1er Décembre 1661
Jour du Seigneur
Le matin à l'église entendis Mr Mills. Dînai chez moi avec, comme convenu, Mr Sankey, qui aurait dû amener sa belle, Mrs Mary Archer de Cambridge, mais elle ne put venir. Nous lui servîmes un bon dîner et, l'après-midi, ma femme alla à l'église, tandis que lui et moi restions à la maison à boire et à causer. Il resta jusqu'au soir et soupa avec moi. Je m'attendais à voir Jack Cole et Lemuel Wagstaffe, mais ils ne vinrent pas.
Nous avons entamé aujourd'hui un bon fromage de hure de Winchcombe, se trouva être fort savoureux. Avons également ouvert le bocal de cornichons que le capitaine Cocke donna à ma femme l'autre jour. Ce sont là d'excellents produits.
Le soir au lit.
On a récemment arrêté de nombreux anciens républicains, tels que Ireton, Moyer et d'autres. En raison d'un vaste complot, mais je ne le crois pas. Ce n'est toutefois que justice qu'ils reçoivent le traitement qu'ils ont fait subir aux malheureux Cavaliers et, à mon avis, cela se reproduira souvent de mon vivant, justifié ou non.
Ce soir, je reparlai à mon frère Tom de la fille de Mr Townshend. J'ai l'intention de faire avancer l'affaire. Je prie Dieu qu'il lui assure une issue heureuse.
2 Décembre
Chez Savill, le peintre, mais comme il ne se sentait pas bien, je retournai chez moi. Rencontrai en chemin Mr Moore et l'emmenai chez moi. Restâmes à parler toute la matinée et il dîna avec moi. Allâmes ensuite au Sceau privé, la première fois ce mois-ci. Peu après visite de Mr Sankey et de sa belle, et avec eux, en voiture à l'Opéra voir L'Amant fou, mais la pièce ne me plut guère. Puis les ramenai chez moi où ils restèrent souper, et joyeusement. A la fin, tard, nous donnèrent le bonsoir, et nous au lit.
3 Décembre
Chez le peintre, posai. Mon portrait avance, mais il ne me plait pas, je crains qu'il ne soit pas ressemblant. Partis à midi pour la Garde-Robe, mais comme le dîner n'était pas prêt, Mr Moore et moi dans le quartier du Temple chez Mr Turner pour ma petite affaire, puis retour. Comme ils étaient au milieu du dîner j'entrai chez milady qui dînait avec milady Wright. Toute notre conversation sur le bonheur, selon milady Wright, à être à la mode, à suivre les modes les plus diverses, à mépriser ceux qui ne les suivent pas, comme les femmes de bourgeois et les dames de la campagne, et bien que cela ne me plût guère, je ne dis rien. Ensuite, par le fleuve, au bureau, en passant le Pont, emmené par le marinier dont le canot, l'autre jour, était arrivé plus vite que le mien à la Tour. Je lui donnai 6 pence. Au bureau tout l'après-midi et le soir chez moi à lire Mare Clausum jusqu'au coucher. Au lit.
Mais passai une fort mauvaise nuit à rêver à ma femme : elle était à cheval avec moi, le cheval la jetait à terre et elle se cassait la jambe. Puis je rêvai qu'un de mes testicules était enflé et me faisait si mal que je me réveillai. Je souffris le martyre un long moment avant de me rendormir. J'en conçus une telle appréhension qu'à mon lever je mis un bandage, pensant qu'il ne s'agissait pas d'un rêve. Mais ne ressentant aucune douleur dans la journée, je me souvins que j'avais rêvé, avais rêvé aussi que Mr Creed était avec moi, que je me plaignis à lui de ma douleur et qu'il me dit qu'il souffrait autant de la couille gauche que moi de la droite. J'eus grand plaisir de me rappeler cela.
4 Décembre
A la Grand-Salle de Westminster avec les deux sirs William, puis par le fleuve où je vis un homme mort allongé sur l'embarcadère de Westminster, noyé hier, jusqu'au quartier du Temple, puis chez Mr Phillips où je reçus ma copie des titres de cession pour les terres de Stirtloe. Retour à la taverne des Trois Tonneaux à Charing Cross, où je retrouvai les deux sirs William, le colonel Treswell et Mr Falconer, et dînai là aux frais de sir William Penn. Après dîner, par le fleuve à Cheapside chez le peintre où trouve ma femme. Après une courte séance de pose, elle et moi allons en voiture à l'Opéra et au Théâtre. Mais arrivés en retard aux deux et me sentant d'humeur maussade nous rentrâmes à la maison et repris ma lecture de Mare Clausum jusqu'à l'heure du coucher. Au lit.
