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dimanche 17 février 2019

Mozart Lettres à sa soeur ( extraits ) 4 ( Correspondance Allemagne )


artcademie@free.fr
     

                                      Mozart Correspondance avec sa soeur

            Leopold Mozart à id..

            Londres le 9 juillet 1765

            Monsieur !

            Vous pensez sans aucun doute tous que nous avons déjà traversé la mer. Mais cela n'a pas encore été possible, et lorsque nous en partirons, ce ne sera pas pour revenir en Angleterre 3 jours après, bien qu'on ne doive jamais jurer de rien............
            Je vous demande de faire dire 6 saintes messes dès que vous recevrez cette lettre...........Elles doivent nous préparer le chemin en mer. Je vous demande aussi de préparer les poêles dans notre appartement............ Je vous demande de faire vérifier aussi les serrures des trois pièces, celles des enfants en particulier........... je compte m'asseoir à Salzbourg auprès d'un vrai poêle............



             Le Secrétaire du British Museum à Léopold Mozart à Londres

            Monsieur. J'ai reçu l'ordre du " Comité permanent des Administrateurs du British Museum"de porter à votre connaissance " qu'ils ont reçu les compositions musicales de votre fils si talentueux ", dont vous avez eu l'obligeance de leur faire cadeau, et dont ils vous remercient.

                                                                                                          M. Maty
                                                                                                        Secrétaire



            Leopold Mozart à id..

             à la La Haye le 12 Décembre 1765

              Monsieur.
              Afin de vous ôter immédiatement tout souci, sachez que nous sommes encore tous en vie, Dieu merci.  Je pense même pouvoir dire que nous sommes tous en bonne santé : car notre cher Wolfgangerl a lui aussi surmonté une terrible épreuve et se trouve en voie de guérison.
            A peine ma fille était-elle sortie du lit depuis 8 jours et avait-elle appris à se mouvoir seule dans la chambre que Wolfgangerl fut, le 15 nov. pris de malaises qui le mirent en 4 semaines en un état si misérable qu'il est absolument méconnaissable et n'a plus que la peau fragile sur les os. Mais depuis 5 jours on peut le sortir du lit et le porter dans un fauteuil. Hier et aujourd'hui nous lui avons même fait faire quelques pas dans la chambre de façon à ce qu'il réapprenne à bouger les jambes et à se tenir debout  tout seul. Vous voulez savoir ce qu'il a eu ? Dieu seul le sait !
            J'en ai assez de vous décrire des maladies.
             Cela a commencé par des vapeurs. Nous n'avions plus de poudre noire et lui avons donné, selon notre habitude, 3 fois de suite un peu de poudre du margrave, mais sans obtenir d'effet. Je pensais que c'était une sorte de fièvre aiguë, et c'était bien cela... Plus ces médicaments le faisaient transpirer, plus il devait boire, de l'eau et du pain trempé, et un faible thé. Le 23 on lui donna un clystère et les médecins eurent très peur. Le 30 il semblait en grand danger, mais le 1er décembre cela alla mieux et il resta 8 jours au lit sans prononcer une parole. On dit que la fièvre était passée mais il fallait veiller à ce qu'il récupère  les forces qu'il avait perdues... En un mot après qu'il eût dormi pendant presque 8 jours, sans prononcer un mot, il reprit enfin ses esprits et quelques forces. Il se mit alors à parler nuit et jour, sans que l'on comprenne ce qu'il disait.
           Maintenant cela va bien ( Dieu merci ). Pendant sa maladie il fallut surveiller particulièrement sa langue, car elle était la plupart du temps sèche comme du bois et très chargée de sorte qu'il fallait la lui nettoyer. Ses lèvres pelèrent 3 fois et leur peau devint dure et noire. Nos veillées reprirent de la même manière que lors de la maladie de ma fille. C'est d'ailleurs une grande grâce que nous ayons pu surmonter tout cela, ma femme en particulier..Maintenant patience ! ............ Je ne dois pas penser aux frais, au diable l'argent si l'on sauve sa peau. Je ne veux pas vous décrire l'état dans lequel nous nous trouvons depuis 3 mois. Sans une grâce extraordinaire de Dieu, mes enfants n'auraient pu surmonter ces graves maladies et nous n'aurions pu survivre à ces accidents...........
             Ma fille va si bien maintenant qu'on ne remarque plus qu'elle a été malade. Je prie Dieu que notre Wolfgang aille mieux lui aussi dans quelques semaines, car la jeunesse guérit vite...........
            La maladie de mes enfants n'a pas attristé que nous, mais tous nos bons amis ici, en particulier la maladie de notre Wolfgang, car on ne connaît pas encore ma fille puisqu'elle est tombée malade le lendemain de notre arrivée............
            ............  Nous nous recommandons encore à vos prières en espérant pouvoir vous revoir, avec l'aide de Dieu, je suis, ainsi que ma femme prisonnière de notre logis ainsi que nos deux enfants ressuscités des morts... le vieux.............

