter ce qu'il voulait et céda à toutes ses exigences. Le roi et le Duc en sont hautement mécontents et l'affaire le mérite. Rentré dîner et ressorti faire diverses emplettes, entre autres, allé chez mon libraire où je vis plusieurs livres que j'avais commandés, qui sont bien reliés, de bons livres, à mon grand contentement. A la maison et à mon bureau où resté tard. Ce soir, étant informé, je regardai et vis la comète qui maintenant, peut-être parce qu'elle est usée, je ne sais, ne montre point de queue. Elle est seulement plus grosse et plus terne qu'aucune autre étoile, elle est venue à se lever de bonne heure et à décrire un grand arc et elle s'est déplacée vers un endroit des cieux autre qu'auparavant. Mais j'espère que par une nuit plus claire on pourra en voir davantage. A la maison et, au lit.
25 décembre 1664 Jour du Seigneur et Jour de Noël Levé, l'œil de ma femme encore dolent à cause du coup que je lui donnai dans un accès de colère lundi dernier, à l'église seul. Bon sermon de Mr Mills. Dîner à la maison en grande joie avec ma femme et ma famille. Après dîner allé chez sir William Batten où je fus reçu avec tant d'égards, comme ces derniers temps, par lui et par milady, nous obligeant moi et ma femme, selon ma promesse, à venir dîner demain chez eux avec nos voisins, que je fus en peine toute la journée et encore la nuit suivante de trouver comment faire en sorte que ma femme n'y aille point, et dans la conversation j'ai un nouvel exemple de la sottise de sir John Mennes qui se plaint à sir George Carteret de sir William Batten et de moi pour des manquements domestiques, par exemple que j'ai un robinet d'arrêt pour empêcher sa famille d'avoir de l'eau, ce qui me fâche, mais le ferait davantage si sir George ne le connaissait pas si bien. Puis allé à l'église des Français, mais arrivant trop tard je rebroussai chemin et m'en fus à l'église de Mr Rawlinson, où j'entendis un bon sermon de quelqu'un dont je me souviens qu'il était avec moi à l'école Saint-Paul, un nommé Meggott. Et c'est abondance de femmes élégantes qu'il y a dans cette église, plus que nulle part ailleurs dans notre voisinage, que je sache. Rentré à la maison et dans mon cabinet de travail à faire la revue de mes papiers et de mes livres et à les mettre en ordre. Souper et puis prières et, au lit.
26 décembre
Levé et à Whitehall avec sir William Penn et les autres nous traitons les affaires ordinaires en présence du Duc. Puis retour avec sir William Batten chez lui. J'excusai ma femme de ne pouvoir venir les voir aujourd'hui, alléguant la maladie. Ensuite allé au café, bonne conversation. L'opinion générale est que maintenant les Hollandais éviteront de nous combattre chez nous, mais nous causeront tout le mal qu'ils pourront partout ailleurs, ce qu'ils feront peut-être quelque temps, mais je ne crois pas que cela puisse les mener bien loin. Rendu chez sir William Batten où se trouvent Mr Coventry et toutes nos familles, femmes comprises, avec sir Richard Ford et la sienne. Grand festin, belle et joyeuse conversation. Resté là tout l'après-midi et tard le soir. Fis seulement un saut pour voir ma femme, puis à mon bureau pour consigner mon travail de la journée et rentré me coucher à la maison où mes gens et ma femme, innocemment aux cartes fort gaiement. Moi je vais au lit en les laissant à leurs amusements, en train de jouer à colin-maillard.
27 décembre
Mes gens allèrent au lit après leurs amusements à 4 heures du matin. Levé à 7 heures et parti pour Deptford et Woolwich en yole, le Duc me hélant de la barque où le roi et lui descendaient le fleuve pour savoir où j'allais. Je répondis à Woolwich, mais ensuite je fus chagriné de n'avoir pas dit plus loin, étant en yole, de peur qu'ils ne pensent que je dépense trop en voyages. Réglé plusieurs affaires, puis retour à 2 heures pour dîner, comme convenu, chez sir John Mennes où se trouve toute la compagnie, sauf Mr Coventry empêché. Fort gai. Après avoir bavardé une heure, descendu au bureau où affairé tard, puis à la maison, souper et, au lit. La comète est encore apparue ce soir, mais obscurcie.