5 Décembre
Ce matin je me rendis de bonne heure chez le peintre et posai pour la quatrième fois, mais il ne me plaît guère, ce qui me chagrine fort. Ensuite au bureau du Trésorier de la Marine où je rencontrai sir William Batten arrivé avant moi et nous entreprîmes le désarmement et le paiement des soldes du " St Georges ", puis arrive sir William Penne. Restâmes tous deux tandis que sir William Batten allait dîner chez lui. Il en revint et sir William Penn et moi allâmes dîner chez moi. Nous nous étions fait apporter deux tourtes par le commissionnaire Slater. Nous dînâmes fort gaiement et après le partîmes dîner dans son carrosse, lui pour Whitehall et ma femme et moi pour l'Opéra, où vîmes Hamlet bien joué. Ensuite dans le quartier du Temple et chez Mrs Turner, toujours fort malade. Retour à la maison, et au lit.
6 Décembre 1661
classiquenews.com
Fis la grasse matinée puis à la Grand-Salle de Westminster où je me promenai. Puis avec Mr Spicer, Hawley, Washington et le petit Mr Ashwell, mes vieux amis de l'Echiquier, à la taverne du Chien où leur offris deux ou trois quartes de vin. Partîmes pour Whitehall et chez George Carteret, les deux sirs William et moi dînâmes fort agréablement. Après vinrent les gouverneurs de la compagnie des Indes orientales pour signer et sceller le contrat que nous passions, au nom du roi, avec eux. Puis nous nous rendîmes à l'oratoire du roi où parlâmes avec le roi et le duc d'York qui promit de surveiller de près le commerce des Indes. Revînmes chez George Carteret où nous finîmes notre travail. Prîmes le chemin du retour, mais sir William Batten proposant d'aller aux Trois Tonneaux dans Charing Cross, dont la jolie servante est la fille de la maison, je dis que la chose émoustillait fort sir William Penn. Il parut prendre ombrage de ces paroles et se fâcher, ce que voyant je fis semblant de ne pas tenir à revenir avec eux, et pris congé d'eux. Allai à la chambre du conseil parler avec milord le garde du Sceau privé. Mais ils m'attendirent, ce qui me fit plaisir. Nous n'échangeâmes toutefois pas un mot lui et moi pendant tout le trajet. Chez moi, et au lit.
7 Décembre
Ce matin le capitaine Ferrer et l'Allemand Emmanuel Luffe, qui fait office de valet de pied de milord mais mériterait un bien meilleur emploi, vinrent me faire leurs adieux. Je priai l'Allemand de jouer sur mon théorbe, ce qu'il fit en bas, comme dans la chambre de ma femme qui était couchée. Il joue à merveille. Je prends conscience, grâce à lui, que mon luth est un excellent instrument. Je leur servis une tourte, du fromage de hure et du vin pour le déjeuner, et fûmes fort gais. Envoyai chercher Mr Adams, notre voisin, pour boire à la santé de Mr Shipley. Enfin nous nous séparâmes, mais moins d'un quart d'heure après leur départ, alors que ma femme et moi parlions d'acheter un beau col festonné de dentelles, qu'une femme lui a proposé ce matin, et qui vaut 45 shillings, voici que l'Allemand revient tout ensanglanté. Je m'en étonne et il me dit qu'il craint que le capitaine n'ait été tué par les bateliers à l'embarcadère de la Tour. Je m'y rends aussitôt et apprends que, bousculé par les bateliers qui lui offraient leurs services, le capitaine avait frappé l'un d'entre eux à coups de canne. Ils s'étaient rebiffés et lui avaient rendu la pareille, ils furent tous deux rossés d'importance. C'est alors que l'Allemand tira son épée et se précipita sur l'un d'entre eux. Le capitaine a cependant réussi à prendre le heu qui le transporte aux Downs avec les petits laquais. J'allai dans une taverne de l'embarcadère me faire restituer le panache du capitaine qu'un de ses hommes était venu réclamer. Rentré chez moi je trouvai ma femme pensant la tête de l'Allemand. Je lui donnai une cravate pour son cou et une couronne pour sa bourse et le laissai repartir. Vint ensuite Mr Moore, avec lui à Westminster et à l'hôtel de Worcester voir Mr Montagu avant son départ, ce soir.. Mais ne pûmes le voir, et à mon avis, il n'a pas envie de nous voir de crainte que nous lui réclamions de l'argent pour une raison ou une autre. Retour à Whitehall, mangeons un morceau de viande chez Wilkinson, puis au Sceau privé. J'apposai le Sceau pour la première fois ce mois-ci. Parmi les pièces visées, un brevet pour Roger Palmer, mari de Mme Palmer, le faisant comte de Castlemaine et baron de Limerick en Irelande. Mais cet honneur est limité aux enfants mâles nés de cette femme, lady Barbara, pour une raison que tout le monde connaît. Travail terminé, par le fleuve au bureau. J'apprends que sir William Penn a passé là toute la nuit, seul, qu'il vient de se lever. Me rendis auprès de lui et rendîmes visite au capitaine Holmes qui a rédigé un mémoire sur son affaire, dont il me donna copie ainsi qu'à un grand nombre de ses amis et l'a aussi présenté au roi et au Conseil. Je m'en servirai pour ce que je compte écrire sur le salut à la voile. Mais il fulmine contre sir John Mennes, qui est à son avis un gredin, un coquin, un lâche, le pire qui soit au monde. J'eus plaisir à le lui entendre dire, parce que sir John a eu des paroles très dure pour milord, bien que je regrette que les choses prennent ce tour. Le capitaine Cox arriva alors, nous restâmes un long moment ensemble, puis bonsoir. Retour à la maison et écrivis à mon père par la poste. Au lit.