rocbor.net

                                                                1766


            Leopold Mozart à id..

            Paris, mai 1766

            ...... Bien que pendant notre présence à Amsterdam toute représentation publique ait été interdite à cause du carême, nous fûmes autorisés à donner un concert pour la raison bien pieuse et sage que la représentation des dons exceptionnels sert à la louange de Dieu. On ne donna d'ailleurs que de la musique composée par Wolfgang..................



            Leopold Mozart à id..

             Paris, le 16 mai 1766

              Monsieur !
              Vous devez être sans doute extrêmement étonné de ne pas avoir reçu de lettres depuis si longtemps............ La maladie de mes enfants est la seule raison pour laquelle je ne vous ai pas donné de description exacte de la Hollande, comme j'avais pris l'habitude de le faire en France et en Angleterre. Nous sommes retournés d'Amsterdam à La Haye pour la fête du prince d'Orange, qui eut lieu le 11 mars et dura quelque temps,, où l'on demanda à notre petit compositeur d'écrire 6 Sonates pour le clavier avec l'accompagnement d'un violon pour la soeur du prince, la princesse von Nassau-Weilburg, sonates qui ont été immédiatement gravées. Il dut de plus écrire quelque chose pour le concert du prince et composer des airs pour la princesse, etc. Vous verrez tout cela lorsque nous serons de retour. J'ai demandé à M. Kulman de vous envoyer une petite caisse à Salzbourg.. Dès que vous la recevrez je vous prie de l'ouvrir et d'y chercher le petit paquet large et non scellé sur lequel est écrit Musica. Vous y trouverez 2 exemplaires des Sonates gravées à La Haye. Vous en prendrez un avec la partie de violon respective, ferez relier séparément la partie de violon et aurez l'obligeance de les présenter respectueusement de notre part à Sa Grâce le Prince Archevêque, etc., etc. Dans le paquet en question se trouvent encore deux séries de variations que Wolfgang a dû faire sur un air ( pour l'installation du prince à sa majorité ) et l'autre qu'il a écrite rapidement sur une mélodie que tout le monde chante, joue et siffle en Hollande.
            Ce ne sont que des bagatelles.................

         
            ................................
            ..................................

           Leopold Mozart à id..
          
