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L'Oreille de Kiev
Kiev, 1919. Par 3 fois les révolutionnaires russes tentent et échouent à prendre Kiev ( la 4è sera la bonne ). En ce jour de mars Sanson marche dans la rue avec son père, ce dernier comptable. Bruit de cavalcade, des cosaques à cheval, sabrent tout ce qui se trouve à leur portée. Ainsi le père reçut le premier coup mais eut le temps de crier à son fils de se garer, ce qu'il fit non sans avoir l'oreille tranchée qu'il récupère et conservera longtemps soigneusement dans une modeste boite de bonbons. A Kiev les bolchevicks imposent de nouvelles règles. Les appartements sont susceptibles d'être partagés, ce qui arrive à Sanson ( sa mère, sa sœur et sa tante sont mortes deux ans plus tôt ). Ici intervient un épisode onirique qui permet à Sanson d'apprendre que l'un de ces colocataires voudrait le trucider. Puis le jeune homme étudiant en électricité mène sa vie quotidienne, l'occasion, qui se répètera souvent, de parcourir les rues, en fiacre si on a encore l'argent et non des bons de ravitaillement, à pied, en tram ou en cariole, à l'aide d'un plan de la Kiev de l'époque, en fin de volume. Quelques personnages accompagnent Sanson, ainsi de la concierge qui veut le marier, Naïden chef du commissariat du quartier, un prêtre défroqué, Kholodny, quelques autres personnages vont accompagner Sanson qui, rapidement, va entrer dans la milice, échanger ses jolies bottes anglaises contre tout un uniforme. Devant les immeubles les marches sont en bois et craquent., le thé partout sans restriction. La nourriture est rare, manque de sucre de sel, mais la saisie de ce dernier servira à payer un tailleur. L'électricité défaillante fournie grâce au bois " .... Les forêts ne manquent pas autour de Kiev. - Oui..... mais pas de bûcherons, ils ont été mobilisés. " L'histoire est foisonnante d'anecdotes de la vie quotidienne d'une ville et de ses habitants qui se battent pour un mode de vie qu'ils ne savent trop si elle sera juste et meilleure. Pour l'heure les cambriolages, les meurtres se multiplient et le roman devient roman policier. La gardienne, appelée la Veuve, de l'appartement de Sanson est avertie de tous les tracas : " De qui avez-vous peur pour vous barricader de la sorte ? - De qui ? avait-elle ronchonné. Tu devrais le savoir. Des petlouristes.........- Qui vous a dit cela ? Je l'ai entendu au marché - On en sait des choses au marché ! - Oh oui, beaucoup mon petit Sanson......... Le marché ce n'est pas que le commerce, la triche et le troc. C'est la grande politique ! Les gens n'y ont pas à répondre de leurs propos, alors ils te balancent en face toute la vérité vraie. " Les Chinois employés par l'Armée rouge sont des membres appréciés de la milice ce qui donne à Nadejda, employée au service statistique l'occasion d'informer ceux qui l'écoutent : " Combien sommes-nous à Kiev..... - Plus de 500 000........La nationalité la plus représentée, les Russes ! Puis les Ukrainiens et près de 20% de population juive..... " L'histoire un peu touffue ne s'abandonne qu'à regret, les scènes s'intègrent parfaitement sur une courte période. Des gentils et des méchants. L'oreille tient son rôle, court mais efficcace. Très bonne lecture, pour rappel Kourkov est polyglotte, une dizaine de langues, né à Sain-Pétersbourg, Il a cinq ans lorsque sa famille s'installe en Ukraine, écrit en russe, l'auteur du Pingouin, de Maïdan et d'autres. Une suite est annoncée dans les dernières lignes.