8 Décembre
transports.blog.lemonde.fr Jour du Seigneur
Au lit toute la matinée, songeant à me purger, mais comme il gelait ma femme ne me le permit pas. Dîner à la Garde-Robe et, après une longue conversation intéressante avec milady, après dîner, et entre autres sur le grand baptême qui eut lieu hier chez Mr Rumbold, avec les courtisans et toute cette pompe, dont je m'émerveille, je partis, fis à droite et à gauche toutes les églises ou presque omjusqu'à ma maison. Vint alors mon frère Tom qui resta causer avec moi. J'espère que tout ira au mieux pour lui et qu'il gagnera de l'argent. Souper et au lit.
mieux pour lui et qu'il gagnera de l'argent. Souper et au lit.
Ce matin, alors que j'étais au lit on m'apporta de la part de Mr Smallwood la réponse de Tom Trice au mémoire que j'ai adressé à la cour de la chancellerie. Je suis heureux de voir cette réponse, bien que je craigne d'avoir en pâtir.
9 Décembre
A Whitehall puis à la taverne du Vin du Rhin où je rencontrai Mr d'Esquier et lui fis mes adieux, car il se rend ce soir aux Downs avant de partir au Portugal, et passai ainsi la matinée. A midi dîner à la Garde-Robe où se trouvait milady Wright qui parla beaucoup de la valeur et du mérite des bonnes manières et pour qui seules les personnes qui étaient allées à l'étranger et connaissaient le monde étaient dignes d'être des gens de la Cour. Ce que je tentai de contredire et fus navré de l'entendre parler ainsi, elle qui, par ailleurs, est une femme fort sage et avisée. Ensuite avec Mr Moore dans le quartier du Temple pour parler avec mon cousin Turner de mon procès. Nous lûmes la réponse donnée par Tom Trice à mon mémoire, le consultâmes à ce sujet, et sur ce qu'il faudrait faire en son absence, car il doit quitter Londres demain. De là allâmes chez mon procureur Mr Walpole, que je n'avais encore jamais vu, et allâmes tous dans une taverne proche où nous discutâmes de notre affaire. Il me donna de grands espoirs, mais ce n'est qu'un jeune homme, et je ne crois guère à ses encouragements. Retour chez moi en voiture, souper et au lit. Ayant veillé jusqu'à minuit pour écrire des lettres à milord Sandwich et à tous mes amis qui sont à la mer avec lui. Je les enverrai demain par l'intermédiaire de Mr d'Esquier qui prend demain la mer vers le Portugal avec la flotte.
10 Décembre
A whitehall, Mr d'Esquier parti je fis porter mes lettres par un portier à la poste de Southwark pour qu'elles soient expédiées aux Downs par courrier exprès. En voiture chez milord Crew pour dîner. Fus arrêté en chemin plus d'une heure et demie, ce qui est une plaie en ces temps de cession parlementaire, mais il n'y a rien à faire. J'arrivai cependant avant que milord ne fût sorti de la Chambre, de dînai avec lui. Après retour au bureau, où tins réunion jusque tard le soir. Retour chez moi.