28 décembre
Je m'en fus au lit en laissant ma femme et toute sa famille et aussi Will, venir ce soir à leurs ébaudissements de Noël. Je me réveillai le matin vers 6 heures et ma femme n'était pas au lit. J'avais besoin d'un pot mais il n'y en avait point et il faisait un froid glacial. Je fus donc forcé de me lever pour pisser dans la cheminée et me recoucher. Dormis encore un peu, puis j'entends mes gens qui montent et je me levai, et ma femme au lit à 8 heures du matin, ce qui me fâcha quelque peu, mais je crois qu'il n'y avait point de mal à tout cela, seulement de la gaieté, je n'y pris point garde. Sorti avec sir William Batten pour aller à la salle du Conseil, où nous voilà tous à discuter de la façon de mesurer les navires et du montant du fret qu'il convient de donner par tonneau de jauge. Ce fut merveille, me semble-t-il, d'entendre si piètres propos dans la bouche des Lords, et par dessus tout de voir comme quelques mots creux prononcés d'un ton grave par sir William Penn furent fort bien reçus, quoiqu'ils ne fussent en rien au monde pertinents. Mais l'habit, je m'en aperçois chaque jour de plus en plus est ce qui compte grandement. Revenu en voiture avec sir William Batten et rentré dîner à la maison. Trouvé ma femme encore au lit. Sorti après dîner et, entre autres, visité milady Sandwich et resté avec elle et les jeunes demoiselles à jouer aux cartes jusqu'au soir, puis à la maison et tard à mon bureau, puis à la maison et, au lit. Laissant ma femme et mes gens veiller pour s'amuser encore, mais sans en tirer moi-même grande satisfaction.
29 décembre
Levé et au bureau, réunion toute la matinée puis, alors que j'aurais dû aller dîner avec sir William Penn et les autres officiers chez lui, je feignis de devoir dîner avec milady Sandwich. Rentré donc à la maison où je dînai bien et commençai d'essuyer et de nettoyer mes livres dans mon cabinet de travail afin de ranger parfaitement mes papiers et mes affaires, puis au bureau, réunion tout l'après-midi. Le soir à la maison pour souper puis derechef au travail.
30 décembre 1664
Très longue grasse matinée avec ma femme car il fait très froid et ma femme toute résolue à rester à la maison, sans sortir, pas même pour aller à l'église ou voir milady Sandwich avant Pâques, ce qui me convient assez quoique je fasse mine du contraire. Parler de ceci et d'autres choses me tint au lit jusqu'à 10 heures. Puis levé et je finis de faire la revue de tous mes livres et papiers et de tout sortir de mon cabinet afin de tout faire nettoyer. A midi dîner et sortis. Allé en divers endroits payer pour ne plus avoir de dette au monde. Payé, entre autres, 6 £ à mon libraire pour des volumes reçus aujourd'hui, et 22 £ 18 shillings à mon orfèvre pour des cuillères, des fourchettes et un sucrier. Et très content d'avoir réglé mes affaires selon mon désir, pour ce qui est de rencontrer des gens et d'avoir mes livres à ma disposition. Rentré chez moi et à mon bureau, travaillé tard, puis à la maison, souper, prières et, au lit.
31 décembre
Au bureau toute la matinée, et derechef après dîner. Dépêché d'abord mes lettres, puis à mes comptes, non pas du mois mais aussi de toute l'année, et j'y fus jusqu'à minuit passé, par un froid glacial, je fus, cependant, fort satisfait de mon travail et surtout de me voir, par la grande faveur de Dieu, possesseur de 1 349 £, dont il résulte, que tout en faisant d'amples dépenses, j'ai épargné plus de 500 £ cette année, plus que ce que j'avais à la même date l'an passé. Le Seigneur fasse que j'en sois à jamais reconnaissant envers son saint nom ! Rentré à la maison manger un morceau et, au lit. Dès que l'horloge sonna une heure, j'embrassai ma femme dans la cuisine au coin du feu en lui souhaitant une joyeuse année et en remarquant que j'étais, je crois, le premier à présenter mes vœux cette année, puisque c'était dès que l'horloge avait sonné une heure.
