Stéphane Mallarmé
portrait
Edouard Manet Sonnets
Le Cantonnier
Ces cailloux, tu les nivelles
Et c'est, comme troubadour
Un cube aussi de cervelles
Qu'il me faut ouvrir par jour.
Le Marchand d'Ail et d'Oignons
L'ennui d'aller en visite
Avec l'ail nous l'éloignons.
L'élégie au pleur hésite
Peu si je fends des oignons.
La Femme de l'Ouvrier
La femme, l'enfant, la soupe
En chemin pour le carrier
Le complimentent qu'il coupe
Dans l'us de se marier.
Le Vitrier
Le pur soleil qui remise
Trop d'éclat pour l'y trier
Ôte ébloui sa chemise
Sur le dos du vitrier.
Le Crieur d' Imprimés
Toujours, n'importe le titre,
Sans même s'enrhumer au
Dégel, ce gai siffle-litre
Crie un premier numéro.
La Marchande d'Habits
Le vif oeil dont tu regardes
Jusques à leur contenu
Me sépare de mes hardes
Et comme un dieu je vais nu.
Stéphane Mallarmé