11 Décembre
ladressemuseedelaposte.fr
Mon frère Tom, puis Mr Moore vinrent me voir ce matin et restèrent un moment avec moi. Sortis ensuite et, en chemin rencontrai Mr Howell, le tourneur, m'invita à dîner aujourd'hui chez Mr Rawlinson avec des amis à lui, des officiers de la Tour, d'un pâté de venaison. Je promis de m'y rendre/ J'allai à la taverne de l'Old Bailey où je restai boire avec lui.Il me raconta en détail comment Pegg Kite s'était mariée à un tisserand, un homme fort laid, pour son plus grand malheur. Je suis bien content de n'avoir pas été mêlé à cette affaire. Retour chez moi, je mis mon manteau de velours, me rendis à la Mître pour dîner, comme je l'avais promis ce matin, mais montant à l'étage je trouvai au moins douze personnes dont le visage m'était inconnu. Je redescendis donc et j'eus beau rencontrer Mr Young, le tapissier, je ne voulus pas rester et m'en allai. A pied jusqu'à la Bourse, me promenai de long en large avec une faim de loup. Retour chez moi où, à ce que je crus comprendre, Mr Howell était venu pour m'emmener là-bas, mais je suis heureux de ne pas m'être trouvé chez moi. Ma femme était partie en voiture pour Clerkenwell voir Mrs Margaret Penn qui fait ses études dans cette ville. J'allai voir sir William Penn souffrant depuis deux ou trois jours. Avons un peu causé, allâmes à Moorfields en voiture, nous y promenâmes en dépit du froid fort vif, pendant une ou deux heures et entrâmes dans une taverne. Je bus de la bière et mangeai du pain et du fromage, mais il ne voulut rien prendre, rentrâmes fort joyeusement en voiture. Lui dans son appartement, moi, comme je l'avais promis, chez sir William Batten qui avait quitté la ville avec sa femme, si bien que Mrs Martha était seule à la maison avec Mrs Moore. Soupai des relifs appétissants du dîner de la veille, auquel avait pris part de nombreux convives. Arrive le capitaine Cox qui avait promis de me rencontrer là, mais il s'était beaucoup attardé, avait bu quelque part, était fort saoul et, partant, très fantasque, ce qui me gêna fort chez un homme que je tenais pour très sage et prudent. Le laissai là et rentrai chez moi, et au lit.
12 Décembre
Nous fîmes la grasse matinée. Me levai et me préparai. Viennent bientôt me voir Will Bowyer et Mr Gregory, mes vieux amis de l'Echiquier. Je les emmenai au Dauphin où je leur offris une bonne boisson du matin, puis nous nous quittâmes. Je les invitai ainsi que toutes les vieilles connaissances de l'Echiquier à venir dîner chez moi mercredi prochain.
Ensuite à la Garde-Robe où je dînai avec milady, son frère Mr John Crew et une dame qui ne m'était pas familière dîna à la table comme domestique de milady. Je ne la connaissais pas et craignis que la pauvre Madamoiselle ne fût partie. Mais j'ai appris depuis qu'elle était venue comme gouvernante de milady, et que c'est une femme mariée. Puis à Westminster à la Chambre des Lords pour rencontrer milord le garde du Sceau privé qui m'avait donné rendez-vous pour apposer le sceau
cet après-midi. Bientôt cependant on me prévient qu'il s'est rendu à Whitehall, si bien que nous voilà contraints de le rejoindre là-bas. Nous restâmes à apposer le sceau jusqu'à une heure si tardive que, même en obtenant de partir avant que la tâche ne fût terminée, je n'en arrivai pas moins après la fermeture du bureau. Me rendis donc chez sir William Penn et restai parler et boire avec lui. Retour chez moi.
13 Décembre 1661
A la maison toute la matinée, le temps froid qui s'est mis au gel ces deux derniers jours, me causant des douleurs de vessie. Dîner chez moi, puis chez le peintre avec ma femme. C'était sa première séance de pose pour le dessin, et tout ce temps-là je contemplai le portrait d'une jolie femme dont le visage m'enchantait. Quand il eut enfin achevé la première couche du portrait de ma femme, je la trouvai plus belle que je ne m'y attendais, ce qui me plut infiniment. Retour chez moi et au bureau pour une affaire particulière. Les deux sirs William étaient là et avec eux au Steelyard où nous rejoinrent milady Batten et d'autres personnes. Nous bûmes et eûmes de la musique et la compagnie du capitaine Cox. Il paya tout. Retour tardif chez moi et voiture, et au lit.
14 Décembre
Toute la matinée chez moi, au lit avec ma femme jusqu'à 11 heures. C'est une habitude que nous avons prise cet hiver, de faire la grasse matinée. Dîner à la maison. Au bureau l'après-midi. En réunion jusque tard. Le soir retour chez moi, et au lit.