Ainsi se termine la vieille année, avec pour moi, Dieu soit béni ! une grande joie, non seulement parce que j'ai fait si bon profit cette année, que j'ai dépensé 420 £ et épargné plus de 540. Mais Dieu soit béni ! je ne me suis jamais si bien porté par un temps si froid, ni en vérité par temps chaud ces dix dernières années, que ne me porte aujourd'hui et depuis quatre ou cinq mois. Mais je suis fort embarrassé de savoir si c'est grâce à mon pied de lièvre ( nte de l'éd. contre les coliques néphrétiques, mélangé avec du miel et du sel, peut être bon aussi pour les rhumatismes ), ou parce que j'ai renoncé à porter un manteau. Ma famille comprend ma femme, en bonne santé, et heureux avec elle, sa dame de compagnie, Mrs Mercer, une jolie jeune fille modeste et discrète, sa femme de chambre, Bess, sa cuisinière, Jane, la petite Susan, et mon valet que j'ai depuis six mois, Tom Edwards, pris à la Chapelle royale. Et c'est une famille aimable et aimante que j'ai là, autant qu'aucun homme en Angleterre. Mon crédit dans le monde et à mon bureau s'accroît de jour en jour, et j'ai, je crois, l'estime de tout le monde. Mes ennuis avec l'héritage de mon oncle à peu près terminés. Mais il ne nous est, en fin de compte, que de peu de profit, puisque j'entretiens mon père largement de mes deniers. Mais il nous reste, à mon père et à moi, de grands tracas à cause de la mort de mon frère Tom et de la mauvaise posture de ses affaires, pour notre honte et notre déplaisir, quoiqu'il n'y ait guère de raison pour l'un ni pour l'autre. Les affaires publiques sont en grande presse en prévision d'une guerre contre la Hollande. Nos préparatifs grands. Nos provocations à leur égard grandes. Et après toute notre arrogance, voilà que nous les craignons autant que naguère nous les méprisions. Tout le reste paisible dans le royaume, béni soit Dieu ! Milord Sandwiche en mer avec la flotte, à Portsmouth, d'où il envoie quelques navires croiser pour capturer des vaisseaux que nous avons pris en grand nombre. Ce Noël je crus bon faire la revue de tous mes papiers et de tous mes livres, et de déchirer tout ce que j'y trouvais de puéril ou d'indigne d'être conservé ou d'être vu s'il plaisait à Dieu de me rappeler à lui soudainement. Parmi d'autres je trouvai deux ou trois notes que je crus bon de conserver.. Les enfants de mon grand-père : - Thomas, 1595 - Mary, 1597 Edith, 1599 -- John, mon père - 1601 Mon père et ma mère mariés dans le Surrey le 15 octobre 1626 - Ils eurent 11 enfants
Ordonnance et Conseils du Dr Burnet - ( L'original est rangé parmi mes lettres )
Prendre de racine de guimauve 4 ounces. - De consoude et de réglisse 2 ounces de chaque. - De fleurs de millepertuis, deux poignées - de fleurs de plantain et de lierre terrestre, trois poignées de chaque. - De brunelle et de roses rouges, une poignée de chaque. - De cannelle et de noix de muscade, une 1/2 ounce de chaque. Bien les écraser au pilon, puis y verser une quarte de vin vieux du Rhin, et environ six heures plus tard, filtrer et clarifier avec un blanc d'œuf, et avec suffisance de sucre faire bouillir jusqu'à la consistance d'un sirop que vous réservez pour l'usage. - Matin et soir avaler la quantité d'une noisette de térébenthine de Chypre. En cas de constipation ou de crise de la pierre, manger une ounce de casse fraîchement extraite à la pointe d'un couteau.
Du vin vieux des Canaries ou de Malaga vous pouvez boire jusqu'à trois ou quatre verres, mais point de vin nouveau, et le vin que vous buvez, que ce soit aux repas.
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à suivre.................
1er Janvier 1665
Grasse matinée.............