           Munich, le 15 novembre 1766  
                                                                                                                     peinturesetpoesies.blog50.com
            S'il ne tenait qu'à moi....... je serais à Ratisbonne pour répondre au désir insistant du prince Louis de Wurtemberg, tout comme à celui du prince de Furstenberg et de son Altesse le prince Taxis. Ce n'est qu'à deux pas d'ici et je serais rentré à la maison par Landshut et Altotting. C'est d'ailleurs le chemin que nous prendrons....... Mais je doute fort que nous passions par Ratisbonne, car je dois tout d'abord attendre la guérison totale de notre Wolfgangerl et nous ne savons toujours pas quand nous pourrons partir. Entre temps le climat ne fait qu'empirer. Notre chère madame Hagenauer se rappellera que notre Wolfganglerl est tombé malade à notre retour de Vienne et qu'il alla si mal que l'on craignît la variole. A la fin cela se porta sur les jambes, qui le firent souffrir, etc.
            Cela recommence maintenant il n'a pu mettre un pied par terre, ni remuer le moindre orteil ni les genoux. Personne ne pouvait le toucher et il a passé 4 nuits sans dormir. Cela l'a terriblement affaibli et nous a causé d'autant plus de soucis que vers le soir, en particulier, il était pris de vapeurs et de fièvre. Aujourd'hui il va visiblement mieux, mais il s'écoulera bien encore 8 jours avant qu'il ne soit complètement rétabli. Mon Dieu, 100 florins sont vite dépensés, et je suis déjà habitué à ces mauvaises plaisanteries...........Je ne manquerai pas de vous annoncer la date de notre retour................



             Leopold Mozart à id..

             Munich, le 22 novembre 1766

              Je commence moi-même à perdre patience. Jusqu'à maintenant Wolfgangerl était souffrant, il est sorti hier pour la première fois, et aujourd'hui le prince électeur a un concert auquel nous devons nous rendre. L'impatience dont je parle vient de l'usage fort désagréable à la présente cour de faire attendre les gens bien longtemps. Je peux vous assurer que je ne me serais pas montré chez son Altesse si j'avais pu m'en abstenir avec bienséance. Mais comme son Altesse avait insisté lors de notre dernier passage pour que nous lui rendions visite à notre retour, et mes enfants ont fait une telle sensation dans une grande partie de l'Europe que je ne puis guère passer ici sans m'arrêter..............
            Par ailleurs, je ne peux vous cacher que plus je m'approche de Salzbourg, plus me parviennent aux oreilles des ragots infantiles dont j'aurais aimé être épargné. J'ai, Dieu merci, été à l'abri de ces farces pendant quelques années et souhaite le rester. En particulier on parle d'une manière très étonnante de l'accueil qui nous est réservé à notre cour. Je vous assure que cela me semble étrange et que cela aurait un effet auquel certains ne s'attendent pas, car après de grands honneurs, je ne serais absolument pas en mesure de digérer des grossièretés.



                                                              1767


            Leopold Mozart à id..

            Olmütz, le 10 novembre 1767

            Le Petit!

            Wolfanglerl a surmonté la variole !
             Et où ? ---- A Olmütz !
             Et chez qui ? --- A la Résidence de Son Excellence monsieur le comte Podstatsky.............
             .........................
             J'ai encore un souci, que ma fille ait aussi la variole, car qui sait si les diverses maladies qu'elle a eues étaient bien la variole ......................


            Leopold Mozart à id..

            Olmütz, le 29 novembre 1767

            Je reçois à l'instant votre lettre.
            
            plusieurs fois
            Le Petit!
            Ma fille a heureusement guéri de la variole !
            ...........................



                                                                          1768


            Leopold Mozart à id..