( à suivre )
15 décembre
Jour...../
A l'église le matin....../
Le matin à l'église entendis Mr Mills. Dînai chez moi avec, comme convenu, Mr Sankey, qui aurait dû amener sa belle, Mrs Mary Archer de Cambridge, mais elle ne put venir. Nous lui servîmes un bon dîner et, l'après-midi, ma femme alla à l'église, tandis que lui et moi restions à la maison à boire et à causer. Il resta jusqu'au soir et soupa avec moi. Je m'attendais à voir Jack Cole et Lemuel Wagstaffe, mais ils ne vinrent pas.
Nous avons entamé aujourd'hui un bon fromage de hure de Winchcombe, se trouva être fort savoureux. Avons également ouvert le bocal de cornichons que le capitaine Cocke donna à ma femme l'autre jour. Ce sont là d'excellents produits.
Le soir au lit.
On a récemment arrêté de nombreux anciens républicains, tels que Ireton, Moyer et d'autres. En raison d'un vaste complot, mais je ne le crois pas. Ce n'est toutefois que justice qu'ils reçoivent le traitement qu'ils ont fait subir aux malheureux Cavaliers et, à mon avis, cela se reproduira souvent de mon vivant, justifié ou non.
Ce soir, je reparlai à mon frère Tom de la fille de Mr Townshend. J'ai l'intention de faire avancer l'affaire. Je prie Dieu qu'il lui assure une issue heureuse.
2 Décembre
Chez Savill, le peintre, mais comme il ne se sentait pas bien, je retournai chez moi. Rencontrai en chemin Mr Moore et l'emmenai chez moi. Restâmes à parler toute la matinée et il dîna avec moi. Allâmes ensuite au Sceau privé, la première fois ce mois-ci. Peu après visite de Mr Sankey et de sa belle, et avec eux, en voiture à l'Opéra voir L'Amant fou, mais la pièce ne me plut guère. Puis les ramenai chez moi où ils restèrent souper, et joyeusement. A la fin, tard, nous donnèrent le bonsoir, et nous au lit.
3 Décembre
Chez le peintre, posai. Mon portrait avance, mais il ne me plait pas, je crains qu'il ne soit pas ressemblant. Partis à midi pour la Garde-Robe, mais comme le dîner n'était pas prêt, Mr Moore et moi dans le quartier du Temple chez Mr Turner pour ma petite affaire, puis retour. Comme ils étaient au milieu du dîner j'entrai chez milady qui dînait avec milady Wright. Toute notre conversation sur le bonheur, selon milady Wright, à être à la mode, à suivre les modes les plus diverses, à mépriser ceux qui ne les suivent pas, comme les femmes de bourgeois et les dames de la campagne, et bien que cela ne me plût guère, je ne dis rien. Ensuite, par le fleuve, au bureau, en passant le Pont, emmené par le marinier dont le canot, l'autre jour, était arrivé plus vite que le mien à la Tour. Je lui donnai 6 pence. Au bureau tout l'après-midi et le soir chez moi à lire Mare Clausum jusqu'au coucher. Au lit.
Mais passai une fort mauvaise nuit à rêver à ma femme : elle était à cheval avec moi, le cheval la jetait à terre et elle se cassait la jambe. Puis je rêvai qu'un de mes testicules était enflé et me faisait si mal que je me réveillai. Je souffris le martyre un long moment avant de me rendormir. J'en conçus une telle appréhension qu'à mon lever je mis un bandage, pensant qu'il ne s'agissait pas d'un rêve. Mais ne ressentant aucune douleur dans la journée, je me souvins que j'avais rêvé, avais rêvé aussi que Mr Creed était avec moi, que je me plaignis à lui de ma douleur et qu'il me dit qu'il souffrait autant de la couille gauche que moi de la droite. J'eus grand plaisir de me rappeler cela.
4 Décembre
A la Grand-Salle de Westminster avec les deux sirs William, puis par le fleuve où je vis un homme mort allongé sur l'embarcadère de Westminster, noyé hier, jusqu'au quartier du Temple, puis chez Mr Phillips où je reçus ma copie des titres de cession pour les terres de Stirtloe. Retour à la taverne des Trois Tonneaux à Charing Cross, où je retrouvai les deux sirs William, le colonel Treswell et Mr Falconer, et dînai là aux frais de sir William Penn. Après dîner, par le fleuve à Cheapside chez le peintre où trouve ma femme. Après une courte séance de pose, elle et moi allons en voiture à l'Opéra et au Théâtre. Mais arrivés en retard aux deux et me sentant d'humeur maussade nous rentrâmes à la maison et repris ma lecture de Mare Clausum jusqu'à l'heure du coucher. Au lit.
5 Décembre
Ce matin je me rendis de bonne heure chez le peintre et posai pour la quatrième fois, mais il ne me plaît guère, ce qui me chagrine fort. Ensuite au bureau du Trésorier de la Marine où je rencontrai sir William Batten arrivé avant moi et nous entreprîmes le désarmement et le paiement des soldes du " St Georges ", puis arrive sir William Penne. Restâmes tous deux tandis que sir William Batten allait dîner chez lui. Il en revint et sir William Penn et moi allâmes dîner chez moi. Nous nous étions fait apporter deux tourtes par le commissionnaire Slater. Nous dînâmes fort gaiement et après le partîmes dîner dans son carrosse, lui pour Whitehall et ma femme et moi pour l'Opéra, où vîmes Hamlet bien joué. Ensuite dans le quartier du Temple et chez Mrs Turner, toujours fort malade. Retour à la maison, et au lit.
6 Décembre 1661
classiquenews.com
Fis la grasse matinée puis à la Grand-Salle de Westminster où je me promenai. Puis avec Mr Spicer, Hawley, Washington et le petit Mr Ashwell, mes vieux amis de l'Echiquier, à la taverne du Chien où leur offris deux ou trois quartes de vin. Partîmes pour Whitehall et chez George Carteret, les deux sirs William et moi dînâmes fort agréablement. Après vinrent les gouverneurs de la compagnie des Indes orientales pour signer et sceller le contrat que nous passions, au nom du roi, avec eux. Puis nous nous rendîmes à l'oratoire du roi où parlâmes avec le roi et le duc d'York qui promit de surveiller de près le commerce des Indes. Revînmes chez George Carteret où nous finîmes notre travail. Prîmes le chemin du retour, mais sir William Batten proposant d'aller aux Trois Tonneaux dans Charing Cross, dont la jolie servante est la fille de la maison, je dis que la chose émoustillait fort sir William Penn. Il parut prendre ombrage de ces paroles et se fâcher, ce que voyant je fis semblant de ne pas tenir à revenir avec eux, et pris congé d'eux. Allai à la chambre du conseil parler avec milord le garde du Sceau privé. Mais ils m'attendirent, ce qui me fit plaisir. Nous n'échangeâmes toutefois pas un mot lui et moi pendant tout le trajet. Chez moi, et au lit.
7 Décembre
Ce matin le capitaine Ferrer et l'Allemand Emmanuel Luffe, qui fait office de valet de pied de milord mais mériterait un bien meilleur emploi, vinrent me faire leurs adieux. Je priai l'Allemand de jouer sur mon théorbe, ce qu'il fit en bas, comme dans la chambre de ma femme qui était couchée. Il joue à merveille. Je prends conscience, grâce à lui, que mon luth est un excellent instrument. Je leur servis une tourte, du fromage de hure et du vin pour le déjeuner, et fûmes fort gais. Envoyai chercher Mr Adams, notre voisin, pour boire à la santé de Mr Shipley. Enfin nous nous séparâmes, mais moins d'un quart d'heure après leur départ, alors que ma femme et moi parlions d'acheter un beau col festonné de dentelles, qu'une femme lui a proposé ce matin, et qui vaut 45 shillings, voici que l'Allemand revient tout ensanglanté. Je m'en étonne et il me dit qu'il craint que le capitaine n'ait été tué par les bateliers à l'embarcadère de la Tour. Je m'y rends aussitôt et apprends que, bousculé par les bateliers qui lui offraient leurs services, le capitaine avait frappé l'un d'entre eux à coups de canne. Ils s'étaient rebiffés et lui avaient rendu la pareille, ils furent tous deux rossés d'importance. C'est alors que l'Allemand tira son épée et se précipita sur l'un d'entre eux. Le capitaine a cependant réussi à prendre le heu qui le transporte aux Downs avec les petits laquais. J'allai dans une taverne de l'embarcadère me faire restituer le panache du capitaine qu'un de ses hommes était venu réclamer. Rentré chez moi je trouvai ma femme pensant la tête de l'Allemand. Je lui donnai une cravate pour son cou et une couronne pour sa bourse et le laissai repartir. Vint ensuite Mr Moore, avec lui à Westminster et à l'hôtel de Worcester voir Mr Montagu avant son départ, ce soir.. Mais ne pûmes le voir, et à mon avis, il n'a pas envie de nous voir de crainte que nous lui réclamions de l'argent pour une raison ou une autre. Retour à Whitehall, mangeons un morceau de viande chez Wilkinson, puis au Sceau privé. J'apposai le Sceau pour la première fois ce mois-ci. Parmi les pièces visées, un brevet pour Roger Palmer, mari de Mme Palmer, le faisant comte de Castlemaine et baron de Limerick en Irelande. Mais cet honneur est limité aux enfants mâles nés de cette femme, lady Barbara, pour une raison que tout le monde connaît. Travail terminé, par le fleuve au bureau. J'apprends que sir William Penn a passé là toute la nuit, seul, qu'il vient de se lever. Me rendis auprès de lui et rendîmes visite au capitaine Holmes qui a rédigé un mémoire sur son affaire, dont il me donna copie ainsi qu'à un grand nombre de ses amis et l'a aussi présenté au roi et au Conseil. Je m'en servirai pour ce que je compte écrire sur le salut à la voile. Mais il fulmine contre sir John Mennes, qui est à son avis un gredin, un coquin, un lâche, le pire qui soit au monde. J'eus plaisir à le lui entendre dire, parce que sir John a eu des paroles très dure pour milord, bien que je regrette que les choses prennent ce tour. Le capitaine Cox arriva alors, nous restâmes un long moment ensemble, puis bonsoir. Retour à la maison et écrivis à mon père par la poste. Au lit.