             Vienne, le 30 janvier 1768

             ....................                                                                        peintres.celebres.free.fr
            Il est temps de vous donner plus amples et plus claires nouvelles sur notre situation, bonne ou non, je n'en sais rien, et de prendre votre conseil amical. Si l'argent est le seul bonheur de l'homme, nous sommes alors bien à plaindre du fait que nous avons dépensé une grande partie de notre capital, ainsi que vous le savez, et qu'il n'y a apparemment que peu d'espoir de nous refaire un peu. En revanche, si la santé et la connaissance des sciences constituent les plus grands biens de l'homme, nous nous en tirons alors assez bien, Dieu soit loué, . La tempête la plus dangereuse est passée, nous sommes tous en bonne santé, par la grâce de Dieu, et mes enfants non seulement n'ont rien oublié, mais, comme vous le verrez, ont fait de grands progrès. 
            Rien ne vous semblera plus incompréhensible, je le sais, que d'apprendre que nos affaires ne suivent pas un meilleur cours. Je vais vous l'expliquer aussi bien que possible, même si je dois omettre certaines choses qu'on ne peut confier à la plume.
            Il est bien connu que les Viennois, " in genere ", ne sont guère avides de spectacles sérieux et raisonnables, qu'ils ne s'en font guère d'idée et ne veulent voir que des choses faciles, des danses, des diables, des fantômes..............   Alors que je réfléchissais à cette affaire et pensais que j'avais déjà dépensé tant d'argent qu'il serait peut-être folie de rentrer à la maison sans avoir attendu autre chose, il survint un tout autre événement. J'ai appris que tous les clavecinistes et compositeurs de Viennes s'opposent à la réussite de nos projets, à la seule exception de Wagenseil, mais comme il est malade et ne peut sortir de chez lui, il ne peut guère nous aider ni contribuer à nous soutenir. La principale maxime de ces gens consiste à éviter prudemment toute éventualité de rencontre ou de confrontation avec la science de Wolfgangerl, et pourquoi ? Pour pouvoir répondre chaque fois qu'on leur demande s'ils ont entendu le petit garçon, et ce qu'ils en pensent, qu'ils ne l'ont pas entendu et que cela ne peut en aucun cas être vrai, qu'il s'agit de simulacres et d'arquelinades, de choses préparées qu'on lui donne à jouer de la musique qu'il connaît déjà, qu'il est ridicule de croire qu'il compose, etc., etc. Voyez-vous c'est pour cela qu'ils nous évitent, car celui qui l'a vu et entendu ne peut parler ainsi courir le danger de se déshonorer.
            J'ai pris au piège un de ces personnages. Nous étions convenus avec quelqu'un qu'il nous fasse discrètement savoir lorsqu'il serait présent. Il devait venir et soumettre à cette personne un concerto extrêmement difficile que l'on présenterait à Wolfgangerl et il eut l'occasion d'entendre Wolfgangerl jouer son concerto comme s'il l'avait su par coeur. L'étonnement de ce claveciniste et compositeur fut tel que les expressions et le langage qu'il employa pour faire part de sa surprise nous permirent à tous de comprendre ce que je viens de vous dire plus haut. Et finalement il dit :
            " - Je ne peux rien dire de plus, en tant qu'honnête homme, sinon que cet enfant est le plus grand homme qui soit au monde actuellement. Il m'était impossible de le croire. "
            Donc pour convaincre le public de ce qu'il en est, j'ai pris la décision d'apporter une preuve extraordinaire : il écrira un opéra pour le théâtre.
            Quel bruit cela n'a-t-il pas fait dans la coulisse, parmi ces compositeurs ! Quoi ? un opéra ?
            Aujourd'hui on verra un Glück et demain un garçon de 12 ans assis au piano et diriger ? Oui, malgré tous les envieux ! J'ai même amené Glück à nous soutenir, de sorte que même s'il ne le fait pas de très bon coeur, il ne peut rien laisser paraître, car ses protecteurs sont aussi les nôtres.............. Les suites de cette entreprise, si Dieu permet de la mener à bien, sont si importantes et si évidentes qu'il n'est pas besoin de plus d'explications. Maintenant je ne peux me montrer avare, car cela me sera remboursé aujourd'hui ou demain. Qui ne risque rien n'a rien. Je dois mener à bien ce projet.. Ça marche ou ça casse ! Et quel endroit s'y prête le mieux que le théâtre ? L'opéra ne se donnera toutefois qu'après Pâques, cela va de soi............ On ne trouve pas de chanteurs pour les opéras sérieux, ici, même l'opéra triste de Glück, Alceste, est interprété par des chanteurs de "l'opéra buffa ".............. Qu'en dîtes-vous ? La gloire d'avoir écrit un opéra pour le théâtre de Vienne ne constitue-t-elle pas le meilleur moyen de nous procurer du crédit non seulement en Allemagne, mais aussi en Italie ? Adieu
             
            
                                                                                 
                                                                               à suivre...................