8 Décembre
transports.blog.lemonde.fr Jour du Seigneur
Au lit toute la matinée, songeant à me purger, mais comme il gelait ma femme ne me le permit pas. Dîner à la Garde-Robe et, après une longue conversation intéressante avec milady, après dîner, et entre autres sur le grand baptême qui eut lieu hier chez Mr Rumbold, avec les courtisans et toute cette pompe, dont je m'émerveille, je partis, fis à droite et à gauche toutes les églises ou presque omjusqu'à ma maison. Vint alors mon frère Tom qui resta causer avec moi. J'espère que tout ira au mieux pour lui et qu'il gagnera de l'argent. Souper et au lit.
mieux pour lui et qu'il gagnera de l'argent. Souper et au lit.
Ce matin, alors que j'étais au lit on m'apporta de la part de Mr Smallwood la réponse de Tom Trice au mémoire que j'ai adressé à la cour de la chancellerie. Je suis heureux de voir cette réponse, bien que je craigne d'avoir en pâtir.
9 Décembre
A Whitehall puis à la taverne du Vin du Rhin où je rencontrai Mr d'Esquier et lui fis mes adieux, car il se rend ce soir aux Downs avant de partir au Portugal, et passai ainsi la matinée. A midi dîner à la Garde-Robe où se trouvait milady Wright qui parla beaucoup de la valeur et du mérite des bonnes manières et pour qui seules les personnes qui étaient allées à l'étranger et connaissaient le monde étaient dignes d'être des gens de la Cour. Ce que je tentai de contredire et fus navré de l'entendre parler ainsi, elle qui, par ailleurs, est une femme fort sage et avisée. Ensuite avec Mr Moore dans le quartier du Temple pour parler avec mon cousin Turner de mon procès. Nous lûmes la réponse donnée par Tom Trice à mon mémoire, le consultâmes à ce sujet, et sur ce qu'il faudrait faire en son absence, car il doit quitter Londres demain. De là allâmes chez mon procureur Mr Walpole, que je n'avais encore jamais vu, et allâmes tous dans une taverne proche où nous discutâmes de notre affaire. Il me donna de grands espoirs, mais ce n'est qu'un jeune homme, et je ne crois guère à ses encouragements. Retour chez moi en voiture, souper et au lit. Ayant veillé jusqu'à minuit pour écrire des lettres à milord Sandwich et à tous mes amis qui sont à la mer avec lui. Je les enverrai demain par l'intermédiaire de Mr d'Esquier qui prend demain la mer vers le Portugal avec la flotte.
10 Décembre
A whitehall, Mr d'Esquier parti je fis porter mes lettres par un portier à la poste de Southwark pour qu'elles soient expédiées aux Downs par courrier exprès. En voiture chez milord Crew pour dîner. Fus arrêté en chemin plus d'une heure et demie, ce qui est une plaie en ces temps de cession parlementaire, mais il n'y a rien à faire. J'arrivai cependant avant que milord ne fût sorti de la Chambre, de dînai avec lui. Après retour au bureau, où tins réunion jusque tard le soir. Retour chez moi.
11 Décembre
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Mon frère Tom, puis Mr Moore vinrent me voir ce matin et restèrent un moment avec moi. Sortis ensuite et, en chemin rencontrai Mr Howell, le tourneur, m'invita à dîner aujourd'hui chez Mr Rawlinson avec des amis à lui, des officiers de la Tour, d'un pâté de venaison. Je promis de m'y rendre/ J'allai à la taverne de l'Old Bailey où je restai boire avec lui.Il me raconta en détail comment Pegg Kite s'était mariée à un tisserand, un homme fort laid, pour son plus grand malheur. Je suis bien content de n'avoir pas été mêlé à cette affaire. Retour chez moi, je mis mon manteau de velours, me rendis à la Mître pour dîner, comme je l'avais promis ce matin, mais montant à l'étage je trouvai au moins douze personnes dont le visage m'était inconnu. Je redescendis donc et j'eus beau rencontrer Mr Young, le tapissier, je ne voulus pas rester et m'en allai. A pied jusqu'à la Bourse, me promenai de long en large avec une faim de loup. Retour chez moi où, à ce que je crus comprendre, Mr Howell était venu pour m'emmener là-bas, mais je suis heureux de ne pas m'être trouvé chez moi. Ma femme était partie en voiture pour Clerkenwell voir Mrs Margaret Penn qui fait ses études dans cette ville. J'allai voir sir William Penn souffrant depuis deux ou trois jours. Avons un peu causé, allâmes à Moorfields en voiture, nous y promenâmes en dépit du froid fort vif, pendant une ou deux heures et entrâmes dans une taverne. Je bus de la bière et mangeai du pain et du fromage, mais il ne voulut rien prendre, rentrâmes fort joyeusement en voiture. Lui dans son appartement, moi, comme je l'avais promis, chez sir William Batten qui avait quitté la ville avec sa femme, si bien que Mrs Martha était seule à la maison avec Mrs Moore. Soupai des relifs appétissants du dîner de la veille, auquel avait pris part de nombreux convives. Arrive le capitaine Cox qui avait promis de me rencontrer là, mais il s'était beaucoup attardé, avait bu quelque part, était fort saoul et, partant, très fantasque, ce qui me gêna fort chez un homme que je tenais pour très sage et prudent. Le laissai là et rentrai chez moi, et au lit.
12 Décembre
Nous fîmes la grasse matinée. Me levai et me préparai. Viennent bientôt me voir Will Bowyer et Mr Gregory, mes vieux amis de l'Echiquier. Je les emmenai au Dauphin où je leur offris une bonne boisson du matin, puis nous nous quittâmes. Je les invitai ainsi que toutes les vieilles connaissances de l'Echiquier à venir dîner chez moi mercredi prochain.
Ensuite à la Garde-Robe où je dînai avec milady, son frère Mr John Crew et une dame qui ne m'était pas familière dîna à la table comme domestique de milady. Je ne la connaissais pas et craignis que la pauvre Madamoiselle ne fût partie. Mais j'ai appris depuis qu'elle était venue comme gouvernante de milady, et que c'est une femme mariée. Puis à Westminster à la Chambre des Lords pour rencontrer milord le garde du Sceau privé qui m'avait donné rendez-vous pour apposer le sceau
cet après-midi. Bientôt cependant on me prévient qu'il s'est rendu à Whitehall, si bien que nous voilà contraints de le rejoindre là-bas. Nous restâmes à apposer le sceau jusqu'à une heure si tardive que, même en obtenant de partir avant que la tâche ne fût terminée, je n'en arrivai pas moins après la fermeture du bureau. Me rendis donc chez sir William Penn et restai parler et boire avec lui. Retour chez moi.
13 Décembre 1661
A la maison toute la matinée, le temps froid qui s'est mis au gel ces deux derniers jours, me causant des douleurs de vessie. Dîner chez moi, puis chez le peintre avec ma femme. C'était sa première séance de pose pour le dessin, et tout ce temps-là je contemplai le portrait d'une jolie femme dont le visage m'enchantait. Quand il eut enfin achevé la première couche du portrait de ma femme, je la trouvai plus belle que je ne m'y attendais, ce qui me plut infiniment. Retour chez moi et au bureau pour une affaire particulière. Les deux sirs William étaient là et avec eux au Steelyard où nous rejoinrent milady Batten et d'autres personnes. Nous bûmes et eûmes de la musique et la compagnie du capitaine Cox. Il paya tout. Retour tardif chez moi et voiture, et au lit.
14 Décembre
Toute la matinée chez moi, au lit avec ma femme jusqu'à 11 heures. C'est une habitude que nous avons prise cet hiver, de faire la grasse matinée. Dîner à la maison. Au bureau l'après-midi. En réunion jusque tard. Le soir retour chez moi, et au lit.
( à suivre )
15 décembre
Jour...../
A l'église le matin....../